:
Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité de me permettre de comparaître aujourd'hui.
J'aimerais vous parler du travail du Groupe de travail pour la coopération internationale en matière d'éducation, de mémoire et de recherche au sujet de l'Holocauste, aussi connu sous le nom d'ITF.
Je comparais devant vous en ma capacité de futur président d'ITF, un rôle que j'assumerai à compter de mars 2013. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Colin Boyd, directeur, Politique du multiculturalisme, à Citoyenneté et Immigration Canada, et chef de délégation du Canada à l'ITF.
[Français]
En bref, la création de l'ITF a été proposée à l'origine par le premier ministre suédois Göran Persson, en 1998. Le but était d'affirmer l'appui des chefs de file politiques et sociaux quant au besoin d'éduquer les gens au sujet de l'Holocauste, de commémorer l'Holocauste et de favoriser la recherche à cet égard à l'échelle nationale et internationale.
L'ITF, qui comptait au départ trois membres fondateurs, soit la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis, inclut maintenant 31 pays membres, le Canada étant le 27e membre.
[Traduction]
La demande d'adhésion du Canada a commencé en 2007, sous la direction du et du . Comme le ministre Kenney l'a mentionné à Oslo en 2009, à la réunion au cours de laquelle le Canada est devenu membre à part entière de l'ITF:
« ... la qualité de membre de cet important organisme confère au Canada la possibilité de travailler à l'échelle internationale pour lutter contre le racisme et l'antisémitisme. Ce gouvernement pense qu'il est crucial de participer aux initiatives visant à enseigner aux futures générations les leçons de l'Holocauste et à aider à prévenir de futurs actes de génocide. »
L'ITF est unique en ce sens qu'il est composé d'un mélange de représentants diplomatiques gouvernementaux et d'experts non gouvernementaux sur l'Holocauste — des universitaires, des experts en muséologie, des éducateurs et des chercheurs. L'ITF est régi par les principes exprimés dans son document fondateur, c'est-à-dire la déclaration de Stockholm, qui insiste sur l'importance de soutenir « la vérité terrible de l'Holocauste contre ceux qui en nient la réalité » et de préserver l'Holocauste dans la mémoire collective parce que cet événement peut « nous aider à comprendre la capacité de l'homme à faire le bien ou le mal ».
L'ITF est le seul organisme intergouvernemental voué exclusivement à la mémoire de l'Holocauste. Depuis la déclaration de Stockholm, des organisations internationales comme le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont fait de la commémoration de l'Holocauste une partie intégrante fondamentale de leur mission.
[Français]
En novembre 2005, les Nations Unies ont déclaré que le 27 janvier, soit la date en 1945 à laquelle les forces russes ont libéré Auschwitz, serait la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste.
À titre de président de l'ITF, le Canada aura l'occasion de diriger des efforts internationaux afin d'enseigner aux générations futures les leçons tirées de l'Holocauste, de lutter contre l'antisémitisme, d'aider à prévenir tout acte de génocide à l'avenir et de mettre en relief les initiatives nationales.
Le Canada s'acquitte déjà de son engagement en tant que membre de l'ITF.
Une importante délégation canadienne participe à toutes les réunions de l'ITF et contribue aux discours de tous les groupes de travail.
[Traduction]
Au cours des 10 dernières années, l'ITF a déployé des efforts considérables auprès des organisations non gouvernementales pour offrir de la formation aux enseignants et aux formateurs, notamment des lignes directrices sur l'enseignement de l'Holocauste par rapport aux autres génocides; implanter des pratiques exemplaires en matière de souvenir de l'Holocauste ainsi que des approches pour les jours de commémoration de l'Holocauste dans plusieurs pays; favoriser la nouvelle recherche au moyen de colloques et de conférences universitaires.
