J'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de vous parler des questions soulevées par le document de travail Cultivons l'avenir 2, en ma qualité de président du département de l'agriculture végétale de l'Université de Guelph.
Je vais commencer par donner un bref aperçu du département. Nous sommes l'un des six départements du Collège d'agriculture de l'Ontario, à l'Université de Guelph. Notre département compte 33 professeurs, 40 employés permanents, 60 employés contractuels et 110 étudiants des cycles supérieurs. De plus, 20 scientifiques provenant de divers organismes, notamment Agriculture Canada, sont membres auxiliaires du corps professoral. Un employé du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario, travaille également dans notre édifice. Aussi, un scientifique d'Agriculture Canada travaille dans l'édifice de phytotechnie. Nous croyons que ces arrangements peuvent servir de modèle de coopération avec Agriculture Canada dans l'avenir.
Nous enseignons aux étudiants du baccalauréat ès sciences agricoles et du baccalauréat ès sciences en biologie végétale, ainsi qu'aux étudiants au diplôme de deux ans en gestion de pelouses et gazons. Les principaux domaines de notre programme d'études supérieures sont la physiologie végétale, la génétique, l'amélioration génétique, les cultures agricoles, la gestion et, bientôt, la biotechnologie. Nos intérêts de recherche se concentrent sur la sélection des végétaux, les cultures, la biologie moléculaire et cellulaire dans le commerce des produits agricoles et, tout récemment, les bioproduits. Nous avons des programmes de sélection pour les cultures comme le soya, le maïs, les céréales, les légumineuses fourragères, les haricots secs, les asperges, les fleurs indigènes, les fraises, la culture des noix et la culture vivrière.
Notre département est un participant actif des contrats de recherche, notamment avec le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario. Le département génère annuellement environ 12 des 120 millions de dollars que renferme l'enveloppe budgétaire de l'université chaque année. Cette recherche est effectuée dans plus de 10 stations expérimentales, à l'aide de plusieurs types de sols et de zones de chaleur.
Nos laboratoires sont équipés pour l'étude de la physiologie végétale, de la biologie moléculaire, de la biochimie, de la génomique, de la bioinformatique, de la pathologie et des biomatériaux. Nous disposons également d'une série d'installations spécialisées, y compris de grandes chambres de culture, de vastes serres, une serre transgénique, une installation pour les récoltes, un institut du gazon, un jardin organique et le Centre de découverte et de développement de bioproduits. Notre plan stratégique indique que notre objectif principal est d'améliorer la vie à l'aide d'innovations scientifiques et de l'enseignement.
Dans le cadre de mes commentaires sur le document de travail Cultivons l'avenir, j'aimerais d'abord vous brosser un portrait général de l'agriculture. Dans le Sud de l'Ontario, nous sommes très conscients des tensions qui existent entre les attentes des villes envers notre capacité de les approvisionner en nourriture et la réalité des agriculteurs, qui se livrent concurrence à l'échelle mondiale sur les prix et la qualité. Tout ce que fait un agriculteur est scruté à la loupe. Les citadins ont redécouvert la nourriture qui se trouve dans leurs assiettes, mais ils ne comprennent pas encore la science, la technologie, le cadre réglementaire et l'infrastructure nécessaires pour acheminer les aliments aux marchés locaux, aux restaurants, aux supermarchés, aux usines de transformation des aliments et aux marchés internationaux. Ce manque de connaissances débouche sur la méfiance et pourrait très bien faire obstacle à l'utilisation future de nouvelles technologies qui pourraient autrement répondre aux défis imminents posés par la production mondiale de nourriture.
Il est illusoire de penser que l'agriculture est un créneau spécialisé occupé par une minorité, représentée par les 2 p. 100 de la population qui oeuvre dans le secteur agricole primaire. En fait, le PDG de Financement agricole Canada, Greg Stewart, a affirmé que l'agriculture était le pilier d'un Canada fort et en santé. Il a mentionné qu'il s'agissait de l'une des cinq principales industries du pays, puisqu'elle injecte 130 milliards de dollars par année dans notre économie et qu'elle procure un emploi sur huit.
L'illusion que l'agriculture est une activité à laquelle participe seulement une faible minorité de la population canadienne nuit à ce secteur de plusieurs façons. Par exemple, elle freine les discussions sérieuses au sujet d'une politique agricole aux plus hauts échelons. Elle freine aussi les investissements dans la recherche et dans le secteur agricole; on en parle d'ailleurs dans le document Cultivons l'avenir. Elle restreint les choix de carrière de nos jeunes et est à l'origine de pénuries d'employés qualifiés, en plus de faire perdre des occasions aux travailleurs formés au Canada.
Dans l'introduction du document de travail Cultivons l'avenir, on dit qu'un grand nombre de problèmes qui touchent l'avenir de l'agriculture, du secteur agroalimentaire et de l'industrie des produits agroalimentaires ne font pas partie du mandat des départements d'agriculture.
Je suis d'avis que l'entreprise agricole au Canada est de plus en plus en mesure de procurer une solution aux problèmes liés à la santé, à l'environnement, à l'innovation économique et à l'emploi. Le secteur agricole doit mettre en évidence les occasions que les investissements dans le domaine favorisent pour prévenir les maladies humaines, réduire les coûts liés à la santé, restaurer les environnements détériorés, créer de nouveaux produits écologiques à partir de la biomasse agricole, ouvrir de nouveaux marchés pour les produits agricoles canadiens et créer des emplois de qualité qui sont satisfaisants.
