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Merci, monsieur le président, pour cette occasion de contribuer à votre étude de la chaîne d'approvisionnement alimentaire au Canada. Je suis heureux de présenter le point de vue des Aliments Maple Leaf, particulièrement en ce qui concerne le secteur porcin.
En novembre 2006, je suis venu parler au comité des défis qui attendaient l'industrie porcine canadienne et j'ai énuméré six grandes préoccupations: la pression des maladies d'animaux, particulièrement le SDRP; le déclin de la productivité relative au chapitre de l'efficience, surtout la gestion de la hausse des coûts d'alimentation animale et d'énergie; la taille insuffisante des usines de transformation canadiennes; la menace concurrentielle des industries porcines dans les pays émergents; les obstacles à l'accès aux marchés internationaux et les risques commerciaux, comme l'étiquetage du pays d'origine aux États-Unis; et, enfin — et par-dessus tout —, l'adaptation à la vigueur du dollar canadien.
Cinq ans et demi plus tard, il est difficile de ne pas conclure que ces six enjeux ont secoué le cœur de l'industrie canadienne, mais en fait, il y a au moins trois autres défis que personne ne prévoyait en 2006: la crise financière et la récession mondiale de 2007-2009; la tragédie de la listériose de 2008, qui était associée aux produits de notre société; et, enfin, la pseudo-éclosion de grippe porcine en 2009. Si on regarde les dernières années, je pourrais aussi parler des préoccupations croissantes en matière de santé, de bien-être animal et d'environnement qu'on a associées aux produits de notre industrie et des données probantes à l'appui d'un déclin constant de la consommation de porc par habitant au Canada.
Ces événements, bien sûr, ont causé des pertes sur plusieurs années pour les producteurs, le départ de centaines de producteurs expérimentés de l'industrie, des taux d'endettement records, un problème de surcapacité pour les transformateurs et une pression sur les marges, la perte de parts sur les marchés internes et internationaux et la dépense de millions de dollars en programmes de soutien gouvernemental.
Dans le cas des Aliments Maple Leaf, une transformation draconienne du modèle de gestion en vue de relever ces défis avait été entreprise lorsque je vous ai parlé en 2006. La nécessité de la mener à terme n'a fait qu'augmenter. De 2010 à 2014, nous injecterons 560 millions de dollars en immobilisations stratégiques dans le secteur des protéines et de la boulangerie pour réduire les coûts, accroître la productivité et faire augmenter la valeur marchande. Ces activités sont surtout menées sur le territoire canadien — la création d'emplois au Canada et le fait de s'assurer que l'industrie porcine canadienne et nos partenaires de la chaîne de valeur peuvent recommencer à prospérer et à prendre de l'expansion après l'amélioration de la conjoncture sur le marché.
Notre industrie doit maintenant penser et agir différemment, car la structure de coût favorable dont nous avons profité dans les années 1990 et au début des années 2000 est peu susceptible de revenir. Les avantages sur le plan de la qualité, du prix et de la réputation du produit dont nous avons longtemps profité sur les marchés internes et internationaux ne peuvent plus être tenus pour acquis. Nous devons nous lancer dans l'innovation sur le plan du produit et du processus, faire des investissements d'échelle, réaliser des efficiences opérationnelles, assumer un rôle de leadership au chapitre de la salubrité des aliments et exploiter les marchés en adoptant des stratégies ciblées et en déployant des efforts coordonnés.
Ce qui m'amène à l'importante question de savoir ce que peuvent faire les gouvernements pour aider, en n'oubliant pas que, malgré le regroupement de troupeaux, l'industrie porcine canadienne a tout de même abattu plus de 21 millions d'animaux l'an passé, a généré des ventes de 5,1 milliards de dollars et a entrepris des exportations records de 3,2 milliards de dollars.
Permettez-moi de revenir encore une fois à 2006, lorsque j'ai formulé les cinq recommandations qui suivent, et — avec votre permission — je vais parler brièvement des progrès, des lacunes et des nouvelles priorités à prendre en considération dans chaque secteur.
La première recommandation que j'ai formulée consistait à poursuivre le cheminement sur la réglementation intelligente et à améliorer la coordination fédérale-provinciale. Je peux dire que les progrès à ce chapitre ont été très positifs. Dans la foulée de la crise de la listériose et du rapport de Sheila Weatherill, de nombreux changements positifs sont survenus au chapitre des politiques, des programmes, des ressources, des approbations réglementaires, de l'application de la loi et de la gouvernance liés à la salubrité alimentaire.
