Pendant la première heure, nous allons entendre les témoins par vidéoconférence. Nous recevons aujourd'hui M. Joe Sardinha et M. Glen Lucas, de la British Columbia Fruit Growers' Association et, de Winnipeg, au Manitoba, M. Michael Trevan, doyen, et Mme Karin Wittenberg de l'Université du Manitoba.
Merci beaucoup à tous d'être ici.
Je crois que vous connaissez le sujet de nos discussions d'aujourd'hui, et j'aimerais que vous ne vous en écartiez pas.
J'ai hâte d'entendre vos témoignages.
Monsieur Sardinha, monsieur Lucas, lequel d'entre vous deux va commencer? D'une façon ou d'une autre, vous avez en tout, tous les deux, dix minutes.
Allez-y, s'il vous plaît.
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Merci beaucoup de m'avoir donné cette occasion. Le miracle de la technologie moderne nous permet de participer à ces consultations, auxquelles j'aurais aimé participer en personne, mais, malheureusement, je suis encore occupé par la cueillette de mes pommes, ici, en Colombie-Britannique. Elle se fait un peu tard, cette année, et c'est pourquoi j'ai dû rester à la ferme.
En ce qui concerne la science et l'innovation, je crois qu'un bon choix d'investissement dans la recherche permettra aux exploitations agricoles d'innover, ce qui donnera naissance à un secteur agricole plus compétitif, mais surtout, plus rentable. Nous devons y arriver. Nous prévoyons également que les outils de gestion du risque que nous avons en main aujourd'hui et que nous mettons au point pour l'avenir seront moins en demande si nous réalisons les recherches fondamentales nécessaires pour l'ensemble de l'industrie.
La recherche est un élément essentiel du progrès constant de la qualité et de la productivité du secteur agricole. Elle est particulièrement importante pour le Canada, un pays exportateur qui dispose d'énormes ressources agricoles. Le Canada a un intérêt dans l'accroissement de la productivité agricole, et la recherche en est un élément clé.
La sécurité alimentaire n'est peut-être pas un problème, au Canada, mais il le sera si l'approvisionnement alimentaire faiblit. Le Canada cherche davantage à régler la question de l'augmentation du prix des aliments que celle du manque de nourriture. Par rapport au secteur agricole canadien, où la recherche de productivité n'est pas aussi ferme que dans d'autres administrations concurrentes, nous savons que d'autres régions du monde connaissent des rendements supérieurs à ceux du Canada, et nous devons poursuivre dans la voie de la recherche et de l'innovation pour maintenir notre compétitivité dans ce domaine.
La valeur des inventions canadiennes peut également à elle seule compenser les investissements dans l'augmentation de la productivité. Cela est particulièrement important dans l'industrie des fruits de verger, pour la création de diverses variétés ou pour les programmes de sélection végétale dont nous disposons aujourd'hui. C'est la clé de l'innovation dans le secteur des fruits de verger.
J'aimerais parler d'une question dont nous avons déjà traité ici. Il s'agit de savoir quels sont les intérêts des producteurs agricoles, en particulier les producteurs de fruits de verger, pour ce qui est de la recherche? Les producteurs s'intéressent surtout à l'amélioration des pratiques horticoles, par exemple des systèmes d'irrigation plus efficients, des méthodes d'élagage, de taille, de cueillette, de classification et d'entreposage des produits plus efficientes, grâce à l'automatisation et à la technologie informatique. Comme je l'ai déjà dit, il est absolument essentiel de produire de nouvelles variétés adaptées à notre climat nordique et aussi d'adopter des méthodes de lutte antiparasitaire meilleures pour l'environnement en s'inspirant de la réussite des méthodes de gestion intégrées et régionales de lutte antiparasitaire, qui permettent aux producteurs de faire face aux enjeux liés aux ravageurs et aux maladies qui se présentent aujourd'hui et à ceux qui se présenteront demain. Nous sommes un pays importateur, et il nous semble que de nouveaux insectes et de nouvelles souches de maladies aboutissent sans cesse sur nos côtes.
Quelle est la réalité? Nous avons vu avec l'exemple de Cultivons l'avenir 1 que la mise en oeuvre de programmes de recherche visant les produits horticoles canadiens de grande valeur doit être améliorée, de façon à assurer notre compétitivité et à produire de la valeur pour les Canadiens.
La décision de créer des grappes nationales en recherche scientifique était bien intentionnée, mais sa mise en oeuvre laissait à désirer. Le lancement s'est fait plus tard que prévu, et les critères d'admissibilité des projets de recherche ont été modifiés jusqu'à la dernière minute.
Le Conseil canadien de l'horticulture a assumé le rôle d'administrateur de la grappe des produits horticoles comestibles, et a fait un travail remarquable en composant avec les nombreux changements apportés à l'initiative des sciences depuis sa création. Sous la direction du CCH, l'industrie pomicole du Canada, dont je suis un intervenant important, a investi beaucoup d'énergie pour traduire les priorités provinciales au chapitre de la recherche en priorités nationales. L'industrie a ensuite proposé trois des projets qu'elle considérait comme les plus importants, tout comme l'ont fait les représentants d'autres secteurs de production du CCH. Nous avons présenté nos demandes à temps, mais les lignes directrices ont été modifiées après la date d'échéance, et deux des trois propositions de l'industrie ont été refusées car elles supposaient la participation d'employés fédéraux des centres de recherche d'AAC — certains des critères qui n'avaient pas été formulés lorsque l'industrie a commencé à définir ses priorités au chapitre de la recherche.
Ce processus a vraiment miné la confiance de l'industrie à l'égard des investissements en temps et en énergie, puisque les projets ont été refusés pour des motifs que nous jugeons inédits et illogiques.
Après ce désastre, le CCH a appris, cet été, qu'il restait des fonds non affectés supplémentaires destinés à la grappe agroscientifique. Tout le monde s'est bousculé pour présenter à la dernière minute des propositions de projet, dans le court délai imparti, afin de profiter de ce financement supplémentaire dont personne ne connaissait l'existence avant l'annonce du gouvernement. L'industrie pomicole a présenté une nouvelle proposition de projet, mais le tout s'est fait de manière très ponctuelle, et nous n'avons pas suivi le processus d'établissement des priorités comme nous l'avions fait au moment de définir nos trois projets précédents.
Est-ce que c'était le meilleur projet vu nos maigres ressources? Peut-être pas, mais il a à coup sûr révélé quelques-unes des lacunes du processus de financement, et tous les changements qui ont marqué l'initiative des grappes ont évidemment suscité beaucoup de confusion.
Si les associations agricoles sont prêtes à faire leur part et à investir dans la recherche, il est peut-être temps que les programmes gouvernementaux soient dès le départ plus transparents, et il est certain que l'initiative des grappes scientifiques aurait pu être plus transparente et que le programme aurait pu être mieux conçu, car nous avons vu de bien trop nombreux changements tout au long de la mise en oeuvre de ce programme. Il faut réduire la bureaucratie de manière à ne pas faire dérailler les efforts de l'industrie, laquelle veut miser sur la recherche, qui, c'est ma conviction, finira par rehausser la compétitivité et la rentabilité du secteur agricole.
Nous avons formulé des recommandations pour Cultivons l'avenir 2, et j'aimerais les soumettre à votre comité. Le gouvernement a mis l'accent sur la recherche dans d'autres domaines de l'agriculture et de la transformation, aux dépens de la recherche sur les pratiques horticoles, qu'on qualifie souvent de production primaire. Nous recommandons que le niveau de financement pour la recherche et les pratiques horticoles soit le même que pour les autres besoins en recherche.
Le gouvernement a laissé vacants des postes clés en recherche, lorsque le titulaire a pris sa retraite ou que sa retraite est imminente. Pendant une série de consultations, il y a quelques années, cette question était prioritaire, pourtant, aucune stratégie n'a été proposée, et l'érosion de notre capacité scientifique se poursuit.
En ce qui concerne les fruits de verger, nous recommandons d'embaucher un scientifique spécialisé en mauvaises herbes, un physiologue spécialiste des fruits après la récolte ainsi qu'un phytogénéticien, pour remplacer les scientifiques du Centre de recherches agroalimentaires du Pacifique, à Summerland, qui viennent de prendre leur retraite ou qui vont bientôt le faire.