Ainsi, les acteurs du secteur agricole doivent amener les gens et les ressources existantes dans d'autres secteurs à collaborer avec eux dans le but d'exploiter ces occasions. Afin d'engager le public dans un débat sur l'avenir de l'agriculture dans la vie des Canadiens en général, j'appuie la proposition du document Cultivons l'avenir 2, qui suggère la création d'une politique alimentaire nationale.
J'aimerais faire quelques commentaires au sujet de nos expériences avec les programmes de Cultivons l'avenir. Nous avons eu de très bonnes expériences avec les programmes actuels, mais nous avons aussi connu quelques mésaventures. Le Programme canadien d'adaptation agricole, qui est exécuté par des organisations de produits, a été utilisé à diverses fins par nos chercheurs. L'Initiative grappes canadiennes du secteur de l'agroalimentaire finance la recherche dans plusieurs domaines, notamment les légumineuses, le canola, les plantes d'ornement, le soja et les céréales. L'Initiative de développement de produits agricoles innovateurs finance la recherche sur les fèves menée par un scientifique d'Agriculture Canada.
Toutefois, notre expérience avec le Programme d'innovation en matière de bioproduits agricoles a été très décevante. Après nous avoir informés qu'on accordait 9,7 millions de dollars à notre consortium avec Peter Jones de Winnipeg pour un projet au sujet des nutraceutiques émergeant du réseau des technologies agricoles, on ne nous a jamais donné l'argent en question. Cela a créé un bris de confiance sans précédent et a forcé plusieurs chercheurs à faire ce qu'ils pouvaient pour respecter leurs engagements avec des étudiants des cycles supérieurs et des étudiants postdoctoraux, puisqu'ils n'avaient plus le financement pour y arriver.
J'aimerais aussi faire quelques commentaires au sujet du document. Dans le chapitre sur la compétitivité, le tableau 1 indique qu'il y a des pénuries périodiques de main-d'oeuvre qualifiée. Nous croyons plutôt que ces pénuries sont chroniques, à tous les niveaux, et que plusieurs emplois dans le domaine des sciences appliquées et du commerce ou de l'administration du secteur sont occupés par des gens qui n'ont aucun antécédent agricole, car une grande partie de la population urbaine n'a jamais été mise au courant des perspectives de carrière dans le domaine.
En ce qui a trait à l'innovation en général, je veux souligner les messages contenus dans le document au sujet de l'importance de l'innovation pour améliorer la compétitivité du secteur et atteindre la durabilité. Il est important de favoriser une collaboration entre le secteur public et le secteur privé, et de pouvoir compter sur un financement constant pour la recherche et le développement. Dans certains cas, lorsqu'il s'agit de petites cultures, le secteur public doit être en mesure de suivre toute la chaîne d'innovation, des intrants jusqu'à la commercialisation. À l'Université de Guelph, nous avons estimé que la valeur annuelle à la ferme de diverses variétés de cultures fruitières et de champs de légumes mises au point par les programmes de sélection de notre département d'agriculture végétale dépasse 50 millions de dollars.
Pour ce qui est du chapitre sur la création des connaissances, je mettrai l'accent sur l'importance d'établir des relations à long terme entre l'industrie, les groupes de producteurs et les organismes de recherche publics. Ces relations aident à comprendre la valeur des objectifs de recherche à long terme et à court terme. Même les petits investissements soutenus provenant de groupes de producteurs et de l'industrie peuvent servir au sein de vastes initiatives de recherche, lorsqu'on utilise une approche de consortium. Si vous êtes intéressés, je pourrai vous parler de mon expérience de travail avec les producteurs de fèves.
Dans le chapitre sur l'infrastructure, la partie sur la réglementation indique qu'un système réglementaire idéal serait opportun, adapté au risque, en mesure de répondre aux demandes du marché et facile à adapter pour l'innovation. J'appuie ces objectifs et j'aimerais ajouter que la réglementation actuelle concernant l'introduction d'organismes transgéniques sur le marché engendre des coûts tellement élevés qu'elle empêche les institutions publiques, comme les universités, de participer. À mon avis, le système en subit les conséquences lorsque les scientifiques du secteur public n'ont pas de connaissances concrètes et d'expérience en ce qui concerne le processus réglementaire.
Enfin, je ne suis pas inquiet au sujet des droits des phytogénéticiens et de la PI, c'est-à-dire la protection des innovations dans les sciences appliquées en biologie. Pour produire un rendement économique, les investisseurs en innovation agricole ont besoin des mêmes outils dont on dispose dans les autres secteurs technologiques. C'est le fondement qui servira à développer et à soutenir une industrie des semences au Canada.
Sur ce, je vous remercie de votre patience.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Franck Groeneweg. Je suis un producteur de canola établi près de Regina. Je possède une plantation de 2 500 acres de canola sur une terre agricole de 9 000 acres.
J'ai également présidé le comité de recherche de SaskCanola. Je suis accompagné aujourd'hui de Pat Flaten, notre directrice de la recherche.
