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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous aimerions remercier le comité de donner à l'Association canadienne de la construction, ou l'ACC, telle qu'on la connaît sous son acronyme, l'occasion de comparaître ici aujourd'hui. Je m'appelle Michael Atkinson, et je suis le président de l'association.
L'ACC est l'association nationale qui représente le secteur de la construction non résidentielle au Canada. Nous regroupons quelque 20 000 entreprises de construction individuelle partout au Canada. Il s'agit de gens qui construisent tout, sauf des maisons unifamiliales, mais y compris notre infrastructure publique. Ensemble, nous regroupons plus de 64 associations locales et régionales de partout au Canada, ainsi qu'une dizaine d'associations partenaires affiliées, dont une qui a comparu devant vous la semaine dernière, à savoir Merit Canada. Je suis également heureux d'être ici avec nos collègues de la Progressive Contractors Association of Canada. Leurs membres, pour la plupart, font partie de notre organisation également.
Je devrais indiquer dès le départ que nous représentons les compagnies de la construction, quelle que soit leur affiliation syndicale. Nous représentons des entrepreneurs syndiqués qui ont des conventions collectives avec les syndicats des métiers de la construction traditionnels. Nous représentons des entrepreneurs qui ont une affiliation syndicale avec la CLAC et des entrepreneurs qui ne sont pas syndiqués. Nous représentons toutes ces organisations sous la même enseigne.
L'industrie canadienne de la construction soutient fermement la concurrence juste et ouverte pour ce qui est de la passation des marchés dans tous les contrats publics. À notre avis, les marchés publics ne devraient jamais contenir de politiques préférentielles qui favoriseraient un type d'entrepreneur plutôt qu'un autre, en fonction de leurs politiques patronales-syndicales, de la région d'origine ou de toute autre forme de préférence arbitraire. Un processus d'appel d'offres juste et ouvert donne aux propriétaires publics le plus large éventail qui soit en matière de prix, ce qui assure ainsi le rendement le plus élevé pour les maigres deniers publics.
C'est de ce point de vue que je dis aujourd'hui que l'ACC et ses entreprises membres s'opposent à l'imposition de toute limite au processus d'appel d'offres autre que celles qui sont de nature technique ou obligatoire en raison de lois en vigueur. Parallèlement, nous nous opposons à l'utilisation de fonds fédéraux pour soutenir la construction et l'entretien de l'infrastructure par des entités publiques, à moins que le travail ne soit accordé dans des conditions égales pour tous, lors d'un processus d'appel d'offres véritablement juste et ouvert.
Pour cette raison, nous soutenons fortement l'inclusion de certaines clauses dans les prochaines ententes-cadres fédérales-provinciales sur le financement de l'infrastructure qui seront négociées bientôt pour interdire l'utilisation des fonds fédéraux pour venir en aide à des projets octroyés en vertu de préférences déraisonnables ou de politiques exclusives en matière d'appel d'offres ou octroyés directement à des entités publiques sans être passés par un système d'appel d'offres véritablement concurrentiel. La seule réserve porte sur les situations où ces limitations sont requises en vertu de la loi en vigueur applicable.
Passons maintenant à la bureaucratie, monsieur le président, qui est aussi un sujet à l'étude au comité, et nous aimerions aider à tirer parti au maximum des fonds d'infrastructure en vertu du plan Chantiers Canada en veillant à ce que les changements apportés aux évaluations environnementales, les types de pratiques qui ont été utilisées dans le programme de relance, par exemple — et avec les nouvelles réformes en matière d'évaluation environnementale qui ont été introduites et qui font maintenant autorité —, nous semblent vraiment positives, car elles réduisent les chevauchements inutiles. À notre avis, le gouvernement fédéral n'a pas besoin d'avoir un processus double pour examiner ou évaluer les choses, dans les situations où la province ou les autres autorités qui s'occupent le plus étroitement de ces projets effectuent des évaluations environnementales qui répondent aux normes escomptées pour ces projets. Les leçons tirées du programme de relance, leçons qui ont été enchâssées dans la nouvelle loi environnementale, devraient être utilisées pour ces projets afin de garantir une certaine certitude et une rapidité.
