:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au sujet d'Aveos Performance aéronautique inc. et de ses ententes avec Air Canada. Je pourrai ainsi vous fournir des éléments d'information utiles à vos délibérations.
Je suis accompagné de mes collègues d'Air Canada, soit Louise-Hélène Sénécal, conseillère juridique adjointe; Duncan Dee, vice-président général et chef de l'exploitation, et Joseph Galimberti.
Comme le comité le sait très certainement, Aveos, un fournisseur distinct géré indépendamment d'Air Canada, a demandé le 19 mars dernier de se mettre sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. La direction d'Aveos a décidé par la suite de cesser définitivement ses activités plutôt que d'accepter une offre de fonds d'urgence de la part d'Air Canada. Or ce fonds aurait stabilisé Aveos dans l'intérêt de ses employés, créanciers, clients et autres intervenants, et aurait permis d'amorcer une restructuration ordonnée. En tant qu'important client d'Aveos, nous considérons que la façon dont le conseil d'administration et la direction d'Aveos ont mis un terme aux activités de leur entreprise est irresponsable, compte tenu fait qu'il existait des choix valables. Mais avant de vous donner plus de détails sur l'état actuel des choses, il convient de rappeler brièvement l'évolution de la relation entre Aveos et Air Canada.
En 2004, donc il y a huit ans déjà, dans le cadre d'une restructuration sanctionnée par les tribunaux, Air Canada est devenue une filiale à part entière de Gestion ACE Aviation Inc. et ses parties constitutives ont été réorganisées en entités distinctes. Cette réorganisation, mandatée par les investisseurs ayant financé la restructuration et approuvée par les créanciers dont les réclamations dépassaient 8 milliards de dollars, était soutenue par les syndicats et les employés. Ceux-ci ont ratifié les nouveaux arrangements dans le cadre d'un processus judiciaire très public.
Certains éléments d'actifs et membres du personnel de l'ancienne division des Services techniques Air Canada ont été transférés à une nouvelle société alors qu'Air Canada a conservé pour elle-même une partie importante du personnel et des travaux d'entretien. Aujourd'hui, Air Canada compte 2 400 employés de maintenance. En 2007, Gestion ACE Aviation Inc. a vendu cette société à un groupe d'investisseurs externes de renommée mondiale et à des institutions financières reconnues qui s'étaient engagées à maintenir des emplois au Canada tout en augmentant la portée globale de l'entreprise pour en faire une entité plus importante et plus solide. En 2008, l'entreprise a changé de nom et a pris celui d'Aveos. Le groupe d'investisseurs a investi plus de 975 millions de dollars.
Air Canada soutient financièrement Aveos depuis longtemps. Nous avons conclu des contrats d'entretien à long terme à des conditions avantageuses pour Aveos, ce qui aurait dû lui apporter une stabilité financière. Nous avons participé à la restructuration hors cour d'Aveos en 2010 par l'entremise d'un prêt de 22 millions de dollars qui a permis à Aveos de différer certains paiements sans intérêts. Nous nous sommes engagés jusqu'à concurrence de 50 millions de dollars afin d'aider de nouveau Aveos lors de la restructuration de 2010. Au cours de la seule année 2011, soit l'année dernière, nous avons versé à Aveos 440 millions de dollars pour les travaux d'entretien.
Au cours des dernières semaines, nous lui avons offert à plusieurs occasions un soutien financier pour permettre une restructuration ordonnée, entre autres le financement d'urgence de 15 millions de dollars que j'ai mentionné plus tôt. Même si nous n'avons pas encore calculé le montant total de notre réclamation relative à la faillite d'Aveos, nous estimons que les montants nets dus par Aveos à Air Canada dépassent aujourd'hui 35 millions de dollars. Nous avons donc réellement tenté d'apporter notre soutien financier à cette entreprise à plusieurs reprises, mais, plus important encore, Air Canada a appuyé Aveos en lui confiant de bonne foi ses activités d'entretien.
