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Bonjour à tous et à toutes. Je vous souhaite la bienvenue au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, réunion numéro quatre.
À l'ordre du jour aujourd'hui, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, il y a une étude de la stratégie nationale de transport en commun.
Nous accueillons aujourd'hui, de la Fédération canadienne des municipalités, M. Brock Carlton, chef de la direction et M. Adam Thompson, conseiller en politiques.
Je vous souhaite la bienvenue au comité. Je suis certain que vous avez suivi ce qui s'est passé. Je sais que vous avez témoigné assez souvent pour connaître la façon dont nous procédons.
Je vous cède la parole, et par la suite nous passerons aux questions.
Bien sûr, nous sommes toujours intéressés à tout ce qui touche l'infrastructure, de sorte que nous sommes très heureux d'avoir été invités ici aujourd'hui.
Je dois dire que notre président, Berry Vrbanovic, un conseiller municipal de Kitchener, n'a pas pu être des nôtres. Il doit assister à une réunion du conseil municipal concernant d'importantes questions et, la démocratie locale lui tient beaucoup à coeur et il en va de même pour nos membres.
La FCM est la voix des administrations municipales depuis 1901. Nos membres représentent 90 p. 100 de la population canadienne. Nous comptons environ 2 000 membres d'un bout à l'autre du pays.
Les transports en commun sont la clé d'une économie forte et doivent faire partie d'un nouveau plan d'infrastructure fédéral à long terme. Pour compétitionner à l'échelle mondiale et protéger leur qualité de vie, les Canadiens devront avoir des villes et des collectivités dotées de réseaux de transport rapides et efficaces qui permettent de relier les entreprises à leurs clients, les travailleurs à leurs emplois et les collectivités aux marchés.
Dans un pays qui doit accroître sa productivité économique, l'engorgement routier étouffe l'économie, en ralentissant le déplacement des biens, des services et des personnes jusqu'à ce que plus rien ne bouge.
[Français]
Un récent rapport de Statistique Canada indique que les Canadiens passent chacun environ 32 jours par année sur la route pour se rendre à leur travail et en revenir. Cela représente quotidiennement plus de 75 minutes, en moyenne, dans les plus grandes villes du Canada. À Toronto, l'aller-retour pour le travail prend en moyenne 81 minutes.
Chaque heure que les Canadiens passent sur la route est une heure qu'ils passent loin de leur famille, de leur lieu de travail ou de leurs études.
La Chambre de commerce du Canada estime que la congestion routière coûte à l'économie de la région du grand Toronto 5 milliards de dollars par année en perte de productivité. Sur le plan national, ce chiffre est beaucoup plus élevé.
En cette période économique difficile, la perte de productivité nuit aux investissements effectués par tous les gouvernements pour permettre au Canada de sortir de la récession et améliorer notre compétitivité économique. Les embouteillages croissants dans nos villes sont une conséquence du déficit des infrastructures municipales du Canada. On retarde la réfection et la construction de l'actif le plus fondamental de nos collectivités.
[Traduction]
Pendant 25 ans, les Canadiens ont été témoins des symptômes de la croissance du déficit en matière d'infrastructures: les ponts qui rouillent, les routes qui se détériorent, les autobus et les métros encombrés en plus des avis sanitaires des municipalités incitant les gens à faire bouillir leur eau potable. Toutefois, après des décennies de sous-investissements, le Canada commence à faire face à son déficit en matière d'infrastructures municipales. Des investissements récents faits par les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et les administrations municipales ont aidé les Canadiens à lutter contre la récession mondiale et à reconstruire des milliers de routes, de ponts, de systèmes d'aqueduc et d'autres infrastructures essentielles qui prenaient de l'âge.
La collaboration croissante d'Ottawa avec les municipalités a permis d'établir des politiques et des programmes à valeur ajoutée pour les Canadiens. Le plan Chantiers Canada et la pérennité du Fonds de la taxe sur l'essence sont des exemples d'outils de financement à long terme dont a besoin le Canada pour entretenir adéquatement ses infrastructures au cours des cycles de vie de 30, 50 ou 70 ans.
Nous devons protéger les acquis et faire fond des investissements récents visant à construire un pays qui peut soutenir les familles et les entreprises. Le plan d'infrastructures à long terme promis dans le dernier budget fédéral était essentiel pour nous permettre de réparer notre infrastructure vieillissante. Il doit comprendre des investissements en matière de transport en commun ainsi que des solutions pour lutter contre l'engorgement routier, afin de réduire les temps de déplacement et de relier les collectivités aux marchés croissants et aux nouvelles possibilités qui s'offrent à elles.
La pérennité du Fonds de la taxe sur l'essence fédéral permet d'investir dans les transports en commun, mais le coût élevé de la construction d'un système de transport moderne exige du financement distinct. La seule source de revenus distincts pour le transport en commun au Canada, soit la Fiducie d'investissement pour les transports en commun, a expiré en 2010. Les villes canadiennes ne disposent pas des outils nécessaires pour construire et réparer seuls les systèmes de transport en commun modernes, tout en étant responsables de la construction des routes et des ponts, tout en assurant les services de police et de pompiers et tout en assumant de nouvelles responsabilités, dont plusieurs proviennent d'autres paliers de gouvernements.
