Monsieur le président, messieurs les députés, je suis très honoré de prendre de nouveau la parole devant vous pour vous renseigner sur la situation au camp Ashraf, sur l'ancienne Armée de libération nationale du MEK et sur les nombreux événements survenus depuis notre dernière rencontre, le 8 décembre dernier.
Comme vous le savez, le premier ministre Nouri al-Maliki a repoussé la date butoir arbitraire du 31 décembre — une échéance qu'il avait lui-même fixée — pour l'évacuation de l'Irak de tous les anciens membres de l'ALN. Il ne s'agit pas d'une décision qu'il a prise de son propre gré, mais plutôt d'une réponse aux pressions exercées par les gouvernements de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale. M. al-Maliki avait déplacé ses troupes et se préparait à envahir le camp. Chacun des membres du MEK est reconnaissant des efforts du gouvernement canadien en vue de prévenir le désastre qui serait sans doute survenu au camp d'Ashraf si M. al-Maliki avait échappé à la vigilance de la communauté internationale.
Déterminé à consolider sa mainmise croissante sur le pouvoir en Irak, M. al-Maliki a ciblé deux parlementaires de confession sunnite les plus hauts placés, soit le vice-premier ministre Mutlag et le vice-président Hashimi. Immédiatement après le retrait des troupes américaines et la visite de M. al-Maliki à la Maison-Blanche, des mandats d'arrestation ont été lancés contre M. Mutlag et M. Hashimi. Tariq Hashimi, qui demande depuis longtemps un traitement équitable des membres du MEK, est accusé par M. Maliki de diriger des escadrons de la mort. J'ai travaillé avec le vice-président Hashimi et j'ai été témoin de son engagement à protéger tant les chiites que les sunnites contre les escadrons de la mort. Les accusations portées contre le vice-président Hashimi ne sont rien d'autre que des instruments utilisés par M. Maliki pour éliminer des rivaux politiques.
L'invasion de l'Iraq n'a eu pour effet que de remplacer un dictateur brutal par un autre. Comme Saddam Hussein a ses débuts au pouvoir, M. Maliki a l'appui du gouvernement américain. Contrairement à Saddam Hussein, tous les jours, M. Maliki se lie davantage avec Téhéran pendant que l'administration américaine fait peu de cas de ce rapprochement. Prétendre que l'influence iranienne n'est pas importante est une injure à toutes les forces de la coalition, à tous les citoyens iraquiens et à tous les résidants d'Ashraf qui ont payé le prix de cette influence avec leur sang et leur vie.
Pour fournir un apport positif et manifester sa bonne foi dans le processus de reconnaissance du statut de réfugié de l'ONU, la direction du MEK a accepté le transfert du camp d'Ashraf au camp Hurriya, dont l'ancien nom était camp Liberty. Lors des quatre derniers mois, près de 2 000 anciens membres de l'ALN ont effectué le transfert et environ 1 200 autres s'y préparent. Le camp Hurriya est situé à l'est de l'Aéroport international de Bagdad. Selon le gouvernement iraquien, le transfert visait à faciliter le processus de vérification de l'ONU.
Cette réinstallation a engendré de nombreux problèmes. L'ONU et le département d'État américain n'ont pas cessé de signaler qu'une telle réinstallation exige la coopération de toutes les parties concernées. Malheureusement, la partie qui fait toutes les concessions, c'est le MEK. Le gouvernement iraquien crée sans cesse des difficultés. Il ne faut pas oublier que c'est lui qui a empêché l'ONU de se rendre au camp d'Ashraf pour y mener le processus de reconnaissance des réfugiés. De plus, l'officier responsable du transfert, le général Qassim, est le même qui avait dirigé les attaques militaires iraquiennes de 2009 et de 2011 contre le camp d'Ashraf.
