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Permettez-moi de mentionner quatre ou cinq éléments clés. Premièrement, la science, la technologie et l’innovation étaient, sont et devraient être partie intégrante des politiques fédérales. À mon avis, depuis 20 ou 30 ans, ces éléments ne sont plus aussi déterminants qu’avant dans l’élaboration des politiques. Je vous félicite donc d’avoir mis l’accent sur la science et l’innovation dans le cadre de Cultivons l’avenir 2.
Deuxièmement, je tiens à vous rappeler mon bagage. Je suis un professeur de politique publique. J’étudie l’innovation en ce qui a trait au système agroalimentaire. Donc, j’écris et je publie régulièrement sur la majorité des sujets dont je vais vous parler. Si un élément pique votre curiosité, vous pourrez trouver des renseignements complémentaires.
Troisièmement, je trouve important de retenir deux faits lorsque nous abordons la question de l’innovation dans le système agroalimentaire au Canada. Nous croyons que nos concurrents sont les agriculteurs chinois, brésiliens et américains, alors qu’en réalité le secteur agroalimentaire canadien est en concurrence avec les autres secteurs de l’économie canadienne pour l’utilisation des terres, de la main-d’oeuvre et des capitaux qui assurent le dynamisme et la croissance de ce secteur au Canada. Il faut non seulement avoir des prix concurrentiels comparativement aux autres pays, mais aussi réaliser suffisamment de profits à partir des ressources pour justifier leur utilisation par ce secteur d’activité. Actuellement, d’importantes parties du secteur agroalimentaire canadien ne réalisent pas suffisamment de profits pour maintenir l’utilisation actuelle des terres, de la main-d’oeuvre et des capitaux, surtout de la main-d’oeuvre et des capitaux mobiles.
Il faut ensuite retenir que ce dont nous parlons est réglementé dans le monde par des politiques décousues. En abordant la question de la science et de l’innovation, nous devrons fondamentalement nous demander comment ces éléments cadrent dans le commerce international. Par conséquent, nous n’investissons pas suffisamment, pratiquement tout pays confondu, dans les sciences fondamentales et appliquées dans le secteur agroalimentaire.
C’est simple à prouver; le rendement du capital investi dans le secteur agroalimentaire se situe entre 50 et 70 p. 100. Nous aimerions tous avoir un tel RCI, mais c’est en très grande partie dilué entre de nombreux intervenants. C’est très difficile de pouvoir effectivement obtenir un tel rendement et de payer l’investissement.
Le gouvernement canadien a accepté d’accorder une place cruciale à l’innovation dans l’avenir économique du pays, mais il y a un problème. Pour une certaine raison, consciemment ou inconsciemment, l’agriculture semble avoir été partiellement écartée de cette vision. De nombreux éléments pertinents à l’agriculture, dont les programmes, les services et les fonds d’investissement, ne sont pas admissibles à la R-D et à la recherche scientifique fondamentale dans le secteur agroalimentaire, et c’est un grave problème. Le gouvernement canadien a donc la bonne approche, mais les politiques agroalimentaires ont été écartées à bien des égards.
Au cours de votre étude, on vous donnera probablement de nombreux conseils, gratuits ou pas, sur les secteurs dans lesquels le gouvernement devrait investir. Je conseille souvent aux gens qui se penchent sur la politique d’innovation d’avoir en tête les quatre « P ».
Les économistes traditionnels vous diront sûrement qu’il suffit de trouver les justes prix et que le rôle du gouvernement devrait se limiter au strict minimum. L’État ne doit pas intervenir; il doit seulement s’assurer que les prix sont justes pour éviter de donner l’impression qu’il y a une distorsion des marchés. C’est un élément important, mais c’est la base. Des prix justes se traduiront par des investissements, mais pas nécessairement des investissements qui continueront d’assurer la rentabilité du secteur.
Il y a trois autres « P » à retenir. Il y a la place. Dans le secteur agroalimentaire et pratiquement dans tous les autres secteurs, la plupart des idées novatrices vraiment intéressantes proviennent d’agglomérations comptant un milieu de la recherche, des utilisateurs et des consommateurs, à savoir des grappes industrielles. L’emplacement est un aspect essentiel, mais ce n’est plus suffisant.
Ensuite, nous avons les processus, les systèmes d’innovation. La propagation naturelle du savoir est importante pour passer de la science fondamentale à la science appliquée, puis à la mise en application et à l’utilisation. Nous en avons de très bons exemples au Canada, et nous avons d’excellents réseaux qui relient le Canada au monde et qui importent une grande partie de la technologie au Canada pour s’en servir à des fins industrielles.
Le quatrième « P » dont les gens parlent amplement est la pensée créative, à savoir les créateurs, ceux qui concrétisent le tout. Cela ne dépend pas seulement de l’emplacement; il ne suffit pas d’avoir les justes prix sur le plan macroéconomique; il ne suffit pas de mettre en place divers établissements. Il faut attirer, retenir et mobiliser les scientifiques, les chercheurs et les entrepreneurs et leur permettre de se concentrer sur leur force, soit l’innovation.
Je crois que vous aborderez les politiques durant votre étude. À mon avis, les quatre « P » vous aideront, d’une certaine façon, à définir les types de politiques qui pourraient être sensées pour ce qui est de l’ensemble de la recherche en agroalimentaire.
Tout d’abord, le gouvernement fédéral devrait probablement s’investir de nouveau dans la recherche scientifique fondamentale et au début de la recherche appliquée. Il y a eu un certain recul de ce côté, et c’est en partie ce que confirment le rapport Jenkins et certains commentaires émanant du CSTI. Nous sommes actuellement très passifs dans notre façon de soutenir les sociétés et les industries aux chapitres du développement et de l’innovation. Le gouvernement fédéral a la capacité d’en faire plus grâce, par exemple, aux centres de recherche d’Agriculture Canada ou aux instituts du Conseil national de recherches Canada. Il pourrait y jouer un rôle crucial.
J’aimerais brièvement aborder trois ou quatre éléments au sujet des investissements fédéraux.
La dernière fois que nous nous sommes parlé, je vous avais exprimé mes inquiétudes concernant les changements au sein d’Agriculture Canada et de certains programmes fédéraux parce que l’agriculture ne semblait plus faire partie des priorités. Il y a du nouveau à cet égard; le Conseil national de recherches parle maintenant de modifier considérablement sa façon de gérer les instituts.
