:
Bonjour. Je m'appelle Jean-Guy Vincent. Je suis producteur de porc à Sainte-Séraphine, au Québec, et premier vice-président du conseil d'administration du Conseil canadien du porc.
Je ferai mon exposé en français.
[Français]
Je tiens à remercier les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes de m'avoir invité parmi vous, cet après-midi, afin de discuter de l'industrie porcine au Canada, des outils associés à la gestion des risques d'entreprise ainsi que de la deuxième phase de l'initiative « Cultivons l'avenir ».
D'abord, parlons de l'état de l'industrie. Le secteur porcin au Canada sort à peine de la période la plus éprouvante de son histoire. Depuis l'automne 2006, les producteurs de porcs ont dû affronter l'un après l'autre divers imprévus. Entre autres choses, il y a eu la hausse des coûts des aliments pour animaux, les taux de change élevés, les incidences du virus H1N1 et des politiques étrangères, comme celle de l'étiquetage du pays d'origine. Même si les dernières années ont été difficiles et que le portrait de l'industrie porcine n'est plus le même, l'avenir semble néanmoins plus positif. Le secteur porcin continuera d'occuper une place de choix au sein de l'agriculture canadienne et restera un exportateur de premier plan.
Abordons maintenant le plan stratégique. Afin de prendre acte du nouveau portrait de notre industrie, le Conseil canadien du porc a récemment fait une mise à jour de son plan stratégique. Nous avons ciblé les défis que notre industrie aura à relever et, surtout, nous avons déterminé divers moyens de maximiser les possibilités et de tabler sur nos forces. Un exemplaire de ce plan a été remis au comité.
Passons à la section relative à la gestion des risques d'entreprise. Le meilleur outil de gestion des risques reste la vigueur du marché. Les producteurs souhaiteraient, bien entendu, pouvoir compter sur ce marché pour s'assurer un rendement du capital investi. Toutefois, tous s'entendent probablement pour dire que nous sommes très heureux d'avoir pu profiter d'outils permanents lorsque le secteur porcin en avait le plus besoin. Les producteurs doivent compter sur des programmes nationaux solides et fiables pour que chacun ait droit au même traitement sans égard à sa province de résidence ou à l'importance du secteur.
Agri-stabilité est un programme fondamental que l'on se doit de préserver. Même si l'on peut s'attendre à ce que les avantages qu'il procure soient pratiquement nuls d'ici quelques années en raison de la faible marge bénéficiaire, le programme a déjà joué le rôle qu'on attendait de lui. Cependant, il faudra y apporter des changements, ceux-là mêmes dont l'industrie vous a déjà fait part. Il s'agit de supprimer les plafonds, faire en sorte que la marge bénéficiaire historique corresponde à la meilleure des trois dernières années ou encore à la moyenne olympique, abolir le critère de viabilité, et hausser la protection contre les marges négatives.
Le Programme de paiement anticipé ainsi que les paiements anticipés d'urgence se sont avérés appropriés pour le secteur porcin. Toutefois, les producteurs s'inquiètent de l'éventuel calendrier de remboursement. Nous suivons d'ailleurs attentivement la situation alors que nous approchons de la date limite de présentation des plans relatifs aux producteurs.
Des changements à plus long terme sont à apporter au PPA en vue d'assurer sa viabilité. Ils incluent, notamment, l'augmentation de la limite légale de crédit, l'autorisation de demander des avances en fonction des prévisions de mise en marché plutôt que des stocks inventoriés, et la suppression des exigences relatives aux garanties offertes à titre personnel ou par les actionnaires.
Jusqu'ici, le programme Agri-investissement ne s'est pas révélé utile pour notre secteur. À vrai dire, son entrée en vigueur est survenue au pire moment. Il pourrait toutefois s'avérer utile à l'avenir si on lui apporte quelques changements clés. Nous suggérons l'abolition des plafonds, l'augmentation de la proportion des ventes nettes admissibles et la révision du concept des ventes nettes admissibles afin de veiller à ce que les contributions relatives aux divers produits soient sur un pied d'égalité à l'égard du risque.
À l'heure actuelle, le programme Agri-relance ne couvre pas le risque associé aux sinistres catastrophiques auxquels est exposé le secteur.
Il faudra se pencher sans tarder sur cette question afin de prévoir une réponse claire et transparente au cas où une situation catastrophique surviendrait, comme une maladie ou la fermeture des frontières. Il importe de préserver et d'améliorer ces programmes fondamentaux. Les gouvernements se doivent de trouver des moyens nouveaux et novateurs pour aider les producteurs à contrebalancer les risques auxquels ils font face.
Il faudra aussi favoriser les initiatives associées aux opérations de couverture et aux garanties de prix, ce qu'on appelle en anglais hedging. À l'heure actuelle, les opérations de couverture sont accessibles aux producteurs sur le marché à terme, mais cette façon de faire implique certaines restrictions. Si l'on souhaite que les opérations de couverture deviennent un outil de gestion des risques d'entreprise qui soit utile et utilisé, il faudra favoriser diverses initiatives permettant d'abolir ces restrictions. Du reste, un nouveau programme de garantie des prix a été mis en oeuvre en Alberta et propose une protection des prix en fonction du marché à terme.
Deux principales démarches seront nécessaires: les gouvernements devront fournir des garanties de prêt afin que les fonds soient disponibles pour couvrir les appels de marge; il faudra appuyer l'approche différente que propose le programme albertain de garantie des prix à l'égard des producteurs et le rendre accessible à l'échelle nationale en exigeant des primes raisonnables. Le programme Agri-protection n'est pas un programme inédit et s'est avéré fructueux pendant plusieurs décennies dans le secteur des cultures. Il n'est toutefois pas encore offert dans le secteur porcin et devrait faire l'objet d'une priorité.
