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Merci, monsieur le président, madame et messieurs les parlementaires. Je salue les femmes qui sont présentes.
Je suis très heureuse d'être ici ce matin. En premier lieu, je veux vous remercier de m'avoir aimablement invitée à participer à la réunion de ce comité permanent. Comme vous l'avez dit, monsieur le président, je m'appelle Louise Champoux-Paillé. Je suis économiste de formation, je détiens une maîtrise en administration des affaires et je suis une administratrice de sociétés certifiée.
Depuis près de 30 ans, je travaille dans le milieu des services financiers: banques, compagnies d'assurances et courtiers en valeurs mobilières. De 1998 à 2004, j'ai été présidente du Bureau des services financiers du Québec, un organisme de réglementation qui encadre les représentants en assurances de personnes, en assurances de dommages, en planification financière et en fonds communs de placement.
À titre d'administratrice, je siège à quelques conseils d'administration, notamment à celui du MÉDAC, où je suis responsable de la coordination des campagnes de propositions d'actionnaires et de la réalisation d'études portant sur l'éthique financière et fiduciaire, la rémunération des hauts dirigeants des institutions financières, la présence des femmes au sein des conseils d'administration et les tendances en gouvernance, tant au Canada qu'aux États-Unis et en Europe.
Permettez-moi maintenant de vous dire quelques mots sur le MÉDAC, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires. Fondé en 1995 par Yves Michaud, le MÉDAC est un organisme sans but lucratif. Il est présidé par Claude Béland, anciennement président du Mouvement Desjardins, et est administré par un conseil d'administration composé de huit autres personnes.
Concrètement, nous réalisons notre mission de défense des actionnaires en déposant annuellement des propositions auprès des entreprises canadiennes, propositions portant essentiellement sur la saine gouvernance. Depuis notre création, nous avons déposé plus de 60 propositions d’actionnaires auprès d’une douzaine de grandes entreprises canadiennes, ce qui fait du MÉDAC l’organisme québécois et canadien le plus actif dans le milieu. Près de 50 p. 100 de l’ensemble des propositions déposées au Canada au cours des 20 dernières années l’ont été par le MÉDAC.
Au début de l’an dernier, soit en janvier 2010, nous avons publié une étude portant sur l’efficience des propositions d’actionnaires, laquelle est intitulée Les propositions d’actionnaires: pilier de saine gouvernance. Nous avons pu constater qu'au sein des grandes institutions financières, il y avait eu une nette amélioration sur le plan de la gouvernance, comme en témoignent les Board Games. Aujourd'hui, les caractéristiques suivantes font partie des pratiques exemplaires de nos institutions financières: la séparation des pouvoirs entre le président du conseil et le président des opérations; la divulgation des honoraires et l’indépendance des vérificateurs externes; et, récemment acquis, le vote consultatif sur la rémunération des hauts dirigeants.
L’équité fiscale pour tous, un des emblèmes de notre intervention depuis 2002, a été abordée sous l’angle de la présence des banques dans les paradis fiscaux. Nous avons ainsi déposé à trois reprises des propositions sur ce thème, soit en 2002, 2005 et 2011. Nous osons croire que nos propositions ne sont pas étrangères au fait que, depuis 2007, la Banque Nationale a considérablement réduit sa présence dans les paradis fiscaux. Nous en espérons autant de la part des autres banques compte tenu que nous avons déposé des propositions.
Ma déclaration se divisera en deux parties. La première vous donnera un bref aperçu de la situation actuelle, tant au regard des particuliers que des entreprises, et la deuxième consistera à formuler quelques recommandations afin de tendre, dès le prochain budget, vers cette équité tant recherchée.
Permettez-moi de dresser un portrait de la situation actuelle.
Lord Dewar disait ou écrivait: « Il y a une chose pire que de payer l’impôt sur le revenu, c’est de ne pas en payer. »
Comme leur nom l'indique, les paradis fiscaux sont utilisés dans le but d'échapper à l'impôt, ou d'optimiser ses réductions d'impôt. Un peu partout dans le monde, les individus et les sociétés ont la possibilité de réaliser ce que l'on peut décrire comme de l'optimisation fiscale, mais pour l'écrasante majorité de la population, y compris la plupart des gens disposant de salaires raisonnables, le concept d'optimisation fiscale n'a guère de sens. En effet, l'impôt est généralement prélevé à la source sur leurs gains et leur relation avec le fisc s'arrête là.
Pour une minorité fortunée et pour la plupart des grandes sociétés, l'optimisation fiscale occupe, en revanche, une partie importante de leurs affaires et de leur vie privée.
La milliardaire américaine Leona Helmsley avait dit, pendant son procès pour évasion fiscale en 1989: « Il n'y a que les petites gens qui paient des impôts ». Du moins, il semble que les mieux nantis, eux, en payent le moins possible. Loin d'être perçu comme répréhensible ou moralement inacceptable dans le milieu des affaires, faire fructifier son argent au chaud sous les palmiers des Caraïbes semble être un comportement avisé de gens d’affaires sans scrupules.