Depuis le début de 2011, Air Canada a effectué 135 visites d'appareils, dont 123, c'est-à-dire 91 p. 100, ont été confiées à Aveos.
Pendant cette période, Air Canada a aussi confié à Aveos 52 entretiens de moteurs sur 56, soit 93 p. 100. Les travaux ont été impartis à des tiers uniquement quand Aveos n'était pas en mesure de les effectuer, et ce, en toute conformité avec les ententes commerciales entre les parties et selon les conventions collectives applicables.
[Traduction]
Malgré le soutien d'Air Canada, la direction d'Aveos a échoué à maintes reprises dans ses efforts pour attirer de nouveaux clients et diversifier ses sources de rentrées. De son propre aveu, comme en font foi les documents déposés devant les tribunaux, l'entreprise n'est jamais parvenue à rivaliser sur le plan des prix et à essuyer des pertes d'exploitation pendant plusieurs années. Elle reconnaît qu'elle a une structure de coûts trop élevée et qu'elle n'est pas assez concurrentielle sur le plan de la productivité. Enfin, sa décision malheureuse de cesser ses activités est symptomatique de ces échecs et non le résultat d'une mesure prise par Air Canada.
La fermeture inopinée des installations d'Aveos a obligé Air Canada à prendre rapidement des dispositions pour éviter que ses clients, au nombre d'environ 100 000 par jour, ne subissent des désagréments et assurer le programme d'entretien de nos appareils pour permettre leur exploitation. Nos dispositions d'urgence sont uniquement fondées sur la sécurité et la conformité réglementaires, critère que nous appliquerons pour la sélection des nouveaux fournisseurs de service d'entretien, de réparation et de révision qui exécuteront l'entretien périodique. La sécurité ne saurait être compromise pour des raisons de politique ou toute autre raison.
Pour assurer la transition, nous avons choisi des installations d'entretien qualifiées et approuvées par le gouvernement au Canada et aux États-Unis afin d'effectuer les travaux qui avaient été initialement confiés à Aveos tout en respectant les normes élevées de nos programmes d'entretien. Par exemple, sept appareils dont l'entretien était prévu ont déjà été envoyés à deux fournisseurs québécois de service d'entretien avec qui d'autres transporteurs aériens canadiens et internationaux font déjà affaire. De plus, même s'il y a quelques autres fournisseurs de service d'entretien, de réparation et de révision (MRR) au Canada qui ont les capacités, les ressources et les licences nécessaires pour exécuter ces travaux, nous poursuivrons nos recherches à l'étranger advenant une pénurie de ressources au Canada.
Enfin, contrairement à certaines déclarations irresponsables rapportées dans les médias, je tiens à affirmer catégoriquement que nous n'avons jamais confié du travail d'entretien à Aeroman, société soeur d'Aveos en El Salvador, et que nous n'avons pas l'intention de le faire, quelles que soient les circonstances.
À plus long terme, Air Canada invite les entreprises d'entretien, réparation et révision partout au Canada et ailleurs dans le monde à déterminer, avec toute la diligence voulue, les activités qu'elles seraient en mesure de prendre en charge au Canada parmi celles qui relevaient de la responsabilité d'Aveos. Nous avons également indiqué publiquement que nous préférions de loin travailler avec une entreprise mondiale de MRR qui souhaite et peut fournir des services d'entretien des composants, de réparation et de révision au Canada, et plus particulièrement à Montréal, Winnipeg, Vancouver, et Toronto. Air Canada sait qu'il existe dans ces villes un bassin de personnes bien formées, compétentes et talentueuses, et elle va privilégier les entreprises de MRR ou les fabricants dont la structure des coûts est compétitive à l'échelle mondiale et qui exercent, ou entendent d'exercer, une partie de leurs activités dans au moins une de ces villes, en faisant appel aux compétences de techniciens en aéronautique canadiens.
