Je vous souhaite la bienvenue à tous, notamment à nos témoins, Claude Miville, de la Grappe canadienne de recherche et de développement sur le porc, JoAnne Buth, du Conseil canadien du canola, Jim Brandle, président-directeur général de Vineland Research and Innovation Centre, et Sylvain Charlebois, vice-doyen de l'université de Guelph.
Merci à tous d'avoir pris le temps de venir vous adresser au comité.
Nous entamons aujourd'hui une étude du programme Cultivons l'avenir 2. Notre débat portera essentiellement sur ce programme mais nous n'y sommes pas strictement limités. Nous avons pensé qu'il est important de poursuivre notre étude de l'industrie de la biotechnologie et c'est pourquoi nous vous avons invités.
Chacun d'entre vous aura 10 minutes pour faire une déclaration liminaire, après quoi nous passerons aux questions. Nous aurons des tours de cinq minutes et nous sommes ici pour deux heures.
Nous allons commencer avec M. Miville, de la Grappe canadienne de recherche et de développement sur le porc.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Si vous me le permettez, je m'adresserai à vous en français. Ce sera plus facile pour moi puisque nous avons des services d'interprétation.
Je tiens d'abord à vous remercier beaucoup de votre invitation.
[Français]
Comme vous le mentionniez, je représente la Grappe porcine canadienne de recherche et de développement. Cette compagnie est plus connue sous le nom de Swine Innovation Porc.
La Grappe porcine canadienne de recherche et de développement ou Swine Innovation Porc est une organisation parrainée par le Conseil canadien du porc. Le Conseil canadien du porc représente l'ensemble des producteurs de porc du Canada, soit 8 000 producteurs de porc et 10 associations provinciales de producteurs de porc. Le Conseil canadien du porc est membre de la Table filière porcine nationale, de Canada Porc International ainsi que du Conseil canadien de la santé porcine.
Ce sont toutes des organisations nationales qui ont la volonté, sur un aspect ou un autre, de développer la production porcine et les produits dans le respect de l'environnement et de la société ainsi que d'avoir une filière porcine efficace.
L' objectif et la mission de Swine Innovation Porc, notre compagnie, consistent à faciliter la recherche, le transfert technologique et les initiatives de commercialisation qui servent à appuyer nos partenaires de la Table filière porcine.
À l'heure actuelle, nous nous sommes associés à une centaine de chercheurs canadiens de 28 organisations, centres de recherches, institutions et universités différentes. Ils collaborent avec nous dans 14 projets de recherche. Nous espérons que ces résultats vont apporter des contributions significatives pour les 8 000 producteurs de porc canadiens et nos partenaires dans la filière.
Pour réaliser son mandat, la Swine Innovation Porc s'est associée à deux organisations régionales du Canada qui font un peu de recherche appliquée et qui ont développé une très bonne expertise dans le transfert technologique. D'une part, nous avons le Centre de développement du porc du Québec inc. qui a une équipe de professionnels au service de la filière porcine québécoise. Elle l'appuie de son expertise sur le plan de la génétique, de la santé ainsi qu'en régie des bâtiments et en régie d'élevage.
D'autre part, l'autre partenaire qui s'associe aux démarches du Swine Innovation Porc est le Prairie Swine Centre qui est lié indirectement à l'Université de Saskatoon. Le Prairie Swine Centre fait de la recherche appliquée et a développé une très bonne expertise dans le transfert des technologies.
C'est donc par cette équipe que nous avons constitué un programme de projets de recherche, pour transférer les résultats à nos producteurs.
Je vais dès maintenant vous présenter quatre constats ou messages dans le peu de temps que nous avons.
Le premier message porte sur l'importance de l'innovation. Les données nous confirment que la recherche en agriculture peut mener à des résultats très positifs, en ce qui concerne les leviers et l'activité économique. Nous sommes convaincus de l'importance de la science et de l'innovation, et de l'importance d'investir dans la recherche.
Nous sommes aussi convaincus que cette recherche doit être équilibrée, c'est-à-dire qu'une recherche doit couvrir tous les aspects de la production. Il faut répondre à des enjeux de société et aux besoins de nos consommateurs. Il faut s'assurer d'avoir une filière porcine dynamique et performante. La recherche doit être équilibrée dans ses aspects stratégiques afin de permettre à une industrie de se développer et de répondre aux attentes de la société et des consommateurs ou des clients.
Il y a un deuxième élément important. Je dois vous souligner — et c'est à votre honneur — que nous sommes très satisfaits de la mise sur pied du cadre stratégique pour l'agriculture intitulé Cultivons l'avenir, qui est un programme d'appui aux initiatives de grappes agro-scientifiques. Ce programme fait suite à une demande que nous avions faite au gouvernement canadien. Nous en sommes très heureux. Avec le financement obtenu grâce à ce programme, nous avons pu mettre en collaboration plusieurs chercheurs. Il y a beaucoup de chercheurs au Canada, mais la recherche est un peu dispersée. Nous, les producteurs, ou les utilisateurs, l'industrie, avons besoin d'aller chercher les meilleurs chercheurs au Canada. C'est important de les faire travailler ensemble. Je pense que nous avons réussi à cet égard.
Nous avons fait appel à 28 institutions de recherche, universités ou centres de recherche d'Agriculture Canada pour leur expertise. Cent chercheurs collaborent avec nous et ils sont actifs dans 14 projets de recherche. Fait intéressant, dans tous ces projets de recherche, au moins deux universités sont impliquées. Cela signifie que, même si dans certains cas certains chercheurs ont tendance à travailler en silo, nous avons réussi à faire travailler les autres en collaboration. Des synergies ont été créées grâce à la collaboration de chercheurs provenant de différentes universités et régions du Canada. Nous avons réussi à faire travailler nos chercheurs en équipe. C'est également le cas pour ce qui est des centres de recherche d'Agriculture Canada, car 8 des 14 projets de recherche mettent en association au moins un chercheur d'Agriculture Canada avec un ou des chercheurs d'université.