Nous recommandons le rétablissement de comités consultatifs des stations de recherche, formés de producteurs proposés par les associations provinciales de producteurs, et que ces comités puissent participer réellement à la planification des activités, y compris à la planification de la relève des chercheurs, et que des ressources adéquates et équilibrées soient affectées aux chercheurs principaux et au personnel technique de façon à garantir la parité des recherches dans le domaine horticole et dans les autres domaines.
Pour terminer, nous recommandons que le gouvernement fédéral prenne des mesures incitatives pour favoriser la consolidation de la recherche. Nous croyons qu'il est possible d'adopter dans toutes les stations de recherche du Canada une approche plus ciblée en matière de recherche. Nous recommandons que la Direction générale de la recherche d'Agriculture Canada prenne des mesures plus strictes pour regrouper de nouveau les activités de recherche; nous n'aurons peut-être pas un modèle selon lequel toutes les stations du Canada font des recherches horticoles, mais nous pourrons avoir ce qui sera à mon avis des centres d'excellence en recherche appliquée qui s'occuperont de tout ce qui concerne les produits horticoles, les semences, les céréales et les oléagineux, de même que des animaux et du bétail — ce seront des activités plus ciblées et beaucoup plus efficientes, et nous pourrons nommer des experts compétents à ces postes.
J'aimerais vous remercier de l'occasion que vous m'avez donnée de présenter mon exposé. J'ai essayé de faire vite; si vous avez des questions, ce sera pour moi un plaisir d'y répondre.
Merci.
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Merci beaucoup, mesdames et messieurs.
Je crois que nous allons présenter un point de vue universitaire, qui couvre une vaste gamme d'activités, et nous voulons parler de divers sujets qui sont plutôt généraux que spécifiques.
Une des choses qui nous préoccupent, en tant qu'universitaires, c'est la possibilité de réagir aux perceptions du public au sujet de l'agriculture. Ne pas pouvoir utiliser certaines innovations technologiques parce que la société s'y oppose, c'est pire que de ne pas en avoir du tout. Les sondages ont révélé que la plupart des consommateurs nord-américains, par exemple, prennent leurs décisions d'achat en fonction du goût, du caractère abordable et de la valeur nutritive. Mais leur perception de l'agriculture n'a-t-elle pas été trop déformée par les messages négatifs que font circuler divers groupements minoritaires? Nous croyons qu'à ce chapitre, AAC avec l'aide des universitaires et d'autres tierces parties, pourrait jouer un rôle en entamant un dialogue avec le public canadien au sujet du rôle du Canada et de sa capacité de contribuer à la sécurité nutritive mondiale. Je crois que, sans cela, il sera difficile de mettre en place une bonne partie des innovations qui verront bientôt le jour et qui, à notre avis, vont aider le secteur agricole canadien à s'adapter à un avenir incertain.
Laissez-moi seulement vous donner un exemple. On nous dit constamment que le climat est en train de changer, et c'est peut-être bien vrai. Si le climat change, nous ne savons pas précisément quelle en sera l'incidence sur la météo locale d'une région ou d'une autre du Canada. Nous avons besoin d'une stratégie pour nous assurer des récoltes; nous avons besoin de mettre au point des produits résistant au sel, à la sécheresse, à la chaleur, à l'humidité et au froid. Nous devons prévoir toutes les éventualités, mais si, au bout du compte, le public juge qu'il ne faut pas manger des produits génétiquement modifiés, nous ne pourrons pas utiliser les technologies que nous avons mises au point pour nous adapter à la situation. Et c'est une situation qui s'est produite, bien sûr, en Europe.
Nous devons trouver un moyen de réussir... et d'assurer une meilleure collaboration entre les universités, pour commencer, et avec AAC, les organismes provinciaux et l'industrie. Nous travaillons principalement à l'heure actuelle avec les provinces, puisque c'est ainsi que le financement est distribué, au Canada, mais ce n'est pas nécessairement très utile, puisque nous nous occupons d'une région géographique continue, les Prairies. Nous devons donc trouver le moyen de conclure des protocoles d'entente avec tous les intervenants d'une région géographique pour savoir ce qu'il faut mettre en chantier. Sans cela, nous ne serons pas en mesure de créer des produits innovateurs pertinents, que nous pouvons proposer à l'industrie agricole, puisqu'il faut les mettre au point avec son aide.
Je vais vous donner un exemple. Nous avons un troupeau de bovins à Brandon, au Manitoba. Nous aurions pu au cours des dernières années collaborer bien davantage au chapitre de la recherche et du développement, mais il est trop difficile de conclure des ententes et d'avoir accès aux installations ou aux animaux d'Agriculture Canada.
Un autre exemple très concret, c'est qu'il est extrêmement difficile d'accrocher un tracteur universitaire à une remorque de la DGSA, à cause des questions d'assurance. Donc, nous avons certes besoin d'innovations, mais pas seulement dans le domaine des sciences; il en faut aussi dans la façon dont nous faisons les choses actuellement.
L'agriculture est une industrie complexe. Elle a des répercussions sur la société, sur l'économie et sur la santé de l'environnement. Des enjeux complexes exigent des solutions complexes, et ces solutions complexes exigent l'adoption d'approches multidisciplinaires dans toutes les institutions, et un appui à long terme, non pas seulement à court terme. Les modèles qui permettent de relever les enjeux auxquels fait face l'agriculture nous semblent précieux, et nous croyons qu'il faut mieux les soutenir, si nous voulons que ces innovations multidisciplinaires voient le jour grâce à la coordination des projets et des activités.
Un des aspects auxquels il faudra nous attacher, dans ce domaine, serait donc peut-être d'exiger davantage de collaboration interprovinciale dans le cadre de Cultivons l'avenir 2.
Je vais laisser ma collègue, Mme Wittenberg, poursuivre l'exposé. Elle parlera en particulier des activités que nous menons et qui sont, à notre avis, importantes pour l'innovation et pour l'avenir de l'agriculture au Canada.
L'Université du Manitoba investit stratégiquement dans six secteurs clés de la recherche et du développement. Et je crois qu'il est possible d'harmoniser les activités d'Agriculture et Agroalimentaire Canada au Manitoba dans plusieurs secteurs de façon à mettre en place un leadership national dans le domaine de la formation des étudiants, de la recherche, du transfert de technologie, de la mise en marché et de la sensibilisation. Je veux dire par là non pas que les deux parties doivent s'engager dans toutes les activités, mais que, de concert, elles peuvent soutenir cet ensemble.
Il serait également possible que ces domaines contribuent à l'élaboration de stratégies de gestion du risque à l'échelle provinciale ou régionale, ou même, dans certains cas, à l'échelle nationale, pour composer avec l'évolution de l'environnement dans lequel nos producteurs et nos transformateurs exercent leurs activités, qu'il s'agisse de la transformation des marchés, de l'évolution des attentes sociétales ou, encore une fois, des changements climatiques.
Au Manitoba, nous avons beaucoup investi dans les domaines du bétail et de l'environnement, et le Manitoba est le chef de file pour ce qui concerne par exemple les émissions de gaz à effet de serre, la gestion des nutriments, la salubrité des aliments et la gestion de l'eau pour les systèmes de production intégrée pour le bétail et les grandes cultures. Nous sommes également assez avancés, ici, dans le domaine des aliments fonctionnels et nutraceutiques, de la santé des cultures et des végétaux et nous faisons des progrès dans le domaine de l'entomologie, qui est à notre avis très important, vu les changements de comportement dans notre environnement, les changements climatiques et météorologiques prévus et, enfin, dans la création d'un secteur des sous-produits durables.
Le cinquième domaine est lié à un phénomène que nous observons sur notre campus et dans plusieurs autres universités du Canada. Les universités sont de plus en plus engagées dans un dialogue avec les collectivités éloignées et les collectivités autochtones. C'est pour Agriculture et Agroalimentaire Canada une occasion unique de créer des liens avec des entités comme Affaires autochtones, ou avec un ministère provincial compétent, et avec nos universités à vocation agricole, et d'entamer des discussions touchant la sécurité nutritive ou, si vous préférez, pour élaborer une stratégie sur la nutrition pour un virage santé dans les collectivités éloignées et les collectivités autochtones du Canada.
Voilà les recommandations que nous aimerions soumettre au comité.
