:
La tribune organisée par notre conseil encourage la participation active de toutes les provinces et de toutes les organisations de chaînes de valeur semblables à la Prince Edward Island Grain Elevators Corporation. Nous disposons d’une capacité de recherche et d’infrastructures substantielles au sein des régions des trois provinces. Nos membres comprennent des représentants des gouvernements provinciaux, des meuniers, des fournisseurs d’aliments pour animaux, des transformateurs, des chercheurs et des vendeurs de semences.
Bien qu’à Terre-Neuve, la production de céréales et d’oléagineux soit secondaire sur le plan structurel par rapport au fourrage, nous nous employons à recruter des membres parmi les cultivateurs de cette province. Nous avons discuté avec les dirigeants de l’industrie là-bas afin d’envisager des façons de développer davantage leurs capacités en distinguant les synergies qui peuvent exister. Je suppose que nous faisons allusion ici au fait que la plupart de leurs céréales proviennent d’autres parties du pays, et nous aimerions entamer une discussion sur la façon dont nous pourrions modifier en partie cet état de choses. Il y a là-bas une grande installation de manutention qui déplace — ou déplaçait — de grandes quantités de maïs et de soja.
Pour ce qui est du contexte, l’agriculture de la région de l’Atlantique a rencontré d’énormes difficultés et vécu d’énormes changements au cours des dernières années. Notre industrie du bétail a régressé. La production porcine a diminué de 50 p. 100 ou plus dans certaines provinces. Les usines locales de transformation du porc sous inspection fédérale ont presque disparu complètement. Le nombre de veaux de naissange a chuté, de même que la capacité d’abattage. L’abattoir de bœuf de Borden, à l’Île-du-Prince-Édouard, enregistre d’énormes déficits d’exploitation. Bien que les marchés de bétail locaux soient déficitaires et que ces produits soient assujettis à un supplément de fret, il est clair que la capacité de la région en matière de transformation à valeur ajoutée n’est peut-être pas concurrentielle.
Par contre, l’industrie de la pisciculture croît. La production de pommes de terre est stable avec ses 100 000 acres de terres cultivées dans la région, et l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick offre une abondante capacité de transformation locale.
Les programmes de gestion de l’offre revêtent une grande importance pour les cultivateurs des provinces maritimes. Ces agriculteurs sont souvent nos clients, et ils respectent ces ententes d’exploitation qui leur offrent un certain degré de stabilité.
La production de céréales est excédentaire à l’Île-du-Prince-Édouard et déficitaire dans les autres provinces. Le blé de meunerie, l’orge, l’avoine, le blé fourragé et le maïs sont tous produits dans la région. En dépit de l’augmentation du coût des intrants, les agriculteurs ont bénéficié de la hausse récente du prix des céréales. Des produits céréaliers sont importés des autres régions du pays pour compenser les diverses insuffisances de l’offre locale. La demande pour les céréales locales est stable, et on a récemment investi dans l’industrie du broyage des aliments du bétail. Cela contribue à accroître la proportion élevée de céréales cultivées dans la région qui servent à alimenter le bétail. La clientèle locale comprend des agriculteurs, des fournisseurs d’aliments pour animaux, l’industrie du poisson, l’industrie de la fourrure et des minoteries.
Dernièrement, la production d’oléagineux a connu une croissance exponentielle, surtout la production de soja à identité préservée et de soja génétiquement modifié de l’Île-du-Prince-Édouard, mais aussi la production de canola, en particulier dans le Nord du Nouveau-Brunswick. Par exemple, près de 75 000 acres de soja et 10 000 acres de canola ont été cultivées en 2011 comparativement à 10 000 acres pour ces deux cultures il y a à peine cinq ans. La demande mondiale pour l’huile végétale est en pleine croissance, tout comme la demande, dans des pays comme le Japon, pour du soja à identité préservée transformé, par exemple, en tofu destiné à la consommation humaine.
Avec l’appui des installations commerciales de séchage, la région a la chance de pouvoir participer à la croissance de ces marchés. De petits producteurs d’huile et de farine commencent à surgir dans la région, et il y a des transformateurs plus importants au Québec et à l’étranger. De plus, la farine de soja et la farine de canola qui sont utilisées pour supplémenter en protéines les aliments pour le bétail bénéficient d’un marché local de taille raisonnable.
Si nous arrivons à régler notre important problème de désoxynivalénol — une toxine qui, comme vous le savez, est présente dans le blé —, nous pourrons tirer parti d’un marché qui est prêt à accepter jusqu’à 100 000 tonnes de blé de meunerie, que la minoterie P&H Milling d’Halifax transformera en farine. Ces débouchés sont de bon pour la région et contribueront à optimiser le fret, puisque la région dispose de la capacité maritime requise pour le transporter. Par comparaison, l’Île-du-Prince-Édouard n’a plus de capacité ferroviaire et risque de manquer de camions pendant la période très chargée de la récolte automnale.
J’ai encore un ou deux paragraphes à lire concernant des enjeux cruciaux, puis je rendrai la parole à Allan.
Afin d’aider à maintenir la croissance de l’ensemble du système de production de la région de l’Atlantique, y compris les producteurs de céréales et d’oléagineux, dans le cadre de Cultivons l’avenir 2, notre conseil souhaite formuler des observations concernant deux importants aspects liés principalement aux investissements du gouvernement fédéral: le financement des programmes de protection du revenu agricole et l’affectation de fonds publics à la recherche et à l’innovation.
Il ne faudrait pas perdre de vue qu’étant donné la dimension réduite de notre région, nous mettons surtout l’accent sur le commerce national, et non le commerce international, sauf peut-être en ce qui concerne les pommes de terre. Nous estimons que nous ne contribuons pas aux importants surplus alimentaires mondiaux. Cela implique également qu’il nous est difficile d’attirer d’importants investissements dans la modification génétique de cultures, dans l’élevage ou dans d’autres formes d’innovation, par exemple.
Merci.