Nous tenons particulièrement à féliciter le gouvernement pour les modifications récemment déposées et trop longtemps attendues touchant la Loi sur les aliments et drogues et visant à accélérer les approbations réglementaires et aussi pour la codification et le renforcement prévus des dispositions législatives en matière de salubrité et d'inspection des aliments dont est responsable l'ACIA. Il s'agit des initiatives de l'ACIA sur la modernisation de la réglementation et de l'inspection, l'amélioration du régime des licences à l'importation et des inspections connexes, les très bons changements récemment proposés au chapitre de la réglementation régissant l'inspection des viandes et un ambitieux programme dans le cadre du plan d'action frontalier entre le Canada et les États-Unis.
Nous pourrions encore en faire beaucoup plus en matière de coordination fédérale-provinciale pour la salubrité des aliments, la santé animale, les normes environnementales et d'autres secteurs, mais nous avons maintenant une stratégie nationale sur la santé et le bien-être des animaux d'élevage, et je crois qu'il y a de l'espoir pour l'avènement d'une stratégie semblable en matière de salubrité alimentaire fondée sur des efforts qui ont commencé plus tôt cette année.
L'autre recommandation que j'ai présentée tenait à l'amélioration des échanges à l'aide d'accords bilatéraux et d'une meilleure infrastructure. Nous attendons de voir des marchés se conclure, mais il convient de souligner la portée et l'ambition de l'actuel programme d'échanges bilatéraux du gouvernement et les services du Secrétariat à l'accès aux marchés.
En plus de l'engagement mentionné ci-dessus visant la coopération réglementaire entre le Canada et les États-Unis, la conclusion d'accords de libre-échange avec des marchés de grande valeur comme l'Union européenne et le Japon donnerait lieu à d'énormes débouchés pour le secteur agroalimentaire canadien. Se joindre au Partenariat transpacifique est également d'une grande importance, surtout si le Japon est admis.
Toutefois, je dois mentionner particulièrement le besoin de conclure un accord avec la Corée du Sud. Notre société à elle seule a exporté du porc pour une valeur de 75 millions de dollars en Corée l'année dernière, et ces activités sont directement en péril, car nous sommes maintenant désavantagés à cause d'un droit de douane par rapport à nos compétiteurs américains, européens et chiliens. La valeur totale des exportations agroalimentaires canadiennes en Corée avait atteint plus de 1 milliard de dollars l'an dernier, et tout cela est maintenant en péril.
La troisième recommandation que j'ai présentée il y a cinq ans et demi consistait à améliorer la flexibilité du marché du travail et le recrutement des travailleurs étrangers. Au cours des dernières années, nous — notre effectif, nos partenaires syndicaux et les collectivités dans lesquelles nous menons nos activités — avons profité considérablement du Programme des travailleurs étrangers temporaires et des programmes des candidats des provinces. Depuis le début du recrutement d'étrangers en 2002, nous avons employé 2 194 travailleurs qualifiés ou spécialisés et 154 travailleurs qualifiés, et le taux de maintien en poste est d'environ 60 p. 100.
Beaucoup d'aspects de l'administration du programme par les ministères fédéraux et de la coordination avec les ministères provinciaux de la main-d'œuvre et de l'immigration se sont améliorés. Les efforts visant à accélérer les avis relatifs au marché du travail et à restaurer les approbations biennales sont reconnus. Toutefois, une période de deux ans est toujours trop courte, surtout si on pense au nouveau seuil linguistique plus élevé pour l'anglais établi pour l'acquisition de la résidence permanente. Ce nouveau seuil a déjà compromis notre recrutement de travailleurs peu spécialisés et menace la réussite du programme dans des collectivités comme celle de Brandon, au Manitoba.
Encore au chapitre de la main-d'œuvre, je dois mentionner la division entre les provinces concernant les normes d'emploi, la réglementation touchant les pensions et ce genre de choses et les menaces fréquentes d'arrêt de travail dans les services ferroviaires et portuaires. Toutefois, parlant de chemins de fer, nous accueillons bien la réponse du gouvernement à la suite de l'examen des services ferroviaires et avons hâte aux dispositions législatives promises.