Hillary Clinton elle-même disait, lors d’une intervention devant la Brookings Institution, un groupe de recherche de Washington, que les riches ne paient pas leur juste part dans une nation qui fait face à un taux de chômage très élevé, que ce soient les individus ou les corporations.
Pour bien camper le problème que pose ce comportement inacceptable de planification fiscale internationale abusive, tant chez les entreprises que les individus, je me permettrai brièvement de faire référence à quelques citations et données.
Selon le rapport 89 de la vérificatrice générale à Ottawa, l’évasion fiscale associée aux transactions internationales est appelée à croître au cours des prochaines années, car elle est favorisée par la complexité grandissante de ces transactions. Ainsi, en 2009, les placements directs effectués par des Canadiens à l’étranger représentaient plus de 593 milliards de dollars. De ce montant, 78,4 milliards de dollars, c’est-à-dire 13 p. 100, ont été investis à La Barbade, aux Bermudes et aux Îles Caïmans.
De plus, les règles de la fiscalité incitent à l'évasion. Ces règles permettent à des entités bénéficiant d'un régime fiscal privilégié dans les pays signataires d'une convention fiscale avec le Canada de ramener au Canada des revenus en franchise d'impôt.
Pour les cinq banques canadiennes ayant des filiales à l’étranger, l’exonération d’impôts est de l’ordre de 2,5 milliards de dollars, ce qui représente 37 p. 100 de l’impôt payé par les banques concernées. Compte tenu du fait qu’une famille canadienne a payé en 2009 31 714 $, cette exonération équivaut à la contribution fiscale de près de 80 000 foyers canadiens.
Selon le Conseil des Prélèvements obligatoires français, — ce sont des données pour la France —, les multinationales paient 2,3 fois moins d’impôt que les PME. Seules les entreprises de moins de 9 salariés paient réellement 30 p. 100 d’impôt, tandis que pour les très grandes entreprises françaises, le taux chute à 8 p. 100. À notre avis, cela constitue à la fois une injustice et une distorsion de la concurrence. Il serait peut-être utile de faire une pareille comparaison pour le Canada.
Un rapport a montré qu'aux États-Unis, un quart des plus grandes entreprises avaient totalement échappé à l'impôt entre 1998 et 2005. En ajoutant à cela l'évasion fiscale des particuliers, en l'occurrence 250 milliards de dollars de manque à gagner par année à l'échelle mondiale, on arrive à environ un trillion de dollars de flux illicites annuels, selon l’estimation du think tank américain Global Financial Integrity. Une telle situation pourrait peut-être s’expliquer par le fait que les riches ont plus d’impact sur les politiques gouvernementales que les pauvres ou la classe moyenne, les mieux nantis pouvant influencer les gouvernements afin d'obtenir les privilèges fiscaux qu'ils souhaitent.
D'ailleurs, Dominique de Villepin disait ceci:
Le problème de l’existence et de la tolérance des paradis fiscaux est évidemment politique. Le monde de la finance est souvent intimement lié à celui de la politique. C’est d’autant plus vrai dans ce contexte et cette situation rend ce problème très compliqué à aborder par les gouvernements [...]
Permettez-moi, tout d'abord, de vous remercier pour l'occasion qui m'est donnée de faire part au comité de mes vues sur le rôle que jouent les centres financiers extraterritoriaux au sein de l'économie canadienne.
Je n'ai pas pu faire le voyage jusqu'à Ottawa aujourd'hui, et je m'en excuse. J'ai malheureusement d'autres engagements ici à Toronto que je n'ai pas pu changer.
Je suis professeur à la Rotman School of Management de l'Université de Toronto. J'y enseigne depuis 1995. J'ai à mon actif de nombreux écrits sur la compétitivité canadienne et le rôle du commerce international et des investissements étrangers directs, ainsi que des centres financiers extraterritoriaux.
Mes écrits comprennent des articles didactiques et des études menées pour le ministère des Affaires étrangères ainsi que pour Industrie Canada. J'ai démontré de façon empirique que le recours à des centres financiers extraterritoriaux par les entreprises canadiennes en vue d'accéder à l'économie mondiale, a eu pour résultat de rehausser la compétitivité de ces entreprises canadiennes, ce qui a eu une incidence positive sur les exportations canadiennes, les emplois et les niveaux d'investissement.
L'impact sur les recettes fiscales du gouvernement canadien par suite du recours aux centres financiers extraterritoriaux par les entreprises canadiennes est loin d'être clair. Il est inexact de supposer que les recettes fiscales dont bénéficie l'économie canadienne sont inférieures du fait que les entreprises canadiennes ont recours à de tels centres extraterritoriaux.