Aujourd'hui, l'ITF poursuit un plan de travail pluriannuel comportant des priorités dans les domaines suivants: l'identification et la commémoration des sites de mises à mort en Europe orientale situés à l'extérieur des principaux camps de la mort; la recherche sur les pratiques exemplaires dans les techniques d'enseignement, y compris la mesure de l'efficacité; l'évaluation de l'accessibilité des archives de l'époque de l'Holocauste dans tous les États membres de l'ITF.
[Français]
Comme président, je m'attacherai à développer les partenariats internationaux existants ainsi qu'à en forger de nouveaux, par exemple en travaillant en étroite collaboration avec l'OSCE, l'UNESCO et le Conseil de l'Europe. En outre, je poursuivrai les discussions avec des pays comme l'Ukraine, la Bulgarie, la Turquie et le Portugal, qui ont tous manifesté un intérêt envers l'ITF.
De plus, par le truchement du Comité permanent de l'ITF sur l'antisémitisme et la négation de l'Holocauste, j'encouragerai l'appui au Protocole d'Ottawa qui, comme vous le savez, a été élaboré en 2010 lorsque le Canada a été l'hôte de la Coalition interparlementaire de lutte contre l'antisémitisme.
[Traduction]
En 2013, j'organiserai plusieurs rencontres, dont une cérémonie de passation à l'ambassade canadienne à Berlin, en mars; des réunions du groupe de travail de l'ITF à Berlin, en juin, ainsi qu'une réunion plénière de l'ITF à Toronto, du 6 au 10 octobre. Pour m'aider à concevoir et à mettre en oeuvre des initiatives nationales, le gouvernement a mis sur pied un conseil consultatif national, dont je suis le coprésident conjointement avec le sénateur Linda Frum. Le conseil consultatif comprend des experts provenant de partout au Canada, notamment des universitaires, des directeurs de musée, des présidents-directeurs généraux et des chefs de file de la communauté juive. Le conseil compte aussi des représentants des communautés polonaises et ukrainiennes.
[Français]
À l'échelle nationale, nous voulons rejoindre tous les Canadiens et Canadiennes, profiter de cette occasion pour sensibiliser davantage la population à l'Holocauste et accroître sa compréhension à l'égard de cet événement.
À l'échelle internationale, nous voulons démontrer l'engagement du Canada quant à l'éducation, la mémoire et la recherche au sujet de l'Holocauste. Diverses possibilités sont envisagées afin de mettre en évidence le travail réalisé dans le milieu de l'éducation. Sans aucun doute, nos écoles sont des moyens puissants pour ce qui est d'instruire les jeunes sur l'Holocauste ainsi que sur le danger que constituent les génocides et les assassinats collectifs en général.
En outre, le Canada est privilégié de pouvoir compter sur un grand nombre d'organisations non gouvernementales qui participent activement à l'éducation et à la sensibilisation à l'Holocauste.
[Traduction]
Elles travaillent étroitement avec des éducateurs, chez nous et à l'étranger, afin de veiller à ce que l'Holocauste soit intégré dans le programme pédagogique de manière à trouver écho auprès des élèves de tous âges et de toutes origines. J'aimerais souligner aujourd'hui quatre organisations, soit le Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal, le Sarah and Chaim Neuberger Holocaust Education Centre de Toronto, le Freeman Family Foundation Holocaust Education Centre à Winnipeg, et le Vancouver Holocaust Education Centre. Chacun de ces centres offre des programmes en salle de classe, des excursions scolaires ainsi que de la formation et des ressources s'adressant aux enseignants. La communauté des ONG a accompli un travail formidable pour joindre les Canadiens et les Canadiennes. Toutefois, il est important d'appuyer les efforts des ONG visant à enregistrer et à préserver les témoignages des survivants de l'Holocauste comme moyen essentiel d'intéresser les différents auditoires, à mesure que nous progresserons vers un contexte d'après survie. Le conseil consultatif et d'autres intervenants communautaires ont recommandé que le gouvernement du Canada travaille avec les centres dans le but de préserver les témoignages des survivants de l'Holocauste.