La quatrième recommandation se rapportait à l'augmentation des travaux scientifiques et de l'innovation en matière de prévention des maladies animales au Canada. Ici, notre évaluation est quelque peu partagée.
Nous sommes reconnaissants du financement fédéral de la science et de l'innovation dans le cadre de Cultivons l'avenir, ce qui profite à la grappe scientifique du porc, au Conseil de la santé porcine et à d'autres organisations, mais nous assistons à l'érosion de la recherche agroalimentaire financée par le secteur public au Canada, au sous-financement de la viande et du bétail comparativement au secteur des récoltes et à des changements malheureux apportés au programme de RS et de DE dans le budget 2012. Certes, nous espérons voir un renforcement du soutien à la science dans le cadre de Cultivons l'avenir 2, et le maintien de la continuité des grappes.
Je tiens aussi à rappeler au comité que l'industrie canadienne du bétail, de la volaille et de la viande, d'une valeur de 23 milliards de dollars, est constamment exposée à la menace d'une grande épizootie exotique. Au Canada, nous avons fait des progrès au chapitre de la traçabilité accrue, de la biosécurité à la ferme, du zonage est-ouest des maladies et de la coordination de la surveillance et des tests en laboratoire, mais nous avons toujours besoin d'une stratégie nationale exhaustive pour l'intervention et le rétablissement en cas de maladie animale exotique.
En ce qui concerne le bien-être animal, nous mettons enfin à jour les codes de pratique nationaux en matière de soins des animaux, mais nous avons toujours une approche fragmentée et désuète en matière de bien-être animal et de normes connexes à l'échelle du pays.
Enfin, la cinquième recommandation visait des programmes de soutien agricole stables et efficaces. Eh bien, Cultivons l'avenir, qui a commencé en 2008, a donné lieu à l'éventail de programmes à frais partagés que nous connaissons aujourd'hui. De fait, si vous vérifiez, vous verrez qu'il y a 187 programmes dans le cadre de Cultivons l'avenir sur le site Web d'Agriculture — c'est beaucoup de programmes.
Nous avons eu des programmes spéciaux pour aider le secteur porcin à réduire sa taille et à s'adapter à une conjoncture sur le marché difficile, différents programmes d'Agri-flexibilité visant l'abattage des animaux, la traçabilité et l'innovation dans la transformation des aliments et de nouveaux programmes provinciaux, comme le Programme de gestion des risques en Ontario.
En sa qualité de grand transformateur de porc, Maple Leaf favorise des programme agro-globaux nationaux qui assurent la stabilité des revenus et la confiance des investisseurs à l'égard de la production porcine. Nous ne sommes pas en faveur de programmes provinciaux qui ciblent un produit particulier, exposent l'industrie à des risques commerciaux et créent des distorsions au chapitre des échanges et de l'investissement interprovinciaux.
Dans le cadre de Cultivons l'avenir 2, nous espérons que la robustesse du cours des produits de base permettra de rétablir l'équilibre en faveur d'un meilleur soutien à l'innovation scientifique, à la salubrité des aliments, à la santé animale, au commerce international et à la protection de l'environnement. Nous croyons particulièrement qu'on devrait mettre au point un programme pour compenser le coût en immobilisations qu'entraîne la transformation de porcheries de gestation — la conversion d'enclos de gestation à un milieu d'élevage ouvert — et j'espère que vous me demanderez pourquoi je juge que c'est important et comment on pourrait s'y prendre.
Pour conclure, les dernières années ont été une source d'adversité pour les Aliments Maple Leaf, surtout en ce qui concerne le secteur porcin, mais nous avons tenu le coup et avons fait beaucoup de progrès pour devenir une société de viande, de repas et de boulangerie de renommée mondiale. Avec l'aide de politiques gouvernementales favorisant un solide climat commercial, notre avenir au Canada et sur la scène internationale est prometteur.
J'ai hâte d'entendre vos questions.
Merci.
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Nous avons tout simplement jugé qu'ici était le bon endroit pour le faire. Merci, monsieur le président, pour ce privilège.