J’imagine que vous vous rendez compte que le résultat de vos travaux revêt une grande importance pour nous. En conséquence, notre conseil vous sait gré de l’occasion qui lui est donnée de vous faire un exposé, de formuler des observations et de communiquer le point de vue de l’Atlantic Grains Council.
En ce qui concerne les filets de sécurité, nous croyons comprendre que, dans le cadre de Cultivons l’avenir 2, les ministres discuteront de la possibilité de poursuivre les programmes de protection du revenu agricole selon les cadres préexistants, notamment Agri-stabilité, Agri-investissement, Agri-relance et l’assurance-récolte. Notre conseil appuie ces programmes et cette initiative.
L’industrie locale a tiré parti du Programme de paiements anticipés et du Programme de mise en commun des prix. Le PPA a été accueilli favorablement, mais certains problèmes administratifs sont survenus dans le cadre du PMCP. Nous vous demandons de nous aider à encourager le gouvernement à maintenir ou même à améliorer cette importante enveloppe de financement. Il n’est que juste que nous bénéficions de ces avantages lorsque nous entrons en concurrence avec le Trésor des gouvernements étrangers.
Nous n’approuverions pas que les budgets des programmes actuels soient réduits dans le but de réunir des fonds supplémentaires pour l’innovation. Quand les programmes actuels travaillent en harmonie, comme ils sont conçus pour le faire, ils peuvent assurer une couverture adéquate lorsque des facteurs conjugués ont des répercussions sur la marge de production des exploitations agricoles ou sur les pertes de récolte. Nous espérons que les agriculteurs continueront de bénéficier du soutien qu’ils reçoivent actuellement dans le cadre du programme Agri-stabilité lorsque leur marge enregistre une baisse de 15 p. 100 et nous recommandons que le financement du programme Agri-investissement soit haussé afin que la contribution gouvernementale de contrepartie couvre jusqu’à 3 p. 100 des ventes admissibles — à l’heure actuelle, elle couvre 1,5 p. 100 des ventes admissibles.
Pour comprendre la valeur de ce programme de protection du revenu agricole, il suffit de constater l’effet positif qu’il a eu sur les producteurs de céréales de l’Ouest, qui étaient aux prises avec des pertes occasionnées par des sécheresses ou des inondations. Dans le secteur de l’élevage du bétail, nous savons que les périodes pendant lesquelles les prix sont élevés sont habituellement suivies de périodes pendant lesquelles les prix sont bas. Ce programme offre des outils pour aider les producteurs à se préparer pour ces circonstances.
Il est dans l’intérêt public de financer l’innovation, car cela contribue à enrichir notre nation, en particulier si l’on investit davantage dans la transformation à valeur ajoutée qui va au-delà des exploitations agricoles. Il est entendu que si les innovations permettent d’améliorer le rendement ou les cultures, le secteur agricole primaire y gagne puisqu’il peut répondre aux besoins alimentaires d’une population mondiale grandissante.
La production de biomasse dans la région de l’Atlantique à titre de combustible pour le chauffage est peut-être une autre forme d’innovation régionale. On ne sait pas encore avec certitude si ces fonds seront investis dans la région de l’Atlantique étant donné qu’à l’exception peut-être des pommes de terre, la plupart de nos produits sont consommés au Canada.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du comité de me donner de nouveau l’occasion de leur faire un exposé.
Pour ceux d’entre vous qui ne me connaissent pas, je m’appelle Travis Toews. Ma famille et moi exploitons un ranch près de Beaver Lodge, en Alberta, et je suis le président de la Canadian Cattlemen's Association en ce moment. Je suis accompagné aujourd’hui de Ryder Lee, le directeur des Relations fédérales-provinciales de la CCA qui est posté ici, à Ottawa.
Dans l’énoncé de politiques de la Canadian Cattlemen's Association, on retrouve des principes ayant trait à la participation du gouvernement dans le secteur de l’élevage bovin. Voici ce que dit le préambule:
La CCA croit que la vision partagée de l’industrie et du gouvernement doit consister à créer un milieu ouvert qui permet aux entreprises de réaliser leur plein potentiel dans un marché libre et concurrentiel. Nous reconnaissons que, dans un marché concurrentiel, toutes les exploitations ne survivront pas et que la taille de l’industrie variera en fonction des conditions du marché.
En ce qui concerne la gestion des risques opérationnels, la politique indique ce qui suit:
L’appui gouvernemental accordé à l’industrie doit être offert dans le cadre de programmes nationaux qui réduisent au minimum les risques de répercussions négatives sur le commerce international et interprovincial, la distorsion des forces du marché et l’influence exercée sur les décisions opérationnelles. Les programmes ne doivent pas perturber l’équilibre concurrentiel qui existe entre les secteurs ou les régions agricoles.
Ces extraits de la politique de la CCA servent de base à ce que je vais dire aujourd’hui. Ces paroles je les ai déjà prononcées à cette table dans le passé.
Il y a également un autre principe qui mérite d’être pris en considération lorsqu’on discute de la gestion des risques. Je crois fermement que les programmes de gestion des risques administrés par le gouvernement ne devraient pas récompenser l’instabilité ou dissuader les producteurs de faire ce qu’ils peuvent pour gérer leurs propres risques opérationnels.
Dans l’industrie de l’élevage bovin, les producteurs gèrent les risques en constituant des stocks de fourrage, en diversifiant leurs activités, en adaptant de manière responsable la taille de leur troupeau à la superficie de leur terrain et en gérant leur production de manière à satisfaire aux exigences annuelles en matière de flux de trésorerie. Les programmes de protection des revenus globaux des exploitations agricoles du genre d’Agri-Stabilité sont fondés sur la marge de production. Lorsqu’on les applique pour assurer la stabilité plutôt que dans les cas de désastres, ils ont tendance à récompenser l’instabilité et, dans certains cas, à dissuader les producteurs d’adopter des pratiques de gestion des risques. Les risques opérationnels quotidiens, souvent définis comme les premiers 30 p. 100 de la marge de production, devraient être gérés par les producteurs. Ces derniers devraient être encouragés à utiliser tous les outils dont ils disposent pour gérer leurs risques opérationnels normaux, notamment des programmes d’assurance, la diversification, une bonne gestion de leur production et des stratégies de protection du revenu.