Pour commencer, pour en revenir à l'initiative des grappes scientifiques, je crois que c'était une idée fantastique qui a réellement permis à l'industrie de diriger le travail — de déterminer et de cerner les priorités, d'élaborer des propositions de projet, puis d'utiliser la part de 75 p. 100 du financement du gouvernement. C'était une initiative fantastique. Mais, au bout du compte, comme c'était nouveau pour tout le monde, on n'avait pas réfléchi au programme dans son ensemble, et on n'a pas arrêté de modifier les buts et les jalons. C'était frustrant, pour l'industrie. Du jour au lendemain, nous ne savions plus où nous en étions. Heureusement, au fil du temps, nous avons réussi à mettre des projets en oeuvre, et nous comptons sur le financement généreux du gouvernement fédéral.
En ce qui concerne la station de recherche de Summerland, nous avons constaté des lacunes. Il n'y a pas de chercheur en pathologie depuis maintenant deux ou trois ans, depuis que M. Peter Sholberg a pris sa retraite. Nous avons travaillé avec Frank Kappel, du programme de sélection des cerises. Il a un dossier extraordinaire à son actif. Il vient de prendre sa retraite. Il n'y a donc plus de spécialiste de la sélection des cerises à Summerland. Je dois rappeler aux membres du comité que Summerland est un centre de sélection des cerises de renommée mondiale. Environ 80 p. 100 des nouvelles variétés de cerises du monde entier ont été produites à Summerland. C'est grâce à lui que le programme canadien de sélection végétale a acquis un si grand prestige.
Nous avons aujourd'hui une spécialiste de la sélection des végétaux, mais sa spécialité, c'est les pommes. Nous aimerions que quelqu'un vienne travailler et s'occuper des cerises, en raison de notre bonne réputation.
D'autres personnes vont bientôt prendre leur retraite. Nous devons conserver la capacité de nos installations de recherche. L'horticulture ne semble pas très importante dans le programme agricole canadien. Nous n'exportons pas autant que les autres secteurs, comme les céréales et les oléagineux, ou encore le boeuf et le porc. Mais l'horticulture, c'est important. Et nous devons conserver notre position de chef de file de la recherche au Canada. C'est pourquoi nous sommes très préoccupés par le rythme de remplacement très lent des titulaires de ces postes importants, qui s'occupent des priorités de l'industrie.
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Personnellement, je crois que c'est un peu des deux.
L'Okanagan Plant Improvement Corporation est une filiale à 100 p. 100 de la BC Fruit Growers' Association. Il est évident que son travail consiste à commercialiser les nouvelles variétés. Elle n'a jamais eu le mandat d'en créer. Au fil du temps, nous avons établi d'excellentes relations avec Agriculture et Agroalimentaire Canada, à Summerland, et avec les phytogénéticiens qui y travaillaient. Comme vous le savez, l'Okanagan Plant Improvement Corporation s'occupe de la mise en marché de toutes les nouvelles variétés mises au point à la station de Summerland.
Au fil du temps, naturellement, la PICO a présenté, par le truchement du programme de Développement de produits agricoles innovateurs (DPAI), une demande de financement importante, comme vous l'avez mentionné — 2,3 millions de dollars. Cet argent va vraiment générer des bénéfices partout au Canada, en raison de la capacité de production du programme de sélection de Summerland. La PICO va par la suite proposer les nouvelles variétés de plantes et les nouveaux cultivars aux producteurs de toutes les régions du Canada, et ces derniers pourront les mettre à l'essai dans leur climat particulier, pour savoir s'ils sont viables et s'il est possible d'en faire la culture. Une bonne partie de cet argent est consacré à des essais de plantation à durée limitée, dans toutes les provinces, et offre à l'industrie du Québec, de la Nouvelle-Écosse, de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick, par exemple, la possibilité de faire les premiers essais. Le financement provient de ce programme de DPAI, que la PICO utilise également.
Il y a toujours un lien très serré et une très bonne relation entre les employés d'AAC et la PICO. En ce qui concerne la mise en marché, la PICO partage les redevances avec AAC, ce qui couvre une partie des coûts de la phytogénétique. C'est une situation où tout le monde trouve son compte. Je crois que la collaboration a vraiment porté fruit. Et je ne verrais certainement pas d'un bon oeil que l'on transfère toutes ces activités à l'industrie, car il n'y a pas de meilleur exemple de collaboration — et nous parlons vraiment de collaboration — que la collaboration entre l'industrie et des chercheurs qui sont, essentiellement, des employés d'AAC.
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Merci. Il y a deux points que j'aimerais souligner.
Premièrement, j'ai parlé de stratégies qui permettent à diverses entités de travailler de concert, dans le cadre d'un ensemble. L'avantage, c'est que les gens qui se trouvent en première ligne, ceux qui font la recherche, ont plus de facilité à savoir quels besoins ont été cernés, à la fin du processus, par les producteurs, les transformateurs ou les autres membres de l'industrie. Nous avons parfois perdu de vue ce tableau d'ensemble. Nous avons peut-être bien fait du côté de la recherche, mais elle n'allait pas dans la direction que nous devons prendre. C'est l'un des deux points que je voulais souligner.
Le second point, c'est que nous avons peut-être au Canada un peu de difficulté au chapitre de la gestion des droits de propriété intellectuelle — c'est une façon de le dire. En conséquence, nous voyons parfois des cas où des gens cherchent à contourner cet écueil, car il faut énormément d'énergie humaine pour aller jusqu'à l'étape de la commercialisation. Je crois que ce cas s'est probablement déjà présenté au ministère, et nous en avons été témoins dans les milieux universitaires. Ce qui a bien marché, en souplesse, c'est plutôt dans le domaine de la mise au point de variétés ou dans les programmes de phytogénétique. Je crois que cela fonctionne bien. Dans certains cas, cela se passe également bien et la PI pourra passer directement à un système de transformation. Il y a d'autres exemples, de nouveaux outils pour les évaluations environnementales, ou d'autres cas, encore, ou les progrès ne sont pas aussi aisés. C'est une des choses que je voulais vous dire.
Dans le domaine de l'agriculture, les problèmes que nous devons relever ne concernent pas tout simplement la recherche de produits que nous pouvons breveter et commercialiser, pour assurer notre réussite. Il y a aussi des pratiques et des procédés qui sont très importants pour nos exploitants agricoles et pour nos transformateurs primaires et secondaires, et nous n'avons pas nécessairement à leur faire traverser tout ce processus. Ce dont ces gens ont besoin, c'est de pouvoir proposer de nouveaux outils qui leur permettront de réagir aux changements du marché ou encore aux changements environnementaux dès qu'ils se produisent. Dans une certaine mesure, ce que nous voudrions, c'est de pouvoir faire évoluer les pratiques et les procédés exemplaires, par exemple les technologies de traitement écologique, sans nécessairement avoir à breveter et à protéger un produit, mais plutôt de manière à permettre à l'industrie de s'en inspirer et de les utiliser le plus rapidement possible. C'est là que nous rencontrons certains obstacles.
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Les retombées positives sont nombreuses. Ce qui est clair, c'est que les cinq groupes de produits agricoles se sont réunis pour examiner les priorités provinciales de chacun des groupes, qu'ils ont évalué les priorités au chapitre de la recherche et qu'ils ont ensuite cherché à définir les priorités nationales. C'est pour cela que l'exercice a vraiment débouché sur un consensus et a permis à chacun des groupes d'accomplir de l'excellent travail. À partir de là, bien sûr, on a pu proposer quelques formidables projets afin de pouvoir profiter d'un financement assez généreux du gouvernement fédéral, à mes yeux, et d'un financement de 25 p. 100 de l'industrie. Dans certains cas, il est difficile pour l'industrie de fournir même une telle part, mais nous considérons que c'est un assez bon pourcentage du financement, car il a permis de stimuler la mise en oeuvre de recherches dont nous avions grand besoin dans ces domaines prioritaires.
La principale retombée négative est probablement la suivante. Nous avons entendu dire, dans d'autres grappes horticoles, que les centres de recherche d'AAC allaient être mis à contribution. Quand est venu le tour de la grappe des produits horticoles comestibles, nous avons appris, à la toute dernière minute, qu'aucun centre de recherches ou employé d'AAC n'avait la permission de participer à un projet ou un autre du CCH, ce que nous ne savions pas. Le sentiment de frustration vient de là. C'est quand les choses ne sont pas claires dès le départ.