En guise d'introduction, nous tenons aussi à féliciter le ministre de l'Agriculture pour avoir dépensé tout cet argent à voyager aux quatre coins du monde, loin de sa famille, pour nous aider sur le plan de l'accès aux marchés. Nous aimerions le faire inscrire au compte rendu. Nous tenons aussi à remercier Fred Gorrel et son équipe du Secrétariat à l'accès aux marchés. Il a maintenant des gens sous sa direction, qui illustrent tout le talent dans le système canadien. L'accès aux marchés est important.
En ce qui concerne les importations et les exportations, l'industrie du bœuf suit ces tendances. XL Foods les suit très bien. Nous avons de graves préoccupations. Nous ne sommes plus seulement un exportateur net aux États-Unis. Nous sommes un importateur net des États-Unis. J'ai vu cela l'année dernière, pour la première fois dans ma courte carrière dans le secteur des viandes. Il semble que les exportations de bœuf américain au Canada vont prendre encore de l'expansion cette année.
Nous aimerions aussi saluer les efforts de l'ACIA. Nous assistons à l'évolution d'une relation de travail très transparente avec elle depuis les 10 dernières années dans l'industrie bovine, depuis l'ESB. Nous nous faisons mutuellement confiance. Nous croyons que nous sommes un chef de file mondial, et nous soutenons ses initiatives.
Nous sommes préoccupés par certains mots équivoques utilisés à l'heure actuelle. Par exemple, « validation », qui, bien sûr, est « fondée sur des résultats ». Ils rendent l'industrie un peu nerveuse. Nous allons travailler à établir un cadre pour ces expressions, pour favoriser la compréhension et permettre aux usines de poursuivre leurs activités de façon efficiente et de protéger nos consommateurs.
Au chapitre de l'étiquetage, nous avons certaines préoccupations dans le secteur bovin au sujet de l'étiquetage, comme la mention « naturel » au Canada par opposition aux États-Unis. Vous pouvez entrer dans un Walmart et acheter du bœuf haché « naturel ». On nous assure que le produit n'entre pas au Canada, mais nous savons que le bovin quitte le Canada pour les besoins de ces étiquettes.
Pour ce qui est du fait que les États-Unis ont largué leurs subventions à l'éthanol, nous estimons que cela peut aller dans les deux sens. Nous croyons que cela améliorera la situation des céréales fourragères en Amérique du Nord au fil des trois à cinq prochaines années. Si le maïs atteignait 10 $ le boisseau, peut-être qu'une poitrine de poulet vaudrait la même chose qu'un contre-filet, alors cela ne nuira peut-être pas au secteur des protéines.
Je dis cela à la blague. Rory pourrait mal l'interpréter. Mes excuses, Rory.
Quant à la traçabilité, nous pratiquons la traçabilité du bétail et nous travaillons à rendre ce processus plus efficient, comme l'a évoqué Rory. Nous croyons comprendre que le gouvernement ne pourra pas financer cela pour toujours. Nous ne savons pas trop pourquoi. Mais nous devons rendre ce processus efficient, et le système actuel ne l'est pas. Nous songeons à utiliser un connaissement. Le zonage est crucial. Il y a probablement de meilleures façons de faire à l'aide d'un connaissement plus efficient et ce qu'on appelle un numéro d'identification des installations.
Dans le secteur bovin, nous déployons le système d'échange d'information sur le bœuf, BIXS. Nous sommes intéressés à voir à quel point les producteurs l'utiliseront. Il sera à leur disposition. Je crois que nous mettons en place les aspects électroniques à l'heure actuelle. Cela leur permettra d'obtenir les renseignements relatifs au rendement et à la carcasse qu'ils recherchent. Nous avons aussi hâte de participer.
Le plan d'action pour les MRS est essentiel. Il viendra en aide à la table ronde sur le bœuf, qui fait un travail formidable. Il en est ainsi depuis 2003, et nous remercions le gouvernement d'avoir mis sur pied ces tables rondes. Nous estimons que cela a permis aux transformateurs de second cycle et aux transformateurs de bœuf et de veau au pays de comprendre un peu mieux l'entreprise de l'autre, pour qu'ils sachent que nous ne sommes pas toujours en train de les escroquer. Nous essayons d'acheter le bétail au plus faible prix possible et nous essayons de vendre la viande au prix le plus élevé que nous pouvons obtenir. C'est les affaires. Nous essayons de rester en affaires pour gagner de l'argent.
