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Je commence la première partie de l'exposé.
La plupart des solutions pour faire face aux nombreuses réalités nouvelles reposent sur l'application de pratiques commerciales éprouvées et l'adoption d'une réflexion commerciale novatrice.
Le dictionnaire Merriam-Webster définit la gestion comme un « moyen judicieux pour arriver à une fin. » La gestion de l'entreprise agricole ne peut pas être prise à la légère. Loin de se définir par les activités quotidiennes, elle en est plutôt un élément essentiel. Le défaut de planification aboutit à l'échec. Les compétences accrues en gestion d'entreprise agricole renforcent la capacité de rechercher et d'évaluer les possibilités de marché et d'en profiter pour garantir la durabilité, la compétitivité et la rentabilité continues du secteur agricole.
Il n'est toutefois pas suffisant de disposer de faits et de chiffres. Il faut des mécanismes appropriés pour que les ressources soient significatives, mais surtout applicables. La communication efficace de pratiques commerciales éprouvées et les avantages tangibles qu'elles procurent motiveront l'autonomie des gestionnaires en leur permettant d'atteindre de nouveaux sommets.
Si seulement 20 p. 100 des producteurs canadiens ont rédigé un plan d'entreprise, 71 p. 100 d'entre eux l'ont utilisé pour obtenir du financement. Nous voyons ainsi l'avantage financier direct qui découle de la préparation et du suivi de plans d'entreprise formels. En fait, le problème ne vient probablement pas de l'information, mais plutôt de la façon dont elle est utilisée. La question n'est pas tant de savoir quels renseignements sont nécessaires, mais plutôt la façon dont nous les communiquons pour profiter au maximum de leur portée et de leur utilité. Il est essentiel d'avoir des mécanismes de collecte et de diffusion afin de faciliter une intervention efficace. C'est ce que nous appelons la gestion des connaissances et elle s'applique aux intervenants de tous les niveaux.
La diminution des services d'appoint formels témoigne d'une lacune dans la prestation de la formation qui a été comblée par l'industrie privée et les organismes à but non lucratif. Au cours des deux dernières années, nous avons vu le retour des bureaux gouvernementaux d'appoint. Nous espérons que les initiatives gouvernementales émergentes tiendront compte des mécanismes d'appoint actuels donnant la préférence à la collaboration et au partenariat plutôt qu'aux efforts isolés.
On dit souvent que les producteurs préfèrent le côté concret des choses. Les agriculteurs qui se sentent partie prenante sont plus enclins à jouer un rôle utile. Le transfert efficace des connaissances doit correspondre aux besoins d'apprentissage, aux préférences et aux pratiques uniques des agriculteurs et intervenants de l'industrie. L'information doit être transférée de façon à pouvoir être mise en pratique. Le transfert des connaissances doit être encouragé à tous les niveaux et parmi tous les intervenants afin d'avoir un effet multiplicateur sur l'intelligence collective de l'industrie et permettre ainsi à cette dernière de progresser. Le débat doit associer tous les intervenants. Le transfert des connaissances n'est pas unidirectionnel.
Les technologies en ligne sont un facilitateur essentiel pour accélérer le rythme de transfert des connaissances au sein de la pratique agricole et de la commercialisation. Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue les moyens d'apprentissage traditionnels. Les ateliers, conférences et autres formations individuelles, notamment les discussions autour d'une table, les cafés-restaurants et les occasions de réseauter et de bavarder font également partie de la culture du monde agricole.
Nous devons soutenir les agriculteurs dans leurs démarches tout en encourageant une mentalité de gestion d'entreprise permettant de trouver des sources d'expertise externes en fonction des besoins. Nous ne pouvons pas être tout à la fois.
L'évaluation du rendement est essentielle pour déterminer les entreprises rentables — et durables. Une ouverture aux leçons apprises et à la répétition des succès permettra d'obtenir des avantages exponentiels à mesure que les intervenants tirent parti de leurs succès réciproques et font progresser l'ensemble de l'industrie. Les efforts coordonnés encourageront l'efficacité et l'efficience en permettant aux intervenants de se comparer les uns les autres.
En résumé, les entreprises concurrentielles devront relever les défis que sont l'avalanche d'information, l'industrie déconnectée, la répétition des efforts, l'isolement par rapport à la gestion, la communication et les messages, les programmes disponibles et les critères d'admissibilité, et la mentalité de gestion des risques.
En élaborant Cultivons l'avenir 2, nous souhaitons que les intervenants, et notamment l'industrie et les organismes, aient la possibilité de faire partie intégrante de l'élaboration des politiques, aient accès en temps opportun au nouveau cadre afin d'adapter les pratiques et programmes, et qu'ils aient enfin l'occasion d'être intégrés aux programmes et aux initiatives en utilisant les organismes et entités établis en mesure d'accomplir le travail.
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Du côté des agriculteurs, nos recommandations particulières à l'égard des besoins des producteurs, afin que les entreprises soient concurrentielles, sont les suivantes.
D'abord, concernant la segmentation, on pense qu'il est important d'adopter l'approche « une place pour chacun » plutôt qu'un modèle avec lequel tout le monde doit cadrer. Il n'y a pas de place pour les plus petites ou grandes entreprises. Je pense que chaque entreprise a sa place en agriculture au Canada et que chacune doit tirer son épingle du jeu. Il faut que l'industrie dispose de la bonne collecte de données et qu'elle soit vraiment au courant de ce qui se passe sur le terrain. On a parfois l'impression que ce n'est pas tout à fait le cas.
Il faut que ça demeure simple. Comme on le sait, les agriculteurs sont des gens qui n'aiment pas beaucoup la paperasse. Il faut que ça devienne des programmes faciles à gérer, autant pour les gouvernements que pour les organisations. Bref, il faut garder ça simple et maintenir la paperasse au minimum.
Pour ce qui est de la motivation, il est important de développer et de promouvoir des mesures qui vont mener à des pratiques de gestion courantes sur les fermes. Comme on le sait, bâtir une culture de gestion est important. C'est ce qui va permettre aux entreprises de s'en sortir et de devenir concurrentielles à l'échelle mondiale.
