:
Bienvenue à la troisième série d'audiences du Comité spécial sur la réforme électorale. Il s'agit d'une séance en soirée.
Je tiens à remercier les témoins d'être venus nous rencontrer ici, à Ottawa, en ce mercredi soir du mois d'août.
Nous accueillons trois témoins. Je vais lire une courte biographie sur chacun d'eux avant de poursuivre.
Nous accueillons ce soir Jane Hilderman, Dominic Vézina et Taylor Gunn.
Jane Hilderman est directrice générale de Samara, un organisme qui tente de rétablir un lien entre les citoyens et la politique. Mme Hilderman a déjà travaillé sur la Colline du Parlement, pour des députés du gouvernement et de l'opposition, et elle mène actuellement des recherches sur la participation démocratique au Canada, la façon dont les députés font leur travail et la perception qu'ont les citoyens du domaine de la politique.
En 2011, Mme Hilderman a participé à la rédaction d'un rapport produit par Samara, qui portait sur les points de vue de Canadiens qui se sentent tenus à l'écart du pouvoir politique.
[Français]
Dominic Vézina est conseiller stratégique à l'Institut du Nouveau Monde, un organisme non partisan dont la mission est d'accroître la participation des citoyens à la vie démocratique. M. Vézina possède de l'expérience dans les domaines de la psychologie et des communications. Il a été gestionnaire au service des ressources éducatives d'une commission scolaire de Montréal durant une période où celle-ci a mis en oeuvre des programmes pilotes d'éducation sur la gouvernance et la citoyenneté. En 2010, M. Vézina s'est vu décerner, par l'Assemblée nationale du Québec, le prix du Mérite municipal, qui récompense une personne pour son engagement à mettre sur pied des projets dans leur municipalité.
[Traduction]
Enfin, nous accueillons Taylor Gunn, président et cofondateur de Civix — qui s'écrit avec un « X » —, un organisme de bienfaisance non partisan qui tente de renforcer les compétences et les habitudes liées à la citoyenneté parmi les jeunes Canadiens. L'un des programmes les plus anciens et les plus réussis de l'organisation est Vote étudiant, dans le cadre duquel l'organisation tient des élections parallèles pour les élèves encore trop jeunes pour voter. En avril, M. Gunn a reçu le prix Greer de 2016 pour sa contribution exceptionnelle au système d'éducation publique en Ontario.
Nous allons suivre l'ordre établi dans l'avis de convocation, ce qui signifie que nous commencerons par Mme Hilderman, qui aura 10 minutes. Chaque témoin parlera pendant 10 minutes, puis il y aura deux séries de questions. Lors de chaque ronde...
[Français]
Lors de chaque ronde de questions, chaque député aura l'occasion de s'entretenir avec les témoins de son choix pendant cinq minutes, ce qui comprend, et c'est très important de le souligner, les questions et les réponses. Si, par hasard, un témoin n'a pas le temps de répondre à une question parce que les cinq minutes sont écoulées, il n'a pas à s'inquiéter. Il aura l'occasion de s'exprimer en réponse à cette même question la prochaine fois qu'il aura la parole.
Sans plus tarder, je demanderais à Mme Hilderman de nous livrer sa présentation sur la réforme électorale.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président, de m'avoir invitée à comparaître ce soir dans le cadre d'une des dernières réunions du Comité avant que vous entrepreniez votre tournée pancanadienne.
Comme le président l'a mentionné, je suis ici pour le compte de Samara Canada, un organisme de bienfaisance non partisan et indépendant déterminé à renforcer la démocratie canadienne et à rétablir un lien entre les citoyens et la politique. Chez Samara, nous utilisons des recherches rigoureuses, accessibles et novatrices pour expliquer aux Canadiens comment fonctionne la démocratie au Canada. Nos travaux sont régulièrement cités par les médias nationaux, dans les salles de classe de niveau postsecondaire, dans le cadre des discussions parlementaires et même dans des endroits comme les Travers Debate, où l'humoriste Scott Feschuk a décrit Samara comme étant la « maman du Parlement ». Nous interprétons cela comme un compliment. Nous menons nos recherches en parallèle avec les programmes de mobilisation de Samara, puisque nous tentons de célébrer et d'encourager la participation active des citoyens.
Je tiens à préciser au Comité que, contrairement aux nombreux universitaires et experts que vous avez accueillis en juillet et août, Samara Canada n'a pas examiné de façon approfondie les nuances des différents systèmes électoraux depuis de nombreuses années. Nous n'avons pas fait la promotion et nous ne faisons toujours pas la promotion d'un système électoral précis plutôt qu'un autre.
Depuis notre création en 2009, la plupart de nos travaux ont porté sur ce que j'appelle les défis tenaces ou principaux auxquels fait face une démocratie saine et dynamique. On retrouve habituellement ces défis dans les démocraties les mieux établies, peu importe leur système électoral. Par exemple, selon de nombreux citoyens, la politique n'est pas pertinente ou n'est pas importante dans le cadre de leur vie quotidienne, ce qui pousse nombre d'entre eux à se tourner vers des moyens autres que la politique pour régler les problèmes publics. Les représentants élus sont souvent confrontés à un manque de respect et de confiance du public, et nombreuses sont les personnes qui n'envisageraient jamais de se présenter à des élections. Ceux qui le font se retrouvent souvent avec un emploi extrêmement exigeant pour lequel peu de mesures de soutien ont été mises en place. Habituellement, ce n'est pas durant les élections qu'on peut régler ces problèmes fondamentaux. Malgré tout, je reconnais que les élections restent des moments clés de notre démocratie qui retiennent l'attention de millions de Canadiens et que voter reste le principal moyen pour les citoyens d'exprimer leurs opinions politiques.
On a demandé au Comité d'examiner des solutions de rechange au système électoral actuel du Canada et de le faire d'une façon qui inclut une consultation approfondie et inclusive des Canadiens. J'estime qu'un dialogue national sur la façon dont les citoyens choisissent leurs représentants — et d'autant plus un dialogue facilité par le Parlement — n'arrive pas si souvent. Selon nous, ce doit être une importante occasion pour les Canadiens de participer à leur démocratie, de mieux connaître le travail des parlementaires et d'avoir l'impression que leurs opinions sont écoutées.
Tandis que la discussion sur les élections se déroulait cette année, nous avons eu l'impression que la plupart des citoyens doivent livrer une dure bataille pour comprendre vraiment ce sur quoi porte le débat, les raisons pour lesquelles il est important et la façon dont ils peuvent y participer. Bien sûr, il y a certains rapports et certaines études de recherche approfondis déjà accessibles, mais ils traînent en longueur et utilisent un langage technique. Par conséquent, Samara Canada a décidé de réunir les principaux renseignements objectifs sur les différents systèmes électoraux afin que les Canadiens puissent se mettre au fait de la réforme électorale. Pour nous assurer que les renseignements fournis étaient exacts et neutres, nous avons travaillé en collaboration avec un politicologue, Stewart Prest, et cinq experts universitaires ont examiné notre rapport. La semaine dernière, Samara a publié son rapport intitulé Ce qu'il faut savoir à propos de la réforme électorale en français et en anglais.
J'ai prié la greffière du Comité de vous transmettre le rapport la semaine dernière. Il est aussi accessible sur le site Web de Samara.