Les ordres de gouvernement, par l'intermédiaire de leurs directions du développement économique, peuvent intervenir afin d'encourager ces entreprises à s'établir au Canada ou à y accroître leurs activités, ou, par exemple, les aider à monter des chaînes de réparation ultramodernes pour les nouvelles générations de moteurs.
Air Canada est désireuse et envisage de collaborer avec les gouvernements et les autres parties prenantes en vue de trouver un arrangement viable à long terme à un prix concurrentiel. À cette fin, depuis la demande de restructuration d'Aveos, nous avons été en contact constant avec le cabinet du ministre des Transports, de l'Infrastructure et Collectivités, ainsi que les instances provinciales et municipales. Plus précisément, j'ai rencontré personnellement le hier après-midi afin de discuter de ce dossier.
[Français]
En ce qui a trait à la conformité d'Air Canada à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, je tiens à déclarer, sans équivoque, que la société se conforme tant à la lettre qu'à l'esprit de la loi, malgré la faillite d'Aveos.
[Traduction]
Le 1er décembre 2010, des responsables du ministère des Transports ont indiqué au comité qu'Air Canada se conformait selon eux à tous les aspects de la loi.
En mai 2011, par suite d'une demande de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), le juge Newbould, de la Cour supérieure de justice de l'Ontario, a rendu une décision sur la conformité de la Société aux dispositions de la loi relatives aux installations d'entretien et de révision. Le tribunal a conclu que la société satisfaisait aux exigences de la loi étant donné ses propres fonctions d'entretien et de révision.
Je cite les conclusions du juge Newbould:
En résumé, je conclus qu'Air Canada maintient des centres d'entretien et de révision dans ces villes... en maintenant elle-même certaines fonctions de révision par le biais de ses activités de maintenance en ligne.
Sans inclure Aveos, la société compte toujours 2 400 employés assurant l'entretien et la révision dans diverses bases canadiennes, notamment à Winnipeg, Toronto et Montréal. Il s'agit d'un accroissement d'effectif de 35 p. 100 par rapport à 2007. Air Canada est convaincue que les circonstances actuelles ne changent rien à la décision du tribunal.
La société entend continuer à se conformer pleinement à la loi, tant et aussi longtemps que celle-ci est en vigueur. De plus, notre engagement à l'égard des travailleurs du secteur de l'aviation et de l'aérospatiale au Canada demeure entier et nous chercherons à collaborer avec les divers intervenants sectoriels afin de découvrir des solutions.
Encore une fois, nous vous remercions, monsieur le président, de nous avoir donné l'occasion de nous présenter devant vous aujourd'hui. Je répondrai maintenant aux questions des membres du comité.
:
Désolée. Ce n'était pas ma question. Laissez-moi poser ma question.
Depuis 2000, Air Canada a intentionnellement mis de côté ses services de révision à l'extérieur de l'entreprise. Vous avez commencé en 1988. En 2000, vous leur avez donné un nom distinct. Ensuite, en 2007, vous les avez vendus. En 2011, l'an dernier, il y a un peu plus d'un an, le Conseil des relations industrielles a dit que ces travailleurs n'étaient plus des employés d'Air Canada, mais au départ, ils travaillaient pour Air Canada. Ils se sentent trahis.
Les Canadiens se sentent trahis, parce que si on remonte toute cette filière, qu'on parle de la loi ou de l'esprit de la loi, à l'évidence, les emplois de ces travailleurs auraient dû être protégés. Ils se sentent totalement trahis par Air Canada.
Pourquoi les employés d'Air Canada feraient-ils confiance à l'entreprise et croire maintenant que leurs pensions et leurs emplois ne seront pas privatisés, vendus, afin qu'une autre entreprise, des entreprises américaines ou d'autres entreprises sans syndicat ni régime de pension suppriment ensuite ces emplois? Il s'agit d'une trahison. C'est ce que pensent les travailleurs à l'heure actuelle.