Le camp Hurriya a une superficie de moins d'un demi-mille carré. Rudy Giuliani le qualifie, avec raison, de camp de concentration. Avant l'arrivée du premier autobus en provenance d'Ashraf, le camp Hurriya avait déjà été pillé par les forces militaires iraquiennes. Les armoires qui auraient pu servir au stockage avaient été endommagées. Le réservoir de stockage des eaux usées sanitaires a cessé de fonctionner dès le premier jour à cause d'un manque d'entretien. L'usine de traitement de l'eau, construite en 2006 par les forces américaines, avait été enlevée par les Iraquiens. Maintenant, le MEK doit payer pour que de l'eau soit acheminée au camp. La quantité d'eau n'a jamais répondu aux besoins de la population croissante.
Souvent, l'ambassadeur de l'ONU, M. Kobler, fait partie du problème. Il croit M. Maliki sur parole sur presque tous les sujets, allant même jusqu'à assurer toutes les personnes concernées que le camp Hurriya était en bon état. Les installations en bon état dans les photos qu'il a fournies pour appuyer son affirmation n'étaient pas les mêmes que les résidants d'Ashraf ont trouvées à leur arrivée. Il a critiqué les résidants pour la défaillance du réservoir de stockage des eaux usées sanitaires et leur a reproché d'avoir apporté des ordures au camp Hurriya en vue de créer de toutes pièces une séance de photos de conditions non hygiéniques. Ce faisant, il n'a pas signalé qu'il s'agissait des ordures du personnel américain. Pour que sa théorie tienne, il fallait également supposer que ces ordures avaient échappé à l'attention des autorités iraquiennes durant les multiples fouilles des convois à destination du camp Hurriya.
Même le déplacement d'Ashraf à Hurriya était jonché d'obstacles. Le gouvernement irakien n'a pas respecté les ententes officielles sur les articles que les résidants étaient autorisés à apporter, notamment des génératrices, des véhicules pour le transport des personnes handicapées, des fournitures et du matériel médicaux ainsi que des articles personnels.
Ayant travaillé le gouvernement irakien et avec l'ancienne ALN, je suis en mesure de comprendre ce qui se trame. Priver les résidants de fournitures et de matériel aura pour effet de leur rendre la vie d'autant plus difficile. En outre, plus il y a d'articles qui restent au camp d'Ashraf, plus les officiers irakiens pourront s'accaparer de biens une fois que le MEK aura quitté les lieux.
Dans le dernier convoi, deux camions de vêtements personnels ont disparu. Lorsque les dirigeants du MEK lui ont posé des questions à ce sujet, le général Qassim a répondu que les vêtements appartenaient au bureau du premier ministre.
Les fouilles des convois et des gens avant le départ se sont avérés des prétextes pour s'adonner au harcèlement et à la brutalité. Ce qui a été fouillé l'a été à maintes reprises. Le processus dure une journée et demie, sans répit. C'est à cause de ce processus qu'un ingénieur de 48 ans, Baardia Amir Mostofian, est mort d'un ACV. Dans un autre incident, les militaires irakiens se sont mis à frapper des résidants d'Ashraf, notamment avec des matraques, et ont blessé 29 membres du MEK.
Il y a eu des rencontres entre les militaires irakiens et le MEK pour aborder tous les problèmes que je viens de signaler et d'autres encore. Dans chaque cas, les militaires irakiens se sont engagés à se pencher sur la question ou ont carrément refusé de prendre des mesures correctives. La personne envoyée à ces rencontres par les militaires irakiens n'est pas autorisée à promettre ou à modifier quoi que ce soit. Elle a le grade de lieutenant. Dans le protocole du Moyen-Orient, envoyer l'officier du grade le moins élevé possible à une rencontre est une rebuffade délibérée. Même avant que la rencontre ne commence, le fait que les forces irakiennes soient représentées par un lieutenant est un message, à savoir que vous n'êtes pas dignes de l'attention d'un officier supérieur.
La secrétaire d'État Clinton et son personnel ont fait fi d'une façon flagrante des trois critères établis par le Congrès américain en 2004 pour déterminer ce qui constitue une organisation terroriste étrangère. Premièrement, il doit s'agir d'une organisation qui n'est pas américaine. Le MEK répond à ce critère. Deuxièmement, il faut que l'organisation constitue une menace pour les États-Unis ou ses citoyens. Troisièmement, il faut qu'elle ait les moyens de mener à bien cette menace. Le MEK est loin de satisfaire à ces deux derniers critères.