Pour ce qui est des infrastructures, il faudra examiner des initiatives liées aux infrastructures, entre autres faciliter les investissements à la ferme en vue de répondre aux demandes des marchés émergents, notamment les exigences en matière de bien-être animal ou d'environnement, ou encore l'actualisation des porcheries en raison des faibles prix des dernières années, période pendant laquelle les producteurs n'ont pas pu réinvestir.
Quant à l'accord de libre-échange avec la Corée, il s'agit d'un dossier important. Pour assurer le succès et la viabilité de l'industrie porcine du Canada, il nous faut disposer d'un accès aux marchés par l'entremise d'accords de libre-échange. La Corée du Sud représente pour nous un marché capital, mais les pourparlers en vue d'un accord de libre-échange avec ce pays sont au point mort depuis 2008. Tout retard supplémentaire dans la concrétisation des pourparlers avec la Corée du Sud en vue d'un accord de libre-échange entravera lourdement la compétitivité de l'industrie porcine, mènera à des pertes d'emplois et entraînera des reculs dans le secteur de la production, dont une possible baisse de prix aux producteurs, et de la transformation au Canada. On estime à l'heure actuelle que les échanges commerciaux de l'industrie porcine canadienne avec la Corée du Sud se chiffreront à environ 250 millions de dollars en 2011, ce qui représente à peu près 10 p. 100 des exportations totales de porc canadien. Or ces parts de marché disparaîtront au profit des pays qui bénéficient d'accords de libre-échange.
En ce qui a trait à l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, les relations canado-européennes présentent un potentiel remarquable pour l'industrie porcine. Il s'agit de l'un des derniers marchés très lucratifs auxquels le Canada peut prétendre dans le secteur du porc. Avec un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, aucun autre pays, outre ceux de l'Union européenne, n'aura la capacité de s'approprier les parts de marché.
Pour ce qui est de l'innovation dans le domaine du porc, le Conseil canadien du porc considère que le Programme de stimulation de l'agro-innovation canadienne ainsi que l'Initiative de grappes agro-scientifiques canadiennes sont des réussites.
Le conseil invite le gouvernement fédéral à accroître de façon importante le financement accordé à ce programme particulier dans le cadre de la deuxième phase de l'initiative « Cultivons l'avenir ».
En 2010, le Conseil canadien du porc a officiellement concrétisé l'organisme Swine Innovation Porc afin de faciliter les initiatives de recherche, de transfert technologique et de commercialisation en vue d’augmenter la profitabilité et la différenciation de l'industrie porcine et de ses produits.
Le Conseil canadien de la santé porcine a été mis sur pied pour aider l'industrie à lutter contre les maladies porcines émergentes. Beaucoup de projets structurants sont en cours partout au Canada, avec la participation de centaines de producteurs, principalement en biosécurité, mais aussi en recherche et en surveillance. Or l'infrastructure et les ressources humaines que suppose la santé porcine ont besoin d'appuis et d'un financement stable et permanent afin de faire face aux problèmes et aux enjeux importants de la santé porcine, et ce, sur le plan économique et dans une perspective mondiale, celle de l'initiative One Health.
On reconnaît généralement l'importance grandissante...
:
J'aimerais remercier le Comité de l'agriculture d'avoir invité PPC à s'adresser à lui aujourd'hui pour parler de gestion du risque.
Je m'appelle David Fuller. Je suis président des Producteurs de poulet du Canada. Je suis producteur de poulet et cultivateur de blé de la vallée de l'Annapolis, en Nouvelle-Écosse.
Nous vous avons remis notre mémoire. Je ne vais pas le lire, mais traiterai des principaux points et de nos recommandations.
Les Producteurs de poulet du Canada sont une organisation nationale entièrement financée par les prélèvements perçus auprès des producteurs.
Les Producteurs de poulet du Canada offrent un approvisionnement sûr et régulier de poulet canadien frais et de qualité, et la meilleure salubrité des aliments dans le respect des normes les plus élevées de soins aux animaux. Nous créons 55 000 emplois, contribuons 6,5 milliards de dollars au produit national brut du Canada et veillons à l'innovation par les millions de dollars investis dans la recherche par l'industrie avicole.
Nous produisons plus de 1,4 milliard de kilogrammes de poulet, soit une valeur de deux milliards de dollars, et nous assurons plus de 31 000 emplois directs et indirects. Nous contribuons aussi à la réussite des céréaliculteurs et des producteurs d'oléagineux en leur achetant 2,5 millions de tonnes chaque année, pour plus de 875 millions de dollars. Notre succès dépend d'une politique gouvernementale efficace et non de l'argent des contribuables.
Nous avons ingéré plusieurs risques. Nous devons les gérer afin de favoriser la prospérité de nos exploitations, de nos communautés rurales et des consommateurs qui achètent nos produits. Du point de vue de la salubrité alimentaire, les programmes de gestion des risques de l'entreprise sont essentiels, car ils aident les producteurs à affronter les obstacles qui se dressent devant eux. Une industrie agricole qui gère bien ses risques investira avec confiance dans l'avenir.
Pour les producteurs de poulet canadiens, la gestion de l'offre représente le principal programme de gestion des risques de l'entreprise. Les trois piliers de la gestion de l'offre — contrôles des importations, planification de la production et fixation des prix pour les producteurs — fournissent aux producteurs de poulet du Canada et à l'industrie canadienne du poulet, la prévisibilité et la stabilité nécessaires pour investir en toute confiance.
Ce système permet aux producteurs de poulet de tirer un revenu du marché. Ainsi, nous ne dépendons pas d'autres programmes du gouvernement pour assurer notre stabilité financière et celle du marché. Pour que le système de gestion de l'offre soit efficace, nous devoir avoir un niveau prévisible d'importations. Nous devons connaître avec certitude le volume des importations pour que la production nationale puisse être planifiée. En ce qui concerne les importations, il est important de noter que le Canada ne constitue pas un marché fermé pour le poulet. Avec ses 34 millions d'habitants, notre pays et en fait le 16e plus grand importateur de poulet au monde.