Je peux vous assurer que bon nombre des importantes innovations dans le secteur agroalimentaire, dont le Canada est le point de départ, sont inextricablement liées à la capacité et à la mobilisation du savoir du CNRC, particulièrement l’IBP à Saskatoon, et d'autres. Si les instituts ferment leurs portes ou changent de vocation en se concentrant sur des projets en aval, je crois que le système perdra des intervenants stratégiques très importants.
Les efforts fédéraux en matière de recherches sont très éparpillés; nous n’avons qu’à jeter un coup d’oeil aux subventions non directes ou même au déroulement des recherches intra-muros entre les ministères et les organismes. Les organismes n’arrivent pas à collaborer. Au sein même d’un ministère, les divers secteurs ou directions ont de la difficulté à y arriver. Je crois que c’est une honte dans un pays aussi petit qui a un tel besoin dans un secteur donné.
Deuxièmement, nous commençons à viser plutôt le court terme. Par le passé, nous avions des horizons de planification de 7 à 10 ans; nos horizons se limitent maintenant à une ou deux années. Notre principal concurrent à bien des égards est l’Australie. Ce pays s’est inspiré de notre programme de centres d’excellence et l’a intégré dans l’ensemble de son système agroalimentaire par l’entremise du GRDC. Je crois que nous devrions examiner de nouveau nos horizons dans le domaine.
Troisièmement, nous avons vraiment tendance à trop morceler notre capital. Nous voulons donner quelque chose à tout le monde. Des agglomérations se forment naturellement. C’est là où se déroulent naturellement les choses. Vous n’avez pas à choisir les emplacements. L’industrie et les groupes de producteurs l’ont déjà fait à votre place. Vous n’avez qu’à les soutenir et à les aider. Le fractionnement artificiel de la capacité est une politique dangereuse. Il y a des possibilités de ce côté.
Voici un autre domaine dont j’ai déjà parlé et sur lequel je n’insisterai pas outre mesure. La propriété intellectuelle est un élément crucial de l’avenir du secteur agroalimentaire; nous n’avons qu’à penser aux marques, aux brevets et aux certifications d’obtention végétale. Les pièces sont pratiquement toutes en place, mais nous pourrions faire plus. Selon moi, le gros problème est que nous avons beaucoup de difficulté à établir des partenariats au sein du secteur public lorsque nous avons des biens intellectuels. J’ai demandé à un étudiant d’examiner un récent partenariat à Saskatoon qui regroupait divers organismes publics utilisant des fonds publics. Ils possédaient plus de 150 biens intellectuels, mais ils n’ont pas réussi à conclure une entente pour les mettre en commun et les exploiter comme une ressource commune. C’est un échec considérable pour le gouvernement.
Mon dernier point concerne la réglementation et la gouvernance. Si nous voulons que l’industrie agroalimentaire prospère au XXIe siècle, elle devra faire la distinction entre les produits et exploiter la valeur, où qu’elle se trouve. Nous devrons avoir des chaînes d’approvisionnement différentes pour les denrées et les produits génétiquement modifiés, biologiques, halal et ceux qui ne contiennent pas d’OGM. Chacune aura des attributs fonctionnels uniques, mais nous n’avons pas encore en place la réglementation et les chaînes d’approvisionnement nécessaires pour y arriver.
La conférence internationale à laquelle j’assiste actuellement à Vancouver accueille des organismes de réglementation et des gens de l’industrie agroalimentaire de partout dans le monde. Nous sommes tous aux prises avec le même problème. Le Canada peut et doit faire preuve de leadership dans le cadre du débat sur la politique publique. Voici un symptôme du problème.
C’était pratiquement impossible de convaincre des spécialistes et des dirigeants clés du système réglementaire canadien de participer au dialogue à Vancouver. Je n’ai eu aucun problème à convaincre leurs homologues européens, brésiliens, australiens et américains, mais les Canadiens ne se sont tout simplement pas présentés. Ils ont tous reçu leurs instructions lundi. Nous planifions cette conférence et nous communiquons avec eux depuis plus d’un an.
La conférence se déroule ici, et nous avions donc l’occasion de prendre les devants et de définir le débat sur la façon dont le système fera la distinction entre les produits et maintiendra la valeur dans les diverses chaînes d’approvisionnement concurrentielles et parallèles.
En terminant, je crois que votre sujet est vraiment important. L’avenir de l’agriculture passe par l’innovation. L’objectif n’est pas de diviser les profits et d’essayer de maintenir les marchés. C’est plutôt de créer et d’innover parmi la vaste gamme de technologies et de types de produits.
Je vous remercie de votre invitation. Je cède maintenant la parole à mon collègue.
Je vous remercie de la précision. Toutefois, l’argument que j’aimerais lier à l’innovation, c’est qu’il nous faut élaborer un vaste éventail de plates-formes politiques afin de nous préparer à ce que bon nombre d’experts commerciaux et de chercheurs décrivent comme une crise exceptionnelle qui semble être en cours. À un certain nombre d’endroits sur la planète, les gens sont aux prises avec des crises alimentaires. Je pense que la politique agricole canadienne a un rôle important à jouer dans la résolution de cette crise mondiale, qui touche également notre système canadien.
J’aimerais porter mon attention sur quatre vastes stratégies. La première, qui fait l’objet de discussions dans divers forums, dont des groupes commerciaux et scientifiques populaires, c’est que nous devons investir dans la science et la technologie afin de stimuler la productivité.
L’Europe a triplé sa productivité au cours des 50 dernières années. D’autres données montrent comment les investissements et les améliorations de la productivité ont permis de produire 1 000 kilogrammes de céréales par hectare au cours des 50 dernières années. Nous constatons que la révolution verte a fonctionné extraordinairement bien dans certaines parties du monde, mais pas dans d’autres.
Cela s’applique également au Canada. Lorsque je travaillais au Royaume-Uni, le Department for International Development, le DFID, et le DEFRA, le Department for Environment, Food and Rural Affairs, collaboraient afin de concevoir des plates-formes scientifiques et novatrices qui s’inspiraient des connaissances universitaires occidentales pour assurer la sécurité alimentaire mondiale.
Si vous avez l’occasion de réfléchir au programme Cultivons l’avenir 2 de manière générale et avec une optique mondiale, je vous encouragerais à chercher des occasions d’établir de nouveaux partenariats. Ils pourraient entraîner la création de nouvelles technologies qui pourraient être appliquées à l’échelle communautaire dans diverses parties du monde.