Vous voyez la tendance. Cela s'est fait de façon délibérée depuis 2000. Combien d'argent aviez-vous dépensé, que ce soit devant les tribunaux ou le Conseil des relations industrielles, pour le faire? En 2000, lorsque le processus a commencé, cette section de votre entreprise faisait des profits. C'est ce qui est ironique. Ces services faisaient de l'argent, et maintenant ils sont en faillite.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier de l'invitation. Nous sommes ici aujourd'hui pour vous parler de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, ou LPPCAC, comme on l'appelle plus souvent.
[Français]
Je ne vais pas discuter en détail de la chronologie relative à la privatisation d'Air Canada ni de la création de l'entreprise privée Aveos. Je crois que vous connaissez déjà les faits à cet égard.
Toutefois, je tiens à souligner plusieurs points.
[Traduction]
Je pense qu'il serait utile de vous rappeler le contexte de la loi régissant la privatisation d'Air Canada. La période de la fin des années 1980 et du début des années 1990 a connu de grands changements dans le secteur de l'aviation, période au cours de laquelle des éléments qui appartenaient auparavant au gouvernement ont été privatisés ou au cours de laquelle leurs activités ont été confiées au secteur privé. C'est un phénomène que l'on a observé ailleurs dans le monde, et pas seulement au Canada, mais il est utile de comprendre la LPPCAC dans ce contexte.
D'un point de vue politique, le transfert avait pour objectif d'intégrer ces entreprises au secteur commercial privé pour leur permettre d'exercer leurs activités et de prendre des décisions en fonction du marché, afin de leur permettre de croître et d'atteindre leur indépendance financière. Les paramètres de la LPPCAC qui ont été mis en place à l'époque, et qui sont toujours en place aujourd'hui, découlent de cette philosophie et de cette approche.
[Français]
Toutefois, certaines obligations ont été retenues dans le projet de loi qui régit la privatisation d'Air Canada.
[Traduction]
Air Canada était obligée de continuer à se conformer à ses obligations en matière de langues officielles et d'inclure, dans ses clauses de prorogation, des dispositions exigeant que la société maintienne des centres d'entretien et de révision à Mississauga, Montréal, et Winnipeg, et son siège social à Montréal. Je reviendrai plus tard sur les détails de ces obligations.
Pour le moment, j'aimerais souligner que le gouvernement et le Parlement de l'époque semblent avoir cherché à atteindre un équilibre délicat entre les obligations de prorogation imposées à Air Canada et le désir de créer une entreprise privée exerçant ses activités dans un marché commercial.
[Français]
Le deuxième point que je voudrais porter à votre attention a aussi été soulevé par le lors de sa comparution, mardi. Air Canada et Aveos sont des entreprises privées qui prennent leurs propres décisions. La séparation d'Air Canada et d'Aveos a pris sept ans, ce qui est une période de temps assez remarquable en soi, pour finalement être officialisée en 2011.
[Traduction]
Troisièmement, je voulais vous parler du contexte dans lequel ces industries fonctionnent aujourd'hui. Comme on l'a indiqué dans l'exposé précédent, l'aviation est un domaine d'activités mondiales. Qu'il s'agisse de transporteurs, d'entreprises d'entretien, de réparation et de révision, l'environnement est mondial. Partout dans le monde, l'accent est porté sur la compétitivité au sein de l'industrie tout en maintenant des normes de sécurité et de sûreté élevées.
L'Association du transport aérien international ou IATA, a récemment revu à la baisse la projection des profits pour les transporteurs aériens à l'échelle mondiale en 2012, prévoyant une marge de profit de seulement 0,5 p. 100. On peut présumer que la situation est pire pour certains transporteurs que pour d'autres.