Toutefois, les MRS sont un peu décevantes. La table ronde y était entièrement favorable. La table ronde sur le bœuf, organisation fédérale nationale y était favorable. Et on a jugé que ce n'était pas nécessaire. C'est la réalité de l'industrie de conditionnement chaque jour, lorsque nous achetons du bétail de plus de 30 mois dans notre pays. Nous avons hâte de collaborer avec l'ACIA pour établir un plan d'action qui nous sortira de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons dès que possible.
J'ai hâte de répondre aux questions à ce sujet.
L'infrastructure bovine dans notre pays est en difficulté. Elle s'est rationalisée. Il est peut-être possible d'en faire plus. Je ne veux pas proposer de mesures explicites, mais il y a peut-être de la place pour une plus grande infrastructure et davantage de rationalisation dans l'industrie du conditionnement du bœuf. Peut-être que ce n'est rien. Peut-être que nous pourrions simplement faire l'abattage aux États-Unis. C'est peut-être une bonne solution. Le temps nous le dira. Mais nous allons faire tout en notre pouvoir, parce que, à XL, nous avons beaucoup investi dans le pays, pour maintenir nos usines ici.
Alors nous vous demandons de faire en sorte que nous restions le plus efficients et efficaces possible. Cela se rattache à l'aspect de la réglementation. C'est là où s'inscrivent les MRS.
La salubrité des aliments est à la tête des priorités de tous les intervenants de l'industrie de la viande. Nous devrions le comprendre. Nous ne prendrons jamais de risque en matière de salubrité des aliments. C'est le client qui revêt la plus grande importance à nos yeux, car c'est grâce à lui si notre entreprise survit.
Quant au « produit du Canada », nous avons arrangé les choses en ce qui concerne les bovins, mais s'il arrivait que vous vouliez expédier une cargaison vers des acheteurs en Chine, par exemple, il faudrait que nous isolions peut-être 10 bouvillons dans une exploitation qui en produit 4 200 par jour. Vous préféreriez les laisser tomber. Le coût est épouvantable. Alors, il faut que nous trouvions une solution à cet égard. C'est une question de reconnaissance du système lorsque nous parlons à des représentants de pays étrangers, car nous pouvons conclure une entente, mais si elle n'est pas compatible avec ce que nous faisons et qu'il faut prendre différentes mesures, il y aura des coûts supplémentaires, et je crois que c'est le cas pour l'ensemble de l'industrie des protéines au pays.
Comme Rory a mentionné l'ALE avec la Corée, je ne veux pas consacrer de temps à cette question. Je crois que nous comprenons tous l'enjeu.
J'espère voir un ALE robuste avec le Japon.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Je suis certain qu'il n'y a pas beaucoup de questions. Je crois que ma déclaration préliminaire répondait à tout.
Merci.
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Eh bien, au Canada, nous avons l'impression que, dans le secteur du boeuf, si nous ne consommons pas 70 p. 100 de notre production à l'interne cette année et l'an prochain et peut-être pour les deux prochaines années, ce sera un échec national, seulement en raison de l'évolution du troupeau. Notre troupeau de vaches a diminué. Nous avons une rétention de génisses.
L'usine de vaches à Calgary a fermé ses portes pour des raisons d'offre. Nous avons passé à travers le bétail de plus de 30 mois assez rapidement et assez intensément. Nous avons rendu ces usines assez efficientes.
Alors, si nous n'en consommons pas 70 p.100 au Canada — nous pouvons soutenir la concurrence au Canada, cela ne fait aucun doute —, nous estimerons que nous avons échoué sur le plan de la commercialisation. Quant au marché intérieur, il n'y a pas de restrictions, mais tout est une question de prix. Voilà l'industrie dans laquelle nous sommes actuellement.
L'un des gros problèmes que nous avons, sur le plan de la chaîne d'approvisionnement, c'est la consommation des flancs — la longe et les côtes. Nous nous trouvons dans un nouveau monde économique, où les gens n'ont pas les moyens d'acheter un contre-filet et des côtes. Une fois que le produit atteint un certain prix, il reste là.
