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Mesdames et messieurs, bonjour. Je remercie le comité de nous avoir invités à prendre part à cette étude.
Je voudrais insister aujourd'hui sur le besoin qu'il y aurait, pour tous les projets financés par le gouvernement fédéral, de recourir, pour la passation de contrats, à des appels d'offres ouverts. C'est le seul moyen d'assurer le libre jeu de la concurrence et le bon emploi de l'argent du contribuable.
J'y reviendrai dans quelques instants, mais je voudrais d'abord dire quelques mots au sujet de Merit Canada, et de la place que nos adhérents occupent dans l'industrie de la construction.
Merit Canada est le porte-parole national des huit associations provinciales représentant l’industrie de la construction à atelier ouvert. On doit aux entreprises à atelier ouvert et à leurs travailleurs plus de 70 p. 100 des projets de construction industrielle, commerciale, institutionnelle et résidentielle réalisés au Canada. Des 1,26 million de travailleurs canadiens de la construction, 900 000 relèvent du secteur de la construction à atelier ouvert.
L'expression « atelier ouvert » est présentée par certains sous un faux jour, mais ce terme décrit simplement un lieu de travail ou ni l'appartenance ni la non-appartenance syndicale n'est une condition d'emploi. Dans le secteur de la construction, ce terme s'applique plus précisément aux cas où les propriétaires, promoteurs ou entrepreneurs généraux ne tiennent pas compte, lors de la passation d'un contrat, de l'appartenance syndicale des travailleurs. Pour nos adhérents, ce terme signifie le libre choix et l'équité sur le lieu de travail.
Le fait que 70 p. 100 des travaux de construction au Canada soient réalisés par des entreprises à atelier ouvert montre l'importance du rôle que nous exerçons. Cela montre également combien il est essentiel que les entreprises à atelier ouvert puissent soumissionner à des contrats de travaux publics, étant donné qu'elles comptent, dans la construction, pour une si large part du réservoir de concurrence.
Mais, au Canada, trop de provinces, de territoires et de municipalités ont adopté, en matière d'appels d'offres, des règles restrictives. Il y a, en effet, des conventions collectives qui prévoient que seuls peuvent soumissionner à des contrats de travaux publics certains entrepreneurs syndiqués.
Notre message est tout à fait simple: lorsque le gouvernement finance des travaux d'infrastructure, tout entrepreneur qualifié doit pouvoir soumissionner.
Il n'est pas nécessaire d'être diplômé en économie pour comprendre ce qui se passe lorsqu'on exclut des appels d'offres pour des travaux publics d'infrastructure, 70 p. 100 des entreprises du secteur. Les coûts explosent et la qualité des travaux baisse. Des études menées aux États-Unis démontrent que le recours à des appels d'offres fermés entraîne une augmentation des coûts de construction de l'ordre de 12 à 18 p. 100.
Les règles d'accessibilité en matière de passation de marchés publics fédéraux ne permettent pas de limiter aux seules entreprises syndiquées l'attribution de contrats financés exclusivement par le gouvernement fédéral, mais de nombreux territoires, provinces et municipalités ont adopté des règles qui restreignent la concurrence.
C'est ainsi que le gouvernement fédéral a récemment accordé à la ville de Hamilton, 28 millions de dollars en fonds de relance pour la construction d'un projet. Sur environ 260 entrepreneurs qualifiés, 17 seulement employaient des travailleurs inscrits auprès du syndicat imposé par les règles municipales. Les 243 autres entrepreneurs, soit 94 p. 100 de la main-d'oeuvre disponible — dont certains comptent parmi vos électeurs — n'ont pas été admis à soumissionner ou à travailler sur ce projet.
Nous estimons que cela est injuste et qu'en plus cela ne fait qu'augmenter les coûts et empêcher certains de vos électeurs de travailler sur des projets d'infrastructures publiques.
Les fonds fédéraux proviennent de l'argent du contribuable. Il est injuste que les entreprises qui paient des impôts fédéraux, et que les travailleurs qui, eux aussi, paient des impôts fédéraux, soient empêchés de soumissionner à des contrats dont le financement est assuré par l'argent de leurs impôts uniquement parce qu'ils n'appartiennent pas à tel ou tel syndicat. En matière de travail, chacun devrait avoir les mêmes chances.