SaskCanola, qui en est à sa 20e année d’existence, consacre chaque année quelque deux millions de dollars à son budget de recherche. Ce fonds provient des producteurs de canola de la Saskatchewan qui versent une redevance prélevée au point de vente. L’organisation est dirigée par un conseil d’administration composé de huit membres et compte sept employés. Notre stratégie consiste à appuyer la recherche en agronomie, la recherche sur le matériel génétique et la recherche sur l’utilisation du colza. Notre relation de partenariat avec les programmes du gouvernement fédéral remonte aux tout débuts de nos activités et nous espérons que les investissements dans la recherche publique seront maintenus grâce à notre participation.
Depuis 20 ans, SaskCanola cumule les réussites, qui ont contribué au succès de la culture du canola en Saskatchewan. La recherche sur les biocarburants en fait partie. La recherche fondamentale sur les biocarburants nous a permis d’obtenir un contrat de licence et des redevances ont été versées à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et à SaskCanola pour la technologie. Ce projet commence à rapporter des sommes modestes, que nous pouvons réinvestir dans la recherche.
Nous menons des travaux de recherche fondamentale sur les technologies de séparation et d’extraction des protéines; et deux installations sont actuellement exploitées en Saskatchewan.
Il a été très important au cours de ces 20 années d'améliorer les données agronomiques sur la culture du canola afin de réduire les risques pour les producteurs, et j'ai en moi-même profité.
SaskCanola participe aux activités de la grappe scientifique sur le canola et le lin de Cultivons l’avenir, un programme réalisé en collaboration avec le Conseil canadien du canola, qui en assure la gestion. Un fonds de l’ordre de 20 millions de dollars finance les projets retenus, soit 14,5 millions de dollars du gouvernement fédéral et 5,7 millions de dollars de l’industrie. Du côté de l'industrie, notons la participation de Richardson, Viterra, Louis Dreyfus et Cargill; et du côté des producteurs, nous avons la Commission des producteurs de Canola de l’Alberta, SaskCanola, et la Manitoba Canola Growers Association. Soulignons également la participation d'autres intervenants de l'industrie, notamment BASF, Bayer CropSciences et Dow AgroSciences. Ces entreprises travaillent toutes à des projets associés à la grappe scientifique sur le canola et le lin. C'est là une excellente façon de faire, car le Conseil canadien du canola permet l'établissement de réels partenariats dans l'ensemble de l'industrie.
Le financement accordé par l'industrie à certaines portions de projets provient de SaskCanola et du Manitoba.
Les projets de recherche en cours portent entre autres sur la valeur nutritionnelle de l’huile, la valeur nutritionnelle du tourteau et la production de cultures de canola.
SaskCanola participe en outre à quatre projets de recherche dans le cadre du programme de Développement de produits agricoles innovateurs (DPAI) de Cultivons l’avenir. Nous avons également participé au Programme canadien d’adaptation agricole (PCAA), afin de poursuivre nos recherches sur la commercialisation des méthodes d’extraction de la protéine de canola. Nous en sommes actuellement à l’étape de l’expérimentation.
Notre organisation est bien déterminée à conclure des partenariats avec le gouvernement fédéral afin de renforcer notre capacité de livrer concurrence aux producteurs de cultures oléagineuses à l’échelle internationale. Il est primordial pour nous, les producteurs, d'avoir les outils nécessaires pour produire de bonnes récoltes et réduire les risques associés à cette culture, afin d'être concurrentiels sur la scène mondiale.
Dans l'ensemble, nous avons eu une très bonne expérience avec le programme Cultivons l'avenir. Nous sommes certainement satisfaits du partenariat que nous avons conclu et nous vous encourageons à reconduire le financement des grappes scientifiques et du programme de DPAI dans la deuxième phase du programme Cultivons l’avenir.
L’industrie du canola représente environ 15 milliards de dollars dans l’économie canadienne. Elle n'aurait pas eu les résultats que l'on connaît sans les importants efforts de recherche déployés et les solides partenariats établis.
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Bien sûr, sans problème.
Je disais donc qu'il s'agit d'un programme de 15 milliards de dollars, ce qui représente ainsi 15 milliards dans l'économie. Grâce aux bons outils, nous avons pu bâtir l'industrie du canola à partir de rien essentiellement dans les années 1970. Comme c'est le cas pour toutes les cultures, la production du canola se fait par rotation...
Notre organisation s'occupe de la culture du canola, mais elle doit aussi travailler avec d'autres groupes, qui n'ont pas nécessairement les mêmes antécédents ni la même viabilité financière qu'elle.
Les exigences administratives entourant le programme de DPAI et le programme Cultivons l'avenir peuvent parfois s'avérer très lourdes. Nous incitons le comité à explorer des méthodes simplifiées afin de réduire le fardeau administratif, de façon à ce que les organisations moins bien établies ou plus vulnérables puissent prendre part à ces programmes et espérer les mêmes résultats qu'a obtenus SaskCanola au fil des ans.
Nous encourageons également la mise en oeuvre de programmes intérimaires, parallèlement au programme de DPAI, qui aideraient les chercheurs à trouver leur voie. Les programmes s'échelonnant sur cinq ans peuvent finir par exiger beaucoup de ressources, et certains chercheurs peuvent ainsi devenir des « orphelins » du système. Il serait bon d'offrir également des projets de financement à plus court ou à plus long terme, en plus des programmes actuels.