De plus, les passagers s'attendent à obtenir des billets à bon marché. Le comité est peut-être au courant d'une réunion qui a eu lieu la semaine dernière et qui a été organisée par le Conseil des aéroports du Canada sur le passage des passagers des aéroports canadiens aux aéroports américains.
Comme vous le savez très bien, vos collègues du Sénat travaillent actuellement à une étude sur les questions émergentes liées à l'industrie du transport aérien au Canada, et ils ont reçu de nombreux mémoires d'intervenants qui indiquent que le caractère compétitif des prix de notre industrie de l'aviation constitue une préoccupation importante.
[Français]
À la lumière de ce contexte, je vais maintenant parler brièvement de la question en jeu, qui est de savoir si Air Canada respecte la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.
[Traduction]
L'article 6 de la LPPCAC exige qu'Air Canada inclut des dispositions dans ses clauses de prorogation. Plus précisément, l'alinéa 6(1)d) porte sur l'obligation de maintenir les centres d'entretien et de révision à Winnipeg, à Montréal et Mississauga.
De plus, l'article 7 de la LPPCAC empêche Air Canada d'établir des statuts ou des règlements incompatibles avec les clauses de prorogation visées à l'alinéa 6(1)d).
Les clauses de constitution en société ou de prorogation sont déposées auprès du gouvernement fédéral ou d'un gouvernement provincial ou territorial et établissent un certain nombre de règles de gouvernance de société applicables à la société. Ces clauses déterminent normalement les activités de la société: sa structure de propriété, normalement appelée classes d'actions, la façon dont le conseil d'administration est établi, et ses pouvoirs.
En termes simples, les clauses de prorogation établissent les règles en vertu desquelles la société doit fonctionner.
Depuis qu'Aveos a annoncé qu'elle mettrait fin à ses activités, beaucoup d'attention a été portée à la question de savoir si Air Canada était en conformité avec la LPPCAC.
Les clauses de prorogation d'Air Canada déposées à Corporations Canada comprennent une disposition qui stipule que les centres d'entretien et de révision doivent être maintenus à Montréal, à Mississauga et à Winnipeg. Rien n'indique que les clauses d'Air Canada ne sont pas conformes aux exigences énoncées dans la LPPCAC.
[Français]
Il n'y a aucune indication que les clauses de prorogation d'Air Canada ne sont pas conformes aux exigences énoncées dans la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.
[Traduction]
Outre la question de savoir si Air Canada est conforme à la LPPCAC, il y a la question de savoir si la société est en conformité avec ses propres clauses.Avant que ne se produise la triste situation à Aveos, Transports Canada a toujours été d'avis qu'Air Canada respectait ses clauses.
À la lumière des changements récents de circonstances, nous nous sommes penchés de nouveau sur cette question. À la demande du ministre, nous avons demandé un avis juridique pour nous aider, et cet avis vous a été relayé aujourd'hui.
J'aimerais préciser que la conformité aux clauses de prorogation n'est pas une exigence de la LPPCAC. Il s'agit d'une exigence qui s'applique à toutes les sociétés. Pour les sociétés constituées en vertu d'une loi fédérale, comme Air Canada, la Loi canadienne sur les sociétés par actions ou la LCSA, est la mesure législative pertinente.
Bien que des questions de gouvernance de sociétés ou de conformité à des clauses soient normalement faites pour les actionnaires ou les directeurs d'une société donnée, d'autres parties peuvent demander un recours judiciaire. C'est ce qu'a fait l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale, l'AIMTA, en 2011, lorsqu'elle a déposé une demande auprès de la Cour supérieure de l'Ontario.
Comme on l'a entendu aujourd'hui, la décision de la Cour supérieure de l'Ontario visait à savoir si Air Canada, sauf le travail exécuté par Aveos à ces trois endroits, continue de par ses propres activités à maintenir les centres d'entretien et de révision à respecter les dispositions de ses clauses. Dans ce cas, le juge a indiqué fortement que sauf le travail effectué par Aveos, Air Canada continuerait probablement de se conformer à ses clauses en maintenant certaines fonctions de révision dans le cadre de ses activités d'entretien de première ligne à Montréal, à Mississauga et à Winnipeg.