Quant à la personnification, le transfert des connaissances, la traduction, la formation continue sont importants pour les agriculteurs, mais ne sont pas très disponibles présentement. Il est difficile pour les agriculteurs de s'absenter de la ferme pour aller suivre de la formation. Il faudrait mettre plus d'accent sur l'analyse comparative, la formation continue et le transfert des connaissances.
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Nous faisons les recommandations suivantes par rapport aux besoins que doit satisfaire l'industrie pour faciliter la compétitivité des entreprises.
Par rapport au message et à la promotion, nous devons soutenir la formation continue et l'apprentissage permanent, et contribuer à bâtir une culture d'entreprise. Nous devons aussi promouvoir la gestion d'entreprise en tant qu'investissement plutôt que coût, en tant qu'élément essentiel à la réussite individuelle et de l'industrie, et en fonction de la gestion des risques, du développement de l'entreprise et de la gestion de la production. À cet égard, nous devons redéfinir la gestion des risques en tenant compte du risque personnel, commercial, social et environnemental. Nous devrions aussi préciser la programmation de la gestion des risques de l'entreprise pour garantir les secours en cas de catastrophe et l'investissement. De plus, nous devrions promouvoir la ferme dans son ensemble et le coût de l'analyse de la production, et communiquer l'infrastructure et les parties associées, à savoir l'équipe.
Au sujet du consensus, la consultation et l'évaluation communes permettront de profiter de façon exponentielle de l'intelligence collective. Nous devrions établir un consensus sur les mesures du rendement et la segmentation de la coordination nationale.
À propos de connectivité et de collaboration, nous devons ouvrir les voies de communication entre le gouvernement, l'industrie et les organismes. Nous devrions collaborer aux programmes actuels, avec les organisations et les groupes de l'industrie et en faire la promotion, et mettre en valeur les forces, ressources, réussites et leçons apprises des uns et des autres. De plus, nous devons, pour la gestion d'entreprise agricole, établir et soutenir une table ronde nationale qui servira de tribune aux intervenants, et réexaminer les procédures et processus afin de simplifier la coordination nationale et de limiter les abus.
Par rapport à la durabilité, nous devrions intégrer la programmation dans les institutions actuelles et permettre l'interfinancement d'initiatives complémentaires en assouplissant les critères d'admissibilité. Nous devrions aussi soutenir les projets et la programmation à long terme, tels que les études longitudinales permettant d'évaluer le rendement et de reproduire les réussites. Nous devons définir un cycle de planification pour l'engagement et la consultation des intervenants, et appliquer les modèles de durabilité et la gestion du rendement aux projets et à l'exécution des programmes.
Au plan de l'efficacité des interventions, nous devrions définir et promouvoir des mécanismes permettant d'accéder en temps opportun à des renseignements pertinents ou un mécanisme de gestion des connaissances pour l'analyse de situation et l'intervention efficace.
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Merci, monsieur le président, et merci de m'avoir invité à témoigner.
Je représente par ailleurs toujours la Fédération biologique du Canada.
Pour vous donner tout d'abord un peu de contexte et même si le comité le sait déjà, le secteur alimentaire biologique au Canada présente actuellement les plus grandes possibilités de croissance en agriculture. La coopérative les Prés Bio est un pionnier et un chef de file de ce secteur, représentant plus de 100 fermes biologiques de taille moyenne, vendant des produits d'un océan à l'autre sous sa propre marque de commerce, et fournissant des ingrédients pour d'autres marques. Nous avons en outre une petite entreprise exportatrice.
En 2010, nous avons investi dans notre usine de transformation de Guelph, en Ontario, pour mieux servir notre marché intérieur. Avec plus de 20 ans d'expérience en coopération avec nos fermiers-propriétaires et en développement de la marque de commerce au niveau national, en innovant pour satisfaire une demande émergente des consommateurs, et en exploitant désormais une usine de transformation, nous sommes maintenant bien positionnés pour émettre des commentaires sur la proposition des politiques de Cultivons l'avenir 2 et nous nous félicitons de cette possibilité qui nous est offerte de le faire.
Les agriculteurs biologiques abordent le défi de la production dans une perspective radicalement différente de celle de leurs voisins. Mon expérience personnelle me permet d'en parler puisque j'ai entamé ma carrière d'agriculteur en utilisant la technologie qui était disponible en 1977 et que j'ai amorcé le virage biologique en 1983, lorsque ses méthodes de production en étaient encore à leurs balbutiements et le marché de ces produits confiné à la très petite niche des « aliments santé ».
Nous étions très peu organisés à l'époque, sans réglementation ni définition légale de « biologique », et des canaux de distribution tels que les Prés Bio n'existaient pas. Le lait biologique de ma ferme n'a pu être désigné et vendu comme tel avant 1995, quand nous avons finalement contourné les restrictions imposées par l'Agence de commercialisation du lait de l'Ontario et obtenu la permission de séparer le lait de six fermes biologiques, dont la mienne. C'était le début de l'industrie laitière biologique du Canada, dont les ventes annuelles sont aujourd'hui évaluées à près de 100 millions de dollars.
Pour pratiquement chaque produit, nous avons maintenant des organisations de marketing bien établies à travers le pays, cette industrie ayant désormais des ventes annuelles totales de plus de deux milliards de dollars. Nous avons une norme nationale, des ententes de commerce bilatéral avec les États-Unis et l'Union européenne, et notre propre grappe scientifique biologique pour la recherche en production.
Alors que les possibilités de commerce pour les agriculteurs biologiques se sont considérablement développées pendant 30 ans, l'approche sous-jacente de la pratique est demeurée constante. Les agriculteurs biologiques comptent encore sur les ressources de leurs propres fermes, visant à obtenir un écosystème durable et autosuffisant. La santé du sol est prédominante et elle est maintenue par l'utilisation complexe et diversifiée de rotations de cultures, de déjections animales compostées, de cultures de couverture enfouies pour enrichir la biologie du sol. Les agriculteurs biologiques gèrent les mauvaises herbes et les parasites sans produits chimiques. Ils évitent les thérapies antibiotiques et hormonales en élevage d'animaux, et mettent l'accent sur la prévention des maladies en optimisant le logement et la nutrition suivant la préférence naturelle de l'animal.