Le recours à ces centres extraterritoriaux a au contraire de nombreux effets positifs qui font accroître les recettes fiscales canadiennes. Par exemple, une entreprise canadienne qui est présente dans l'économie mondiale est plus concurrentielle en raison du plus faible niveau d'imposition qui s'applique aux bénéfices qu'elle rapatrie au Canada. Lorsque ces bénéfices reviennent au Canada, ils sont finalement versés aux actionnaires de ces entreprises canadiennes à capital largement réparti.
Lorsque les actionnaires reçoivent un dividende, ils doivent payer des impôts sur ce revenu-là. De même, lorsqu'une entreprise canadienne obtient de très bons résultats dans l'économie mondiale, l'accès aux marchés étrangers pour les exportations canadiennes s'en trouvent facilitées. Cela donne lieu à une multiplication des activités du siège social qui profitent à l'économie canadienne, etc. Donc, l'effet net sur les recettes fiscales canadiennes est loin d'être clair.
Je pourrais vous donner d'autres détails à ce sujet par la suite, si vous le souhaitez, mais j'estime qu'il est inexact de supposer que l'effet sur les recettes fiscales est négatif, car cela n'a pas été démontré. Le recours abusif aux régimes extraterritoriaux par des particuliers ou des entreprises qui cherchent à cacher leurs revenus ou leurs actifs et à les soustraire aux autorités fiscales légitimes a donné lieu à une perception négative des régimes de tous les pays concernés.
Soyons clairs: le recours à ces centres par tout organisme qui cherche à éviter de payer des impôts qu'il doit payer est illégal et il convient de le poursuivre. Par contre, en ce qui concerne la situation nationale, les contribuables ont le droit de mener leurs affaires commerciales de manière à réduire au minimum leur fardeau fiscal en se prévalant des moyens légaux qui leur permettent de le faire. La minimisation des impôts n'est pas synonyme d'évasion fiscale.
Il y aura toujours des investisseurs internationaux qui trouveront des moyens créatifs de réduire l'impôt exigible et, dans ce sens-là, les CFE ne sont guère différents des moyens créatifs auxquels ont recours les contribuables dans le contexte purement national.
Donc, certains avantages sont rattachés au recours à des centres financiers extraterritoriaux par les entreprises canadiennes. Le recours aux CFE à des fins illégitimes se trouve minimisé lorsqu'il existe des accords sur la transparence et la communication de renseignements entre les centres et les économies nationales. Comme le montre clairement la plus récente liste de l'OCDE, bon nombre de pays — mais pas tous — ont pris des mesures qui ont amélioré la transparence et la communication de renseignements.
Certains avantages découlent également de mécanismes plus efficaces en matière de transparence et de communication de renseignements, avantages sur lesquels il convient d'attirer votre attention. Plus il y a de transparence et de communication de renseignements entre, par exemple, le Canada et un centre financier extraterritorial, quel qu'il soit, moins il est probable qu'il y ait des problèmes et plus les CFE sont susceptibles d'être utilisés pour des fins légitimes qui contribuent à rehausser la compétitivité de l'économie canadienne.
L'attitude des Canadiens à l'égard des investissements étrangers est plutôt ambivalente, mais le fait est que les investissements étrangers apportent à l'économie canadienne de nombreux avantages aux niveaux de l'emploi, des revenus, de la productivité, de la formation de capital et de la capacité des Canadiens à profiter des chaînes mondiales d'approvisionnement. Mais à ces avantages s'opposent le problème d'une éventuelle érosion de l'économie canadienne depuis l'intérieur.
Ce qu'ignorent bon nombre de Canadiens, c'est que le Canada a plus d'investissements à l'étranger qu'il y a d'investissements étrangers. Les entreprises canadiennes continuent à prendre de l'expansion à l'étranger à un rythme qui dépasse l'implantation au Canada d'entreprises étrangères. À l'heure actuelle, nos investissements à l'étranger dépassent de 20 p. 100 ou de 25 p. 100 les investissements étrangers au Canada.
Le site Web du gouvernement du Canada indique que les investissements directs d'entreprises canadiennes à l'étranger font partie intégrante des efforts stratégiques qu'il déploie en vue d'accroître leur part de marché et maintenir leur compétitivité sur les marchés étrangers. De plus en plus, les entreprises se servent de leurs investissements extérieurs pour renforcer leurs opérations, pénétrer de nouveaux marchés et acquérir de nouvelles technologies, ressources et compétences. Le secteur manufacturier est à l'origine de plus d'un tiers du commerce mondial et il s'agit d'échanges entre entités apparentées; le rôle des multinationales est donc encore plus important. Bref, les investissements canadiens à l'étranger ont rehaussé la compétitivité de l'économie canadienne.
Quand on analyse en profondeur les données, on constate qu'environ 20 p. 100 des investissements à l'étranger passent par les centres financiers extraterritoriaux.