En bref, le rapport décrit de quelle façon cinq systèmes électoraux possibles fonctionneraient au Canada, notamment le scrutin majoritaire uninominal à un tour, le vote préférentiel, le scrutin de liste, la représentation proportionnelle mixte et le vote unique transférable. Le rapport reprend aussi en précisant à l'intention des Canadiens les conseils spécialisés qui ont été formulés au Comité. Parmi les conseils formulés, mentionnons le fait qu'il n'y a pas un « meilleur » système et que chacun a ses propres forces et faiblesses, que l'avantage partisan est difficile à prédire lorsqu'on change un système électoral, qu'aucun système n'élimine le besoin pour les Canadiens de réfléchir au caractère stratégique de leur vote et que nous pouvons apprendre de l'expérience d'autres pays. Il ne faut pas présumer qu'un système électoral fonctionnera bien au Canada parce qu'il a bien fonctionné ailleurs.
Même si tous les membres du Comité ont essentiellement suivi un cours intensif sur les systèmes électoraux cet été — et je vous en félicite —, je tiens à rappeler au Comité que ce n'est pas le cas de la plupart des Canadiens. Je crois que la plupart des Canadiens ne se sont pas encore rendu compte que la réforme électorale est un enjeu urgent pour le Parlement et à plus forte raison qu'il leur reste de moins en moins de temps pour faire connaître leurs opinions au Comité.
Afin d'aider le Comité à réaliser son mandat de mener un processus de consultation vraiment inclusif auprès des Canadiens, nous recommandons que plus de ressources soient consacrées à la création et à la communication de renseignements non partisans au sujet de la réforme électorale et qu'on accorde plus de temps aux Canadiens pour qu'ils aient accès à ces renseignements, qu'ils en parlent entre eux et qu'ils participent à la consultation.
Durant la création de son propre rapport, Samara a constaté que la réforme électorale est un enjeu complexe et difficile à expliquer de façon accessible, particulièrement lorsque de nombreuses options restent possibles. Notre rapport compte plus ou moins 20 pages, et nous savons qu'il ne répondra pas aux besoins de tout un chacun en matière de renseignements. Par exemple, des ressources pédagogiques devraient être conçues et distribuées aux enseignants du secondaire et à leurs étudiants, à des auditoires au niveau d'alphabétisation limité, à des gens qui ont des types différents de besoins en apprentissage. De plus, certaines de ces ressources devraient être accessibles en d'autres langues en plus du français et de l'anglais.
Le fait de mener un processus d'engagement du public sans tenir compte des besoins en éducation des membres du public risque d'attirer, dans l'ensemble, ceux qui sont le plus motivés par la discussion: les experts, les partisans et les défenseurs passionnés d'une option ou d'une autre. L'opinion de ces personnes compte, mais un tel engagement n'est pas suffisamment inclusif. En outre, si la promesse d'engagement n'est pas tenue convenablement, je crains que les Canadiens seront encore plus frustrés et encore plus détachés de la politique et de leur démocratie.
Il faut aussi prévoir suffisamment de temps pour réaliser un processus de consultation efficace. Non seulement la réforme électorale est complexe, mais, actuellement, elle n'est pas nécessairement urgente, et il faudra du temps pour susciter l'intérêt des Canadiens. Aux yeux de la vaste majorité des Canadiens, les élections de 2015 n'ont pas généré une crise de la démocratie canadienne. En fait, les Canadiens ont voté en plus grand nombre que depuis des années. La participation électorale des jeunes était particulièrement impressionnante, en hausse de 18 % comparativement à 2011. Les résultats de l'élection ont été généralement acceptés par le public. Le gouvernement précédent a cédé pacifiquement sa place au nouveau gouvernement.
Ce n'est pas dire que la discussion sur la réforme électorale est inutile dans la situation actuelle. Au contraire, je crois qu'il est d'une importance cruciale que les Canadiens, leurs députés et la société civile aient des occasions de prendre du recul et d'envisager des améliorations à apporter à notre système démocratique.
Cependant, actuellement, les Canadiens ont moins de six semaines pour faire connaître leurs points de vue avant le 7 octobre. Cette date limite actuelle a été définie en raison de nombreux facteurs, y compris le fait que le directeur général des élections a besoin de deux ans pour mettre en place un nouveau système, le fait qu'il faut plusieurs mois pour qu'un projet de loi passe par la Chambre et le Sénat et le fait que le Comité a besoin de temps pour analyser minutieusement tous les renseignements contenus dans les mémoires reçus.
Vu l'absence de crise démocratique qui exige une solution rapide, le Comité devrait adopter un processus lent, minutieux et rigoureux. Avec plus de temps, on pourrait améliorer la quantité et la qualité de la participation des Canadiens à la discussion sur la réforme électorale. En outre, si on prévoit plus de temps, on accentuera la perception du public selon laquelle les consultations menées par le Comité sont crédibles et devraient avoir beaucoup de poids aux yeux du gouvernement et du Parlement.
En conclusion, Samara exhorte le Comité à reconnaître qu'un engagement national constructif sur un sujet comme la réforme électorale exige que beaucoup de citoyens aient réellement l'occasion d'être informés et entendus. Si le Comité a besoin de plus de temps pour réaliser son mandat, soit de consulter les Canadiens de façon inclusive, il devrait présenter une telle requête, qui devrait être soutenue par le Parlement et le gouvernement.
En terminant, j'aimerais formuler certaines idées pour votre réflexion. Que le Canada change son système électoral ou non, l'enjeu de la réforme électorale et les travaux du Comité ont mis au jour deux tendances.
Premièrement, il faut renforcer la sensibilisation du public à l'égard du système démocratique canadien, ce qu'on appelle souvent l'éducation civique ou encore les connaissances civiques. Selon moi, il est tout particulièrement important de le faire si on change le système électoral. Actuellement, l'éducation civique relève en gros des programmes d'enseignement provinciaux et est habituellement intégrée dans les programmes d'éducation secondaire. C'est très utile, mais ce n'est pas suffisant. Il faut s'efforcer de renforcer les connaissances civiques des adultes et dans le cadre de l'intégration des nouveaux arrivants qui commencent leur vie publique canadienne. Cependant, il y a très peu de ressources facilitant les efforts nationaux d'éducation civique au Canada et on ne sait pas clairement quels ministères ou quels organismes gouvernementaux devraient être responsables de l'atteinte de cet objectif.
Deuxièmement, on demandera probablement de plus en plus aux comités parlementaires et aux députés de consulter les Canadiens. Puisque le Comité utilise tous les outils à sa disposition — médias sociaux, consultations en ligne, tournée pancanadienne et renseignements obtenus par les députés dans le cadre d'assemblées publiques —, il serait très utile de tirer des leçons des travaux du Comité afin d'en faire profiter les comités et les députés à l'avenir. Un bon engagement public et de bonnes consultations exigent de la planification, des compétences, de la communication et la création de relations, une expérience au sujet de laquelle le Comité devrait amorcer une conversation au sujet de la capacité du Parlement de mobiliser efficacement les membres du public.
Merci.
:
Merci, monsieur le président et bonsoir à toutes et à tous.
Monsieur le président, distingués membres du Comité spécial sur la réforme électorale, mesdames et messieurs les parlementaires, je tiens tout d'abord à remercier la Chambre des communes et ses parlementaires pour la création et la mise sur pied du Comité spécial sur la réforme électorale ainsi que pour les efforts déployés pour consulter les citoyens et divers experts sur cette question si fondamentale pour l'avenir de la démocratie.
L'Institut du Nouveau Monde est heureux de vous présenter sa vision découlant de son expertise en matière de participation citoyenne et des diverses consultations menées auprès des jeunes âgés de 18 à 34 ans ayant participé à ses écoles de citoyenneté au cours des dernières années.