[Français]
Il s'agit d'un projet de grande envergure, compte tenu de l'importante population de survivants au Canada. Ce projet sera un outil d'éducation essentiel à mesure que nous progresserons vers un contexte d'après-survie.
Les objectifs fondamentaux du gouvernement du Canada relativement à la préservation des témoignages des survivants, notamment celui de protéger les fonds de renseignements contre toute détérioration, sont d'accroître l'accessibilité à ces derniers pour le public, grâce à la technologie numérique, et de faciliter leur utilisation dans des contextes pédagogiques en tant que puissant outil de sensibilisation. Les témoins encore vivants qui ont été en mesure de transmettre leur histoire personnelle et leurs souvenirs font partie intégrante de l'éducation sur l'Holocauste.
[Traduction]
Les jeunes sont une autre composante essentielle de l'éducation sur l'Holocauste qui exigent une attention particulière. Le Canada travaillera avec le Yad Vashem en Israël, qui organise un concours international de conception d'affiches en collaboration avec les collèges postsecondaires d'art et de design du monde entier. Et, au cours de l'année de présidence du Canada, pour souligner la contribution essentielle qu'apportent les enseignants dans le domaine de l'éducation sur l'Holocauste, nous établirons un partenariat avec le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada afin de reconnaître un enseignant ou une enseignante pour ses pratiques exemplaires en enseignement sur l'Holocauste.
Quant à la commémoration, un travail considérable a déjà été accompli. Sous l'égide du ministre John Baird, des progrès ont été réalisés en vue de l'érection d'un monument national de l'Holocauste ici même à Ottawa. Et par l'entremise du Programme de reconnaissance historique pour les communautés du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration du Canada, plus de 2,5 millions de dollars en financement ont été octroyés en vue de projets qui commémorent les expériences des juifs canadiens en raison des politiques de restriction de l'immigration en vigueur durant la Deuxième Guerre mondiale.
Par exemple, en 2013, une exposition itinérante créée par le Vancouver Holocaust Education Centre mettrait en lumière l'internement de 2 000 réfugiés juifs en tant que sujets d'un pays ennemi dans des camps en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Une autre exposition itinérante s'articulera autour de l'histoire du MS St. Louis.
[Français]
Malgré l'histoire sombre de l'Holocauste, cette époque est jalonnée d'exemples d'abnégation, pour le bien des autres, et de la capacité des humains à défendre des valeurs morales. C'est dans cet esprit que Postes Canada émettra un timbre, le 17 janvier 2013, pour souligner le courage de Raoul Wallenberg. M. Wallenberg, architecte et diplomate suédois, a aidé à sauver la vie de milliers de juifs hongrois pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il est aussi le premier citoyen honorifique canadien. Une exposition itinérante provenant de la Suède et mettant en évidence la vie et le courage de Raoul Wallenberg est actuellement en montre au Musée canadien de la guerre.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné plus tôt, un troisième domaine clé pour l'ITF est la recherche — afin de faire davantage la lumière sur l'Holocauste et ses forces motrices, dans le but de prévenir le génocide, le nettoyage ethnique, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie.
Au cours de mon année de présidence, de la nouvelle recherche sera appuyée par le truchement d'une conférence universitaire internationale qui aura lieu les 6 et 7 octobre à l'Université de Toronto. Cette conférence, qui sera ouverte au grand public, aura pour thème « Nouveaux chercheurs universitaires, nouvelles recherches sur l'Holocauste », et elle ciblera les jeunes chercheurs universitaires à la fois au Canada et dans le monde entier.
Un comité directeur, composé d'universitaires principaux, coprésidé par M. Michael Marrus et Mme Doris Bergen, veillera à l'organisation de la conférence. De plus, pour aider les chercheurs universitaires, Bibliothèque et Archives Canada — qui détient une importante collection de documents portant sur l'Holocauste — élaborera un guide de recherche contenant des détails sur ces dossiers et la marche à suivre pour accéder à ceux-ci.