Il y a un autre élément qui démontre ce succès. Nous avons réussi à intéresser d'autres partenaires privés à investir avec nous. Cinq organisations provinciales de producteurs de porc ont investi dans des projets de recherche ainsi que 14 autres partenaires privés de l'industrie. Nous considérons que les objectifs de ce programme ont été atteints dans la mesure où nous avons pu réunir les forces de tout le monde, peu importe où elles se trouvent au Canada, et intéresser différents partenaires privés.
Il y a un troisième élément que j'aimerais ajouter. En recherche, il ne sert à rien de générer de nouvelles connaissances scientifiques si nous ne sommes pas capables de les transférer rapidement et efficacement à nos partenaires. Le développement de la recherche ne sert à rien si nos concurrents d'autres pays sont plus rapides que nous pour utiliser les résultats. Cet enjeu est aussi important. L'innovation, pour nous, consiste à générer de nouvelles connaissances au moyen de la recherche, mais aussi à assurer un transfert efficace et rapide. Or ce ne sont pas les mêmes expertises qui peuvent assurer un tel transfert. Ce ne sont pas les chercheurs qui font cela. Cela nécessite des ressources aussi importantes et une mobilisation de gens qui ont d'autres types de profil. En plus, il faut que tous travaillent ensemble, car nous devons être capables de récupérer cela le plus rapidement et le plus efficacement possible. C'est un élément important pour nous.
Le dernier élément concerne directement le cadre stratégique intitulé Cultivons l'avenir 2. Nous considérons que le programme sur les initiatives agro-scientifiques est un succès. Il est donc important de maintenir une continuité et de profiter des circonstances favorables créées par ce programme. Il faut maintenir la continuité du programme parce qu'il a bien fonctionné dans sa première phase. Il faut profiter des circonstances favorables parce que la réponse a été supérieure aux attentes que certains d'entre vous auriez pu avoir par rapport à ce programme. Un intérêt s'est manifesté, des gens sont en train de se mobiliser, alors il vaut la peine de profiter de ces circonstances.
Pour ce faire, il vous est suggéré d'augmenter de façon significative les fonds alloués à ce programme. De plus, il faudrait faire preuve d'une certaine flexibilité pour permettre à ces grappes scientifiques, qui font le lien entre l'industrie et les différents centres de recherche d'Agriculture Canada et universités, de pouvoir en faire davantage dans l'avenir.
Je ne prendrai pas plus de votre temps, et je répondrai à vos questions avec plaisir.
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Bon après-midi. Je vous remercie d'avoir invité le Conseil canadien du canola à venir vous parler du programme Cultivons l'avenir 2 du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
Permettez-moi d'abord de souligner l'importance que notre industrie attache à l'élaboration de politiques stratégiques progressistes aux paliers fédéral et provincial. Ces examens quinquennaux de l'orientation stratégique des politiques sont importants pour diverses raisons, notamment à cause des changements rapides que connaît le secteur de l'agriculture.
Le canola est un bon exemple de changement et de croissance. Inventé dans les années 1970 ici même, au Canada, c'est aujourd'hui la culture qui a le plus de valeur pour le Canada. Le Conseil canadien du canola représente toute la chaîne de valeur du canola: les cultivateurs, les producteurs de semences, les broyeurs et les exportateurs.
Voici quelques chiffres importants concernant notre industrie. Le canola est la récolte qui offre le plus de valeur aux agriculteurs canadiens. En 2011, il leur a fourni 5,6 milliards de dollars de recettes en espèces. L'industrie appuie 280 000 emplois dans tout le pays et représente 15,4 milliards de dollars pour l'économie nationale.
L'innovation et l'investissement sont l'épine dorsale de notre industrie. Notre slogan est le suivant: « Innovateur. Résistant. Résolu à créer une valeur supérieure et un monde plus sain. » L'innovation constante a débouché sur une amélioration importante des semences, des méthodes de production, de la gestion des exploitations et du développement des marchés. En 2007, notre industrie avait annoncé un objectif à long terme de 15 millions de tonnes de demande et de production. En 2011, nous atteindrons la marque de 13 millions de tonnes. Grâce à la science, à l'innovation et à l'investissement, nous sommes certains d'atteindre cet objectif et de produire ainsi encore plus de revenus pour l'économie canadienne.
On trouve deux grands thèmes dans CA2: compétitivité et expansion des marchés, et adaptation et durabilité. Les deux moteurs identifiés sont l'infrastructure et l'innovation. Nous considérons qu'il s'agit là de prismes utiles pour fixer l'orientation future de la politique.
Conformément à ces deux thèmes, le secteur du canola s'est fixé cinq priorités, qui ne sont pas toutes reliées à la science et à l'innovation. J'aimerais vous les présenter, après quoi nous pourrons évidemment passer aux questions.
La première priorité est la science et l'innovation. Le canola doit son succès à l'innovation, laquelle touche aussi bien la mise au point des semences que la modernisation des méthodes de production ou l'élaboration de nouvelles utilisations du produit. La recherche, aussi bien privée que publique, est cruciale pour innover. Grâce au programme canadien des grappes agro-scientifiques, le Conseil du canola coordonne une recherche focalisée en partenariat avec AAAC. Le programme est impulsé par les producteurs, l'industrie et les chercheurs, qui fixent collectivement les priorités et mettent ensuite en oeuvre le plan de recherche.
Bien que le canola soit une récolte importante au Canada, il est minuscule par rapport à d'autres denrées compétitives sur le marché international, comme le soja et l'huile de palme. Ces industries investissent dans l'innovation. Nous devons nous assurer d'un partenariat continu entre l'industrie et le gouvernement pour faire la recherche qui nous permettra de rester compétitifs. La recherche doit être pilotée par l'industrie et être appuyée par le gouvernement, et nous devons faire usage le plus efficient possible des ressources, ce qui est précisément l'objectif du programme des grappes.
Avec CA2, nous pensons pouvoir améliorer cette coordination et bâtir sur nos succès. Nous devons continuer à faire de la recherche sur les bienfaits nutritifs du canola. Nous avons déjà obtenu des résultats sur la réduction du risque des maladies cardio-vasculaires. Nous devons continuer notre recherche sur la réduction de l'inflammation de l'organisme humain, l'amélioration de la gestion du diabète, et l'impact sur le syndrome métabolique. Les résultats de cette recherche rehausseront la valeur du canola et, partant, augmenteront la consommation, réduiront les dépenses de santé et augmenteront les revenus des cultivateurs.