Partout dans la documentation, on fait valoir fortement la nécessité de faire plus de recherches et d’innover davantage pour contribuer au succès de la réglementation gouvernementale en matière de gestion environnementale. Cette notion transcende tous les débats auxquels j’ai participé. On s’en rend vraiment compte lorsqu’on commence à examiner des enjeux comme l’écoulement de nutriments agricoles engendré par l’industrie du bétail. Il nous faut un mandat gouvernemental fort afin que nous puissions établir des règlements environnementaux plus stricts.
Le troisième type de stratégie liée à la crise alimentaire mondiale a trait à la nécessité de mieux stocker les aliments. Cette stratégie est extrêmement importante et comporte divers aspects relatifs à la politique sociale, à l’ingénierie et à la technologie. Nous avons besoin de technologies mieux adaptées au stockage des aliments. Il nous faut également comprendre la mesure dans laquelle nous devons entreposer les aliments.
Je tenais à faire ressortir l’importance que revêtait le stockage des aliments pour les anciennes civilisations et à la rattacher à la politique agricole. Il y a l’histoire biblique du Pharaon qui rêve de sept années d’abondance et de sept années de famine. Le Pharaon a donc adopté une politique publique qui consistait à développer l’infrastructure nécessaire pour stocker des aliments, chose que nous ne faisons pas assez souvent. Je pense que le monde a oublié cette leçon — il a mis sur pied un système alimentaire juste-à-temps. Pendant les six dernières années, nous avons consommé à l’échelle mondiale plus d’aliments que nous en avons produits. C’est une erreur.
Le dernier rapport des Nations Unies sur la crise alimentaire mondiale révèle que la planète n’a pas suffisamment de nourriture en réserve pour survivre à une mauvaise récolte sans que les marchés fluctuent vivement et en soient grandement perturbés.
La quatrième et dernière solution qui est débattue par rapport à la crise alimentaire mondiale et le genre de politique publique en matière de science et de technologie que nous devrions adopter afin de nous préparer à ce que certaines personnes qualifient de « crise imminente » ont trait à la nécessité de favoriser la création de systèmes alimentaires de remplacement qui coexisteront avec le système alimentaire mondiale ou primaire. On en parle parfois comme du mouvement qui prône une alimentation locale.
À mon sens, il y a deux raisons très importantes pour lesquelles ce mouvement sera crucial pour la prochaine génération. Premièrement, il accroît la sensibilisation des gens aux questions alimentaires. Deuxièmement, le mouvement qui prône une alimentation locale et les systèmes alimentaires locaux représentent une police d’assurance ou un plan de contingence, un tampon qui protège les consommateurs urbains contre les aléas du marché international. Si les prédictions sont exactes et qu’au cours de la prochaine génération, les prix des aliments augmentent ou fluctuent de manière radicale et commencent à avoir les conséquences politiques attendues, nous serons très heureux d’avoir conservé ces systèmes alimentaires de remplacement.
Sur ma dernière diapositive, j’ai essayé d’exposer les quatre vastes sphères politiques dont parlent avec sérieux — beaucoup de sérieux en fait — les activistes, les chefs d’entreprise et les universitaires en tant que moyens de nous préparer à ce que certaines personnes qualifient de véritable tempête de problèmes qui surviendront durant la prochaine génération.
J’aimerais vous communiquer le message suivant. Si vous avez l’occasion de délibérer sur le programme Cultivons l’avenir 2, d’y réfléchir globalement, sachez qu’il est nécessaire d’investir stratégiquement dans ces quatre secteurs.
Nous devons faire des investissements stratégiques dans les sciences et la technologie, mais en faisant ressortir les liens qui existent entre les scientifiques et les agriculteurs du monde entier. Cela exigera que les diverses institutions fassent preuve de créativité lorsqu’elles s’emploieront à résoudre des problèmes.
Il nous faut des solutions pour régler des problèmes de gestion et de bureaucratie, ainsi que les solutions de remplacement dont j’ai parlé. De plus, nous devons comprendre combien de nourriture nous devons stocker et où nous pouvons la stocker efficacement.
Pour assurer notre protection et celle de notre système alimentaire, nous devons essentiellement disposer d’un portefeuille de stratégies.
J’aimerais utiliser mes dernières minutes pour vous dire qu’au cours de la prochaine génération, le Canada jouera un plus grand rôle dans le système alimentaire international. En tant que producteur et exportateur d’aliments — nos principales ressources —, le Canada sera appelé à jouer un rôle plus important lorsque le système alimentaire international traversera une période assez turbulente, comme s’y attendent la plupart des gens. Je pense que cela représentera une occasion de base pour l’industrie agroalimentaire canadienne et un défi pour notre gouvernement qui assume des responsabilités en matière de développement international et d’aide humanitaire. Ces rôles peuvent et devraient être conciliés en investissant dans les quatre secteurs que j’ai exposés.
Merci beaucoup.
On le voit désormais dans de nombreux marchés. Est-ce universel et les produits ne sont-ils pas tous uniquement différenciés pour les consommateurs finaux? Non, parce qu'il n'y a pas suffisamment de valeur dans certains de ces marchés pour justifier une pleine différentiation.
Pour pratiquement toutes les gammes de produits où il y a des cultures génétiquement modifiées, on constate des attributs autres, concurrents ou différenciés. Il pourrait y avoir des attributs fonctionnels qui sont, ou ne sont pas, génétiquement modifiés. Ce pourrait être des attributs biologiques. On pourrait utiliser toute une gamme d'éléments de provenance autre. Dans certains cas, il peut s'agir tout simplement de produits de marque pour lesquels on pense que les contrôles de la qualité sont légèrement plus élevés.
Oui, nous pouvons le faire. La difficulté vient toutefois du fait que les normes internationales sont tout à fait diffuses et contradictoires, et que tant que les gouvernements du monde entier voudront occuper le devant de la scène et définir les seuils d'entrée sur le marché, l'industrie ne pourra pas intervenir et le faire.
Dans quelques cas, le gouvernement l'a fait — a fixé les limites — à la satisfaction du marché. Les rares fois où le gouvernement a affirmé: « Nous ne sommes pas certains du seuil où se situe la limite, mais nous nous réservons le droit de la définir », les marchés ont eu du mal à intervenir parce qu'ils sont la plupart du temps mal placés pour satisfaire les responsables de la réglementation. Lorsque l'État déclare en revanche: « Nous n'allons pas fixer de limite; c'est à vous de le faire parce qu'il s'agit d'une relation entre l'acheteur et le vendeur » — ce n'est pas la sûreté qui est en cause, mais des attributs de qualité, des éléments que les gens veulent, pour lesquels ils sont prêts à payer et qu'il est possible de leur fournir —, dans ces cas-là, on a vu se développer des chaînes d'approvisionnement très efficaces qui profitent aux producteurs et aux consommateurs, à la fois dans la chaîne d'approvisionnement et dans les autres secteurs de la chaîne alimentaire.
