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Merci, monsieur le président et honorables membres du comité. Nous sommes reconnaissants de l'invitation à nos entretenir avec vous aujourd'hui.
Je suis Travis Toews. Je suis le président de la Canadian Cattlemen's Association. Ma famille et moi exploitons un ranch à l'ouest de Grande Prairie, dans la région de Beaverlodge, en Alberta. Je suis accompagné d'Andrea Brocklebank, notre directrice de la recherche à la CCA, et elle répondra à toutes les questions difficiles aujourd'hui.
En 2010, les recettes monétaires agricoles produites par l'élevage de bovins et de veaux, combinées à l'effet multiplicateur de l'activité économique en aval, ont contribué 25 milliards de dollars au PIB du Canada. Le secteur de l'élevage bovin a traversé plusieurs années de turbulence, mais la situation change aujourd'hui et nous jouissons d'une solide reprise dans le secteur, fondée sur une forte demande et des prix positifs.
Le Canada est le quatrième plus gros exportateur de boeuf au monde, et le deuxième exportateur de boeuf engraissé aux céréales. La croissance de la demande de boeuf mondiale est forte, et le Canada est bien placé pour devenir l'un des premiers fournisseurs de boeuf au monde. Une population mondiale croissante et des revenus en hausse sont les moteurs d'une majoration de la consommation de boeuf dans le monde au cours des prochaines décennies. Parallèlement, la contraction du cheptel bovin aux États-Unis et dans le monde a donné lieu à des prix soutenus en Amérique du Nord. La conjugaison de la demande accrue de boeuf de haute qualité nourri au grain et d'une offre mondiale en recul a fait que les prix du bétail et du boeuf canadiens se sont raffermis au point que les éleveurs canadiens ont cessé de réduire la taille de leur troupeau et quelques-uns commencent à l'augmenter.
La recherche et l'innovation sont primordiales pour assurer la viabilité et la croissance à long terme du secteur canadien du boeuf. Le Canada doit préserver et stimuler la demande de boeuf des consommateurs et à produire des prix compétitifs sur le marché tant national que d'exportation.
La recherche est importante pour bénéficier de l'accès au marché. Le secteur de l'élevage bovin canadien a toujours plaidé pour l'adoption, en matière de commerce international et d'accès au marché, de règlements reposant sur des bases scientifiques. La recherche apporte les connaissances scientifiques nécessaires pour démontrer l'intégrité de notre régime d'hygiène vétérinaire, un aspect de plus en plus important dans les négociations commerciales. La recherche est importante pour asseoir la confiance du consommateur. La recherche, en réduisant le nombre de retraits de produits du marché pour cause d'insalubrité et en améliorant la satisfaction du consommateur quant à la qualité de la viande de boeuf, soutient la demande nationale et internationale de boeuf canadien.
La recherche est importante sur le plan de la compétitivité de notre élevage. Notre compétitivité par rapport à d'autres sources de protéines, sur le marché du boeuf tant national qu'international, exige des recherches pour améliorer le rendement de l'alimentation du bétail, accroître la productivité des aliments, du fourrage et des pâturages et apaiser les préoccupations relatives à la santé et au bien-être des animaux. De nombreux attributs qui font la réputation de la marque Avantage du boeuf canadien, que ce soit en matière de santé animale, de sécurité alimentaire, de qualité de la viande, d'efficacité de la production ou de protection de l'environnement, résultent de travaux menés par les chercheurs canadiens puis adoptés par l'industrie. La poursuite des progrès accomplis exige un financement à long terme des travaux de recherche si l'on veut assurer le maintien des normes actuelles et faire en sorte que notre industrie puisse réagir et s'adapter aux problèmes qui peuvent surgir et saisir les occasions qui se présente. C'est pourquoi nous craignons qu'une réduction sensible des moyens de recherche, au niveau de l'infrastructure, du financement et des connaissances, fasse obstacle aux progrès futurs.
Les crédits fédéraux de recherche sur le boeuf au Canada ont sensiblement fléchi au cours des 20 dernières années. Une compression généralisée des crédits de recherche de 18 p. 100 en 1995 a été suivie par une baisse supplémentaire de 30 p. 100 entre 1995 et 2007; d'autres compressions sont intervenues par la suite. Ces réductions de crédit continuelles ont fortement mis à mal les programmes de recherche, l'expertise scientifique et les installations. Aussi, la viabilité de certains programmes de recherche très importants dans des domaines tels que la qualité du boeuf, la salubrité alimentaire et les fourrages se voient de plus en plus affaiblis. Les réductions de crédit continuelles, jointes à l'érosion des effectifs de scientifiques, menacent l'existence d'importantes installations de recherche fédérales et dissuadent beaucoup de scientifiques à occuper des postes de chercheurs cruciaux.
Ces compressions incessantes vont à l'encontre de la notion que la recherche et l'innovation jouent un rôle important si l'on veut renforcer la compétitivité de l'élevage bovin canadien. Le retard de notre productivité par rapport à celle de nos concurrents au cours des dernières décennies suit de près la courbe descendante des crédits de recherche-développement.
De manière générale, la recherche produit un rendement six fois supérieur à l'investissement. Ce ratio est plus élevé encore si l'on tient compte des investissements consentis par les producteurs. La prise de conscience croissante de la valeur des investissements à long terme dans la recherche a amené le secteur de l'élevage canadien à majorer de plus de 150 p. 100 au cours des dernières années la part des prélèvements allouée à la recherche.
Cependant, le financement accru fourni par le secteur ne peut résoudre les problèmes actuels de capacité et de programmation que connaît le milieu canadien de la recherche sur le boeuf. Les crédits publics ont un rôle majeur à jouer si l'on veut que les recherches à long terme et à haut risque susceptibles de déboucher sur des découvertes se poursuivent dans des domaines importants pour l'intérêt public. Ce savoir est primordial si l'on veut créer des solutions et des opportunités futures dont nous n'avons même pas encore idée. Cela exigera un financement public renouvelé et accru des activités de recherche, des scientifiques et du personnel de soutien technique, une infrastructure physique et des laboratoires, ainsi que les ressources locales et animales voulues pour que le travail puisse se faire.
À long terme, des investissements accrus dans la recherche contribuant à la compétitivité et à la viabilité du secteur réduiront le recours aux programmes de gestion du risque d'entreprise et d'autres injections de fonds publics.
Les partenariats entre l'industrie et le gouvernement sont indispensables au renforcement de la compétitivité de l'élevage bovin canadien. Nous pensons que le programme Cultivons l'avenir 2 offre une énorme occasion de prolonger, améliorer et renforcer les programmes fructueux lancés au titre du programme Cultivons l'avenir actuel et de stimuler les investissements dans l'innovation et la recherche.
L'un des plus importants investissements privés-publics réalisés dans le cadre du programme actuel a été la création de la grappe scientifique du secteur du boeuf. Cette grappe amène les plus gros bailleurs de fonds privés et publics de la recherche sur le boeuf à aligner leurs crédits et leurs priorités de façon à produire les résultats de recherche qui vont répondre aux besoins de l'industrie. En sus du financement des projets, certains crédits sont utilisés pour garantir qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada dote certains postes de recherche cruciaux. D'autres crédits sont affectés à l'amélioration des moyens de transmission du savoir afin d'assurer l'exploitation des résultats prometteurs.