La farine de canola, quand elle est utilisée pour alimenter le bétail, offre l'avantage unique d'accroître la production laitière des vaches d'un litre de lait par vache et par jour en moyenne. Nous avons cependant besoin de faire des recherches pour améliorer la teneur énergétique de la farine de façon à accroître la quantité de farine de canola pouvant être utilisée pour nourrir le porc et la volaille.
Finalement, et ce n'est certainement le moins important, nous devons continuer la recherche sur la culture du canola afin d'accroître les rendements, de réduire le coût des intrants, de gérer les nouvelles maladies et les insectes, d'améliorer l'entreposage et d'assurer l'avenir des cultivateurs. La majeure partie de cette recherche se fait dans les stations de recherche d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, lesquelles sont donc importantes pour assurer le succès continu de notre secteur.
Notre deuxième priorité concerne les politiques et règlements fondés sur la science. Notre industrie dépend des investissements d'entreprises qui ont beaucoup de choix en matière de lieux de recherche et de développement de produits. Pour attirer ces investissements, nous avons besoin d'un environnement réglementaire prévisible, transparent et encourageant.
C'est la même chose en ce qui concerne l'accès aux marchés. La meilleure manière de s'assurer qu'on n'invoque pas de raisons d'ordre technique et non tarifaire pour élever des barrières protectionnistes est de s'assurer que les règles du commerce international sont fondées sur de solides données scientifiques.
La troisième priorité est la continuation du partenariat pour l'expansion des marchés internationaux. L'un des programmes les plus efficaces dispensés dans le cadre de Cultivons l'avenir est le programme Agri-marketing, qui est un programme à coûts partagés de promotion des marchés internationaux.
Nos producteurs et notre industrie ont collaboré étroitement et stratégiquement avec AAAC pour faire la promotion du canola sur les marchés clés identifiés par notre conseil d'administration. Le programme a joué un rôle clé pour accroître de 12 p. 100 la part de notre huile de canola sur le marché américain et en faire ainsi la deuxième huile vendue sur ce marché. De fait, chaque dollar investi dans le développement du marché américain a débouché sur 1 000 $ supplémentaires de vente d'huile de canola aux États-Unis. Le programme contribue aussi à la promotion de la farine de canola aux États-Unis, ainsi que de l'huile de canola et de ses produits au Mexique et en Inde. Nous pensons qu'il importe de bâtir sur ce succès en veillant à ce que la promotion des produits agricoles reste toujours une priorité de CA2.
La quatrième priorité est l'accès aux marchés. Pour pouvoir faire la promotion du canola sur les marchés étrangers, il faut y avoir accès. Aujourd'hui, cet accès est entravé sur certains marchés par des tarifs de douane élevés ainsi que par des barrières non tarifaires. L'an dernier, par exemple, les exportations de canola ont été affectées par des préoccupations sur l'importation d'une maladie culturale en Chine, la réglementation sur la sécurité des aliments du bétail aux États-Unis, et les normes de durabilité de la production aux États-Unis et en Europe. Il s'agit là de questions complexes appelant une expertise scientifique et technique considérable, mais aussi de la diplomatie et de la négociation.
Nous nous réjouissons de la création du Secrétariat à l'accès aux marchés au sein du Ministère. Par son travail, conjugué à celui de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et du MAECI, ainsi qu'à l'appui du ministre Ritz sur l'accès aux marchés, il a aidé les agriculteurs et l'industrie à préserver des marchés importants ces dernières années. De plus en plus, la durabilité est un facteur clé de promotion et d'accès aux marchés. Nous avons la conviction que le canola sera cultivé de manière durable, même en augmentant les niveaux de production. Nous appuyons l'idée que la durabilité soit un pilier fondamental de Cultivons l'avenir 2.
Pour le futur, nous recommandons au gouvernement de mettre sur pied, pour l'accès aux marchés, un programme à coût partagé semblable à Agri-Marketing, caractérisé par un partenariat stratégique étroit entre les agriculteurs, l'industrie et le gouvernement pour maintenir et étendre l'accès aux marchés.
La cinquième priorité, et pas la moindre, concerne les gens. Le secteur du canola a besoin de l'expertise et de l'engagement du personnel gouvernemental d'AAAC, du MAECI, du Service des délégués commerciaux et de l'ACIA, entre autres. Ces gens sont importants non seulement pour la recherche et l'innovation mais aussi, en matière de commerce international, pour résoudre maintes difficultés de gouvernement à gouvernement. Nous recommandons au gouvernement d'appuyer les efforts de recherche et de commerce international en appuyant le personnel actuel de ces ministères et, s'il y a lieu, en assurant la formation de nouveaux employés pour remplacer ceux qui partent.
Merci de votre attention. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président, membres du comité, de votre invitation.
Je suis ici pour parler d'innovation et aussi de changement. Comme je veux parler de l'avenir, je me suis dit que je devrais parler aussi un peu du passé. Si vous pensez à l'agriculture, pensez qu'elle était elle-même une innovation il y a 10 000 ans. Depuis lors, ces innovations ont assuré la survie de notre espèce, et nous aurons besoin d'autres innovations pendant encore 10 000 ans si nous voulons continuer à survivre.
Cela étant, quelle était autrefois la philosophie fondamentale de notre système d'innovation au Canada? Songeons à la Experimental Farm Stations Act de 1886 qui a mis en marche la création du système que nous connaissons aujourd'hui pour aider le pays à passer du commerce des fourrures à la production alimentaire afin d'aider tous les colons à se nourrir durant l'hiver. C'était par nécessité un système paternaliste dans lequel les nouveaux Canadiens avaient besoin qu'on leur tienne la main et qu'on leur dise quoi faire.