En bref, la réponse est oui. Cela peut être fait. Cela se fait d'ailleurs un peu partout dans le monde, et pas seulement dans les pays industrialisés, où les revenus sont élevés, mais aussi dans les pays en développement.
Le problème vient du fait que nous dépensons beaucoup plus qu'il ne le faut pour différencier les catégories de produits, car nous réinventons la roue dans chaque marché.
Il y a 50 ans, les gouvernements dépensaient des énergies excessives au titre de l'harmonisation, de sorte que l'entreprise qui présentait un nouveau produit sur le marché en assurait la qualité. Aujourd'hui, nous avons tout nationalisé à nouveau et il y a entre 70 et 80 pays qui sont prêts à affirmer: « Le produit est peut-être acceptable et sûr, mais nous ne sommes pas certains qu'il répond aux demandes des consommateurs et des producteurs sur notre marché ». Malheureusement, nous ne savons pas quelles sont les demandes des consommateurs et des producteurs. Il ne s'agit que d'un groupe de gens parmi d'autres qui font certains choix. On constate que les chaînes d'approvisionnement fonctionnent bien lorsque que les acheteurs et les vendeurs s'entendent sur ce qu'ils veulent, sur le prix qu'ils sont prêts à payer, sur ce que cela leur coûtera et sur la valeur du produit.
Selon les chiffres présentés à la conférence, environ la moitié de la valeur qu'auraient pu produire les cultures génétiquement modifiées a été tronquée sur le marché. Cela représente une somme qui se situe entre 5 et 10 milliards de dollars.
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Oui, j'ai vu moi aussi les rapports, en particulier ceux des États-Unis et de certains pays de l'Amérique latine, sur la résistance des mauvaises herbes aux herbicides. Comme nous le savons tous, ce problème ne date pas d'hier; c'est qu'il est aggravé par le fait qu'une seule plateforme chimique couvre de plus grands acres.
Dans le cas du canola, la bonne nouvelle, c'est que nous avons trois plateformes concurrentes. Les producteurs qui découvrent que des mauvaises herbes semblent avoir développé une certaine tolérance à l'un des produits chimiques, qu'il s'agisse du Roundup, du Liberty ou de l'IMI, peuvent simplement, si le problème est de nature économique — car parfois, ce n'est qu'une question d'apparence et cela ne change rien du point de vue économique —, alterner leurs produits chimiques et éliminer tout ce qui a développé de la résistance. Donc, à ce stade, nous sommes en bonne posture.
La leçon qu'il faut en tirer, c'est que pour tout écosystème, nous ne voulons pas de mono-technologies. Il faut des modèles concurrentiels. L'une des leçons à tirer dans le cas du canola, par rapport aux autres cultures dont vous avez parlé, c'est que nous avons été en mesure de maintenir la concurrence dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, de la recherche à l'adaptation et à l'utilisation.
Les laboratoires fédéraux ont joué un rôle essentiel à cet égard. Ce sont eux qui ont fait en sorte qu'en général, toutes les entreprises se faisaient concurrence dans un cadre concurrentiel, pendant leurs recherches, en faisant certaines des recherches fondamentales qui les ont intégrées à la culture, et qui ont fait en sorte qu'au bout du compte, nous avions trois technologies qui se complétaient plutôt que de causer plus de dommages.
Je pense que c'est une très bonne leçon à tirer pour l'industrie dans son ensemble. Nous ne voulons pas ériger des barrières qui mèneraient à des monopoles. Nous voulons de la concurrence, car elle crée de la variété et entraîne une réduction des prix. Je pense que c'est une leçon importante à tirer de l'industrie du canola.
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Permettez-moi de vous donner brièvement des exemples. Je pense que le Conseil national de recherches du Canada compte plus d'une dizaine, mais moins d'une vingtaine, de laboratoires fédéraux et qu'Agriculture Canada en compte un nombre similaire, dont un grand nombre se concentrent sur certaines cultures en particulier.
L'industrie et les scientifiques me disent qu'il est parfois plus facile d'établir des partenariats avec une entreprise du secteur privé qu'avec un laboratoire qui fait partie du même organisme et qui est situé de l'autre côté de la rue. C'est en partie la façon dont les résultats de recherche sont gérés et conçus. C'est un exemple.
Comme deuxième exemple, les programmes fédéraux définissent de plus en plus ce qu'ils souhaitent soutenir, notamment les programmes qui relèvent d'Industrie Canada. L'une des difficultés à cet égard, c'est qu'ils étendent de plus en plus leurs compétences dans les domaines de recherche qui ont le potentiel d'être fortement rentables dans le secteur agroalimentaire. On a donc le potentiel, mais on n'est pas en mesure de mettre cela au point.
Un troisième exemple, c'est qu'Industrie Canada dit que même si nous investissons dans le secteur agroalimentaire, dans bien des cas, Agriculture Canada et le CNRC ne sont pas des partenaires admissibles dans les subventions de recherches dans les programmes de recherches. Ils peuvent parfois faire des choses parallèles, mais il faut trouver des moyens de contourner le problème. On se retrouve dans une situation où nous ne faisons pas assez de recherches. Des recherches très importantes sont financées par différents organismes qui relèvent tous du gouvernement fédéral, et ils ne peuvent pas faire davantage que de se parler de part et d'autre d'une clôture, en quelque sorte.
Ainsi, il me semble que d'une manière ou d'une autre, c'est le système fédéral qui a le pouvoir de les amener à collaborer. Si je regarde ce qui s'est fait dans le passé, le milieu canadien de la recherche a connu des réussites dans les cas où Agriculture Canada, le CNRC et d'autres institutions fédérales ont travaillé ensemble.
Dans le contexte canadien, nous travaillons vraiment bien maintenant lorsqu'un groupement de producteurs spécialisés peut réunir les gens. Donc, le système fédéral n'a plus de leadership. C'est entre les mains des producteurs, ce qui n'est pas une mauvaise chose, mais cela peut ne pas être complètement utile. Par exemple, les producteurs de légumineuses à grain de la Saskatchewan, par l'intermédiaire du Crop Development Centre et dans le cadre de leurs partenariats, ont intégré de nouvelles variétés dans le marché de façon très efficace. Toutefois, ils l'ont fait presque malgré les fonds fédéraux et les programmes de gestion et d'infrastructure.
