Avant d'accueillir les témoins d'aujourd'hui, j'aimerais d'abord saluer officiellement nos nombreux invités.
Nous accueillons aujourd'hui une délégation du Gabon. J'aimerais saluer particulièrement Mme Rose Francine Rogombé.
Madame Rogombé, je vous souhaite la bienvenue, à vous et à ceux qui vous accompagnent. J'espère que vous aimerez la séance. J'ignore si vous apprendrez quoi que ce soit, mais les réunions sont généralement intéressantes. Je vous remercie d'être venue.
J'aimerais aussi souhaiter la bienvenue aux nombreux exploitants de ferme laitière qui se trouvent dans l'auditoire, et qui sont venus à Ottawa pour assister à toutes sortes de réunions.
Sans plus tarder, je vais vous présenter nos témoins.
Tout d'abord, nous recevons M. Réjean Bouchard, qui représente les Producteurs laitiers du Canada.
Nous accueillons aussi M. Jon Bell, de la B.C. Association of Farmers' Markets.
MM. Dennis Prouse et Peter MacLeod représentent CropLife Canada.
Pour commencer, M. Bouchard...
Pardonnez-moi, mais je n'ai pas la bonne liste.
Veuillez m'excuser, monsieur Lampron. La parole est à vous pour un maximum de 10 minutes.
Je me nomme Pierre Lampron. Je suis un producteur laitier de la Mauricie. J'habite la municipalité de Saint-Boniface-de-Shawinigan, au milieu du Québec. Je possède une ferme laitière biologique. Je suis membre du conseil d'administration de la Fédération des producteurs de lait du Québec et du conseil d'administration des Producteurs laitiers du Canada, soit les PLC. Je m'occupe des dossiers de la recherche.
Monsieur le président, membres du comité, les PLC sont heureux d'avoir l'occasion de contribuer à l'étude du comité sur le cadre Cultivons l'avenir 2, axé sur les piliers de la science et de l'innovation.
Les PLC constituent l'organisme national d'élaboration de politiques, de lobby et de promotion qui représente les quelque 13 000 fermes laitières du Canada. Son mandat est de réunir des conditions stables favorisant l'industrie laitière canadienne d'aujourd'hui et de demain. Les producteurs laitiers financent le fonctionnement de l'organisme ainsi que ses activités de promotion et de recherche en nutrition, en santé humaine et en production laitière.
Nous reconnaissons depuis longtemps que la science et l'innovation sont essentielles à l'amélioration de nos entreprises agricoles et de leur rentabilité. Les PLC investissent dans la recherche en nutrition, en santé humaine ainsi qu'en production laitière depuis les années 1990. Les Producteurs laitiers du Canada financent de nombreux projets sur le plan national en partenariat avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Nous accordons également un financement à des chaires et à des réseaux de recherche dans des universités canadiennes. Notre investissement annuel total en recherche dans le domaine de la nutrition, de la santé humaine ainsi qu'en production laitière s'élève à 1,7 million de dollars. De cette somme, 750 000 $ sont consacrés aux priorités en production laitière, comme l'amélioration de l'efficacité, le développement durable des fermes, la santé et le bien-être des animaux et l'amélioration génétique des bovins laitiers.
Nos partenariats ont appuyé des centaines de chercheurs, de professionnels et d'étudiants qui travaillent dans les 22 centres de recherche et établissements d'enseignement du Canada. La contribution de la recherche a mené à des résultats concrets année après année. Nous avons maintenant besoin d'un moins grand nombre de fermes et d'un moins grand nombre de vaches pour produire suffisamment de lait pour la population canadienne. Depuis l'instauration de la gestion de l'offre en 1971, la taille du troupeau moyen est passé de 20 vaches à 76 vaches aujourd'hui. Durant cette même période, la livraison de lait par ferme a augmenté de 600 p. 100 alors que la production annuelle de lait par vache a pratiquement doublé pour atteindre 10 000 kilos aujourd'hui.