Puisque les collectivités ne disposent pas d'une part des recettes ni des taxes de ventes générées par la nouvelle croissance, elles ont été obligées d'accroître les taxes foncières, de réduire les services essentiels et, bien souvent, de reporter les réparations aux infrastructures. Le déficit en matière d'infrastructures qui en résulte est mauvais pour les familles, les entreprises et notre économie.
Un coup d'oeil rapide autour du monde — New York, Londres, Singapour — permet de constater que les villes qui disposent d'un important système de transport en commun ne sont pas obligées de se fier aux taxes foncières pour édifier ces systèmes.
[Français]
Tous les gouvernements doivent travailler ensemble, ainsi qu'avec le secteur privé, pour cerner les défis liés aux infrastructures du Canada. Ils doivent faire des investissements immédiatement afin de bâtir les routes, les réseaux d'aqueduc, les installations communautaires et les transports collectifs de qualité dont le Canada a besoin pour appuyer les familles, les entreprises et notre croissance économique future.
[Traduction]
Pour permettre aux gens de se déplacer efficacement, il faut faire preuve de bon sens et de collaboration entre les divers ordres de gouvernements. En fin de compte, en s'assurant que les Canadiens ont la capacité et la possibilité de se déplacer efficacement dans les villes et les collectivités, nous pourrons respecter toutes nos responsabilités liées à la prestation des services aux Canadiens.
Encore une fois, nous aimerions vous remercier de nous avoir invités et d'avoir pris le temps d'écouter les observations que je viens de vous présenter. Nous sommes prêts, monsieur le président, à répondre à toutes questions. Mais avant, j'aimerais signaler que je suis accompagné de M. Adam Thompson, notre conseiller en politiques qui s'est penché sur ces questions et qui pourra également vous répondre.
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Je ne peux pas vous donner une idée des chiffres. Ce que je peux vous dire, c'est que dans le cas du transport en commun, pour les raisons que vous décrivez, un financement dédié est essentiel. Les municipalités ne peuvent pas s'en tirer simplement avec la taxe sur l'essence et l'impôt foncier.
Une partie de votre question portait sur les autres possibilités qui permettraient de combler le déficit entre la taxe sur l'essence et les besoins, et l'impôt foncier est la plus importante de ces possibilités.
Comparativement à celles des autres pays de l'OCDE, les municipalités canadiennes dépendent beaucoup plus de l'impôt foncier. Au Canada, l'impôt foncier représente environ 60 p. 100 des revenus municipaux. Aux États-Unis, par exemple, c'est de 20 p. 100 à 25 p. 100, et dans les autres pays de l'OCDE, la norme est d'environ 30 p. 100. Nous dépendons fortement de l'impôt foncier; c'est l'autre grande source de revenu. Donc, la seule option est d'augmenter l'impôt foncier, ce qui alourdit le fardeau fiscal de tous les Canadiens.
Nous croyons que s'il y a un financement dédié au transport en commun dans le cadre d'un programme d'infrastructure à long terme, cela constituera un complément à la taxe sur l'essence qui fournira le type de ressources qui seront nécessaires à long terme pour surmonter ce genre d'obstacles.
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La taxe sur l'essence a toujours été prévue pour être l'enveloppe de financement du gouvernement fédéral qui était à long terme, prévisible, et surtout, pouvait s'adapter aux besoins des collectivités locales.
Vous avez raison de dire que dans les plus petites municipalités, de grands projets liés au transport en commun ne sont pas nécessaires. Dans ces cas, d'autres projets sont choisis par la voie démocratique, comme les aqueducs, les installations de traitement des eaux usées, les routes et les ponts, et les autres besoins municipaux.
En ce qui concerne la pertinence de la taxe sur l'essence, je réitère que c'est une pratique très importante de ce qui est idéalement un engagement du gouvernement fédéral envers les infrastructures municipales afin de fournir des sources de financement à long terme prévisibles. Dans cette optique, la taxe sur l'essence, à cause de la façon dont elle est gérée et conçue actuellement, permet de bien répondre aux divers besoins des municipalités. Mais comme Brock l'a déjà dit, il n'y a pas d'indexation, et c'est pourquoi la FCM cherche à protéger son pouvoir d'achat pour les années à venir.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, je vous souhaite la bienvenue. Ce n'est pas la première fois que nous avons l'occasion de discuter de ces dossiers.
Tout cela est un peu mêlant. On parle d'une stratégie nationale de transport en commun, mais il existe une réalité d'infrastructures et de fonds liée à cela. Privilégiez-vous une approche globale plutôt qu'une stratégie qui se limite strictement au transport en commun? Ne devrait-on pas plutôt trouver une nouvelle façon de gérer les relations entre les municipalités et les autres paliers de gouvernement? On parle ici de la première approche.