Les Producteurs de poulet du Canada apprécient le soutien important du gouvernement du Canada et de tous les partis d'opposition en matière de gestion de l'offre. Nos producteurs ont confiance en la capacité du gouvernement de préserver notre système de gestion de l'offre lors des négociations commerciales, comme les négociations en vue d'un accord économique et commercial avec l'Union européenne et le Partenariat transpacifique qui s'annonce.
Le Canada a déjà réussi à négocier neuf accords commerciaux afin d'ouvrir les marchés et, dans chacune de ces ententes, a su préserver la gestion de l'offre. Nous recommandons que le gouvernement collabore étroitement avec les Producteurs de poulet du Canada pour mettre en oeuvre les recommandations du groupe de travail sur les importations de poulet, afin de s'assurer qu'on ne contourne pas les contingents qui bénéficient de l'entrée en franchise et que l'on maintienne l'efficacité de nos contrôles d'importations.
Bien que les producteurs de poulet soient admissibles à Agri-stabilité, la combinaison des cycles de production courts, des protocoles d'offre dans l'état d'imprévu et des améliorations apportées aux protocoles en cas de maladie des animaux ont sensiblement réduit la probabilité qu'un producteur subisse une perte supérieure aux 30 p. 100 nécessaires pour déclencher ce programme. Les éleveurs ne poulet ne participent par conséquent pas à ce programme, car ils refusent de payer les primes d'un programme qu'ils n'utilisent jamais.
Cela veut malheureusement dire que les agriculteurs qui participent à la gestion de l'offre ont perdu la protection en cas de désastre qu'ils avaient avant l'instauration d'Agri-stabilité. Ainsi recommandons-nous au gouvernement de réviser le programme Agri-stabilité afin que les producteurs de bétail et de volaille ne soient pas désavantagés par le rythme annuel auquel est soumis ce programme, et que ceux qui participent à la gestion de l'offre puissent verser la prime lorsqu'est franchi le seuil de 30 p. 100.
Agri-relance comprend actuellement des mesures qui définissent les événements susceptibles de déclencher une intervention exceptionnelle. Nous recommandons donc aussi au gouvernement de mettre en place un programme permanent. Faute de cela, PPC recommanderait que la liste des événements couverts comprenne la survenance d'une maladie, le programme étant alors déclenché quel que soit le nombre de producteurs touchés.
Agri-protection figure parmi les programmes liés à la GRE, mais en réalité, il n'existe pas de programme d'assurance en cas de maladies animales. Les complexités liées aux lois fédérales, provinciales et territoriales en ce domaine donnent à penser qu'aucun programme ne sera instauré dans un avenir prévisible. Nous recommandons au gouvernement de se pencher sur le programme Agri-relance et de définir un modèle efficace d'assurance-élevage.
La gestion des risques de l'entreprise tient également aux mesures prises par les agriculteurs eux-mêmes et aux initiatives du secteur, toutes contribuant à faciliter la tâche des programmes gouvernementaux de gestion du risque des entreprises. Pour les producteurs de poulet, la gestion de l'offre permet de gérer non seulement le risque financier, mais aussi d'autres types de risques. Nous avons ainsi un système pour la préparation en cas de maladie, la biosécurité, la salubrité des aliments sur la ferme, la traçabilité et la protection des animaux. Ces programmes contribuent à réduire de bien des façons le fardeau des programmes gouvernementaux de gestion du risque d'entreprise. Un soutien actif du gouvernement pourrait aider l'industrie agricole.
Quant à notre programme de salubrité des aliments à la ferme, PPC a été, en 2002, la première organisation à recevoir une reconnaissance technique pour ce programme, et, en 2006, la seconde à recevoir une reconnaissance technique pour notre système de gestion. Actuellement, plus de 96 p. 100 des éleveurs de poulet canadiens sont accrédités par le programme PASAF.
Actuellement, nous collaborons avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour devenir la première organisation à être pleinement reconnue par le gouvernement. C'est une grande réussite pour l'industrie et le gouvernement.
Maintenant, en ce qui concerne la biosécurité dans les stratégies de gestion du risque de l'industrie, les éleveurs de poulet ont mis en oeuvre des mesures de biosécurité améliorées qui aident à protéger la santé des animaux et préviennent les infections de sources extérieures.
L'industrie canadienne de la volaille collabore avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments et les gouvernements provinciaux pour dresser des plans d'intervention d'urgence. Ces plans permettent au gouvernement et à l'industrie de contenir une maladie avant qu'elle se propage, ce qui évite à l'industrie, aux gouvernements et au public les dépenses d'intervention en cas d'épidémie.
La réussite de ce protocole est évidente. En 2004, 43 exploitations ont été ravagées dans la vallée du Fraser suite à une éclosion de grippe aviaire qui a coûté plus de 60 millions de dollars au gouvernement fédéral. En 2009, un cas de grippe aviaire dans la même région a été limité à deux exploitations. Et en 2010, une éclosion au Manitoba a été limitée à une exploitation et une alevinière au coût de deux millions de dollars.
L'efficacité de ce protocole a permis au Canada de montrer aux autres pays les mérites de la régionalisation, ce qui a procuré des avantages directs aux industries d'exportation d'animaux du Canada. La clé d'un programme d'abattage préventif est un dédommagement adéquat pour les animaux éliminés.
Les Producteurs de poulet du Canada ont accueilli avec satisfaction l'annonce du ministre Ritz, en mars 2011, au sujet de nouveaux maximums de dédommagement au titre de la Loi sur la santé des animaux. Ces nouveaux chiffres reflètent mieux la valeur marchande de nos volailles. Cette mesure positive doit être suivie de l'établissement de modèles de dédommagement utilisés pour calculer l'indemnité effective.
Pour ce qui est de la traçabilité, le système de gestion de l'offre de poulet nécessite une tenue de livre stricte et un suivi afin que chaque producteur ait le niveau de production approprié. Comme le mouvement des volailles est planifié d'avance et que des livres sont bien tenus, les données de traçabilité dans le secteur du poulet sont déjà recueillies et traitées.