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Je vous remercie de m'avoir invité.
Je suis désolé de ne pas avoir de document officiel. Depuis les dernières semaines, je voyage. Je suis toujours ravi de venir exprimer mon point de vue. J'ai un document PowerPoint.
J'ai passé plus de 30 années dans l'agro-industrie, dont les 15 premières dans la recherche et développement et le développement et le marketing. Par la suite, j'ai lancé Ag-West Biotech à Saskatoon en 1989, et j'ai contribué à la création d'une grappe dans le secteur de l'agrobiotechnologie. À l'époque, j'étais sous-ministre de l'Agriculture en Saskatchewan. Par la suite, j'ai lancé Ontario Agri-food Technologies, qui est maintenant dirigé par Gord Surgeoner.
J'ai géré un fonds de capital-risque pendant sept ou huit ans, au cours desquels j'ai investi dans les technologies agricoles au niveau universitaire. Par la suite, je me suis éloigné un peu du secteur agricole. Je suis retourné à Saskatoon et pendant trois ans, j'ai été directeur du développement des entreprises au centre de recherche Synchrotron, où j'ai aidé à la création du volet développement des entreprises.
Il y a deux ans et demi, je suis retourné en Ontario pour diriger la Sustainable Chemistry Alliance et le Centre d'innovation bioindustrielle de Sarnia. Leurs activités sont axées sur l'agriculture et la commercialisation de la bioindustrie.
Je veux parler de la Sustainable Chemistry Alliance et du Centre d'innovation bioindustrielle. La Sustainable Chemistry Alliance investit dans les technologies vertes et durables et donne des conseils en la matière, tandis que le Centre d'innovation bioindustrielle est l'incubateur qui offre des installations pilotes pour les technologies vertes durables. Nous sommes situés à Sarnia. Je collabore étroitement avec les universités de l'Ontario, surtout celle de l'Ouest de la province.
Notre principal objectif est de faire de Sarnia un modèle de grappe. Nous contribuons à l'expertise pétrolière dans la région et la collectivité agricole du comté de Lambton et des comtés environnants de la région. Le CIB et la SCA sont des centres d’excellence financés par le CRSNG et les centres d’excellence du Canada.
En ce qui concerne la Sustainable Chemistry Alliance, nous avons prévu investir cinq millions de dollars dans les jeunes entreprises. Ce sont des entreprises qui entrent en quelque sorte dans une vallée de la mort. Nous investissons dans des entreprises et des projets, du projet pilote à la démonstration. Nous pourrions investir jusqu’à un demi-million de dollars dans un projet. Nous nous sommes retrouvés avec 12 projets d’investissement. Pour les deux ou trois premiers, nous venons de terminer les démarches sur le plan juridique. Pour d’autres investissements, nous avons pu avoir plus de 100 millions de dollars. L’un de nos récents investissements concerne BioAmber, qui construira des installations à pleine échelle à Sarnia. Cela créera 40 emplois à temps plein et environ 150 emplois dans le secteur de la construction au cours de la prochaine année et demie. Les investissements que nous avons faits ont permis de créer plus de 200 emplois.
Nous avons ramené deux entreprises au Canada: Ecosynthetix, qui utilise des produits à base de maïs pour le couchage du papier et qui vend son produit à de grandes usines de pâtes et papiers; et BioAmber, qui produit de l’acide succinique. Une bonne partie des recherches ont été financées à l’extérieur du Canada, par le USDA ou le département américain de l’Énergie, et maintenant, ces entreprises sont de retour au pays avec le Canada comme siège et avec de premières possibilités commerciales qui s’ouvrent à elles.
La première usine de biotechnologie est quelque chose que nous examinons. Nous examinons la façon de commercialiser ce que nous avons à l’échelle locale et de faire avancer certaines de ces technologies. Comment ramenons-nous des technologies au Canada?
Le secteur de la bioindustrie, c’est vraiment les biomatériaux, les produits chimiques d’origine biologique, les produits chimiques hybrides, la production et le traitement de la biomasse et les nouvelles cultures pour une autre utilisation, comme le panic raide, le miscanthus commun et la caméline.
Je devrais expliquer le terme « chimie hybride ». Il se trouve à Sarnia une solide industrie des dérivés du pétrole, et à mesure que les industries des bioproduits se développent, nous voyons s'établir un partenariat entre ces deux secteurs afin de concevoir de nouveaux produits, croisement des bioproduits et des dérivés du pétrole, afin de créer ce que nous appelons un produit chimique hybride. Je vous donnerai en exemple la mousse de Woodbridge, composée à environ 20 p. 100 de soya et à 80 p. 100 de pétrole. Cette mousse hybride se retrouve dans presque tous les sièges de voiture fabriqués aujourd'hui dans le monde.
En quoi nos activités profitent-elles à l'agriculture? La biomasse constitue une nouvelle source de revenus pour un certain nombre d'agriculteurs, au moment même où nous nous employons à exploiter ce débouché commercial. De nouvelles cultures, comme le triticale, la cameline, le sorgho, le miscanthus et le panic dressé, font l'objet de recherches pour pouvoir les cultiver un jour. En outre, le fait que nous proposions de nouveaux produits, comme la canne de maïs ou la paille de blé, permet aux agriculteurs d'en profiter en les vendant et en en tirant une valeur constante ou supérieure. Il est à espérer que le développement de ces cultures permettra de créer de nouveaux emplois en région rurale.
Pour répondre aux questions que j'ai sur ce que devrait faire Agriculture et Agroalimentaire Canada, particulièrement en ce qui concerne Cultivons l'avenir 2, il y a des programmes d'investissement. Je crois qu'un grand nombre de programmes, comme Agri-débouchés, que nous avions dans le cadre de Cultivons l'avenir 1, méritent qu'on s'y attardent et en prenne de la graine. Il s'agissait selon moi d'excellents programmes, qui n'ont toutefois pas été pleinement exploités. Peut-être qu'en leur accordant plus d'indépendance et de souplesse, nous pourrions les rendre plus productifs dans l'avenir. Je prends notre exemple de contribution de cinq millions de dollars qui a encouragé des investissements de plus de 100 millions de dollars pour illustrer comment on peut utiliser le financement en toute indépendance.