Les gens disent: « Eh bien, dites donc. Vous pouvez acheter du bœuf haché à 4,99 $ la livre mais vous pouvez acheter du contre-filet à 4,99 $ la livre. » Eh bien, un steak de 16 onces peut nourrir deux adultes si vous en faites deux portions de 8 onces. Cela coûte 10 $. Vous pouvez mélanger une livre de bœuf haché à du Kraft Dinner — ce que j'aime bien — et nourrir une famille de quatre.
C'est le problème que nous éprouvons sur le marché nord-américain. Ce n'est pas seulement au Canada, c'est partout en Amérique du Nord. Le revenu disponible de nos consommateurs disparaît. Nous avons de la difficulté à comprendre cela ici dans la salle, car si nous voulons un steak, nous allons en acheter un. Beaucoup de personnes n'ont pas ce luxe, et ce sont nos principaux clients.
J'ignore si cela a répondu à votre question, mais voilà une de nos préoccupations en ce qui concerne la chaîne d'approvisionnement. Nous avons besoin du rendement économique de ces flancs.
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Je vous en suis reconnaissant. Si vous avez suivi l'actualité dans les derniers mois, vous avez constaté qu'il y a eu une vague d'annonces de détaillants et de concessionnaires alimentaires au Canada et aux États-Unis qui ont déclaré leur engagement à cesser de se procurer du porc de tout exploitant qui n'adopte pas un système ouvert pour sa production.
Le dossier a suscité beaucoup d'attention. Il y a eu beaucoup de pression de militants à cet égard. La question est reconnue depuis un certain moment au Canada, mais cela coûte extrêmement cher. Il y a toujours des discussions liées aux avantages et aux inconvénients de différents systèmes d'élevage pour les truies, mais le marché s'est déjà prononcé. Aux Aliments Maple Leaf, nous nous sommes engagés à la conversion de toutes nos porcheries de gestation d'ici 2017. Cela vise notre production au Manitoba. Nous nous procurons 80 p.100 de nos produits de systèmes n'appartenant pas à Maple Leaf, alors nous dépendons toujours de la production de l'industrie dans son ensemble.
Selon une estimation, si toutes les porcheries de gestation au Canada étaient converties au cours des prochaines années, il en coûterait un demi-milliard de dollars. Il s'agit d'une énorme dépense en immobilisations pour refaire les fondations et reconstruire ces systèmes.
Nous sommes exposés à un risque potentiel énorme à l'heure actuelle au chapitre de l'accès aux marchés — l'acceptation des consommateurs. Nous avons parlé de l'introduction dans l'environnement commercial au Canada. Pouvoir rivaliser sur le plan des prix est une chose, mais nous devons relever encore plus de défis pour nous conformer à ces nouvelles normes. De toute évidence, la salubrité alimentaire est cruciale, mais, maintenant, on parle de normes de bien-être animal.
À notre avis, toutes les raisons sont là pour entreprendre une réflexion stratégique, en tant qu'industrie, avec le gouvernement. Que pouvons-nous faire pour aider à contrebalancer cela et amener le Canada à la tête du peloton, ce qui, au bout du compte, sera essentiel à l'accès au marché mondial? Par exemple, dans l'Union européenne, les attentes à l'égard du bien-être animal — reflétées dans la réglementation comme sur le marché — sont parmi les plus élevées dans le monde. Nous sommes sur le point de conclure un accord commercial avec l'Europe. Comment pouvons-nous espérer en faire profiter notre industrie porcine si nous ne pouvons pas nous conformer aux attentes liées au bien-être animal?
Le dossier du confinement des truies en stalles est primordial, et nous pouvons partager des idées avec le comité sur ce à quoi ressemblerait un tel programme.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être ici.
Rory et Ben, vous venez tout juste d'aborder cette question globale qu'est le bien-être des animaux.
Brian, je crois que vous avez dit plus tôt que l'incitatif provient des consommateurs, plus précisément de ce qu'ils achètent et de ce qu'ils n'achètent pas. À la lumière de cela, il semble que la chaîne intégrée dont nous disposons — la chaîne de valeur ou peu importe — est un salmigondis de qui veut quoi.
Rory vient d'énumérer un ensemble de gros acheteurs — McDonald's, Chipotle —, qui non seulement exigent certains types de viande, mais exigent aussi que les animaux soient élevés d'une certaine façon. Nous avons déjà entendu la même chose d'autres entreprises. Ce n'est pas nouveau. Si c'est en effet le cas, devrions-nous envisager un système intégré fondé sur une norme?