Pendant que nous examinons les outils dont les producteurs canadiens de bovins disposent pour gérer les prix, il est à noter qu’une assurance-prix leur serait très utile.
Je suis heureux de comparaître devant votre comité à un moment où des prix presque record sont enregistrés pour toutes les catégories de bovins. Partout au pays, les membres du secteur de l’élevage bovin manifestent un optimisme que je n’ai pas observé depuis 2002. Toutefois, ces prix élevés s’accompagnent d’une augmentation du coût des intrants et d’un risque accru que le marché se replie.
Le programme Agri-stabilité offre une certaine protection contre ce risque, mais à l’échelle de l’exploitation agricole et accompagnée de tous les problèmes de transparence, de prévisibilité et d’opportunité que le programme comporte. Nous soutenons qu’un modèle fondé sur un programme d’assurance serait opportun et prévisible.
Au cours des deux ou trois dernières années, l’Alberta a entrepris d’élaborer et de mettre en oeuvre un programme fondé sur une assurance-prix à l’intention des producteurs de bovins allant des veaux de naissage aux bovins gras. Grâce à ce programme, si les producteurs décident qu’ils aimeraient se protéger contre un éventuel repli du marché, ils disposent d’un moyen pratique de s’assurer contre ce risque.
Comme vous le savez, il existe aujourd’hui des méthodes pour se protéger contre une partie du risque de prix. Toutefois, la complexité de ces méthodes et, dans certains cas, leur manque de corrélation complète avec le marché canadien ont entraîné une faible participation de la part des producteurs et une participation extrêmement rare de la part des petites et moyennes exploitations.
Le modèle fondé sur une assurance-prix pour le secteur du bétail est unique en ce sens que cet outil gère à lui seul les risques futurs, le risque de corrélation et le risque de change. Si les producteurs paient un supplément, l’assurance peut en fait leur garantir un prix plancher fondé sur les prix futurs attendus. Étant donné que l’assurance repose seulement sur les prix futurs attendus, elle n’altère pas le marché.
Dans la conjoncture actuelle, les producteurs sont certains de se heurter à la volatilité du marché. Un programme fondé sur une assurance-prix pour le secteur du bétail serait un outil précieux pour les producteurs qui gèrent leur exploitation dans ce climat volatile.
Malheureusement, on ne peut souscrire à ce genre de protection contre le risque de change, de corrélation et de prix qu’en Alberta. Nous sommes encouragés par le fait que le gouvernement fédéral appuie un appel d’offres récemment lancé par Agriculture Manitoba et examine la possibilité d’offrir ce programme dans les quatre provinces de l’Ouest. La CCA est d’avis que ce genre de programme devrait être offert à l’échelle nationale et que le coût de ses cotisations devrait être partagé. Nous aimerions que, dans le cadre de Cultivons l’avenir 2, le programme soit étendu à l’ensemble du Canada.
Pour rester sur le thème des grandes politiques et principes, j'aimerais discuter de l'assurance-récolte et de ses effets de distorsion sur l'aménagement du territoire. Dans toutes les provinces, il y a une assurance pour les récoltes annuelles à laquelle adhèrent de nombreux agriculteurs. Ce mécanisme leur permet de gérer et d'écarter certains des risques liés au climat. Les primes sont payées par le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les producteurs qui souscrivent à l'assurance.
Ce n'est pas entièrement la faute des gouvernements s'il n'y a pas de programme efficace pour les cultures vivaces. Il est toutefois vrai que dans la plupart des régions du pays, il n'y a que très peu, voire aucune, assurance-fourrages et assurance-pâturages. Ce déséquilibre a pour effet d'encourager les cultures annuelles plutôt que vivaces sur les terres marginales. La possibilité de pallier aux pertes grâce à une prime subventionnée fait que, dans bien des cas, il est plus logique, au plan économique, d'avoir des cultures annuelles.
La CCA collabore avec le groupe de travail fédéral-provincial sur l'assurance relative aux cultures fourragères afin de mettre au point un produit qui permettra de remédier à cette injustice. Il faut en effet déployer tous les efforts nécessaires pour mettre sur pied et mettre en oeuvre un tel produit d'assurance qui supprimera l'effet de distorsion lié à la décision d'exploiter des cultures annuelles ou fourragères.
Nous avons des recommandations particulières pour améliorer le programme Agri-stabilité. Dans les années difficiles que l'industrie du bétail a connues, essentiellement par rapport à l'accès au marché restreint par l'ESB, le programme n'a pas toujours permis d'offrir un filet de sécurité adéquat. Les marges de référence ont baissé et, dans certains cas, des marges négatives ont empêché les producteurs de se prévaloir du programme; dans d'autres, des plafonds en ont limité l'utilisation pour les grandes exploitations. Dans la plupart des cas, il s'agissait d'exploitations viables prises dans la tourmente économique.
Pour ce qui est du programme Agri-stabilité, nous recommandons particulièrement d'enlever le test de viabilité, de faire passer de 60 à 70 p. 100 la couverture pour marges négatives, d'offrir aux producteurs l'option de la moyenne olympique la plus avantageuse, ou la moyenne des trois dernières années pour le calcul des marges de référence et, enfin, de supprimer les plafonds.
J'aimerais élaborer brièvement sur l'une de ces recommandations concernant les plafonds. Je crois fermement qu'on ne devrait pas, aux termes des programmes gouvernementaux, faire de la discrimination contre certaines structures commerciales, et notamment par rapport à la taille de l'exploitation. Si nous voulons assurer la compétitivité d'une industrie sur la scène mondiale, nous devons laisser les marchés orienter les décisions à prendre quant à la structure commerciale optimale et non créer des règles du jeu inégales.