Évidemment, les temps ont changé et nous voyons aujourd'hui de l'innovation, des structures et des pipelines très avancés, comme avec le Conseil du canola, mais ils n'existent pas partout en agriculture. Je me demande donc, quand je pense à cette vieille loi, s'il n'y a pas une nouvelle voie à emprunter pour l'avenir. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un obstacle mais ce n'est certainement pas la voie de l'avenir. Je pense que nous devons faire de l'innovation différemment. Notre problème, aujourd'hui, est qu'elle prend trop de temps. Le système public d'innovation est trop lent. Nous avons des cycles de produits de trois ans mais un système d'innovation qui prend 15 ans pour aboutir. Ça ne marche plus. Nous devons innover plus rapidement. C'est un élément absolument crucial.
Je m'intéresse avant tout à l'horticulture, qui est notre domaine d'intérêt. L'horticulture représente 5,2 milliards de dollars pour l'économie agricole canadienne. L'horticulture, c'est la santé et la nutrition, c'est l'exercice physique et un mode de vie sain, ce sont des fruits et des légumes, des fleurs et des arbres, et toutes sortes de bonnes choses avec beaucoup de valeur ajoutée. C'est très important pour nous. Or, je pense que c'est un domaine dans lequel nous perdons du terrain, alors qu'il est très important du point de vue de notre souveraineté alimentaire. Je ne pense pas qu'il soit dans l'intérêt du Canada d'arriver au point où nous ne pourrons plus cultiver nos propres pommes parce que nous en serons devenus incapables. Nous avons sauté une génération.
Cela ne veut pas dire que nous devons construire des murs pour nous protéger. Nous devons simplement faire mieux. Nous devons innover plus vite. Nous devons produire la bonne pomme au bon prix. Comment faire? Nous devons connecter tout le monde.
Quand je suis arrivé à Vineland, il y a seulement quatre ans, j'avais travaillé pendant longtemps à Agriculture Canada et cette question me préoccupait. Quand je suis arrivé, on m'a dit que la recherche du secteur privé était bonne et celle du secteur public, mauvaise. Mon rôle était d'aller demander l'aide du secteur public. Évidemment, je n'étais pas trop réceptif, comme vous pouvez l'imaginer, et j'ai réfléchi à la question. Je me suis dit que c'était un faux choix. Ce n'était pas l'un ou l'autre. La réalité, c'est ceci: le secteur privé commercialise très bien la recherche, et le secteur public fait très bien la recherche. Donc, pourquoi ne pas créer une organisation faisant les deux? C'est ce que nous avons fait en créant Vineland.
Vineland est quelque chose de très particulier. Nous sommes une organisation indépendante à but non lucratif qui se consacre à la recherche et à l'innovation en horticulture. Nous sommes pilotés par nos intervenants. Nous sommes particulièrement Canadiens. Que faisons-nous au Canada quand nous avons un niveau de soutien public et un niveau de besoin ou d'intérêt particulier? Nous créons un organisme à but non lucratif. C'est comme ça que nous avons des associations de soccer pour nos jeunes, c'est comme ça que nous avons une Association canadienne du diabète, et il y en a beaucoup d'autres. C'est comme ça que nous résolvons nos problèmes.
De cette manière, nous sommes axés sur l'intérêt des parties prenantes, pas d'une seule mais, dans ce cas, de toute une chaîne de valeur. Nous travaillons avec tout le secteur, et cela va jusqu'au consommateur. Ces gens sont vraiment très importants. Que veulent-ils, que pouvons-nous leur donner et comment pouvons-nous le faire?
Notre objectif est en réalité de créer ce nouveau système, d'abandonner le vieux modèle d'isolation de la science, où les chercheurs travaillaient seuls dans leur coin, de façon à les amener à travailler ensemble en groupes, dans un nouveau modèle de connexion. Je disais tout à l'heure à Sylvain comment nous faisons en sorte que nos 60 gens à Vineland deviennent 6 000, et c'est avec des partenariats. Grâce au programme des grappes, par exemple, nous pouvons avoir des contacts dans tout le pays, aussi bien à Kwantlen College à Langley, en Colombie-Britannique, qu'à l'université Memorial de Terre-Neuve, pour résoudre les problèmes de notre industrie. C'est donc un excellent programme et une excellente manière de réunir les gens.
Pour ce qui est de quelques expériences de référence, j'ai deux choses à dire. Encore une fois, réunir des organisations… Le secteur privé est un élément clé de tout cela car les organisations de recherche et les producteurs… Nous ne faisons pas de vente, de marketing, de service ou de choses de ce genre. Il faut avoir tout le monde ensemble, de toute la chaîne de valeur, pour que ça fonctionne, et il faut que tout le monde participe au projet, dès le départ. L'innovation est un pipeline, n'est-ce pas? Vos partenaires créent l'ouverture. Vous voulez avoir les meilleurs partenaires possibles et le plus gros tuyau possible pour faire passer le plus de choses possibles.
Par exemple, nous travaillons avec Campbell's Soup pour créer des champignons sains. Campbell's Soup s'intéresse à une nutrition positive. Campbell's Soup nourrit beaucoup de monde. Elle bénéficie d'une pénétration énorme du marché. Si vous voulez modifier le bilan de santé du pays, vous devriez peut-être amener Campbell's Soup à fournir des aliments plus sains à la population. C'est tout: diversité alimentaire et exploitation des occasions.
Le Canada a changé au cours des 50 dernières années, il suffit de jeter un coup d'oeil sur le pays pour s'en rendre compte. Nous accueillons 1,1 million d'immigrants tous les cinq ans. Ils viennent essentiellement à Montréal, Toronto et Vancouver. Ce sont essentiellement des Chinois, des Indiens, des Philippins et des Afro-Caribéens. Depuis tout le temps qu'ils viennent au Canada, ils n'obtiennent pas les légumes qu'ils veulent. Nous leur fournissons donc des légumes importés qui coûtent des centaines de millions de dollars par an. Tout ce que nous avons essayé de faire, c'est de leur apprendre à manger des navets mais ils n'aiment pas ça.