Étant donné le grave déficit des comptes publics que l'on constate actuellement à tous les paliers de gouvernement, les dispositions prévoyant des appels d'offres fermés sont intolérables. Les appels d'offres ouverts sont, aussi bien pour le contribuable que pour les travailleurs, une question d'équité.
Permettez-moi de vous citer quelques exemples.
Selon un rapport de la ville de Montréal publié en 2004, la procédure d'appels d'offres fermés en vigueur dans cette ville entraîne une augmentation des coûts de l'ordre de 30 à 40 p. 100 par rapport au budget initial. À Montréal, la construction des égouts et des aqueducs coûte 85,5 p. 100 plus cher. C'est dire que lorsque le gouvernement fédéral convient de participer au financement d'un projet de 300 millions de dollars, les travaux risquent de coûter 85 millions de dollars de plus que nécessaire en raison de clauses qui obligent d'accorder le contrat à une entreprise syndiquée.
Cela explique en partie l'état lamentable de nos infrastructures au Canada. L'argent du contribuable est gaspillé. C'est pour cela qu'on ne procède pas à la construction des nouvelles routes, des nouveaux ponts ou des réseaux de transport public, dont nous aurions besoin.
Il y a d'autres aspects encore dont vous n'êtes peut-être pas conscients. En effet, lorsque le gouvernement fédéral finance ce type de projet, l'argent ne sert pas toujours uniquement à la réalisation de travaux d'infrastructure, mais parfois aussi à l'avancement de causes politiques.
C'est ainsi que les conventions collectives signées dans le secteur du bâtiment et de la construction, exigent parfois que les employeurs — ceux-là mêmes qui sont seuls admis à soumissionner à un projet — contribuent au financement du fonds d'action politique du syndicat.
Les conventions collectives de la FIOE prévoient, par exemple, que les travailleurs peuvent s'absenter du lieu de travail pour se livrer à « d'autres activités organisationnelles ».
L'AFPC, le Syndicat de la fonction publique fédérale a fait inscrire dans sa convention collective, une clause qui exige, qu'à l'occasion de travaux de construction, l'employeur contribue au « fonds de justice sociale ».
D'autres conventions exigent une cotisation à un fonds de sports et de loisirs, et d'autres encore à un « fonds de promotion ».
Est-ce vraiment le meilleur emploi qui puisse être fait des crédits, déjà insuffisants, destinés aux travaux d'infrastructure? Les municipalités devraient crier misère alors qu'elles passent des contrats aux termes desquelles elles sont tenues de verser au fonds de sport et de loisirs d'un syndicat de l'argent qui devrait plutôt servir à construire des écoles?
Permettez-moi de résumer en disant que les appels d'offres ouverts pourraient résoudre en partie les graves problèmes budgétaires actuellement éprouvés par tous les paliers de gouvernement. En renforçant la concurrence au niveau des procédures d'appels d'offres, on fera baisser les coûts de construction. Les appels d'offres fermés, anticoncurrentiels et inefficaces ne se défendent pas du point de vue des politiques publiques. Il serait temps de mettre fin à cette pratique pour tout projet bénéficiant d'un financement fédéral.
J'invite ceux qui souhaiteraient obtenir davantage de renseignements à consulter notre site Internet, opportunitytowork.ca. Encore une fois, je vous remercie de m'avoir invité à m'exprimer devant vous.
Je passe maintenant la parole à mon collègue, Walter Pamic, qui a un certain nombre de choses à ajouter.
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Bonjour. Je vous remercie de votre invitation.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole devant vous. Je suis entrepreneur en électricité, et propriétaire, à Ottawa, d'une petite entreprise. Dans le secteur de la construction, il y a de nombreuses conditions auxquelles nous devons nous plier. La question des appels d'offres fermés revêt pour nous une extrême importance, car cela nous empêche de soumissionner pour l'obtention de certains marchés.