Je suis convaincu que la grappe scientifique du secteur du boeuf résultera en un modèle de recherche très coordonné et efficient. Cependant, le financement public de la recherche doit être accordé sur une base quinquennale, au minimum.Alors que le CSA et Cultivons l'avenir étaient conçus comme des programmes quinquennaux, les retards et/ou les insuffisances dans la prestation de programmes ont entraîné un cycle de financement triennal avec des défauts de financement de deux ans qui ne sont pas propices au maintien et à l'exécution d'un programme de recherche solide. De nombreux programmes de recherche requièrent un financement régulier à long terme pour produire des résultats réels. Une étude pérenne triennale sur le fourrage, l'environnement ou l'amélioration génétique ne peut donner que des résultats préliminaires. Il devient difficile également dans ces conditions d'attirer de nouveaux chercheurs au Canada, dès lors que des enveloppes de financement à plus long terme sont offertes ailleurs.
Pour l'avenir, il importe que le financement public mette pleinement à profit les contributions de l'industrie, sachant que le secteur du boeuf a accru ses investissements dans la recherche. La réussite du programme de la grappe scientifique du secteur du boeuf dépendra d'un investissement fédéral accru dans l'innovation, cet investissement devant refléter et la taille du secteur et sa contribution à l'économie. L'un des atouts de la grappe qu'il convient de signaler est le fait qu'elle met clairement l'accent sur les efforts de transmission de la technologie et l'exploitation des recherches par le secteur. Des investissements sont consentis pour assurer le transfert le plus efficace et rapide des résultats de recherche à l'industrie bovine, en s'inspirant de modèles qui portent fruit ailleurs dans le monde, notamment en Israël et en Australie. D'autres investissements dans ce domaine sont une grande priorité pour le secteur.
J'aimerais, pour terminer, résumer en trois points ce qu'il faudra faire pour pérenniser les recherches nécessaires à l'essor et à la compétitivité de l'élevage bovin canadien.
Premièrement, pour s'attaquer adéquatement aux problèmes relevant de l'intérêt public dans des domaines tels que la salubrité et la qualité des aliments, l'environnement et la santé et le bien-être des animaux, il faut accroître les crédits de recherche. Les investissements dans la recherche doivent mieux refléter l'importance de l'agriculture pour l'économie et l'intérêt public, et assurer ainsi sa viabilité et sa compétitivité futures.
Deuxièmement, il est crucial que le gouvernement et le secteur privé s'engagent à assurer à la recherche un financement à long terme et prévisible. On parviendra à de meilleurs résultats si l'on adopte des cycles de financement plus longs que les trois années actuelles.
Troisièmement, il nous faudra pourvoir au maintien d'une communauté de recherche solide et former de nouveaux chercheurs. La baisse constante des budgets et la dispersion des crédits ne permettent ni d'attirer ni même de retenir des chercheurs de talent.
Il faut se doter des capacités nécessaires si l'on veut que la connaissance et l'expérience acquises en matière scientifique nous permettent de réagir promptement, efficacement et stratégiquement aux occasions qui se présentent et aux difficultés qui peuvent surgir.
Monsieur le président, nous vous remercions de nouveau de votre invitation à comparaître aujourd'hui et nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup d'avoir invité le Conseil des plantes fourragères du Manitoba à comparaître.
Je suis Jim Lintott et je suis cultivateur dans l'est du Manitoba. Le Conseil des plantes fourragères du Manitoba se considère comme l'interlocuteur et le représentant de tout le secteur des fourrages de notre province.
Quel est le moteur du changement auquel nous devons nous adapter au moyen de l'application dans nos exploitations des connaissances scientifiques et des innovations?
La croissance démographique, avec une population mondiale atteignant sept milliards d'habitants, et l'escalade des coûts de l'énergie sont deux facteurs qui mettent de plus en plus à contribution nos terres, desquelles provient la nourriture et l'eau. Cette tendance va persister pendant très longtemps. Nous devons nous adapter à ce changement et à ces pressions en mettant en oeuvre de solides connaissances scientifiques et en innovant, sans jamais perdre de vue le marché toujours changeant.
La nourriture — ses qualités, ses attributs et ses procédés de production — est un sujet quotidien dans les médias, et cela engendre pour nos producteurs à la fois des défis et des possibilités. Seuls 6,8 p. 100 du territoire canadien sont actuellement classés comme terres agricoles. Quarante-quatre pour cent de ces dernières servent à produire des fourrages, dont les deux tiers sont des pâturages non améliorés. Il existe là un potentiel énorme.
La hausse des cours céréaliers encourage la conversion des terres de fourrage en terres cultivées. De ce fait, une plus grande pression s'exercera sur les terres fourragères de moindre qualité. Chaque fois qu'un acre de bonne terre fourragère est labouré et mis en culture, il faudra plus qu'un seul acre de terre de moindre qualité pour le remplacer. Nous devons trouver des façons novatrices d'améliorer ces terres fourragères marginales pour qu'elles puissent servir à l'élevage.
Il existe deux façons d'améliorer nos terres fourragères. La première consiste à accroître la capacité de la ressource, ce qui peut être fait au moyen de programmes de sursemaison et de resemaison des quelques 6,8 millions d'hectares de terres fourragères non améliorées, afin d'en accroître la productivité, la capacité porteuse et la fertilité naturelle. La même méthode peut être employée pour valoriser les terres dites améliorées.
C'est là un exemple parfait de l'application d'une connaissance existante à un besoin nouveau. Cela exigera la semaison de légumineuses et de variétés améliorées de graminées pour accroître l'azote dans le sol, et le recours à de nouvelles techniques de pâturage pour construire et améliorer ces sols. Cela peut également accroître la teneur en carbone du sol, améliorer la rétention d'eau aux fins de la bonification des terres humides et du contrôle des inondations et augmenter l'habitat de la faune, tout en accroissant la productivité et la profitabilité de l'élevage.
La capacité de la ressource peut également être améliorée par l'adoption de la gestion des terres par double utilisation, comme l'a démontré le projet Garland où du bétail a été mis à pâturer en alternance dans une forêt-parc à trembles. Il nous faut adopter ces connaissances nouvelles et ajouter cette capacité productive à notre superficie de pâturages.
Pour réaliser tout cela, il faudra des programmes pour faire la démonstration de cette technologie nouvelle dans des exploitations pilotes, en réalisant des analyses de coûts détaillées et des bilans d'intrants-extrants afin de pouvoir intéresser les agriculteurs à adopter ces innovations. Cela pourrait être facilité par des programmes fédéraux-provinciaux et des coordonnateurs capables de travailler avec les agriculteurs. Il faudra aussi que les pouvoirs publics rajustent rapidement leurs politiques de façon à encourager le changement et l'adoption d'idées novatrices.