En ce qui a trait à la deuxième approche, je reconnais que les besoins se situent surtout dans les municipalités. Il faut réfléchir très sérieusement à un fonds indexé de la taxe sur l'essence. Cependant, en ce qui a trait à l'argent qui viendrait par la suite, par exemple du gouvernement du Canada, privilégiez-vous un fonds dédié ou un fonds consolidé? Si on crée un fonds dédié, vous devrez investir uniquement dans le domaine sur lequel on se sera entendu. S'il s'agit d'un fonds consolidé, il y aura, une fois de plus, la question de la relation entre les municipalités et le gouvernement relativement aux sommes versées par ce dernier.
Dans tout ce dont on discute, et dont on va éventuellement discuter, je sens qu'il y a un problème lié à la gouvernance — les rapports entre les paliers de gouvernement — et à la façon de faire la reddition des comptes.
J'aimerais d'abord que vous nous disiez quelle approche vous préférez. Par la suite, j'aurai d'autres questions plus spécifiques.
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Évidemment, s'il n'y a pas d'infrastructures de base, il n'y a pas de transport en commun.
Comme vous l'avez mentionné et comme on a pu le constater — que ce soit le cas du pont Champlain ou celui d'autres ponts ou routes —, un problème se pose avec le temps: on a laissé tomber nos infrastructures parce qu'on n'a pas su renouveler le financement de façon adéquate.
Au Québec, on a enlevé les postes de péage. À l'époque, l'argent était versé aux infrastructures, en tout respect des diverses compétences. Dans le contexte de la relation de la Fédération canadienne des municipalités avec le gouvernement canadien, on a trouvé une solution. Cela avait commencé lorsque le premier ministre Paul Martin était au pouvoir. Par la suite, les redevances sont devenues permanentes après l'arrivée au pouvoir du gouvernement actuel. Comment doit-on aborder la question du financement?
Vous avez parlé de relations avec le secteur privé. Il faut penser à de nouvelles sources de financement. Privilégiez-vous, par exemple, qu'on s'entende sur une nouvelle façon d'aller chercher des fonds, grâce aux postes de péage, par exemple?
Doit-on faire comme aux États-Unis, où dans certains cas on a recours au financement électronique, un peu comme c'est le cas avec la route 407 à Toronto? Tout ça demande une relation très claire entre le fédéral et les municipalités. Or, on doit constater que, selon la Constitution, vous êtes une créature des provinces. On n'aime pas le dire, mais c'est la réalité. Comment vous débrouillez-vous pour qu'on puisse redéfinir le rôle des municipalités pour qu'une stratégie nationale puisse être efficace sur le plan du transport en commun?
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Tout d'abord, malgré ce que dit la Constitution, le gouvernement a décidé de travailler avec les municipalités depuis plusieurs années, et ça fonctionne très bien. Toutefois, cela ne se situe pas à l'extérieur des relations avec les provinces et les territoires.
Il y a un lien entre le gouvernement fédéral et les municipalités. Ces dernières sont importantes pour le Canada et pour la croissance de notre économie. On ne parle pas des détails, comme les postes de péage. Nous disons que les infrastructures ont une très grande importance et qu'elles sont à la base de notre économie et de notre bien-être social et environnemental.
En ce qui a trait aux infrastructures, il revêt une certaine importance de cibler les questions liées au transport en commun. Nous devons orienter toutes les discussions vers une planification à long terme des infrastructures. Les municipalités et le gouvernement fédéral, avec les provinces et les territoires, doivent trouver une façon de travailler de concert, afin de répondre aux besoins des Canadiens.
Il faut un plan à long terme, un plan pour les ressources, soit une taxe sur l'essence indexée, soit un programme comme le Fonds Chantiers Canada, soit autre chose. Il faut trouver une façon de mettre sur la table les ressources afin de régler les questions liées aux infrastructures à long terme. Ce n'est pas une chose qu'on peut régler en quelques heures.
Je suis désolé, nos données les plus récentes sont un petit peu désuètes. Puisqu'elles datent de 2008. Entre 1996 et 2006, c'est-à-dire sur une période de 10 ans, l'ensemble des recettes municipales a crû d'environ 17 p. 100, les revenus fédéraux, d'environ 29 p. 100 et les revenus provinciaux et territoriaux, d'environ 34 p. 100, je crois. C'est une augmentation non négligeable, même si, en même temps l'économie et l'inflation ont connu une croissance d'environ 30 p. 100.
Ce que cela veut dire, c'est que les recettes des municipalités ont effectivement augmenté pendant cette période. Mais pas autant que l'expansion économique et la croissance démographique. En fait, notre pouvoir de dépenser a diminué. En plus, les services dont nous étions...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Tout à l'heure, on a lancé des chiffres relativement aux montants que les municipalités dépensent par habitant. J'ai fait un peu de recherche sur Internet, et je vous prie de m'excuser parce que je n'ai pas les chiffres réels, mais il semble que les montants par habitant prélevés par les municipalités sont en fait inférieurs à l'inflation au cours de la période de 25 ans mentionnée. Ce n'est qu'un peu moins, mais c'est moins que l'inflation. En même temps, du moins en Ontario — je ne suis pas certain pour les autres municipalités — la province était coincée et a transféré de nombreuses responsabilités aux municipalités et ne les a pas reprises. Alors je peux très bien comprendre la position des municipalités, parce qu'elles ne peuvent pas continuer à fournir tous les services qu'elles offraient auparavant.