Les fermes biologiques tendent à être plus petites, à nécessiter une gestion et un travail du sol plus intensifs, et à être davantage liées au marché par le biais d'initiatives individuelles ou collectives comme les Prés Bio. Elles utilisent beaucoup moins d'énergie par unité de production que l'agriculture conventionnelle, surtout à cause de l'absence d'engrais azotés importés.
En tant que fermier ayant expérimenté les deux modèles, je peux vous dire que l'agriculture biologique est beaucoup plus compliquée et difficile à développer. Nous avons besoin d'un plus grand nombre d'agriculteurs biologiques. Nous considérons que c'est une bonne chose et nous nous demandons pourquoi les politiques gouvernementales semblent viser l'établissement de fermes plus grandes avec de moins en moins de fermiers, au détriment des communautés rurales.
La mission de la coopérative les Prés Bio est de servir de lien à un marché propice aux fermes familiales qui nagent à contre-courant des grandes fermes industrielles dépendantes de nombreux intrants. Nous soutenons la vision d'un secteur agricole diversifié et résiliant, principalement attentif aux besoins de nos gens.
Après cette introduction générale, je passerai en revue les moyens particuliers grâce auxquels nous croyons que le gouvernement pourrait nous aider.
Premièrement, la proposition de Cultivons l'avenir 2 a cerné comme facteur clé l'infrastructure institutionnelle et physique. Selon cette proposition, et je cite: « Des règles, règlements, normes, organisations et infrastructures matérielles appropriés permettent aux entreprises et aux marchés de fonctionner efficacement, assurant ainsi la rentabilité du secteur et le mieux-être des Canadiens. »
Bien qu'il y ait eu une coopération significative entre le secteur biologique et le gouvernement pour l'établissement d'un cadre réglementaire, j'attire l'attention du comité sur les besoins urgents suivants.
Premièrement, il n'y a aucun mécanisme de financement pour le maintien de la norme biologique au Canada, ce qui nous met dans la situation d'être incapables de remplir les engagements prescrits par l'Office des normes générales du Canada et ce qui pourrait mener à la mise en retrait de la norme, menacer nos ententes commerciales et nous empêcher d'apporter les révisions nécessaires. Le problème a été soulevé à maintes reprises, mais en vain, auprès des représentants officiels d'AAC et de l'ACIA au cours des deux dernières années.
Deuxièmement, l'approbation de la luzerne génétiquement modifiée (GM) — en attente de commercialisation — pose une menace sérieuse à la capacité des producteurs biologiques de se conformer à la norme. Nous avons témoigné diligemment devant votre comité au cours des audiences spéciales sur la biotechnologie en demandant la suspension de cette approbation, mais nous n'avons reçu aucune assurance que notre requête portera ses fruits.
Le secteur biologique a coopéré activement avec ses voisins qui pratiquent l'agriculture conventionnelle pour assurer, aux dépens économiques de nos agriculteurs, la ségrégation nécessaire pour se conformer à la norme biologique canadienne et prévenir la contamination du maïs et du soya biologique par des organismes génétiquement modifiés. Mais il est largement admis que la biologie de la luzerne ne nous permettra pas de gérer les variétés GM de la même manière.
La commercialisation de la luzerne Roundup Ready rendra impossible la pratique de l'agriculture biologique. Nous demandons que le comité nous soutienne face à cet enjeu crucial.
Troisièmement, la capacité des producteurs biologiques de servir les marchés locaux et régionaux dépend de l'infrastructure de l'industrie de la transformation à petite et moyenne échelle, laquelle est tristement sous-développée dans tout le pays, particulièrement dans la transformation des produits animaux. Les usines de transformation à large capacité qui prédominent dans l'industrie ne peuvent généralement pas s'adapter et performer l'innovation requise pour la diversification en spécialités telles que les aliments biologiques, fonctionnels ou la cuisine ethnique. Nous croyons qu'investir des fonds gouvernementaux pour aider le développement de l'infrastructure de la transformation locale et à petite échelle est payant et stimulant pour promouvoir une économie régionale vibrante et durable.
Quatrièmement, les exigences réglementaires imposées dans une approche de type « prêt-à-porter » ne conviennent pas aux petits transformateurs. La réglementation doit être ajustée à l'échelle de l'exploitation. L'une des aberrations réglementaires qui résultent de la disparité de la capacité de transformation est la situation actuelle du secteur des abattoirs au Canada. L'industrie artisanale du fromage au Québec est un exemple encourageant du succès de l'industrie de la transformation à petite échelle. Le gouvernement devrait en tirer des leçons.
Cinquièmement, le financement des organisations agricoles au Canada est principalement assuré par des contributions prélevées sur les produits, avec, dans certains cas, des frais d'adhésion volontaire pour des organisations agricoles générales souvent liés à des incitatifs financiers ou à d'autres programmes gouvernementaux. Les fermiers biologiques se sentent souvent surtaxés et sous-représentés dans le système actuel.
La coopération des gouvernements fédéral-provinciaux-territoriaux est nécessaire pour extraire une portion du financement déjà perçu chez les producteurs et le réattribuer pour combler les besoins précis des organisations biologiques provinciales et fédérales qui sont présentement basées sur le bénévolat et dont le financement n'est pas assuré.
Nous, les représentants du secteur biologique, croyons en général que combler les besoins alimentaires de notre propre population devrait être davantage priorisé par la politique.