Ces systèmes provinciaux de traçabilité permettent d'analyser rapidement les exploitations dans une zone de contrôle précise et de transmettre les données et l'analyse à l'ACIA et aux responsables provinciaux. L'industrie estime que ces systèmes sont conformes aux lignes directrices fédérales, provinciales et territoriales en matière de traçabilité. Ces systèmes s'améliorent d'ailleurs sans cesse, grâce aux progrès technologiques et à des capacités d'analyse accrues.
PPC a élaboré un programme vérifiable de soins des animaux pour illustrer et maintenir dans les industries canadiennes du poulet des normes strictes en matière de soins des animaux. Il n'existe aucun programme de reconnaissance gouvernementale, mais PPC a reçu l'appui de la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux, de l'Association canadienne des médecins vétérinaires du Conseil canadien des transformateurs d'oeufs et de volailles, de l'Association canadienne des transformateurs de volaille, de l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires et de la Fédération canadienne des épiciers indépendants.
La certification a commencé en 2010 dans nos exploitations et maintenant plus de 50 p. 100 des éleveurs de poulet canadiens sont certifiés. Nous recommandons au gouvernement de reconnaître les avantages que présentent les programmes d'atténuation des risques de l'industrie, et leur effet bénéfique pour le portefeuille de gestion du risque d'entreprise du gouvernement, et de fournir une aide financière continue pour l'élaboration et l'implantation de ces programmes de gestion du risque d'entreprise industriels.
Spécifiquement, le gouvernement devrait appuyer la mise au point d'un protocole de reconnaissance de la salubrité des aliments à la ferme et utiliser le succès des denrées ainsi certifiées pour promouvoir l'approche canadienne, finaliser les modèles d'indemnisation pour déterminer la valeur réelle des volatiles abattus en vertu de la Loi sur la santé des animaux, reconnaître que les lignes directrices de traçabilité fédérales, provinciales et territoriales doivent tenir compte des différences entre les divers secteurs agricoles et autoriser l'utilisation de systèmes qui répondent le mieux aux besoins de l'industrie et du gouvernement.
Le gouvernement devrait continuer d'appuyer financièrement le Conseil national pour le soin des animaux d'élevage dans l'élaboration de codes de pratique et de protocoles d'évaluation vérifiables, et garantir par l'intermédiaire de l'ACIA et de l'ASFC que les importations satisfont aux mêmes normes de gestion du risque que la production nationale et ne minent pas chez les consommateurs cette confiance que l'industrie canadienne s'est attachée à cultiver.
Avec les années d'expérience, l'industrie du poulet a appris qu'un environnement commercial stable et prévisible permet à l'industrie d'investir avec confiance. À cet égard, les programmes de gestion du risque d'entreprise gouvernementaux et de l'industrie sont essentiels aux industries agricoles du Canada pour pouvoir investir dans l'innovation et assurer leur réussite à l'avenir.
La séance d'aujourd'hui porte sur la gestion du risque d'entreprise, mais j'aimerais profiter de l'occasion pour formuler une autre recommandation concernant l'innovation. À l'automne 2010, le gouvernement fédéral s'est engagé à investir 1,8 million de dollars dans la recherche sur la volaille dans le cadre de Recherches avicoles du Canada et de sa grappe des sciences avicoles. Ces fonds ont permis d'accroître les capacités du Canada en matière de recherches avicoles. Le financement a également aidé les éleveurs de poulet à régler des questions clés et à relever un certain nombre de défis en encourageant l'innovation et la coordination nationale entre scientifiques. Nous recommandons au gouvernement d'engager dans l'initiative Cultivons l'avenir 2 des fonds suffisants pour la recherche avicole et l'innovation, et pour maintenir et accroître les moyens affectés à l'initiative actuelle. Il est essentiel que les programmes tiennent compte de la structure et des chaînes de valeur et que toutes les sections, de la recherche primaire à l'application, soient suffisamment financées.
Je m'arrête ici.
:
Bonjour, et merci de m'avoir invité. Je suis le président de Keystone Agricultural Producers, une organisation d'agriculteurs du Manitoba qui représente des exploitations familiales et 22 groupements de producteurs spécialisés.
Au nom de la Keystone Agricultural Producers, je suis heureux de pouvoir traiter aujourd'hui de Cultivons l'avenir 2, et de la gestion des risques d'entreprise.
Chaque année, les producteurs sont exposés à de nombreux risques de production et économiques. Ces risques peuvent entraîner de fortes fluctuations de leurs revenus, avec le danger que cela représente pour la stabilité du secteur agricole. Pour connaître une croissance durable, il nous faut des programmes à long terme, simples, équitables pour tous les produits, prévisibles et mis en oeuvre uniformément dans l'ensemble du pays.
Aujourd'hui, je souhaiterais évoquer quatre secteurs du dossier GRE, soit Agri-stabilité, y compris le programme d'avances ciblées, Agri-investissement, Agri-protection et Agri-relance. Nous allons aussi commenter le programme de paiements anticipés, qui permet aux producteurs d'obtenir sur le marché le meilleur prix possible en leur accordant le temps qu'il faut pour effectuer les ventes.
Premièrement, Agri-stabilité. Nous ignorons quelle sera à l'avenir l'orientation du programme, mais je suppose qu'Agri-stabilité en reste la base, il nous faut songer aux moyens de l'améliorer. La souplesse et l'opportunité des paiements posent deux problèmes essentiels. Les producteurs se demandent souvent pourquoi ils doivent, après avoir subi une perte, attendre deux ans avant d'être payés. Sans doute y a-t-il au Manitoba et dans tout le Canada, des agriculteurs qui, avant la fin de l'année, connaissent l'état de leurs stocks et, dans certains cas, il ne reste pratiquement rien après une saison difficile. Le mode de calcul des avances doit être amélioré pour que l'administration ne finisse pas par avoir à émettre de si nombreuses demandes de remboursement des avances ciblées.