La deuxième méthode pour améliorer les terres à fourrages consiste en la mise au point de variétés de fourrages améliorées. Au Canada, nous avons expérimenté en cédant la recherche phytogénétique au secteur privé. Au cours des 30 dernières années, nous avons laissé dépérir la phytogénétique publique. Cela a eu un double effet.
Le premier effet a été que l'industrie du canola est devenu un excellent exemple de modèle d'affaires qui autorise et même exige la création de variétés. Les entreprises de phytogénétique du canola peuvent créer des variétés qui garantissent des marges bénéficiaires. Vous pouvez avoir une variété résistante aux herbicides, verrouillant les marges au niveau du sac de semences et du seau d'herbicide; et avec des caractères précieux pour le marketing comme ceux du canola Nexera, vous verrouillez les marges également au niveau de la transformation et de la vente en gros de la récolte. Le fait d'être propriétaire de la variété permet à l'entreprise semencière de réaliser des bénéfices substantiels, dont elle peut céder une part aux producteurs et aux transformateurs. Cela encourage l'investissement dans la phytogénétique. Cela encourage la science et l'innovation.
Le deuxième effet de ce dépérissement de notre phytogénétique publique a été de prouver et mettre en évidence ce que le secteur privé ne veut pas, ou ne peut pas, investir dans la sélection des plantes. J'en ai fait l'expérience personnelle. Je suis l'un des propriétaires de Northstar Seeds Ltd., et nous avons une entreprise de phytogénétique. Elle est située en Argentine et nous mettons au point des variétés de luzerne et de trèfle pour le marché mondial. Nous pouvons le faire parce qu'il y a un marché suffisant pour ces légumineuses pour nous donner le volume de ventes de semences requis pour dégager un profit. Le secteur privé n'a pas fait, ou ne fera pas, la même chose pour les graminées fourragères. Les livres de semence de graminées fourragères vendues en Amérique du Nord ne justifient pas ce niveau d'investissement. Si l'on regarde l'industrie des semences de graminées fourragères, nous voyons très peu de nouvelles variétés de graminées et un investissement en peau de chagrin dans la mise au point. Cela a donné lieu à un maillon très faible du secteur des fourrages.
Il est nécessaire que les gouvernements fédéral et provinciaux s'engagent à assumer cette responsabilité et à combler la lacune. Des partenariats sont possibles entre les pouvoirs publics aux niveaux fédéral et provincial, les universités et le secteur privé. C'est un domaine où il peut y avoir un énorme partage des connaissances scientifiques et des innovations. Ce partage peut conduire à des développements importants dans l'industrie. Nous avons l'infrastructure en place. Il faut utiliser cette infrastructure pour créer un centre d'excellence en phytogénétique — une structure pouvant contribuer à la satisfaction d'ensemble des besoins en phytogénétique de l'agriculture.
Le secteur des fourrages possède toute la capacité de production de protéines nécessaires avec les légumineuses. Ce qui manque, ce sont les graminées à haute teneur énergétique et de sucre pour le foin et les pâturages qui soient adaptées au milieu canadien. Je crois que la solution réside dans l'ivraie. Nous devons mettre au point des variétés d'ivraie à haute teneur en sucre pour l'Ouest canadien. À l'heure actuelle, le coût élevé des céréales fourragères pèse sur le secteur des parcs d'engraissement. Cette escalade des coûts au niveau du parc d'engraissement amène à privilégier le bétail de court-engraissement, nourri au grain pendant seulement 60 jours. Cela met sous pression les éleveurs-naisseurs car les parcs d'engraissement exigent des veaux de 950 livres et plus, ce qui oblige les éleveurs-naisseurs à devenir des producteurs de vaches et de veaux de plus d'un an. Pour répondre à la demande, ces éleveurs-naisseurs auront besoin de pâturages et de fourrages de haute qualité.
La mise au point de variétés d'ivraie à haute teneur en sucre peut devenir la solution à ce problème. Chaque livre que nous ajoutons aux bêtes d'engraissement dans le pâturage est une livre de viande coûtant moins cher à produire. Pour rester compétitifs sur le marché mondial, nous devons comprimer nos coûts de production au moyen d'un pâturage accru de fourrages de haute qualité — à forte teneur en protéine et en sucre
En sus d'améliorer les terres fourragères marginales, il faut accroître l'efficience aux phases du pâturage de l'élevage. Les éleveurs de volaille pèsent constamment leurs poulets pour déterminer s'ils prennent bien le poids voulu. L'éleveur peut ainsi modifier sa gestion et constater les résultats directs, selon que les poulets continuent de grandir et de grossir ou non. Dans le cycle de production des bovins en pâturage, les animaux ne sont pesés qu'une fois, juste avant l'expédition, et il est alors trop tard pour ajuster les techniques de gestion en vue d'une meilleure utilisation des pâtures. Nous avons aujourd'hui la technologie requise pour peser constamment les veaux et les bovins destinés à l'engraissement lorsqu'ils viennent s'abreuver. Ces données peuvent être automatiquement recueillies au moyen des étiquettes d'identification IDOR et transférées à des programmes informatiques qui suivent la croissance de chaque animal. On obtient ainsi un outil très précieux pour la gestion de nos pâturages et de notre alimentation d'hiver. Cela autoriserait une meilleure efficience alimentaire et une prise de poids plus rapide.
Le pesage répété est également un très bon outil de sélection génétique au stade du naissage dont les avantages se feraient sentir jusqu'au niveau des parcs d'engraissement et des abattoirs. Il en résulterait des gains d'efficience alimentaire et des prises de poids plus rapides et, à mon sens, cela améliorerait la santé globale des pâturages et la productivité par hectare. Cette technologie doit être l'une des nouvelles technologies mises à l'essai au niveau des exploitations. Une fois que nous connaîtrons les effets de cette gestion intensive, les producteurs s'en empareront.
Si nous encourageons l'innovation et l'adaptation des connaissances scientifiques nouvelles par les exploitations agricoles, nous devons sous-tendre cela par une innovation égale au niveau de la gestion du risque d'entreprise. L'assurance-récolte doit être réactive aux changements, ce qui suppose que le gouvernement finance les sociétés d'assurance-récolte provinciales afin qu'elles élaborent de nouveaux produits d'assurance à l'appui de nos nouvelles pratiques novatrices.
Je vous ai remis des exemplaires du plan stratégique du Manitoba — c'est un plan quinquennal que nous avons mis au point dans la province — et de nos priorités sur le plan de la recherche fourragère. J'en ai d'autres exemplaires ici. Je ne suis pas autorisé à les distribuer, mais vous pouvez venir me les demander. Je suis désolé de n'avoir pas les traductions, j'ai eu un préavis de cette réunion un peu trop court. J'ai les versions anglaises ici, et les versions françaises devraient être disponibles sous peu. Je vous en prie, venez prendre votre exemplaire en sortant. Ce sera un excellent livre de chevet.
Nous avons donc ces deux documents.
Le Conseil des plantes fourragères du Manitoba travaillera à réaliser ces objectifs avec l'industrie et notre gouvernement provincial. Nous allons collaborer également de près avec la Canadian Forage and Grassland Association pour définir les priorités de recherche nationales. Nous pensons que les priorités du Conseil des plantes fourragères du Manitoba s'imbriqueront très étroitement dans ces priorités nationales.