Je débuterai ma présentation en vous exposant quelques-uns des principaux constats entourant la participation électorale des jeunes de 18 à 34 ans. Je vous présenterai par la suite quelques réformes audacieuses qu'il nous parait essentiel de mettre en oeuvre pour renverser la tendance dramatique du déclin de la participation électorale des jeunes au Canada.
Permettez-moi tout d'abord de me présenter et de vous donner un aperçu de ce qu'est l'Institut du Nouveau Monde. Je m'appelle Dominic Vézina et je suis conseiller stratégique aux institutions démocratiques, à l'éducation citoyenne et au dossier jeunesse, un nouveau dossier à l'INM.
Fondé en 2003, l'INM est une organisation indépendante, non partisane, qui oeuvre principalement au Québec et dont la mission est essentiellement d'accroître la participation des citoyens à la vie démocratique. L'INM agit dans une perspective de justice et d'inclusion sociales, dans le respect des valeurs démocratiques et des principes du développement durable, et dans un esprit d'ouverture et d'innovation. L'INM publie d'ailleurs chaque année L'état du Québec, un ouvrage de référence qui analyse les principaux enjeux socioéconomiques de l'heure au Québec.
Je veux maintenant vous présenter quelques constats observés au sujet de la participation électorale des jeunes au Canada.
Au cours des dernières décennies, la participation électorale des jeunes Canadiens a décru considérablement. Le déclin enregistré se confirme d'année en année depuis maintenant plus de 40 ans. Comme le taux de participation est passé de 70 %, au cours des années 1960, à près de 30 %, en 2004, il nous paraît important de s'interroger à ce sujet et d'agir afin de renverser cette tendance.
Phénomène encore plus inquiétant, la diminution constante et significative du taux de participation initiale aux élections, c'est-à-dire la diminution de la participation des membres d'une nouvelle cohorte d'électeurs appelés à voter pour la première fois, indique un sérieux problème. C'est un point de rupture avec la jeunesse, que nous avons qualifié de suicide générationnel.
La littérature consultée et résumée dans notre mémoire, en particulier les études d'Élections Canada, nous donne des indications sur les principaux déterminants de la participation et de la non-participation électorale des jeunes. Quoi qu'il en soit, tous s'accordent pour dire qu'il est impératif d'approfondir notre compréhension du phénomène en menant des enquêtes nationales et des études, à la fois quantitatives et qualitatives, après chaque scrutin.
Cela étant dit, les données disponibles pointent toutes dans la même direction: l'une des avenues les plus prometteuses pour lutter efficacement contre le déclin de la participation électorale des jeunes consiste à augmenter le taux de participation initiale aux élections.
L'INM est favorable à l'idée de réformer le mode électoral actuel, mais ce changement à lui seul n'aurait pas l'impact souhaité à moyen et à long terme. Pour que celui-ci soit durable, cette réforme doit à notre avis s'accompagner d'une stratégie globale visant à développer les compétences civiques des jeunes, et ce, dès l'adolescence.
Selon nous, le public cible prioritaire devrait être les 16-21 ans, c'est-à-dire les jeunes qui sont sur le point d'acquérir le droit de vote ou de voter pour la première fois. C'est la raison pour laquelle les mesures ou programmes d'éducation civique au secondaire, au collégial et à l'université occupent une place centrale dans la stratégie que nous vous proposons aujourd'hui. Avant de présenter cette stratégie, résumons d'abord les principaux constats qui se dégagent de la littérature consultée.
Nous retenons que si certaines caractéristiques sociodémographiques — dont l'âge, le niveau de scolarité et le lieu de naissance — ont une certaine incidence sur la décision de voter des 18-34 ans, trois facteurs exercent une influence déterminante: concevoir l'exercice du droit de vote comme un devoir; être intéressé par la politique; et être informé à son sujet.
Les principaux facteurs qui, selon les jeunes, les incitent à ne pas voter ne sont pas à l'opposé de ceux qui les motivent à le faire. Les deux principales raisons de l'abstention des 18-34 ans sont le désintérêt envers la politique et le fait d'être trop occupé. Le troisième motif d'abstention diffère selon les sous-catégories d'âge. Les 18-24 ans invoquent des problèmes liés à l'inscription à la liste électorale alors que les 25-34 ans mentionnent des raisons relevant du cynisme. Le cynisme en tant que motif d'abstention semble apparaître plus tardivement que les autres facteurs analysés.
Quelles sont ces cinq réformes audacieuses que nous proposons?
Pour assurer une meilleure participation électorale, je le répète, l'INM est favorable à une réforme du système électoral actuel tout en développant de manière complémentaire, et avec tous les acteurs concernés, une stratégie globale favorisant le développement de compétences civiques chez les jeunes.
L'INM propose une stratégie audacieuse qui s'appuie en premier lieu sur l'institution d'un rite de passage civique à la fin de l'adolescence. Cette stratégie, qui fait la synthèse des résultats de consultations menées par l'INM, suppose des réformes d'envergure. Elle s'appuie d'ailleurs sur une conception renouvelée de la démocratie, où la participation électorale est non seulement souhaitée, mais attendue et encouragée, et dans laquelle voter est plus qu'un droit: c'est un devoir et une responsabilité.
Le rite de passage civique proposé s'articule autour de cinq réformes majeures.
La première réforme est un cours obligatoire d'éducation à la citoyenneté au secondaire. L'éducation à la citoyenneté est le moyen le plus sûr d'intéresser les jeunes à la politique. Or l'une des principales raisons de l’abstention électorale des jeunes est qu’ils ne comprennent pas en quoi la politique est utile dans leur vie. Un cours obligatoire d'éducation à la citoyenneté devrait être offert en 3e année du secondaire, par exemple, un moment où l'école est obligatoire, pour s'assurer que tout le monde y est sensibilisé. De plus, une simulation de vote devrait être systématiquement offerte à tous les élèves, et ce, à chaque élection.
Toutes les études démontrent qu'au-delà du sens du devoir, les jeunes votent s'ils sont intéressés par la politique et s'ils sont informés à son sujet. Ce sont là les deuxième et troisième motifs expliquant pourquoi ils votent.
Les études comparatives, notamment celles de Henry Milner, démontrent que la participation électorale est plus forte dans les pays où le niveau moyen de connaissances politiques est élevé. Elles démontrent également qu'un cours obligatoire dédié à l'éducation civique peut faire la différence. Les exemples norvégiens et suédois sont éloquents à ce sujet. Dans les deux cas, les taux de participation électorale générale avoisinent les 85 %, et chez les jeunes, ils sont de plus de 75 %.
La deuxième réforme concerne le droit de vote à 16 ans. L’abaissement à 16 ans de l’âge où l’on acquiert le droit de vote se justifie dès lors. Le jeune vient de recevoir une formation qui le prépare à exercer son droit de vote en connaissance de cause. Il est motivé et accompagné dans cette démarche. C’est ici que s’instaure le rite de passage civique que nous proposons. Tous les jeunes de 16 ans, toujours sur les bancs d'école, vont voter en même temps pour la première fois dans un contexte institutionnel qui soutient cet engagement. Une célébration de l'obtention du droit de vote, semblable à celle accompagnant l'acquisition de la citoyenneté par les immigrants, devrait être instituée.
La troisième réforme est un service civique volontaire pour les jeunes de 16 à 24 ans. Il est démontré que l'engagement et la participation suscitent encore plus d'engagement et de participation. L'engagement civique entraîne aussi la participation électorale. Une façon de soutenir l'engagement et la participation des jeunes une fois qu'ils ont quitté l'école est de leur offrir la possibilité de servir leur communauté via un service civique volontaire.