La science et l'innovation sont des facteurs importants pour la rentabilité de l'industrie. Depuis plus d'un an, nous sommes heureux de compter parmi les fiers partenaires de l'Initiative des grappes agro-scientifiques canadiennes. La Grappe de recherche laitière recevra près de 7,5 millions de dollars, avec une contribution de 1,5 million de dollars de la Commission canadienne du lait ainsi que 161 000 $ du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Ces investissements viennent appuyer la contribution de 25 p. 100 des Producteurs laitiers du Canada qui s'élève à 3 millions de dollars.
La Grappe de recherche laitière chapeaute 46 projets de recherche portant sur la santé humaine, le développement durable et la santé et le bien-être des animaux. Plus d'une centaine d'experts, de scientifiques et d'étudiants d'université et de centres de recherches du Canada sont impliqués. Ce programme prend fin le 31 mars 2013.
En plus d'aborder des éléments prioritaires de l'industrie, le programme compte parmi ses principaux avantages le partage des coûts, en fixant le financement venant de l'industrie à 25 p. 100 et la contribution du gouvernement à 75 p. 100. Cette formule nous a donné l'occasion d'étendre considérablement nos investissements afin de nous attaquer aux priorités, dans l'intérêt des Canadiens. On a également adopté une approche stratégique mieux coordonnée et intégrée en vue de s'attaquer à ces priorités.
Toutefois, le nouveau programme, qui possède des exigences connexes, demande beaucoup d'ajustements sur le plan de l'administration, de la programmation et des méthodes d'allocation des fonds. Au bout du compte, nous mettons à exécution un plan de cinq ans en moins de trois ans. Les PLC conviennent volontiers que le processus gouvernemental d'administration des fonds publics est complexe en soi, mais les exigences administratives actuelles ne devraient pas constituer un frein à l'exécution efficace des projets de recherche.
Le financement et le soutien du transfert de technologie et des communications sont indispensables aux programmes scientifiques et à l'innovation. Une de nos récentes réalisations, la création du Portail canadien de la recherche laitière, est un site Web proposant de l'information sur tous les chercheurs du domaine laitier, tous les établissements de recherche et tous les projets de recherche réalisés depuis 1996.
Les PLC ont l'intention de conserver un rôle de leadership dans la recherche laitière. En novembre 2011, les PLC organisent un atelier avec l'industrie pour évaluer tous les projets de recherche en cours dans le cadre de la Grappe de recherche laitière ainsi que les projets pour la période de 2013 à 2018.
Les PLC espèrent que la programmation en science et en innovation, à l'image de l'initiative des grappes, sera renouvelée pour la période de 2013 à 2018. En recherche, la continuité et la planification à long terme sont des facteurs indispensables. Les étudiants et les chercheurs ont besoin d'une source ininterrompue de financement, sans quoi on risque d'assister à l'exode des spécialistes canadiens qui feront alors de la recherche dans des domaines autres que l'agriculture.
Les PLC estiment qu'en plus de s'engager à l'égard du programme de cinq ans, le gouvernement devrait le faire à l'égard d'un financement de base pour la recherche agricole à plus long terme. L'industrie a besoin de réévaluer constamment les résultats obtenus et doit disposer de la souplesse voulue pour continuer dans une direction donnée, en fonction des résultats, ou avoir la possibilité de changer de direction si les circonstances l'exigent.
Le futur programme de recherche devrait bénéficier d'un processus d'administration et de vérification plus simple et plus efficace. Les programmes visant l'établissement de partenariats avec l'industrie devraient être plus souples, surtout lorsqu'ils touchent des cycles de recherche et des travaux scientifiques. Le recrutement et l'embauche de personnel hautement qualifié, souvent composé d'étudiants diplômés, prend du temps. Cela s'ajoute aux réalités incontournables de la recherche en production laitière. Il faut tenir compte des cycles de culture et des cycles de reproduction animale. Le programme devrait tenir compte de l'expertise démontrée par le bénéficiaire des fonds dans le cadre de la gestion des programmes et des projets de recherche.