Par rapport aux plafonds, nous avons le même problème dans les programmes Agri-stabilité et Agri-investissement et, en fait, dans tous les autres programmes. Les plafonds sont discriminatoires à l'égard des grandes exploitations. Dans la majorité des cas, ces exploitations ont grandi grâce aux pratiques concurrentielles. Ces grandes exploitations contribuent de façon significative aux débouchés d'emploi dans les collectivités et à la prospérité des régions rurales. La CCA suppose que les programmes de gestion des risques de l'entreprise de Cultivons l'avenir sont conçus pour aider les exploitations agricoles à gérer les risques, quelle que soit leur taille. Dans cette optique, il faudrait supprimer les plafonds de façon à ce que toutes les exploitations soient traitées également.
La catastrophe économique qu'a provoquée la découverte de l'ESB dans l'industrie du bétail au Canada rend d'autant plus nécessaire, à notre avis, l'existence d'un programme prévisible et transparent. La création du programme Agri-relance est un pas dans la bonne direction, mais nous recommandons qu'il soit mieux défini. Une définition claire des désastres pour lesquels on peut se prévaloir du programme et des mesures prises en conséquence, rendrait le mécanisme beaucoup plus efficace. Une plus grande transparence et prévisibilité permettra aux producteurs de prendre des décisions meilleures et plus opportunes en temps de crise économique.
Je terminerai en faisant remarquer deux efforts qu'il faut déployer de manière indirecte, mais qui sont d'une importance incroyable par rapport à la gestion des risques de l'entreprise. Étant donné la grandeur du territoire et la petitesse de la population, l'utilisation dynamique de ressources visant à améliorer et à défendre l'accès au marché est un élément vital de la gestion des risques pour l'industrie canadienne du bétail en particulier, et pour l'agriculture canadienne en général. Nous devons faire en sorte que notre politique commerciale reflète le fait que notre pays dépend des exportations pour se suffire à lui-même et optimiser les débouchés en faveur des producteurs.
Lorsque j'ai témoigné devant vous il y a six semaines, j'ai accordé une grande priorité à l'innovation et je le fais encore aujourd'hui. Les programmes de gestion des risques de l'entreprise peuvent être — et sont — des outils utiles face à des événements inattendus. Mais ces programmes sont conçus pour répondre à des événements à court terme et sont très peu utiles pour la compétitivité et la durabilité à long terme de notre industrie.
Je soulignerais une fois de plus que le meilleur moyen de bâtir et de consolider l'industrie du bétail et toute l'agriculture d'ailleurs est de faire en sorte de fonctionner dans un milieu commercial très concurrentiel, au pays et à l'étranger, et d'accroître les investissements dans la recherche, l'innovation et les transferts de technologie.
Je suis persuadé qu'au cours des vingt prochaines années, l'agriculture aura un visage bien différent. Notre politique doit donc être tournée vers l'avenir pour optimiser les débouchés, faute de quoi, nous limiterons gravement les possibilités de nos agriculteurs.
Je m'appelle Humphrey Banack et suis producteur dans le centre de l'Alberta. J'exploite 4 500 acres de céréales et d'oléagineux, et une ferme de cinquante veaux et vaches. Nous sommes très fiers de notre ferme centenaire, grâce à laquelle nous avons une vie magnifique. Je suis aussi très fier d'être vice-président de la Fédération canadienne de l'agriculture et président des Wild Rose Producers, qui est une association agricole générale.
Je suis heureux d’avoir aujourd'hui l’occasion de vous faire un exposé sur le cadre stratégique « Cultivons l’avenir 2 — Gestion des risques de l’entreprise ».
Comme vous êtes nombreux à le savoir, la Fédération canadienne de l’agriculture est la première organisation agricole à vocation générale au Canada qui, par l’intermédiaire de ses membres, représente quelque 200 000 familles d’agriculteurs dans chaque secteur de produits agricoles et région de notre pays. Le mandat de la FCA est de défendre les intérêts des producteurs et de veiller à la croissance continue d’une industrie viable et dynamique de l’agriculture et de l’agroalimentaire au Canada. De toute évidence, la gestion des risques représente un enjeu clé pour la FCA et ses membres.
À la FCA, nous sommes persuadés que la formulation de politiques agricoles doit être un triple partenariat entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et l’industrie. Nous ne pouvons pas nous contenter de formuler des critiques, mais proposer des idées et solutions concrètes sur la façon d’améliorer les programmes existants et proposer des idées sur les outils additionnels à mettre au point pour les agriculteurs. Dans cette optique, j’aimerais vous parler brièvement aujourd’hui de certains des travaux préliminaires que nous avons effectués et des discussions initiales que nous avons eues avec d’autres groupes au sein de l’industrie et avec le gouvernement au sujet des outils supplémentaires de gestion des risques qui pourraient aider les producteurs à mieux se préparer aux éventualités.
Prenons tout d’abord des programmes existants. En dépit d’importants progrès technologiques, l’agriculture demeure une activité imprévisible et pleine de risques. Chaque année, les producteurs font face à de nombreux risques incontrôlables liés à la production et à l’économie. Ces risques peuvent causer de vastes fluctuations dans les recettes des producteurs et menacent la stabilité du secteur.
Pour de nombreuses familles d’agriculteurs, les programmes de gestion des risques de l’entreprise, ou GRE, et les autres, ou non-GRE, aident à réduire l’impact de ces risques et rendent les revenus un peu plus prévisibles. Pour assurer une croissance durable, nous avons besoin de programmes à long terme qui sont simples, assurent le traitement équitable de l’ensemble des secteurs, sont prévisibles et sont dispensés uniformément dans tout le Canada. Ainsi, la FCA recommande vivement que les programmes de GRE et non-GRE continuent d’être entièrement financés dans le budget de 2012 dans le contexte du prochain cadre « Cultivons l’avenir ».