Nous avons donc lancé un projet, très simple. Nous sommes allés leur demander ce qu'ils veulent. Il en est sorti une liste et, de cette liste est sortie une expérience. Nous pouvons cultiver beaucoup de ces légumes. En Ontario, nous avons certainement un merveilleux climat. Nous avons un marché énorme de l'autre côté du lac mais il faut rassembler les gens qui veulent acheter ces choses. Il faut comprendre ce qu'ils veulent. Il faut de l'épicerie de détail, il faut de la distribution, il faut de la science, et il faut des cultivateurs. Que se passe-t-il? En deux ans, vous avez les légumes dans les épiceries. Ça ne tombe pas dans la roue de la recherche fondamentale. Il faut beaucoup de temps avant que les choses arrivent.
Je termine sur plusieurs choses qui me semblent importantes. J'en ai vu certaines dans la stratégie Cultivons l'avenir.
Prenez l'investissement dans des stratégies sectorielles et sous-sectorielles. C'est difficile d'essayer de travailler avec des organisations de producteurs ou avec des industries qui ne savent pas ce qu'elles veulent faire. Je pense qu'un élément important du programme est que ces choses-là deviennent virtuellement une exigence. Si vous n'avez pas de stratégie, je n'investirai pas chez vous. Je veux savoir comment vous voyez votre avenir. Les producteurs de légumes en serre sont un bon exemple. Ils cultivent des légumes en serre pendant seulement neuf mois de l'année et ils veulent cultiver des légumes en serre pendant 12 mois de l'année. C'est une stratégie simple et, si vous êtes chercheur, vous pouvez immédiatement commencer à résoudre ce problème car vous savez de quoi il s'agit. Il s'agit d'énergie, de lumière, de variétés, et vous pouvez immédiatement vous attaquer au problème.
Il faut exiger de l'innovation sur toute la table de valeur. Il ne faut pas seulement suggérer, il faut exiger car, si on ne peut pas voir l'aboutissement, pourquoi le faire?
Il faut favoriser une meilleure productivité. En horticulture, la main-d'oeuvre coûte très cher. Nous produisons essentiellement des emplois que personne ne veut. Nous devons automatiser. Je pense que nous devons nous focaliser sur la force que nous avons dans notre économie et l'appliquer à l'agriculture.
Nous devons innover plus rapidement. C'est très simple: toujours plus vite est aujourd'hui la nouvelle norme. Nous devons rattraper les autres sinon nous resterons sur le carreau.
Il faut bâtir un nouveau système d'innovation. L'ancien système est fragmenté, surtout dans le secteur où je travaille. Comme on est passé de plus de 1 000 scientifiques à juste un peu plus de 400, il y a beaucoup de trous dans le système. On peut le constater partout, que ce soit dans les universités, dans le système de recherche du gouvernement ou dans les systèmes d'extension. Comment régler ça? Il nous faut un nouveau système. Il nous faut un système focalisé sur les parties prenantes, un système reliant toutes ces pièces ensemble.
Ensuite, il faut payer ce que ça coûte. C'est un problème pour une organisation comme la nôtre: tout le monde veut tirer profit de tous les autres dans le monde de la recherche. Ce n'est pas possible. Si vous voulez de nouvelles organisations et de nouvelles organisations focalisées, vous devez payer ce que ça coûte.
Voilà, je vais en rester là. Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le comité de m'avoir invité à m'exprimer aujourd'hui. Je suis très satisfait de ce que mes collègues ont dit jusqu'à présent. Je pense que le débat sera intéressant.
Le monde de l'alimentation change très vite, nationalement et internationalement. La sécurité alimentaire est une question cruciale, pas seulement pour les marchés émergents mais aussi pour un nombre croissant de Canadiens qui sont dans l'insécurité alimentaire. Beaucoup de gens dans le monde, y compris beaucoup de Canadiens, vivront avec un revenu fixe pendant les années à venir. La hausse du prix des aliments et la récession économique mondiale font que consommer trois repas sains par jour est malheureusement difficile pour bien des gens.
La pérennité de la production agricole n'est absolument pas garantie. En particulier, la protection du sol et de l'eau, ressources précieuses, reste menacée dans le monde entier. Le changement climatique a une incidence profonde sur les systèmes alimentaires mondiaux. Pour l'avenir, il sera crucial de bien comprendre les deux bouts de la chaîne alimentaire, surtout dans le contexte de l'innovation et des biotechnologies.
L'authenticité et la provenance des aliments ont été entamées par des demandes mondialisantes qui menacent les cultures alimentaires en développement et anciennes ainsi que les choix des consommateurs du monde entier. Bon nombre de consommateurs s'inquiètent et réagissent à un phénomène à peine compréhensible.
Voilà pourquoi nous avons constaté une granulation ou fragmentation grave de la demande du marché. Les produits biologiques, les produits du commerce équitable, le régime des 100 milles et le traitement éthique des animaux ont tous connus beaucoup de succès sur le marché au cours des cinq à 10 dernières années. Et qui pourrait critiquer cette réponse variée aux demandes du consommateur? La relation de confiance entre l'industrie alimentaire et le consommateur s'étiole peu à peu dans l'esprit de beaucoup de consommateurs. Dans notre pays, l'innovation agricole a pendant longtemps été axée sur l'offre. Les consommateurs ont à peine fait partie de l'équation systémique dans l'évaluation des risques et des perceptions.
La biotechnologie, notamment l'arrivée des OGM dans nos assiettes dans les années 1990, en est l'un des nombreux exemples au Canada. Pendant des années, l'industrie de la biotechnologie a été obsédée par l'idée de vendre des semences génétiquement modifiées aux agriculteurs, sans éduquer les consommateurs. On a mis la charrue avant les boeufs. Il n'existe aucune preuve que les aliments produits avec des ingrédients génétiquement modifiés constituent un danger notable pour la santé des Canadiens mais beaucoup de gens le croient.
L'innovation devrait donc aussi signifier la sensibilisation et l'éducation du public, et je crois que les universités, les gouvernements et l'industrie ont un rôle commun à jouer à cet égard. De ce fait, Cultivons l'avenir 2 devrait inciter les universités, les gouvernements et l'industrie à faire ce qui suit.
Premièrement, encourager les partenaires, les parties prenantes et les communautés à créer une vraie relation entre l'industrie et les consommateurs — ceux qui achètent les aliments au bout du compte.
Deuxièmement, créer un portail fonctionnel unique sur les ressources d'information alimentaire et les réseaux de recherche, comprenant les agriculteurs et les consommateurs et leur permettant de mieux comprendre et apprécier les risques longitudinaux.