Comme quatrième réforme, nous proposons l’institution du vote obligatoire incluant la possibilité du vote blanc. Pour bien marquer le fait que le vote n'est pas seulement un droit mais un devoir, nous croyons qu'il y a lieu d'envisager de rendre le vote obligatoire. C'est une formule qui existe dans une trentaine de pays, dont la Belgique et l'Australie, des pays qui sont comparables au nôtre. Le vote obligatoire devrait permettre d'enregistrer les absentions volontaires par ce que l'on appelle le « vote blanc », car celui-ci permet d'exprimer le rejet de tous les partis en lice si aucun ne satisfait ses aspirations. Le vote obligatoire aurait aussi pour effet d'obliger tous les partis à s'intéresser non seulement à leur clientèle acquise, mais à tous les citoyens, y compris les jeunes.
La cinquième réforme est l'instauration d'un mode de scrutin partiellement proportionnel. Les recherches indiquent que l'une des raisons pour lesquelles les jeunes ne vont pas voter est qu'ils ont le sentiment que leur vote ne compte pas. Donc, la composition du Parlement ne reflète pas la diversité réelle de l'électorat. En instaurant un nouveau mode de scrutin incluant une part de proportionnalité, les citoyens auront le sentiment que leur vote compte.
Finalement, nous croyons que le vote des jeunes est déterminant pour l'avenir de notre démocratie. Nous espérons donc que les recommandations qui seront formulées par le Comité le seront en fonction d'un système électoral plus représentatif, mais aussi d'une meilleure capacité à éduquer et à mobiliser les jeunes dans l'exercice de leur citoyenneté.
Selon l'INM, rehausser la participation des jeunes à la vie démocratique devrait être une priorité nationale.
:
C'est tout un privilège pour moi d'être ici devant vous. J'ai un peu honte d'admettre que j'ai beaucoup aimé lire tout ce qui a été écrit dans le hansard jusqu'à présent sur votre site et j'ai ensuite passé toute la journée ici par respect, parce que je sais que vous avez tenu trois séances aujourd'hui et je voulais voir comment ça serait de revenir à six heures pour recommencer à travailler.
Des voix: Oh, oh!
M. Taylor Gunn: On dirait que tout le monde est d'accord pour dire que nous ne sommes pas des experts de la réforme électorale, et je suis heureux de voir que nous sommes honnêtes; c'est la vérité. Alors pourquoi est-ce que je viendrais ici? Il y a quatorze ans, j'ai entendu parler du problème de la participation électorale, et il y avait des indices que c'était en raison des jeunes. Je me suis dit que ce n'était peut-être pas le problème le plus difficile à régler, peut-être parce que j'avais alors 24 ans et que je pensais qu'on pouvait tout simplement enseigner ces choses à l'école comme on enseigne toutes les autres choses que personne ne veut apprendre. Nous avons entrepris des travaux qui durent maintenant depuis 14 ans. J'étais censé être devenu millionnaire à ce stade-ci, mais nous sommes sortis des sentiers battus. Je vais vous dire rapidement ce que nous avons fait.
Nous sommes bien meilleurs à faire notre travail qu'à en parler, alors j'espère pouvoir tout simplement vous dire ce que nous faisons et que vous serez convaincu que nous avons une certaine expertise dont vous pouvez bénéficier.
Dans un premier temps, nous nous sommes dit que le groupe se trouvant dans la période la plus propice à l'enseignement sur laquelle nous devions miser était les jeunes n'ayant pas encore l'âge de voter. Notre principal objectif ici consiste à renforcer les habitudes et les compétences liées à la citoyenneté. Nous avons décidé d'utiliser des élections pour y arriver. Vous savez, les élections sont l'activité phare dans le domaine politique. Nous nous sommes donc dit que nous pourrions montrer aux élèves à l'école comment mener des élections, et Vote étudiant est devenu notre programme phare. Dans quelques instants, je passerai en revue certains faits amusants que j'ai préparés pour vous.
Essentiellement, nous habilitons les enseignants en leur fournissant des ressources pédagogiques. Nous avons maintenant élargi les ressources afin d'inclure des vidéos en ligne auxquelles participent les chefs des partis, qui incluent la démocratie dans le programme d'enseignement durant la campagne. Le processus n'exige pas une modification du programme d'enseignement. Nous tentons plutôt de trouver des enseignants enthousiastes qui croient au processus démocratique.
Les principales composantes du programme Vote étudiant incluent de l'apprentissage en classe, un dialogue avec les parents, la rencontre des candidats dans le cadre de réunions — je sais que bon nombre d'entre vous avez participé à ces réunions dans vos écoles locales, et je vous en remercie —, la consommation des médias et des élections, qui portent sur les candidats qui se présentent réellement dans la circonscription électorale de l'école. Les résultats des élections sont communiqués dans les médias et à la télévision. Nous avons commencé à offrir le programme dans 800 écoles de l'Ontario en 2003, et, durant les élections fédérales de l'automne dernier, le programme a été réalisé dans plus de la moitié des écoles du pays, 922 000 enfants s'étant inscrits pour participer et déposer un bulletin de Vote étudiant.
Je vous dis tout cela parce que, durant tout le processus, le thème sous-jacent, de M. Kingsley à M. Mayrand, de M. Rose aux DGE de Nouvelle-Zélande en passant par les deux intervenants d'Irlande, c'est la nécessité d'assurer l'éducation civique en tout temps, surtout dans le cadre d'un processus comme celui-ci.
Je crains que vous disiez qu'il faut accroître l'éducation civique sans connaître les progrès qui ont déjà été réalisés. C'est ce que nous faisons entre les élections. Nous avons obtenu la participation de la moitié des écoles. L'objectif, c'est d'être un jour dans toutes les écoles, de joindre chaque étudiant durant chaque élection. C'est ainsi que nous pouvons vraiment créer une habitude, de la même façon qu'on enseigne les mathématiques aux enfants.
Nous savons, à la lumière d'évaluations indépendantes, que nous avons un impact positif sur la confiance et la capacité des enseignants d'offrir le programme Vote étudiant. Les étudiants ont aussi un impact sur les connaissances et le niveau d'intérêt. On constate maintenant que, plus ils participent au programme Vote étudiant, meilleurs sont leurs résultats. C'est tout simplement logique, mais c'est la raison pour laquelle on le fait à répétition.
Nous avons maintenant obtenu une deuxième indication selon laquelle les enfants peuvent pousser leurs parents à aller voter. La rétroaction récente que nous avons obtenue — et cette information n'a pas encore été communiquée —, c'est que près de 30 % des parents attribuent leur décision de voter au fait que leurs enfants ont participé au programme Vote étudiant. C'est important lorsqu'on parle de 922 000 familles. Ce que nos calculs mathématiques nous apprennent, c'est que 2,5 millions de jeunes ayant participé au programme Vote étudiant ont eu le droit de voter dans le cadre des dernières élections. Je ne dis pas que cela a un lien avec l'augmentation de la participation électorale, mais ce sont eux qui forment notre base actuellement: les plus de 18 ans.
Juste pour le plaisir, je tiens à féliciter Elizabeth. Vous vous êtes classée cinquième quant au nombre d'enfants qui ont voté dans votre circonscription dans le cadre du programme Vote étudiant. Il y en avait plus de 6 000. Blake, à Banff, qui en a eu tout juste un peu moins de 6 000, est arrivé au dixième rang, et Matt en a obtenu 5 500 à Fredericton. C'est important, parce que l'augmentation est importante au fil du temps. Je crois aussi que cela aide à avoir à coeur la situation des jeunes dans votre circonscription électorale, et j'essaie de vous pousser à vous intéresser à eux.