Parallèlement, nous croyons que nous devrions utiliser le processus de demande accéléré utilisé dans le programme de relance. Nous avons vu comment, dans bien des municipalités et autres entités visées par le programme de relance, on a utilisé un formulaire de demande d'une seule page. La bureaucratie ou, si vous le voulez, la lourdeur administrative que l'on associe normalement à faire approuver un tel projet par un de ces programmes a été de beaucoup accéléré de manière à ce que, comme on le dit, les travaux puissent débuter le plus vite possible. Nous aimerions que les leçons tirées ici puissent continuer à être appliquées dans les programmes d'infrastructure.
Le fait de vouloir réduire les formalités administratives ne devrait pas se limiter uniquement à Chantiers Canada. Nous voyons des possibilités de les éliminer dans des projets d'infrastructure fédéraux qui pourraient ainsi rapporter des économies semblables.
Un exemple est celui des autorisations de sécurité industrielle. Les entrepreneurs d'aujourd'hui doivent obtenir une autorisation de sécurité industrielle pour leur entreprise et leurs employés qui travaillent sur des projets du gouvernement fédéral, auprès de chaque ministère pour lequel ils travaillent. Étant donné que c'est le SCRS et la GRC qui effectuent toutes les autorisations, une seule suffirait. Toutefois, nous nous sommes aperçu que dans certaines situations, il n'y avait pas de reconnaissance ni de réciprocité entre les ministères concernant ces autorisations de sécurité industrielle et qu'il y avait donc des chevauchements, de l'incertitude, ainsi que des coûts additionnels pour les entreprises désirant faire une offre et travailler sur ces projets.
Nous savons que des mesures sont en train d'être examinées pour régler ce problème, mais elles ne sauraient arriver assez vite.
Nous nous inquiétons également des coûts et du fardeau associés aux formalités administratives qui risquent de s'ajouter aux projets fédéraux si les mesures récemment annoncées dans le budget fédéral ne font pas l'objet de consultations complètes auprès de l'industrie, notamment pour promouvoir la formation en apprentissage dans les projets de construction fédéraux et pour encourager d'autres paliers de gouvernement à le faire par le biais du plan Chantiers Canada.
Même si nous souscrivons complètement à l'intention du programme, à savoir de former un plus grand nombre d'apprentis et d'augmenter le nombre d'apprentissages, nous voulons nous assurer qu'il y a des mesures en place qui ne soient pas arbitraires, mais qui soient judicieuses, efficaces, comprises et certaines de manière à ce qu'elles ne créent pas d'obstacle inutile ou de tracasseries administratives supplémentaires pour les entrepreneurs participant à ces projets.
Enfin, monsieur le président, j'ajouterais autre chose au sujet de la concurrence, notamment en ce qui a trait aux partenariats public-privé. Tous les PPP ne sont pas financés par des fonds publics. Les entrepreneurs canadiens participant à des projets de PPP se retrouvent dans une situation injuste du point de vue de la concurrence, au Canada. Cela est dû au fait que les entreprises étrangères peuvent se servir de leur agence de crédit à l'exportation pour obtenir des lettres de crédit ou autres types de liquidité exigés par les prêteurs à long terme ici, au Canada.
Nos membres ont pu se prévaloir des possibilités offertes par Exportation et développement Canada. Vous vous souviendrez qu'il s'agissait d'une mesure temporaire introduite dans le cadre du programme de relance. On parle maintenant de restreindre l'accès à ces débouchés nationaux aux entreprises canadiennes. Nous pensons que cela viendra grandement limiter la capacité des entreprises canadiennes d'évoluer sur un même pied d'égalité que les entreprises de construction étrangères dans le cadre de gros projets de PPP qui sont admissibles au financement national d'EDC, car ces entreprises étrangères ont leurs agences de crédit à l'exportation à leurs côtés lorsqu'elles sont en lice pour ces projets.