Cela a donné beaucoup de maux de tête aux intervenants de l'industrie, mais aussi à ceux de notre association nationale, le Conseil canadien de l'horticulture, qui a remué ciel et terre afin que les choses fonctionnent pour son groupe de produits agricoles. Je crois que le CCH a fait un travail formidable, ce qui ne veut pas dire que le personnel d'AAC n'a pas fait preuve de souplesse en essayant de nous accommoder.
Je crois que l'initiative était trop nouvelle — c'était une nouvelle orientation —, et qu'on n'a peut-être pas eu le temps de régler tous les problèmes d'une manière convenable.
Pour la suite des choses, je dirais que, si le gouvernement fédéral voulait, disons, reprendre cette initiative, en profitant des leçons apprises, ce serait une magnifique occasion. De plus, dans le cadre de l'initiative nationale des grappes de recherche scientifiques, nous mettons à contribution davantage d'intervenants des milieux universitaires ou des chercheurs provinciaux, et les projets de collaboration sont donc beaucoup plus larges.
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Merci de cette question.
Il est évident que nous avons besoin d'un pathologiste à Summerland, surtout que le Centre de recherches agroalimentaires de Summerland met beaucoup l'accent sur l'horticulture.
La vallée de l'Okanagan est reconnue pour ses arbres fruitiers, mais aussi pour ses vignes. Elle s'est taillé une assez bonne réputation dans ces domaines, et il est certain que l'industrie de cette région a besoin de pathologistes.
Je me demande cependant combien de temps nous pourrons tenir sans chercheur, parce que je me souviens du travail parfois si important que faisait le chercheur qui a pris sa retraite.
J'aimerais proposer, si nous avons de la difficulté à attirer des candidats des universités canadiennes, pour combler ce poste, que nous jetions un oeil du côté des universités étrangères. Les autres pays possèdent une formidable expertise, et, dans bien des cas, les experts viennent de pays où ils ont appris l'anglais. Ce sont des spécialistes déjà formés, prêts à faire des recherches.
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Merci, monsieur le président.
Je crois que mes questions s'adressent plutôt à Michael et à Karen, à Winnipeg, mais Joe et Glen peuvent eux aussi intervenir.
J'ai en fait deux questions.
Cette semaine, le groupe d'experts du gouvernement sur le soutien fédéral de la recherche-développement a signalé que les dépenses des entreprises canadiennes en R-D diminuent chaque année depuis 2006, en valeur réelle comme en pourcentage du PIB. Le groupe d'experts a aussi souligné que le taux de 1 p. 100 du PIB qui correspond aux dépenses des entreprises canadiennes dans la recherche et le développement est bien inférieur à la moyenne des autres pays de l'OCDE, qui est de 1,6 p. 100.
Ma première question est la suivante: êtes-vous d'accord avec cette évaluation et pensez-vous qu'il est temps maintenant de combler la différence?
Ma seconde question concerne la commercialisation. Je suis originaire de Guelph. L'innovation dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation est très forte, à Guelph, que ce soit à l'université ou dans les grappes qui évoluent autour d'elle. On n'arrête pas de me dire, par exemple Dave Smardon, de Bioenterprise, ou des représentants d'autres organismes, entre autres un nouveau centre d'innovations qui vient de s'installer à Guelph, qu'il faut aider les innovateurs à commercialiser leurs produits — autrement dit, à mettre leurs idées sur le marché...
Je me demandais si vous croyez qu'il y un problème et si vous en connaissez la solution — par exemple, les actions accréditives ou les autres crédits d'impôt pour stimuler cette industrie.
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Je vais parler de la commercialisation. Je vais vous donner un exemple de commercialisation qui, à mon avis, n'a pas été reconnu.
Nous comptons dans la province une usine de traitement du bioéthanol. Elle s'est acquis une très bonne réputation en raison de la qualité de la drêche sèche de distillerie qu'elle produisait, grâce à la collaboration avec des spécialistes de la nutrition des animaux de l'Université du Manitoba, qui ont montré aux responsables de l'usine comment les pratiques de transformation pouvaient influer sur la qualité de la drêche sèche de distillerie et comment cette drêche variait, d'un cycle à un autre. Les responsables de l'usine, sachant comment résoudre leur problème, les ont écoutés et ont produit une drêche sèche de distillerie de première qualité pour l'industrie des aliments pour animaux.
Est-ce que nous considérons que c'est une réussite sur le plan de la commercialisation? Selon les critères habituels, non, car il n'y a pas eu de produit qui a été commercialisé et qui est en vente; pourtant, cette usine de transformation et les producteurs qui achetaient ce produit ont tous les deux gagné quelque chose. Voilà un des points que je voulais souligner.
En ce qui concerne les investissements, le Manitoba est peut-être un modèle par rapport à ce que nous avons observé ailleurs au Canada. Il n'y a peut-être pas beaucoup de sièges sociaux, au Manitoba, et les sièges sociaux ont tendance à prendre les décisions en matière d'investissement. C'est un peu le même scénario, à l'échelle du Canada, et cela m'inquiète, parce que les entreprises prospères sont souvent achetées par des multinationales, et les décisions qui concernent les réinvestissements et les investissements dans la recherche ne sont pas souvent favorables aux activités de l'entreprise au Canada.
Je crois donc que vous avez soulevé un très bon point. Mais je ne sais pas vraiment comment renverser la tendance. Je suis sûre que le système des crédits d'impôt fait partie de la solution, mais les petites entreprises — du moins ce que je connais d'expérience au sujet des petites entreprises et de Revenu Canada — ont de la difficulté à savoir où se trouvent ces programment et comment en profiter, et également avec les tâches administratives que cela suppose.
Je crois que vous avez soulevé un très bon point. Il existe déjà probablement des solutions.
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Merci beaucoup. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de comparaître devant le comité.
J'étais à Ottawa, un peu plus tôt cette semaine, pour une réunion qui portait sur l'avenir des animaux d'élevage et des besoins alimentaires au Canada et à l'étranger; j'ai donc eu le plaisir de m'attarder afin de pouvoir venir ici en personne. C'est agréable de vous rencontrer.
Je voulais pour commencer discuter de ce qui représente pour moi les principaux problèmes du secteur agricole canadien et à partir de là, parler de certaines des meilleures solutions qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada peut offrir, à mon avis.
Personne ne peut contester que l'un des principaux enjeux, pour l'agriculture du Canada, mais également pour l'agriculture mondiale, concerne la sécurité alimentaire dans l'avenir. Vous pouvez donner la définition que vous voulez à la sécurité alimentaire, mais, fondamentalement, il s'agit de l'accès matériel et économique à des aliments salubres et nutritifs: il faut répondre aux besoins alimentaires, respecter les préférences alimentaires et en fournir suffisamment pour que les gens puissent mener une vie active et saine. Nous devons envisager la question de la sécurité alimentaire en tenant compte de ce que l'on sait au sujet de la croissance de la population mondiale. Nous allons atteindre le chiffre de sept milliards de personnes ce mois-ci. Nous devrions atteindre le chiffre de neuf milliards de personnes d'ici 2040 ou 2050. Et les diverses projections vont bien au-delà de ces chiffres dans les années suivantes. Nous devons être capables de nourrir toutes ces personnes, mais également notre propre population, et en fait, selon les estimations, nous devons augmenter la production d'aliments d'au moins 70 p. 100 de plus que la production actuelle — il faudra produire 170 p. 100 plus d'aliments dans 40 ans qu'aujourd'hui. C'est énorme. C'est terrifiant. En augmentant la superficie des terres arables, on ne pourra obtenir au plus qu'une augmentation de 10 p. 100 de la production alimentaire. Il n'existe tout simplement pas suffisamment de terres arables dans le monde pour y arriver.
Nous sommes aujourd'hui sept milliards de personnes, et on sait que 1,3 milliard d'entre elles souffrent de malnutrition grave ou de famine; une proportion raisonnable de ces personnes se retrouve dans nos collectivités, comme je l'ai déjà mentionné, dans nos collectivités éloignées, nordiques, dans les centres-villes et à proximité. Donc, quand nous parlons de sécurité alimentaire, nous parlons d'une chose qui est importante pour nous-mêmes, également, et c'est pourquoi il est vraiment, mais vraiment essentiel de s'attaquer à ce type d'enjeux.