Pour ce qui est de l'opportunité, un autre aspect concerne la Direction de l'économie et la détermination du prix de certaines denrées qui ne figurent pas sur les listes de prix publiés. Souvent, le volume est moindre et il faut faire quelques recherches, mais il faut parfois attendre longtemps pour connaître un prix et cela entraîne des retards sur le plan des paiements à venir. Je pense notamment aux graines fourragères.
Le deuxième problème qui trouble de nombreux agriculteurs a trait aux creux prolongés du marché qui entraînent une diminution régulière et continue des marges de référence. Les éleveurs de bétail du Manitoba ont pu le constater, à la suite de la crise de l'ESB et l'appréciation du dollar canadien.
Certaines modifications du programme permettraient de renforcer la stabilité des producteurs.
Je pense notamment à l'élimination des critères de viabilité appliqués aux marges négatives, qui pourrait profiter aux exploitations agricoles. Actuellement, un producteur qui a des marges négatives pendant au moins deux des trois années retenues pour calculer la marge n'est pas admissible. Nous reconnaissons que dans bien des cas l'exploitation était viable et, avec un peu de chance, pouvait le redevenir si le marché s'améliore.
Le relèvement de 60 à 70 p. 100 de la couverture pour marge négative fournirait une aide bonifiée aux producteurs qui n'ont plus d'autre recours, dans l'hypothèse où il n'existe pas d'autres programmes à leur intention. En outre, nous devrions retenir la marge de référence la plus large possible soit en utilisant le calcul de la moyenne olympique actuelle ou en prenant comme période de référence les cinq années antérieures. L'avantage, pour les producteurs, serait que certains d'entre eux — qui n'y avaient pas droit au titre de la moyenne olympique — auraient désormais droit à un versement, et que ceux qui bénéficient déjà d'une aide, verraient celle-ci augmenter.
Une autre option de recherche et peut-être de réflexion serait d'allonger d'un an la marge de référence et peut-être de reporter la date limite prévue pour le dépôt des demandes. Par exemple, pour le programme de 2012, la période de référence serait 2006-2010, plutôt que 2007-2011. Cela pourrait aider les producteurs à élaborer des plans et à trouver des financements, et peut-être atténuer le problème des échéances de paiement. Le temps de traitement serait peut-être aussi abrégé si les données historiques étaient complètes et corrigées avant même le dépôt de la dernière demande. Une meilleure estimation de la marge de référence permettrait aussi des avances calculées de manière plus précise.
Si ces modifications étaient apportées, Agri-stabilité deviendrait un programme plus souple, capable de mieux s'adapter à l'évolution des marchés. Ce programme répond peut-être de manière satisfaisante aux critères reconnus de prévisibilité et de bancabilité. Si Agri-stabilité, ou un programme axé comme lui sur les marges, avec les ajouts ou les améliorations souhaitables n'est pas pour l'avenir, nous serions disposés à envisager un type de programme d'assurance offrant à la production ou au revenu, ou aux deux, une meilleure couverture.
Quant à Agri-investissement, nous savons de ce programme qu'il est facile à comprendre, économique à administrer et qu'il est, après Agri-protection, sans doute le plus prévisible et le plus bancable des programmes offerts aux agriculteurs. Ce programme constitue une excellente base pour les bonnes années, mais si le but est de remplacer le premier 15 p. 100 de la marge calculée aux fins d'Agri-stabilité, on n'y parvient généralement pas. En fait, dans bien des exploitations, il peut falloir jusqu'à trois ans de cotisations pour compenser une baisse de 15 p. 100 de la marge. Parmi les améliorations qui pourraient être apportées au programme, on pourrait envisager de relever le taux de cotisation qui est actuellement de 1,5 p. 100 des ventes nettes admissibles pour que le fonds puisse se constituer plus rapidement.
Les gouvernements provinciaux et fédéral devraient maintenir et même renforcer leurs programmes d'assurance-production. Il conviendrait d'offrir aux producteurs divers niveaux de protection, selon les antécédents de production de chacun. La part des primes à acquitter par les producteurs devrait être abordable. Aux fins d'Agri-protection, les prix des cultures devraient davantage dépendre du marché, au lieu d'être établis en fonction de projections gouvernementales. Les décisions prises par le gouvernement doivent offrir en bon temps une protection accrue à nos producteurs.
L'assurance protection devrait refléter la capacité de production de la terre, son rendement moyen, les conditions actuelles du marché et les coûts de production. L'éventail actuel de programmes d'assurance devrait être ouvert aux secteurs du bétail, les bovins et les porcs, notamment.
En ce qui concerne Agri-relance, nous reconnaissons que des fonds ont été débloqués de temps à autre, mais les agriculteurs touchés doivent attendre longtemps avant de savoir ce qui sera couvert dans le cadre du programme, et le degré de couverture offert. Nous savons bien qu'il faut que le gouvernement fédéral et la province s'entendent sur l'élaboration du programme et sur les niveaux de soutien. Toutefois, nous aimerions que les deux ordres de gouvernement collaborent avec les groupes d'agriculteurs pour élaborer des listes de programmes standard, tel que le Programme de cultures de couverture, pouvant être financés par Agri-relance en fonction de critères déterminés. Ainsi, avec la mise en place de programmes standard, en cas de catastrophe, les agriculteurs sauront, en temps opportun, ce qui sera couvert et à quel montant ils auront droit. Nous sommes également convaincus qu'il ne sert à rien d'imposer des franchises lorsque les besoins sont aigus. Il faudra en outre toujours tenir compte évidemment d'autres circonstances néfastes susceptibles de survenir.