Ma recherche a pour objet d'aller plus loin que la perception selon laquelle ces centres financiers extraterritoriaux sont mauvais, étant donné que le recours à de tels centres présentent des avantages fiscaux.
Mais quels sont les effets positifs du recours aux CFE? Pour les entreprises canadiennes, les centres financiers extraterritoriaux représentent une filière permettant d'accéder à l'économie mondiale. C'est un élément important. Ainsi les entreprises canadiennes peuvent pénétrer des marchés nouveaux, moins traditionnels, qui présentent davantage de risques et, ce faisant, diversifier leur clientèle de façon à moins dépendre du marché américain. Dans l'environnement actuel, c'est tout à fait critique.
Les entreprises canadiennes bénéficient d'une réduction du coût de leur capital lorsqu'elles ont recours à ces centres extraterritoriaux, ce qui signifie qu'elles sont plus concurrentielles sur les marchés mondiaux. Cette amélioration de la compétitivité des multinationales canadiennes donne lieu à de nombreux avantages pour l'économie canadienne. Limiter la capacité des compagnies canadiennes à accéder à l'économie mondiale par l'entremise de ces centres extraterritoriaux freinerait de façon importante leur compétitivité et aurait, selon moi — et les résultats de ma recherche soutiennent cette thèse — une incidence négative sur l'économie canadienne.
Une étude que je mène actuellement mais que je n'ai pas encore terminée — et dont les hypothèses sont très importantes pour les délibérations du comité — porte justement sur ce qui suit: quand les entreprises canadiennes ont recours aux centres financiers extraterritoriaux de façon légitime pour accéder à l'économie mondiale, l'économie canadienne en profite très largement. Par contre, je suis contre l'idée qu'on puisse avoir recours aux CFE pour des raisons non légitimes. J'estime que les personnes qui y ont recours en vue d'éviter de payer leurs impôts devraient être poursuivies.
Je pose comme hypothèse que plus il y a de transparence et de communication de renseignements entre le Canada et les administrations des différents pays, plus il est probable que les activités qui y sont menées seront légitimes et apporteront des avantages considérables à l'économie canadienne en conséquence.
En résumé, les avantages pour l'économie canadienne sont multiples lorsque nos entreprises se servent de centres financiers extraterritoriaux. Toute mesure visant à améliorer la transparence et l'échange de renseignements est susceptible d'avoir des conséquences positives pour le Canada, à condition de ne pas limiter la capacité des entreprises canadiennes à avoir recours à ces centres pour la raison légitime que constitue l'accès à l'économie mondiale grâce à des capitaux qui coûtent moins cher, de façon à devenir concurrentielles par rapport aux entreprises d'autres pays qui ont accès à une structure de financement semblable.
Merci beaucoup.
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Je suis très fier de pouvoir vous faire part de mes vues sur la question. Je n'ai pas préparé de texte officiel, étant donné que je ne suis vraiment pas expert en la matière. Au fond, ce dont je peux vous parler, c'est de mon expérience en tant que conseiller en placements — nous avons évidemment des clients qui sont fortunés — et en tant qu'administrateur d'une vingtaine de sociétés, dont la majorité mènent leurs activités à l'étranger.
Je voudrais, tout d'abord, vous faire remarquer qu'il peut y avoir des raisons légitimes, comme le dernier conférencier vient de vous le démontrer, et je suis tout à fait d'accord avec lui. Une compagnie comme SNC-Lavalin, dont j'ai siégé au conseil d'administration pendant une vingtaine d'années, n'aurait jamais connu la croissance relativement importante qu'elle a enregistrée si elle n'avait pu profiter de ces possibilités à l'extérieur du pays, possibilités qui sont essentiellement inconnues du gouvernement canadien.
Il me semble que, dans la mesure où d'autres ont accès à ce genre de mécanismes… À l'heure actuelle, nous menons nos activités dans le cadre d'une économie mondiale à coûts élevés, comparativement à ce qui existe en Chine, en Inde et bon nombre d'autres pays, y compris aux États-Unis, puisque notre dollar vaut à présent 1,03 $ plutôt que 67 ¢, Il est évident que, à moins de vouloir envoyer tous nos emplois à l'étranger, les entreprises canadiennes doivent pouvoir profiter de ce type d'avantages concurrentiels, auxquels a accès toute compagnie de niveau international, où qu'elle soit. En ce qui me concerne, c'est une évidence à laquelle on n'échappe pas.
À mon avis, les personnes qui cherchent à cacher leur argent — surtout en Suisse autrefois, mais moins maintenant, même si c'est encore le cas dans d'autres pays — devraient être assujetties à l'ensemble des mesures qu'offre le système judiciaire, et j'estime également que les intéressés ne devraient pas pouvoir profiter d'une amnistie après l'autre. Il faut que les autorités puissent imposer dès le départ ce genre de gains tout à fait illégitimes.