Nous entamons maintenant une période au cours de laquelle le reste du monde a fait un grand pas vers l'avant en matière de transport en commun. Selon moi, nous avons vraiment très peu de réels transports en commun au pays. Le transport en commun ferroviaire, en particulier, est très, très limité au Canada.
D'autres pays nous rattrapent et nous dépassent à cet égard. En Chine, le programme de construction de métros et de trains et de trains interurbains avancent à une vitesse époustouflante. L'Espagne a construit des systèmes dans ses villes principales. La France et l'Angleterre, à ma connaissance, ont des meilleurs systèmes de transport en commun qu'une bonne partie du Canada depuis longtemps, en partie par ce qu'ils ont été construits après la guerre.
Ce qui me tracasse, c'est la notion que cela implique une responsabilité fédérale. Voilà réellement l'objet du débat. Ce n'est pas de savoir s'il y a une stratégie, mais plutôt une responsabilité. De ce côté de la table, nous croyons qu'il y a une part de responsabilité. Je ne crois pas que les mécanismes de financement utilisés jusqu'à maintenant soient nécessairement mauvais. Je crois qu'il s'agit d'un tiers, un tiers et un tiers. Ce n'est cependant pas toujours le cas. On obtient du financement pour un métro à Toronto, mais pas pour un système léger sur rail. On obtient du financement pour des infrastructures ferroviaires de train lourd, mais pas suffisamment.
Je me demande si une stratégie nationale aiderait, même si le montant d'argent n'est pas extraordinaire, à donner tout le moins l'impression que nous allons de l'avant pour améliorer le transport en commun dans les grandes municipalités.
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Monsieur le président, membres du comité, je m'appelle Patrick Leclerc et je suis directeur des affaires publiques à l'Association canadienne du transport urbain. Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue Christopher Norris, qui est directeur des services techniques.
Tout d'abord, permettez-nous de vous remercier de nous avoir invités à témoigner devant votre comité au sujet d'une éventuelle politique nationale en matière de transport en commun. Nous tenons à vous féliciter d'entreprendre une étude sur le transport collectif et sur le rôle que joue le gouvernement fédéral dans un secteur clé de l'économie et du développement des collectivités.
L'Association canadienne du transport urbain, communément appelée l'ACTU, est le porte-parole du secteur du transport collectif au Canada. Notre mission est de promouvoir la contribution du transport en commun à la qualité de vie, à l'environnement, à la santé, à la mobilité ainsi qu'au développement économique des collectivités canadiennes.
Le secteur du transport collectif au Canada se porte bien. Par exemple, l'an dernier seulement, l'achalandage a augmenté de 4,1 p. 100 à l'échelle nationale par rapport à l'année précédente, ce qui représente un sommet sans précédent de 1,9 milliard de déplacements.
[Traduction]
Le transport en commun est aussi un important moteur économique de nos collectivités. Les investissements stratégiques dans le transport en commun contribuent à améliorer la productivité et la croissance économique du Canada. En effet, l'impact économique des investissements en transport en commun au Canada est de plus de 11,5 milliards de dollars annuellement, ce qui place le rapport coûts-avantages des investissements en transport en commun bien au-delà de deux contre un.
L'industrie du transport en commun compte près de 50 000 emplois directs au Canada et crée 25 000 emplois indirects supplémentaires. L'investissement dans le transport en commun réduit également les coûts des mises à niveau des véhicules pour le ménage canadien d'environ 5 milliards de dollars par année.
De l'autre côté, un manque d'investissement dans des options de mobilité durable, comme le transport en commun, a également un impact sur l'économie. Comme près de 80 p. 100 de la population vit dans les centres urbains, le temps qu'il faut pour se rendre au travail et en revenir et les bouchons de circulation représentent un réel fardeau pour les travailleurs et les entreprises du Canada.
Chaque année, les coûts des bouchons de circulation au Canada représentent des milliards de dollars en perte de productivité. À une période où la croissance en emploi est de plus en plus axée sur les secteurs des connaissances, la création d'environnements urbains dynamiques est au centre de l'avantage concurrentiel du Canada. C'est pourquoi un nombre croissant d'investisseurs et de chambres de commerce exhortent les gouvernements à travailler ensemble pour élaborer une approche solide et détaillée en matière de transport en commun.
[Français]
Les défis liés à la mobilité des personnes touchent l'ensemble des collectivités. Dans les plus petites municipalités, le transport collectif assure un rôle socioéconomique important en permettant aux citoyens de se déplacer à peu de frais et d'avoir accès aux emplois, aux établissements d'éducation ainsi qu'aux services sociaux. Dans ces plus petites collectivités, le transport collectif s'organisera davantage en système d'autobus, de taxibus ou encore de covoiturage organisé.