Nous sommes parfois aux prises avec des compressions budgétaires, et les décisions financières semblent venir d'en haut. Nous aimerions savoir à quoi nous attendre à cet égard, et nous pourrions peut-être vous aider à déterminer quels sont les projets prioritaires pour notre industrie. Étant plus près concrètement de l'industrie, nous pouvons cerner les projets qui ont le plus de valeur, ceux qui seront le plus rentables et qui devraient être maintenus. Si les réalités budgétaires imposent des compressions, nous devons assurément être consultés.
Un aspect très important pour notre industrie est de pouvoir collaborer avec d'autres organisations agricoles du secteur de façon à mieux gérer les problèmes. Il peut s'agir d'intérêts communs, par exemple de se pencher sur la présence d'un insecte qui pourrait s'avérer néfaste pour le canola et d'autres cultures. Il serait souhaitable d'offrir du financement pour encourager la collaboration entre les différents secteurs de l'industrie agricole.
En résumé, nous sommes satisfaits du programme Cultivons l'avenir et nous souhaitons qu'il soit maintenu. Nous sommes très heureux de pouvoir prendre part à ce processus de consultation. Pour nous, c'est un signe que vous êtes à l'écoute et que vous avez à coeur d'offrir les programmes appropriés.
Nous avons plusieurs recommandations à formuler. Premièrement, nous recommandons de réduire les lourdeurs administratives dans la mesure du possible. Deuxièmement, nous aimerions que les paiements soient versés aux organisations le plus rapidement possible, ce qui peut parfois être difficile. Troisièmement, nous encourageons l'élaboration de programmes pour les problèmes en émergence qui ne sont pas restreints par l'échéancier de cinq ans. Quatrièmement, nous voudrions que l'industrie puisse déterminer ses priorités et que des fonds y soient consacrés. Et finalement, nous recommandons de fournir une méthode et des fonds pour des projets réalisés en collaboration dans le secteur de la culture, afin d'encourager les groupes d'agriculteurs à travailler ensemble.
Sur ce, je vous remercie une fois de plus. Nous sommes maintenant disposés à répondre à vos questions. Je pourrai aussi répondre à vos questions en français, car mon français n'est pas trop rouillé, je crois.
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Merci beaucoup monsieur le président.
Avant de poser une question, il y a un point que je voudrais éclaircir.
M. Valeriote a parlé du CRSNG, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie. Ce que je veux éclaircir, car les propos de M. Valeriote peuvent porter à confusion, c’est que le CRSNG ne se laisse pas influencer par le gouvernement lorsqu’il prend des décisions. Le conseil reçoit du gouvernement des fonds pour la recherche et l’innovation, mais les projets qu’on lui soumet passent par l'évaluation des pairs. Je crois que des centaines de personnes y participent. Ils forment des comités, ils surveillent les mises en oeuvre et ils prennent des décisions. Ils ne font pas rapport au ministre de l’Agriculture mais au ministre de l’Industrie.
Ces précisions sont importantes parce que dans cette étude, le comité de l’agriculture examine Cultivons l’avenir et ce que ce cadre stratégique peut réaliser, à l’aide du financement agricole, dans les domaines de la science et de la recherche. Je pense que les commentaires sur le CRSNG étaient à côté de la plaque.
La science et l’innovation sont importantes dans tous les secteurs, et bien évidemment pour l’agriculture. C’est la raison pour laquelle nous étudions cette question.
En conclusion, monsieur le président, en 2006, le financement du CRSNG s’élevait à environ 860 millions de dollars et à plus de un milliard de dollars en 2009-2010. Le gouvernement a donc joué un rôle pour accroître les fonds accordés à la science et à la recherche, mais le processus de prise de décision, les approbations ou les refus sont du ressort de l’évaluation des pairs au sein du CRSNG et pas du ressort du gouvernement. Je tenais à ce que ce soit clair car ce point est important.
Pour continuer sur le sujet de la science et de l’innovation dans le secteur agricole, je voudrais parler des possibilités de commercialisation. Il y a longtemps, les recherches effectuées n’aboutissaient pas nécessairement à des solutions de commercialisation. Normalement, plus la recherche porte sur le court terme, plus elle est commercialisable à court terme. C’est un rapport de cause à effet que les gens comprennent plus facilement.
Donc, au sujet des projets de recherche à court terme, moyen terme et long terme et leurs possibilités de commercialisation pouvez-vous, monsieur Pauls, dire au comité quels types de projets doivent être prioritaires dans le secteur agricole compte tenu de la conjoncture actuelle? Serait-ce les projets à court terme ou les projets à moyen terme? Peut-être une combinaison de ces deux types de projet, mais je me demande si vous pouvez dire quels avantages vous attachez à chacun de ces secteurs?
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Merci beaucoup. C'est pour moi un privilège de témoigner ici aujourd'hui.
Comme je l'ai mentionné, je représente le Western College of Veterinary Medicine de l'Université de la Saskatchewan.
Je parlerai brièvement de quatre points clés: l'initiative One Health, la sécurité alimentaire, la surveillance des maladies et, finalement un sujet que je m'en voudrais de ne pas signaler, le rôle de l'éducation.