Pendant ce temps, l'Armée du Mahdi, dirigée par Moqtada Sadr, est directement responsable de la mort des centaines de soldats américains et n'a jamais été désignée par le département d'État comme une organisation terroriste étrangère. Il y a une profonde hypocrisie au département d'État, qui refuse délibérément de tenir compte des causes véritables de nombreuses morts américaines.
Le fait que le secrétaire d'État Clinton présente le transfert du camp d'Ashraf au camp Hurriya comme un critère pour le retrait de la liste des organisations terroristes est une violation du mandat du Congrès. Une telle affirmation présume que l'ALN serait en mesure de percer le périmètre militaire irakien entourant le camp d'Ashraf pour ensuite lancer une attaque, avec des ressources qu'elle ne possède pas, contre les États-Unis ou ses citoyens. Un des éléments les plus paradoxaux de la position de la secrétaire d'État Clinton, c'est que le MEK a combattu aux côtés des forces américaines en Irak.
Pour ne pas être en reste, l'ambassadeur Benjamin du département d'État a affirmé devant le Congrès en avril que la désignation comme organisation terroriste étrangère était liée à la présence d'armes appartenant au MEK au camp d'Ashraf. Il a affirmé au membre du Congrès Poe que les États-Unis n'avaient pas encore eu l'occasion de vérifier ce qui se trouvait au camp d'Ashraf.
En réponse, le général Phillips, le lieutenant-colonel McCloskey et moi avons écrit un éditorial signalant que chacun d'entre nous avait effectué de multiples inspections. Je vous signale que j'ai toutes les photos des installations auxquelles nous n'aurions pas eu accès selon l'ambassadeur Benjamin. C'est moi qui les ai prises. Bien que la réponse de l'ambassadeur ait pu lui sembler opportune pour éviter que le membre du Congrès Poe lui pose de nouvelles questions, il s'agissait à tout le moins d'une information erronée.
Le 8 mai, en présentant sa plaidoirie à la Cour d'appel américaine, le conseiller du département d'État, Robert Loeb, a répété à maintes reprises que le camp d'Ashraf n'avait jamais été fouillé. Il a même validé cette information en avançant que le témoignage de l'ambassadeur Benjamin devant le Congrès était la source de cette information véridique. Si l'on se fie à cette logique, il ne fait aucun doute que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive parce que le secrétaire d'État Colin Powell l'avait affirmé devant les Nations Unies.
Le camp d'Ashraf a subi de multiples fouilles non seulement par les Forces américaines, mais aussi par les forces irakiennes avec l'aide de chiens en 2009. Toutes ces fouilles ont mené au même constat: il n'y a pas d'armes au camp d'Ashraf.
Dans sa présentation à la Cour d'appel, Robert Loeb a affirmé que la secrétaire d'État attendait les résultats de la fouille effectuée une fois que tous les résidants d'Ashraf seront partis. Que se passera-t-il alors? On montrera un tas d'armes désuètes et on prétendra qu'elles proviennent d'Ashraf.
Pendant ce temps, le département d'État continue d'ignorer les critères fixés par le Congrès pour la désignation des organisations des organisations terroristes étrangères. Le pouvoir législatif n'est pas le seul qui se fasse ignorer. En juillet 2010, le pouvoir judiciaire a tranché contre le département d'État, ordonnant à ce dernier de mettre en oeuvre dans les six mois le processus établi pour la désignation d'organisation terroriste étrangère. Cela fait maintenant 22 mois. Il a fallu moins de temps aux États-Unis pour achever la Première Guerre mondiale qu'au département d'État de prendre cette seule décision. Cependant, notre département d'État continue sa démarche chancelante, offrant des concessions en échange d'un dialogue qui ne porte jamais fruit. En fin de compte, les victimes de cette politique d'apaisement sont les citoyens iraniens eux-mêmes et, en ce moment, les 3 200 anciens membres de l'ALN pris à l'intérieur de l'Irak au moment de l'invasion des forces de coalition menées par les États-Unis.