En fin de semaine, en lisant le quotidien The Ottawa Citizen, je suis tombé sur un appel d'offres pour l'Aéroport international d'Ottawa. Je me suis aperçu, en lisant les détails, qu'on exigeait une « affiliation aux syndicats locaux ».
Je trouve tout à fait inadmissible que l'argent de mes impôts serve à financer des projets auxquels je ne suis pas admis à soumissionner simplement parce que mes employés ont choisi de ne pas se syndiquer. Au Canada, dans le secteur de la construction, environ 70 p. 100 de la main-d'oeuvre n'est pas syndiquée et de telles mesures ont par conséquent pour effet d'exclure énormément d'entreprises comme la mienne.
Le Centre des congrès d'Ottawa est un autre exemple tout à fait probant. Les contrats n'ont pu être attribués qu'à des entreprises syndiquées et nous avons, par conséquent, été exclus des travaux. Encore une fois, peut-être est-ce uniquement parce que mes employés refusaient d'adhérer à un syndicat. Je ne devrais pas dire refusaient, car ils auraient pu s'ils avaient voulu. Ils ont simplement choisi de ne pas se syndiquer.
Les fonds de stabilisation sont utilisés contre nous. Il s'agit de fonds que les syndicats constituent avec l'argent de leurs adhérents et qu'ils utilisent pour contrer nos offres.
Nous sommes tenus au respect de certains ratios. Vous ne savez peut-être pas que ma compagnie comprend environ 30 électriciens et 10 apprentis. En effet, nous sommes tenus, pour chaque apprenti, d'engager trois électriciens.
Si ma compagnie était installée au Manitoba, où le coefficient est de 2, je pourrais avoir dans mon entreprise 60 apprentis pour les 30 électriciens. Il nous faut également compter avec la Working Families coalition, organisation favorable à bon nombre des règles restrictives actuellement en vigueur. Selon moi, elle fait tout pour s'opposer aux appels d'offres ouverts. Nous sommes conscients que le problème se situe davantage au niveau des provinces qu'au niveau fédéral, mais c'est un obstacle supplémentaire qui fait qu'il est extrêmement difficile, pour une entreprise comme la mienne, de soumissionner à ce type de projet.
Je vous remercie.
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Je m'appelle Jocelyn Dumais et je suis entrepreneur en construction dans la région d'Ottawa. Je suis résidant du Québec.
Le 19 octobre 2001 est une date que peu de gens connaissent, mais c'est le jour où la Cour suprême du Canada, dans l'affaire Advance Cutting & Coring, a déclaré que la liberté d'appartenir à un syndicat impliquait aussi la liberté de ne pas y appartenir.
Je connais ce dossier parce que c'est moi qui l'ai piloté du début à la fin. Or curieusement, aujourd'hui mon entreprise ne peut pas faire de soumission en vue d'obtenir certains contrats du gouvernement fédéral. Il semble en effet que le gouvernement fédéral ne respecte pas ou n'ait pas compris le sens de la décision émise par huit juges sur neuf de la Cour suprême du Canada, à savoir que nul ne peut être obligé de s'associer.
En 2013, je suis encore obligé de m'exclure de certains chantiers de construction parce que le gouvernement fédéral ne respecte pas cette décision. Quelque chose ne va pas. Il faut rappeler que nous contestions la constitutionnalité de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction, du Québec. En vertu de cette loi, tous les travailleurs au Québec sont obligés d'appartenir à un syndicat.
Comme je le disais plus tôt, la décision a été rendue le 19 octobre 2001, mais encore aujourd'hui — et ce document le prouve —, entre 20 et 40 personnes sont accusées chaque semaine devant le tribunal de Gatineau parce qu'elles ont travaillé ou ont osé travailler sans avoir les « papiers » nécessaires. Je documente ce phénomène depuis un an. C'est ce qui se passe chaque semaine.
M. Coderre pourrait constater que le nombre de personnes se présentant au palais de justice de Montréal ne se limite pas à 20 ou 40. Les coûts de la justice pourraient être plus appropriés si on faisait autre chose que de condamner des gens parce qu'ils ont osé travailler. On parle de faire venir des gens d'autres pays pour qu'ils travaillent ici, mais on impose des amendes de 200 $, 500 $, 800 $ à ceux qui travaillent déjà ici, et ce, parce qu'ils ne sont pas syndiqués. C'est monnaie courante.