Et en plus d'avoir à produire 170 p. 100 plus de nourriture, nous devrons le faire en gérant mieux l'environnement, car nous n'avons pas vraiment un dossier reluisant à ce chapitre à l'heure actuelle. Cela veut dire que nous devons être plus intelligents sur le plan de l'écologie. Nous devons adopter davantage de pratiques vertes et durables. Nous ne devons pas utiliser les produits renouvelables seulement pour produire de la nourriture. Nous devons en tirer des aliments pour animaux, des fibres, de l'énergie, des plastiques, un peu de tout, des produits nutraceutiques et cosméceutiques — j'ai toujours de la difficulté à prononcer ce mot. Nous devons penser au fait que tout ce que nous produisons doit provenir de ressources renouvelables, dans un monde où les ressources en eau sont devenues incroyablement limitées, et nous devons éviter également de créer des problèmes de pollution supplémentaires.
Comment allons-nous faire? Encore une fois, les problèmes semblent presque terrifiants. C'est pour nous un impératif moral de nourrir la population mondiale et de mieux nous occuper de notre environnement. C'est pour nous un impératif moral de mieux nous occuper de la population du Canada. Un impératif moral, c'est une chose; cela sonne bien. Mais en pratique, il est clair que l'insécurité alimentaire — un accès insuffisant à une bonne alimentation et à une eau propre — est une cause incontestable des troubles sociaux et de l'instabilité générale. C'est probablement un des principaux facteurs qui ont amené le peuple égyptien à envahir les rues, et cela va bien au-delà de cela.
Il y a donc des motifs éthiques et des motifs politiques, mais si nous voulons vraiment être absolument pragmatiques, il y un troisième motif qui doit nous pousser à étudier la question. Si nous pouvons produire beaucoup plus que maintenant, nous allons donner à nos producteurs et à notre pays la possibilité de faire d'énormes profits, grâce à des exportations déjà fort lucratives de produits agricoles et des produits de la R-D. Il y a donc des raisons très bien tranchées pour lesquelles nous devons aller de l'avant.
Nous devons faire face à un grand problème, celui de la sécurité ou de l'insécurité alimentaire, mais aussi à un deuxième, qui s'y ajoute, et je parle des changements climatiques.
Selon les estimations, dans le monde, le climat va changer. La plupart des gens sont d'accord sur ce fait, et la plupart des travaux scientifiques rigoureux le confirment, mais il n'est pas nécessaire d'y croire, il n'y a qu'à voir les tempêtes, les pluies, la sécheresse, au Texas, où cela fait des mois qu'il n'a pas plu, tous les changements dans le monde pour comprendre qu'il faut que nous soyons capables de nous adapter aux énormes variations dans l'environnement, dont on tire notre nourriture et dans lequel nous faisons de l'agriculture.
Je crois qu'il vous suffit de regarder ce qui se passe en Arctique pour comprendre que quelque chose a vraiment changé, et nous devons être prêts à y faire face. Mais d'un autre côté, si nous adaptons nos pratiques et nos produits à une grande diversité de climats, nous allons non seulement répondre à nos besoins immédiats, ici même au pays, mais, encore une fois, ce climat existe également ailleurs dans le monde, et nous pouvons vendre notre expertise. N'est-ce pas? C'est quelque chose que nous pouvons exporter, et, en faisant cela, nous changeons les choses.
Encore une fois, la question de l'eau représente un obstacle. La biodiversité, c'est quelque chose que nous devons protéger.
La troisième chose dont je voulais parler un peu, ce sont les politiques. On ne peut pas vraiment douter du fait qu'un des principaux problèmes des agriculteurs du Canada concerne les politiques et les règlements en matière d'agriculture et les aspects de l'innovation scientifique. Dans la plupart des déclarations récentes du gouvernement fédéral qui concernent la science et l'innovation, le mot « agriculture » est absent. Nous parlons de science et d'innovation, nous parlons aussi à l'occasion de commercialisation, ou encore d'environnement, mais on ne prononce pas le mot « agriculture ». Et si vous n'intégrez pas le mot « agriculture » à cet édifice, vous dites en fait que l'agriculture, dans sa forme actuelle, qui a puisé dans la science si puissante pour au bout du compte l'appliquer, qu'elle n'est pas importante. Le Canada ne peut pas affirmer devant le monde entier qu'il défend et soutient la science et l'innovation dans le domaine agricole, pour l'avenir. Nous parlons bien des sciences et de l'innovation, mais l'agriculture est laissée dans l'ombre. Je crois que c'est un signal important, et nous ne voulons pas l'appuyer, en ce qui me concerne, du moins, et je suis partiale. Il y a beaucoup d'autres enjeux stratégiques, mais je vous ai exposé les enjeux fondamentaux.
L'autre chose dont je voulais vraiment vous parler en détail, c'est qu'il faut des gens très qualifiés. Un personnel hautement qualifié, c'est d'une importance vitale. Nous devons former des gens pour qu'ils puissent aller dans l'industrie, aller dans les exploitations agricoles, aller dans les entreprises, et venir dans nos établissements d'enseignement.
Alors, qu'est-ce qu'Agriculture Canada devrait faire à ce sujet? Agriculture Canada devrait se concentrer sur les recherches à long terme qui coûtent cher et qui sont lentes, parce que ni les universités, ni l'industrie ne peuvent vraiment mener de telles recherches efficacement. Il y a les aspects liés à la sélection des animaux et des végétaux... il faut étudier les nouvelles espèces, qui serviront dans de nouveaux environnements ou des environnements hostiles. Il y a aussi ce qu'on appelle l'analyse du cycle de vie. Il y a également ce qu'on appelle la nutrigénomique — l'étude de la nutrition et de ses effets sur le fonctionnement de nos gènes.
Agriculture Canada pourrait également participer à des projets de collaboration en R-D et à la formation de personnel hautement qualifié. Il faut bien sûr mettre à profit les leçons tirées des projets de la grappe. Nous devons collaborer de diverses façons et éliminer les obstacles, comme d'autres personnes l'ont déjà dit.
Ensuite, Agriculture Canada doit monter dans l'arène et promouvoir les politiques et les règlements qui peuvent soutenir les pratiques souhaitables pour l'industrie: la réglementation du commerce; des normes de pratique favorables à la durabilité et à la santé, que l'on parle de la santé humaine ou de la santé de l'écosystème; la salubrité des aliments et la sécurité des gens.
Merci.
Malgré les difficultés auxquelles elle a fait face au cours des huit dernières années, l'industrie du boeuf demeure l'une des industries qui génère les plus importantes recettes à la production au Canada. En 2010, les recettes des bovins et des veaux ont atteint, au Canada, plus de 6 milliards de dollars, tandis que la production de boeuf représentait 24,6 milliards de dollars. À cet égard, la Colombie-Britannique comptait pour environ 4,5 p. 100 du troupeau canadien.
Il est très important que nous reconnaissions l'apport économique de l'industrie bovine, mais nous devons aussi tenir compte de l'apport des producteurs qui sont les intendants de la terre. En Colombie-Britannique, environ 85 p. 100 des terres agricoles disponibles, qui couvrent environ 25 millions d'hectares, sont utilisées à des fins de production bovine. La société dépend d'un environnement propre et d'une eau pure. À titre d'intendants des terres à long terme, nos producteurs doivent continuer d'assumer cette responsabilité.
On doit aussi mettre l'accent sur les différences régionales. Nous savons et nous comprenons que Cultivons l'avenir 2 est un programme fédéral qui suppose un partenariat avec les provinces et les territoires, mais il faut bien comprendre qu'un programme uniformisé ne peut pas fonctionner en raison des écarts entre les régions. Par exemple, l'élevage de bétail en Colombie-Britannique présente des défis et des avantages uniques qui le distinguent de l'élevage dans les Prairies. Les programmes doivent être suffisamment souples pour que les provinces et les territoires puissent les adapter et pour combler les écarts.