Selon notre expérience du marché, les Canadiens veulent consommer des aliments cultivés ici. Ils sont prêts à soutenir l'agriculture canadienne, mais trouvent plein de produits importés sur les tablettes d'épicerie. Les politiques gouvernementales mettant l'accent sur la réduction des coûts de production pour concurrencer sur le marché de l'exportation, sans porter suffisamment attention aux désirs de nos consommateurs, en sont partiellement responsables. Nous nous réjouissons de l'investissement actuel en recherche accordée par le gouvernement pour la grappe scientifique biologique et attendons avec impatience la deuxième phase de cette recherche.
J'aimerais dire en conclusion, qu'en tant que coopérative d'agriculteurs connaissant le succès, nous souhaitons ardemment que le gouvernement continue d'appuyer la croissance des coopératives agricoles qui ont joué un rôle vital dans le développement de l'agriculture au Canada. J'invite d'ailleurs le comité à consulter l'excellent document relatif aux coopératives agricoles présenté par l'Association des coopératives du Canada par rapport à la politique de Cultivons l'avenir 2.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Merci de l'invitation.
Le George Morris Centre est un groupe de réflexion national à but non lucratif qui s'intéresse à la politique agroalimentaire. Nous sommes en activité depuis 21 ans. Nous sommes situés à Guelph et nous avons un mandat national, comme je l'ai dit. Nous offrons des analyses économiques, des analyses des politiques, des analyses de marché et des programmes de formation pour une gestion agricole plus avancée et la gestion du niveau du secteur alimentaire, et nous avons un centre de gestion de la chaîne de valeur à la fois pour des programmes de recherche et d'éducation.
J'ai fait parvenir au comité un exposé en anglais et en français. Je ne vais pas suivre ce document, monsieur le président. Je vais simplement m'attarder aux dernières pages.
À notre avis, et de l'avis du Macdonald-Laurier Institute — d'après ce qui est exposé dans un rapport récent de cet institut —, le défi pour Cultivons l'avenir 2, c'est que la situation de l'agriculture canadienne s'est calmée considérablement comparativement à la situation historique des surplus structurels touchant de nombreuses parties du système agroalimentaire canadien. Nous avons des équilibres offre-demande plus serrés. À moins d'un revirement spectaculaire dans certains des marchés émergents, nous devrions maintenir la situation telle qu'elle est. La politique fondée sur le fait d'essayer de retirer un produit du marché peut ne pas être aussi avantageuse pour l'agriculture canadienne que la politique fondée sur la place que nous occuperons dans un système agroalimentaire très volatil, très concurrentiel, où il y aura des concurrents ici et à l'extérieur du Canada. C'est très compétitif.
On a observé une tendance à la hausse à long terme dans le domaine du commerce agroalimentaire, malgré une légère baisse durant la récession. Toutefois, la position du Canada a, en fait, reculé légèrement même si notre commerce agroalimentaire a augmenté. La concurrence existe et elle ne faiblit pas. Nous voyons une croissance de la demande dans les marchés émergents au fur et à mesure que le revenu de ces populations augmente. Leurs habitudes s'apparentent de plus en plus au style nord-américain et de l'Europe de l'Ouest, bien que ce ne soit pas d'une manière spectaculaire ni du jour au lendemain. Ils sont à la recherche d'occasions pour l'agriculture de l'Amérique du Nord, de l'Australie, du Brésil et d'autres pays, pour alimenter ce genre d'occasions. Mais nous devons également être conscients que nous devons avoir des normes élevées et que nous devons être durables. Mes collègues ont fait valoir le point que nous devons être à l'affût des tendances et des habitudes des consommateurs. Il s'agira d'un marché très volatil, mais également d'un marché très compétitif.
En ce qui concerne la concurrence, mes collègues ont fait allusion à l'engouement pour l'alimentation biologique et à la croissance dans ce secteur. Il y a de la concurrence — d'autres pays examinent leurs occasions —, mais la concurrence est déjà là. Une des diapositives que j'ai dans mon exposé porte sur les importations et les exportations. Les importations ont augmenté constamment, ce qui n'est pas un phénomène inconnu dans un marché hautement développé comme celui du Canada. Lorsque les salaires sont élevés et que le revenu est relativement élevé, vous allez demander des produits agricoles de grande qualité venant de partout dans le monde. Je dirais au comité que les concurrents de partout dans le monde ne nous envoient pas leur pire produit; ils nous envoient leur meilleur produit, ce qui signifie que nous devons être extrêmement compétitifs, même dans nos marchés intérieurs, dans la gamme étendue de ces occasions. Par ailleurs, la demande pour des produits biologiques, pour des produits différents, qui accompagne les changements démographiques ou les marchés ethniques, a ouvert de nouvelles occasions. Mais, encore une fois, vous devez être compétitifs.
La réponse que nous voyons et que nous encourageons, c'est que l'industrie et les gouvernements doivent examiner les activités de programme. Ils doivent envisager d'investir davantage dans les compétences, le talent et la technologie. Ils doivent respecter les normes, comprendre les consommateurs et innover. Ils ont besoin d'une gestion améliorée en amont et en aval de la chaîne d'approvisionnement, de manière qu'ils puissent répondre aux demandes du marché, ici et à l'étranger.
Nous sommes d'avis que le Canada doit s'améliorer du point de vue de la compétitivité et de l'innovation et être prêt à faire concurrence sur le marché mondial. Une grande partie de l'agriculture canadienne doit livrer concurrence à ce niveau, à moins que nous voulions voir une restructuration en profondeur. Un certain nombre de transformateurs ont cette capacité. Nous avons une excellente occasion ici de faire concurrence au niveau local. Comment faisons-nous cela? Comment nous améliorer pour égaler la concurrence qui existe déjà ici au Canada et qui continuera d'exister ici?
Nous pensons que Cultivons l'avenir 2 doit connaître un réalignement de ses fonctions en matière de politique, pour modifier graduellement l'accent afin qu'il passe de la gestion du risque d'entreprise à l'amélioration de la compétitivité et de l'innovation. Là où les consommateurs l'exigent et que la communauté agroalimentaire peut le faire, ils doivent améliorer la durabilité.