Qu'est-ce que nous faisons d'autre? Nous réalisons des programmes liés aux budgets. C'est une initiative de très haut niveau, et nous rejoignons beaucoup moins de jeunes, mais nous utilisons des acteurs politiques, comme le ministre des Finances, des groupes de lobbying, comme la Fédération canadienne des contribuables et le Congrès du travail du Canada, et, enfin, les chefs des partis. Leur travail consiste à faire leur part, à présenter aux jeunes ce qu'ils veulent voir dans le budget, puis les enfants communiquent ces opinions aux responsables des Finances et au public. Vous serez peut-être surpris d'apprendre que, depuis trois ans, les jeunes estimaient que la meilleure chose à faire avec l'argent du Canada était de rembourser la dette.
Nous offrons aussi un autre programme appelé Journée du représentant. Certains d'entre vous ont reçu une invitation pour participer à la Journée du représentant, et vous aurez tous reçu une invitation d'ici la semaine prochaine. Je sais que certains d'entre vous l'ont déjà reçue. L'année dernière, 45 % des députés se sont rendus dans leurs écoles locales en comptant sur notre soutien administratif dans le but d'humaniser notre processus démocratique. C'est très facile de ne pas aimer les politiciens, mais alors on peut demander: « Et que penses-tu d'Alain? » « Oh, je connais Alain. C'est un bien bon gars ». C'est ce que nous essayons de montrer aux enfants, c'est-à-dire qu'ils peuvent avoir accès à notre processus par l'intermédiaire de leurs représentants élus.
Enfin, nous formons les enseignants. L'objectif de la formation des enseignants est de vraiment créer au sein du système des ambassadeurs du processus démocratique, qui ont aussi la capacité d'offrir efficacement les programmes d'éducation civique. Il peut parfois s'agir simplement de résumés. Lorsqu'on pense à l'éducation civique — et il peut y avoir des questions à ce sujet —, on ne peut pas s'en tenir au programme. Le programme peut être mal enseigné. Il peut être enseigné par des enseignants qui n'ont pas vraiment ce qu'il faut pour le faire, mais ils ont été formés afin de pouvoir faire les choses qu'ils aiment. Les écoles sont des endroits politiques.
C'est très important qui enseigne quoi, de quelle façon il l'enseigne — à notre avis, c'est toujours un processus d'apprentissage par l'expérience — et quand il l'enseigne. Les enseignants ne veulent peut-être pas enseigner des choses sur les élections à l'extérieur des périodes électorales. Je demande aussi à chaque éducateur pourquoi il ne simule pas des élections en période électorale.
Puis, bien sûr, il y a les défis structurels. Certaines commissions scolaires ne veulent pas que les politiciens participent aux réunions avec les candidats durant les élections. C'est absolument terrible. Vous savez pourquoi? La raison, c'est que — vous l'avez peut-être vu dans le livre — nous pouvons remplir un auditorium avec 400 ou 500 personnes qui viennent voir les candidats. Je parie que vous n'en obtenez pas autant dans le cadre de vos habituels débats devant la Chambre de commerce.
Passons aux conseils pour le Comité...
Combien de temps me reste-t-il?
:
Parfait. Je suis très heureux que tout le monde n'ait pas été gentil. J'étais craintif, parce que nous représentons tous des organisations sans but lucratif et nous avons besoin de financement, et parfois, il faut tout simplement être honnête. Je crois que l'heure est venue pour vous de voler de vos propres ailes. Je crois que vous avez eu une belle occasion d'apprendre comment procéder, mais c'est le genre de chose qui est tout simplement l'occasion la plus branchée, la plus importante et la plus fantastique pour notre démocratie. Je commence à comprendre maintenant à quel point notre démocratie est spéciale, parce que nous commençons à nous intéresser à ce qui se passe dans d'autres pays dans le cadre de nos travaux.
Les programmes sur le vote étudiant n'ont pas beaucoup de succès à d'autres endroits, ou ils n'existent tout simplement pas. Je vois que, dans les endroits comme le Mexique, des candidats maires qui parlent ouvertement des cartels se font assassiner dès le premier jour de leur entrée en fonction. Selon moi, dans un dossier comme celui-ci, il faut arrêter de voir la Nouvelle-Zélande comme un chef de file. C'est nous qui devrions être les chefs de file.
Je tiens à suggérer et souligner que, de toute évidence, vous avez les mains liées par le temps. J'ai dû supplier M. Reid, M. Cullen et M. Holland — qui était ici plus tôt — afin de faire modifier la date des assemblées publiques... si vous en organisez du 1er octobre jusqu'après la semaine de pause de l'Action de grâces... parce que j'avais l'impression que vous faisiez volontairement fi des futurs électeurs dans le cadre de vos consultations. C'était peut-être un accident, tout comme c'était un accident, relativement à la Loi sur l'intégrité des élections, qu'Élections Canada ne puisse pas nous aider à faire notre travail; je comprends, mais je crois que vous pourriez assurer la participation de tellement plus de gens si vous aviez plus de temps et plus de ressources. Je me demande encore qu'est-ce qui se passe avec ces 10 millions de dollars. Vous ne les avez pas, n'est-ce pas? Je crois que vous ne devriez peut-être pas les avoir. Je ne sais pas si je devrais être convaincu que vous les dépenserez d'une bonne façon, mais je ne sais pas si le bon endroit est le BCP ou les institutions démocratiques. Je crois que vous devez avoir plus de pouvoir.
Je crois aussi que ce serait tout simplement génial que vous puissiez coordonner le tout avec le 150e anniversaire du Canada. Ce n'est pas une liste de chansons pour faire de l'exercice. Je ne sais pas quoi d'autre aura lieu, mais c'est vraiment l'une des choses les plus importantes que nous pouvons faire. Il s'agit de qui nous sommes. Quelle merveilleuse occasion ce serait d'élargir le dialogue et d'y accorder plus de poids. Selon moi, vous pourriez au moins compter sur les groupes comme nous, qui avons un accès incroyable au sein du système d'éducation. Samara compte sur un incroyable réseau de bénévoles, et d'autres intervenants partout au pays, et l'INM a de très bonnes assises au Québec. Tous ces intervenants pourraient vous soutenir et être vos alliés. Je crois que vous gagneriez des gens incroyablement passionnés prêts à consacrer 16 heures par jour pour vous soutenir dans le cadre de vos efforts.
Après avoir lu tous les témoignages, je ne sais parfois plus qui croire. Je suis sûr que vous vivez la même chose. Je doute simplement que vous puissiez formuler une recommandation vraiment claire quant à l'adoption d'un système précis. Selon moi, à la lumière des témoignages, ce serait tout simplement difficile de le faire. Je ne possède pas de diplôme universitaire, alors vous pouvez rejeter mes propos, mais...
J'ai hâte de voir ce qui se produira, puis je vous inviterai ou je vous ferai savoir... Nous n'avons pas pu faire ce que nous voulions, mais nous avons réussi à trouver un peu de fonds et nous travaillons à la production d'une série de cinq vidéos; un premier, en guise d'introduction, pour expliquer aux enfants tout simplement pourquoi nous parlons de réforme, puis quatre autres vidéos qui portent sur les différents systèmes. Nous espérons qu'ils seront prêts d'ici la troisième semaine de septembre, afin que, si vous voulez visiter une école secondaire dans votre collectivité et susciter une discussion constructive avec les enfants, nous puissions vous fournir des outils pour y arriver. Nous venons tout juste d'envoyer des invitations.
:
C'est une excellente idée, monsieur le président. Je crois que c'est fantastique.