L'initiative One Health reconnaît le lien qui existe entre la santé animale, la santé publique et la santé de l'environnement. Elle consiste essentiellement à créer des liens et à éviter de travailler en vase clos. Je note par ailleurs que c'est là l'objectif du programme Cultivons l'avenir qui prône la création de grappes scientifiques, le regroupement de chercheurs de différents domaines et la collaboration.
Un exemple actuel sur notre campus serait la création de chaires. Puisque l'on envisage divers financements, j'appuierai le financement de chaires. Une chaire dans un domaine tel que la sécurité alimentaire permettrait de regrouper des spécialistes de divers domaines qui travailleraient sur un thème commun.
L'université de la Saskatchewan est la seule où sont regroupées sous un même toit toutes les sciences de la santé — et, là encore, en suivant le modèle One Health, nous regroupons au sein d'un même conseil tous les collèges et doyens des sciences de la santé. L'initiative One Health est importante lorsque l'on songe aux 1 400 micro-organismes infectieux que nous connaissons. Plus de 60 p. 100 d'entre eux provoquent des zoonoses, soit des infections naturellement transmissibles de l'animal à l'homme et vice versa. Ainsi, 75 p. 100 des maladies émergentes ou « ré-émergentes » sont de ce type. L'initiative One Health est donc un domaine clé par rapport à l'agriculture et à la santé animale, à la médecine vétérinaire et à la santé publique.
Nombre de ces agents infectieux peuvent causer de très graves maladies ou même des pandémies. Nous avons tous lus des articles sur la grippe aviaire, le SRAS ou même la tuberculose et la maladie de la vache folle. Lorsque le premier ministre s'est rendu sur le campus à l'occasion de l'inauguration du Centre international sur les vaccins, il a fait remarquer que 18 cas d'encéphalopathie spongiforme bovine s'étaient traduits par des coûts de 6,5 milliards de dollars.
En ce qui concerne la sécurité alimentaire, quelque 76 millions d'Américains souffrent chaque année de maladies d'origine alimentaire et 5 000 en meurent. Au Canada, on estime qu'il y a entre 11 et 13 millions de cas, dont 2 à 3 p. 100 résultent en problèmes de santé chronique et dont le coût pourrait s'élever de 12 à 14 milliards de dollars. Certains de ces chiffres sont probablement sous-estimés. Nous pensons en effet que nombre de maladies d'origine alimentaire ne sont jamais rapportées.
Un bon programme de sécurité alimentaire comporterait donc les éléments suivants: des enquêtes et la prévention des maladies; la formation de professionnels qualifiés en tenant compte, je le répète, des disciplines concernées; l'action et la recherche suivies de façon à orienter les politiques publiques et la science, et toute la gamme des questions allant de l'élevage à la consommation; et bien sûr l'approche One Health.
La sécurité alimentaire a aussi ses intervenants clés, dont j'ai ici une liste, notamment les organismes fédéraux et provinciaux, les groupes de producteurs, les industries alimentaires, le Centre canadien coopératif de la santé de la faune et les premières nations. Mais quand il s'agit de sécurité, tous les consommateurs sont des intervenants importants. Et ils sont nombreux.
À propos de la surveillance des maladies dont j'ai parlé, je dirais qu'il est important de mettre l'accent sur l'établissement rapide de diagnostics, le confinement, l'atténuation des pertes et la préservation des marchés. Cela est important parce que nous devons préserver nos marchés en gardant notre cheptel en santé, offrir un approvisionnement alimentaire sûr et préserver la santé publique en minimisant les risques de zoonoses. Dans tous ces domaines, la transmission de la maladie est en effet critique.
Nous vivons dans une ère où tout est lié et où il y a beaucoup de collaboration.
Au Western College of Veterinary Medicine, une unité enquête sur les maladies qui surviennent à la ferme. Le laboratoire Prairie Diagnostic Services s'occupe des diagnostics. Le centre de toxicologie nous met en rapport avec l'école de l'environnement. Nous collaborons avec le Centre canadien coopératif de la santé de la faune qui est une composante essentielle de la surveillance des maladies puisque la faune entre en contact avec nos animaux de ferme et la population humaine. Et, évidemment, dans l'exemple de notre collège, il y a des liens traditionnels et solides avec l'agriculture et les ressources biologiques.
J'aimerais par ailleurs souligner l'importance du Réseau canadien de surveillance zoosanitaire. Appuyé par l'ACIA, ce réseau relie entre eux les laboratoires de diagnostics de santé animale et relie ces derniers au Réseau de laboratoires de santé publique.
J'aimerais finalement souligner le rôle des universités et l'importance des savoirs dans l'acquisition d'expertise dans les nouvelles technologies, y compris par les études supérieures et les initiatives de recherche destinées à éduquer et à former la prochaine génération de professionnels hautement qualifiés, à préparer la prochaine génération d'innovateurs, à créer de nouveaux outils, à lier les connaissances et compétences interdisciplinaires, notamment dans le cadre de l'initiative One Health et des disciplines liées à divers domaines tels que la sécurité alimentaire.