Les PLC sont d'avis que le gouvernement et l'industrie ont un rôle à jouer dans la promotion et la sensibilisation à l'égard des progrès en recherche en vue de maintenir l'appui à la recherche à titre de bien d'intérêt public. Pour leur part, les PLC consentent d'importants investissements quant à la salubrité des aliments et la promotion de bonnes pratiques de gestion à la ferme afin de garantir l'innocuité du lait à sa sortie de la ferme. Par exemple, nous sommes en train de mettre sur pied dans toutes les fermes le programme Lait canadien de qualité. L'objectif de ce programme est de maintenir de façon constante la salubrité des produits sortant de la ferme. Il y a aussi eu récemment l'annonce de notre nouveau Prix de développement durable en production laitière. Celui-ci vise à honorer, parmi les producteurs laitiers des quatre régions du Canada, ceux qui font le plus d'efforts pour appliquer le développement durable dans l'ensemble de la ferme. Nous allons publiciser ces résultats.
Nous sommes fiers de nos réalisations en collaboration avec l'industrie et le gouvernement. Nous voulons continuer cette collaboration et investir en recherche pour améliorer l'efficacité de nos fermes laitières et nous assurer que le consommateur canadien reçoit des produits laitiers salubres et de grande qualité.
Ainsi se termine ma présentation, monsieur le président. Je serai heureux de répondre aux questions.
Merci.
Les marchés fermiers permettent de consolider les systèmes alimentaires locaux en offrant un canal de distribution supplémentaire aux agriculteurs. Les nombreux marchés fermiers de la Colombie-Britannique assurent l'approvisionnement des collectivités en aliments frais et locaux.
Partout au Canada, le vieux concept des marchés fermiers est en train de faire peau neuve afin de répondre aux besoins des agriculteurs locaux et des consommateurs urbains d'aujourd'hui et de demain, c'est-à-dire des utilisateurs finaux de nos produits agricoles.
Tout d'abord, un marché fermier est un regroupement d'agriculteurs locaux, de petits manufacturiers de produits alimentaires et d'artisans qui vendent à une même adresse les produits qu'ils ont fabriqués, cuisinés ou cultivés eux-mêmes.
Année après année, les marchés fermiers de la Colombie-Britannique sont plus nombreux; nous en représentons aujourd'hui plus de 100. Il s'agit de l'un des canaux de distribution des petits et moyens agriculteurs, en plus des restaurants, de la vente en gros et des ventes directes de l'exploitation agricole.
Souvent, les agriculteurs qui vendent directement aux consommateurs dans les marchés fermiers obtiennent jusqu'à deux fois plus d'argent pour un produit que si celui-ci était vendu en gros. Les agriculteurs locaux peuvent ainsi consolider les systèmes alimentaires régionaux et contribuer à l'économie locale.
Le gouvernement et l'industrie négligent souvent les producteurs à petite échelle. Toutefois, leur grand nombre compense la petite taille de chacun. Cumulativement, les manufacturiers de produits alimentaires et agriculteurs à petite échelle rapportent des sommes considérables aux collectivités locales.
En 2006, l'Université du nord de la Colombie-Britannique a étudié l'incidence économique des marchés fermiers et a découvert que les ventes locales rapportent 118 millions de dollars aux collectivités de la Colombie-Britannique.
Aux yeux des consommateurs canadiens, les vendeurs des marchés fermiers représentent le visage de l'agriculture. Même s'il s'agit généralement de petits agriculteurs, la taille de leur exploitation agricole varie entre un demi-acre et plus de 200 acres, et leurs ventes dans les marchés fermiers représentent des revenus annuels qui se situent entre 1 000 et 200 000 $. Ils font le pont entre la ferme et l'assiette, et discutent souvent avec leurs clients fidèles.
Afin de gagner la confiance des consommateurs, les vendeurs des marchés fermiers leur démontrent constamment l'étendue de leurs connaissances pratiques des produits, des variétés, des pratiques agricoles, du cycle saisonnier, et ainsi de suite.
Nous vous soumettons aujourd'hui cinq recommandations en matière d'innovation.