Dans un même ordre d'idées, je prends assurément très au sérieux les conseils que vous nous avez prodigués. J'ai apprécié vos exposés et votre enthousiasme à mobiliser les jeunes. Je partage cet enthousiasme. Nous ne voulons bien sûr pas priver les jeunes de leur droit de vote; au contraire, nous voulons assurer leur participation.
Je crois que le Conseil sur les jeunes du est l'initiative la plus merveilleuse qui soit. Dans le cadre de ma propre campagne, j'ai interagi beaucoup avec les jeunes. Je crois que le fait que les écoles secondaires exigent maintenant des élèves qu'ils fassent des heures de bénévolat pousse maintenant beaucoup de jeunes à passer à l'action et à trouver des occasions. Le contact se fait peut-être accidentellement au début, mais une fois que les jeunes se joignent à une campagne — quelle qu'elle soit, je suis sûre que des représentants de tous les partis ont bénéficié du fait que les jeunes cherchaient des occasions de bénévolat —, ils deviennent engagés et s'intéressent au processus et à ce qui se produit.
Cependant, j'ai constaté que beaucoup d'écoles hésitent à nous ouvrir leurs portes, même une fois que nous sommes élus. Il y a des enseignants qui se surpassent; ils veulent vraiment que nous venions, et ils essaient de trouver une façon de nous faire entrer dans leur salle de classe. Dans ma région, j'ai dû surmonter beaucoup de défis — même au moment d'écrire aux écoles — simplement pour pouvoir me présenter et parler aux jeunes en classe.
J'ai lu que, si on peut les joindre à un jeune âge et qu'on se présente pour leur parler... Ce n'est pas nécessaire de parler des partis. La plupart des questions que les jeunes posent ne concernent pas les partis. Les questions portent habituellement sur ce que nous faisons ou à quoi ressemble la vie politique. Les jeunes veulent savoir ce qu'il faut faire pour se rendre là et posent aussi beaucoup d'autres questions sur le vote. Les jeunes ont tellement de questions intéressantes à poser. Je crois qu'on peut vraiment recentrer le processus d'engagement et rendre les choses excitantes.
Il y a eu des élections simulées dans ma région durant la dernière campagne, et c'était très intéressant. J'ai fait du porte-à-porte, et j'ai vu des jeunes qui venaient nous ouvrir et qui nous voyaient vraiment comme des vedettes de rock. Ils étaient plus excités que leurs parents. Ils tassaient leurs parents pour me dire qu'ils apprenaient des choses sur moi. Ils me parlaient de ce qui se produit, de ce en quoi consiste le programme électoral et du contenu du programme de tel ou tel parti. C'était incroyable à voir. Je vous félicite tous pour le travail que vous faites dans le but de promouvoir tout cela auprès des jeunes.
Avez-vous des suggestions? Je sais que certains d'entre vous ont parlé de l'âge des électeurs et d'autres, du vote obligatoire. Pour le Comité, y a-t-il une chose que vous recommanderiez plus que toutes les autres pour accroître la participation des électeurs? Comme vous le savez, puisque vous avez lu les transcriptions, nous avons entendu beaucoup de témoignages contradictoires de nombreux témoins. C'est difficile pour nous de savoir actuellement ce que nous devrions faire pour accroître la participation électorale.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame la directrice générale, messieurs, je vous remercie beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. J'ai beaucoup apprécié vos présentations ainsi que votre fougue, votre passion et votre intérêt pour les jeunes et leur implication civique et sociale.
Vous avez parfaitement raison, il y a des lacunes dans la société québécoise et canadienne en ce qui a trait à la connaissance et à la compréhension de notre système électoral ou de notre système parlementaire. Encore trop de gens que l'on croise pensent pratiquement qu'on vit dans un système présidentiel. On vote pour Harper, Trudeau ou Mulcair. On leur dit alors que c'est inexact, qu'ils votent pour leur député local et qu'on additionnera par la suite le nombre de députés d'un parti qui auront été élus pour établir une majorité ou non au Parlement.
Monsieur Vézina, j'appuie en bonne partie les cinq points de votre programme qui visent à améliorer la participation des jeunes à la vie électorale. Je m'empresse de vous dire une chose car je tiens à ce que ce soit dit publiquement. Je suis personnellement très favorable à un cours d'introduction à la citoyenneté ou à la démocratie dans nos écoles secondaires. C'est probablement la meilleure idée à envisager. Toutefois, avant que nos amis du Bloc québécois ne réagissent, je précise que ni ce comité-ci, ni un projet de loi fédéral ne va s'immiscer dans les prérogatives de l'Assemblée nationale en ce qui concerne l'éducation. Je peux sortir d'ici et dire que ce que vous mentionnez est une très bonne idée, mais cela ne fera pas partie de nos recommandations, et ce, pour des raisons que vous connaissez et comprenez très bien.
Vous nous dites que les jeunes ont le sentiment que leur vote ne comptera pas. En fait, ce n'est pas seulement une impression. Trop souvent, avec notre mode de scrutin, c'est la réalité. Beaucoup de députés peuvent être élus avec 30 % ou 32 % des votes dans leur comté. Cela veut dire qu'on met au recyclage le vote de 70 % des électeurs.
Votre cinquième élément porte sur l'instauration d'un mode de scrutin proportionnel partiel. En quoi cela viendrait-il régler le problème qu'on a identifié auparavant?
:
Si je comprends bien, votre question porte sur les subventions par vote, cette notion que chaque vote exprimé vaut quelque chose, comme un don au parti politique pour lequel on a voté, afin qu'aucun vote soit perdu. Je crois savoir qu'on vient tout juste d'éliminer cette pratique.
Selon moi, vous soulevez un bon point: les partis, en faisant leur travail, jouent un rôle unique au sein de notre démocratie. C'est un travail très important: se livrer concurrence dans le cadre d'élections, être des véhicules de participation politique et, une fois élus, siéger au Parlement et aider à prendre les décisions. Il faut des ressources pour faire ce travail efficacement. Je ne crois pas que les Canadiens comprennent très bien actuellement le système de financement des partis au Canada. En fait, tous ceux qui paient des impôts subventionnent actuellement les partis politiques, parce que quiconque fait un don obtient un reçu aux fins de l'impôt; c'est de cette façon que les Canadiens subventionnent les entités que sont les partis politiques.
La question, alors, bien sûr, c'est de savoir si nous subventionnons davantage les grands dons que les petits. Nous savons que, comparativement à l'ensemble de la population, très peu de Canadiens font des dons à des partis politiques. Je crois que c'est ce qui est intéressant dans la notion de la subvention par vote, puisque tout le monde peut ainsi au moins faire un don à un parti. C'est aussi une mesure incitative intéressante puisqu'elle fait en sorte que chaque vote compte un peu plus. En outre, je crois que cela pousserait peut-être les partis à changer la façon dont ils définissent leurs directives en matière de collecte de fonds.
Ce qui pourrait être intéressant, ce serait de voir de quelle façon nous pourrions prendre du recul pour examiner l'ensemble du système des finances électorales et du financement des partis. L'heure est venue de réfléchir davantage à ce que nous voulons obtenir des partis en échange du soutien du public, ce qui, selon moi, est nécessaire, comme je l'ai dit, pour que les partis politiques soient forts et puissent jouer leur rôle au sein de notre démocratie.
:
Nous utilisons les technologies de différentes façons pour fournir du contenu. Je m'attends à ce que Ruby, à un moment ou à un autre, pose une question au sujet du vote en ligne, parce qu'elle l'a fait au cours des quelques premières réunions, et très sérieusement d'ailleurs.