Monsieur le président, je vais m'arrêter ici. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à toutes et à tous.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui au nom de la Progressive Contractors Association of Canada pour vous faire part de notre perspective sur la manière dont la concurrence peut permettre d'en faire plus avec l'argent prévu pour l'infrastructure.
La PCA félicite le comité de sa décision d'entreprendre cette étude, qui traite d'un sujet d'importance cruciale pour nos adhérents, tant les entreprises que les employés. Nous croyons que ce devrait être un sujet qui revêt une grande importance pour chaque contribuable canadien.
Permettez-moi d'abord de présenter notre organisation. La Progressive Contractors Association of Canada représente et appuie les entreprises progressistes dont les employés sont syndiqués ou font partie des syndicats traditionnels des métiers de la construction. Nos compagnies membres emploient plus de 25 000 ouvriers qualifiés partout au Canada, qui sont principalement membres de la Christian Labour Association of Canada, un syndicat moderne et unique en son genre, et qui ne sont pas affiliés au Congrès du travail du Canada ni aux syndicats traditionnels de la construction.
Mon collègue Brendan nous en dira plus long à leur sujet dans quelques minutes.
Le but de la PCA est de veiller à ce qu'il existe au Canada une industrie de la construction juste et ouverte, une collaboration dans les relations de travail ainsi qu'une main-d'oeuvre robuste, inclusive et très compétente. Nous croyons en une concurrence où aucun secteur ne bénéficie d'un avantage artificiel et injuste par rapport à un autre sur la foi d'une affiliation syndicale ou non.
Les entrepreneurs de la PCA sont au coeur même de la construction d'infrastructures au Canada. Aujourd'hui, nos membres travaillent à la construction d'une quarantaine d'installations de traitement de l'eau potable et des eaux usées partout en Ontario seulement et plusieurs autres partout dans l'Ouest du Canada.
Nos membres ont construit la route Sea to Sky, le pont Port Mann et le pont de la rivière Pitt en Colombie-Britannique. Une grande partie de la voie de contournement Anthony Henday, à Edmonton, a été construite par une entreprise membre de la PCA. Nos membres représentent 40 p. 100 de tous les chantiers de construction du secteur de l'énergie et des ressources en Colombie-Britannique et en Alberta. Plusieurs membres du présent comité connaissent peut-être le travail que nos entreprises ont accompli lors de la construction des nouveaux bâtiments de l'aéroport du centre-ville de Toronto.
Bref, les entreprises membres de la PCA sont des chefs de file dans l'édification de l'économie canadienne et de l'infrastructure qui la soutient. Pourtant, en dépit de nos qualifications évidentes, la réglementation et les politiques en place dans plusieurs provinces et municipalités canadiennes empêchent nos membres et leurs employés de soumissionner à des projets d'infrastructure financés par le gouvernement fédéral. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas qualifiés pour faire le travail, mais simplement parce que nos employés syndiqués ne font pas partie des syndicats de métiers privilégiés.
L'envergure du problème est considérable. En Ontario, aujourd'hui, les projets d'infrastructure public de la ville de Toronto, de la ville de Hamilton, de la ville de Sault Ste. Marie et du Conseil scolaire du district de Greater Essex County ne sont pas accessibles aux entreprises membres de la PCA.
Au Manitoba, les grands projets d'infrastructure, notamment le projet d'agrandissement du canal de dérivation de la rivière Rouge et le projet de construction de la Route du côté est du lac Winnipeg, sont interdits aux membres de la PCA.
En outre, les projets d'Ontario Power Generation, d'Hydro One, de Bruce Power et de Manitoba Hydro sont tous du domaine exclusif d'une poignée de syndicats et d'entrepreneurs qui leur sont affiliés.