Je pense qu'il est important que les universités puissent miser sur leurs atouts régionaux et collaborent ensuite au niveau national. Lorsque l'on fait une demande de financement fédéral, on cherche souvent à financer le même processus au niveau national. Par exemple, nous avons à Saskatoon l'un des rares centres de recherche sur le boeuf. L'Île-du-Prince-Édouard se spécialiserait de son côté sur les maladies aquatiques, etc. Il est donc important que nous puissions financer ces secteurs de spécialisation régionaux et que les universités collaborent ensuite entre elles. Il y a d'ailleurs une solide collaboration entre les écoles vétérinaires et les collèges agricoles de tout le Canada.
J'ai un dernier commentaire à faire concernant le financement. Je pense qu'il est important d'aller au-delà du financement en fonction de projets donnés et d'investir dans les gens et les programmes qui permettront de créer ces nouveaux projets.
C'est là-dessus que je termine mes commentaires. Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, et merci, mesdames et messieurs. Je suis très heureux de témoigner ici aujourd'hui.
Je m'appelle Matthew Holmes et suis le directeur général de l'Association pour le commerce des produits biologiques. L'association reflète tous les éléments de la chaîne des produits biologiques, des producteurs aux transformateurs en passant par la communauté des chercheurs et les négociants. Je siège par ailleurs au conseil d'administration de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique et suis membre de la Table ronde sur la chaîne de valeur des produits biologiques d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Le secteur canadien des produits biologiques est en croissance rapide, avec un marché national estimé à 2,6 milliards de dollars par an, soit un accroissement de 160 p. 100 en quatre ans. Notre commerce international continue de croître grâce à un appui stratégique du gouvernement et à la négociation d'ententes avec nos principaux partenaires commerciaux. Le secteur des produits biologiques compte environ 4 000 producteurs exploitant 900 000 hectares de terres, dont plus de 40 p. 100 dans les Prairies canadiennes — et en Saskatchewan en particulier. Nous avons en outre environ 1 200 transformateurs et manipulateurs dans la chaîne de valeur des produits biologiques nationaux. Toutefois, notre marché croit plus rapidement que nos capacités de production. Nous devons donc tirer profit de ces possibilités en continuant à nous adapter et en restant concurrentiels, et en appliquant les données et outils scientifiques qui sont à notre disposition.
L'agriculture biologique offre des solutions incontournables face aux défis d'aujourd'hui. Elle nécessite peu d'intrants et propose des méthodes novatrices de réduction des coûts et d'entraide entre producteurs. Elle est fondée sur la rotation des cultures et des cycles d'éléments nutritifs, et sur une lutte antiparasitaire intégrée. On a montré qu'elle augmentait la biodiversité et la résilience dans les fermes et leurs environs, qu'elle favorisait la séquestration du carbone dans les sols, et qu'elle réduisait la consommation d'énergie et le ruissellement d'éléments nutritifs dans les voies navigables, autant d'obstacles que l'agriculture cherche à surmonter.
La production biologique offre un modèle financier attirant de marché en croissance, caractérisé par une demande élevée des consommateurs et des revenus intéressants pour les agriculteurs. Nos producteurs sont jeunes et semblent être attirés en grand nombre par notre modèle; autant de priorités que nous faisons nôtres dans ce secteur.
Tout cela nécessite cependant un transfert important de connaissances, l'appui des infrastructures et des services d'appoint. Quelques provinces explorent de nouveaux moyens d'aider les producteurs à adopter des modes de production novateurs. Dans l'île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, par exemple, les gouvernements ont mis sur pied des programmes permettant de financer partiellement la certification des produits biologiques pendant la période de transition initiale. Cela a ainsi multiplié le nombre d'opérateurs qui répondent aux demandes de certification des clients et favorisé le réinvestissement des crédits disponibles pour d'autres besoins, tels que les transferts de savoirs et l'adoption de nouvelles mesures scientifiques. Au Québec, un programme pilote d'appui à la multifonctionnalité de l'agriculture incite les producteurs à obtenir des résultats bien identifiés par rapport, par exemple, à la biodiversité et à la gestion des ressources. À long terme, ce genre de programmes novateurs aideront le secteur agricole à devenir plus durable au plan économique et de l'environnement.
À notre avis, Cultivons l'avenir 2 est pour le gouvernement fédéral l'occasion de collaborer avec les provinces afin d'élargir de façon coordonnée ce type de programmation. Dans le cadre de sa première version, le gouvernement fédéral avait investi dans les grappes scientifiques. Les grappes scientifiques du secteur biologique avaient reçu plus de 6,5 millions de dollars au titre d'engagements fédéraux et 2,2 millions de dollars de la part de l'industrie. Le modèle est hautement intégré, regroupant des représentants de l'industrie, du gouvernement, des chercheurs et des universitaires.
La grappe scientifique du secteur biologique associe plus de 50 chercheurs dans neuf provinces, neuf universités et dix stations de recherche d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Elle est gérée par le Centre d’agriculture biologique du Canada au Collège d'agriculture de la Nouvelle-Écosse. Dirigée et contrôlée en fonction de priorités déterminées par l'industrie, la recherche est donc conçue pour avoir une portée immédiate et être commercialisable. On mène par exemple un programme d'amélioration du blé et de l'orge permettant de trouver des variétés optimales pour les systèmes à faible apport d'intrants et dont les conclusions profiteront à tous les modèles de production, mais surtout à ceux qui cherchent à normaliser les systèmes à faible apport d'intrants. Cela aboutira à de nouveaux marchés où la demande est élevée et où les denrées canadiennes sont concurrentielles.