Notre principale critique — et cela ne s'applique pas uniquement au gouvernement actuel, mais il s'agit d'un problème de longue date qui touche tous les programmes d'aide au Canada —, c'est que nous ne prenons pas de très bonnes décisions au sujet des mesures, et que nous n'en faisons pas une très bonne analyse. Que voulons-nous vraiment faire au moyen de ces programmes? Comment touchent-ils véritablement la communauté agroalimentaire? Quels changements aimerions-nous voir découler d'une meilleure compréhension des répercussions? À partir de notre modèle de base, où voulons-nous aller?
Nous voyons cela comme un défi et nous avons entrepris un examen de l'énoncé de Saint Andrews adopté à l'issue des discussions entre les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux, et nous l'avons commenté. Il est nécessaire de mettre au point des méthodes de mesure et de faire preuve d'une plus grande transparence dans notre analyse et dans la façon dont les programmes fonctionnent, et nous avons besoin d'une restructuration et d'un réalignement.
À notre avis, il n'est pas nécessaire d'ajouter de l'argent; il est temps de réaffecter l'argent et même, peut-être, de réduire ces montants avec le temps. Nous devons examiner les investissements dans le capital humain et les investissements dans la technologie et encourager le secteur privé à investir dans la technologie.
Nous devons voir un changement de cap; l'énoncé de Saint Andrews avait les bons objectifs généraux, mais il y a des défis majeurs dans toutes les décisions. Quels résultats finaux attendons-nous de ces efforts? Quels sont les compromis? J'ai parlé de durabilité, comme on l'a fait dans l'énoncé de Saint Andrews.
Nous allons être aussi durables qu'il est possible de l'être. Qu'est-ce que cela signifie pour la compétitivité, à la fois à l'échelle locale et à l'échelle internationale? Si nous allons aussi loin que possible dans la réduction des coûts, comment cela influera-t-il sur la durabilité? Et à quel point pouvons-nous être novateurs et atteindre quand même les autres objectifs? Quels sont les compromis ici? Lorsque l'argent est limité et que les besoins sont plus grands, comment faites-vous ces changements?
Nous devons également faire participer une plus grande partie de l'industrie alimentaire, de l'industrie agricole et des fournisseurs dans ce processus. Les gouvernements en ont fait davantage. On devrait les féliciter et les appuyer, mais ils doivent en faire davantage.
Quant aux observations de Ted sur l'agriculture biologique, comment faire pour amener ces gens et d'autres secteurs de l'agriculture à participer davantage à la discussion, de sorte que nous ayons une meilleure idée de tous les compromis et de tous les choix qui sont nécessaires et de ce que font vraiment les programmes à l'heure actuelle?
Enfin, concernant notre recensement, nous devons investir de l'argent public et privé dans les gens, dans le talent, par le biais de programmes de gestion et d'une capacité améliorée à utiliser la technologie et le marché. Nous devons investir dans la technologie la plus récente, partout où il est approprié de le faire, et être prêts à passer à l'action.
Nous avons également besoin d'une capacité d'investir à grande échelle. Cela pourrait offusquer certains membres du comité. Même s'il est bien beau d'avoir un grand nombre de petits exploitants, de nourrir notre population et de nourrir la population dans le monde à laquelle nous voulons avoir accès, nous devons avoir une échelle de production suffisante pour rivaliser à ce niveau, que ce soit provincial, national ou mondial. Pour cela, il faut un certain nombre de politiques, un certain nombre d'efforts axés sur ce besoin et Cultivons l'avenir peut nous aider à atteindre cette échelle.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Je vais faire la présentation en français.
D'abord, merci au comité de nous donner l'occasion d'exposer notre point de vue dans le cadre des consultations sur le programme Cultivons l'avenir 2. Je suis présidente de la Fédération des groupes conseils agricoles du Québec, et aussi productrice agricole en grande culture dans la région de la Montérégie, dans le Sud du Québec. Mathieu Pelletier, agronome-conseil en gestion et aussi producteur agricole, m'accompagne.
Un des objectifs qu'on a proposés pour le programme Cultivons l'avenir 2 est celui de renforcer les compétences pour rendre les entreprises compétitives. Toutefois, nous voulons y arriver une entreprise à la fois, puisque notre vision pour la gestion des groupes conseils est que chacune des entreprises doit être compétitive.
Qu'est-ce que la gestion agricole, que nous avons appelée « gestion technico-économique »? Pour bien gérer leur entreprise, les producteurs doivent prendre une foule de décisions. Entre autres, il y a celles concernant l'alimentation du troupeau, l'achat d'équipement, la réalisation de projets nécessitant des investissements importants et le transfert de leur entreprise. Pour prendre ces décisions, certains producteurs vont discuter avec leur comptable, leur conseiller en financement ou leur conseiller en gestion agricole. La gestion financière est donc très différente de la gestion technico-économique, cette dernière faisant appel à une approche globale incluant à la fois l'aspect financier et le coût de production.
En ce qui concerne notre opinion sur le programme Cultivons l'avenir 2, on est plus spécifiques sur le plan la gestion. Nos propos relèvent donc principalement du PADEA, le Programme d'appui au développement des entreprises agricoles.
Qu'est-ce que la fédération? C'est un réseau et un OSBL, un organisme sans but lucratif, qui existe depuis 30 ans et qui est dirigé par un conseil d'administration de huit producteurs. La fédération regroupe 24 groupes de producteurs répartis dans toute la province et un groupe en Ontario. Les groupes sont eux-mêmes des organismes sans but lucratif mis sur pied et dirigés par des producteurs. Ce mouvement a été créé il y a environ 40 ans pour des producteurs qui voulaient prendre position par rapport à la gestion pour définir les points forts et les points faibles de leur entreprise. Les groupes ont une approche collective, c'est-à-dire que ce sont des lieux de partage d'idées et de connaissances. Ainsi, une fois que l'étude est faite pour chacune des fermes, on fait une analyse technico-économique comparative entre les fermes, sur une base régionale ou sur une base provinciale. C'est le benchmarking.