Troisièmement, tirer parti de l'engagement du public avec la propriété intellectuelle dans notre pays et célébrer réellement l'innovation, afin de bien comprendre ce que signifie l'innovation et ce que signifie la propriété intellectuelle. En tant que Canadiens, nous devrions embrasser la nouvelle propriété intellectuelle de la biotechnologie. En tant que nation, je le crains, nous ne valorisons pas actuellement la propriété intellectuelle, notamment en agriculture et en alimentation.
Des changements profonds se sont produits depuis les années 1990 en ce qui concerne les sources de financement de la recherche et du développement, les opportunités en sciences, les droits de la propriété intellectuelle et les nouvelles technologies. Certains ont de profondes répercussions sociales. Comme je l'ai dit, puisqu'on a rencontré de la résistance chez le consommateur, on devrait se pencher sérieusement sur les liens entre le public et le privé et sur leur importance pour générer de la valeur pour l'agriculture, l'alimentation, et la recherche et le développement. Une proposition de valeur claire devrait être définie pour permettre aux consommateurs d'embrasser, de valoriser et de célébrer l'innovation et la propriété intellectuelle générées dans notre pays.
Le Canada a la réputation d'être un pays capable de concevoir et de créer beaucoup de bonnes choses mais pas de les vendre. Ça semble toujours être un problème chez nous. Sans cela, il nous sera difficile d'obtenir l'adhésion voulue du consommateur et de relever efficacement et adéquatement les défis mondiaux en agriculture qui exigeront des biotechnologies innovantes.
Merci, monsieur le président.
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En ce qui a trait aux pistes de solution, il est important que l'industrie puisse se mobiliser autour d'objectifs clairs. Il faut donc une planification stratégique et définir où l'on veut aller. Il faut mobiliser les chercheurs pour faire les percées dont nous avons besoin.
L'industrie est mobilisée, mais il faut s'attarder au type de résultats de recherche, parce que les résultats de recherche ne se transfèrent pas de la même façon. Si on met au point un nouveau vaccin ou un produit destiné à l'alimentation animale, il y a propriété intellectuelle et des redevances sont versées. Un contrat est signé et une licence est accordée. Ce type de transfert peut se faire rapidement, si tout est clair sur le plan de la propriété intellectuelle et que les mécanismes d'approbation et la réglementation facilitent les choses.
Il y a d'autres types d'innovations qui ne génèrent pas immédiatement de bénéfices commercialisables pour un vendeur d'intrants ou de produits. Là, les stratégies sont différentes.
Aussi, dès qu'on s'entend sur une orientation de recherche et sur les résultats qu'on veut obtenir, il faut mettre directement sur pied nos stratégies de transfert pour s'assurer de pouvoir les récupérer au maximum.
Pour cela, il n'y a pas de réponse unique. Cependant, il faut une mobilisation des partenaires. Il faut des gens autour de la table qui seront capables de générer ces connaissances — les scientifiques — et aussi des gens qui savent comment les transférer rapidement et qui connaissent les outils dont on a besoin.
Cela ne peut se faire que s'il y a un partage d'information dans le cadre d'une structure, si la communication est bonne entre différents partenaires et si les gens sont assis autour de la même table.
C'est ce qu'on réussit à faire avec une approche de grappes scientifiques, à mon sens. Cela facilite la recherche.
Je recommanderais d'abord plus de flexibilité dans ce programme.
Ce qui est important pour nous, dans notre secteur, c'est d'élaborer un portefeuille de projets ou de recherches avec certaines recherches à très court terme dont nous avons besoin pour résoudre certains problèmes très précis. Nous avons aussi besoin d'une vision à long terme de façon à pouvoir faire de la recherche qui produira des résultats à plus longue échéance.
Nous pourrions avoir cette flexibilité. Par exemple, un programme de trois ans était en réalité un programme de cinq ans parce qu'il avait fallu un an ou plus pour en dresser les plans et le préparer. La prochaine phase durera cinq ans. Nous pensons que ce sera peut-être cinq ans ou sept ans.
Ce qui serait intéressant serait que, quand vous signez une entente avec une grappe, vous puissiez dire: « Vous pouvez utiliser 60 p. 100 ou 75 p. 100 de vos fonds pour des projets qui sont déjà très bien définis ». Au cours d'un programme, avant deux, trois ou quatre ans, il serait peut-être beaucoup plus efficient de pouvoir réorienter une partie de ces fonds pour faire de la recherche sur quelque chose de nouveau et de très intéressant si l'occasion s'en présentait.
Ce qui compte, c'est d'avoir plus de flexibilité entre les grappes, et aussi de mettre plus l'accent sur le transfert, car nous savons qu'il faut du temps pour obtenir des résultats de la recherche. Il faut aussi du temps pour être certain qu'on est efficient dans son utilisation. Nous devons l'utiliser le plus rapidement possible, et c'est ce que permettrait ce genre de flexibilité. Finalement, cela permettrait un usage meilleur et plus efficient de l'argent que nous attendons du Parlement, d'autant plus qu'il s'agit d'argent public. Il s'agit aussi d'argent privé. Nous avons beaucoup de partenaires privés qui investissent avec nous dans ça.
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Je pense que le succès engendre le succès, bien sûr. Il faut assurer la confiance. Il faut avoir des systèmes qui annulent le risque, d'une certaine manière.
Je pense que c'est aussi essentiellement un manque d'investissement, rien que pour parler de la valeur qui est enfermée dans la tour d'ivoire. Le Conference Board nous a donné un D en innovation, et c'est parce que nous sommes excellents en science mais mauvais en application de la science. Or, cette application est cruciale pour combler l'écart. Il n'y a pas de substitut. Donc, une partie de la solution pour innover plus vite est le problème des à-coups.
Je suis un scientifique fondamental. J'invente quelque chose. Je rédige un manuscrit, il est publié et je retourne dans mon laboratoire. Il n'y a rien de mal à ça. C'est mon travail. Mais nous n'avons pas de systèmes et d'organisations qui peuvent prendre le relais, qui sont à la recherche des opportunités et qui peuvent se charger de l'étape suivante. Dans bien des cas, cette innovation n'est pas encore prête pour le commerce. Elle n'est pas encore prête pour l'investissement.