Pour ce qui est de la R-D spécialisée, elle peut s'effectuer avec l'apport des agriculteurs et de l'industrie dans les projets. Il me semble que les intervenants précédents ont parlé de la question du temps, un aspect dont nous devons tenir compte, car nous disposons maintenant de moins de temps pour bien des mécanismes de financement, et nous devons y penser. En Europe, la plupart des pays ont maintenant des plans allant jusqu'en 2025 ou 2030 dans le cadre de leurs programmes, qu'ils ne modifient pas. Ils peuvent les adapter au fil des ans, en fonction des leçons tirées de l'expérience, mais ils ont établi des plans pour les 20 ou 30 prochaines années afin de déterminer comment ils souhaitent développer leur secteur agricole. Pour notre part, nous tendons à prévoir les choses pour deux ou quatre ans. Nous devrions regarder à plus long terme.
Les programmes bioindustriels prendront de l'importance dans l'avenir en appuyant les idées novatrices du secteur des produits agricoles. Apparaîtront régulièrement de nouveaux biomatériaux, de nouvelles sortes de plastique et des produits chimiques d'origine biologique, et si ce n'est pas au Canada que cela se passe, ce sera ailleurs.
Il est crucial d'attirer les entreprises au Canada. Nous n'inventons pas tout ici; nous devons donc nous tourner vers l'extérieur pour voir ce que nous pourrions attirer chez nous. Il y a eu par exemple les projets de BioAmber et d'Ecosynthetix. En outre, je me suis rendu récemment en Afrique du Sud, où nous avons signé un protocole d'entente avec une organisation locale qui investit dans de nouvelles entreprises du même secteur. Cette démarche ouvre la porte à une collaboration interentreprises entre l'Afrique du Sud et l'Amérique du Nord.
J'aurais de brèves observations à ajouter. Le cadre de réglementation est très important, mais sachez que je m'y intéresse depuis plus de 30 ans et que la question a toujours été au coeur des discussions. Je ferais simplement remarquer que nous disposons d'un des meilleurs régimes de réglementation du monde et qu'il nous suffirait d'apprendre à l'exploiter. Notre principal problème, c'est que nous ne l'utilisons pas correctement. Nous nous en servons essentiellement pour protéger la population canadienne en interdisant la commercialisation de nouveaux produits, alors que nous devrions le considérer comme un solide régime à vocation scientifique qui peut favoriser l'entrée de nouveaux produits sur le marché et offrir des avantages économiques aux entreprises et aux consommateurs canadiens. Les retombées se feraient sentir dans le secteur agricole et dans le reste de l'économie.
Le Canada a une occasion d'assumer un rôle de chef de file concernant les produits chimiques d'origine biologique et les biomatériaux dans les secteurs de l'agriculture et de la foresterie. Nous pouvons mettre au point de nouvelles cultures et trouver de nouvelles façons d'utiliser la biomasse grâce à des idées novatrices, mettre en place un régime de réglementation efficient, convivial et axé sur les sciences, et instaurer un programme pour attirer au Canada des sociétés agricoles et bioindustrielles dont nous avons besoin.
Montrons la voie dans ce secteur et envisageons des approches indépendantes afin de rendre certains de nos programmes plus efficaces.
Pour résumer, Cultivons l'avenir 2 nous donne l'occasion de faire le bilan de Cultivons l'avenir 1 afin d'évaluer ce qui a porté fruit et ce qui a fait chou blanc. Nous pouvons tirer des leçons de l'initiative et améliorer les concepts entre ces deux programmes, que ce soit pour continuer de soutenir les projets novateurs, apporter des changements à ceux qui ont connu un succès mitigé et/ou envisager une approche indépendante pour les programmes pour lesquels des décisions rapides s'imposent.
Certaines des initiatives appuyées par la recherche doivent être évaluées pour passer du développement à la commercialisation. Il faut leur offrir du soutien si elles ont progressé depuis Cultivons l'avenir 1. Après quoi, il conviendra de créer un régime de réglementation convivial ayant un mandat de développement économique.
Merci.
[Français]
Bonjour. C'est toujours un plaisir et un privilège de vous présenter nos idées.
[Traduction]
Le Conseil canadien de l'horticulture est l'association nationale qui représente les emballeurs, les producteurs et les entrepositaires de plus de 120 fruits et légumes frais cultivés. C'est un défi de taille, que nous relevons avec enthousiasme. Nous comptons parmi nos membres des associations nationales de production horticole représentant plus de 20 000 producteurs des quatre coins du pays, ainsi que des organisations de services connexes, des gouvernements provinciaux et des producteurs indépendants.
Je travaille au conseil depuis 1999. Avant d'y entrer, j'oeuvrais depuis 1978 au sein de l'association des producteurs de pommes de terre de l'Est du Canada. J'ai principalement travaillé avec des producteurs et des coopératives agricoles, m'occupant notamment des ventes et du marketing.
Comme je l'ai indiqué, l'horticulture est une production agricole fort diversifiée et l'une des plus importantes industries agoalimentaires du Canada. Par exemple, les Canadiens dépensent plus de 14 milliards de dollars par année en fruits et légumes dans les commerces de détail, ce qui constitue 25 p. 010 de toutes les ventes au détail.
Mais comment prendre de l'expansion? Comment maintenir ce marché et élargir la catégorie de produits? Ce sera certainement grâce à toute une gamme d'innovations.
Avec des rentrées d'argent de cinq milliards de dollars, l'horticulture constitue également un très important secteur de la production agricole. C'est une source de revenus substantiels pour les exploitations de la Colombie-Britannique et de l'Île-du-Prince-Édouard, en plus d'être à l'origine de plus de la moitié des recettes tirées de la culture à l'extérieur des Prairies.
Bien entendu, à l'instar de tous les secteurs, nous avons subi les effets de la mondialisation, de la perte de capacité scientifique, un aspect qui vous intéresse particulièrement dans le cadre de vos travaux, ainsi que d'autres facteurs.
Je traiterai surtout de l'amélioration de la diversité et de la sécurité alimentaire, du renforcement de la durabilité dans le secteur agricole et du développement de nouveaux marchés, en essayant autant que possible d'établir un lien avec l'innovation.
Quand il est question de la vente et de la consommation de fruits et légumes au Canada, sachez que trois dollars sur quatre dépensés à cet égard servent à l'achat de produits d'importation. Nous exportons énormément aux États-Unis et, comme vous vous en doutez bien, il est crucial que l'environnement réglementaire soit favorable.