Cela dit, je voudrais également vous dire ceci: dans la Bible, ou plutôt dans le Notre Père, on dit ceci: « Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. » La tentation de mettre son argent à l'étranger, de façon légitime ou en devenant des citoyens non résidents, de façon à payer l'impôt sur les gains en capital ici au Canada quand on est plus âgé — notamment si on est fortuné — me semble tout à fait évidente.
J'habite au Québec. Mes revenus sont assujettis à un taux d'imposition de 50 p. 100. Malheureusement, je suis très fortuné, mais je n'ai jamais décidé de profiter personnellement d'abris fiscaux et je n'ai pas non plus d'argent d'investi à l'étranger, à part mes investissements qui passent par des établissements à l'étranger, et pour lesquels mes certificats se trouvent ici à la Banque de la Nouvelle-Écosse ou dans mon coffre-fort.
Dans la mesure où les taux d'imposition canadiens sont très élevés, notamment dans des provinces comme le Québec où, en moyenne, 50 p. 100 de mes revenus sont versés au fisc… Même si je me constitue en société, comme je serais obligé de le faire pour éviter de payer des droits de succession aux États-Unis, je finis par payer la même somme sous forme d'impôts. Dans la province où je me trouve, 42 p. 100 des habitants ne paient pas d'impôts du tout sur le revenu. Cela ne me semble pas normal, et j'estime donc que, quand la situation n'est pas normale, les gens sont davantage tentés d'essayer d'éviter de payer des impôts.
J'irais encore plus loin en vous disant que, à l'heure actuelle, si vous avez des investissements au Canada, en dehors de l'appréciation actuelle des actions cotées à la bourse, appréciation qui est surtout le résultat des interventions de la Federal Reserve Bank à New York, il est très difficile de concevoir un bon modèle d'épargnes, si vous n'êtes pas particulièrement riche, qui va éventuellement vous donner l'équivalent d'une pension de retraite.
Au Québec, nous concurrençons les 24 p. 100 de la population qui travaillent pour le gouvernement et qui touchent 100 $ de plus par semaine que les autres 75 p. 100, en moyenne — et je suis compris dans cette catégorie — et, qui plus est, touchent des pensions indexées, contrairement à tous les autres, à part la pension de retraite du Canada et du Québec.
Ainsi, si vous laissez votre argent en banque, vous êtes sûr de perdre environ 2 p. 100 au moins à cause de l'inflation et, en général, on ne touche à peu près rien de la banque sous forme d'intérêt. Par contre, vous touchez énormément de frais de service, qui sont passés, depuis 50 ans que je mène mes activités, d'une somme dérisoire à des montants faramineux, malgré le fait que toutes ces procédures coûtent beaucoup moins cher aujourd'hui qu'autrefois, grâce à l'informatisation.
Je dirais que, si vous avez une obligation qui paie des intérêts de 4,5 p. 100, entre l'inflation et les impôts, vous finissez avec rien. Si vous avez des fonds mutuels dont le taux de rendement est de 8 p. 100, ce qui est déjà bien supérieur à la moyenne pour les fonds mutuels sur une très longue période, après avoir payé les frais de gestion de 3 p. 100 et les impôts, et avoir tenu compte du taux d'inflation de 2 p. 100, il ne vous reste plus que 0,5 p. 100.
Les gains en capital sont imposés au Canada, et l'effet inflationniste sur les gains en capital est également imposé à la moitié du tarif, si bien que si vous avez acheté quelque chose il y a 40 ans, comme moi, et que vous vendez cela aujourd'hui, vous allez payer l'impôt sur les gains en capital sur la totalité de l'effet inflationniste, ce qui peut se situer à 95 p. 100 ou plus.
Donc, les gens qui souhaitent qu'il leur reste de l'argent sont sans doute très tentés par la possibilité de faire quelque chose d'illégitime ou d'inacceptable. Je ne cautionne pas ce genre de comportement; je n'ai jamais conseillé à aucun de mes clients de faire cela; personnellement, j'estime qu'il est préférable de ne pas avoir à s'inquiéter tous les jours de la possibilité qu'on vous envoie une lettre qui dit: « Veuillez vous présenter devant le ministère du Revenu pour expliquer la nature de vos activités à l'étranger. » Par contre, ce genre d'imposition, qui vous empêche pour ainsi dire d'avoir des revenus de retraite supérieurs à ce que vous avez investi — étant donné que les revenus n'existent pas — incite certainement beaucoup de gens à se laisser tenter par un premier acte illégitime. C'est comme ce que je vous citais tout à l'heure: « Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. »
Pour moi, il y a toutes sortes d'autres facteurs qui sont liés au coût et aux dépenses que les gens doivent supporter, notamment dans un environnement où le taux élevé de chômage ne leur permet pas d'économiser beaucoup d'argent. Nous sommes également un pays qui a dépensé de façon excessive, puisque le pourcentage de la dette par rapport au revenu des particuliers est maintenant plus élevé ici qu'aux États-Unis. Il est évident que cet état de choses ne peut continuer que dans la mesure où les taux d'intérêt restent très faibles. Dès que les taux d'intérêt augmenteront, nous aurons des problèmes. Quand le cours du pétrole, d'autres produits et de l'alimentation augmente, étant donné, encore une fois, qu'il vous reste moins d'argent, vous risquez d'être tenté de faire quelque chose que vous ne devriez pas faire.