J'invite Mathieu à expliquer comment on fonctionne à l'intérieur des groupes.
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Merci, monsieur le président. Merci à tous de votre présence ici.
Cette question s'adresse en fait à M. Zettel et à M. Seguin, parce que, tous les deux, vous avez parlé d'un certain type d'échelle — et peut-être que vous ne parlez pas de la même échelle.
Monsieur Zettel, vous avez dit plus tôt que les fermes n'étaient pas de taille universelle, en ce sens que certaines seraient de plus petite taille et d'autres ne seraient pas aussi petites.
Monsieur Seguin, vous avez parlé d'échelle. Mon impression — et, évidemment, vous allez pouvoir m'aider à ce sujet —, c'est que vous voyez cette échelle comme étant plus grande.
Peut-être que je vous demanderai, à tous les deux, d'en parler en termes de ce que vous voyez comme l'échelle naturelle — si je peux utiliser cette expression — par opposition à ce que vous, monsieur Seguin, voyez comme le même processus au sein du secteur biologique et d'autres secteurs que certains pourraient qualifier de « traditionnels ». J'essaie d'utiliser des termes que nous acceptons tous, mais il est possible, à vrai dire, qu'ils ne soient pas entièrement exacts. Utilisons les simplement pour voir ce que nous pensons que sont ces échelles.
Qui veut répondre en premier; cela m'est égal.
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Il est intéressant de travailler, comme le fait le centre, avec certains des grands transformateurs et des grands producteurs agricoles. Quant aux observations de Ted concernant l'existence d'un parti pris contre les petits, ils estiment qu'il s'agit d'un parti pris contre les gros. Leur défi, c'est qu'ils essaient d'arriver sur le marché en investissant dans la technologie et en investissant dans les terres. Il est rare que cela leur soit donné, alors, c'est l'idée de savoir comment vous vous adaptez au marché.
Pour répondre à votre question, au centre, nous disons que si vous regardez où se trouvent les occasions de marché, vous allez devoir augmenter l'échelle pour arriver à parité avec eux et pour être compétitif; ou vous faites une exploitation à une échelle qui correspond au degré d'activité que vous pratiquez, qu'il s'agisse d'un marché à créneaux, du marché des produits biologiques ou de quelque chose de très régional. Pourquoi avoir des milliers et des milliers d'acres, ou une capacité des milliers de fois plus grande au niveau de la transformation?
Par ailleurs, vous devez être efficaces. Vous devez être concurrentiels. Le défi auquel Ted a fait allusion dans le cas des petits abattoirs, c'est que beaucoup de ces petits exploitants, avec le temps, ont cessé d'être compétitifs. Ils n'ont pas respecté les normes. Ce ne sont pas des normes fédérales, mais il faut les respecter. Ce sont des normes provinciales et il y a un grand débat sur l'équivalence entre les normes fédérales et les normes provinciales. Mais, ils doivent le faire. Et est-ce qu'ils le font et est-ce que les gens le veulent vraiment?
D'un autre côté, les marchés changent — et l'entreprise de Ted en est un excellent exemple —, il y a des occasions à la fois de percer dans le marché et d'augmenter l'échelle. Est-ce que nous évaluons toujours cela? Le défi pour le secteur laitier, c'est qu'à cause du système actuel, il n'est pas aussi agile que certains aimeraient qu'il le soit. En ce qui concerne l'allusion à l'industrie artisanale du fromage, il y a des occasions de créer des fromages artisanaux, et peut-être d'augmenter l'échelle jusqu'à un certain niveau. La question que l'on doit se poser, c'est si vous pouvez prendre de l'expansion au-delà de cela? C'est le défi auquel devra faire face le secteur laitier et les autres secteurs à offre réglementée.
Du côté de l'échelle, notre inquiétude, c'est que si le Canada veut participer à l'échelle mondiale et être compétitif, il doit produire à une échelle suffisante avec certains de ses transformateurs et un certain nombre de ses producteurs, et la totalité de la chaîne d'approvisionnement doit travailler ensemble à cette échelle. Si on envisage davantage un marché interne ou un marché très inhabituel, on doit réduire l'échelle, mais il faut quand même demeurer compétitif.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous avons eu d'excellents exposés. Je trouve cette question fascinante. On a fait quelques très bonnes observations, l'une d'entre elles étant que nous voulons tous voir les agriculteurs réussir avec leurs fermes fondées sur des pratiques d'affaires saines. Je pense que c'est quelque chose que l'on désire réellement, mais je pense également que nous sommes dans un contexte où — et je pense que M. Seguin a fait valoir ce point — nous ne sommes pas capables d'ajouter de financement ou de voir un financement important des programmes qui existent déjà. Il s'agira d'une réaffectation des fonds. Il faudra envisager des compromis.
En ce qui concerne la réunion de Saint Andrews, la première chose, c'est la volonté de négocier. Je pense que c'est essentiellement ce qui a été exprimé, en précisant certains objectifs concernant les endroits où la négociation devrait avoir lieu. Évidemment, dans les étapes suivantes, il s'agira pour les provinces et le gouvernement fédéral de négocier, d'en arriver à des ententes et d'examiner ces compromis.
En ce qui concerne le développement d'entreprise, une de mes questions — et peut-être que je l'adresserais à Heather ou à Richard — concerne la participation à la formation. Vous offrez des services et je me demande si vous avez un système de mesure quelconque qui vous permet d'évaluer, premièrement, le degré de participation des agriculteurs à un programme ou à une initiative de formation. Plus important encore, quel pourcentage d'entre eux mettent effectivement en oeuvre ce qu'ils ont appris ou vu durant le cours? Et enfin, ce qui est également très important, quel est l'effet? Y a-t-il une façon que l'on puisse dire: « Je suis allé à ce cours; j'ai entendu 50 bonnes idées, j'en ai mis 30 en pratique et ma situation s'est améliorée de 15 p. 100 depuis ». Est ce que vous examinez cette question? Je pense qu'il s'agit d'un paramètre important.