Au cours des deux dernières semaines, le comité a entendu des témoignages au sujet de l'ampleur du problème et des coûts afférents. La PCA aimerait souligner que le problème n'est pas statique, mais qu'il s'aggrave. Ce n'est pas simplement une question de salaires équitables ou de rémunération des employés. C'est aussi une question d'équité pour tous les contribuables canadiens en plus d'être une question de responsabilité fiscale et économique. Permettez-moi de préciser ma pensée.
Le problème posé par un processus d'adjudication fermé n'est pas statique, car la situation empire. En Ontario, les premières restrictions ont commencé à Toronto et à Sault Ste. Marie il y a des décennies. Puis en 2005, le processus d'adjudication de la ville de Hamilton est devenu le monopole de la Fraternité unie des charpentiers et menuisiers d'Amérique.
Aujourd’hui, il semble que la région de Waterloo soit sur le point d’être assujettie aux mêmes restrictions favorisant la Fraternité unie des charpentiers. En décembre 2012, la fraternité s’est adressée à la Commission des relations de travail de l’Ontario en vue d’obtenir une accréditation pour la région de Waterloo. Si elle l’obtient, les employés de la région deviendront non seulement membres du syndicat, mais la région se verra aussi en outre interdire de faire appel à une entreprise dont les employés ne sont pas membres de la fraternité.
La commission n’a pas encore rendu sa décision, mais le consensus au sein de l’industrie est que l’accréditation sera accordée à la fraternité et que Waterloo fera partie du plus récent monopole de la construction au Canada. Par conséquent, quelque 200 millions de dollars du budget d’immobilisations annuel de Waterloo seront assujettis à un processus d’adjudication fermé, ce qui portera la valeur totale des marchés fermés dans les municipalités ontariennes à environ 1 milliard de dollars par année.
Permettez-moi de vous citer rapidement un autre exemple des répercussions qu’auront les marchés fermés sur Waterloo. Depuis décembre 2009, la région a demandé des soumissions pour des projets d’infrastructure de traitement de l’eau potable et des eaux usées d’une valeur de plus de 140 millions de dollars, pour lesquels 27 entreprises se sont qualifiées. Si un processus d’adjudication fermé avait été en place au cours de la même période, seules deux entreprises se seraient qualifiées.
Je ne vous apprends rien, j’en suis sûr, lorsque je vous dis qu’une réduction de plus de 90 p. 100 du nombre de soumissionnaires possible entraînera inévitablement une augmentation radicale des coûts. Et à moins de trouver une solution permanente pour mettre un terme à cette façon de faire, nous avons toutes les raisons de croire que cette situation se reproduira dans d’autres municipalités en Ontario et d’autres régions au Canada.
Contrairement à ce qu’en pensent certaines personnes, il ne s’agit pas d’une question de salaires équitables ou de rémunération des employés. La ville de Hamilton avait une politique de rémunération équitable en place avant d’être accréditée par la Fraternité des charpentiers. Et pourtant, une fois commencé le processus d’adjudication fermé, la Ville a indiqué que les grands projets d’infrastructure tels que les usines de traitement des eaux usées coûteraient jusqu’à 40 p. 100 de plus, simplement à cause d’une diminution sensible de la concurrence.
Les membres de la PCA appliquent déjà une politique de salaire équitable, le cas échéant. Nous désirons simplement avoir le droit de soumissionner, peu importe l’affiliation syndicale de nos travailleurs. Permettez-moi de citer les propos du conseiller Lloyd Ferguson de la ville de Hamilton, l’actuel président du Comité des travaux publics de la ville, rapportés dans un article de journal publié en février au sujet du processus d’adjudication fermé:
C’est un gros problème. C’est très difficile pour nous [...] Moins de concurrence signifie des coûts plus élevés. C’est aussi simple que ça [...] L’argent du gouvernement devrait aller aux soumissionnaires les plus qualifiés et les plus bas, sans tenir compte de l’affiliation syndicale.
Nous n’aurions pas su dire mieux.