Donc, la conclusion que je tire de ce que je viens de vous dire est qu'il faut effectivement contrôler l'application de la loi. Mais, tout comme j'estime qu'il faut contrôler strictement l'application de la loi — et la Coalition pour une bonne gouvernance, dont Claude Lamoureux et moi sommes les instigateurs — est tout à fait favorable à la notion de contrôle strict de l'application de la loi dans le domaine des investissements — le contrôle et la répression des activités de ceux et celles qui trichent ou qui sortent de l'argent illégalement doivent être tout aussi stricts. D'un autre côté, il convient que le Parlement se rende compte que les taux d'imposition au Canada sont à présent extrêmement élevés.
Je voudrais faire intervenir un autre élément concernant l'évasion fiscale; c'est en rapport, du moins dans ma province, avec la construction et les travaux qu'on peut vouloir faire faire dans sa maison et dans son jardin. Dans la région où est située ma maison de campagne, il m'est impossible de faire venir quelqu'un pour faire des travaux pour des raisons légitimes. Les entrepreneurs n'accepteront de venir faire de la peinture chez moi que si j'accepte de payer comptant. Voilà le résultat de la domination des syndicats canadiens, notamment au Québec, dans ce domaine d'activité. Si je paie comptant, cela me coûte 20 $; par contre, si je fais appel à des travailleurs syndiqués, je devrais peut-être payer 60 $ de l'heure.
Voilà justement une lacune importante au Canada en ce qui concerne notre régime fiscal. Voilà donc qui termine mes remarques.
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Merci, monsieur le président. D'entrée de jeu, j'aimerais souligner que je n'ai aucun lien de parenté, direct ou indirect, avec Mme Champoux-Paillé, même si son propos est digne de son deuxième nom de famille. Je salue aussi la présence de M. Jarislowsky, qui a décrit la situation au Québec.
Mme Champoux-Paillé disait qu'il n'y a pas de facilité, sauf celle qu'on accepte, et comme vous êtes au Québec depuis à peu près toujours, vous êtes probablement dans un endroit où vous avez été délivré du mal. Le fait qu'il y ait une syndicalisation ou un poids politique de l'État est un tout autre débat. On n'est quand même pas si mal sur l'île de Montréal.
D'entrée de jeu, je voudrais faire une synthèse en deux points. Tous les trois, vous avez montré la différence qui existe entre éviter de payer trop d'impôt, ou de l'impôt, et l'évasion fiscale. On peut tous éviter d'avoir affaire avec la police, mais s'évader de prison est une autre affaire. Le trait commun entre vos trois positions est de juger illégale toute forme d'évasion fiscale et de poursuivre jusqu'au bout ceux qui ne paient pas leur dû et qui essaient par toutes sortes de moyens de ne pas payer d'impôt. Tous les trois, vous avez particulièrement fait le lien en ce qui concerne les particuliers.
Je comprends qu'il peut y avoir des façons d'éviter de payer de l'impôt pour un directeur financier de compagnie. Tout le monde sait qu'un directeur financier de compagnie privée ne se concentre pas sur la maximisation des profits, mais bien sur la minimisation des impôts. Ce n'est pas la même chose pour un directeur financier d'entreprise publique qui doit, pour sa part, maximiser le bénéfice par action.
Vous dites qu'il faut éviter que l'on paye le moins possible d'impôt. On est dans un système de concurrence mondiale où le fait d'aller chercher du capital est très important. Des règles devront donc être établies.
Ma question porte sur les particuliers et les entreprises. Croyez-vous que l'Agence du revenu du Canada a les ressources pour lutter contre l'invasion fiscale? Les poursuites criminelles ne sont-elles pas suffisantes?
L'Agence du revenu du Canada ne se comporte-t-elle pas comme une amatrice face à celles et ceux qui essaient d'éviter de payer de l'impôt, en ce sens qu'elle nettoie l'ardoise et pardonne à ceux qui essaient de le faire? Madame Champoux-Paillé, qu'en dites-vous?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous nos témoins. Vous nous avez vraiment fait part d'une grande diversité d'opinions aujourd'hui.