Pour ce qui est de ces trois dollars sur quatre, il est évident que nous ne pourrons jamais cultiver certains produits, mais nous pourrions certainement essayer de remplacer certaines importations par des produits canadiens.
J'aime à penser que collectivement, nous avons été novateur au fil du temps, et nous avons certainement remporté un certain succès, comme le programme des travailleurs agricoles saisonniers, lancé il y a plus de 40 ans grâce aux efforts du Conseil canadien de l'horticulture et de ses membres. Le Conseil détient d'ailleurs l'original du protocole d'entente conclu entre le gouvernement du Canada.
Nous croyons que nos efforts ont joué un rôle déterminant dans l'établissement du Centre de lutte antiparasitaire d'AAC, dont vous avez beaucoup entendu parler au fil du temps et qui contribue à notre compétitivité. Chose certaine, les travaux que ce centre effectue en collaboration avec l'ARLA stimulent l'innovation au sein du secteur, qui en a bien besoin.
Au chapitre de la sécurité des aliments, le programme CanadaGAP, auquel nous avons accordé beaucoup d'efforts pendant plusieurs années et qui est destiné aux producteurs, aux emballeurs et aux entrepositaires, est le seul programme de sécurité des aliments au Canada qui s'inscrit dans l'initiative internationale de sécurité alimentaire. C'est un succès retentissant pour notre ministre, le ministère de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Mais comment améliorer la diversité et la sécurité des aliments? C'est grâce aux Canadiens et pour les Canadiens. C'est un objectif prioritaire que nous ne pouvons atteindre que par le dialogue, la compréhension, la collaboration et une bonne dose d'innovation.
Et de quoi avons-nous besoin? Il nous faut un financement adéquat pour la recherche en innovation. Les témoins précédents ont d'ailleurs abordé divers aspects de la question et formulé des observations fort pertinentes à ce sujet.
Nous devons prendre les mesures qui s'imposent pour élaborer et mettre en oeuvre des politiques et des programmes qui favorisent la rentabilité des producteurs. On peut, à ce chapitre, recourir à des moyens tant traditionnels que non traditionnels, que ce soit par l'innovation ou divers types de programmes de gestion du risque au sens très large. Nous devons établir un environnement réglementaire favorable.
Mais c'est à la ferme que tout commence; si l'exploitation est florissante, cette prospérité s'étendra ailleurs. La culture constante de produits de qualité nutritifs et sécuritaires, selon une méthode durable et concurrentielle, reposant notamment sur l'accès à des technologies nouvelles et novatrices en temps opportun et à des outils d'atténuation des risques offerts à prix raisonnable payé intégralement et rapidement, aura des avantages à long terme. Voilà la vraie recette de l'innovation et de la durabilité.
La recherche et l’innovation sont essentielles au maintien de notre compétitivité, et il ne fait aucun doute que l’annonce de l’initiative des grappes agro-scientifiques canadiennes a été reçue avec enthousiasme et le sentiment de voir s’ouvrir de nouvelles occasions pour le secteur de l’horticulture et, de fait, toute l’industrie agricole. Ce programme a été fort bien accueilli.
Son objectif était clairement énoncé: encourager les principales organisations agricoles à se mobiliser et à coordonner une masse critique de capacités scientifiques et techniques au sein de l’industrie, du gouvernement et du milieu universitaire pour créer, concevoir et mettre en oeuvre un programme national de sciences appliquées, des mesures de transfert de la technologie et des plans de commercialisation à l’appui de stratégies sectorielles.
En 2009, toujours en tenant compte du fait que nous disposons d’un large éventail de cultures et de besoins très diversifiés, nous avons cherché à rationaliser nos priorités et nos besoins en matière de recherche et d’innovation, ce qui nous a menés à retenir cinq secteurs thématiques: la santé et le bien-être, la sécurité et la qualité des aliments, la production et les systèmes afférents, le rendement environnemental du système horticole, qui englobe évidemment la lutte antiparasitaire, et la gestion et l’économie d’énergie. Le secteur serricole a certainement fait figure de chef de file à cet égard, notamment en gérant les coûts, mais également en s'employant à maintenir une production à l'année longue au Canada. Ainsi, je considère que toutes ces priorités cadrent magistralement avec celles du gouvernement du Canada.
Il s’est donc établi une grappe agro-scientifique en horticulture, laquelle permet à l’industrie et aux chercheurs de collaborer afin d’améliorer la rentabilité et la compétitivité en exploitant les ressources scientifiques et techniques pour appuyer des stratégies d’innovation. Cette grappe a donné à l’industrie une occasion de tirer parti collectivement du financement gouvernemental et de la recherche disponible afin de réagir de manière coordonnée à ses priorités.
Nous avons entendu des commentaires au sujet des processus d’approbation et de demande. Je dois bien admettre que s’il faut deux ans pour accéder aux fonds alors que le programme en dure cinq, tout bénéfique que soit le financement, le délai complique certainement un peu la donne, puisque la science n’est pas une entreprise à court terme.
L’innovation permet cependant de maintenir et de renforcer notre compétitivité, et la grappe pourrait produire des avantages et les synergies en améliorant la coordination.
Dans le document que nous vous avons remis, nous avons fait un résumé des projets en cours au sein de la grappe pour que vous puissiez les étudier à loisir. Certains sont certainement dignes d'intérêt, selon moi. L’un concerne notamment les petits fruits, en particulier les bleuets. Dans le cadre de ce projet, on collabore avec les fabricants de matériel afin de mieux utiliser la technologie dans les champs. On examine et applique des technologies de gestion de la protection des cultures dans les champs, utilisant notamment une série de capteurs et de caméras afin de différencier la bonne plante des mauvaises herbes afin d’appliquer le traitement en conséquence. C’est absolument fascinant, et nous aimerions beaucoup vous montrer de quoi il s’agit en vous présentant des vidéos. Les projets intéressants sont donc en cours.
Quant aux défis et aux occasions, bon nombre d’entre eux concernent la production. Or, nous ne pouvons ignorer le fait que c’est dans ce domaine que s’effectue une partie de la recherche fondamentale. Ce n’est pas ce qui se fait de plus populaire ou de plus glorieux, mais c’est là que tout commence. Sans un apport constant de produits de base de qualité supérieure, les transformateurs et les autres intervenants le long de la chaîne de production ne prospéreront pas non plus.