La semaine dernière, je crois, M. Coulombe défendait le système du Québec et disait que tout allait bien. Je ne peux pas faire autrement que de m'objecter à cela. Il y a trop d'injustices dans ce domaine. Je dis oui à la liberté d'association, oui à la liberté de former un syndicat, mais je veux que ça implique aussi mon droit de faire des soumissions en vue d'obtenir des contrats de mon gouvernement fédéral sans être obligé de faire partie d'un syndicat.
Certaines grandes entreprises ont conclu des ententes avec des syndicats. Elles n'ont pas le choix: ces ententes sont signées. Je vais prendre comme exemple la compagnie PCL, qui a conclu une entente avec plusieurs centrales syndicales et qui est obligée d'engager des entrepreneurs syndiqués. Le gouvernement fédéral devrait s'objecter à cela et allouer des contrats à des entreprises qui ne sont pas syndiquées ou qui n'obligent pas les membres à se syndiquer.
Il y a un coût à cela. Les travailleurs bénéficient d'avantages sociaux, mais ils pourraient les obtenir autrement. Les coûts sont d'environ 20 % pour chaque employé. Nos forces armées ont été envoyées ailleurs pour défendre la liberté, mais ici, au Canada, que fait-on? On oblige les gens à se syndiquer, et quand ils ne veulent pas le faire, on les envoie devant les tribunaux ou, dans certains cas, en prison.
Est-ce cela, la justice du Canada? Est-ce ce pour quoi je me suis battu pendant 10 ans? En 2001, les juges de la Cour suprême du Canada m'ont donné raison, mais en 2013, on semble avoir décidé d'en faire fi et de continuer comme avant. Ce n'est pas cela, la justice. Ce que je réclame, c'est d'avoir le droit, comme tout autre entrepreneur syndiqué, de travailler sur des chantiers fédéraux, parce que c'est mon argent et l'argent de tous les Canadiens. Je désire que tous mes employés puissent en bénéficier. Or ce n'est pas le cas présentement.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Merci, chers invités, d'être parmi nous cet après-midi.
Je me rappelle — et vous le rappelle par la même occasion — que notre étude porte sur les façons dont la concurrence peut permettre d'optimiser les investissements dans les infrastructures, autrement dit d'en avoir plus pour chaque dollar investi par le gouvernement fédéral en matière d'infrastructure.
Ma première question s'adresse à M. Oakey.
Vous avez parlé dans votre présentation des cas où les travaux répondaient à un appel d'offres fermé et vous avez dit que ça causait une augmentation des coûts, suivie d'une baisse de la qualité des travaux effectués. Je peux comprendre qu'on veuille profiter d'un appel d'offres ouvert à tous. Je ne sais pas s'il y avait un lien direct entre les deux événements, mais vous donnez comme exemple les augmentations de coût importantes, voire faramineuses, dans le cas de travaux d'infrastructure effectués à Montréal, entre autres.
Sommes-nous réellement en train d'établir un lien entre le processus d'appel d'offres et la finalité financière des travaux ou n'avons-nous pas exclu la possibilité que la malversation n'aie rien à voir avec le sujet dont il est question cet après-midi, c'est-à-dire la concurrence?
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Chacun sait, je pense, que dans une ville comme Montréal, il y a des détournements, mais je peux vous citer le cas d'une ville comme Hamilton, où tous les travaux municipaux font l'objet d'appels d'offres fermés. La ville avait, il n'y a pas longtemps, lancé un projet de traitement des eaux usées et procédé à un appel d'offres. La ville a engagé, pour dresser le budget, des consultants de l'extérieur. Ces consultants, ingénieurs et autres spécialistes du secteur, ont fixé à environ 29 millions de dollars le coût des travaux. Et puis, il y a eu l'appel d'offres fermé, auquel seuls ont pu soumissionner les entrepreneurs faisant appel à une main-d'oeuvre syndiquée. L'offre la plus basse s'est élevée à 53 millions de dollars, chiffre qui, sans qu'on comprenne pourquoi, était de 83 p. 100 supérieur au budget prévu. C'est simplement parce qu'un seul syndicat était en mesure d'effectuer les travaux et que c'est le prix qu'il a demandé.