Enfin, un processus d’adjudication fermé pose problème des points de vue non seulement de la fiscalité et de l'économie, mais également de l'équité et de l'égalité pour tous les contribuables canadiens. Comment se fait-il qu'au XXIe siècle au Canada, une personne de métier compétente ou une petite entreprise de Hamilton qui paie ses impôts puisse systématiquement être exclue de participer par voie d’appel d’offres à des projets financés par l’État dans sa propre ville? Ce n’est pas par manque de compétence ou d’expérience, mais bien parce que cette personne ou entreprise ne possède pas la bonne carte d’adhésion syndicale ou n’en possède pas du tout.
Tous les ordres de gouvernement au Canada sont confrontés à des défis fiscaux grandissants. D’où la requête de la PCA pour que le gouvernement fédéral agisse. Le temps est venu de s’attaquer à l’inflation inutile des coûts des appels d’offres et des monopoles de la main-d’oeuvre en construction. Nous demandons au gouvernement fédéral de contribuer à la solution de ce problème grandissant en légiférant l’exigence que tous les projets qu’ils financent soient assujettis à un processus d’adjudication juste et ouvert, peu importe que les soumissionnaires soient affiliés à un syndicat ou non.
Je vous remercie et je demeure à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président, et bon après-midi. Je suis désolé pour mon retard.
Je vous suis reconnaissant de me donner l'occasion de m'adresser au comité au nom de la Christian Labour Association of Canada, ou la CLAC.
La question de l'utilisation juste et efficace des fonds fédéraux destinés à l'infrastructure est d'une importance cruciale pour la CLAC et pour nos membres. Plus important encore, il s'agit d'un enjeu qui est relié à la question de la justice démocratique fondamentale au Canada. Nous sommes ravis que la question fasse l'objet d'une étude et de discussions à ce niveau, et nous nous réjouissons de pouvoir faire part de nos idées au comité.
La CLAC est un syndicat entièrement canadien, indépendant et multisectoriel qui a été fondé en 1952 et qui représente aujourd'hui plus de 55 000 travailleurs partout au pays, dans différentes industries, dont les secteurs de la construction et de l'activité minière, qui sont les secteurs qui intéressent plus particulièrement votre comité. À ce jour, la CLAC a été reconnue par cinq différentes commissions des relations de travail provinciales et par le Conseil canadien des relations industrielles et elle a été certifiée plus de 2 000 fois à titre de syndicat.
La CLAC a été fondée sur des principes sociaux chrétiens tels que l'intégrité, le partenariat, la justice, le respect et la communauté. La CLAC aborde les relations de travail du point de vue de la collaboration et du bon sens.
À l'échelle nationale, la CLAC représente plus de 42 000 travailleurs dans l'industrie de la construction. Ces derniers travaillent pour certains des entrepreneurs phares du Canada — PCL, Ledcor, Kiewit Corporation, JV Driver, Maple Reinders, North American Construction Group — sur certains des gros projets des secteurs public et privé partout au pays.
Dans l'industrie de la construction, la CLAC se démarque des syndicats des métiers de la construction qui sont d'envergure internationale et qui se concentrent sur un seul métier. Elle représente des travailleurs de différents corps de métier regroupés sous l'enseigne d'une même convention collective. Cette approche permet de réduire le nombre de différends ayant trait aux compétences, d'accroître la collaboration en milieu de travail et d'améliorer l'efficacité sur les chantiers.
Bien qu'elle soit unique en son genre, l'approche de la CLAC n'est qu'un exemple de syndicats de rechange dans le secteur de la construction au Canada. Auparavant, s'ils voulaient travailler dans des gros projets d'infrastructure au Canada, les travailleurs devaient se joindre à des syndicats professionnels à l'ancienne représentés par les métiers de la construction. À l'époque, particulièrement dans les années 1950 et 1960, les syndicats internationaux des métiers de la construction étaient perçus comme la seule solution disponible pour offrir la stabilité dont l'industrie avait besoin.