La grappe étudie en outre des méthodes novatrices de production en serre, y compris les intrants, les milieux de croissance, la lutte antiparasitaire intégrée, l'éclairage à haut rendement énergétique et les cycles de nutriments. En investissant ainsi dans la création et l'application de savoirs, le gouvernement et l'industrie appuient collectivement les capacités d'adaptation et d'innovation, et les atouts concurrentiels du secteur canadien des produits biologiques.
Les tendances de la consommation montrent clairement que ces modèles deviennent des moteurs de la production agricole. Il peut s'agir de trouver des modes de préservation et de traçabilité, d'établir des normes de protection des animaux et de culture, ou du souci des consommateurs d'éviter les produits synthétiques et les modifications génétiques; autant de caractéristiques de la production biologique que l'on retrouve en plus dans un système d'exploitation réglementé et normalisé. La recherche dans l'agriculture biologique est donc l'occasion idéale d'étudier diverses caractéristiques et divers modèles de production qui mettent nettement l'accent sur les possibilités de commercialisation, la rentabilité et la durabilité.
Nous recommandons donc que Cultivons l'avenir 2 continue de faire preuve de leadership et de clairvoyance dans le domaine de la recherche scientifique intégrée.
Le secteur biologique canadien n'a pas tardé à devenir l'envie du monde entier, même si nous restons dans ce domaine un acteur relativement modeste. Depuis l'adoption de la réglementation et de normes nationales obligatoires en 2009, le gouvernement fédéral s'est attaché aux priorités recensées dans la stratégie internationale à long terme de l'association, à savoir les ententes d'équivalence qui ont été conclues avec les États-Unis en 2009 et avec l'Union européenne en 2011. Je ne saurais trop insister sur ce point, le Canada est le seul pays au monde dont les normes sont reconnues par ces deux marchés. À eux deux, les marchés américain et européen représentent 96 p. 100 des ventes mondiales de produits biologiques, dont la valeur est estimée à environ 56 milliards de dollars par an. Or, ces deux marchés ne reconnaissent même pas leurs systèmes respectifs quoiqu'ils aient fait des progrès significatifs pour trouver des équivalences entre les deux. De mon point de vue, le moment est idéal d'augmenter notre production.
Grâce à l'appui du programme de commercialisation agricole prévu aux termes de Cultivons l'avenir, l'association a pu mener des missions d'exportation et aider les membres de l'industrie canadienne qui sont à la recherche de nouveaux marchés et qui veulent tirer profit de l'amélioration de l'accès au marché. Il s'agit là d'un moyen critique de développer la capacité du secteur national. Cela nous permet en particulier de bien performer dans tous les domaines que recensent les documents de travail de Cultivons l'avenir 2, à savoir la compétitivité, la croissance des marchés, l'adaptabilité et la durabilité. Il faut continuer de mettre l'accent sur les débouchés internationaux recensés dans le cadre du programme Cultivons l'avenir 2.
Comme le précisent cependant les documents de travail de Cultivons l'avenir 2, notre compétitivité internationale dépend de la qualité et de la capacité de notre infrastructure. Surtout dans les systèmes fondés sur l'innovation, comme les systèmes de production biologique, des normes codifiées sont essentielles pour atteindre l'ensemble des objectifs que l'on s'est fixés.
Les États-Unis et l'Union européenne, qui sont nos partenaires commerciaux et nos concurrents, se sont engagés à maintenir leur infrastructure biologique par des normes prévues pour le long terme. Le Canada ne l'a pas fait. Et s'il fait encore aujourd'hui figure de modèle pour l'accès au marché des produits biologiques, sans infrastructure durable à long terme, le Canada ne tardera pas à perdre sa position ou à ne plus pouvoir assumer ses obligations commerciales en la matière. Cela inquiète au plus haut point le secteur et nous voudrions collaborer avec vous pour trouver des solutions.
Pour conclure, le secteur agricole au Canada peut aujourd'hui grandement bénéficier des objectifs d'innovation, de durabilité et de rentabilité que poursuit le secteur des produits biologiques. Les administrations doivent trouver des moyens de coordonner l'arrivée de nouveaux acteurs afin de répondre à la demande. Et il faut poursuivre les progrès de la science et de l'innovation par la recherche intégrée qui est au coeur de notre capacité d'exercer notre concurrence et de nous adapter.
Grâce à notre approche progressive de l'accès au marché, notre secteur est finalement bien placé pour réussir. Mais il faut aussi pour cela avoir l'infrastructure nécessaire pour rester concurrentiels et saisir les débouchés qui s'offrent à nous.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir accordé votre temps et votre attention.
Jusqu'à maintenant, nous avons eu une relation merveilleuse avec le gouvernement, et nous espérons qu'elle se poursuivra dans l'avenir. En fait, nous avons demandé, dès 1999, au gouvernement de nous réglementer, parce que c'est là la condition du succès pour nous. Le secteur de l'agriculture biologique est fondé sur les systèmes de traçabilité ainsi que sur l'assurance et la surveillance. C'est ce que veulent les consommateurs. Le fait d'être réglementé et d'avoir des normes nationales en place était un élément crucial.