Il aurait pu exiger 104 millions de dollars. Je ne sais pas pourquoi il n'a demandé que 53 millions de dollars. Aucune concurrence extérieure ne l'obligeait à s'en tenir à 53 millions de dollars. Comme cela représentait une augmentation de 83 p. 100, sans doute a-t-il estimé que c'était raisonnable, je ne sais pas, mais il est vrai qu'il y a de nombreux autres projets. Selon un rapport interne de la municipalité de Hamilton, les règles restrictives en matière d'appels d'offres entraîneront, au cours des 10 prochaines années, des surcoûts s'élevant à 1,1 milliard de dollars.
Il existe donc un lien très net et c'est pour cela que la ville de Hamilton, la ville de Kitchener-Waterloo et plusieurs autres se battent actuellement contre les règles d'accréditation, car à partir du moment où une ville est accréditée, elle doit, pour tous les travaux municipaux, faire appel à ce syndicat. Les municipalités savent que cela entraîne une énorme augmentation des coûts et que cela impose alors d'opérer des choix entre, d'une part, la baisse des crédits de la police, des crédits destinés à la construction de nouvelles routes, de nouveaux hôpitaux et, d'autre part, l'augmentation des impôts.
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C'est là quelque chose que j'entends continuellement lorsque je vais au-devant de mes électeurs. C'est quelque chose dont les gens viennent me parler.
Les taxes municipales, les taxes foncières obligent chaque année les gens à contribuer davantage. Or, s'ils contribuent davantage, ils en ont de moins en moins pour leur argent.
Il y avait une époque où, à Toronto, les ordures étaient ramassées deux fois par semaine, avec un troisième jour où était assurée la collecte des matières recyclables. Il fut un temps où je pouvais aller patiner au centre communautaire sans avoir à payer. Je pensais à l'époque que tout cela était payé par mes impôts. Or, plusieurs des services que je pensais être financés par l'impôt imposent maintenant une redevance.
Comme le disait M. Poilievre, les gouvernements municipaux nous demandent constamment des rallonges. Nous avons maintenant indexé sur l'inflation les crédits que nous leur garantissons au titre de la taxe sur le carburant et de la TPS. Il y a cette cagnotte. Si seulement nous injections dans ce système un peu d'équité, si seulement nous reconnaissions le droit de postuler un emploi à tous ceux qui veulent travailler, nous pourrions beaucoup économiser et, au lieu d'avoir une infrastructure délabrée, nous pourrions, sans augmenter continuellement les taxes municipales, avoir une infrastructure qui nous inspirerait de la fierté.
Est-ce exact?
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Bon nombre de mes électeurs se disent préoccupés par les comportements récents de certains syndicats.
Le juge en chef Rand avait mis en place un système de retenue des cotisations syndicales. Selon ce système, connu depuis sous l'appellation de formule Rand, les cotisations doivent servir aux négociations collectives visant à promouvoir l'intérêt des travailleurs. Or, les cotisations sont devenues une vache à lait que de nombreux syndicats utilisent pour financer des activités qui n'ont en fait rien à voir avec les négociations collectives.
Je vous cite l'exemple récent du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. Dans ma circonscription, de nombreuses personnes en sont scandalisées. Le syndicat a envoyé des représentants dans la région qu'ils appellent la Palestine, et déclaré que le gouvernement israélien se livre à de graves violations des droits de la personne, que le Canada s'en rend complice et que, dans la mesure où il soutient Israël, le Canada est coupable de crimes de guerre.
Voilà à quoi a servi l'argent de travailleurs qui se sont donné tellement de mal pour le gagner.
Vous avez fait allusion à cela en parlant du fonds de justice sociale, d'un fonds pour les loisirs et les sports, d'un fonds de promotion. Si je ne suis pas partisan de la cause que défend mon syndicat... Pour de nombreux travailleurs qui sont venus m'en parler, dont bon nombre de travailleurs des postes, c'est un scandale, mais ils n'y peuvent rien alors même qu'ils sont obligés d'y contribuer financièrement.