Il y a d'autres étapes entre les deux et c'est là qu'il y a un gouffre. Si vous travaillez dans un système strictement public où le navire de tout le monde flotte et où vous donnez les choses, c'est très facile mais, être stratégique au sujet de l'innovation exige beaucoup plus de réflexion, et je pense que ce qui nous manque, ce sont des organisations situées comme nous le sommes dans cet espace entre la recherche en amont et la prise de relais, que ce soit à la sortie de la ferme ou dans l'épicerie ou votre frigo. La pièce manquante, dans le système, c'est le lien entre la recherche et l'innovation.
L'innovation, c'est l'acte de faire quelque chose avec le résultat d'une recherche. C'est une invention mise en pratique, et c'est à ce niveau que nous devrions investir le plus, à mon avis, et devenir meilleurs. Lorsque nous avions un système qui fonctionnait très bien de cette manière, dans les années 1880, tout le pipeline existait. Il existe encore dans beaucoup de nos programmes d'amélioration des plantes mais pas ailleurs.
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Bonjour. Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à M. Charlebois.
[Traduction]
Vous avez parlé de sécurité alimentaire et d'OGM et, comme vous le savez probablement, j'ai un peu travaillé dans ce domaine et fait un peu de recherche. Vous avez dit qu'il n'y a aucune preuve de danger pour la santé des Canadiens. Toutefois, pendant mes recherches, j'ai trouvé des études, par exemple du professeur Séralini de France qui a fait certaines recherches sur le maïs de Monsanto avec des rats et a trouvé certains troubles du foie. Il y a apparemment eu certains procès. Il aurait apparemment obtenu récemment l'accès à des informations et constaté que certaines des recherches de Monsanto étaient fautives.
Il y a certains articles et certaines personnes qui disent qu'il n'y a pas de recherche vraiment indépendante. Bien souvent, elle émane de la société et est acceptée telle quelle par le gouvernement.
Devrions-nous appliquer un principe de précaution? Autrement dit, si des études de ce genre surgissent un peu partout dans le monde, nos autorités, ainsi que nos universités et d'autres organisations, ne devraient-elles pas mener des études vraiment indépendantes pour dire une fois pour toutes si c'est bon ou mauvais?
Ma deuxième question concerne Enviropig. Je ne veux pas monopoliser la parole mais je souhaite interroger M. Brandle à ce sujet. Il semble y avoir une demande du consommateur. Il semble que certains agriculteurs risquent d'être touchés par cela. Quelles études avez-vous faites sur la santé et Enviropig?
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Je ne suis pas sûr de bien comprendre la première question mais je vais faire de mon mieux pour répondre.
En ce qui concerne la recherche scientifique sur les OGM, il n'y a encore aucune preuve incontestable qu'ils constituent vraiment un risque pour le consommateur canadien. Il y a eu toutes sortes d'études dans les deux sens. J'en ai lu certaines, tout comme vous, à l'évidence. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas être transparents à ce sujet, mais je reviens à ma remarque sur le fait qu'on ne doit pas prendre les consommateurs par surprise. Quand on a dit aux gens que certains des produits qu'ils consommaient provenaient de cultures génétiquement modifiées, on a d'un seul coup entendu parler d'aliments à la Frankenstein et d'autres choses de ce genre. On ne devrait pas s'étonner de cette réaction.
C'est la même chose avec le débat sur les gras trans. Pendant 30 ans, on a mis des gras trans dans les aliments que les consommateurs achetaient sans le leur dire. Ça présentait un risque pour la santé et, en fin de compte, évidemment, on a adopté des politiques sévères pour s'en débarrasser.
C'est donc toujours en réaction, mais c'est souvent impulsé par l'offre. Je pense que nous devons nous assurer qu'il y a une meilleure connexion entre les deux afin de ne jamais nous retrouver dans la même situation.
Ce qui est mis en cause ici, c'est la confiance du consommateur qui s'étiole peu à peu. Nous menons certaines études à Guelph. Les gens font encore confiance à notre chaîne d'approvisionnement, mais de moins en moins. La vache folle, Maple Leaf, les gras trans, le sodium, ça n'en finit plus. Puis il y aura de situations de ce genre, plus les consommateurs commenceront à poser certaines questions difficiles auxquelles l'industrie ou le gouvernement risquent de ne pas pouvoir répondre.
Au sujet d'Enviropig, je connais les gens qui participent au projet mais je n'y ai pas contribué directement.
Claude, voulez-vous répondre à la question?
Je ne peux pas dire que ce sera un succès. Ce qui est important, c'est que nous avons choisi ces projets parce que nous pensions que certains pourraient être révolutionnaires. Par exemple, l'un d'entre concerne un système d'alimentation automatique individuel pour les porcs. On l'utilise déjà un pour les vaches mais, avec la technologie que nous avons, nous pensons pouvoir l'utiliser pour les porcs. Si nous réussissons, nous pensons pouvoir réduire le coût de production d'au moins quatre dollars par porc. Nous pensons pouvoir réduire aussi le niveau de phosphore.
[Français]
Je vais continuer en français, si vous me le permettez.
On pense pouvoir faire des gains significatifs sur le plan environnemental, en diminuant de 20 p. 100 à 30 p. 100 les rejets de phosphore et d'azote des porcs. Cela veut dire que l'impact environnemental est majeur. Cependant, il s'agit d'un projet de recherche dont les résultats seront connus dans trois ans. C'est un projet qui peut changer les façons de faire. Le défi que nous aurons, une fois que la faisabilité aura été démontrée, sera de doter nos fermes de ces équipements, afin de commencer à alimenter les porcs individuellement. Il y a donc des coûts rattachés à cela, mais les gains économiques sont majeurs. C'était un exemple.