Il est important de souligner les progrès accomplis au cours des 10 dernières années. Grâce à la contribution de tous les paliers de gouvernement et au travail acharné des décideurs et des parlementaires de toutes allégeances politiques, les investissements en transport collectif ont considérablement augmenté depuis le tournant du millénaire. Nous profitons d'ailleurs de cette tribune pour souligner la contribution exceptionnelle du gouvernement fédéral au cours de la dernière décennie. Alors que la participation du gouvernement du Canada dans le secteur du transport collectif était inexistante il y a une dizaine d'années, elle se chiffre maintenant à environ 1 milliard de dollars annuellement.
Si nous en sommes là aujourdhui, c'est grâce à vous tous. Tous les partis représentés à la Chambre ont fait avancer le secteur du transport collectif et nous en sommes très reconnaissants. Maintenant, la question que nous devons nous poser est la suivante: que nous réserve l'avenir, que devons-nous faire aujourd'hui pour relever les défis de demain? C'est la question à laquelle nous avons tenté de répondre en élaborant la Vision 2040, une vision qui fait part de la contribution du transport collectif à la qualité de vie, aux changements prévisibles dans nos collectivités d'ici à 2040, à l'incidence de ces changements sur le transport urbain et aux orientations stratégiques qui peuvent maximiser l'effet du transport collectif sur notre qualité de vie.
Parmi les changements majeurs et prévisibles qui auront un effet sur notre société et notre économie, notons entre autres la croissance économique, le vieillissement de la population, une concentration encore plus élevée de la population en milieu urbain. Pour relever ces défis, nous devrons mettre en avant des politiques et des plans ambitieux pour assurer une mobilité fluide des biens et des personnes et offrir des services de transport de qualité aux citoyens.
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Un des éléments de base de la Vision 2040, soit la toute première directive stratégique de la vision, est le développement d'un cadre global et détaillé pour le transport en commun au Canada. Tous les ordres de gouvernement devraient travailler ensemble à l'élaboration d'un cadre de politiques pour le transport en commun à l'échelle nationale qui sont intégrées et se soutiennent mutuellement. Un tel cadre devrait clarifier les rôles, les responsabilités et les priorités de chacun. Il devrait mettre en évidence les buts pour le transport en commun et cerner les synergies entre les objectifs et les différents intervenants. Il est essentiel d'établir un processus de collaboration, où chacun prend sa responsabilité pour l'élaboration, l'approbation et la mise en oeuvre de ses propres politiques.
Certains se demandent peut-être quels seraient les impacts d'un tel cadre. Après tout, le gouvernement fédéral contribue déjà près d'un milliard de dollars au transport en commun chaque année sans stratégie nationale ni cadre de politique. On pourrait même penser qu'il s'agit de la situation idéale: des fonds sans lignes directrices, sans directives, sans objectifs et sans comptes à rendre. Une telle analyse ne tiendra pas compte de la nature de l'industrie du transport en commun, de la complexité et de la nécessité d'une planification à long terme.
Examinons l'étude récente de Statistique Canada intitulée « Se rendre au travail: résultats de l'Enquête sociale générale de 2010 » pour tenter de mieux comprendre pourquoi il est nécessaire d'avoir une approche à long terme claire et ambitieuse pour le transport en commun. Le rapport démontre que se rendre au travail quotidiennement prenait en moyenne plus de temps en transport en commun qu'en voiture. Sans entrer dans les détails de l'étude, le rapport stipule, et je cite, que « plusieurs autobus circulent sur les mêmes voies que les automobilistes ». Le rapport indique également que « l'emploi de voies réservées et de rames de métro peuvent accélérer les trajets et même les écourter par rapport aux trajets en voiture ».
Sans s'en rendre compte, les auteurs du rapport ont abordé une question qui est bien comprise dans notre industrie. L'avenir du secteur dépend du transport rapide et d'une meilleure intégration du transport en commun dans la planification urbaine. Le transport rapide, qu'il s'agisse de système léger sur rail ou d'autobus rapide utilisant des voies désignées, prend des années à planifier et à construire. Ces modes de transport sont très efficaces, mais nécessitent des investissements importants et une étroite collaboration entre tous les ordres de gouvernement. Pour obtenir l'approbation de lancer des projets de transport en commun rapide, les autorités locales doivent avoir l'assurance que tous les ordres de gouvernement seront présents et formeront un partenariat qui durera du début à la fin du projet.
[Français]
Pour certains, la question que soulève le développement d'un tel cadre de politiques est liée essentiellement aux champs de compétence. Est-ce bien le rôle du gouvernement fédéral d'entreprendre une telle démarche? Sur ce point, il est essentiel de considérer le transport collectif pour l'ensemble de sa contribution et non seulement comme un système de transport conventionnel.
Par exemple, en réduisant le nombre de véhicules automobiles sur les routes des centres urbains, nous réduirons les problèmes liés à la congestion routière et nous favoriserons une plus grande fluidité des biens et des services, ce qui aura un effet favorable sur la productivité et la croissance économique. Ainsi, nos collectivités seront plus concurrentielles sur le continent nord-américain, ce qui attirera davantage d'investisseurs et profitera à l'économie de l'ensemble du pays.