Pourriez-vous nous dire quelque chose de l'activité des syndicats, et des cotisations pouvant être utilisées d'une manière qui ne correspond pas aux objectifs d'origine?
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De nombreux membres de la section locale 183 de l'UIJAN, de la section locale 506 de l'UIJAN, et de la section locale 27 du syndicat des charpentiers, vivent dans ma circonscription. Mes voisins des deux côtés sont des retraités de la construction, heureux et en bonne santé. Ils ont les moyens de se payer un logement, ce qui, comme vous le savez, est tout de même quelque chose à Toronto.
Il s'agit, dans les deux cas, d'hommes qui ont immigré au Canada sans avoir fait de longues études. Une des premières choses qu'ils ont faites en arrivant a été de se trouver un emploi avec la possibilité d'adhérer éventuellement à un syndicat. C'est le syndicat qui leur a permis de percer, c'est le syndicat qui leur a permis d'élever leurs familles. Ils se sont fait une place parmi les habitants de la ville et ont contribué à faire de cette ville la grande métropole qu'elle est devenue.
Lorsque je vais, porte à porte, solliciter les suffrages des électeurs, il arrive que celui qui m'ouvre la porte d'une maison en mauvais état soit un vieux monsieur en assez mauvaise posture et dont l'épouse n'est elle-même pas très vaillante. Lorsque je le lui demande quel métier il avait exercé et s'il avait été syndiqué, j'apprends presque toujours que c'est quelqu'un qui n'a appartenu à aucun syndicat, qui ne faisait pas partie d'un atelier syndical.
Ce que j'entends par cela c'est que, d'une part, vous dites vouloir l'égalité de traitement, ne pas chercher à modifier la place qu'occupe actuellement le syndicat. Vous voulez simplement avoir la possibilité de soumissionner aux mêmes contrats, alors qu'en même temps vous critiquez la formule Rand. Comme vos collègues du caucus conservateur, vous passez à côté d'un point essentiel qui est que, par l'intermédiaire de leur syndicat, ces travailleurs contribuent énormément aux communautés au sein desquelles ils vivent.
Pour vous, les appels d'offres ouverts sont une sorte de solution miracle à tous les problèmes qu'éprouve actuellement notre économie. On s'aperçoit, entre temps, que le gouvernement conservateur semble avoir perdu la trace de quelque 3,1 milliards de dollars. Pourtant, vous avez l'audace de dire que ces divers problèmes sont en quelque sorte de la faute des syndicats.
De nombreux travailleurs adhérant à des syndicats très divers, habitent à Toronto dans ma circonscription. Il y a des concierges qui, en raison des mesures de privatisation, voient mettre en jeu la sécurité de leur emploi, et risquent de perdre leur pension de retraite. Ce genre d'insécurité impose aux gens un énorme stress et je peux vous dire que vos calculs ne tiennent pas compte des frais que finiront par occasionner les travailleurs qui ne bénéficient d'aucune mesure de protection.
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Merci, monsieur le président.
Je suis de l'avis de M. Coderre. Il est regrettable que certains membres suppléants ne contribuent pas à élever le débat.
Lorsque j'ai entendu discuter des questions évoquées par M. Coderre, quelque chose m'a frappé. Je tiens à rappeler que la collusion demeure de la collusion, les écarts demeurent des écarts. Lorsqu'on se trouve devant quelque chose de répréhensible, il faut le dénoncer. Peu importe qui en est responsable. Peu importe si c'est le fait de gens liés à des ateliers fermés, ou d'entreprises à atelier ouvert. Les comportements répréhensibles doivent être dénoncés. Cela ne me paraît pas être le problème, en l'occurrence. Il ne s'agit pas ici d'attaquer les syndicats et de prôner la non-appartenance syndicale. Ce n'est pas le but de cette étude. Il convient de le rappeler.
Je voudrais que l'on en revienne au sujet qui est censé retenir notre attention, c'est-à-dire la question de savoir comment la concurrence peut permettre d'optimiser les investissements dans les infrastructures.