Toutefois, les temps ont changé. Les travailleurs de la construction ont désormais plus d'options au Canada, et ces nouvelles façons de voir les choses ont donné naissance à des organisations mûres et efficaces. Les travailleurs de la construction peuvent toujours choisir de devenir membres de syndicats internationaux de la construction; ils peuvent également choisir de ne pas se syndiquer ou de se joindre à l'un des nombreux syndicats de rechange tels que la CLAC, le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, le Syndicat international des travailleurs du bois, le Syndicat canadien des travailleurs de la construction, et la liste est longue. Nous croyons fermement que les travailleurs de la construction au Canada devraient avoir le droit de se joindre au syndicat de leur choix ou de ne pas se syndiquer du tout.
Nous pensons que les travailleurs, en tant que citoyens et contribuables, devraient bénéficier d'un accès égal pour travailler dans des projets d'infrastructure publique financés par les deniers publics, quelle que soit leur affiliation syndicale. Priver les citoyens de cet accès au travail financé par les deniers publics en raison de leurs choix personnels est injuste et va à l'encontre des principes démocratiques canadiens. Malheureusement, aujourd'hui au Canada, de Toronto à Waterloo, du Manitoba jusqu'à la Colombie-Britannique, des travailleurs partout au pays se voient refuser l'accès à des projets financés par l'argent des contribuables.
Monsieur le président, nous aimerions signaler trois des effets très négatifs des monopoles dans la construction d'infrastructure publique sur les Canadiens, aux dépens de choses comme les prix, les priorités et les principes.
Permettez-moi de commencer par les prix. M. Reid a déjà parlé de la question de manière très concise. J'aimerais ajouter quelques exemples. La preuve est claire: les monopoles de la construction font en sorte que le gouvernement fédéral paie de 10 à 40 p. 100 de plus ou reçoit un taux de rendement de 10 à 40 p. 100 de moins sur les investissements qu'il a faits dans l'infrastructure. Récemment, le gouvernement fédéral a investi 755 millions de dollars dans deux gros projets d'infrastructure à Toronto: la ligne de métro Spadina et la remise en état de la gare Union. Il a également investi, dans un projet séparé, 46 millions de dollars dans l'usine de contrôle de la pollution de l'eau de Duffin Creek, à Durham, juste à l'extérieur de Toronto. Les deux premiers projets n'ont pas été soumis à un appel d'offres, tandis que le dernier l'a été.
Monsieur le président, les membres de la CLAC ont construit l'usine de contrôle de la pollution de l'eau de Duffin Creek, mais n'ont pas été autorisés à travailler à la gare Union ni au projet Spadina. La seule différence entre le projet de Duffin Creek et celui de la gare Union est une ligne municipale. Alors permettez-moi de demander si c'est juste pour ces travailleurs. Est-il juste pour les contribuables dans ces circonscriptions de Toronto que l'argent de leurs impôts leur rapporte 40 p. 100 de moins en raison d'une ligne de démarcation municipale? Nous estimons que ça ne l'est pas.
En outre, ces appels d'offres fermés empêchent d'autres priorités fédérales d'être atteintes. Ce gouvernement a accordé la priorité à l'embauche d'apprentis et de groupes sous-représentés dans l'industrie de la construction tels que les jeunes, les femmes et les travailleurs handicapés, dans le cadre de son plan de création d'emplois. Il a également fait beaucoup en encourageant la formation et l'embauche au sein des collectivités autochtones. Les appels d'offres fermés empêchent que ces priorités soient respectées. Permettez-moi de vous donner un exemple pour vous montrer comment les choses se déroulent actuellement au Manitoba.
À l'heure actuelle, tous les projets de Manitoba Hydro sont fermés à tous les entrepreneurs, sauf à ceux qui sont affiliés à des syndicats internationaux des métiers de la construction. Pour soumissionner en vue d'obtenir un projet de Manitoba Hydro, les entrepreneurs doivent accepter d'embaucher des travailleurs des métiers de la construction. Si des travailleurs qui n'appartiennent pas à des métiers de la construction, comme les membres de la CLAC, désirent travailler à ces projets, on les force à changer de syndicat.