Cela s'inscrit également dans la volonté du gouvernement fédéral de faire de la croissance économique sa priorité. D'ailleurs, l'objectif du gouvernement du Canada d'améliorer les portes d'entrée afin de favoriser le commerce international va de pair avec une stratégie de transport urbain. À quoi bon améliorer les portes d'entrée si les marchandises restent coincées dans la congestion routière et ne peuvent atteindre les points de passage névralgiques de façon efficace?
Le transport collectif a également une incidence sur la qualité de l'air et les émissions de gaz à effet de serre. Nul besoin de dire que les polluants atmosphériques transcendent les frontières provinciales. Une réduction des polluants atmosphériques favorisera une amélioration de la qualité de l'air et aura ainsi un effet bénéfique sur la santé de nos citoyens, réduisant les coûts de soins de santé liés aux maladies respiratoires.
L'amélioration de la qualité de vie des citoyens ne dépend pas d'un champ de compétence particulier, mais elle doit plutôt être au centre des considérations de tous les paliers de gouvernement.
[Traduction]
À notre avis, il est clair que le gouvernement fédéral devrait travailler avec toutes les provinces, les territoires et les municipalités afin de mettre sur pied un cadre global politique canadien du transport en commun.
Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Merci, monsieur le président.
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C'est un point assez intéressant. Il y a différentes façons. On le sait — on a déjà parlé de l'avenir des transports collectifs et des systèmes de transport rapide —, ça prend des années à réaliser et à développer un service rapide par bus ou un service de train léger. Beaucoup d'emplois de qualité sont dès lors créés.
Le secteur du transport en commun, comme je le disais, compte environ 50 000 emplois directs ou 25 000 emplois indirects. Il y en a beaucoup, également, dans la construction de réseaux.
Il y a un autre aspect qu'il est très important de considérer. On voit ce qui se passe aux États-Unis avec la Buy America Act. C'en est un exemple. Les emplois dans le secteur manufacturier du transport collectif sont de très bons emplois. En ce moment, aux États-Unis, il y a un problème de création d'emplois. Il existe déjà une norme minimale de 60 p. 100 de contenu américain pour ce qui est des équipements de transport collectif, et des discussions en cours proposent d'augmenter ce pourcentage à 100 p. 100.
On voit la croissance dans le secteur du transport collectif. On a parlé l'an dernier d'une croissance de 4,1 p. 100. Il y a une croissance partout au Canada, aux-États-Unis et dans le monde. Ça génère beaucoup d'emplois et c'est en effet une industrie d'avenir.
Les emplois reliés au secteur manufacturier sont donc de très bons emplois, et on sait que ça va continuer de croître dans les années à venir.
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Monsieur le Président, permettez-moi de dire qu'il serait important pour les membres du comité d'avoir une copie du travail intitulé Vision 2040 qu'ils ont fait. Ce travail est un peu pareil à une stratégie. Il y a eu beaucoup de consultations, notamment auprès de la Fédération canadienne des municipalités. Vous avez parlé à des experts, vous avez rencontré des gens un peu partout.
Cela pourrait nous donner une idée de ce que pourrait être un plan stratégique, à tout le moins. Dans votre document, vous dites que cette vision sert à renforcer le transport collectif, à révolutionner le service, à donner priorité aux clients, à garantir un transport collectif plus écologique et à assurer la santé financière. On commence à avoir un cadre stratégique. Cela pourrait alors être une bonne façon de nous inspirer une éventuelle stratégie. Je crois que cela pourrait être intéressant, en pratique.
Cependant, je vais me faire l'avocat du diable. Le problème, c'est que l'on veut une stratégie nationale et que notre pays est extrêmement grand. Il existe une réalité rurale et une réalité urbaine. Il y a également une question de flexibilité qui entre en ligne de compte, si une personne travaille à trois heures du matin, si elle est une travailleuse autonome ou si elle doit penser à aller chercher ses enfants à la garderie. Il existe une réalité à cet égard et une question d'accessibilité.
D'abord, comment peut-on avoir une stratégie nationale dans la situation que je qualifierais presque de géographique du pays dans lequel on vit présentement? Ensuite, comment allez-vous relier cela à une réalité constitutionnelle? On ne peut pas en sortir. Le disait, le 22 août dernier, que cela prenait une concertation des trois paliers de gouvernement. Je suis d'accord avec lui.
Comment peut-on faire cela concrètement? Croyez-vous que l'on devrait tenir une conférence fédérale-provinciale-territoriale — avec les trois paliers de gouvernement? Comme on a déjà dépensé 1 milliard de dollars par année et que l'on n'a pas de stratégie actuellement, on peut se demander si l'on a vraiment besoin d'une stratégie. Doit-on repenser les incitatifs fiscaux et finalement se dire que, peut-être, un fonds ciblé et des incitatifs pourraient être suffisants et que l'on va laisser les municipalités s'entendre entre elles? Comment voyez-vous tout cela?
Par la suite, je reviendrai avec d'autres questions.
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Merci de votre question.
C'est en raison, entre autres, de la diversité du pays que l'on a besoin de s'asseoir autour d'une table pour préciser le rôle de chacun et de définir le but à atteindre.