J'arrive maintenant à la fin de mon allocution. Mais, avant de vous céder la parole pour poser des questions, j'aimerais lancer une invitation au comité pour qu'il assiste à une cérémonie formelle à Berlin le 5 mars 2013, au cours de laquelle la présidence de l'ITF passera de la Belgique au Canada.
[Français]
Votre présence renforcera l'engagement de tous les partis politiques au Canada à veiller à ce que les générations futures puissent comprendre les causes de l'Holocauste et songer à ses nombreuses conséquences. En examinant la situation aujourd'hui, on peut conclure que tant qu'il y aura du racisme, de l'antisémitisme et des génocides dans le monde, l'histoire de l'Holocauste demeurera pertinente et réelle.
[Traduction]
Il me fera plaisir de répondre à vos questions et de discuter avec le comité de la possibilité que les membres prennent part à des activités organisées au cours de l'année de la présidence du Canada.
Je vous remercie de cette occasion de m'entretenir avec vous aujourd'hui, monsieur le président.
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Monsieur Sweet, merci beaucoup pour votre généreuse introduction. Ce fut un honneur de partager le podium avec vous. Et vous méritez certainement de recevoir ce prix.
Une partie du renforcement institutionnel qui aura lieu pendant ma présidence visera à susciter l'adhésion d'autres pays. Plus particulièrement, le gouvernement du Canada m'a demandé de travailler à l'adhésion de l'Ukraine en tant que pays membre. À l'heure actuelle, l'Ukraine n'est pas membre de l'ITF. Comme vous le savez, environ 1,5 million de personnes ont été tuées lors de la Shoah en Ukraine. C'est une composante très importante de leur histoire de l'Holocauste et c'est pourquoi nous devons tendre la main à ce pays.
Présentement, l'ITF ne dispose pas de financement de programmes pour les différents pays, y compris les pays non membres. L'Ukraine a déjà pu tirer profit — ou du moins les ONG ukrainiennes — d'une partie du financement de l'ITF.
D'autres pays ont également montré un intérêt: la Bulgarie, l'Albanie et le Liechtenstein. Nous comptons également des pays membres observateurs, comme le Portugal, la Turquie et la Macédoine, qui ont manifesté leur intérêt à peut-être devenir des membres à part entière. J'espère que durant ma présidence, je susciterai l'intérêt non seulement des 31 pays membres, mais aussi d'autres pays comme ceux que j'ai mentionnés pour voir s'ils ne voudraient pas devenir des membres observateurs ou bien des membres à part entière, ou du moins à faire avancer leurs dossiers pendant mon mandat.
Pour devenir membre à part entière, il faut suivre un processus bien précis. Les 31 pays membres de l'organisation fonctionnent essentiellement par consensus. Tous les pays membres doivent être d'accord.
Comme je l'ai mentionné, le Canada est devenu membre sous le leadership du et du ministre en 2007. Le Canada est devenu un membre observateur au terme d'un consensus convenu entre les États membres. Le Canada a dû ensuite préparer une étude de base. Il est par après devenu membre liaison, qui est une autre étape à suivre. Il est finalement devenu membre à part entière en 2009. Le fait que le Canada assurera la présidence du comité en 2013 témoigne de l'excellent travail fait par le Canada à l'échelle internationale ainsi que de son engagement envers l'ITF. C'est une initiative d'envergure et un engagement d'importance.
Nous espérons que pendant notre année de présidence, nous serons en mesure de renforcer l'organisation. Bien sûr, nous souhaitons laisser l'organisation en meilleure position qu'au début.