Mes collègues de l'autre côté, et les agriculteurs en général, pourraient ne pas apprécier que la barre soit si haute relativement au bien-être des animaux, car cela est différent et coûteux. Je ne cherche pas à déterminer si la question est prouvée par la science ou non, et tous les éléments connexes. Au bout du compte, si vous ne pouvez vendre leur viande en raison de la façon dont vous les avez élevés, ils n'ont pas de valeur pour vous, sans compter la valeur que vous voudriez tirer d'eux.
Quelle devrait être notre position par rapport à cette politique? Êtes-vous d'accord avec le fait d'avoir un système qui est supposément intégré, mais qui devient finalement un embrouillamini représentant uniquement qui veut quoi, d'où et pourquoi? Que préféreriez-vous?
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Les gens disent qu'il faut élaborer un plan d'activités pour un an ou pour 2, 5 ou 10 ans. Dans le secteur de la viande, dans le secteur du boeuf, et je crois pour la viande rouge en général, cinq ans peut tout aussi bien être toute une vie. Il s'agit de grosses sommes d'argent. Il y a de gros investissements. Nous sommes fiers de ce que nous faisons. Si nous sommes incapables de mettre en oeuvre un système réglementaire équivalent à celui des États-Unis et de maintenir cette équivalence, nous nuirons à l'industrie du conditionnement au Canada, et elle s'en ira au sud. La viande du bétail sera transformée aux États-Unis et renvoyée ici.
En tant que Canadiens, nous aimons notre boeuf. La consommation de boeuf au Canada a en fait augmenté depuis les 10 dernières années, mais c'est en raison du boeuf haché. Nous apprécions quiconque mange du boeuf — ne vous méprenez pas —, mais nous mangerons toujours du steak dans notre pays. Nous aimerions être en mesure de croire que nous allons le produire ici. Les personnes présentes ont la responsabilité de veiller à ce que nous obtenions cette équivalence, que ce soit à l'égard de la salubrité des aliments ou du bien-être des animaux. Nous sommes également d'avis que, si le gouvernement se mêle de nos stratégies de mise en marché ou de la stratégie à l'égard des consommateurs, peu importe de quoi il s'agit, ce sera à court terme. Nous croyons que le marché doit s'établir lui-même. Aussitôt que le gouvernement y intervient et impose quelque chose quelque part, cela ne dure pas. Nous croyons que les marchés doivent s'établir eux-mêmes. Par exemple, j'ai parlé de boeuf sans hormones et de boeuf élevé sans antibiotiques. Qui a cru que cela serait même envisagé? Mais c'est le cas, et le marché s'établit lui-même. Ce n'est pas vous, ce n'est pas moi. Nous l'offrons, et les consommateurs décident s'ils en veulent. C'est à ce moment que nous savons que nous avons obtenu une certaine durabilité. Il y a un désir d'aller de l'avant.
L'autre chose dont nous disposons actuellement, et nous félicitons tout le monde de la mention, dans le domaine de l'exploitation de naissage au pays, pour la première fois — et, monsieur le président, vous et quiconque oeuvre dans ce domaine pouvez l'attester — est un certain entrain. Il y a une certaine effervescence dans le domaine, et je crois que c'est bien. Nous ne remettons pas du tout en question ces gains, mais cela complexifie le maintien d'une infrastructure au pays. C'est ce qui en est.
Nous avons des prix records pour la viande maigre. Ce n'est pas nouveau pour personne. Les prix continueront de grimper, mais à quel moment rencontrerons-nous de la résistance? C'est la question à un million de dollars.
Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question, mais c'est une question complexe. Ce n'est pas noir ou blanc. De mon point de vue, je travaillerai fort pour maintenir une industrie du boeuf au pays, et c'est pour cette raison que je considère que c'est un grand privilège d'être ici.
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C'est bien, mais ils ne vont pas assez vite pour une usine de transformation de la viande.
Nous faisons face à une pénurie mondiale de protéines. Il y a eu une grande sécheresse dans une grande partie des États-Unis. C'est la sécheresse du Mexique qui a franchi le Texas et qui a grandement décimé ces bovins. L'industrie bovine y a-t-elle toujours un avenir? Qui sait? L'agriculture n'est pas une mauvaise industrie.