Nous avons formulé certaines demandes pour l'accord Cultivons l'avenir 2, et je vais vous parler de certains éléments qui devraient, à notre avis, être pris en considération en ce qui concerne l'investissement du programme en matière d'environnement, de santé animale et de salubrité des aliments à la ferme. Il serait important, pour le nouvel accord Cultivons l'avenir, de faire des recherches et d'élaborer des programmes visant à protéger la santé du troupeau canadien, de même que des programmes de salubrité des aliments à la ferme et des mesures d'amélioration et de protection de l'environnement. Toutefois, la recherche en soi n'est pas suffisante. Il faut aussi qu'il soit possible de mettre en oeuvre les programmes de façon rentable.
Les agriculteurs et les éleveurs ont la responsabilité de protéger une grande part des terres du Canada. Il faut donc prévoir des ressources pour des programmes de conservation et des outils de gestion, de façon à ce que les éleveurs soient mieux en mesure de continuer à maintenir et à améliorer les écosystèmes des pâturages, de même que la biodiversité, la conservation et l'habitat de la faune. Le grand public exige de plus en plus une production alimentaire durable sur le plan environnemental, et il va de soi qu'il incombe en grande partie au producteur de répondre à cette exigence. Cependant, le grand public doit être prêt à rémunérer les producteurs pour les pertes financières causées par la faune.
Les mesures qui incitent à de saines pratiques de gestion doivent être récompensées, et non assujetties à l'impôt. À l'heure actuelle, la Colombie-Britannique impose une taxe sur les émissions carboniques, mais elle est la seule province à le faire, et elle n'a aucune mesure d'incitation concernant la séquestration du carbone. Quand des taxes sont imposées dans une province et ne le sont pas dans les autres, cela entraîne des écarts sur le plan des coûts de production, ce qui nuit à la concurrence. Nous sommes fermement convaincus que c'est dans ce contexte que la recherche et les programmes concernant les initiatives liées au carbone doivent être envisagés, et ce, en collaboration à l'échelle nationale, à mesure que l'on progresse.
Les pratiques en vigueur au Canada en matière de bien-être des animaux, de salubrité des aliments à la ferme, de propreté de l'eau et d'environnement sont des atouts négociables sur le plan commercial et, si l'on veut pouvoir s'en servir sur les marchés national et étranger, il faut y consacrer suffisamment de ressources.
L'accès aux fonds doit demeurer simple. À l'heure actuelle, les programmes de Cultivons l'avenir sont souvent si restrictifs qu'ils ne peuvent être utilisés de façon efficiente ou constructive. Il faut réduire la paperasserie et laisser plus de place au bon sens.
Il faut prévoir un financement pluriannuel des projets et des programmes. Quand des délais budgétaires sont imposés, les projets ne sont pas aussi rentables pour l'industrie. On ne peut pas compromettre la valeur d'un projet à cause d'un délai à respecter qui vienne nuire aux résultats du projet. Il faut qu'un financement pluriannuel soit accessible, surtout pour la recherche et pour les initiatives Agri-flexibilité.
En ce qui concerne la recherche et l'amélioration de la réglementation, de même que le développement des marchés, il y a trois points que nous aimerions mentionner.
D'abord, le financement de la recherche doit être inclus dans la prochaine initiative Cultivons l'avenir. Une étude nationale des prélèvements menée en mars 2010 a révélé que chaque dollar investi dans la recherche rapporte 46 $. Bon nombre des critères actuels de Cultivons l'avenir rendent obligatoires des délais de production de rapports, ce qui fait porter l'accent sur la recherche, plutôt que sur le travail le plus important dans le cadre du projet. Une plus grande flexibilité pourrait permettre à la recherche de se faire de façon intégrée.
La réglementation est un aspect essentiel de notre industrie pour garantir la sécurité et les possibilités de commercialisation de nos produits, mais elle doit être mise en place de façon prudente et consciencieuse. Nous avons vu, par le passé, que le fait de créer et d'appliquer des règlements plus stricts que dans d'autres administrations vient nuire à notre compétitivité. Pour être concurrentiels sur le plan national et international, nous devons être prudents et éviter de nous retrouver dans une position où la réglementation viendrait limiter notre compétitivité. Il est plus facile de créer un règlement que d'en modifier ou d'en éliminer un, et c'est pourquoi l'adoption de tout règlement doit se faire en fonction de résultats scientifiques et du bon sens.
Le développement des marchés, sur la scène tant nationale qu'internationale, exige de la collaboration, de la coopération et de la coordination. Le gouvernement doit continuer de jouer un rôle dynamique dans la création de marchés, et il doit faire preuve de diligence de façon à négocier un accès important à ces marchés tout en limitant le plus possible les restrictions et les règlements et en s'assurant que ceux-ci s'appuient sur des fondements scientifiques, et non politiques. Une fois que l'industrie obtient l'accès à un marché, elle peut essayer d'agrandir celui-ci, mais, bien souvent, elle est entravé par des ressources limitées. Le commerce au Canada et transfrontalier est essentiel à la viabilité à long terme de l'industrie bovine au Canada. Si l'on reconnaît que l'industrie bovine contribue grandement à l'économie canadienne, il est dans l'intérêt supérieur du gouvernement de continuer d'investir dans l'avenir de l'industrie.
En résumé, si l'on se demande quelle forme devrait prendre le prochain accord Cultivons l'avenir, on ne peut que conclure qu'il faut absolument se préoccuper de l'augmentation de l'importance de la production alimentaire au cours des décennies à venir. Avec l'augmentation de la population mondiale, la demande alimentaire deviendra plus forte pour un petit nombre de nations qui seront en mesure de produire plus qu'elles ne consomment.
Le Canada doit conserver sa position enviable de nation produisant plus de nourriture qu'elle n'en consomme. Plus la population mondiale augmentera, plus les nations qui se trouvent dans cette situation seront rares. C'est pour cela, et seulement pour cela, que l'agriculture deviendra l'une des ressources les plus recherchées du monde, ce qui en fera un moteur économique encore plus puissant pour le Canada. Si les agriculteurs et les éleveurs canadiens n'atteignent pas la rentabilité, de plus en plus de terres agricoles deviendront la propriété d'investisseurs étrangers.
Les programmes conçus dans le cadre de l'initiative Cultivons l'avenir doivent favoriser la stabilité pour les personnes qui produisent la nourriture. Nous vous demandons avec insistance de faire preuve de bon sens dans l'élaboration du programme national, de réduire la paperasserie et la réglementation, et d'avoir une vision claire de la position que souhaite occuper le Canada à titre de fournisseur de produits alimentaires partout dans le monde.
Le gouvernement ne peut pas élaborer ces programmes à lui seul. Il doit entretenir une relation ouverte avec l'industrie pour que celle-ci puisse formuler des commentaires pertinents qui mèneront à des mesures de la part du gouvernement.
Merci.
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Le Canada peut le faire. L'une des choses qui a bel et bien été dites, clairement, pendant la conférence à laquelle j'ai assisté, c'est que nous pourrions dès maintenant accroître la productivité et l'efficience de la production pour répondre aux besoins en alimentation. Ce que nous ne savons pas encore avec certitude, c'est s'il est possible de distribuer efficacement la nourriture et d'avoir toute l'incidence que nous devrions avoir.
À l'heure actuelle, l'efficacité n'est pas la même pour toutes les cultures et les produits. Prenons, par exemple, les cultures d'OGM qui résistent aux herbicides ou aux pesticides; nous constatons que nous pouvons produire davantage sur la même parcelle de terrain en utilisant moins de pesticides et d'herbicides grâce à la génétique. Toutes ces choses sont donc grandement interreliées.
L'autre aspect auquel nous devrions nous attarder, un aspect dont nous pourrions nous occuper, à AAC, et en collaboration avec le reste de la communauté de recherche, c'est la réduction des déchets. On estime qu'il y a, dans le meilleur des cas, 30 p. 100 des denrées alimentaires qui sont gaspillées, que ce soit par des pertes au moment de la récolte, pendant l'entreposage ou au moment de la transformation. Si nous pouvons réduire ces pertes imputables au gaspillage, nous accroîtrons automatiquement la quantité de denrées alimentaires disponibles. Nous aurons donc accru notre efficacité en ne faisant rien d'autre que de récolter, entreposer et transformer les aliments de façon plus efficace. Ce sont tous des éléments qui, si nous nous intéressons à eux, peuvent avoir une incidence importante.