D'après les différents membres à qui j'ai parlé, ils s'attendent à ce que le Canada réussisse bien. Le Canada est un pays vers lequel le monde se tourne pour qu'il exerce un leadership sur diverses questions, non seulement pour combattre le déni de l'Holocauste dans des pays comme l'Iran et non seulement pour des questions concernant l'antisémitisme qui s'insinue un peu partout dans le monde, même dans des pays membres en Europe, ce qui cause de graves préoccupations. Je pense que le Canada a un rôle à jouer. Nous pouvons également faire du réseautage auprès d'autres pays pour nous assurer de faire un bon travail pour l'organisation et de la laisser plus forte qu'au début de notre présidence.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais également me joindre à ce chaleureux accueil. Mario Silva nous manque au sein du comité. Je crois que j'en suis le vice-président uniquement parce qu'il n'est plus là maintenant, et donc je voulais lui exprimer notre appréciation pour son travail au comité par le passé et pour son leadership à l'ITF désormais.
J'aimerais lui poser deux questions, lesquelles découlent de son allocution que j'ai d'ailleurs trouvée très complète et très utile.
Ma première question, Mario, porte sur le fait que vous avez dit dans votre mémoire que malgré l'histoire sombre de l'Holocauste, on retrouvait des exemples extraordinaires d'abnégation pour autrui et de la capacité des êtres humains de défendre des valeurs morales. À ce sujet, vous avez mentionné le nom de Raoul Wallenberg, le premier citoyen honorifique canadien. Je me demande si, dans ce contexte, l'ITF pourrait peut-être, comme cadre de référence pour ses activités commémoratives, parler du travail des sauveteurs. Il s'agit de travail qui inspire et c'est particulièrement une source d'inspiration pour les jeunes et Raoul Wallenberg est un modèle tout particulier.
Comme vous le savez, le 17 janvier a été marqué d'une pierre blanche ici au Canada comme étant la journée qui rendrait hommage à Raoul Wallenberg. Je me demande si l'ITF, à lui seul ou de concert avec d'autres, a des projets dans le cadre de cette journée commémorative de Raoul Wallenberg au Canada, et pour ce qui est peut-être de créer une journée commémorative à la mémoire de Raoul Wallenberg dans d'autres pays membres de l'ITF. C'est ma première question.
Vous avez dit plus tôt qu'un troisième domaine clé pour l'ITF était la recherche, afin de faire davantage la lumière sur l'Holocauste et ses forces motrices, dans le but de prévenir le génocide, le nettoyage ethnique, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie.
Au sujet du thème très important de la prévention, je me demande si une partie de votre recherche pourrait porter sur le phénomène dangereux de l'antisémitisme génocidaire, voire même l'antisémitisme génocidaire sanctionné par un État, où l'on voit converger l'incitation aux crimes les plus horribles, notamment le génocide, qui s'insère dans la plus éternelle des haines, à savoir l'antisémitisme. Vous connaissez cela très bien; je n'ai pas besoin de m'éterniser.
Voilà donc mes deux questions.
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Merci pour vos questions monsieur Schellenberger.
L'antisémitisme est un problème malheureusement. C'est un phénomène mondial. On le retrouve dans toutes les sociétés. Il s'agit d'un incroyable problème de haine. J'aimerais vous donner quelques statistiques pour que vous puissiez voir comment les choses évoluent, pour le moins au Canada.
En 2010, B'nai Brith Canada a indiqué que le nombre d'incidents antisémites avait augmenté de 11 p. 100 au Canada, y compris 479 cas dans la grande région métropolitaine de Toronto.
Selon Statistique Canada, en 2010, la plupart des crimes haineux motivés par la religion sont commis contre la foi juive, un résultat qui semble concorder avec les années précédentes. En 2010, il y a eu 204 incidents de crimes haineux contre la foi juive, ce qui représente près de 6 cas sur 10 ou 55 p. 100 de tous les incidents à motivation religieuse.
Nous savons que les crimes haineux comptent parmi les crimes les moins signalés.
Pour répondre à votre question, aussi bien d'après le rapport de B'nai Brith que de Statistique Canada, malheureusement le mal pernicieux de la haine contre les juifs, l'antisémitisme comme on l'appelle, est encore très prévalent dans notre société.