Nous avons le même problème. Le même problème est survenu dans le Nord de l'Alberta, et le Québec en a tiré avantage. Les vaches ont parcouru le pays, sont restées en Ontario, et certaines ont été déplacées au Québec, où l'on a créé des exploitations de naissage. Nous croyions que ces vaches retourneraient dans le Nord de l'Alberta, comme vous pouvez en attester, mais cela n'a jamais été le cas. On s'est mis à faire de l'agriculture.
Le consommateur canadien est habitué à se débarrasser de nourriture, par exemple à ne pas finir son assiette. Regardez dans les restaurants, dans votre propre salle à manger et regardez l'état de la laitue dans nos frigos; ce n'est pas grave si nous ne mangeons pas tout. Au Japon et dans d'autres marchés asiatiques, rien n'est jeté. Vous resterez à table pendant deux ou trois heures et vous mangerez tout ce qui vous est servi. Il ne restera plus que les os, et ils utiliseront même ceux-ci pour faire de la soupe. Nous avons peut-être besoin d'un changement de culture au Canada afin que nous cessions de gaspiller autant. Ce ne serait peut-être pas si onéreux. Voilà ma solution.
Dans notre pays et aux États-Unis, nous avons le luxe de gaspiller de la nourriture. La situation est peut-être encore pire aux États-Unis. Là-bas, les portions sont si énormes qu'il est tout simplement impossible de manger le quart. Je crois que les Américains doivent apprendre à mieux gérer leurs aliments, dont les prix ne vont pas diminuer. Nous fracassons des records quant au coût de la nourriture.
Du grain au canola, la Chine est présente partout au pays et est prête à acheter nos produits. Nous n'allons pas payer moins cher pour nourrir le bétail, ni les porcs. C'est la réalité d'aujourd'hui, et cela nous préoccupe. La situation nous inquiète, car l'agriculture est le premier employeur en importance au pays; sinon, il n'est pas loin derrière. C'est une bonne chose, mais cela suppose aussi une baisse de revenu pour notre population générale. L'industrie automobile paie beaucoup plus que mon industrie l'ait jamais fait, alors il y a aussi moins...
Cela n'est pas trop grave si l'on vit dans une collectivité de fonctionnaires ou d'universitaires, où les gens touchent un bon salaire, mais, dans une collectivité de cols bleus, tout le monde est touché. Je crois que nous devons cesser de gaspiller autant. Je crois que nous pouvons manger aussi bien, mais sans gaspiller autant.
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C'est une question intéressante.
Dans le marché d'aujourd'hui, nous voyons la frontière se refermer pour diverses raisons. Les camions arrivent. Nous allons maintenant commencer à prélever des échantillons d'ECTS. Les Américains veulent établir une norme de référence pour tous les produits du bœuf dans leur pays. Cela aurait probablement dû être fait avant la réglementation.
Nous sommes à huis clos, n'est-ce pas? Je vais peut-être me rétracter. Je vais peut-être jouer les Galen Weston et me rétracter. Il arrive que l'on mette la charrue avant les bœufs.
Nous apprécions que l'on travaille actuellement à l'établissement d'une référence pour les six nouveaux ECTS.
Nous n'irions pas à la frontière avec de la viande hachée, par exemple, en raison du risque de retard, parce que la viande doit être consommée rapidement. Nous ne pouvons pas perdre 48 heures à la frontière ou ailleurs à l'intérieur du pays et penser pouvoir livrer la marchandise à temps. Le bœuf haché ne peut pas être vendu à l'extérieur du Canada en raison de ces risques. Grâce au processus actuel, on se rend à la source au Canada, et il est possible d'emporter le produit et de l'inspecter à la source.
En fait, je quitte ce soir pour Washington en raison du programme du CCR. Je sais que le Canada y tient beaucoup, et j'espère que les États-Unis s'y engageront davantage et seront plus prêts à éliminer les risques potentiels et les retards à la frontière, qui touchent la salubrité des aliments.
Nous avons demandé à l'AMI — l'American Meat Institute —, qui est l'équivalent du Conseil des viandes du Canada — d'aider les responsables de la réglementation à comprendre l'importance pour eux d'éliminer l'établissement d'importation et d'aller à la source. Cela favoriserait un marché libre et ininterrompu dans les deux sens. C'est en plein ce dont nous avons besoin.