L'autre exemple porte sur la génomique. Nous savons très bien qu'il y a des progrès fulgurants dans le domaine de la génomique. Il y a ce que nous appelons en anglais des SNPs, soit des single nucleotide polymorphisms. Ce sont des parties de gènes identifiables sur des plaquettes. On est en mesure maintenant de prendre 60 000 SNPs sur une plaquette. Or ces outils n'étaient pas disponibles il y a 10 ans. Ils ont été développés pour la médecine humaine et ils sont maintenant utilisés dans le lait. Pour le porc, nous pensons que si nous pouvons faire une preuve de concept, nous réussirons à déterminer la qualité de la viande de porc sur un animal vivant, à partir des SNPs que nous retrouvons sur les gènes. Il ne sera donc pas nécessaire d'abattre un porc pour savoir si sa viande est de qualité. Cela nous permettra d'identifier des porcs qui ont un potentiel très intéressant et qui répondent à des normes de qualité.
Ce sont donc des projets assez importants qui nécessitent des efforts de tout le monde, mais le risque en vaut la chandelle. C'est pour cette raison que nous les avons retenus, et nous espérons que les résultats seront positifs. S'ils le sont, dans trois ans, on va s'atteler à faire la commercialisation ou à s'assurer que nos producteurs seront les premiers à les utiliser.
Je suis vraiment partisan de l'approche de type filière, qu'on appelle cluster, en anglais. Une valeur inconditionnelle y est rattachée. Le Québec a été la première province à l'utiliser. Le gouvernement fédéral a en quelque sorte suivi le modèle québécois. En définitive, c'est ce qui est arrivé et j'en suis heureux. Je pense que, dans le contexte du premier cadre stratégique intitulé Cultivons l'avenir, c'était une bonne idée.
Or on ne peut pas plaire à tout le monde, et ce, pour deux raisons. D'abord, on n'en a pas les moyens. Ensuite, pour être concurrentiel et miser sur la croissance économique, il faut absolument octroyer les ressources nécessaires pour qu'une filière se développe. Alors oui, il va falloir faire des choix. On l'a vu dans l'industrie du porc, au Canada. Des sommes considérables ont été investies, en commençant par le Québec, pour maintenir une industrie qui était ni plus ni moins morte. On la maintenait artificiellement en vie alors qu'il aurait fallu prendre des décisions difficiles. Je ne veux pas dire qu'il faut abolir totalement la filière du porc, mais il faut absolument répondre à une demande. Or, à l'époque, la demande pour le porc n'existait tout simplement plus au prix qu'on voulait demander.
Pour ce qui est du cadre stratégique intitulé Cultivons l'avenir 2, il est grand temps qu'on prenne des décisions, à mon avis. Au Canada, on a beaucoup de ressources naturelles. C'est un grand pays. On doit donc faire face à des épreuves logistiques majeures. Comme nous ne sommes que 34 millions d'habitants, mais qu'il s'agit de l'un des plus grands pays du monde, transporter de la marchandise coûte cher. Il faut donc créer des économies d'échelle au niveau de la production et du transport, mais surtout arriver à développer des produits à valeur ajoutée, partout au Canada.
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Voulez-vous une réponse de fond?
Si vous songez au secteur du raisin, c'est en fait grâce à l'Accord de libre-échange que c'est devenu l'industrie très prospère d'aujourd'hui. L'ancienne industrie a disparu, comme il le fallait. Une nouvelle industrie est apparue, bien meilleure. Les gens cultivent du raisin parce qu'ils peuvent gagner des tonnes d'argent. La valeur ajoutée au raisin quand on le transforme en vin est énorme. C'est une tranche du gâteau.
Pour les autres cultures, quand je pense aux arbres fruitiers… je ne connais pas l'Okanagan aussi bien que le Niagara mais je sais qu'il y a un manque d'innovation. Nos systèmes de production sont vieux et désuets. Dans certains cas, nos coûts de main-d'oeuvre représentent jusqu'à 60 p. 100 du coût de production total. Ce qu'il faut faire, c'est transformer le système de production pour obtenir des rangées uniformes afin de pouvoir les automatiser et utiliser beaucoup moins de main-d'oeuvre. Cela se fait beaucoup trop lentement.
Je ne sais pas quelle est l'explication mais telle est la situation. On le réalise maintenant. Nous avons appliqué une stratégie avec l'industrie des fruits tendres — les poires, les pêches, les prunes et les pommes — et elle sait maintenant quels sont ses problèmes. Elle agit très rapidement pour les régler.
L'autre chose est qu'il y avait un problème de communication de la chaîne de valeur. Les producteurs ne comprenaient pas vraiment leur client. Ils ne comprenaient pas que, dans l'horticulture en particulier, les gens achètent en fonction de l'apparence. Ce facteur de préférence du consommateur est extrêmement important.
Comment doit-on parler aux gens des pêches du Niagara ou des pêches de l'Okanagan pour leur faire comprendre la valeur? Nous les avons uniformisées et les gens ne voient plus la différence. Cela aussi est en train de changer. Ça fait partie de notre relation avec les vendeurs au détail, ceux qui parlent directement aux consommateurs.
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En horticulture, si je peux parler pour l'horticulture, c'est absolument crucial.
Notre gros problème, c'est le coût de la main-d'oeuvre. La majeure partie de la main-d'oeuvre, ou une bonne partie, provient de l'étranger, ce qui ne peut pas durer à long terme. À mesure que la situation s'améliore dans les pays d'où provient la main-d'oeuvre, celle-ci sera moins susceptible de venir chez nous et c'est pourquoi nous devons automatiser.
Je pense que le facteur machinerie touche à la productivité, n'est-ce pas? Nous avons des problèmes de productivité dans tout le pays, dans beaucoup de nos industries. En agriculture, c'est particulièrement important.
Je pense à la robotisation. Je ne veux pas aller trop dans les détails mais j'aime bien les robots. Les robots sont intelligents, alors que les machines sont stupides. On peut faire beaucoup de choses pour réduire les coûts, certainement dans l'horticulture où il y a une quantité énorme de main-d'oeuvre, en ayant recours à la robotique. Nous sommes très forts au Canada dans la fabrication de robots.
Cette situation a récemment permis à ces gars de… Ils examinent actuellement d'autres options que la construction d'automobiles. Je pense qu'il y a beaucoup à faire avec l'équipement, la machinerie et l'automatisation, et que cela concerne directement la productivité.