Nous demandons que le gouvernement ouvre un dialogue avec la CFGA et recherche par quel moyen Cultivons l'avenir pourrait nous aider, à l'échelle provinciale et nationale, à satisfaire les besoins identifiés.
Encore une fois, merci de votre invitation. Nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président et honorables membres.
Je me nomme Jacob Middelkamp. Je suis producteur de poulet en Alberta et je représente, de concert avec notre directeur exécutif, Bruce Roberts, le Conseil de recherches avicoles du Canada.
Au nom du Conseil de recherches avicoles du Canada et de ses organismes membres, nous souhaitons vous remercier de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Le Conseil de recherches avicoles du Canada a été constitué en novembre 2001 afin d'assurer le financement et la coordination des activités nationales de recherche pour ses membres, qui comprennent les Producteurs d'oeufs d'incubation du Canada, le Conseil canadien des transformateurs d'oeufs et de volaille, les Producteurs de poulet du Canada, les Producteurs d'oeufs du Canada et les Éleveurs de dindon du Canada.
La mission du CRAC consiste à répondre aux besoins de ses membres en assumant le leadership dynamique de la création et de la mise en oeuvre, au Canada, de programmes de recherche avicole qui peuvent également englober des préoccupations sociales. Notre association a commencé de financer la recherche en 2003, et ses membres ont depuis approuvé près de 3 millions de dollars en financement de recherche par le CRAC. Ces fonds ont contribué à la recherche avicole canadienne en y injectant plus de 11 millions de dollars.
Outre ses activités de financement, le CRAC fait office de gestionnaire des projets menés pour la grappe de recherche avicole — financée par Agriculture et Agroalimentaire Canada dans le cadre de l'Initiative des grappes agro-scientifiques, un élément du Programme Cultivons l'avenir — et il communique les résultats de la recherche et les problèmes à l'industrie, aux chercheurs, au gouvernement et à d'autres intervenants. Nous coordonnons également l'élaboration d'une Stratégie nationale de recherche avicole qui sera un outil important de l'orientation que prendra la recherche à l'avenir. Le CRAC a récemment déménagé de Guelph à Ottawa afin de créer un poste de directeur général à plein temps dans le but d'améliorer la coordination et l'administration des activités de recherche nationales de l'industrie.
L'Enquête financière sur les fermes de Statistique Canada rapporte que les producteurs de volaille contrôlaient près de 15 milliards de dollars des biens agricoles en 2009. Presque tous ces biens se trouvent dans les régions rurales du Canada et constituent une part important de l'assise économique rurale. Statistique Canada a relevé également que les producteurs de volaille ont engendré plus de 3 milliards de dollars de recettes monétaires agricoles sur la vente de produits de la volaille en 2010, soit plus de 7 p. 100 des recettes monétaires totales réalisées sur la vente de produits agricoles. La transformation ajoute un montant considérable de valeur économique, et une grande partie de cette activité contribue à soutenir notre économie rurale. Le Conseil des produits agricoles du Canada estime que les retombées socioéconomiques que le secteur procure à l'économie canadienne totalisent plus de 11 milliards de dollars.
Les producteurs et transformateurs de volaille doivent sans cesse améliorer leur productivité et leur efficacité dans la quête continue de mesures de contrôle des coûts et de produits novateurs. La recherche avicole canadienne a remporté un succès considérable par l'adoption de nouvelles approches ciblées. Un des meilleurs exemples de la réussite de notre recherche fut la mise au point de l'oeuf omega-3, un aliment fonctionnel comportant de grands bienfaits pour la santé qui ouvre une nouvelle opportunité commerciale pour nos producteurs d'oeufs.
Les producteurs et transformateurs de volaille ont également à affronter le défi d'améliorer sans cesse le bien-être des animaux et leur relation avec l'environnement. Cet impératif demeure à une époque dans laquelle les consommateurs s'interrogent davantage sur les aliments qu'ils consomment et s'intéressent à la façon dont ils sont produits et transformés.
J'aimerais maintenant céder la parole à Bruce.
La recherche et l'innovation sont un élément d'une chaîne de valeurs, comme toute autre activité qui touche ceux qui participent à la chaîne. Les activités de recherche peuvent être considérés comme un continuum qui va de la recherche fondamentale ou conceptuelle à la recherche appliquée, à l'innovation et à l'application.
Chaque étape de la chaîne de valeurs de la recherche prend appui sur les résultats de la précédente. Une rupture ou une faiblesse dans n'importe quelle partie de la chaîne nuit aux autres parties et provoque une réduction importante du rendement de l'investissement dans la recherche.
Les facteurs qui influent sur l'efficience et l'efficacité de la chaîne de valeurs de la recherche avicole comprennent notamment la détermination exacte des problèmes auxquels est confrontée l'industrie avicole à tous les points du système de production, ainsi que leur communication à toutes les parties de la chaîne; des ressources humaines hautement qualifiées et une infrastructure matérielle moderne; la gestion et la coordination des activités pour veiller à ce que les ressources soient utilisées efficacement; la transmission rapide des résultats de la recherche et de l'innovation au prochain point de la chaîne et, enfin, un financement soigneusement géré de manière à équilibrer les activités tout au long de la chaîne.
Le dernier point est d'importance cruciale. Il s'exerce toujours une pression pour que l'on concentre les fonds sur l'un ou l'autre point de la chaîne. D'aucuns pensent que nous pouvons importer la recherche primaire et appliquée d'autres pays, mais ceux qui adoptent cette position ignorent la réalité de la géographie, des régimes météorologiques et de l'évolution démographique du Canada. Par ailleurs, si l'on se concentre exclusivement sur la recherche primaire et appliquée, on bloque ou on ralentit l'adoption des découvertes et les bienfaits économiques et sociaux qu'elles apportent. Il faut financer tous les maillons de la chaîne de valeur de façon à disposer d'un programme de recherche national complet, efficient et efficace qui maximise les bienfaits pour l'industrie, les consommateurs et la société.
La recherche et l'innovation revêtent une importance vitale pour le secteur avicole. Au Canada, la recherche et l'innovation avicoles sont confrontées à des défis relatifs au maintien et à l'amélioration de la chaîne de valeur de la recherche. Nous avons perdu des postes en recherche et vulgarisation avicoles dans les administrations fédérales et provinciales et dans les universités. Les universités ont du mal à maintenir des programmes d'enseignement avicole complets. De nombreuses installations de recherche sont vieilles ou ont été fermées.
L'industrie avicole a conscience de la difficulté à maintenir les conditions nécessaires à une structure de recherche avicole complète et prend des mesures afin que le Canada dispose à l'avenir d'une bonne capacité de recherche avicole. Parmi ces mesures ont peut citer l'élaboration d'une stratégie nationale de recherche avicole, le renforcement du CRAC afin qu'il puisse mieux coordonner la recherche avicole nationale, en collaboration avec l'industrie, le gouvernement et d'autres partenaires; la concentration renouvelée sur la recherche et l'innovation axées sur le consommateur et la société et, enfin, l'engagement de fonds pour soutenir la chaîne de valeur de la recherche et de l'innovation avicoles.