En premier lieu, nous recommandons d'appuyer la création de marchés fermiers permanents en fournissant des outils de planification opérationnelle aux gestionnaires de marché. Même si les marchés fermiers de la Colombie-Britannique comptent 175 000 clients, ils sont considérés comme des installations temporaires dont l'emplacement aussi est presque toujours provisoire. Seuls deux marchés fermiers de la province sont sur le point d'obtenir un emplacement permanent. Un marché fermier qui déménage perd de son élan, et les agriculteurs doivent ensuite se constituer à nouveau une clientèle fidèle. Le marché fermier de Kitchener-Waterloo occupe le même emplacement depuis 130 ans et fait désormais partie du tissu social de la collectivité.
En deuxième lieu, nous vous recommandons de stimuler le marché intérieur du Canada en sensibilisant les consommateurs d'ici. Les clients des marchés fermiers sont à la recherche de produits frais et saisonniers. Parmi 14 facteurs de préférence, le prix occupe le dernier rang. Ces consommateurs comprennent et apprécient la qualité des produits canadiens. D'ailleurs, dans le cadre de l'accord Cultivons l'avenir 2, il faudrait rappeler aux consommateurs les raisons qui justifient de consommer des produits canadiens, comme la qualité supérieure des produits, la grande rigueur entourant la salubrité alimentaire, la valeur nutritive et la fraîcheur des aliments, la participation à l'économie canadienne, le soutien aux agriculteurs canadiens et la préservation des terres arables.
Un sondage Ipsos Reid réalisé en 2009 a démontré que les marchés fermiers connaissent une popularité sans précédent. En effet, près de 9 répondants sur 10 aiment fréquenter les exploitations agricoles et les marchés fermiers où ils peuvent acheter des aliments fraîchement récoltés et rencontrer les agriculteurs en personne. Selon le même sondage, les agriculteurs inspirent une grande confiance aux consommateurs, plus que bien d'autres professions. Les marchés fermiers alimentent cette confiance et contribuent à faire connaître l'agriculture en milieu urbain, où plus de 75 p. 100 de la population en sait peu sur le sujet. Les vendeurs des marchés fermiers permettent de combler cette lacune.
Nous convenons que les producteurs de denrées de base ont besoin des marchés extérieurs. Toutefois, le cadre stratégique actuel Cultivons l'avenir tend à favoriser les marchés extérieurs, alors que la population canadienne cherche à consolider les systèmes alimentaires régionaux afin de garder le contrôle de la production alimentaire.
Troisièmement, nous recommandons d'améliorer les technologies de l'information et l'accès à la formation en milieu rural. On a découvert que la communication Web est l'un des facteurs clés de la rentabilité accrue des agriculteurs canadiens. Les marchés fermiers ont recours aux nouveaux médias sociaux pour faire connaître leurs produits, garder contact avec les consommateurs, coordonner leurs activités et participer à la planification et à la gouvernance du secteur agricole.
Bien souvent, les agriculteurs des régions éloignées de la Colombie-Britannique qui n'ont pas de connexion haute vitesse ont du mal à garder le rythme dans cet environnement qui évolue rapidement. La BC Association of Farmers' Markets a créé des programmes tels que MarketSafe, un cours sur la salubrité alimentaire à l'intention des vendeurs. Or, nous avons constaté qu'il susciterait plus d'intérêt s'il était offert en ligne. Un agriculteur ne peut tout simplement pas quitter son exploitation pour assister à une journée de formation, car il devrait alors trouver un travailleur d'appoint ou parcourir une distance démesurée.
Notre association essaie d'améliorer la salubrité des aliments vendus dans tous les marchés que nous représentons. Notre objectif est de donner à tous les vendeurs une formation sur la salubrité alimentaire à la ferme et au marché fermier. De nombreux jeunes agriculteurs ayant un esprit d'entreprise sont membres de notre association. Ils communiquent avec leurs clients branchés grâce aux médias sociaux comme Twitter et Facebook, les blogues et les codes QR. Ils sont des innovateurs et des entrepreneurs qui mettent en marché de nouveaux produits. La Colombie-Britannique compte de bons exemples de réussite.