Notre croissance est très rapide, comme vous l'avez noté. Comme la demande des consommateurs augmente plus rapidement que notre production au Canada, cela signifie, évidemment, que le marché dépend des importations.
Nous travaillons également sur de grandes occasions sur les marchés d'exportation. Nous avons eu certains programmes pour nous aider à cet égard, mais si nous regardons ce que certains de nos principaux partenaires commerciaux ont fait dans ces domaines développés, comme les États-Unis et l'Union européenne, je dirais que le U.S. Farm Bill a prévu des appellations réservées pour l'agriculture biologique et y affecte des fonds. La Politique agricole commune de l'UE comporte des appellations réservées et un soutien à l'agriculture biologique, principalement pour établir cette base de production et la chaîne de valeur au niveau intérieur.
Je dirais qu'au Canada, nous en sommes à ce point maintenant. Nous devons examiner de façon de… Il y a une excellente occasion ici, mais nous devons offrir un incitatif quelconque. Il y a une période de transition très difficile, typiquement d'environ trois ans, lorsque les producteurs passent à l'agriculture biologique et que leur production chute, et parfois, de manière substantielle. Il se pose des défis lorsque le nouveau modèle est appliquée sur ce sol.
Alors, les programmes dont la priorité était de permettre aux producteurs de traverser cette période de transition ont connu beaucoup de succès dans le monde. Et ils favorisent également un secteur intérieur plus robuste à long terme.
Les 27 pays membres de l'UE ont eu à un moment donné, et je pense que c'est encore le cas, un programme quelconque pour appuyer la transition. Évidemment, c'est une décision qui revient à chaque pays, une décision des États membres. De la même manière, aux États-Unis, il y a probablement 30 à 40 États qui ont investi dans ce genre de programme pour aider les producteurs qui désiraient se convertir aux méthodes de l'agriculture biologique. Il y a d'autres pays également qui ont investi dans ce domaine, mais nous devrons vous faire parvenir les renseignements exacts plus tard.
Il s'agit d'un investissement important, et compte tenu du fait qu'au Canada, il s'agit d'une compétence partagée entre les provinces et le gouvernement fédéral, il semble que c'est une question dont on pourrait vraiment tenir compte dans Cultivons l'avenir 2. Alors, cela pourrait être quelque chose qui est là, si c'était une priorité pour une province particulière, un programme précis pour répondre à ses besoins sur son territoire, pour ses producteurs et ses collectivités. Il semble que ce soit une excellente occasion à l'heure actuelle pour envisager quelque chose comme cela.
En ce qui concerne l'infrastructure, les éléments de base sont en place. Nous avons le règlement, qui fait référence à notre norme, comme je l'ai dit dans mon exposé. Nous sommes assez préoccupés en ce moment par l'absence de système pour faire respecter cette norme… Il s'agit d'une norme nationale du Canada élaborée par l'Office des normes générales du Canada, qui comporte un comité technique constitué d'experts de l'industrie qui offrent volontairement leur temps. Il y a probablement 45 membres votants, 90 membres au total, et c'est une démarche assez coûteuse que de suivre le modèle de consensus qu'exige l'ONGC. Ce dernier exige également un examen quinquennal. Notre règlement rend cet examen obligatoire, sans compter nos accords commerciaux avec nos principaux partenaires commerciaux qui exigent que l'accord soit révisé chaque fois que des changements sont apportés à leur norme ou à la nôtre.
Sans ce soutien à l'infrastructure, nous craignons d'avoir une occasion perdue.
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Merci, monsieur le président. Merci aux deux témoins de leur présence.
J'essaie simplement de suivre le cours de ma pensée. Nous parlons de recherche et d'innovation. Beaucoup de personnes disent — et c'est ce que nous avons entendu — qu'une des raisons pour lesquelles nous devrions en faire plus en matière de recherche et d'innovation, c'est que nous essayons d'augmenter la production, la quantité d'OGM et d'accroître notre capacité de nourrir le monde.
Le rapport de l'Évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement, ou IAASTD, a reçu l'aval de 58 gouvernements, dont le nôtre, sauf pour la partie sur les OGM. On y lit que la solution n'est pas seulement liée à l'augmentation de la production alimentaire. En 2000, selon le rapport, le monde produisait assez de nourriture pour donner à tous 2 800 kilocalories par jour en moyenne; or, 850 millions de personnes souffraient de la faim malgré tout. Plus loin dans le rapport, on affirme que nous ne pouvons pas nous en remettre à la technologie pour régler les problèmes. On penche plus du côté de l'agriculture durable à l'échelle locale.
En plus de poursuivre la recherche dans ce qu'on appelle le modèle d'agriculture industrielle, en quoi notre recherche dans les domaines de la science animale ou la santé animale nous permettra-t-elle d'aider les autres pays à avoir des pratiques agricoles plus durables?
L'exemple le plus courant, c'est lorsque le riz américain subventionné est envoyé en Afrique, les producteurs de riz sont chassés de leurs fermes, puis ils dépendent du riz importé. C'est ce qui s'est passé à Haïti et au Mexique. En tant que nation, grâce à notre recherche et notre innovation, comment pouvons-nous aider les autres pays à améliorer leur durabilité, à avoir des animaux en meilleure santé et aussi à produire des plantes cultivées pour se nourrir?
C'est simplement une question ouverte.