Pour revenir dans le vif du sujet, ce qui est important — Marc Mayrand en a parlé aussi —, c'est qu'on remarque une tendance parmi les organismes responsables des élections partout au pays qui consiste à recueillir des renseignements sur les étudiants, habituellement auprès des ministères de l'Éducation, afin de les inclure sur les listes permanentes des électeurs avant qu'ils n'aient 18 ans. C'est excellent, mais ça ne sert à rien à un jeune s'il n'a aucune idée de quoi il s'agit et qu'il ne sait pas ce qu'est une liste permanente des électeurs.
Ce à quoi nous vous suggérons de réfléchir — et nous nous penchons aussi sur cette question —, c'est de déterminer de quelle façon on peut en faire un moment propice à l'enseignement. Nous travaillons sur les programmes similaires afin que, à la fin de la présente année scolaire, nous puissions mettre à l'essai des cérémonies de citoyenneté dans les écoles et prévoir de quelles façons les jeunes feront les choses différemment. Une des choses à faire serait de les informer que leur nom figure maintenant sur la liste des électeurs et leur fournir des renseignements à ce sujet.
J'aimerais revenir sur le point soulevé concernant qui, dans les salles de cours, communique cette information de façon significative. Nous surveillons ce que les systèmes d'éducation font à l'échelle du pays dans le cadre de leur programme. Ce qui est le plus important, c'est la présence d'un enseignant passionné et enthousiaste.
Je ne sais pas si ce que je vais dire se vérifierait au sein de ce groupe, mais nous avons déjà demandé aux gens ce qui les a poussés dans le domaine de la politique, et ils nous répondaient: « Je me suis engagé en politique parce que j'ai eu un très bon professeur d'histoire en 11e année ». C'est classique.
:
Merci, monsieur le président.
Je me joins à tous mes collègues autour de cette table pour féliciter les témoins de leurs présentations, de leur engagement et de la passion qui les anime lorsque qu'ils prennent la parole et, j'en suis convaincu, lorsque ils travaillent au sein de leurs organisations respectives.
Monsieur Gunn, je vous félicite. Comme plusieurs de mes collègues, j'ai aussi participé à des rencontres avec des jeunes dans des écoles. Je vous félicite pour tout le travail que vous faites, pour votre analyse de la situation et, au même titre que les deux autres témoins, pour mettre l'importance de l'éducation à l'avant-plan. Vous nous donnez aujourd'hui toute une leçon ainsi qu'aux autres politiciens. J'espère que le Comité pourra, avec maturité, bien enregistrer tous vos commentaires pour la rédaction de son rapport final.
Madame Hilderman, cela fait une semaine que je siège au sein de ce Comité. Je ne participais pas auparavant à ses travaux, mais j'ai eu la possibilité de les suivre à distance et de lire beaucoup de documents. C'est la première fois que je vois un organisme de participation citoyenne non partisan ne pas prendre position dans ce dossier et rester complètement neutre. Vous avez eu une belle occasion de tomber dans le panneau en répondant à la question précédente, mais vous n'avez pas mordu à l'hameçon en ne vous prononçant pas. Je vous lève mon chapeau à cet égard.
À mes yeux, votre document est extrêmement intéressant. Il expose toutes les facettes et laisse les gens former leur propre opinion de façon objective. En tant que politiciens, nous avons tous un parti pris, quelle que soit notre opinion sur ces enjeux. Nous voulons tous une meilleure démocratie, mais nous avons tous nos propres intérêts à cet égard.
J'ai même une proposition à vous faire. Si, un jour, nous avions quelqu'un d'autre au poste de ministre de la Réforme démocratique et qu'il avait besoin de quelqu'un pour avoir des conseils ou pour animer des rencontres, on chercherait une personne qui est complètement neutre, à savoir une personne comme vous. Votre présentation était fantastique à cet égard. J'ai aimé un passage en particulier où vous avez dit: « Pourtant, le mécontentement suscité par la façon dont la démocratie fonctionne n'est pas un phénomène propre au Canada. »
On laisse souvent sous-entendre que c'est seulement au Canada que les choses ne vont pas bien. Toutefois, quand on regarde les tendances mondiales au sujet la diminution du taux de participation, on constate que c'est pareil partout, quels que soient — et je tiens à le souligner — les modes de scrutin utilisés. On n'observe pas ce phénomène seulement qu'au Canada. En fait, ce n'est pas vrai que le mode de scrutin proportionnel mixte réglera tous les problèmes.
Vous l'avez tellement bien souligné dans ce passage en disant ce qui suit: « Les pays qui ont d'autres systèmes électoraux continuent d'avoir des citoyens frustrés avec la politique. En clair, le fait de changer de système électoral ne garantit pas que les citoyens seront plus satisfaits de la façon dont la démocratie fonctionne. » Cela explique l'importance de l'éducation que vous mentionnez tous.
Monsieur Vézina, j'aimerais apporter une petite correction quant à vos propos. Ce n'est pas avec 32 % ou 33 % des votes qu'on réussit à gouverner majoritairement au Canada, mais plutôt avec 39 % ou 40 % des votes. Dans notre cas, nous avons vécu cette situation puisque nous avons obtenu 32 % ou 33 % des votes et nous sommes dans l'opposition.
Vous parlez beaucoup des gens qui sont en faveur du scrutin proportionnel mixte ou de toute forme de système proportionnel et qui disent que leur vote ne compte pas à l'heure actuelle. Cependant, quand nous avons parlé avec les gens qui habitent en Écosse — M. Gunn en a fait mention très justement —, ils nous ont dit que, malgré la diminution du taux de participation, ce sont les enjeux qui influencent véritablement leur intérêt.
Vous le soulignez dans votre présentation, mais ce n'est qu'à la fin que vous ajoutez cet élément. Les experts se sont exprimés sur la cause principale du désintérêt des gens envers la politique. Pour ma part, je n'ai pas entendu beaucoup de gens dire que leur vote ne comptait pas. C'est plutôt un petit groupe de gens vraiment intéressés par la politique qui disent cela après les élections. Lorsque le résultat fait leur affaire, naturellement, il n'y a plus de problème à cet égard.
J'aimerais donc que vous nous en disiez davantage sur les éléments, qui sont mentionnés à la page 4 de votre document, qui ont vraiment une incidence directe sur l'intérêt des gens de chaque groupe d'âge pour aller exercer leur droit de vote. Pouvez-vous apporter des précisions à cet égard?
Il s'agit probablement du rapport de recherche le plus complexe que nous ayons produit et conçu, vu tous les efforts déployés pour étudier les différents systèmes électoraux dans différentes régions du globe et aussi l'appliquer au Canada dans le cadre de différentes consultations, que ce soit en Colombie-Britannique, en Ontario ou au Nouveau-Brunswick.
C'est en partie pourquoi nous voulions travailler en collaboration avec Stewart Prest, un politicologue de l'Université de la Colombie-Britannique, afin qu'il nous aide à réunir ce qui, selon nous, était les renseignements les plus essentiels. C'est la raison pour laquelle nous avons défini les questions que vous devriez poser aux Canadiens. Comment cela fonctionne-t-il? Qu'est-ce que cela signifie pour les électeurs? Qu'est-ce que cela signifie pour les partis au Parlement? Qu'est-ce que cela signifie en ce qui a trait à la gouvernance? Nous avons formulé le tout sous forme de questions et de réponses afin de nous aider à organiser l'information le plus succinctement possible. Puis, nous avons essayé de bien choisir nos mots afin de faire preuve de la plus grande impartialité possible et de nous appuyer le plus possible sur les faits afin de décrire le système et la façon dont il fonctionnerait au Canada en utilisant le langage le plus simple possible.