En quatrième lieu, nous recommandons de mener des recherches scientifiques à géométrie variable qui permettront de créer des produits et des technologies adaptables et d'utilisation facile pour les agriculteurs. Ce sont les petits agriculteurs qui se servent de la science et qui innovent et proposent de nouveaux concepts à partir des idées et des technologies. Les vendeurs qui sont membres de notre association travaillent fort pour suivre le rythme et offrir aux consommateurs les produits salubres, sains et sans résidus de pesticides qu'ils demandent, tout en touchant un revenu raisonnable. Ils se servent des nouveautés scientifiques pour demeurer compétitifs sur le marché intérieur, sans quoi ils se retrouveront en mauvaise posture financière.
Depuis plus d'un siècle, la recherche scientifique fondamentale est la pierre angulaire de l'agriculture canadienne, qui a d'ailleurs évolué au même rythme que la science. Si on veut que les petits producteurs aient recours aux innovations scientifiques, celles-ci doivent être pratiques, rentables, mais surtout susceptibles d'être adaptées à leurs circonstances. Pour protéger leur investissement, les agriculteurs ont besoin de technologies rapides, faciles d'utilisation et précises leur permettant de détecter les insectes nuisibles et envahissants ainsi que les maladies. Les longs protocoles qui coûtent cher ne leur sont pas utiles.
Une intervention tardive peut avoir des conséquences dramatiques. Pour ce type de technologie, on trouve par exemple de petites sondes portatives permettant de détecter la présence d'une maladie et d'intervenir rapidement. La science nous aide à améliorer le rendement des agriculteurs et à protéger les consommateurs, et contribue à la qualité de vie de tous les Canadiens.
Cinquièmement, nous vous recommandons d'augmenter la production agricole intérieure de la région côtière de la Colombie-Britannique pour que les agriculteurs puissent cultiver leurs produits toute l'année. Ils pourront ensuite les vendre toute l'année dans les marchés fermiers ou bien les expédier à d'autres régions du Canada. Compte tenu du nombre grandissant de consommateurs qui privilégient les produits canadiens, la côte Ouest pourrait devenir le jardin maraîcher des autres régions du Canada ayant un climat moins clément.
Je tiens à préciser que ce n'est pas le climat, mais bien l'utilisation de techniques novatrices peu coûteuses, comme les tunnels plastiques et les abris culturaux, qui permet de cultiver certains produits agricoles toute l'année dans la région côtière de la Colombie-Britannique. Il serait possible d'aller encore plus loin en produisant de nouvelles variétés de légumes qui demandent peu de luminosité et qui tolèrent le froid.
Dans les régions les moins froides de la Colombie-Britannique, des marchés sont maintenant ouverts en hiver. On y retrouve des légumes-feuilles frais aux côtés des viandes, patates, courges et carottes habituelles. S'il était possible de produire toute l'année, les marchés fermiers pourraient survivre en hiver, et les consommateurs auraient ainsi accès à des produits canadiens toute l'année.
Pour terminer, de nombreux Canadiens croient que les petites et moyennes exploitations agricoles doivent absolument conserver une masse critique au sein du secteur agricole pour contribuer au dynamisme des collectivités rurales. Il reste bien des avenues à explorer pour permettre aux exploitations agricoles de demeurer rentables encore longtemps.
Merci beaucoup.
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Bonjour, et merci de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Peter MacLeod et je suis vice-président des produits chimiques à CropLife Canada.
Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue Dennis Prouse, vice-président des affaires gouvernementales à CropLife Canada.
CropLife Canada est l'association commerciale qui représente les concepteurs, les fabricants et les distributeurs de produits antiparasitaires à usage agricole et ceux issus de la biotechnologie végétale.
Ces outils contribuent à la compétitivité et à la durabilité du secteur agricole canadien, de même qu'à la qualité de vie des Canadiens, qui peuvent ainsi se procurer des aliments salubres, sains et abordables. L'absence de pesticides et de biotechnologie végétale entraînerait de lourdes pertes pour nos agriculteurs et notre économie.