En l'absence d'Aveos, il incombera à Air Canada de continuer à satisfaire aux exigences de ses clauses de prorogation à l'avenir, tout comme ses autres obligations en vertu de la LPPCAC et évidemment les exigences de sécurité et de sûreté de base qui s'appliquent à l'industrie en général.
Malgré les événements récents, nous n'avons aucune raison de croire qu'Air Canada ne satisfait pas à ses obligations.
Je vais résumer avec nos conclusions.
À notre avis, Air Canada est en conformité avec les dispositions de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada puisque cette dernière comporte des clauses de prorogation obligeant Air Canada à maintenir des centres d'entretien et de révision à Winnipeg, à Mississauga et à Montréal.
Compte tenu de l'avis que nous avons reçu, il semblerait qu'Air Canada continue de respecter ses propres clauses de prorogation malgré le fait qu'Aveos n'offre plus de services à Air Canada. Tel qu'indiqué plus tôt, il ne s'agit pas d'une question de conformité à la LPPCAC, mais plutôt à la LCSA.
Je vous remercie de votre attention aujourd'hui. Je serai ravie de répondre à toute question que vous pourriez avoir à ce sujet.
Je vous signale qu'en plus des témoins en règle, nous avons invité notre collègue, le directeur général de l'aviation civile. Ainsi, si vous avez des questions sur la sécurité, on vous demandera de lui permettre de vous répondre, monsieur le président.
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Avec tout le respect que je vous dois, je vais devoir exprimer mon désaccord.
Il y a une autre question de politique publique en jeu, laquelle a été signalée à de nombreuses occasions, et le juge l'a d'ailleurs dit: la LPPCAC est quelque peu vague. Lorsqu'une loi est quelque peu vague, comme vous le savez, en tant qu'avocat, lorsque quelque chose n'est pas clair, on se fie aux déclarations faites sur le sujet. On se sert de l'histoire de la création.
Il était abondamment clair en 1988 et par la suite que l'intention du Parlement était de veiller à ce qu'une partie du travail de maintenance des avions et des pièces reste à Winnipeg, à Montréal et à Toronto. Ce travail de révision a maintenant complètement disparu. Il n'y a plus de travail de révision des cellules ou des moteurs d'Air Canada fait où que ce soit au Canada, encore moins à Winnipeg, à Montréal et à Toronto.
Nous nous retrouvons dans une situation où l'intention claire du Parlement n'a pas été respectée. Le juge ayant dit que le texte était quelque peu vague nous mène à la prochaine étape: c'est-à-dire, d'accord, si le texte est vague, quelle était l'intention du Parlement? Si on se fie au ministre et maintenant à vous, le Parlement voulait dire qu'Air Canada pouvait faire comme bon lui semble. Ainsi, Air Canada pourrait probablement cesser d'offrir des services dans les deux langues officielles, parce que le Parlement n'a pas été aussi clair qu'il aurait pu l'être. Ce n'est évidemment pas le cas.
Ce que nous avons ici, c'est une tentative claire d'antisyndicalisme. Voilà ce qui se passe. Air Canada a fait des pieds et des mains pour monter cette maintenance dispendieuse. Elle l'a dit. Vous l'avez dit: il faut avoir un avantage concurrentiel, et cet avantage concurrentiel a disparu. Mais ce n'est pas pourquoi le Parlement a insisté. Le Parlement a insisté sur des dispositions de la LPPCAC pour assurer que les travaux se fassent au Canada. Nous nous retrouvons maintenant avec la plus grande disparition d'un coup — le licenciement — de talents dans l'industrie aéronautique et aérospatiale depuis qu'un gouvernement conservateur précédent a annulé le Avro Arrow. C'est important.