Pour une raison ou pour une autre, les bureaucrates du département d'État pensent que la démonisation du MEK, en le qualifiant d'organisation terroriste, aura un effet de dissuasion sur le gouvernement iranien. Je ne comprends pas leur logique. L'Iran tente de se doter de l'arme nucléaire, a planifié l'assassinat de l'ambassadeur de l'Arabie saoudite en sol américain, est le principal appui du brutal régime syrien, est déterminé à détruire Israël, a kidnappé des randonneurs américains et a exigé une rançon d'un demi-million de dollars par prisonnier, a accusé un citoyen canadien d'espionnage et l'a condamné à mort, a condamné à mort 12 chrétiens iraniens le dimanche de Pâques, etc. Le moment est venu de mettre fin à la politique d'apaisement envers le régime fondamentaliste de l'Iran et de soutenir une démarche humanitaire.
En ce qui a trait à Ashraf, pour atteindre cet objectif, il faudrait que le Canada et les États-Unis retirent le MEK des listes d'organisations terroristes, qu'ils tiennent le régime Maliki responsable de sa conduite répréhensible et qu'ils veillent à ce que les anciens membres de l'ALN soient évacués de l'Irak vers des lieux sûrs.
Je vous remercie de m'avoir écouté et je répondrai avec plaisir à vos questions.
[Applaudissements]
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Colonel, c'est un plaisir de vous revoir.
Lors de votre dernière comparution, vous aviez été fort persuasif, et depuis lors, nous avons entendu d'autres témoins sur cette question. Je vais vous poser des questions très difficiles auxquelles il faut, je pense, trouver des réponses.
Le 13 décembre, un fonctionnaire des Affaires étrangères nous a signalé que le MEK avait mené plusieurs attaques terroristes, notamment des assassinats, des prises d'otages, des assauts lancés contre des édifices gouvernementaux dans des villes surpeuplées et prenant entre deux feux des civils innocents.
Aujourd'hui, vous nous avez fait valoir — et je sais que vous êtes animé d'une profonde conviction — que les membres du MEK au camp d'Ashraf étaient des personnes innocentes qui ont été la cible constante du gouvernement iranien et de sa police secrète pour des raisons fort évidentes.
Depuis notre dernière rencontre, des reportages — dont vous êtes au courant, je présume — font état d'attaques meurtrières menées par des membres du MEK contre des scientifiques nucléaires iraniens. Les auteurs conduisaient des motos et transportaient des bombes magnétiques. On évoque aussi l'assassinat de cinq scientifiques nucléaires iraniens depuis 2007 et la destruction éventuelle d'une installation de recherche et de développement sur les missiles.
Enfin, la formation de ces individus aurait été assurée par les polices secrètes d'Israël et des États-Unis — ce qui émane de temps à autre de certains milieux — qui auraient coordonné, armé et financé ces groupes. Ces reportages offrent un point de vue différent sur la situation et posent des questions auxquelles il faut répondre. Quelle est votre opinion à cet égard?
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Premièrement, le délai a été modifié en raison de la pression internationale. Maliki ne voulait pas en démordre, mais les gouvernements de l'Amérique du Nord et de l'Europe de l'Ouest ont réagi si énergiquement qu'il a reculé.
Il y a cependant un problème. Les États-Unis estimaient qu'ils devaient se rendre à ce camp pour examiner la situation. Mme Rajavi hésite à transférer les 1 200 prochains réfugiés à Hurriya. Elle sait très bien que le gouvernement irakien dissimulera des armes et affirmera les avoir trouvées. Elle a affirmé qu'avant le départ de ces derniers réfugiés, une équipe d'inspection dirigée par les États-Unis devrait se rendre sur place pour confirmer ce que nous prétendons depuis si longtemps. Il y a un problème qui a été créé par notre département d'État.
Heureusement, l'ONU est intervenue, quoique d'une façon timide. J'étais sur place à cette époque à titre de commandant. Le rôle qu'a joué l'ONU me rappelle celui qu'elle a joué au Rwanda en ne soutenant pas le général Dallaire. Elle est une partie du problème dans une très forte mesure.