Par exemple, le Fonds de la taxe sur l'essence est constitué au prorata de la population. Les plus petites collectivités vous diront que c'est difficile pour elles. On parle toujours de transport en commun — en anglais, on dit transit. La première chose que l'on voit, ce sont les autobus, les métros et les trains légers. Dans les plus petites collectivités, la mobilité existe quand même et la population est vieillissante. On voit que les travailleurs et les jeunes partent vers les grands centres, mais qu'ils retournent dans ces petites collectivités pour prendre leur retraite. Ce sera donc plus difficile sur le plan des revenus.
Comment assurer la mobilité des gens qui ont des limitations fonctionnelles, par exemple? Il y a là un besoin. Comment s'assurer que les transferts effectués et les mesures mises en place par les gouvernements fédéral et provinciaux pourront répondre à ces défis de mobilité afin qu'on soit là où l'on devra être en 2030 et 2040? C'est un premier élément.
Le deuxième élément consiste à s'assurer d'un arrimage des différentes politiques déjà existantes au pays. Je vous donne l'exemple suivant. Cela fait des années que l'ACTU a des discussions avec le gouvernement fédéral pour permettre l'exemption fiscale des titres de transport offerts par les employeurs à leurs employés. La mesure existe au Québec depuis 2007 et coûte très peu à l'État québécois — pardonnez-moi, à la province de Québec.
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Merci, monsieur le président.
Et merci, monsieur Leclerc et monsieur Norris, de votre exposé.
J'ai suivi l'étude initiale, Transport 2000, elle a refait surface en tant que Transport 2020, et maintenant pour la première fois je vous entends parler de Transport 2040. Il me semble que nous sommes très doués pour ce qui est de rédiger des rapports, mais qu'il n'y a aucune action concrète dans le domaine.
J'aimerais que vous nous fassiez part des méthodes ou des procédures concrètes que nous pourrions adopter afin d'agir. Au cours des 40 dernières années, les quatre rapports de planification du transport urbain qui ont été soumis et étudiés n'ont certainement pas servi les intérêts nationaux.
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Je vous remercie de votre question.
D'ici 2040, les réseaux de transport qui sont membres de l'ACTU mettent déjà en oeuvre bon nombre de ces éléments. Par exemple, la vision a notamment pour objectif d'assurer l'accessibilité au plus grand nombre de Canadiens possibles.
Nous savons déjà que dans le cas du réseau de transport de Whitehorse, cette ville est dotée d'un parc de véhicules accessible à 100 p. 100, ce qui est phénoménal pour un réseau de transport de cette taille. Ils sont déjà rendus là.
Les gens disent que nous avons besoin de plus d'informations en temps réel et que nous devons améliorer notre service à la clientèle pour que le public soit davantage porté à utiliser le transport en commun. Quelqu'un a mentionné plus tôt que certains autobus ou certains réseaux sont maintenant dotés de Wi-Fi et d'information en temps réel. Des réseaux de transport intelligents sont déjà en place dans de nombreuses villes canadiennes, on prend donc de mesures concrètes. On constate d'énormes progrès.
Il y a beaucoup de travail à faire, et ce qui est décrit dans « Vision 2040 »... Vous avez raison de dire qu'il y a eu de nombreuses visions, mais en les regardant de plus près vous verrez qu'elles sont toutes à peu près les mêmes. Elles tiennent compte de ce qui se produira au cours des 10, 20 ou 30 prochaines années et les mesures que nous devons prendre pour améliorer nos systèmes de transport au Canada.
On observe la même chose aux États-unis. L'UITP, soit International Association of Public Transport, a également une vision à long terme.
Nous savons donc ce que nous devons faire et nous le faisons déjà, nous agissons donc déjà, il ne s'agit pas simplement de rapports. Mais nous devons veiller à ce que les mécanismes adéquats soient en place afin de mettre en oeuvre toutes ces initiatives.
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Oui. Je pense que la stratégie proposée par le NPD est principalement fondée sur ce qui a été proposé en 2007 par la FCM et l'ACTU. Ceci a aussi été appuyé par le gouvernement conservateur de l'époque. Lawrence Cannon, le ministre de l'époque, a dit que c'était une idée à étudier.
Il y avait cinq éléments: le financement des immobilisations, la recherche et le développement, l'obligation de rendre compte, l'utilisation du territoire et des incitatifs fiscaux (un avantage fiscal exonéré d'impôt fournit par l'employeur fédéral). Et nous avons examiné de manière plus approfondie ce que cela signifierait. C'est la raison pour laquelle nous parlons d'un cadre, car nous savons qu'aujourd'hui, le mot « stratégie » est utilisé à toutes les sauces. Il existe par exemple une stratégie en matière d'énergie, une stratégie pour les traumatismes crâniens au hockey, et d'autres. Il existe tellement de stratégies que nous nous intéressons plutôt à un cadre.