Nous comprenons la préoccupation éprouvée par le gouvernement fédéral qui craint que ce programme devienne le nouveau programme à tout faire. Il ne devrait apporter une aide que dans les cas où les autres programmes n'assurent aucune couverture. Dans certains cas, le financement ne répond pas aux besoins, mais les producteurs du Manitoba et de la Saskatchewan ont pu, l'été dernier, constater les avantages des programmes d'Agri-relance. Ces versements étant considérés comme faisant partie du revenu, ils ont souvent pour effet de faire reporter les paiements d'Agri-stabilité.
Le programme d'avances est, pour les agriculteurs, un outil essentiel, et nous sommes partisans du maintien, pour toutes les denrées, de prêts sans intérêt, afin de permettre aux producteurs de commercialiser en temps voulu leur production. Des discussions ont eu lieu concernant l'augmentation des limites et la part sans intérêt, mais pour l'instant, l'adoption de la politique à ce sujet a été laissée à l'initiative des groupements de producteurs spécialisés. Nous estimons, actuellement, qu'il est essentiel que ce programme demeure.
Nous estimons, en outre, et cela me servira de conclusion, que si les programmes de GRE actuels sont maintenus, il faudra les modifier pour les adapter à l'amenuisement des marges de référence, à la diversification des exploitations, et autres questions qui ne cessent de se poser dans le cadre de ces programmes. Nous courons des risques sur le plan de la production et au niveau financier, et il est essentiel que les programmes soient conçus, élaborés et révisés en consultation avec les organisations agricoles établies. Ces programmes doivent être financés de manière satisfaisante par les deux ordres de gouvernement, sans perdre de vue que l'objectif est de favoriser une politique agricole canadienne axée sur la rentabilité et la stabilité des producteurs primaires.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, membres du comité. Je vous remercie de m'avoir invité.
Je m'appelle Russell Evans. Je suis gestionnaire de la politique et de la recherche à l'Association nationale des engraisseurs de bovins. Je suis venu avec Mme Terri Holowath, associée chez Catalyst, une société-conseil de comptables et d'assurance à Calgary. Sa clientèle compte essentiellement des engraisseurs de bovins et elle va pouvoir nous donner quelques détails sur certains aspects du programme qui ne fonctionnent pas de manière satisfaisante, et peut-être aussi sur ce qui fonctionne correctement.
Je tenterai moi-même d'aborder ces questions sous un angle légèrement différent. L'Association nationale des engraisseurs de bovins représente les engraisseurs de bovins du Canada qui ont des exploitations ayant une capacité porteuse allant de 1 000 têtes à plus de 40 000 têtes de bétail. L'ANEB est financée par les cotisations volontaires des organisations provinciales membres.
Ces parcs d'engraissement sont considérés comme des exploitations d'élevage intensif et sont généralement exploités par des entreprises familiales multigénérationnelles. Il y a au Canada moins d'entreprises d'engraissement que de naisseurs, mais les engraisseurs comptent pour une forte part de la production à valeur ajoutée du secteur de l'élevage et des cultures.
Les engraisseurs de bétail achètent généralement le bétail aux naisseurs. Ils cultivent et achètent des aliments pour nourrir le bétail en parquet pendant une période allant de 60 à 250 jours, engraissant les bêtes jusqu'à ce qu'elles soient prêtes pour l'abattage. Les animaux sont ensuite vendus directement aux abattoirs dans le cadre d'une procédure de soumission.
Il faut des sommes considérables pour mener à bien le processus d'engraissement, de l'achat à la finition, puis reconstituer le cheptel. C'est là un des principaux détails que les programmes actuels de GRE négligent en ce qui concerne le secteur de l'engraissement. Je crois que d'autres secteurs d'activité ont évoqué la question devant vous.
Il est, selon nos membres, essentiel d'avoir des liquidités. Les programmes de GRE sont bons, mais l'argent est encore meilleur et il nous faudrait des programmes qui soient prévisibles.
Les engraisseurs de bétail sont un maillon important de la chaîne de valeur du boeuf. Ce sont les principaux acheteurs de fourrage des Prairies, d'où un apport considérable à ce secteur. Cela est particulièrement vrai lors de catastrophes, par exemple, les sécheresses ou, pire encore, les gels précoces, quand les récoltes destinées à la consommation humaine n'ont pas la qualité voulue.
L'engraissement du bétail a en outre un grand besoin de main-d'oeuvre. Nous estimons qu'une exploitation type doit employer une personne par tranche de 1 500 à 2 000 têtes de bovins, selon la complexité de la tâche et l'intégration du parc à son entreprise de culture. De nombreux parcs d'engraissement sont en même temps de grands producteurs agricoles.
Outre l'investissement requis pour les installations et le matériel, les engraisseurs ont besoin de liquidités pour le cheptel, les aliments, les fournitures, et un certain montant pour la main-d'oeuvre. C'est pourquoi l'argent compte tellement. Il y a beaucoup d'occasions de dépenser à la ferme.
Les engraisseurs de bétail sont des exploitants sur marge, qui fonctionnent dans le cadre d'un marché libre et ouvert. Ils gagnent un peu d'argent quand ils ont un gros volume, une rotation rapide du cheptel. Ils peuvent gagner beaucoup d'argent en une seule journée, et perdre deux fois plus le lendemain, et encore le surlendemain. Ils acceptent ce risque et généralement s'en tirent très bien. Ils connaissent les coûts de production et utilisent un large éventail d'outils, par exemple, la couverture monétaire et les contrats à terme, pour gérer ce risque. Mais en tant que producteurs primaires, ils sont exposés aux mêmes risques que les producteurs d'autres denrées agricoles.
Quand nous demandons à nos membres quelle est la partie de leur activité qui présente le plus de risques, ils répondent qu'ils sont surtout vulnérables du côté de la vente, car ils n'ont aucun contrôle sur le prix qu'ils touchent pour le bétail fini. Ils ont un peu de contrôle sur le coût des intrants, mais une fois établi leur coût de production par livre, la météo et la volatilité des marchés peuvent créer des risques ingérables au niveau de la vente et ils n'ont aucun moyen de répercuter leurs pertes.