Je voudrais, monsieur Oakey, vous adresser ma première question. Vous avez dit, dans votre exposé — mais maintenant je ne sais plus très bien si c'était vous ou M. Pamic — que sur 1 260 000 travailleurs canadiens, 900 000 travaillent pour des entrepreneurs non syndiqués. Cela fait environ 72 p. 100. Je voudrais comprendre un peu ce que cela donne. Avez-vous effectué des études afin de savoir si, au Canada, les entreprises non syndiquées se voient confier en gros 72 p. 100 des travaux? Avez-vous une idée du rapport entre le pourcentage que vous avez cité et les travaux effectués?
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Il y a, pour le gouvernement fédéral, deux manières de transférer des crédits. La première, comme vous le savez, est par le truchement de la taxe sur l'essence, ce qui a fait l'objet d'une entente. Il s'agit d'un transfert direct du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux et municipaux. Dans ce cas-là, les financements sont plus prévisibles, mais le gouvernement fédéral n'intervient pas. J'entends par cela que c'est à la municipalité de décider à quoi l'argent servira. L'autre approche est celle du Fonds Chantiers Canada, du fonds PPP et de l'entente fédérale-provinciale sur le financement. Là, le gouvernement fédéral va avoir son mot à dire quant à l'entente conclue avec un gouvernement provincial, à moins qu'il ne s'agisse d'un projet subventionné.
Je comprends fort bien ce que vous voulez dire. Selon vous, donc, le gouvernement fédéral devrait, en matière de financement des infrastructures, veiller à ce que l'on procède par appels d'offres ouverts. Mais cela ne s'appliquerait pas au transfert de la taxe sur l'essence, et ne s'appliquerait pas vraiment aux transferts directs? Est-ce bien cela?
Pensez-vous que le gouvernement fédéral devrait, lors d'une entente conclue avec les municipalités, imposer davantage de conditions? Une première condition pourrait, par exemple, être qu'il faut créer un certain nombre de postes d'apprenti. Ce que vous proposez pourrait faire l'objet d'une autre condition.
Comment conviendrait-il, selon vous, de s'y prendre pour parvenir au résultat que vous souhaitez? À l'heure actuelle, en ce qui concerne les crédits disponibles, il ne reste pas grand-chose. Rappelons que ces crédits ont même été amputés d'environ 2 milliards de dollars. Ils s'élevaient auparavant à 5 milliards de dollars, mais le chiffre est tombé à 3 milliards de dollars, ce qui fait que nous perdons environ 2 milliards de dollars par an par rapport au montant des crédits précédents. Je parle là du programme de subventions prévu dans le cadre du Fonds Chantiers Canada. Est-ce de cela que vous parliez? C'est un programme déjà ancien. Le nouveau programme va se poursuivre encore trois ou quatre ans. Je ne vois donc pas comment nous pourrions fixer de nouvelles conditions, même si nous le voulions.
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Il arrive que des entreprises syndiquées fassent faillite, et c'est également le cas d'entreprises non syndiquées.
[Français]
Il faut voir la qualité du travail qui est fait.
Je prends toujours le même exemple. Prenons dix travailleurs: cinq syndiqués et cinq non syndiqués. En fin de compte, il y en aura cinq bons, peu importe. L'important est de vérifier la qualité des travaux, étant donné que les coûts augmentent chaque fois.
Quand on reçoit un plan avant de travailler sur un chantier de construction, je mets le plan dans mon camion. Or, ce n'est qu'un plan de référence. Dès la première journée, il ne sera plus bon, il ne sera pas complété. On demande alors aux sous-traitants de faire la vérification et de s'assurer que cela fonctionne, car il arrive très souvent que les fils de l'électricien soient en conflit avec le tuyautage des plombiers. Des professionnels font ces travaux, qu'ils soient syndiqués ou non syndiqués, mais si personne ne vérifie la qualité des travaux, vous n'aurez pas le résultat que vous vouliez.
Le fait d'être syndiqué ou non n'a rien à voir avec la qualité des travaux. Cependant, c'est lié aux coûts. Pour ce qui est de la qualité des travaux, il est complètement faux de dire que le travail sera moins bien fait par un travailleur non syndiqué.