Le cadre guide la démarche, ce que l'on souhaite y inclure concernant les provinces ainsi que le cadre que l'on veut y inclure pour assurer l'intégration des politiques par exemple. Lorsque l'on regarde ce qui est fait dans certaines provinces ainsi que les politiques budgétaires qui y sont en place on peut ensuite étudier comment le gouvernement fédéral pourrait mettre en place des politiques correspondantes. D'ailleurs, nous avons déjà ouvert un dialogue avec le ministre fédéral des Finances à cet égard. Il s'est dit ouvert à cette idée. Mais un cadre stratégique doit aussi tenir compte de l'intégration des politiques. Comment cela s'inscrit-il dans le cadre d'une stratégie environnementale, par exemple? Comment cela s'inscrit-il dans le cadre de la stratégie de la porte d'entrée? Comment cela s'inscrit-il dans notre stratégie d'innovation? Afin d'établir un cadre, il faut faire preuve d'une certaine souplesse. Il faut fixer les orientations et des objectifs stratégiques clairs, et ce, en partenariat. Ensuite les choses sont un peu différentes. Il y a un grand nombre d'éléments. Il faut s'assurer que le cadre corresponde au pays où on souhaite le mettre en oeuvre.
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Merci beaucoup de votre exposé.
Il y a un instant, nous avons discuté de la différence entre une stratégie et un cadre. Ils sont très semblables, dans le sens que ce dont nous discutons dans le cadre de notre stratégie et ce que je vous entends dire à propos d'un cadre, c'est que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans l'élaboration d'un système par lequel du financement serait accordé et par lequel... Il s'agit en fait de la principale question. Comment obtenir l'argent pour construire le système? D'où l'argent pour la construction va-t-il venir? Une fois cette étape franchie, une fois qu'on a les ressources pour susciter l'aide du secteur privé, des municipalités et des provinces, on triple ou on quadruple l'argent disponible pour la construction des systèmes. Je crois que nos idées sont assez proches l'une de l'autre. C'est entièrement une question d'argent.
J'ai aussi aimé que vous ayez dit que les gens utilisaient leurs voitures parce que c'est plus rapide. C'est aussi réellement une question de temps. Si un système de transport en commun vient à ma porte toutes les cinq minutes et m'amène là où je veux aller dans un délai raisonnable, je vais m'en servir. Une fois qu'on a construit quelque chose d'efficace, il devient aussi par le fait même plus efficient, ce qui veut dire qu'on a un meilleur retour sur les investissements pour les gens qui l'ont établi. Ai-je raison? La densité de la population, comme vous l'avez dit relativement à Hong Kong, la fréquence d'utilisation et la capacité du système d'être commode et de déplacer des voitures font en sorte qu'il est plus économiquement viable pour les municipalités et peut-être le secteur privé, bien que ce soit difficile au Canada.
Ai-je raison?
Vous avez parlé du secteur privé. Au Canada, le secteur privé participe vraiment au transport en commun. Par exemple, des exploiteurs privés s'occupent du système dans les banlieues de Calgary. C'est la même chose à Montréal avec les CIT. Des exploitants privés s'occupent du système là-bas également. Le secteur privé joue déjà un rôle à ces endroits.
Je suis d'accord avec vous. Mais les gens penseront d'abord que nous sommes là que pour demander de l'argent. Mais en fait ce n'est pas ce que nous voulons. C'est pourquoi nous parlons d'un cadre politique. Nous voulons également examiner la participation du secteur privé. Nous voulons nous pencher sur l'inclusion sociale du transport en commun et le soutien administratif.
Par exemple, il y avait un thème politique à Transports Canada qui a été transféré à Infrastructure Canada. Nous voulons savoir comment ils travaillent avec d'autres ministères, par exemple, pour ce qui est du soutien administratif et de l'intégration des politiques.
Nous voulons vraiment avoir une approche globale et exhaustive en matière de transport en commun qui va au-delà du financement. Mais évidemment le volet financement existe et est important.
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D'accord, bien. C'est tout ce que je voulais savoir à ce sujet.
M. Sullivan a parlé plus tôt du fait que le secteur privé à lui seul ne pouvait pas exploiter à profit le transport en commun au Canada, parce que les densités de population ne permettent pas un tel rendement des investissements. M. Leung a signalé que Hong Kong était le seul exemple qu'il connaissait d'un système de transport en commun profitable administré et exploité au privé. Nos attentes doivent donc être réalistes pour ce qui est de la capacité de recouvrer les coûts au moyen des droits payés par les usagers.
Je sais qu'il s'agit d'une question compliquée, et qu'il est difficile de simplifier, mais dans de nombreuses disciplines, on peut intégrer des milliers de facteurs compliqués en une formule, une équation, un rapport — de E = mc2 en physique aux investisseurs de l'immobilier qui se servent du taux de capitalisation pour déterminer si un investissement est bon, aux courtiers et acheteurs d'actifs qui examinent le rapport entre le prix et les revenus ainsi qu'entre le prix et la valeur comptable, selon leur philosophie d'investissement. Le rapport le plus sensé pour déterminer les facteurs économiques d'un projet semble, selon moi, être le taux de recouvrement par les droits payés par les usagers. Au Canada, quel est selon vous le seuil minimum pour un taux de recouvrement par les droits payés par les usagers d'un projet avant d'aller de l'avant?