Premièrement, en réponse aux observations de M. Paillé concernant les ressources qui sont nécessaires pour lutter contre le phénomène des comptes extraterritoriaux, je trouve un peu ironique que, lorsqu'il s'agit d'examiner les prévisions budgétaires et d'approuver les augmentations mineures qui sont proposées pour renforcer l'activité d'enquête et accroître l'effectif, on nous critique. Mais à la réunion suivante, on nous dit que les ressources sont insuffisantes
Quand vient le moment d'examiner le budget de l'Agence du revenu du Canada, nous devrions peut-être nous intéresser aussi aux résultats. Si nous réussissons à prélever des sommes additionnelles importantes en investissant dans un apport de modestes ressources, nous ne devrions pas examiner les deux éléments isolément.
Quant à savoir ce qui a été fait par le Canada depuis 2006, premièrement, nous avons augmenté de 44 p. 100 l'effectif affecté à ce travail. Nous avons également investi 30 millions de dollars de plus dans les activités de répression, et nous avons connu un certain succès à cet égard. Des sommes importantes ont été rapatriées au Canada. Je ne suis pas sûre que les citoyens soient vraiment au courant des mesures que nous avons prises en vue de faire progresser ce dossier.
J'ai quelques observations à faire. En ce qui concerne l'évasion fiscale, on dirait que tout le monde est d'accord. Nous et les autres administrations croyons que la première étape doit être la mise en oeuvre d'un programme de communication volontaire de renseignements. De telles initiatives ont connu un certain succès. Les gens paient leurs amendes.
J'invite chacun des témoins à se prononcer sur la question. M. Jarislowsky semble penser qu'il faut poursuivre les individus fautifs avec toute la rigueur de la loi.
Pourriez-vous donc me dire ce que vos pensez d'une formule de communication volontaire des renseignements par rapport à une approche qui va jusqu'aux limites permises par la loi, avec tous les coûts que cela suppose?
Peut-être pourrions-nous commencer par M. Jarislowsky.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs et madame, je vous souhaite la bienvenue à notre comité. Je vous remercie de votre présence et de venir partager vos connaissances sur l'évasion fiscale, un sujet que l'on considère comme très important.
Madame Champoux-Paillé, je vais d'abord m'adresser à vous. Vous nous fournissez des chiffres qui sont, à tout le moins, impressionnants. Vous évaluez à 2,5 milliards de dollars l'exonération d'impôt pour les cinq banques canadiennes ayant des filiales à l'étranger à la suite d'investissements dans des paradis fiscaux. Selon vous, quel est le rôle de l'OCDE en ce qui concerne ces investissements?
L'explication qui est donnée officiellement par les défenseurs des paradis fiscaux, c'est qu'ils sont essentiels à la compétitivité des entreprises et que si on ne permet pas cette pratique, ce sera désavantageux pour nos propres entreprises. Toutefois, l'OCDE a fait une étude concernant les différents pays considérés comme des paradis fiscaux et a établi une liste grise de pays avec lesquels il y a peu d'échanges de renseignements, ce qui peut non seulement mener à de l'évitement fiscal, mais réellement à de l'évasion fiscale.
Quelle est votre opinion concernant ces pays figurant sur une liste grise? Un gouvernement responsable et équitable envers ses contribuables ne devrait-il pas au moins imposer des restrictions essentielles importantes pour empêcher les entreprises d'investir dans ces pays identifiés par l'OCDE?
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Vous mettez beaucoup de pression. Mais je vous dirais que le rendement est imposable… Non, je plaisantais.
Tout comme nous disions que la baisse des taux d'imposition sur les sociétés nous met sur la bonne voie, nous savons que la réduction des taux d'imposition, à la fois sur les sociétés et sur le revenu des particuliers, nous permet de progresser en réduisant l'étendue du problème.
Mais permettez-moi maintenant de vous parler de l'utilisation légitime de ces centres extraterritoriaux. J'aimerais vous donner quelques statistiques. L'économie mondiale représente environ 500 milliards de dollars; environ 20 p. 100 de cette somme passe par les centres financiers extraterritoriaux.
Supposons que cela représente 100 milliards de dollars. Je vous donne quelques chiffres approximatifs à ce sujet. Si 100 milliards de dollars passent par les centres financiers extraterritoriaux… supposons que le taux de rendement, c'est-à-dire les revenus qui en découlent corresponde à 8 p. 100. Cela signifie que ces 8 milliards de dollars de revenus par an qui découlent de ces investissements finissent dans ces CFE.