Les paiements fournis par les programmes Agri-stabilité et Agri-investissement ont baissé considérablement au cours des dernières années. Il y a deux importantes raisons à cela. Premièrement, les recettes dans le secteur des céréales et des oléagineux, de loin le plus important groupe participant au programme Agri-stabilité, ont augmenté énormément. Cela s’est traduit par une forte réduction des demandes d’aide. Deuxièmement, les recettes dans le secteur du bétail demeurent à des niveaux historiquement faibles comparés à la moyenne à long terme. Étant donné que les marges de référence utilisées pour calculer les paiements versés par le programme Agri-stabilité sont basées sur les recettes agricoles historiques, cela signifie que les éleveurs de bétail n’atteignent plus les niveaux de revenu nécessaires pour y être admissibles.
Ensemble, ces deux facteurs ont causé une chute de 50 p. 100, ou 834 millions de dollars, des paiements totaux versés depuis 2008 par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux dans le cadre du programme Agri-stabilité; le programme est donc moins souvent sollicité aujourd’hui. Par conséquent, à notre avis, si nous voulons qu'Agri-stabilité continue d’être le programme de soutien de base pour l’ensemble des producteurs, il faudra y apporter des changements qui lui permettent de solidement contrer la baisse des marges de référence, la diversification des exploitations agricoles et d’autres problèmes chroniques qu'il présente. L’élimination du critère de viabilité appliqué aux marges négatives pourrait être bénéfique pour de nombreuses exploitations.
Actuellement, un producteur qui a des marges négatives durant au moins deux des trois années incluses au calcul des marges de référence n’a pas droit à une couverture. Nous reconnaissons que souvent l’exploitation agricole était viable par le passé et que si elle en a la possibilité, elle pourrait retrouver sa profitabilité lorsque les conditions s’améliorent sur les marchés.
La FCA demande aussi que le gouvernement permette aux agriculteurs de choisir soit les 15 p. 100 supérieurs de la marge de référence du programme Agri-stabilité, soit la participation au programme Agri-investissement; permette aux agriculteurs d’utiliser la moyenne olympique ou la moyenne des trois dernières années aux fins de calcul de la marge de référence, en retenant le montant le plus élevé et augmente la couverture des marges négatives en la faisant passer de 60 à 70 p. 100.
Le programme Agri-protection est un autre volet important de la couverture. La FCA maintient que l’on devrait envisager, dans le cadre de la fixation des prix des produits agricoles, la transition à un régime d’établissement des prix en fonction du marché plutôt que de se baser sur des projections gouvernementales. Lorsque le gouvernement prend des décisions, il doit veiller à fournir une protection accrue à nos producteurs durant les périodes où ils en ont besoin. Par ailleurs, la FCA continue d’insister vigoureusement pour que l’éventail actuel de programmes de protection soit étendu afin d’inclure des options de couverture pour les secteurs du bétail, comme ceux des bovins et des porcs. En attendant que cet objectif soit réalisé, il faudrait envisager d’instituer d’autres méthodes de protection.
Le thème suivant porte sur l’exploration d’éventuels outils publics-privés de gestion des risques pour aider les agriculteurs à réduire la volatilité des recettes agricoles et réduire le fardeau global pour les programmes publics de GRE. La FCA a exploré le potentiel de produits de protection publics-privés que les agriculteurs seraient libres d’utiliser pour atténuer les risques liés aux prix et à la production dans le contexte de leurs opérations agricoles.
Des compagnies privées et offices de commercialisation offrent aux agriculteurs divers outils de gestion des risques qui aident à minimiser les risques liés aux prix et d’autres incertitudes financières. Ces outils incluent des contrats à prix fixe, des ententes d’achat et des outils de protection contre des dangers comme la grêle et autres intempéries. Cependant, en temps de volatilité extrême sur les marchés, ou dans les secteurs où il y a de considérables risques connexes, le secteur privé ne peut continuer à offrir de tels produits ou ne peut les offrir à un prix qui les rend attrayants pour les agriculteurs.
Les produits qui étaient offerts auparavant, comme des contrats à terme de gré à gré pour les engrais, ont disparu lorsque les marchés sont devenus volatils, ce qui a eu pour effet de réduire le nombre des outils offerts aux producteurs juste à un moment où ils en avaient le plus besoin. La FCA envisage deux activités gouvernementales distinctes pour aider à créer et à administrer des outils publics-privés de gestion des risques.
Premièrement, la FCA propose au gouvernement de créer une structure de soutien administratif pour la gestion des risques qui aiderait les coopératives, les offices de commercialisation et les entreprises privées à offrir des outils privés de gestion des risques qui seraient utiles et dont le prix serait raisonnable. Ce soutien pourrait inclure des garanties de crédit afin d’éviter une baisse de liquidité lorsque les marchés deviennent volatils, des ententes d’échange de devises favorables pour aider à réduire les coûts de base, des possibilités de réassurance et un soutien technique pour aider à négocier les contrats avec les contreparties.
Elle propose deuxièmement au gouvernement de contribuer à définir et à mettre au point des outils qu’il serait impossible pour le secteur privé de créer indépendamment. Cela pourrait inclure la couverture de risques pour lesquels il n’y a pas de marché d’instruments dérivés échangeables, comme c’est le cas pour les engrais et de nombreux produits horticoles, ou la création d’outils d’assurance de base qui actuellement ne sont pas offerts de façon indépendante.
Une des raisons pour lesquelles ces produits sont souvent inexistants est qu’en tant que groupe, les agriculteurs ne sont pas suffisamment importants pour justifier l’effort nécessaire à l'élaboration d'une entente personnalisée avec un assureur tiers disposé à le faire, comme une banque d’investissement. Cependant, si un grand nombre d’agriculteurs acceptait de soutenir un produit gouvernemental unique, une importante institution financière pourrait décider qu’il vaut la peine d’assumer ce risque en échange de primes raisonnables.
En aidant les offices de commercialisation à fournir de nouveaux outils et en aidant l’industrie à concevoir des outils qu’elle ne peut offrir par elle-même, l’industrie pourrait devenir plus concurrentielle, et il serait possible de réduire les fardeaux pour les outils de GRE existants.