Ils citent en outre les désastres atmosphériques. Les inondations de 2010 et 2011 dans le sud des Prairies ont dévasté l'infrastructure et entraîné de grosses charges financières en raison des pertes de production. Le bétail dans la boue jusqu'au ventre ne mange pas beaucoup, il n'engraisse pas beaucoup et il ne peut guère être vendu. Normalement, les exploitants se déplaceraient vers des terres plus élevées, mais l'inondation était tellement vaste qu'il n'y avait guère de terrains en hauteur. On s'en rend compte en étudiant les plafonds du programme Agri-relance. Pour la plupart des engraisseurs de bétail, les pertes dépassaient largement les plafonds établis, qui ont d'ailleurs été relevés pour les aider, mais c'était encore trop peu.
L'autre événement catastrophique tenant à la fermeture des marchés était lié à des facteurs tels que l'ESB. Nous espérons que cela ne se reproduira pas, mais il nous faut néanmoins nous préparer à une telle éventualité. Un programme d'assurance-santé animale serait tout à fait indiqué.
Mme Holowath va pouvoir vous donner quelques détails sur ces programmes.
:
Bonjour, monsieur le président, membres du comité.
Je suis associée chez Catalyst, un cabinet de comptables agréés et de consultants, et ma spécialité est l'industrie canadienne du bétail. Je prends la parole devant vous au nom du secteur de l'engraissement du bétail.
Dans mon exposé, j'entends moins parler de stratégie. Je souhaite plutôt vous donner une idée de ce qu'on éprouve quand on a affaire à ces programmes, et voir un peu pourquoi, dans le secteur de l'engraissement, ils ne donnent pas de bons résultats. Les clients que je représente gèrent des troupeaux comptant de 1 000 à 100 000 têtes de bétail. Ce sont toutes des exploitations familiales. La principale différence entre le secteur de l'engraissement et ce que nous appelons la production primaire est que le cheptel à l'engrais est acheté et vendu au quotidien. Contrairement à l'agriculteur ou à l'éleveur qui vend sa récolte une fois par an.
Les préoccupations que m'inspirent ces programmes de gestion du risque d'entreprise partent de cette distinction fondamentale. Dans le secteur de l'engraissement, une entreprise peut subir une perte sur la vente de cheptel au début ou au milieu de l'exercice financier. Les programmes fondés sur un dossier annuel ne sont ni opportuns ni adaptés à la façon dont fonctionnent ces entreprises. Certains producteurs, dont l'année se termine le 31 décembre, éprouvent d'importantes pertes au cours des deux premiers trimestres de l'année. Ils ont, par conséquent, besoin d'argent pour racheter du cheptel à la fin de l'été et à l'automne.
Comme Russ l'indiquait tout à l'heure, l'amincissement de leurs marges ne peut pas être répercuté sur leurs fournisseurs, c'est-à-dire les naisseurs et les producteurs de fourrage. Les prix dépendent parfois de facteurs qui échappent à leur contrôle, non de ce qu'ils touchent pour leurs produits finis. Ils peuvent avoir droit à un versement au titre des programmes actuels, mais l'argent n'arrivera que l'été suivant, plus d'un an après la perte. Il y a, bien sûr, les avances, mais vu les plafonds et la taille des exploitations avec qui nous faisons affaire, le système n'est pas efficace.
La procédure de demande prévue pour les programmes actuels est extrêmement complexe, tant pour les engraisseurs que pour d'autres producteurs. Il y a deux volets, l'un pour déclarer le côté production de l'exploitation et l'autre pour déclarer le côté financier. Ajoutez à cela des concepts tels que les changements structuraux, les critères de raisonnabilité et les marges de référence, et ça devient très compliqué. Les producteurs ont dû investir dans de nouveaux systèmes et consacrer à tout cela, du temps et de l'argent, faisant appel à des gens comme moi pour remplir leurs demandes. Il est en outre difficile de calculer ce qu'ils peuvent espérer recevoir comme financement. Il faudrait simplifier les procédures de demande.
Selon vos dossiers, les producteurs de bétail dans les secteurs de l'engraissement ont reçu des sommes importantes. Malheureusement, ces paiements n'ont pas été faits à temps et on ne peut ni les prévoir ni les calculer à l'intention des banques et y voir une sorte d'effet de commerce. Les plafonds actuels limitent donc les moyens de financement dont peuvent disposer certains de nos principaux producteurs qui, pourrait-on dire occupent une place très importante dans les collectivités où sont situées leurs exploitations, car ils donnent de l'emploi à de nombreuses personnes, comme le disait Russ.
Mon collègue va maintenant vous exposer nos recommandations.
:
L'ANEB considère qu'Agri-stabilité est un programme important qui devrait être maintenu, simplifié et amélioré.
Nos membres ont indiqué qu'ils aimaient le programme de garantie des prix du bétail mené à titre pilote en Alberta. Il était facile d'utilisation, mais il avait un grave défaut. Les paiements futurs étaient basés sur les données historiques. Dans un marché volatile, cela ne peut fonctionner.
L'AFSC a réalisé deux ou trois études de ce programme qui devraient être publiées en janvier. L'ANEB recommande au gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces pour implanter un programme de garantie basé sur marge qui peut fonctionner dans tout l'Ouest canadien. Nous croyons que les résultats de l'étude de l'AFSC seront assez clairs sur le fonctionnement du programme sous la coupe d'Agri-stabilité.
Le programme Agri-relance doit être maintenu et amélioré pour couvrir les pertes catastrophiques, tant du marché que climatiques. En termes de plafond, l'ANEB recommande d'adopter une échelle mobile pour l'admissibilité. Par exemple, quelqu'un admissible à un programme reçoit le même paiement pour la première tranche de 2 millions de dollars de revenu brut. Pour ceux qui ont un revenu brut entre 2 et 6 millions de dollars, il y a un taux de dédommagement plus faible par unité de production. Et pour ceux dont les revenus excèdent 6 millions, le dédommagement par unité est encore inférieur.