Chaque année, les agriculteurs réalisent des gains directs d'environ 7,9 milliards de dollars grâce à la qualité des produits agricoles et à l'augmentation du rendement découlant des pesticides et de la biotechnologie végétale. La famille canadienne moyenne profite aussi de ce rendement accru, surtout à l'épicerie, où elle économise près de 60 p. 100 grâce à nos technologies. Les innovations technologiques liées aux sciences végétales permettent de stimuler la productivité agricole, mais en plus, l'effet est durable.
À titre d'exemple, les pesticides et la biotechnologie végétale ont permis aux agriculteurs d'adopter des systèmes de culture sans labours pour préserver le sol. En 2008, par exemple, le travail de conservation des sols a permis de diminuer de 12 milliards de kilogrammes les émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. De plus, ces pratiques permettent de réduire l'utilisation de combustibles fossiles de plus de 170 millions de litres par année, sans compter leurs bienfaits sur le plan de la rétention d'eau et de l'érosion du sol.
Sans les pesticides et la biotechnologie végétale, les agriculteurs devraient cultiver 37 millions d'acres de terre supplémentaires pour atteindre la production actuelle. Cette superficie équivaut plus ou moins à l'ensemble des terres cultivées en Saskatchewan.
Le Canada possède un système de réglementation reconnu mondialement grâce auquel nos agriculteurs ont accès aux plus récentes innovations technologiques. Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments font tous les deux de l'excellent travail en matière de protection des Canadiens et de l'environnement. Ils inspirent un grand respect à l'échelle internationale principalement parce que le système canadien est prévisible, qu'il repose sur la science et qu'il accorde la priorité à la santé et à la sécurité. Or, les Canadiens eux-mêmes connaissent mal la réglementation entourant les pesticides et la biotechnologie végétale, et ne savent pas vraiment comment ceux-ci contribuent respectivement à la sécurité alimentaire au Canada et à l'étranger. C'est regrettable.
Il faudrait sensibiliser davantage les Canadiens à l'excellent travail du gouvernement à cet égard. Ainsi, ils se fieraient davantage à la réglementation des produits qui serviront un jour à nourrir le reste du monde et à préserver l'environnement. Nous félicitons le gouvernement fédéral des mesures qu'il a prises récemment à ce chapitre, mais nous espérons que les Canadiens pourront continuer d'en apprendre sur le système de réglementation fondé sur la science de haut calibre du Canada. Nous vous demandons donc de déployer plus d'efforts en ce sens.
Si le Canada veut connaître un véritable essor en matière d'innovation, le gouvernement doit aider les Canadiens à comprendre les avantages inhérents à la technologie et aux systèmes en place pour en assurer la sécurité. Au besoin, il doit également être en mesure de justifier la rigueur de son système de réglementation. Sans l'appui fondamental de la population, certaines des innovations les plus bénéfiques pourraient simplement dépérir, peu importe le secteur.
Imaginez si cela était arrivé lorsqu'on a commencé à cultiver le canola. Aujourd'hui, cette industrie représente 14 milliards de dollars par année. Cette extraordinaire réussite canadienne est attribuable en grande partie à l'innovation dont l'industrie a fait preuve dès le début.
Toutefois, les efforts de communication du gouvernement ne suffiront pas à placer l'innovation dans son contexte aux yeux du grand public. Au Canada, les provinces et les municipalités ont tendance à miner la crédibilité du gouvernement fédéral, ce qui est inquiétant. Une telle atmosphère est intenable pour un secteur comme le nôtre.
Chaque nouvelle biotechnologie végétale ou nouveau pesticide nécessite un investissement de 100 à 250 millions de dollars. Il faut ensuite jusqu'à 10 ans avant que le produit soit mis en marché. Compte tenu de cet investissement considérable, notre industrie doit évidemment choisir ses investissements avec soin.
À moins que celle-ci continue d'investir au Canada, les producteurs canadiens n'ont aucune chance contre les agriculteurs des pays où les réglementations fondées sur la science sont respectées et appliquées. Nous encourageons donc le comité à plaider en faveur de règlements fondés sur la science et à sensibiliser le public sur l'importance de l'innovation et de la science.