L'autre aspect lié à l'efficacité qui mérite que nous soyons méticuleux concernant toute cette question est celui de la salubrité des aliments. Quand nous entreposons de la nourriture, nous ne faisons pas que l'entreposer et la conserver. Elle doit conserver ses qualités nutritives, et elle doit être saine et sûre. C'est un problème qui comporte des facettes multiples. Les grands esprits disent que nous pouvons y arriver si nous le voulons.
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À l'heure actuelle, il est très utile. Nous venons tout juste de mettre le programme en marche. De nombreux projets de recherche sont mis sur pied. Cependant, pour ce qui est de la commercialisation — et nous collaborons très étroitement avec le gouvernement de la Colombie-Britannique à ce sujet, notamment au sujet du commerce avec le marché asiatique — nous considérons la Colombie-Britannique comme une passerelle vers le Canada.
Compte tenu de la façon dont se fait la production bobine en Colombie-Britannique, je pense que nous faisons surtout de l'élevage de reproducteurs. Nous n'avons pas la capacité de produire suffisamment de grains dans le bon secteur pour nourrir nos bovins jusqu'au bout, ce qui fait qu'ils se retrouvent, au bout du compte, en Alberta ou aux États-Unis. Nous essayons de trouver des façons plus novatrices de les garder chez nous. Quand je dis chez nous, je parle du Canada. Nous n'aimons pas voir notre bovin être nourri aux États-Unis parce que l'une des principales choses que nous pouvons faire pour notre industrie et pour notre économie, c'est d'y ajouter de la valeur. Quand nous commençons à envoyer à l'étranger des produits bruts, quelle que soit leur destination — les États-Unis, des pays d'outre-mer ou l'Asie —, nous perdons la possibilité de fournir des emplois à notre population et de conserver, dans notre pays et dans nos provinces, une économie forte.
Je pense que les innovations comme le fonds de flexibilité en recherche et en commercialisation nous offrent de nombreuses possibilités à ce sujet, et nous en sommes bien contents.
Parmi les autres secteurs où le gouvernement fédéral a été vraiment utile, il y a... Nous avons connu quelques épidémies au cours des dernières années qui, au bout du compte, n'étaient pas des épidémies. Il y a eu l'anaplasmose et la brucellose. Dans le premier cas, nous avons eu quelques problèmes concernant l'enquête de l'ACIA. Mais grâce à la communication et grâce à l'aide de notre députée locale, , tout cela a finalement donné des résultats très positifs.
Par exemple, quand la brucellose a été détectée, puis qu'on a découvert que ce n'était pas, au bout du compte, la brucellose, notre attitude a un peu changé, et notre relation avec l'ACIA s'est améliorée.
Nous sommes maintenant aux prises avec la tuberculose en Colombie-Britannique, et cette fois, c'est bien vrai. Cependant, nos communications et notre capacité de collaborer avec l'ACIA sur le terrain ont été renforcées dans le cadre des deux événements précédents, et nous avons réussi à très bien réagir, et il s'agit donc là de certains des programmes qui nous aident véritablement à l'heure actuelle.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par Mary.
Mary, merci. Je suis heureux de vous voir de nouveau. Je vous remercie aussi de votre franchise quand vous parlez de l'obligation morale de tenir compte de l'environnement et de la sécurité des aliments. Nous négligeons ces aspects. Il y a 10 p. 100 de la population du Canada qui vit de l'insécurité alimentaire et qui vit dans la pauvreté, et nous ne semblons même pas vouloir intervenir à ce sujet.
Vous m'avez aussi entendu parler plus tôt de notre propre groupe d'experts sur le soutien fédéral de la recherche-développement, qui a constaté que nos dépenses en recherche et développement ont constamment diminué d'année en année depuis 2006, à tel point que nous consacrons seulement 1 p. 100 de notre PIB aux dépenses opérationnelles de recherche et développement, par rapport à 1,6 p. 100 en moyenne dans les 34 autres pays de l'OCDE.
Et les choses ne s'améliorent pas. Le CRSNG a retiré les aliments de qualité et les bioproduits novateurs de sa liste de domaines cibles pour les subventions stratégiques, et le Réseau de centres d'excellence n'a pas, comme vous le savez, reconduit son financement pour le Réseau des aliments et des matériaux d'avant-garde, que l'on appelle aussi l'AFMNet. Je suis sûr que vous connaissez Rickey Yada, à Guelph.
Cette tendance me semble incroyable si l'on pense que l'on doit accroître notre production alimentaire de 70 p. 100 au cours des 40 prochaines années si nous voulons nourrir la planète.
J'aimerais donc savoir si vous pouvez nous dire si nous allons dans la mauvaise direction. Devrait-on faire demi-tour? Que devrait-on faire, d'après vous, pour que l'agriculture et l'agroalimentaire redeviennent une priorité pour les organismes subventionnaires?
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Je comprends. La tendance, particulièrement dans le système de science et de technologie du CRSNG, est à la baisse. Les changements apportés au système du CRSNG sont, à n'en pas douter, un problème pour nous.
En ce qui concerne le secteur de la science et de la technologie d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, les projets sont de plus en plus ciblés. Il s'agit d'un choix fait par AAC, et cela ne nous déplaît pas nécessairement. Les problèmes que nous rencontrons lorsque nous travaillons avec AAC sont exactement ceux mentionnés par un certain nombre d'autres personnes, à savoir les formalités administratives de plus en plus nombreuses, les difficultés liées à la mise en oeuvre des programmes, les changements fréquents et rapides, et le manque de prévoyance.
Pour répondre directement à votre question, ce que j'aimerais encourager, particulièrement dans le cadre de Cultivons l'avenir 2, c'est qu'AAC continue d'élargir son bassin de chercheurs, ce qui a été entrepris avec Cultivons l'avenir 1. De plus, il ne faut pas éliminer le programme de grappes. Il est vrai que nous avons eu beaucoup de problèmes avec ce programme, mais il s'agissait de problèmes de mise en oeuvre qui ne concernaient pas le programme lui-même. Au cours des deux premières années, lorsque l'on mentionnait le programme de grappes, les gens réagissaient très mal, mais on a surmonté les problèmes et on constate maintenant comment ces collaborations fonctionnent bien. Les gens ne veulent plus voir ce programme prendre fin. C'est pourquoi l'abolition d'AFMNet a été aussi problématique. Ce programme fonctionnait.
Réglons les problèmes, mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Essayons de comprendre les problèmes, d'apprendre de nos erreurs, de prendre appui sur ce qui fonctionne et de maintenir le programme. Nous aimons beaucoup collaborer avec AAC en raison de ses liens stratégiques, de son intérêt pour la pratique et du pouvoir qu'il exerce sur les centres de recherche de tout le pays. Nous aimons travailler avec ses employés; ce sont de très bons partenaires.
Nous aimerions également qu'AAC joue un rôle plus direct dans la formation des diplômés et des techniciens, et réduise certaines des barrières, qui se dressent lorsque l'on veut entrer dans un immeuble d'Agriculture Canada pour collaborer avec ses représentants, comme les exigences élevées en matière de sécurité. Cela améliorerait beaucoup notre capacité de collaborer.
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En ce qui concerne les plantes et les animaux, nous devons littéralement produire des espèces qui sont tolérantes à la sécheresse et qui ont besoin de moins d'eau. Nous pouvons le faire, si on nous encourage. Nous devons également améliorer les pratiques que nous avons mises en place pour réduire les pertes d'eau. Nous devons examiner, à mon avis — et je ne suis probablement pas la bonne personne pour vous parler de cela —, les règlements concernant l'irrigation et le captage d'eau dans un grand nombre de nos aquifères. L'eau a toujours été gratuite, et nous ne reconnaissons pas sa vraie valeur.
Encore une fois, nous devons nous préoccuper de la reproduction non seulement des plantes et des animaux que nous utilisons actuellement, mais également des plantes et des animaux indigènes qui ont peut-être une plus grande capacité naturelle de se développer en l'absence d'une grande quantité d'eau afin que nous puissions en faire davantage avec des ressources en moins grande quantité.
L'autre question que vous avez posée concernait les flux de déchets. Chaque facteur compte. Nous devons effectuer des récoltes plus efficaces afin de ne pas subir de pertes pendant ce processus; nous devons nous assurer que ce que nous récoltons est utilisé de la manière la plus complète possible. Actuellement, nous utilisons les graines de canola pour produire de l'huile, et le reste de la plante sert à fabriquer de la farine de canola et à nourrir les animaux. De la même manière, il y a probablement d'autres plantes et d'autres choses que nous devrions utiliser de manière plus entière afin de tirer profit de leur valeur sans, je le répète, priver le sol de son fourrage grossier.