En conclusion, nous estimons que si l’on souhaite maintenir l’éventail actuel de programmes de GRE, il faudra y apporter des changements en réponse à la baisse des marges de référence, à la diversification des exploitations agricoles et à d’autres problèmes chroniques dont souffre le programme. Nous faisons face à des risques de production et économiques, et il est crucial que les programmes — existants ou nouveaux — soient conçus, élaborés et révisés en consultation avec les organisations agricoles établies. Ces programmes doivent recevoir un financement adéquat des deux ordres de gouvernement, qui doivent garder à l’esprit l’objectif recherché, soit favoriser une politique agricole canadienne qui met l’accent sur la profitabilité et la stabilité des producteurs primaires.
Merci.
Je m'appelle Kevin Wipf et suis le directeur général du Syndicat national des cultivateurs. Nous sommes très heureux de cette occasion qui nous est donnée de témoigner et de présenter un exposé.
Le Syndicat est une organisation nationale composée de familles d'agriculteurs. Fondé en 1969, il a reçu une charte en 1970 aux termes d'une loi spéciale adoptée par le Parlement. Le Syndicat et les organisations qui l'ont précédé ont toujours oeuvré pour mettre en oeuvre des politiques destinées à assurer la viabilité de l'agriculture au plan social, environnemental et économique. Bien que les membres du Syndicat produisent une large gamme de denrées, nous croyons que les problèmes auxquels font face les agriculteurs sont communs à tous et que les producteurs de denrées diverses doivent oeuvrer de concert pour trouver des solutions efficaces. Le Syndicat estime en outre que la poursuite des seuls intérêts particuliers amène inévitablement à l'autodestruction.
Pour nos adhérents, le programme Cultivons l'avenir est inquiétant. Nous y voyons essentiellement, mis à part quelques détails secondaires, la poursuite d'une politique agricole appliquée depuis les années 1970. Il s'agit en gros de réduire le nombre des agriculteurs et de permettre aux fournisseurs d'intrants et aux grandes industries agricoles de s'agrandir sans cesse afin de dominer l'industrie.
En ce qui concerne la gestion des risques dans l'entreprise, il faut se pencher sur le problème des agriculteurs qui ne sont pas capables de tirer du marché des recettes conséquentes, voire d'en tirer du tout, surtout depuis la fin des années 1980. Nous constatons entre autres que si les agriculteurs ont été extrêmement efficaces pour accroître leur production et la valeur de cette production, s'ils ont été extrêmement efficaces pour augmenter les exportations, c'est pour nous un paradoxe incroyable que leurs recettes n'aient essentiellement pas bougé et soient même devenues négatives au cours des dernières années.
L'une des questions que nous nous posons à propos de la gestion des risques de l'entreprise est sa finalité. Au cours du milieu des années 1980, nous avons vu que — ce que j'appellerai pour l'instant — les paiements versés au titre de l'aide aux agriculteurs ont augmenté pour dépasser les 3 milliards de dollars. Le gouvernement s'efforçait alors de négocier des ententes commerciales et de rendre l'industrie plus concurrentielle par l'accroissement des exportations. On cherchait parallèlement à diminuer les paiements versés au titre de l'aide aux agriculteurs au profit de ce qu'on appelle aujourd'hui la gestion des risques de l'entreprise. Ainsi, ces paiements sont tombés en deçà de 1 milliard de dollars au milieu des années 1990. On a vu ensuite les dépenses consacrées aux programmes d'aide agricole remonter à la fin des années 1990, pour dépasser en fait les 4 milliards de dollars au début des années 2000. L'an dernier, elles dépassaient les 3 milliards.
Nous nous demandons donc pourquoi avoir de tels programmes qui consistent en fait à donner l'argent des contribuables aux agriculteurs qui ne peuvent vivre des recettes du marché? Pourquoi parler de la gestion des risques de l'entreprise au lieu de se pencher sur les raisons pour lesquelles les agriculteurs ne peuvent pas vivre des recettes qu'ils tirent du marché?
Un autre phénomène s'est produit — et qui n'entre pas dans la catégorie de la gestion des risques de l'entreprise — les agriculteurs se sont en quelque sorte engagés à assumer eux-mêmes la gestion des risques. L'argent gagné à l'extérieur de la ferme constitue en fait la majeure partie des recettes agricoles. Cet argent est comptabilisé comme recettes agricoles quand il s'agit en fait d'une forme de subvention qu'offrent les agriculteurs eux-mêmes à leur exploitation. Même dans le cas des grandes exploitations, 40 p. 100 de leurs recettes proviennent d'ailleurs. La question se pose alors de savoir pourquoi les agriculteurs ne peuvent pas tirer de revenus suffisants du marché. Nous croyons donc qu'il faut commencer à se pencher sur des programmes et des politiques qui s'attaquent à ce problème.
L'un des faits que nous avons constatés — et c'est un fait notoire dont parlent tous les groupes d'agriculteurs — est que les recettes que l'agriculteur retire d'une boîte de flocons de maïs n'ont pas bougé, alors que le prix au détail de cette boîte augmente. Pourquoi? Pourquoi les agriculteurs ne voient-ils pas leurs salaires augmenter comme tout le monde? Nombre de sociétés qui contrôlent les intrants et de secteurs de la vente au détail réalisent des profits records, mais pas les agriculteurs.
Concernant la gestion des risques de l'entreprise, nous avons constaté que les gouvernements et les groupes d'agriculteurs consacraient beaucoup de temps et d'énergie pour peaufiner les détails sans s'occuper du principal problème, soit que les agriculteurs ne parviennent pas à obtenir des recettes adéquates et justes sur le marché. Nous croyons qu'une industrie saine doit permettre une telle chose.