Nous aimerions aussi que le Canada encourage l'adoption, pour nos technologies, d'un système d'approbation international qui soit harmonisé et qui forme un tout plus cohérent. À notre avis, un processus d'approbation ouvert qui tient compte du travail et des décisions de pays qui ont adopté des règlements fondés sur la science nous permettrait d'aller encore plus loin.
Ainsi, les agriculteurs canadiens auraient efficacement et rapidement accès aux derniers outils, mais en plus, ils bénéficieraient d'un meilleur accès au marché sans que la sécurité ou l'intégrité des systèmes de réglementation internationaux ne soient compromises.
Nous croyons que les produits antiparasitaires et la biotechnologie végétale peuvent continuer de jouer un rôle central sur le plan de la transformation du Canada et de la compétitivité des agriculteurs canadiens. Nous croyons également que la portée de ce rôle dépendra des décisions et des mesures prises dans le cadre de l'accord Cultivons l'avenir 2.
Les agriculteurs sont aux prises avec des problèmes de taille, comme la croissance vertigineuse de la population mondiale, les changements climatiques et le manque d'eau. Il est possible de trouver des solutions modernes à tous ces obstacles, comme la création de produits agricoles résistants à la sécheresse et au sel, qui absorbent mieux l'azote ou qui ont une meilleure valeur nutritive, ou bien un meilleur contrôle des maladies. Il va sans dire que les percées technologiques liées aux sciences végétales permettront encore de régler certains des problèmes planétaires les plus criants. Soyez assurés que nous y travaillons.
L'industrie canadienne des sciences végétales contribue à assurer au Canada un secteur agricole flexible, concurrentiel et durable. À vrai dire, nous nous préoccupons depuis des décennies de la durabilité de l'environnement. L'industrie a adopté il y a longtemps des pratiques de gestion des ressources en fonction du cycle de vie complet des cultures.
Nos programmes les plus connus en la matière sont ceux qui visent les pesticides périmés et les contenants de pesticides vides, actuellement gérés par CleanFARMS, notre organisation soeur. De plus, nous menons des recherches pour trouver des technologies favorisant la durabilité de l'exploitation agricole, comme la création de variétés qui absorbent mieux l'azote. Il est donc clair que la durabilité n'est pas qu'une expression à la mode au sein de notre industrie, mais bien un engagement à long terme.
Grâce à la création de cultures qui absorbent mieux l'azote, les agriculteurs réalisent des économies sur les engrais et sur le carburant nécessaire pour les épandre, ce qui améliore la rentabilité de l'exploitation agricole. Notre industrie continue également de perfectionner les produits antiparasitaires afin d'en diminuer davantage le taux d'utilisation et d'en cibler l'application. Notre industrie croit que l'accord Cultivons l'avenir 2 créera un environnement avant-gardiste et favorable aux innovations agricoles.
Nous avons remarqué les récents progrès du gouvernement touchant les politiques agricoles fondamentales, comme celles ayant trait aux faibles concentrations et à l'accès aux marchés. Nous sommes encouragés par la place prépondérante que le a accordée à la science aux dernières réunions du Groupe de Cairns.
Nous avons hâte que le secteur agricole canadien dynamique, innovateur et fortement concurrentiel dont nous faisons partie travaille dans l'intérêt des Canadiens et du reste du monde.
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé.
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Je vais répondre en français.
Je veux compléter la réponse aux questions plus précises portant sur les points à améliorer, particulièrement à l'égard de l'administration des grappes.
Déjà, c'était un défi que de se familiariser avec les règles et le vocabulaire, par exemple le crédit 1 et le crédit 10, ou de s'ajuster par rapport aux années financières du gouvernement, qui offre des allocations fixes et non transférables d'une année à l'autre. Ce sont des choses qu'on a réussi à manoeuvrer, mais il a fallu s'ajuster. Il a fallu du temps pour d'abord comprendre nous-mêmes les règles, et ensuite être en mesure de les expliquer aux autres et de les faire appliquer par ceux qui font la recherche pour nous, essentiellement les universités. Il faut dire que les gens des centres de recherche d'Agriculture Canada connaissent déjà très bien les règles à l'interne.