Le gouvernement aime savoir lorsqu'il investit de l'argent que cela donne effectivement des résultats. Est-ce que vous examinez cela?
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Merci, monsieur le président. C'est toujours un plaisir pour moi d'être ici. Je constate que le travail avance comme d'habitude.
Le gouvernement étant en train d'abolir la Commission canadienne du blé et de mettre la hache dans la gestion de l'offre qui se trouve sur la table de négociation, je commence à me demander à quoi ressemblera l'agriculture de demain. Les petites fermes seront inévitablement privées de leur pouvoir de mise en marché et elles disparaîtront.
C'est ce que nous avons pu constater lorsque nous sommes allés dans l'Ouest. Nous avons rencontré des producteurs de fruits dans la vallée de l'Okanagan. Ils sont acculés à la faillite. À mon avis, si ces deux agences de commercialisation disparaissent, les petits agriculteurs et probablement aussi les producteurs laitiers du Québec ou les producteurs de grains sont appelés à faire faillite.
On s'est fait dire que cela permettra d'accroître l'efficacité, de produire à grande échelle et que tout ira bien. Cela m'inquiète, car je me demande qui seront nos concurrents? Il n'y a rien de plus stimulant que la concurrence, dans la mesure où elle est équitable. Serons-nous en concurrence avec le Brésil, où on peut faire deux récoltes de soya? Nos fromagers seront-ils en concurrence avec ceux de la Nouvelle-Zélande, qui n'ont pas besoin d'étable ou de fourrage? Il y a aussi l'aide financière aux États-Unis et en Europe. Nous savons, en effet, que les producteurs reçoivent une subvention de près de un dollar par boisseau de grains aux États-Unis, et qu'il y a toutes sortes de subventions en Europe.
C'est un fait. Nous allons accroître notre efficacité. Nous allons produire à grande échelle. Au bout du compte toutefois, est-ce que nous serons plus productifs? Les agriculteurs seront-ils mieux nantis? Verrons-nous plus de jeunes vouloir se lancer dans cette industrie parce que les perspectives sont bien meilleures qu'avant?
Ce que je me demande, c'est si nous serons en mesure de faire concurrence aux autres pays. Est-ce que la situation sera meilleure? Est-ce que les jeunes se bousculeront aux portes pour embrasser la carrière d'agriculteur parce que ce sera plus rentable? Ou aurons-nous des mégafermes sous la coupe des agro-industries et sans doute des détaillants qui feront moins d'argent parce qu'ils seront en concurrence avec des producteurs dans des pays où la production est meilleure et davantage subventionnée?
Ma question s'adresse d'abord à Bob du George Morris Centre. Pourriez-vous nous brosser un portrait de la situation lorsque le vent changera de direction?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins d'être ici aujourd'hui.
C'est bon de vous revoir, Ted. Ma première question s'adresse à vous.
Vous avez mentionné dans votre exposé que la luzerne GM est en attente de commercialisation. Je tente de suivre le dossier de près, et je n'ai trouvé personne qui pense que la luzerne résistante à l'herbicide soit vraiment nécessaire au Canada, ni du côté des producteurs conventionnels, ni du côté des producteurs biologiques. En dépit des nombreuses promesses, il y a essentiellement deux caractères GM: l'un est la tolérance à l'herbicide et l'autre est la résistance aux insectes. Nous avons assisté à l'apparition de problèmes comme les mauvaises herbes ultrarésistantes. De plus, nous avons des études qui établissent un lien entre certains problèmes de santé et l'utilisation du glyphosate, etc.
Nous avons eu toute une discussion à ce sujet lors de la dernière législature, même après le rejet de mon projet de loi sur la luzerne. Une motion a été présentée — je ne me souviens plus si c'est par Frank ou Wayne — afin d'imposer un moratoire sur la production de luzerne GM, mais elle a été rejetée, pour des raisons dont je vous fais grâce. Nous avons tenté de faire adopter cela par le Parlement.
Il s'agit toutefois d'un cas particulier. La portée n'est pas aussi grande que mon projet de loi, le , l'aurait été. Devrions-nous unir nos voix pour réclamer un moratoire sur la luzerne GM tant que nous n'aurons pas réalisé une analyse approfondie des répercussions économiques? Devrions-nous recommander expressément au gouvernement de le faire? Si c'est le cas, qui devrait participer à l'analyse? Devrait-elle être faite, par exemple, par le gouvernement et le secteur agricole en collaboration?
De plus, pour la deuxième partie de ma question, aux fins du compte rendu, j'aimerais savoir quelles sont exactement vos préoccupations, en tant que producteur, à l'égard de la luzerne GM? Je m'arrête ici.
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Je tiens à mentionner pour que tout le monde soit au courant que le problème particulier dans le cas de la luzerne, c'est qu'elle est pollinisée par la mégachile qui parcourt de longues distances. Pour empêcher la luzerne GM d'être en contact avec la luzerne traditionnelle, il faudrait donc que les champs soient séparés par une distance d'environ 15 kilomètres. Dans presque toutes les régions, on trouve un grand nombre de producteurs dans un rayon de 15 kilomètres. Les données indiquent donc que si on sème de la luzerne Roundup Ready, tout l'approvisionnement finira par en contenir. C'est inévitable.
Ce qui veut dire au bout du compte que les producteurs de luzerne biologique, dont la culture ne doit contenir aucun caractère GM, ne pourront répondre à la norme biologique canadienne. Il faudra alors modifier la norme pour l'autoriser — ce qui risque grandement de nuire à notre marché, car c'est l'une des revendications dans notre proposition de valeur — ou mettre la clé dans la porte.
Toutefois, qui veut de la luzerne Roundup Ready? Ce produit n'est pas très populaire au sein de la communauté agricole. En fait, elle y voit un inconvénient, car bon nombre de mes voisins utilisent du Roundup pour tuer la luzerne. Ils n'ont pas vraiment envie de voir leur luzerne contaminée par la luzerne Roundup Ready; c'est une technique de gestion qu'ils perdront. Nous avons posé la question, mais nous n'avons pas encore trouvé une bonne réponse.