Et malgré tout, c'est un rapport touffu. On ne peut pas le lire en cinq minutes. Il faut y consacrer du temps pour passer au travers, mais nous avons essayé de le concevoir de façon invitante afin que les Canadiens le lisent. Depuis la publication du rapport la semaine dernière, il a été téléchargé plus de 200 fois d'un peu partout au pays, et même plus, et je suis très heureuse de le signaler, du bureau de députés — qui, je l'espère, l'utilisent durant leurs assemblées publiques —, mais aussi par des bibliothèques, des groupes communautaires et des Canadiens qui l'ont trouvé sur le Web.
Ce que nous essayons vraiment de faire actuellement — et c'est ce que nous ferons durant tout le prochain mois —, c'est de promouvoir le rapport — par l'intermédiaire d'un réseau communautaire — auprès d'organismes-cadres qui comptent des membres dans différentes parties du pays. Essentiellement, la page la plus importante du rapport, selon moi, c'est celle où on explique de quelle façon les gens peuvent participer à la conversation. Nous avons décrit de quelle façon participer aux travaux du Comité grâce aux médias sociaux et à vos consultations en ligne. Ce sont des renseignements très importants à communiquer actuellement, alors nous misons sur nos réseaux et d'autres réseaux pour qu'ils le fassent pour nous.
Si nous avions plus de temps et plus de ressources, ce serait bien de pouvoir l'adapter aux besoins d'autres apprenants, de le raccourcir pour les personnes inscrites à des cours de français ou d'anglais langue seconde, de le rendre plus intéressant grâce à des vidéos et ce genre de choses. Il y a un large éventail de possibilités, mais nous ne pourrons pas le faire vu le temps et les ressources dont nous disposons actuellement.
Ce que je vais dire est plus un commentaire qu'une question. Je crois qu'il est logique de commencer par une élection complémentaire plutôt que des élections générales, pour des raisons d'échelle et parce qu'on réduit les conséquences en cas de problème.
Je crois que le vote électronique — comme les bulletins de vote postaux — doit être un complément et non un remplacement des autres façons de voter. Je tenais à le souligner.
Je tiens aussi à dire que les jeunes électeurs qui ont déménagé récemment — et on sait tous que les jeunes déménagent souvent — sont plus susceptibles de ne pas savoir où se trouve leur bureau de vote ou de ne pas recevoir leur carte d'Élections Canada les informant de l'emplacement de leur bureau de vote.
J'ai entendu parler d'une expérience dans le cadre de laquelle on a tenté d'obtenir une participation accrue des étudiants; c'est un bon exemple. On tentait de déterminer si les gens seraient plus motivés à obtenir quelque chose qui est bon pour eux, la vaccination contre le tétanos dans ce cas-ci, si on utilisait des publicités informatives ou des publicités fondées sur la peur, comme des photos horribles de personnes qui ont contracté la maladie et ainsi de suite. Cette expérience a été menée dans les années 1960. Les professeurs ont ensuite fait ce que les professeurs font toujours: ils ont tenté des expériences auprès des étudiants. Ils ont envoyé dans différents secteurs du campus, différentes publicités au sujet d'un vaccin contre le tétanos que les étudiants pouvaient obtenir gratuitement au centre étudiant. Les résultats étaient tellement minimes pour les deux groupes qu'ils ont dû tout arrêter.
Puis, une autre université a repris l'idée, mais cette fois-ci, elle a ajouté une carte indiquant comment se rendre au centre étudiant, et — surprise — le nombre de participants a augmenté beaucoup. Le fait de savoir où aller voter ou de pouvoir voter de la maison fait en sorte... J'imagine que je fais la promotion de quelque chose plutôt que de poser des questions.
Vous pourriez peut-être nous en parler.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Vézina, je vais tenter d'aborder un certain nombre de considérations par rapport à votre expertise.
J'enseigne la démocratie depuis 30 ans. Avant d'être député, j'étais enseignant. Personnellement, indépendamment de mon parti, je me questionne à cet égard. Je me suis beaucoup questionné sur le droit de vote à 16 ans et mon opinion à ce sujet est encore mitigée.
D'abord, comment faire pour empêcher un jeune qui a le droit de vote à 16 ans de ne pas devenir député? Sur le plan constitutionnel, cela ne se peut pas. Cela pourrait arriver, c'est-à-dire qu'on ne pourrait pas empêcher que cela se produise. C'est la même chose pour un jeune de 18 ans.
Il y a un processus de maturation entre 16 et 18 ans. J'enseignais à des étudiants arrivant au collégial et, dans la même journée, j'enseignais à d'autres qui quittaient le collégial. Il y a un processus de maturation incroyable au cours de cette période.
Les chiffres sur les votes des étudiants et ceux des parents se ressemblent passablement. Le droit de vote est un moment solennel. C'est là que quelqu'un scelle son contrat social. Je suis favorable à des programmes de formation. Je sais qu'il est très tentant de penser que, puisqu'on leur a donné tout cela et qu'ils l'ont vraiment reçu, si on les laisse voter, ils vont y avoir goûté. À ce moment-là, la formation serait complète. Je comprends cela, mais comme société, je me dis autre chose. Quoi qu'il en soit, j'aimerais vous entendre à ce sujet. Comment pouvez-vous me convaincre à cet égard?
:
Merci. C'était amusant, j'ai eu beaucoup de plaisir, sérieusement, et ça s'appliquera peut-être à la façon dont je vais vous répondre.
Lorsque j'étais jeune, je ne me sentais pas spécial. Je dis toujours aux gens de faire attention avant de se dire des choses comme: « Oh, c'est un jeune, je dois porter un chandail cool » ou ce genre de choses. Qu'est-ce qui pourrait être plus intéressant pour eux que de dire: « Oh, mon Dieu, maman et papa » ou de dire à leur petit ami: « Hé, tu sais quoi? Aujourd'hui, j'ai rencontré des vieux croûtons en complet qui parlaient de la réforme électorale. Ils sont membres d'un comité spécial, et quelques-uns d'entre eux vont retourner voir le premier ministre et d'autres... C'était vraiment cool ».
Ce qui joue en votre faveur, c'est que vous vous rendez à différents endroits en tant qu'organisme. Je ne sais pas si votre calendrier est déjà établi. Je ne sais pas quels documents pédagogiques vous utiliserez, afin que tout ne soit pas improvisé.
Aimeriez-vous un peu d'aide pour aller dans les écoles? Je sais que vous avez quelques personnes qui peuvent vous aider et je sais qu'il y a plusieurs très bons enseignants à Fredericton, par exemple. Je ne sais pas si vous tiendriez dans ces endroits une assemblée en bonne et due forme, mais vous pourriez aller dans une salle de cours. Vous serez peut-être trop nombreux, mais, peu importe, faites-le avec honnêteté. Je ne sais pas si vous avez un calendrier que vous pouvez communiquer ou si vous voulez des personnes-ressources dans les écoles. C'est ce que vous pourriez faire si le processus était plus long.
Vous pourriez vous assurer de vous présenter en classe avec des documents devant des élèves qui ont déjà été préparés en suivant trois ou quatre cours afin que, lorsque vous vous présenterez, ils ne diront pas tout simplement qu'il faut bien sûr adopter un système de représentation proportionnelle parce que les pourcentages semblent plus justes. Il faut aborder des aspects plus complexes. Comme la question des circonscriptions plurinominales et toutes ces choses intéressantes. Selon moi, vous avez besoin de prévoir plus qu'un demi-après-midi et des sandwiches et un Coke gratuit: « C'est parfait, j'ai manqué un cours aujourd'hui ».