Ledcor, une entreprise qui travaille partout au pays et qui est signataire de la CLAC, aimerait faire une offre pour le prochain projet de barrage hydroélectrique, mais elle n'a actuellement pas le droit de le faire. Entre-temps, la colère monte chez les Métis et les populations autochtones du Manitoba, car les entrepreneurs de la construction n'honorent pas leurs obligations en matière d'embauche locale.
Étant donné que le processus d'appel d'offres est fermé, les projets d'infrastructure devront forcément être menés par les syndicats internationaux des métiers de la construction. Les syndicats qui pourraient faire un meilleur travail en atteignant les objectifs du gouvernement pour employer des apprentis, des jeunes travailleurs et des Autochtones sont écartés du processus. Cela limite le bassin d'intervenants du secteur privé qui sont capables d'aider le gouvernement à atteindre ses priorités en matière de création d'emplois.
Enfin, permettez-moi d'aborder le point qui nous semble le plus important: les principes.
Monsieur le président, ce processus d'appel d'offres fermé entraîne une violation des principes démocratiques fondamentaux selon lesquels les projets financés à même les fonds publics devraient être ouverts à tous les travailleurs qualifiés, peu importe leur association personnelle, et dans ce cas-ci, leur affiliation syndicale. Les membres de la CLAC, les travailleurs qui appartiennent à d'autres syndicats et les travailleurs non syndiqués se voient tous écartés et ne peuvent pas avoir accès à ces projets publics qui sont, dans bien des cas, financés par le fédéral partout au pays. En raison des restrictions imposées par ces appels d'offres fermés, ces Canadiens ne peuvent pas travailler dans les communautés où ils paient leurs taxes et leurs impôts, non pas parce qu'ils ne sont pas qualifiés, formés ou reconnus, mais parce qu'ils appartiennent au mauvais syndicat.
Permettez-moi de préciser une chose. Il ne s'agit pas d'une affaire antisyndicale. Il s'agit d'une question d'équité. Nous n'estimons pas que le gouvernement devrait priver les travailleurs de leur droit de se joindre à un syndicat. Toutefois, il n'est ni bon ni juste de permettre à un ou à plusieurs syndicats d'avoir le monopole des travaux financés à même les fonds publics.
Au cours des 10 dernières années, nous avons malheureusement assisté à la multiplication du nombre de monopoles de la construction partout au pays: la ville de Hamilton, la ville de Waterloo, la Toronto Transit Commission, les projets de BC Hydro, les projets de Manitoba Hydro. La question que vous devriez vous poser est la suivante: Allez-vous permettre à ce problème de prendre de l'ampleur? Les dépenses en infrastructure font partie intégrante et continueront de faire partie intégrante du budget du gouvernement fédéral. Il est donc assez raisonnable que le gouvernement et les contribuables s'attendent à ce que cet argent soit dépensé de manière équitable et concurrentielle.
Monsieur le président, nous encourageons le comité et le gouvernement fédéral à continuer à chercher des solutions à ces problèmes. Nous estimons qu'en premier lieu, le gouvernement fédéral peut ajuster les exigences concernant la passation de marchés pour les projets qui reçoivent des fonds d'infrastructure fédéraux pour empêcher la conclusion d'ententes syndicales volontaires avec certains syndicats. Les provinces ou les municipalités ne doivent pas se laisser convaincre à accepter ces conventions collectives qui restreignent le processus d'appel d'offres ouvert et l'accès en raison de l'affiliation syndicale ou du manque d'affiliation pour les contribuables canadiens.
En outre, la CLAC estime que le gouvernement devrait se fixer comme priorité d'investir dans une étude pour connaître le véritable coût qu'infligent aux contribuables ces monopoles de la construction partout au pays. Les contribuables ont le droit de connaître les coûts exacts ainsi que les effets sur l'accès à l'emploi de ces marchés de la construction fermés au Canada.
Merci du temps que vous m'avez accordé aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.