Ce genre de système reconnaît la contribution de tous les producteurs, indépendamment de la taille et donne à tous les producteurs admissibles un coup de main quand ils en ont besoin. Il tient compte aussi du fait qu'un gros producteur fait des économies d'échelle et que ses pertes lui coûtent relativement moins cher.
Quant à Agri-investissement, les membres de l'ANEB reconnaissent la valeur d'une cerise sur le sundae, mais cet argent serait plus utile pour chaque denrée. L'ANEB recommande que l'argent affecté à ce programme soit redistribué pour mieux refléter l'évolution démographique du monde agricole et les besoins précis de chaque secteur.
Dans l'industrie du boeuf, nous appuyons fermement les efforts du gouvernement pour ouvrir de nouveaux marchés à l'étranger pour les produits du boeuf. Toutefois, c'est très bien d'ouvrir de nouveaux marchés, mais il faut encore revoir tous les critères pour offrir le produit voulu — la coupe et l'emballage — au bon moment.
L'ANEB voit que les marchés étrangers commencent à s'ouvrir et reconnaît cette occasion comme le meilleur programme de gestion du risque qu'elle pourrait adopter. Mais comme les sociétés des sables bitumineux, l'industrie du boeuf doit construire un pipeline: l'infrastructure requise pour répondre aux besoins précis de ces nouveaux créneaux de marché. Il y a de la valeur dans ces marchés, mais il faudra les développer avec le temps et investir considérablement tant en ressources humaines qu'en infrastructures concrètes.
L'ANEB recommande au gouvernement fédéral de planifier un partenariat dans ce domaine. Les fonds d'Agri-investissement pourraient y être injectés.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous d'être venus.
Certes, je dirai pour le gouvernement que nous aussi croyons que les agriculteurs veulent vivre grâce au marché. Quelqu'un a parlé d'ouvrir les marchés étrangers pour nos producteurs, et c'est très important, particulièrement dans l'économie d'aujourd'hui. Plus les marchés sont grands et mieux cela vaut pour nos agriculteurs.
Quant aux programmes de gestion du risque d'entreprise, la réalité, aujourd'hui, est qu'ils ne seront pas bonifiés de sitôt. Nous avons accueilli certains témoins ici à la dernière séance. J'écoutais les recommandations pour chacun des programmes. Dans les quatre principales catégories d'Agri-investissement et d'Agri-stabilité, les changements évidemment signifiaient plus d'argent. Il n'y avait vraiment pas de compensation proposée. C'est cela qui m'intéresse.
Par exemple, pour Agri-stabilité, je sais qu'il est frustrant que les paiements soient si longs à venir. Mais c'est logique si vous regardez la gestion. Vous devez terminer l'année. Vous devez ensuite déclarer votre revenu et remettre d'autres documents. Puis, il faut les réviser. Puis, un paiement est effectué. Évidemment, c'est long quand on a des difficultés.
Certains des changements d'Agri-stabilité ne corrigeront pas cela. Il y aura plus de couverture, peut-être, ou un meilleur accès au programme, mais pas nécessairement des paiements plus rapides. J'aimerais savoir quels programmes sont les plus avantageux pour vos groupes de denrées, par opposition aux quatre qui existent déjà? Là encore, il ne s'agit pas seulement d'obtenir plus d'argent, quand nous savons que la situation financière d'aujourd'hui ne le permettra probablement pas.
Je voudrais aussi savoir ce que vous pensez, peut-être, de certaines nouvelles initiatives de programme. J'ai eu des conversations, par exemple, l'assurance-bétail a été proposée, fondée non pas sur les coûts de production, mais sur le prix du marché. Quand vous vendez effectivement votre bétail, est-ce que vous obtenez à peu près le prix du marché pour lequel vous êtes assuré? Cela n'a rien à voir avec les coûts de production. Je voudrais savoir ce que vous pensez de cela. C'est assez vaste et je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps. Nous pourrions peut-être y revenir à la fin; nous verrons.
Je vais commencer peut-être par les producteurs de porc, puis nous passerons aux autres produits.
:
Le
hedging, c'est un autre outil qui permet aux producteurs de sécuriser leurs revenus de l'année. Par exemple, cela peut couvrir leurs achats de grains et leurs ventes de porcs. Ils ont une marge.
Il y a un problème lorsqu'un producteur travaille à contrat. Par exemple, lorsque le prix est de 1,70 $ et que le marché fait augmenter le prix à 1,80 $, le producteur doit payer la différence. Le producteur n'a pas nécessairement les fonds pour couvrir cette différence. Lorsqu'il vend un produit, il couvre sa marge et repaie ses garanties grâce à ses ventes de porc. Le fait de soutenir la marge ne comporte pas de risque.
Le Programme de paiements anticipés a été bénéfique pour les producteurs, qui l'ont beaucoup apprécié. C'est une chose que l'on reconnaît.
Par contre, les délais qui ont été établis présupposaient que les producteurs auraient des marges suffisantes pour effectuer le remboursement. Les producteurs veulent rembourser, mais ils veulent des conditions acceptables afin d'être en mesure de rembourser le Programme de paiements anticipés.
Depuis un an et demi, le prix des grains a augmenté, tout comme le prix du porc. Dans les journaux, il est mentionné que le prix du porc est plus élevé que jamais, ce qui est vrai. Toutefois, le prix du grain est aussi à son plus haut. Le producteur n'a donc pas la marge nécessaire pour rembourser.
Le programme existe et on doit commencer à rembourser à partir du 1er avril. Pour certains producteurs, ça va aller, mais d'autres sont très inquiets. Je sais ce que les producteurs veulent. Ils ont besoin que les garanties sur ces prêts ne soient plus des garanties personnelles, car cela touche beaucoup les producteurs.