Le gouvernement fédéral est un partenaire important dans cette chaîne de valeur du fait de sa capacité de recherche interne, de communication et de financement. Nous recommandons que le programme Cultivons l'avenir 2 engage suffisamment de fonds pour la recherche et l'innovation avicoles afin de maintenir et d'améliorer la capacité actuelle du système. Le programme doit reconnaître la structure de la chaîne de valeurs afin que tous ses maillons, depuis la recherche fondamentale jusqu'à l'application, soient suffisamment financés. Nous recommandons également que soient mises en place des structures pour étayer la communication destinée à promouvoir l'adoption des découvertes et des innovations dans le meilleur délai possible, et aussi que soient mises en place des structures de collaboration avec les responsables d'autres domaines tels que la santé, l'éducation et l'environnement en vue de résoudre les problèmes communs.
Nous vous remercions de votre invitation à comparaître devant le comité permanent de la Chambre des communes dans le cadre de ses délibérations sur Cultivons l'avenir 2.
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En fait, vous avez épuisé votre temps il y a 45 secondes. Aussi pénétrantes et intéressantes que soient vos questions, monsieur Storseth, nous devons donner la parole à quelqu'un d'autre.
C'est mon tour de poser des questions et, si vous le permettez, je vais les poser depuis le fauteuil du président.
Nous avons appris il y a quelques semaines que le groupe de travail fédéral sur le soutien à la recherche et au développement a constaté que les dépenses des entreprises canadiennes pour la recherche-développement ont fléchi chaque année depuis 2006, tant en montant absolu qu'en pourcentage du PIB. Le panel a indiqué qu'à 1 p. 100 du PIB, l'investissement du Canada dans la recherche est bien inférieur à celui des pays de l'OCDE, dont la moyenne, je crois, est d'environ 1,6 p. 100. Je n'en fais pas le reproche au gouvernement ni à quiconque. C'est un investissement commercial. Nous savons que l'argent est investi par le gouvernement sous forme d'incitations ou d'investissements directs dans la recherche publique et d'autres programmes. Et nous savons que le secteur privé contribue aussi.
Nous sommes censés réduire nos budgets, en fait, de 5 à 10 p. 100, n'est-ce pas? Et vous venez demander davantage d'argent. Je vous applaudis, mais il n'est pas probable que vous l'obteniez. Soyons réalistes. Aussi, que faisons-nous? Essayons-nous de stimuler cet investissement par le biais de la politique fiscale? Essayons-nous de stimuler l'industrie par le biais du programme RS&DE ou quelque chose de différent? Est-ce que nous offrons, je ne sais pas, des choses comme les actions accréditives dans lesquelles il serait possible d'investir pour contribuer à la commercialisation? Dans votre réponse à M. Storseth, vous avez mentionné une lacune en matière de commercialisation.
Quelqu'un peut-il répondre à cette préoccupation que je nourris? Qu'allez-vous faire? Nous savons que les chercheurs partent déjà aux États-Unis. Qu'allons-nous faire?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais m'attarder sur ce sujet et vous suis reconnaissant de l'avoir abordé.
Je pense que l'un des avantages de la grappe scientifique est que l'industrie elle-même détermine ses priorités. Je crois que c'est ce que d'autres témoins ont dit aussi, c'est assurément un atout. La grappe regroupe des chercheurs de tous horizons, du secteur public mais aussi des universités et de l'industrie elle-même. Ils fixent leurs propres priorités et nous sommes là pour contribuer un financement à l'appui de leur travail. Nous avons aussi des chercheurs à l'intérieur du secteur public, bien sûr, mais la grappe présente des avantages.
Pour poursuivre la discussion sur le financement, comme Travis le disait... Et je ne sais pas ce que sera le prochain budget, à ce stade, mais je pense pouvoir dire que l'argent manquera un peu partout. Si vous demandez davantage de crédits pour la recherche, je pense qu'il serait utile que vous indiquiez dans quel poste de dépenses du programme Cultivons l'avenir on pourrait les prélever.
Donc, si vous voyez un poste de dépense duquel cet argent pourrait être transféré, il serait bon de nous le dire. Je crois qu'il ne faut guère espérer que seuls les fonds de recherche augmenteraient sans qu'aucune autre dépense soit réduite. Ce serait une solution idéale, mais je ne suis pas sûr qu'elle soit réaliste.
L'une des choses qui m'intéresse, particulièrement sur le plan de la grappe, c'est les changements administratifs qui pourraient être apportés à la grappe pour lui permettre de fonctionner de manière plus rentable et efficace avec les fonds qui vous sont alloués par nous et par l'industrie. La plupart des grappes sont financées par leur secteur à hauteur de 25 p. 100. Dans le cas du boeuf, c'est seulement 15 p. 100 à cause des années difficiles que vous avez vécues.
C'est certainement un point qui m'intéresse. C'est moins une affaire de montants que d'efficience et d'efficacité. Je me demande si vous auriez quelques recommandations. Quels changements pourrions-nous apporter qui vous aideraient concrètement à administrer ce financement plus efficacement pour mieux satisfaire vos besoins de recherche?
Je pose la question à tous les témoins.
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Premièrement, pour ce qui est de la coordination des recherches, c'est de la table ronde qu'est venue l'impulsion pour créer la grappe et adopter la Stratégie nationale de recherche sur le boeuf. La table ronde fait réellement un travail prospectif et élabore des stratégies dans le domaine de la recherche, de l'accès aux marchés, toutes ces choses. Cela est indissociable du plan. La table ronde en est un élément indissociable, du point de vue des résultats que la recherche visait.
Quant à la façon d'améliorer l'usage de fonds restreints, le plus gros problème — et administrativement, cela a été un apprentissage difficile pour tout le monde — c'est qu'il y a une séparation tranchée entre les montants au titre du crédit 1 et ceux au titre du crédit 10.
Cette séparation entre ce qui va aux chercheurs d'Agriculture Canada et ce qui va aux universités crée un problème de gestion très épineux, car aucun montant ne peut être transféré d'une colonne à l'autre, même lorsque ce serait logique. Et ces fonds doivent être gérés séparément et le sont actuellement par différents services au sein de la direction de la recherche scientifique. De façon générale, et même si la cohérence a été assurée, de notre côté cela pose des difficultés sur lesquelles nous travaillons et que nous cherchons à résoudre. En pratique, cela revient à faire rapport à deux entités différentes, et ce genre de choses.
Là où cela nous pose de plus gros problèmes, c'est que nous avons fini par amener des chercheurs de tout le pays à travailler de concert avec d'autres chercheurs au sein de la grappe du secteur du boeuf. Nous les avons tous réuni et leur avons dit: « Voici les résultats que nous recherchons, mettez au point un plan », et cela a été très positif. Mais s'ils ne peuvent pas se réunir à cause des restrictions imposées par les lignes directrices du Conseil du Trésor, c'est un problème.
Il faut surmonter certains de ces obstacles administratifs pour faciliter ce genre de collaboration.
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Merci, monsieur Valeriote.