En fait, quand nous avons rencontré des problèmes commerciaux, notamment lors de la crise de l'ESB, bon nombre de questions portaient sur la frontière. Il fallait se demander si l'industrie était peut-être trop dépendante d'un seul partenaire commercial pour traverser les périodes économiques difficiles. De nouveau, nous nous sommes demandé comment les programmes d'aide aux agriculteurs pourraient régler le problème, sans examiner le coeur du problème.
Je vais en rester là.
Merci aux témoins ici et à Charlottetown.
Il y a deux ou trois ans, nous avons mené une étude très instructive sur la compétitivité dans l'agriculture. Je pense que ce que nous avons établi dans cette étude s'applique toujours. Pour nous aider à être plus concurrentiels, il faut harmoniser davantage les règlements des États-Unis et les nôtres et peut-être consolider un peu nos dispositions contre les pratiques anticoncurrentielles. Nous devons sanctionner d'une manière ou d'une autre de telles pratiques qu'adoptent parfois les transformateurs, les détaillants et les fournisseurs d'intrants. Vous connaissez cette étude et toutes les questions qui y sont liées.
Le mois dernier, on nous a parlé seulement du temps nécessaire pour recevoir les paiements relatifs aux programmes de gestion des risques de l'entreprise et de l'emploi de la moyenne olympique ou d'un autre modèle. Vous êtes au courant. Une seule personne a dit qu'il fallait maintenir Agri-investissement et supprimer les autres programmes. Je pense que c'était le commentaire qu'un agriculteur ontarien a fait mardi. Je ne pense pas que les témoins d'aujourd'hui sont d'accord. Travis n'a pas indiqué qu'il fallait éliminer les autres programmes. Je pense qu'il recommande d'investir aussi dans l'innovation pour rester concurrentiels et aider les agriculteurs, dont les revenus fluctuent, à se remettre sur pied.
J'ai deux questions, dont une porte sur ce que j'ai entendu il y a deux ans. Je me demande si le commentaire en question s'applique toujours. Y a-t-il une différence entre la stabilisation du revenu et les autres programmes que les ministres de l'agriculture provinciaux offrent aux producteurs, une différence qui distingue peut-être l'expérience d'un agriculteur ontarien par rapport à celle d'un producteur de l'Alberta ou du Québec? J'aimerais en savoir plus là-dessus.
Travis, vous pourriez peut-être répondre à ma première question.
Ma deuxième question s'adresse à Humphrey, à Kevin ou à Allan et elle porte sur la définition d'une catastrophe naturelle. Le réchauffement climatique et ses effets sont déjà bien réels. J'espère que la plupart d'entre nous à cette table le reconnaissent. Étant donné que nous ne nous occupons pas vraiment de l'adaptation au réchauffement climatique, je me demande si nous devrions examiner de plus près la définition d'une catastrophe naturelle. Les conséquences des changements climatiques sont imminentes.
Travis, pourriez-vous répondre à la première question? Vous pourrez passer à la deuxième si nous avons le temps. Les autres pourront intervenir ensuite.
:
Les disparités entre les provinces font partie des programmes actuels d'assurance.
Je suis appelé à me déplacer dans les trois provinces de l'Ouest. Je suis au courant de ce qui s'y passe. Je dirais que le programme d'assurance-récolte qui protège mon exploitation de grains et d'oléagineux en Alberta est le fin du fin. Les producteurs de la Saskatchewan et du Manitoba sont loin d'être aussi choyés.
Je crois que ce sont des produits d'assurance-récolte différents. Comme Travis l'a dit, nos programmes d'assurance des prix du bétail et du porc sont exclusifs aux producteurs de l'Alberta. Ils devraient être nationaux. C'est important. Le programme albertain, si j'ai bien compris, s'autofinance entièrement. On pourrait le rendre beaucoup plus attrayant avec un peu d'aide de l'État, sous forme de subventions, pour abaisser les primes.
Je pense que c'est une partie importante des objectifs que nous voulons atteindre. On veut que, à la faveur de tels programmes, les producteurs décident, d'après les risques qu'ils perçoivent, de la façon de les gérer. Mais il faut toujours se rappeler que le socle, le programme Agri-stabilité, doit subsister, sinon il y aura des oubliés, qui ont besoin de se cramponner à une base solide.
Nous ne pouvons pas totalement détruire le programme Agri-stabilité parce que, comme nous le savons, il finance au bout du compte tous les programmes supplémentaires. Les indemnités versées par les autres programmes, comme l'assurance-récolte, proviennent d'Agri-stabilité. Elles viennent toutes du même endroit. Mais il s'agit d'encourager les producteurs à participer d'une certaine manière à la gestion des risques. Est-ce que la caisse commune changera? D'après moi, probablement peu.
En ce qui concerne les catastrophes naturelles...
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à poursuivre certains éléments de cette discussion intéressante.
J'aimerais d'abord répondre à la question de Kevin sur l'objectif de la gestion des risques de l'entreprise. Bien sûr, je pense qu'il s'agit, pour l'État, d'aider les agriculteurs à sortir d'une mauvaise passe. Ce n'est pas destiné à masquer les signaux du marché.
Qu'est-ce que ça signifie? Ça signifie que si le prix d'un produit donné baisse un certain temps, pour des raisons qui échappent habituellement à la volonté du producteur, il est agréable de pouvoir compter sur un programme de protection du revenu. Cependant, si le marché a changé de fond en comble, on ne veut pas d'un programme de l'État qui occulte le message qu'il envoie, c'est-à-dire que les conditions de base ont changé et que, en conséquence, le secteur doit s'adapter à cette réalité nouvelle.
C'est toujours, d'une certaine manière, comme marcher sur une corde raide. Il est toujours difficile de trouver le point d'équilibre. Mais je pense que nous en avons eu un aperçu pendant la crise du porc, en ce sens que le secteur porcin savait qu'il avait pris trop d'expansion malgré lui. Un certain nombre de facteurs jouaient contre lui, notamment le virus de la grippe A H1N1 et la Loi américaine sur la mention du pays d'origine sur les étiquettes. Nous avons lancé un programme pour aider à réduire le cheptel porcin. Le cheptel a été réduit, et les prix se redressent. Notre programme n'a donc pas masqué la réalité du marché. Je pense que c'est un risque qui existe toujours.