En ce qui concerne l’accès aux nouvelles variétés et la commercialisation de ces cultures, il s’agit ici encore d’une entreprise à long terme, qui est toutefois porteuse de croissance et d’innovation sur le marché.
Je voulais également effleurer la question des marchés nationaux et internationaux, et souligner l’énorme travail du Secrétariat de l’accès aux marchés à cet égard. Le ministre a assisté, cette semaine, à une séance au cours de laquelle le secrétariat a publié son premier rapport. Je crois qu'en faisant ressortir d'autres facettes que celles auxquelles nous nous intéressons, ce nouveau rapport aidera l'industrie à croître et à se distinguer.
Je m’en tiendrai peut-être là. Je sais que vous avez des questions, et je pourrais aborder d’autres sujets.
Les outils antiparasitaires sont essentiels. Je sais qu'on vous l'a souvent dit, mais encore une fois, la recherche joue un rôle important dans ce secteur. L'un des principaux problèmes auxquels nous sommes confrontés et dont nous nous occupons au sein du regroupement, c'est le taupin. C'est un énorme problème pour l'industrie de la pomme de terre au pays, notamment dans les provinces de l'Est. C'est si sérieux, qu'un groupe de travail, sous la présidence du ministre de l'Agriculture de l'Île-du-Prince-Édouard, étudie la question. Les pertes financières sont assez importantes. Ce parasite affecte également les récoltes de carottes, et beaucoup d'autres récoltes ont été abandonnées à cause de lui.
Je vais m'arrêter ici.
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Certainement. Encore une fois, notre mémoire aborde plusieurs de ces projets.
Une des difficultés que nous avions avec le regroupement scientifique — il était quand même question de 120 cultures différentes —, c'était d'établir les priorités. Nous avions déjà une certaine expérience à ce chapitre grâce à notre programme de salubrité alimentaire dans les regroupements de culture. On avait alors établi les priorités en fonction des risques. Nous avions les pommes de terre, une culture racine, les légumes-feuilles, les petites fruits et les fruits de verger. Toutes ces cultures présentaient un certain risque. Nous avons suivi ce modèle, car il nous avait été très utile. Nos membres étaient à l'aise avec celui-ci et ils étaient déjà habitués à collaborer. Nous avons travaillé ensemble afin de définir les priorités à l'intérieur de ces regroupements de cultures. Une fois les priorités établies, des projets ont été proposés, dont certains ont été approuvés.
Deux projets sont en cours en ce qui a trait aux fruits de verger. Le premier porte sur les techniques avancées d'entreposage et de manipulation après récolte pour les pommes du Canada. Vous trouverez dans le mémoire les détails et les objectifs du projet. Les choses progressent bien. L'autre projet — qui servira de plateforme pour la culture d'une multitude d'autres produits — vise à définir les marqueurs génétiques afin d'améliorer la sélection des pommes au pays. Avec ce projet, on cherche à jeter les bases d'un programme à grande échelle de sélection des pommes à l'aide de marqueurs en recueillant des données génomiques sur plus de 1 000 cultivars de pommes différents. Nous aurons ainsi une gamme de produits nous permettant de réagir rapidement aux changements du marché, que ce soit en raison des dommages causés par un ravageur ou de la demande de la clientèle, et d'offrir une variété de pommes différente.
J'ai parlé de l'état d'avancement du projet sur les bleuets. C'est un projet très intéressant qui attire beaucoup l'attention. Nous avons aussi quelques projets très importants sur l'eau et son rôle dans la salubrité des aliments. Il y a des lacunes sur le plan des données scientifiques nécessaires pour soutenir ces programmes. Il est clair que nous voulons continuer à mettre l'accent sur la salubrité des aliments en misant uniquement sur les données scientifiques. Il y a des lacunes universelles à ce chapitre en ce qui concerne l'eau.
Ce sont des projets intéressants.
Nous avons aussi des projets sur les pommes de terre, dont un sur le mildiou et le taupin, comme je l'ai mentionné. Ces projets sont intéressants en raison de l'expertise canadienne en la matière. Le chef de file dans le dossier du taupin, c'est le ministère de l'Agriculture. Ce que je veux dire, c'est que nous avons besoin des installations et des scientifiques du ministère. Nous sommes inquiets de voir leur accès restreint. Nous avons entendu parlé plus tôt de la perte de moyens. Que peut-on faire pour attirer de nouveaux scientifiques? Nous avons vraiment besoin du ministère et de son expertise.
Ce ne sont là que quelques exemples. Je pourrais en parler davantage, mais je vais m'arrêter ici.
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Eh bien, je crois que...
Nous utilisons beaucoup les actions accréditives. Je siège au conseil de BIOTECanada. Nous sommes d'avis que ces actions seraient aussi avantageuses pour le secteur des sciences de la vie qu'elles l'ont été pour le secteur pétrolier et gazier.
Je travaille en étroite collaboration avec les gens de Guelph — Gord Surgeoner siège à mon conseil, et je siège également au conseil de Bioenterprise. Nous discutons beaucoup de ce qui nous manque. Comme vous le savez probablement, nous tentons, avec un certain succès, de mettre sur pied un fonds de capital-risque pour l'agriculture par l'entremise de Bioentreprise. Personne ne nous claque la porte au nez; les gens nous écoutent. On verra où cela nous mènera.
Mais, ça, c'est un fonds dans le secteur privé. Une autre chose qui manque, ou qu'il serait bien d'avoir, c'est des prêts garantis. Lorsque nous discutons avec des représentants d'entreprises américaines de produits chimiques d'origine biologique afin de les convaincre de déménager leur entreprise au Canada, ils nous disent que, chez eux, ils peuvent facilement obtenir un prêt garanti de 50 millions et plus du gouvernement fédéral et avoir accès à des fonds de l'État. Je ne crois pas qu'il nous soit nécessaire d'offrir des garanties aussi élevées.
Avant de s'installer à Sarnia, l'entreprise BioAmber a étudié 99 autres emplacements possibles, tous aux États-Unis. Quatre ou cinq étaient très intéressants, mais l'entreprise a finalement arrêté son choix sur Sarnia.
Au cours des six ou huit derniers mois, nous avons aidé l'entreprise à obtenir environ 35 millions de dollars auprès des gouvernements fédéral et provincial. BioAmber a choisi de venir au Canada, car il était plus pratique et plus économique pour elle de s'installer à Sarnia plutôt qu'au milieu des champs de maïs de l'Iowa. C'est une entreprise de produits chimiques d'origine biologique.