Ma question s'adresse à chacun de vous. J'aimerais que le représentant de chacun des secteurs donne son opinion.
On dit souvent que la recherche en sciences pures, en agriculture entre autres, se fait en vase clos. Dans les chaires de recherche des universités, on élabore des programmes et des plans de recherche qui ne sont pas applicables sur le terrain. Ainsi, les producteurs ont difficilement accès aux résultats de ces recherches.
J'aimerais savoir si le programme Cultivons l'avenir, avec ses grappes agro-scientifiques, a facilité le transfert de ces connaissances. Y a-t-il eu des recherches qui étaient applicables sur le terrain et qui auraient pu faire évoluer notre agriculture?
On sait tous que la productivité fait défaut ici, au Canada. Si on veut être plus concurrentiels à l'échelle internationale, il faut surtout faire de la recherche davantage applicable sur le terrain, que ce soit dans les techniques ou en sciences pures.
Pour chacun de vos secteurs, devrait-il y avoir des programmes pour faciliter le transfert des connaissances? Comment pourrait-on rendre ces connaissances plus applicables sur le terrain auprès des producteurs?
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Merci, monsieur le président, et merci à vous tous.
Cela a été un exposé intéressant, monsieur Lintott, en ce sens que ceux et celles qui vivent de l'agriculture réfléchissent en permanence aux fourrages, mais que ce n'est pas forcément le cas de ceux d'entre nous qui ne sommes pas agriculteurs. C'est une question de principe élémentaire, et le citadin qui est au volant de sa voiture et qui voit un animal de ferme paître ne réfléchira pas forcément à ce que fait cet animal, sauf se promener et grapiller des touffes d'herbe quand cela lui chante. Le citadin ne comprend pas que si le sol offre un meilleur rendement nutritif, les coûts de production, la qualité et la santé de l'animal lui-même et, en bout de ligne, la salubrité des aliments y gagneront.
Il s'agit d'un message plutôt simpliste venant de quelqu'un qui n'est pas agriculteur, mais nous nous perdons néanmoins souvent dans la science et l'innovation lorsque nous commençons à réfléchir à l'épissage des gènes et à l'ADN recombinant.
Si je vous ai bien compris, monsieur Lintott, ce que vous dites est qu'il n'existe pas d'exploitant du secteur privé qui voit réellement quelque valeur dans ce domaine. En d'autres termes, il n'y a pas de moyen direct d'améliorer son profit. S'agit-il de quelque chose que nous autres décideurs devrions prendre en mains? Ai-je bien compris votre propos?
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Oui, c'est exactement cela qui s'est passé. En fait, nous avons eu la visite d'un chercheur de Barenbrug, en Hollande. Il s'agit de la plus grosse entreprise d'obtentions végétales de graminées au monde. Elle s'intéresse surtout aux graminées gazonnantes, mais elle est, de loin, le chef de file mondial en matière de cultures fourragères graminées. Lorsqu'elle est venue en Amérique du Nord, il y a environ 10 ou 15 ans, avec un volet production de semences et un volet recherche sur les variétés, elle ne s'est pas implantée au Canada; elle s'est installée au centre des États-Unis, où elle a constaté le potentiel commercial. Elle a un programme d'obtentions végétales axé sur le climat plus clément des États-Unis. Ce qui l'intéresse, c'est tout ce qu'il y a en dessous de la ceinture de neige.
Nous savons tous d'expérience que, si vous prenez le Manitoba, l'est du Manitoba se trouve dans une zone étrange. On peut y faire des choses que l'on ne peut pas faire dans le reste de l'Ouest canadien. Je peux cultiver des variétés de luzerne et de graminées qui ne pousseraient pas à Brandon, qui se trouve à seulement deux heures de route de chez moi.
Nous savons, sur la base de l'expérience dans notre communauté, que ces types de fourrages renferment un potentiel immense. Ce qu'il nous faut faire maintenant, c'est appliquer la science et l'innovation pour compenser ce que dame nature ne nous a pas donné. Il nous faut donc intervenir auprès de la communauté de la recherche, de la communauté des phytogénéticiens, et les encourager à venir à nous avec leur savoir immense et à oeuvrer en partenariat avec nous à la résolution de ce problème.
Si nous pouvions prendre ces 30 p. 100 de notre assise territoriale qui sont des terres de pâturage non exploitées et en augmenter de 50 p. 100 la capacité de peuplement, songez à ce que cela ferait pour l'élevage, qui compte pour 25 p. 100 de notre agriculture. Il importe de cerner où vous dépensez votre dollar et où il aboutit au niveau de l'assiette fiscale. C'est une assiette fiscale; vous récupérez cet argent. Si vous pouvez prendre le fermier marginal dans l'Ouest du Canada et faire de lui un fermier non marginal qui vous verserait des impôts à n'en plus finir, comme c'est le cas des producteurs laitiers, alors faites cela. Que l'on prenne ces terres marginales et qu'on en fasse des centres de profit.
C'est cela qu'il vous faut viser. Il s'agit de créer un centre de profit à partir de terres qui ne sont pour l'heure pas profitables.
Tout paraît si simple, n'est-ce pas — mais ne me comprenez pas mal, ce n'est pas simple à faire. La réflexion sous-tendant ce qu'il y a à faire correspond à un principe élémentaire. C'est comme cela que l'on a élevé le bétail au début, avant de décider au fil du temps de faire autrement, constatant que cela était plus efficient. Peut-être qu'il est plus efficient de faire en sorte que certaines choses qui sont marginales deviennent efficientes.
Madame Brocklebank, vous avez parlé tout à l'heure d'écarts dans le financement et du fait que vous ne puissiez pas verser 10 $ à quelqu'un pour un déjeuner, et qu'il est ainsi difficile de faire venir les gens.
J'ai, à une époque dans ma vie, été conseiller municipal, et j'ai constaté que plus l'auteur de la proposition savait bien écrire, meilleures étaient vos chances d'obtenir l'argent. Et les auteurs des propositions n'étaient en fait pas les personnes qui allaient faire le travail découlant de la proposition; c'étaient de simples rédacteurs de propositions. Il semblerait presque que, au fur et à mesure que vous grossissez, il vous faut en fait quequ'un qui ne s'occupe que de cela et qui gère diverses fonctions pour vous. Je n'entends pas bâtir toute une bureaucratie pour vous. Ne me comprenez pas mal. La situation est telle que, ou vous faites cela, ou nous devons vous donner la flexibilité dont vous avez besoin pour vous occuper de certains de ces aspects sans être assaillis par les choses que nous vous demandons de faire — sans oublier la reddition de comptes, car vous avez déjà convenu qu'il vous faut assurer cela.
Nous vous demandons de faire d'autres choses en plus de faire ce qui aidera l'industrie que vous représentez à véritablement progresser. Voilà ce que nous vous demandons.
Je sais que le temps qui m'était alloué est écoulé, alors je vous demanderais de répondre à cela, si vous le voulez bien.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais juste tirer un petit peu au clair ce qu'a dit M. Lintott au sujet du fait que l'entreprise hollandaise d'obtention de graminées ne soit pas venue au Canada.