S'il y avait un dialogue ouvert et valable avec les intervenants, on en viendrait à la conclusion que les risques et les inconvénients sont énormes et que les avantages sont minces pour tout le monde, sauf peut-être pour la compagnie qui veut commercialiser ce produit. Très honnêtement, je crois que tout ce que ces gens veulent, c'est prouver un point: rien n'arrêtera la biotechnologie. Ils y voient un principe qu'il faut maintenir. Sur ce point, je crois que si le gouvernement mettait son pied à terre, ils seraient heureux de faire marche arrière et de s'épargner de la mauvaise publicité.
Pour répondre à votre question, on pourrait facilement en venir à une entente en réunissant les bonnes personnes dans une salle. Si on examine de bonne foi ce qui est bon pour l'agriculture dans son ensemble et pour les Canadiens, on pourrait faire des progrès et éviter la polarisation philosophique du débat qui caractérise presque toujours les discussions sur la biotechnologie.
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Nous croyons beaucoup au Conseil canadien. J'ai eu la chance de me promener un peu dans le monde. Je suis allé en Nouvelle-Zélande; on en parlait tout à l'heure. On est allé aux États-Unis. On s'est promenés un peu et on a rencontré des gens un peu partout.
On va améliorer les pratiques durables et une saine compétitivité des entreprises en investissant dans les agriculteurs, le savoir, la connaissance, la formation et dans le fait que les données soient disponibles facilement et rapidement.
Grâce à notre site Internet, on essaie d'avoir rapidement, en un coup d'oeil et en deux ou trois clics, l'information permettant à un agriculteur de prendre des décisions éclairées et de trouver sur le site des budgets et des choses qui vont l'aider au jour le jour.
Si vous apprenez à quelqu'un à pêcher, vous n'aurez plus besoin de le nourrir. Si vous me demandez comment on pourrait apporter des améliorations, je dirais qu'il faudrait travailler plus sur le plan de la prévention que de la correction. Toutefois, je ne propose pas d'éliminer les filets de sécurité et les programmes.
Plus on va rendre les producteurs conscients des décisions qu'ils prennent et les aider à prendre des décisions éclairées, moins cela va coûter cher au gouvernement pour pallier des crises, parce qu'ils seront mieux préparés à y faire face avec une réserve financière ou peu importe. Il auront peut-être vu venir le coup un peu plus.
C'est ce que l'on croit. Il faut investir dans la formation à long terme.
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Merci,monsieur le président.
Bienvenue à titre de président. C'est toujours agréable de voir que mes collègues obtiennent des promotions de temps à autre.
Une voix: Il y est arrivé par la force.
M. Randy Hoback: Par la force, oui.
Des voix: Ah, ah!
M. Randy Hoback: Bienvenue également à tous les témoins d'aujourd'hui.
Dans cette étude, j'essaie entre autres de trouver les questions qu'il faut examiner pour les prochains programmes, car elles diffèrent de celles qui nous intéressaient dans l'élaboration des derniers programmes. Je pense que le marché est tout à fait différent.
Monsieur Seguin, vous avez dit qu'avant, l'offre était excessive et qu'elle faisait baisser les prix. Maintenant, notre secteur des céréales, par exemple, est sans cesse incité à produire davantage pour nourrir la population mondiale. À mesure que la population augmentera, les pressions exercées vont continuer de s'intensifier.
Il y a des contradictions concernant les différentes régions du pays. Le Canada a une grande superficie. L'achat local joue un rôle important dans certaines régions, mais c'est impossible dans d'autres, car la population est insuffisante. Cependant, je ne veux pas dire qu'il ne faut pas avoir une politique d'achat local. Je pense qu'il importe d'en avoir une.
Par exemple, un jeune couple d'agriculteurs près de Saskatoon faisait exception, il y a quelques années. Ils appliquent un système d'achat local, concernant le boeuf, le poulet, la volaille et ce genre d'aliments. Ils ne vendent pas des produits biologiques, mais on sait simplement d'où vient la nourriture achetée.
Je me demande quels sont les obstacles actuels qui empêchent les agriculteurs de mettre en oeuvre un tel système d'achat local. Vous pouvez peut-être me donner quelques renseignements.
Monsieur Zettel, je vais commencer par vous. Vous pouvez peut-être me répondre brièvement. Je vais ensuite me tourner vers les témoins du Québec pour parler quelque peu des problèmes d'expansion et de certaines choses qui pourraient se faire.
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J'aimerais juste faire valoir un point. Je suis une productrice. La question que les producteurs se posent est s'ils ont l'argent pour effectuer les paiements. Au fond, comme le disait Heather, la question est de savoir s'il reste de l'argent à la fin de l'année.
On essaie d'inculquer à nos groupes et à nos producteurs membres une culture de gestion pour qu'ils arrêtent de penser seulement à la production, mais qu'ils pensent aussi à la gestion. Ces choses sont rendues possible parce que, depuis 2005, il y a des livrables, il y a des parties qui sont subventionnées. Cela incite les producteurs à l'essayer. Les producteurs vont voir si ça leur donne quelque chose.
Une fois qu'ils y ont goûté, on continue habituellement à faire leur suivi. Habituellement, ça va très bien, mais c'est un producteur à la fois. Nous sommes 70 agronomes-conseillers pour rencontrer les producteurs.
[Traduction]
On ne peut pas tout faire.
[Français]
On ne peut pas tous les rencontrer. Le programme Cultivons l'avenir les incitait au moins à essayer. Ce n'est pas trop cher. Ils se disent qu'ils peuvent voir si, oui ou non, c'est adapté à leur ferme. Si oui, le producteur peut décider de continuer.
Nous croyons dans l'approche collective. Si un producteur l'a essayé et que ça a bien fonctionné, il le dira aux autres et ça en fera cinq de plus. C'est du long terme. C'est incitant et c'est ce qu'il faut retenir.