Je pense que le deuxième point, pour revenir à ce que Travis disait, c'est que nous avons tous un rôle en gestion du risque. Celui de l'agriculteur, sur le terrain, est vital, comme celui de l'État et du commerce international. Plus le marché est grand, mieux c'est pour les agriculteurs. Bien sûr, l'ouverture d'un marché extérieur est une bonne chose, parce que cela élargit la clientèle des producteurs.
Bon! C'était quelques observations que je tenais à faire.
Je tenais également à faire remarquer que les programmes fédéraux visent à instaurer l'équité. Je pense que le gouvernement fédéral serait malvenu à déconseiller un programme régional aux provinces. Dans ma circonscription, j'entends vraiment qu'on réclame deux choses: l'équité pour tous, la flexibilité régionale. Il est très difficile d'avoir les deux. La flexibilité régionale met fin à l'équité.
Donc, normalement, les choses se passent comme suit, du moins de mon point de vue: les programmes fédéraux s'appliquent également à tous les agriculteurs de partout au pays. C'est l'élément équité. Cependant, la question de la flexibilité régionale intervient lorsque l'Alberta dit: « Nous allons lancer un programme pour tel produit, parce qu'il est très important pour nous. » Le gouvernement fédéral ne peut pas vraiment s'y opposer. La province peut consacrer de l'argent aux questions qui lui tiennent à coeur. En Ontario c'est quelque chose d'autre et au Québec aussi. C'est là qu'intervient la flexibilité régionale.
Bon, j'ai entamé une grande partie du temps qui m'était alloué, mais je tenais à faire ces observations, parce que je pense que le sujet de la discussion est intéressant et qu'il aide à clarifier la nature de la gestion du risque de l'entreprise.
Dans des réunions antérieures — il y en a eu un certain nombre sur la gestion du risque de l'entreprise —, l'un des sujets que j'ai soumis à la discussion est que, simplement à cause de la réalité économique, il y a un fonds, un gâteau, à partager pour la gestion de ce risque. Ce fonds fédéro-provincial n'est probablement pas appelé à croître, de sorte que beaucoup de propositions ont été avancées pour améliorer le programme Agri-investissement. Oh! améliorons Agri-stabilité, tant qu'à y être. Agri-relance devrait être plus sensible. Mais, en se laissant aller à faire tout ça en même temps, on gonfle le fonds.
Je suis très désireux de savoir, d'après vous, quels sont les programmes les plus efficaces pour les agriculteurs. S'il fallait transférer des ressources d'un à l'autre, quels seraient les gagnants? On m'a parlé en bien d'Agri-investissement et plus en mal d'Agri-stabilité. Non pas pour mettre un terme à Agri-stabilité, mais seriez-vous à l'aise de dire qu'il faut transférer à Agri-investissement davantage de ressources qui pourraient être consacrées à Agri-stabilité, peut-être pour relever son plafond ou pour augmenter la couverture que l'agriculteur peut se procurer pour ses produits? J'aimerais donc connaître votre opinion sur les programmes qui fonctionnent vraiment bien, si vous deviez prendre cette décision.
Je pense que j'aimerais d'abord entendre Travis.
:
Merci à tous d'être venus.
Je vais commencer par certaines observations que vous avez faites, Kevin. Vous avez mentionné que nous devions discuter de revenus, des raisons pour lesquelles le marché n'est pas profitable, des programmes nécessaires pour résoudre le problème et de la manière de nous attaquer au gros problème. Nous parlions de Cultivons l'avenir 2. Je me demande si nous ne devons pas rehausser le niveau de la discussion.
Je m'adresse principalement au Syndicat national des cultivateurs et à la Fédération canadienne de l'agriculture. Tous les deux, vous avez parlé d'une stratégie alimentaire nationale. Or, nous sommes une nation commerçante et nous avons besoin de plus de débouchés. Nous agissons en conséquence. Mais en même temps, nous risquons de perdre la maîtrise de nos sources d'approvisionnement en nourriture et de ne pas être capables de nous nourrir nous-mêmes.
Comment, dans une stratégie, combiner les deux, c'est-à-dire continuer à vendre tout en augmentant la maîtrise de nos sources d'approvisionnement en nourriture? En même temps que nous trouvons de nouveaux débouchés, devrions-nous nous doter de politiques, fédérales, par exemple, ou provinciales, d'achat local?
Est-ce que ce serait une solution à ce problème, Kevin, étant donné que vous avez mentionné que nous devons assurer davantage un marché aux agriculteurs plutôt que de compter uniquement sur le commerce? Peut-être allons-nous nous concentrer sur cela et, si ça ne vous dérange pas de commencer, vous et Humphrey, nous pourrons ensuite solliciter quelques observations des autres témoins.
Je vais maintenant mettre fin aux questions, car le comité doit se pencher brièvement sur ses travaux futurs.
Je tiens à remercier tous les témoins de leur comparution. Monsieur Delaney, veuillez transmettre nos remerciements à M. Ling.
Je vous souhaite à tous une année 2012 prospère et un joyeux Noël. Vous pouvez maintenant partir. Merci.
M. Michael Delaney: Merci.
Le président: J'aimerais discuter de l'orientation du comité au retour du congé, ce dont j'ai parlé à la fin de la dernière séance.
Les analystes ont proposé deux autres sujets, soit la commercialisation et le commerce, ou bien la satisfaction de la demande des consommateurs. J'aimerais simplement que vous nous indiquiez, au greffier et à moi, ce que vous désirez faire.
Qu'en pensez-vous? Que préférez-vous?
Une voix: C'est sur la liste: A, B, C, D.
M. Pierre Lemieux: Comme vous l'avez présenté.
Le président: D'accord. Combien de séances voulez-vous y consacrer? Avez-vous des suggestions?