Si je vous ai bien compris, ce que vous dites en définitive est que, du fait que notre marché ne soit pas suffisamment important, nous n'attirons pas de recherche ciblant nos cultures particulières. Si tel est le cas, quelle doit être la taille de la zone de recherche et où devrons-nous commencer pour ce qui est de spécialisation?
Vous avez souligné que vous vous trouvez à l'intérieur de ce que nous appelons « la ceinture de banane du Manitoba », région qui est quelque peu différente de celle du district de la rivière de la Paix en Alberta-Colombie-Britannique. Certaines cultures pousseront dans toute sa région, tandis que d'autres choses seront beaucoup plus spécialisées.
Jusqu'où devons-nous pousser la spécialisation en ce qui concerne nos programmes destinés à viser et à nuancer certaines variétés végétales plus particulièrement? Devons-nous viser tout l'Ouest canadien? Toute la province de l'Ontario? Tout le Canada atlantique? Comment faire une ventilation des sous-spécialités?
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Merci à vous tous d'être ici.
Ma première question s'adresse à M. Lintott.
Nous parlons de recherche, et nous savons que c'est souvent le secteur privé qui en est le moteur. Nous avons souvent constaté par le passé que la recherche s'est retournée contre les agriculteurs. La dernière fois que nous avons discuté ensemble, ou que vous avez comparu devant le comité, nous avons parlé du lin trifide et de la recherche qui avait été faite. Cela avait coûté beaucoup d'argent aux agriculteurs et aux exportateurs. Nous discutions à l'époque de mon projet de loi sur l'analyse de marché.
Vous avez également mentionné que Monsanto faisait la promotion d' une variété de luzerne résistante au Roundup. Le Conseil des plantes fourragères du Manitoba voulait stopper cela du fait des effets qu'aurait eu cette variété et parce que l'introduction d'OGM non désirés avait une incidence non seulement sur la vente directe de produits végétaux et de semences, mais également sur la vente de produits à valeur ajoutée.
Nous n'avons pas de projet de loi. Nous n'avons pas imposé de moratoire sur la luzerne GM. Y aurait-il moyen pour des groupes comme le vôtre et des agriculteurs d'influencer, par exemple, Monsanto, dans ce cas-ci, pour qu'elle redirige sa recherche vers autre chose que la luzerne Roundup Ready, aux fins, par exemple, de combler l'écart en matière de recherche sur les graminées, et dont vous avez fait état?
Nous savons que cette variété de luzerne a été approuvée aux fins de sa distribution aux États-Unis. Savez-vous ce qui se passe sur le terrain au Manitoba, par exemple?
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L'entreprise sera toujours mue par son potentiel de réaliser un profit pour ses actionnaires. Monsanto s'est montrée très douée pour cela, quel qu'en ait été le coût. Elle gagne des profits énormes, mais elle inflige également des dommages énormes à l'agriculture.
À l'échelle mondiale, le problème qui se pose en recherche agricole est qu'il est très difficile pour quelqu'un d'être propriétaire du résultat obtenu. C'est pourquoi la recherche sur le canola, le travail de sélection du canola, est si énorme comparativement à tous les autres secteurs de la génétique végétale dans l'Ouest canadien. C'est parce qu'on peut en être propriétaire, comme je l'ai expliqué plus tôt. Dans le secteur bovin, il est impossible d'être propriétaire. Nous connaissons des gens qui souhaiteraient faire enregistrer des races bovines, tout comme l'on enregistrerait une variété de semence, mais nous ne pouvons pas faire cela au Canada, du fait qu'il y ait cette perception de valeur. Cela est possible aux États-Unis.
Si vous ne prévoyez pas un mécanisme qui permette à une société d'investir un dollar et de voir le moyen de protéger ce dollar, cela ne va pas fonctionner.
La principale raison pour laquelle l'industrie du canola dépense en fait 80 p. 100 des fonds de recherche, qui dépassent, je pense, les 80 millions de dollars, pour la recherche et le développement de variétés, est qu'elle s'intéresse aux plantes hybrides. S'il s'agit d'un hybride, vous pouvez en être propriétaire. Si je cultive cette variété sur ma ferme, les semences que je vais récolter ne vont pas servir à produire une récolte l'an prochain. Cela va produire une récolte, oui, mais cela ne produira que 50 p. 100 du potentiel, car la moitié des graines vont produire des plantes stériles. Une plante poussera, mais cette plante ne produira pas de graines. Il y a un mécanisme biologique intégré qui permet à l'entreprise sélectionneuse de canola de réussir. Vous ne pouvez pas faire cela avec une livre de boeuf, ni avec un boisseau de blé. Les industries du canola et du maïs sont tout à fait uniques, du fait qu'elles reposent sur des variétés hybrides.
Prenons l'industrie du soja. L'industrie du soja — et Monsanto en particulier — a vécu une période formidable en Amérique du Sud, où presque tout le soja est résistant au Roundup. Mais personne ne respecte les TUA—Technology Use Agreement ou accord d'utilisation de la technologie. L'entreprise a essayé d'obliger le gouvernement du Brésil à imposer une taxe sur les TUA, le soja étant exporté par le pays. Cela a échoué. Voilà l'exemple parfait d'une entreprise qui a investi beaucoup d'argent et qui a fort bien réussi à mettre au point un produit qui a été adopté presque à 100 p. 100 par l'agriculture. Il n'y a presque que du soja Roundup Ready. Mais l'entreprise ne parvient pas à tirer d'argent des TUA, et elle n'est donc pas du tout encline à retourner là-bas et à revoir tout le programme.
Vous ne pouvez faire cela que lorsqu'il y a en place un mécanisme empêchant quelqu'un de voler votre produit. C'est pourquoi nous avons des lois sur les brevets. Si vous fabriquez un aspirateur Dyson, vous pouvez obtenir un brevet et fabriquer votre aspirateur Dyson jusqu'à expiration du brevet. C'est, bien sûr, ce qui s'est passé dans le cas du glyphosate. Le glyphosate n'est plus couvert par un brevet. Vous pouvez acheter du glyphosate pour 3 $ le litre. Cela vous aurait autrefois coûté 40 $ le litre.
Voilà la réalité du monde des affaires. Il vous faut comprendre ce qui autorise une entreprise à prendre d'énormes montants d'argent et à les investir dans une initiative dont elle ignore si elle va déboucher.
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Nous pourrions en parler toute la soirée durant.
M. Bob Zimmer: Donnez-nous deux bonnes minutes.
Mme Andrea Brocklebank: Je pourrais passer en revue les réalisations les plus récentes de la grappe, et je vais parler, pour commencer, du transfert d'animaux. La demande la plus volumineuse qui est faite au ministre de l'Agriculture, et je parle de volume de courrier, est le fait de gens qui observent des animaux chargés dans des camions. C'est parfois la seule fois que ces gens voient des animaux d'élevage. Nous n'avons dans l'industrie pas de repères indiquant ce que nous faisons et si ce que nous faisons est bien ou mauvais, et nous avons donc fait une inspection de tous les camions et en avons fait rapport.