Une série de mesures ont été prises. Sous le Parlement précédent, sous le leadership de Scott Reid, du professeur Irwin Cotler et de moi-même, des parlementaires du monde entier sont venus à des conférences ici à Ottawa. Il s'agissait d'une mesure importante prise par le Parlement pour montrer son engagement dans la lutte contre l'antisémitisme, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Notre groupe de travail national a fait de même en présentant un rapport.
Un très important document est ressorti de cela — le Protocole d'Ottawa, qui présente des recommandations au gouvernement. En 2011, les ministres Jason Kenney et John Baird ont signé au nom du gouvernement du Canada ce protocole, ce qui en a fait un document officiel du gouvernement canadien.
J'espère que ce document, le Protocole d'Ottawa, basé sur le travail lancé par le professeur Cotler dans le cadre de la Déclaration de Londres, sera aussi signé par d'autres pays. La promotion du Protocole d'Ottawa et la reconnaissance du travail fait en collaboration avec les membres de tous les partis pour promouvoir ce protocole très important feront partie du mandat que j'exercerai durant la présidence du Canada.
Il nous faut également travailler avec les écoles. Cela signifie travailler avec les provinces pour voir comment le sujet est enseigné, quel format est utilisé et comment la question est abordée.
Je dirais que la lutte contre la propagande haineuse sur Internet est ce qui nous préoccupe le plus. Les attaques contre le peuple juif sur Internet sont féroces. Il est très troublant de voir comment ils sont continuellement ciblés, à l'échelle nationale et internationale. Il faut attirer beaucoup d'attention et investir dans l'éducation et aussi adopter une loi pour trouver le moyen de lutter contre ce mal.
Je ne sais pas si vous avez autre chose à ajouter, monsieur Boyd.
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Très brièvement, nous avons une définition du négationnisme. Le négationnisme est une forme d'antisémitisme qui vise à nier le génocide du peuple juif, ou à en rendre responsables les juifs. Nous traitons aussi des questions liées au négationnisme, comme la contestation publique, la remise en doute des moyens employés, la justification ou la banalisation ou la minimisation de l'Holocauste, de l'
HaShoah, y compris la minimisation de l'ampleur de l'Holocauste. Nous avons un document là-dessus.
Il y a un programme de subventions pour les ONG et pour nos partenaires dans divers pays, particulièrement les pays membres.
Il ne faut pas oublier l'importance du jour de la commémoration de l'Holocauste, le 27 janvier, qui est observé dans la scène internationale.
Nous avons pris d'autres initiatives de promotion au niveau international. Pour promouvoir la cause de l'accès aux archives et pour prouver l'engagement des pays membres, à leur inscription on exige des pays qui prouvent leur engagement envers notre instrument principal, la Déclaration de Stockholm, mais aussi qu'ils entreprennent des initiatives de sensibilisation, de commémoration et de recherche.
Enfin, le comité pourrait faire une excellente chose en participant à la cérémonie de passation le 5 mars. Monsieur le président, je vous encourage si vous obtenez l'approbation de tous les membres du comité, à être des nôtres à Berlin, le 5 mars. Je pense que ce serait important pour le comité d'être présent, puisque c'est une question très importante pour les droits de la personne à l'échelle internationale.
Au même moment, vous le savez sans doute, monsieur le président, le Conseil des droits de l'homme tiendra une réunion à Genève, qui est tout à côté. Ce serait une excellente occasion pour vous et pour les membres du comité d'y participer, entre autres activités. Je pense que c'est un événement très important, qui en vaut la peine, un jalon pour l'histoire canadienne. C'est la première fois que le Canada présidera cette organisation internationale qui fait un si bon travail d'éducation, de recherche et de mémoire au sujet de l'Holocauste.
J'en profite encore une fois pour vous demander, monsieur le président, d'obtenir l'appui de vos membres pour y participer. Il serait vraiment dommage que vous n'y soyez pas tous.