C'est pourquoi il y a eu des délais. L'annonce elle-même du programme et, par la suite, son établissement ont exigé beaucoup de temps et occasionné des délais. Oui, au bout du compte, nous serons capables de réaliser le contrat, cependant nous y parviendrons d'une autre façon. Par exemple, comme nous voulons atteindre nos objectifs en moins de temps, les recherches dans les universités seront réalisées par des techniciens ou par des professionnels, au détriment d'étudiants. Ces derniers ne pourront pas le faire parce que leur semestre ne sera pas encore commencé. Également, recruter des étudiants est parfois long, et ceux-ci travaillent parfois moins vite que les techniciens. Il est quand même déplorable que ce contexte nous ait obligés à sabrer dans la formation de la relève.
En sachant ces choses à l'avance, nous pourrions les planifier. De fait, ces choses prennent du temps à planifier. Qui plus est, nous serions beaucoup mieux préparés, car toute cette structure nous serait déjà familière.
Pour ce qui est des défis, je n'irai pas dans les détails des règles administratives ou des règles comptables. Je dirai seulement que le fait d'imposer les règles du gouvernement constitue un défi. Nous avions déjà nos façons de faire, mais nous pouvons nous adapter. Toutefois, il peut être difficile d'imposer ces nouvelles règles du jeu à tout le système universitaire canadien. Il faut convaincre les gens, c'est long et ça prend de la bonne volonté.
Il faudrait aussi une certaine confiance. Nous avions déjà de l'expérience et un bagage, nous avions déjà nos façons de gérer les projets de recherche. Ainsi, plutôt que de nous demander de fournir systématiquement les preuves de tout ce que nous faisons, on pourrait faire des vérifications par l'entremise d'un audit. Ce serait plus facile que de demander de fournir toutes les informations et toutes les preuves selon des délais établis, que ce soit tous les trimestres ou autrement.
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Merci, monsieur le président.
Par l'entremise de la présidence, j'aimerais souhaiter la bienvenue à tous les témoins. Les renseignements que vous nous fournissez sont très intéressants.
Je m'excuse d'avoir quitté la salle en douce un peu plus tôt; un de mes électeurs m'a téléphoné, et je devais prendre l'appel, car c'était quelque peu urgent. Je m'excuse d'avoir manqué une partie de vos déclarations.
Cela dit, il y a quelques sujets que j'aimerais aborder. Je vais d'abord m'adresser à M. Lampron.
Dans votre mémoire, au bas de la page 5, vous parlez d'un « programme destiné aux producteurs et exécuté par des producteurs, qui compte sur l'apport d'autres partenaires de l'industrie [...] ». Vous parlez, notamment, de souplesse par rapport à la réduction des fonds octroyés.
Pourriez-vous nous dire clairement ce que vous entendez par souplesse, qui devrait faire preuve de plus de souplesse et s'il y a des projets en particulier qui sont très importants dans le cadre de ce processus?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Pour information, je devrais partager mon temps de parole avec le secrétaire parlementaire.
Merci beaucoup à tous les membres du comité de s'être déplacés aujourd'hui.
Trop souvent, on évalue le succès d'un programme de recherche d'innovation en vertu des fonds qui y ont été investis. Le gouvernement investit davantage dans un programme par rapport aux années précédentes, alors on se dit que le programme doit être efficace.
Plusieurs témoins nous ont dit qu'il fallait simplifier davantage les processus. Ce n'est pas toujours une question d'argent; on veut moins de lourdeurs administratives pour les petits chercheurs et les petites organisations.
J'aimerais prendre un instant pour féliciter certains de mes collègues, dont M. Lobb, pour leurs questions bien documentées. Donc, le but ultime, c'est de trouver une façon de commercialiser la technologie découlant de la recherche.
Ma question s'adresse à vous, monsieur MacLeod. À quel point est-ce important que le but ultime soit la commercialisation? Est-ce sur cet aspect que nous devrons concentrer nos efforts?