Air Canada prétend que ces gens se dénicheront peut-être un emploi à Winnipeg, à Vancouver, à Toronto, à Windsor ou à Trois-Rivières. Oui, mais pour la moitié du salaire. Ils ne vont pas accepter d'emplois à 50 p. 100 du salaire et sans avantages sociaux ni pension. Voilà ce qui va réellement se passer. Il s'agit d'une réduction des coûts à Air Canada. Ce n'est pas ce que le Parlement avait permis.
Très respectueusement, monsieur Legault et madame Burr, je ne crois pas que cette décision soit assez suffisante pour dire si oui ou non Air Canada fait aujourd'hui ce que le Parlement envisageait. Ce n'est tout simplement pas stipulé dans la décision. Que vous vous y fiez et que vous disiez ensuite qu'à votre avis, si le gouvernement devait maintenant intervenir et laisser entendre qu'il lui incombe de le faire contreviendrait à l'ALENA...
C'est incroyable qu'on mêle maintenant l'ALENA à cette équation. Le Parlement a pris une décision en 1988 selon laquelle il fallait maintenir des centres d'entretien et de révision dans trois grandes villes. Si on tente de respecter cette décision aujourd'hui, il faut soulever l'ALENA? Pouvez-vous m'expliquer ce que l'ALENA à avoir dans tout ça?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le président, j'aimerais tenter de simplifier la question autant que possible.
Je ne suis pas avocat. Mais je crois à la primauté du droit. Je crois que si un particulier ou une société enfreint la loi, il doit y avoir des conséquences.
Il y a un sentiment de frustration. Les travailleurs d'Aveos, qui étaient anciennement des employés d'Air Canada, estiment que justice n'a pas été rendue, que leur gouvernement les a laissés tomber.
Voyons ce que la loi dit vraiment. Je vous cite l'alinéa 6(1)d): « des dispositions l'obligeant à maintenir les centres d'entretien et de révision dans les villes de Winnipeg et Mississauga et dans la Communauté urbaine de Montréal ».
Pour le travailleur moyen, moi y compris en tant que personne se souciant des travailleurs, cette disposition signifie qu'Air Canada est obligée de maintenir ces centres de révision. Puis, Air Canada se privatise plus ou moins et transmet cette responsabilité à Aveos. Un tribunal statue ensuite que de par l'existence d'Aveos, Air Canada garde indirectement ces emplois.
Nombre de ces travailleurs n'étaient pas ravis de la décision du tribunal, mais ils pouvaient au moins la comprendre. Aveos va maintenant disparaître. La loi stipulant que ces emplois sont supposés être dans ces villes est toujours en vigueur. Comment les employés peuvent-ils faire autrement que de penser que, en surface il semblerait y avoir infraction à la loi?
Revenons en arrière et ce qui a été réellement dit le 12 avril 1988, lorsque la loi est entrée en vigueur. Je vous cite le ministre Don Mazankowski, le vice-premier ministre et ancien ministre des Transports du gouvernement conservateur qui a présenté le projet de loi en question. Il a souligné cinq points brefs:
1. Les centres d'entretien de révision de Montréal, Winnipeg et Toronto sont un élément fondamental au succès de la compagnie Air Canada;
2. Aucun de ces centres ne perdra de son importance.
3. Les centres grandiront et prendront de l'expansion.
4. L'entretien des avions de la compagnie continuera de se faire à ces endroits.
5. Que pour tout changement d'emplacement ou transfert des activités de maintenance d'Air Canada, la loi se devrait d'être modifiée.
Si je suis un employé et que je lis cette disposition, ça me semble assez clair. Je comprends qu'il est possible d'obtenir un avis juridique sur quoi que ce soit, sur différentes opinions. On dirait vraiment que ça brouille les choses.
Vous représentez le gouvernement fédéral. Dites-vous au gouvernement fédéral qu'Air Canada est en conformité avec le sens de la loi?