Il y a beaucoup d'exemples de choses que nous devons faire à cet égard. Nous devons traiter les aliments de manière très efficace non seulement en préservant leurs qualités nutritionnelles, mais également en garantissant qu'ils répondent aux besoins des consommateurs en ce qui concerne le goût.
Il faut se préoccuper du traitement, du stockage et de la récolte. Ce sont les trois domaines les plus évidents dans lesquels l'on peut réduire les déchets à la source.
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Vous êtes très perspicace, alors.
M. Pierre Lemieux: Peut-être.
M. Kevin Boon: Je ne me sens tout simplement pas à l'aise de me prononcer sur un programme auquel je ne participe pas activement.
Maintenant, en ce qui concerne la grappe scientifique, je devrais peut-être vous parler brièvement de mes antécédents. Je ne suis directeur général de la BC Cattlemen's Association que depuis deux ans. Avant cela, j'ai exploité un ranch en Alberta pendant 40 ans. J'ai joué un rôle mineur dans la mise en place de la grappe scientifique. Je n'ai pas participé aux projets entrepris dans le cadre de ce programme.
Il y a des représentants de notre province qui participent dans le cadre du Beef Cattle Research Council, et qui comprennent et savent ce qu'ils font. Comme nous sommes une grande industrie à l'échelle nationale, nous devons nous en remettre à eux et à l'organisation nationale. Cela dit, je sais très bien que si j'ai un problème avec l'un ou l'autre, je peux téléphoner aux personnes concernées, à Andrea ou à Reynold, et leur en parler; je sais qu'ils répondront franchement à toutes mes questions.
La recherche est un domaine — et en tant que producteur, je me considère comme profane en la matière — où souvent, il faut prendre du recul et ne pas trop intervenir parce que nous pourrions nuire aux résultats ou adopter une orientation qui n'est pas la bonne. La recherche doit être pure. Si nous souhaitons qu'elle produise les résultats voulus, nous devons limiter, le plus possible, les influences externes.
Je pense que quelqu'un y a fait allusion plus tôt en parlant des bailleurs de fonds. Parfois, il faut se préoccuper de la crédibilité. Souvent, si nous finançons un projet de recherche sur la salubrité des aliments, les consommateurs se diront: « Oh, ce sont les producteurs bovins qui l'ont fait. Qu'est-ce que ça donne? Ils ont des arrières-pensées. » Mais lorsqu'il y a une grappe et que tout le monde a un rôle à jouer, cela donne confiance aux gens. Cela rajoute de la crédibilité et favorise la responsabilisation. C'est quelque chose que j'encourage fortement.
L'autre avantage des grappes c'est qu'elles accroissent l'efficacité. Trop souvent, lorsque je siégeais à un comité, nous recevions les demandes de différents chercheurs qui essayaient tous d'accomplir la même chose. En regroupant tout le monde, nous pouvons garantir qu'il n'y a pas de dédoublement dans les recherches.
Ce qu'il faut savoir au sujet de la recherche, c'est que cette activité est englobante. Nous menons des travaux de recherche qui vont de l'étude de marché pour voir ce qui est plus accessible... Nous parlons de la proportion de nos déchets que nous envoyons en Colombie-Britannique ou au Canada et que — nous ne pouvons pas exporter vers certains de ces pays. Avant l'ESB, nous pouvions nous débarrasser d'une grande partie de nos abats, beaucoup de produits que nous considérons comme des déchets. Nous menons actuellement des travaux de recherche sur les basses-terres continentales pour voir si nous pouvons cibler les marchés asiatiques pour qu'ils utilisent un plus grand volume de ce produit.
Par ailleurs, on mène des travaux de recherche au sujet de la santé des animaux et des antibiotiques, de la résistance et de l'alimentation des animaux — en Europe, on érige des obstacles commerciaux à cause des facteurs de croissance. Nous savons que, avec les bons travaux de recherche scientifiques, nous pouvons démontrer hors de tout doute que cela ne pose aucun risque pour la santé. Toutefois, ces travaux scientifiques ne vont pas toujours aussi loin. Alors nous devons trouver des travaux de recherche qui détermineront ce que nous pouvons faire pour accroître notre productivité sans utiliser cela. Y a-t-il une façon naturelle de le faire et peut-on le faire par l'intermédiaire de la recherche sur la croissance des plantes?
Par le passé, notre centre de recherche à Kamloops était consacré à la recherche en zootechnie, mais, depuis, toute la recherche en zootechnie a été transférée à Lethbridge, et le gouvernement a centralisé les efforts. On fait maintenant de Kamloops un organe de recherche dans le domaine des pâturages. À mon avis, c'est une excellente décision. Les possibilités sont nombreuses à ce chapitre. Nous avons différentes évaluations qui nous permettent de tester différentes graminées. Nous pouvons observer les plantes envahissantes. Il y a tant de facteurs qui entrent en ligne de compte dans l'élevage d'un animal. Des soins des animaux — les bons outils de gestion, le bon équipement qui permet de le faire... Nous avons maintenant de l'équipement de surveillance et de soin qui, selon la recherche, permet de faire passer de façon efficace les bovins...
Qu'est-ce que la recherche? Temple Grandin en a fait couchée sur le dos au beau milieu d'un enclos à bestiaux, et c'était de la recherche. Elle a révolutionné notre façon d'élever des bovins en Amérique du Nord. Des systèmes ont été créés par la suite.
Mais nous en avons besoin pour continuer à répondre aux exigences de la société. La plupart des pratiques anciennes — lorsque nous faisions sortir les boeufs, que nous les laissions brouter, qu'ils engraissaient et que nous les abattions — ne sont plus acceptables aux yeux de la société. Et la population est en croissance. Pour réussir, nous devons avoir les innovations et la technologie au rendez-vous et pouvoir appuyer tout cela sur la science.
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Oui, et, à vrai dire, je vous demande pardon de ne pas m'être souvenu de celui-là; c'est l'un des plus récents lorsque vous parlez de la participation fédérale. Les étiquettes et la technologie sont d'énormes enjeux au chapitre de la traçabilité. Nous avons presque deux choses qui arrivent ici, dans le secteur de l'élevage bovin et l'industrie des productions animales au Canada, à savoir une demande accrue en matière de traçabilité, mais, en réalité, il est question de capacité de détection, d'une certaine façon. Il y a ce désir de connaître chaque endroit où a été vu l'animal, à chaque instant de sa vie. La technologie ne nous permet pas de faire cela.
Jusqu'à ce que nous puissions le faire, nous devons adopter l'approche fondée sur le bon sens pour aborder l'exercice. Certes, les étiquettes, à cause de notre environnement, posent certains problèmes — par exemple, le maintien en place: elles s'accrocheront après les ficelles autour des balles de foin si elles ne sont pas bien installées; elles s'accrocheront après les arbres. Nous devons comprendre que, tant et aussi longtemps que l'animal est à son lieu d'origine, tout va bien et il n'en a pas besoin. Nous devons faire confiance aux propriétaires et au fait qu'on mène des travaux de recherche. Le Canadian Cattle Identification Agency, dans le cadre d'un programme, fait des tests sur trois ans pour essayer d'accroître le maintien en place. Il y a également la lisibilité.
Je crois qu'une chose que j'aimerais faire valoir — et cela fait partie de ces travaux de recherche et développement —, c'est que nous obtiendrons de bien meilleurs résultats si nous arrivons à faire le lien avec une valeur sur le marché et dans notre chaîne de valeur. Nous pouvons utiliser cette petite étiquette maintenant et ce numéro d'IRF pour ajouter de la valeur, retracer certaines des données qui permettent de connaître les normes de vaccination, le fait qu'elles s'inscrivent dans un programme de validation des bovins, connaître le type d'alimentation de l'animal — est-il nourri à l'herbe, au grain, a-t-il consommé des hormones? Ces choses sont extrêmement importantes, et, si nous pouvons attribuer une valeur à cela, il n'y a plus lieu de se préoccuper du suivi de ces boeufs, car les grands éleveurs, les parcs d'engraissement et l'industrie de transformation le feront spontanément, parce qu'il y a de la valeur.