Ce que nous avons constaté dans l'Est et dans l'Ouest du Canada est que, dans 99,9 p. 100 des cas, les animaux qui descendaient des camions étaient en bonne santé, se portaient bien et avaient été manipulés de manière sécuritaire. Il s'agit là de recherches très importantes, pour informer le consommateur et maintenir ce niveau de confiance, ainsi qu'en vue de l'élaboration de réglementation, pour veiller à ce que le fardeau de réglementation ne soit pas si lourd qu'il accule notre industrie à la faillite. Voilà donc un exemple.
En ce qui concerne l'efficience alimentaire, nous avons augmenté les cotes de carcasse pour les porter... Je pense que cela est passé de 600 livres à 800 livres au cours des 20 dernières années. Cela est avantageux sur le plan des coûts de production. Nous n'avons pas à fournir autant de nourriture à ces animaux. Cela est également avantageux sur le plan de notre empreinte environnementale et de notre consommation d'eau. Nous avons pu apporter ces améliorations, mais tout cela est le fait de recherche sur les fourrages, les aliments, les techniques d'alimentation, et ainsi de suite.
Le dernier élément que je mentionnerais est la résistance aux antimicrobiens. Nous n'avions aucune mesure nous permettant de déterminer si c'était un problème pour notre industrie du boeuf. Nous avons investi dans de la recherche et avons pu faire la preuve au Comité permanent de la santé que l'industrie du boeuf n'a en la matière aucun problème en ce moment. Nous avons régulièrement effectué des tests dans les parcs d'engraissement et n'avons relevé aucun problème.
Ce sont là des aspects très importants en vue d'assurer ce niveau de confiance que nous visons, ainsi que pour veiller à ce que nous réglementions notre activité en nous appuyant sur la science.
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J'aimerais simplement féliciter le gouvernement d'être récemment intervenu et d'avoir investi un peu d'argent là où on en avait vraiment besoin. Je ne connais pas le nom exact de la porte à Falcon Lake, le long de la route 1...
Une voix: West Hawk Lake.
M. Jim Lintott: Mes excuses, il s'agit de la porte West Hawk Lake.
Lorsque l'ESB a frappé le Canada, c'est tout le pays qui a été touché. Tout le monde a considéré que le pays tout entier était atteint par l'ESB. Nous n'avions qu'un petit nombre de bêtes touchées, dans un périmètre très circonscrit, mais c'est tout le pays qui a été condamné. Si vous étiez producteur en Nouvelle-Écosse, vous aviez le même problème que moi ou que le type à Calgary.
Ce qu'il aurait fallu, et ce qui a été instauré depuis, est une porte à West Hawk Lake qui permet de diviser le pays en deux secteurs, à l'est et à l'ouest de ce lieu. Il n'y a que deux moyens de passer d'un côté ou de l'autre, les chemins de fer CP ou CN et la Transcanadienne. Nous pouvons surveiller les mouvements de toute l'industrie des productions animales, d'est en ouest, à partir de là.
Le gouvernement a pris l'initiative et nous a fourni une station à West Hawk Lake qui nous permettra dorénavant de diviser le pays en deux entités distinctes. Cela revêt énormément d'importance pour tous les secteurs d'élevage, qu'il s'agisse du secteur avicole, du secteur ovin, du secteur bovin ou autre. Nous jouissons tous maintenant de cet énorme avantage.
La moitié d'entre nous serons donc en sécurité à l'avenir. La dépense n'a pas été énorme, mais son incidence le sera. Voilà un exemple parfait de mesure appropriée que nous voyons enfin instaurée.
Il existe clairement une relation très étroite entre la recherche, la science, l'innovation et nos possibilités d'accès à des marchés. Dans le cas de la Corée, il y a deux choses en jeu. Nous sommes un pays à « risque maîtrisé » en ce qui concerne notre statut chez l'OIE relativement à l'ESB. Ce statut de pays à « risque maîtrisé », par opposition à « risque indéterminé », a joué un rôle très important sur le plan des gains en matière d'accès à des marchés que nous avons marqués partout dans le monde, et cela englobe le travail en cours en Corée.
Les fonctionnaires canadiens ont travaillé très fort à l'OIE en vue de l'établissement, sur la base de données scientifiques solides, des nouvelles cotes correspondant au risque maîtrisé, au risque négligeable et au risque indéterminé à l'égard de l'ESB. Le Canada a joué un rôle déterminant dans l'obtention des résultats souhaités à l'OIE, autorisant ainsi notre classification au sein de cette catégorie et nous permettant de vendre légalement en vertu des mesures sanitaires et phytosanitaires de l'OMC.
Pour ce qui est de la Corée, le deuxième aspect est, bien sûr... Comme vous le savez, il y a eu cette contestation par le gouvernement du Canada à l'endroit de la Corée devant l'OMC — et, soit dit en passant, nous lui en sommes reconnaissants. Le groupe spécial de l'OMC a entendu tous les arguments, tant écrits qu'oraux. Environ trois ou quatre jours avant la date prévue du dépôt public aux parties, la Corée a convenu d'aller de l'avant avec son processus d'établissement de règles. Du point de vue du Canada, l'affaire reposait en partie sur quantité de travaux scientifiques, dont certains étaient le fruit de recherches récentes. Nous avions largement monté notre dossier autour de ces travaux de recherche.
Nous croyions dans notre réussite dans cette affaire. Les Coréens croyaient que nous allions très bien réussir.
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Pour ce qui est du transfert des connaissances au producteur, appelons cela ainsi, et de changements dans la façon de produire des fourrages ou d'ajouter des engrais — ces genres de choses —, il y a un risque considérable pour les producteurs s'ils ne comprennent pas. Là où nous décelons un écart dans le savoir, et nous y oeuvrons, c'est du côté du rapport économique sous-tendant les choix. Tel changement vous paraît-il logique, en votre qualité de producteur, et pourquoi devriez-vous l'envisager? Ces questions sont complexes, et il nous faut essayer de faciliter ces décisions, au-delà des résultats de la recherche.
L'autre élément est que, s'agissant de la commercialisation, il nous faut avoir en place un environnement réglementaire favorable. Le Canada est un petit pays, et si nous voulons obtenir que de grosses entreprises investissent ici, qu'il s'agisse de cultures fourragères ou d'autres choses, il nous faut sans doute faciliter davantage encore le processus. C'est ce que nous avons constaté dans le cas d'aspects comme l'homologation de médicaments, pour lesquels, autrefois — et nous continuons de nous améliorer —, les approbations réglementaires accusaient un retard considérable par rapport aux produits des États-Unis, et qui étaient approuvés des années avant de l'être au Canada. Premièrement, cela confère un avantage sur le plan des coûts aux producteurs américains. C'est très décourageant en ce qui concerne l'investissement, et c'est ce que nous avons constaté dans le cas de la Loi sur les semences, qui fait l'objet, je pense, d'un examen décennal.
La commercialisation est donc importante, mais l'un des écarts que nous accusons, et pour lequel nous devons, en tant que pays, faire preuve de beaucoup d'agilité... Il nous faut avoir un système de garantie de la salubrité des aliments, mais il nous faut également être compétitifs sur le plan de la réglementation, et il intervient également la gestion du risque.