C'est mon évaluation. L'ONU est intervenue. C'est donc dire que la majorité des 3 400 réfugiés jouissent d'une forme de protection. Néanmoins, Maliki a lancé 122 mandats d'arrêt. Comme il ne peut pas capturer tous les anciens membres de l'ALN, il s'efforce désormais de fabriquer des accusations, comme ce fut notamment le cas pour Tariq Hashimi. Ces accusations font naître l'hostilité. Le vice-président et le premier ministre ont fait l'objet eux aussi d'accusations non fondées. On a établi la liste des 122 personnes les plus recherchées. L'Iran a déjà fait savoir qu'il voulait ces 122 personnes.
Je me souviens d'une journée en 2003. J'assistais à une réunion des Nations Unies dirigée par un colonel australien qui avait procédé à une évaluation pertinente. Selon lui, les Nations Unies progressaient à pas de tortue, et ne semblaient pas résolues à ce que les choses changent.
Récemment, le département d'État a déclaré être prêt à accueillir certains réfugiés et à demander à d'autres pays de faire de même. C'est une première étape judicieuse, mais il faut néanmoins que ce mouvement soit retiré de la liste des organisations terroristes.
L'ONU bougera très lentement. Il faut faire sortir ces gens de là, parce qu'ils vivent dans des conditions abominables. Des gens meurent à cause de la chaleur, des morsures de serpents, etc. Ils ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin. Les maladies se propageront pendant les mois d'été, et la situation pourra s'envenimer sérieusement. Il faut faire sortir ces gens de là.
Cependant l'Iran et l'Irak veulent obtenir ces 122 personnes les plus recherchées.
Voici le rapport de la RAND auquel je faisais référence un peu plus tôt. Chaque petit onglet jaune que vous voyez représente une section du rapport où j'ai relevé une incompatibilité.
Dans le cadre de l'élaboration de ce rapport, la RAND ne m'a pas consulté, pas plus que le général Geoffrey Miller, Bill Brandenburg, le lieutenant-général Jack Gardner, le brigadier-général Dave Phillips, Julie Norman, et j'en passe. Elle a consulté un nombre très restreint de personnes et, comme je l'ai souligné, elle a utilisé beaucoup de renseignements non fondés.
Lorsque j'étais sur place, j'ai lu un rapport selon lequel le département d'État affirmait qu'il y avait un camp d'entraînement secret où l'on formait des Iraquiens. J'ai réuni les marines et nous sommes entrés dans ce camp prêts à faire feu. Ce que le lieutenant des marines et moi avons trouvé, c'est un endroit où des travailleurs iraquiens pouvaient aller dormir sans craindre d'être capturés et exécutés par l'Armée du Mahdi ou le corps de Badr.
Je dissipais toutes ces rumeurs, mais le département d'État continuait de les alimenter. En fait, il maintenait qu'elles étaient vraies — même l'assassinat des Kurdes. J'ai remis la lettre du ministre des Affaires étrangères à Jay Zimmerman et Steve Epstein, du département d'État, à Washington. Ils ont vérifié auprès du ministre qu'il avait bel et bien rédigé cette lettre, ce qu'il leur a confirmé. Il leur a dit que le MEK n'avait pas attaqué les Kurdes. Malgré cela, le département maintient ces accusations, tout comme la RAND dans son rapport. Et je leur avais remis cette lettre deux ans plus tôt.
Habituellement, la RAND fait du très bon travail. Malheureusement, dans ce rapport, l'organisation utilise beaucoup de renseignements non fondés.
Fait intéressant... J'aime bien cet extrait du rapport:
... très peu de législateurs en occident appuient le MEK ou savent vraiment de qui il s'agit. Une analyse commandée par les Instances collégiales des chefs d'état-major dans le cadre de l'opération Iraqi Freedom a démontré que le MEK recevait très peu de soutien de la part des membres Congrès. Ceux qui semblent voir la présence du MEK comme une chose positive s'opposent vivement à l'Iran ou ont des électeurs d'origine iranienne dans leur circonscription. Les autres sont tout simplement mal informés.