Supposons maintenant que le taux d'imposition applicable soit de 40 p. 100. Donc, nous avons 100 milliards de dollars dans ces centres extraterritoriaux, le taux de rendement est de 8 p. 100, ce qui donne 8 milliards de dollars de revenus, et le taux d'imposition est de 40 p. 100. Beaucoup de gens pensent que si nous étions en mesure d'imposer la totalité des revenus qui sont générés dans les CFE, les recettes fiscales se monteraient à environ 3,2 milliards de dollars. Voilà le chiffre qui est évoqué par certains. C'est une sorte de maximum. Si le gouvernement canadien décidait de limiter la capacité des Canadiens à recourir aux CFE, d'après beaucoup de gens à qui j'ai parlé, les recettes fiscales canadiennes augmenteraient d'environ 3,2 milliards de dollars. Selon moi, il y aurait au contraire une baisse des recettes fiscales. Si je suis de cet avis, c'est parce que les revenus ainsi générés finiraient par baisser, étant donné que les entreprises canadiennes concernées seraient moins productives et moins concurrentielles.
Deuxièmement, bon nombre d'entreprises canadiennes décideraient tout simplement de quitter le Canada…
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier nos témoins de leur présence ce matin. La discussion est très intéressante.
Je voudrais surtout poser des questions à Mme Champoux-Paillé. Je dois malheureusement m'exprimer en anglais.
Je pense que la conclusion fondamentale de notre discussion jusqu'ici est qu'il existe une différence — et je suis du même avis — entre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal.
Chaque année à cette époque, bon nombre de mes collègues et des gens qui habitent dans ma région investissent leur argent dans des REER. Je dirais qu'ils essaient de cette façon de payer moins d'impôts. Ils ne songent pas nécessairement aux avantages à long terme d'un pécule pour la retraite; c'est plutôt une sorte de réflexe: « Il faut que je mette de l'argent dans un REER, je suis loin d'avoir atteint ma limite, et cela va me permettre de payer moins d'impôts. » Donc, c'est plutôt de la planification ou de l'optimisation fiscale. À mon avis, il n'y a pas de mal à cela.
Personnellement, je préférerais un régime fiscal plus uniforme avec beaucoup moins de déductions. Mais cela ne va pas se produire. Le régime fiscal est tel qu'il est, et pour moi, ça, c'est de la planification ou de la gestion fiscale.
J'ai organisé une activité la semaine dernière à laquelle ont assisté 260 aînés; c'était un colloque sur la planification fiscale présenté par l'ARC et Service Canada où les représentants de ces deux agences étaient les conférenciers et nous avions 260 participants. Ces derniers ont justement posé certaines questions au sujet de qui relevait davantage la planification fiscale, et les représentants de ces deux agences n'étaient pas en mesure de répondre parce que les particuliers doivent s'adresser à un conseiller financier pour obtenir ce genre d'information.
Voilà qui m'amène à ma question au sujet de la nature de votre organisation. Je ne comprends pas tout à fait ce que vous faites étant donné ce que vous dites… Vous dites ceci: « Il a pour mission, comme son nom l'indique, l'éducation et la défense des épargnants et des investisseurs ». Dans le cas de votre organisation, cela ne comprend-il pas — puisque vous parlez de l'éducation des investisseurs — la planification fiscale et l'évitement fiscal, par opposition à l'évasion fiscale tout simplement? Votre organisation fait-elle…?
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J'aime beaucoup votre question. Elle est formidable, et j'aurais aimé avoir une heure pour vous répondre, mais je sais que je n'ai qu'une minute.
Pour faire suite à ce qui vient d'être dit, « tant qu'il y aura de la politique, etc. … », pour les gens indignes en parlant de l'évasion fiscale, de paradis fiscaux, du fait que les multinationales ne paient pas leur juste part, et quand vous posez la question à un groupe représentatif de Canadiens, on peut dire que cela leur fait plaisir de… Je ne sais pas exactement comment formuler cela, mais…
Au fond nous voulons que les décideurs prennent des décisions éclairées. Il ne faut pas prendre une décision en étant motivé uniquement par le désir de récolter des voix ou de faire plaisir à un grand segment de la population qui peut ne pas bien comprendre les questions que nous examinons aujourd'hui.
Selon moi, l'équité fiscale deviendra réalité quand nous créerons un environnement qui permet à nos entreprises d'être concurrentielles à l'échelle mondiale. Il y a à présent un écart de prospérité de 10 000 $ entre le Canada et les États-Unis: l'Américain moyen gagne 10 000 $ de plus que le Canadien moyen. Si nous réussissons à créer un environnement qui favorise la compétitivité mondiale et fait disparaître cet écart de prospérité — en relevant le niveau de revenu au Canada pour qu'il atteigne le niveau aux États-Unis — les mêmes taux d'imposition que nous appliquons aujourd'hui permettront de récolter des recettes fiscales tellement importantes que le gouvernement sera en mesure de financer toutes les initiatives qui lui semblent appropriées.
Donc, pour réaliser l'équité fiscale, il faut être sensible à des considérations économiques — en d'autres termes, établir un environnement qui crée le plus grand gâteau économique possible, et ensuite se servir des recettes fiscales qui en découlent pour financer les différentes initiatives.
Merci.