Donc, selon la RAND, lorsqu'un membre du Congrès appuie le MEK, c'est soit parce qu'il déteste l'Iran au plus haut point, soit parce qu'il tente de plaire à l'électorat, soit parce qu'il n'a aucune idée de ce qu'il dit.
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Certainement. Lorsque je regarde la façon dont les États-Unis traitent ce dossier, notamment le pouvoir exécutif, ça me rappelle l'incident du micro laissé ouvert à l'insu du président Obama alors que celui-ci s'entretenait avec le président russe. Il préconise la même approche: si l'on ne prête aucune attention à l'Irak et à la détérioration de la situation, il n'en sera plus question d'ici novembre.
La situation se détériore rapidement en Irak. J'ai reçu un compte rendu de renseignement de la part d'un de mes amis qui est en Irak. Il dit ceci:
L'Iran dirige la politique iraquienne. Les autorités américaines devraient et doivent le savoir. Elles devraient aussi informer leurs citoyens de la situation. Le gouvernement d'al-Maliki commence à s'effondrer, mais ce dernier demeure ministre de la Défense. Il est également ministre de l'Intérieur, et six brigades lui ont été affectées. Il utilise ces troupes pour accroître son pouvoir.
Lors de ma dernière visite en Irak, Maliki tentait de conclure un accord avec Moqtada al-Sadr. Il lui offrait 1 500 postes au sein des ministères de l'Intérieur et de la Défense. Mais depuis, le gouffre entre les deux dirigeants s'est accentué. Maliki met maintenant les membres de son propre parti en état d'arrestation, comme il l'a fait avec Tariq Hashimi et Mutlaq. Il se défait de tous ses opposants, et ce avec la bénédiction des États-Unis, ignorant...
J'ai mentionné aussi lors de mon dernier témoignage que, lorsque l'armée s'est attaquée brutalement à des manifestants sur la place Tahrir, Hillary Clinton a demandé la tenue d'une enquête sur les événements. Je me suis dit: « Excellent. Elle va faire enquête sur ce qui s'est produit sur la place Tahrir, à Bagdad. » Eh non. Elle faisait référence à la place Tahrir, en Égypte. Les deux pays ont une place qui porte le même nom. Elle a également demandé la tenue d'une enquête sur la mort brutale de Kadhafi, mais qu'en est-il de Saddam? Il a été victime d'une exécution sommaire. L'armée américaine avait prévenu le département d'État de ce qui allait se produire, et lorsque c'est arrivé, le département, sous la direction de Condoleezza Rice à l'époque, a laissé l'armée porter le blâme.
Mme Clinton ne parle pas des prisons secrètes qui existent en Irak, ni des gens qui disparaissent. Pour le moment, Barzani constitue la seule opposition d'importance à Maliki sur le plan régional. Lorsqu'il s'est entretenu avec le président Obama, à la Maison-Blanche, ce dernier lui a dit: « Vous devez trouver une solution. Laissez le temps faire les choses. » Mais nous n'avons plus le temps d'attendre. Il y a deux semaines, Barzani a rencontré Moqtada al-Sadr afin de trouver une solution pour empêcher Maliki de prendre le contrôle du gouvernement et du pays.
En 2002, Maliki était un marchand ambulant, à Damas. Il y a neuf mois, son fils a acheté des biens, notamment aux Émirats et à Damas. Maliki prétend qu'il ne vaut qu'environ 10 000 $. En réalité, sa fortune s'élève à plusieurs centaines de millions. J'ai déjà dit qu'il était dommage qu'on ne puisse pas l'emprisonner pour fraude fiscale comme on l'avait fait avec Al Capone. Il est en train de prendre le contrôle en Irak. Un jour, on le verra assis devant le Parlement, cigare ou cigarette au bec, regardant des députés être escortés à l'extérieur pour y être immédiatement exécutés. À mon avis, il ne sera pas aussi sanguinaire que Saddam qui lui fumait le cigare lors de tels événements. Mais c'est sensiblement ce que fait Maliki, avec la bénédiction du gouvernement américain. Pour moi, c'est comme la situation du micro ouvert.