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Comme vous pouvez le voir, la transparence que vous avez devant vous montre la côte de la baie James. Moi, je viens de la région de Moosonee et de Moose Factory, dans le coin inférieur gauche. Comme vous pouvez le voir sur la carte, c'est cette région qui me préoccupe le plus, même si les questions dont nous allons traiter aujourd'hui concernent le gros, voire la totalité, du Nord canadien.
Voyons, tout d'abord, l'histoire de la route de glace de la baie James. Dans les années 1940, une route de glace est établie afin d'assurer le soutien aux emplacements radars du méso-Canada. Par la suite, des années 1950 aux années 1990, cette route est utilisée par les collectivités locales de Moose Factory, Moosonee, Fort Albany, Kashechewan et Attawapiskat. La route de glace initiale a été abandonnée en faveur d'une route de glace parallèle, située plus près du littoral de la baie James. La découverte de diamants dans le bassin de la rivière Attawapiskat ajoute une utilisation industrielle à la route de glace, pour permettre les opérations de la mine Victor, exploitée par De Beers Canada.
Il y a des lacunes sur le plan du transport. Pour se rendre dans la région, il faut d'abord conduire jusqu'à Cochrane, ensuite c'est le train jusqu'à Moosonee, puis encore un camion sur la route de glace de Moosonee à Attawapiskat. La mine Victor de De Beers est reliée à Attawapiskat par une route de glace en bordure du côté sud de la rivière Attawapiskat. Pendant les périodes sans route de glace, les collectivités éloignées et la mine ne sont accessibles que par des avions de faible tonnage. Je devrais ajouter une précision. Selon le déroulement de la saison et la situation, il y a également des barges. Il y en a annuellement entre 15 et 20, mais leur utilisation est largement fonction des conditions météorologiques.
Les cartes que vous avez devant vous montrent les deux routes. À gauche, vous voyez la route de glace sud, d'Attawapiskat à la mine Victor De Beers. Comme vous pouvez le voir, cette route est longue de 103 kilomètres, tandis que la route de glace de la baie James, reliant Moosonee à Attawapiskat, parcourt environ 301 kilomètres.
La saison de construction des routes de glace commence en décembre, si le temps le permet. Bien sûr, nous n'avons pas eu ce luxe ces dernières années. L'ouverture pour accès commercial se fait normalement autour de la première semaine de février. Traditionnellement, l'accès commercial est d'environ 30 jours, tandis que l'accès pour la collectivité est d'environ 60 jours. Malheureusement, cette année, l'accès commercial n'a été possible que pour 25 jours environ, et l'accès pour la communauté n'a, je ne pense pas, dépassé 35 jours. Avec tout ce qui se passe, la saison a été sensiblement écourtée cette année.
Comme vous pouvez le voir sur la photo, la route est construite sur de la glace d'une épaisseur de 43 pouces; cependant, selon les besoins en matière de fret, on peut aller jusqu'à une épaisseur de 60 pouces. La raison à cela est que les 43 pouces nous assurent la capacité d'accueillir environ 100 000 livres de marchandises par camion. Comme vous pouvez le voir ici, une route de 43 pouces d'épaisseur peut supporter 106 000 livres.
Vous remarquerez sur cette photo que les arbres sont encore relativement grands. Je tiens cependant à préciser que, bien qu'ils paraissent très hauts, ce que vous voyez ici correspond au tronçon sud de la route. Ces arbres peuvent être vieux de plus de 300 ans. Même s'ils ne donnent pas l'impression d'être très hauts, ils le sont, toutes proportions gardées.
Voici la traversée de Long Creek. L'activité commerciale vers la mine représente entre 400 à 450 chargements. De Beers reçoit entre sept et dix millions de litres de carburant annuellement.
L'un des défis auxquels nous sommes, bien sûr, confrontés, est la fonte printanière. Le dégel provoque beaucoup d'inondations, ce qui est encore un autre défi posé par la route. D'autre part, le coût de la route de glace s'élève à environ 5 millions de dollars. Je ne parle ici que du coût de la route de glace elle-même. L'ensemble du programme de De Beers représente environ 12 millions de dollars annuellement. La contribution financière fédérale se chiffre à un peu moins de 1 million de dollars. Comme vous l'aurez constaté, il s'agit d'une entreprise très coûteuse. Je précise que ce que je vous ai donné ce sont les coûts annuels. Cette photo-ci montre une scène typique d'embâcle.
Selon la rigueur du froid, l'environnement sera exposé à différents dangers. Par exemple, le poisson et la pêche sont touchés, du fait que le barrage de glace ne permette pas aux poissons de passer sous la glace. Nous sommes confrontés à quantité de préoccupations environnementales, qui ont elles-mêmes une incidence sur ceux qui s'adonnent à des activités de récolte.
C'est un événement annuel. La région de White Swan Creek est sans doute l'une des pires. Nous y effectuons annuellement une étude d'impact sur l'environnement. Les résultats de notre étude pour cette année devraient être disponibles bientôt. Comme le montre cette vue aérienne, c'est toute la région qui est touchée. Il y a non seulement la route — c'est difficile à voir sur la photo —, mais il y a également la ligne de transport d'électricité, qui passe par là et qui dessert les collectivités du Nord.
Voici la traversée de North Bluff Creek. À regarder la photo, on a l'impression qu'il y a là un coude dans la rivière. Mais ce n'est pas un coude dans la rivière. C'est en fait la rivière et la route, et vous pouvez voir l'eau sur la route: c'est la ligne verticale qui traverse l'image. Les routes de glace ont une sérieuse incidence néfaste sur la faune et sur ceux qui exploitent cette dernière.
Voici maintenant la route de glace sud près d'Attawapiskat. La plus courte durée de vie des routes de glace, en raison des changements climatiques, rend la vie plus difficile pour les habitants du Nord. Cette photo a été prise plus près d'Attawapiskat et montre en fait le véritable point de départ de la route sud vers Victor Mine. Vous pouvez constater que les arbres sont sensiblement plus petits. Et, bien sûr, tout n'est que fondrière, et il est très difficile de travailler et de construire dans cette région.
Je vais maintenant vous entretenir de disparités économiques. Environ 305 jours par an, les collectivités ne sont accessibles que par avion. Les aliments frais doivent arriver par avion, ce qui en augmente sensiblement le coût. En raison du transport, le coût de la vie dans les collectivités peut être de 100 à 300 p. 100 plus élevé. À titre d'illustration, le prix d'un billet d'avion aller-retour de Moosonee à Timmins est d'environ 900 $. Si vous habitez Moosonee ou Moose Factory, vous avez également accès au train, qui est un petit peu moins cher, mais, comme vous le savez, avec ce qui est en train de se passer, nous ignorons ce que réserve l'avenir en ce qui concerne la liaison ferroviaire à Moosonee. Un billet aller-retour pour Attawapiskat coûte environ 1 380 $. Cela représente, pour les gens dans le Nord, une dépense conséquente et très difficile à assumer. Les gens n'ont, typiquement, pas les ressources nécessaires pour pouvoir s'offrir cela très souvent.
Cette transparence-ci donne des exemples de prix pour un cas particulier. Il s'agit d'un exemple manitobain, mais les chiffres illustrent bien la situation générale dans le Nord. Vous pouvez voir que le panier d'épicerie à St. Theresa Point, pour les articles choisis, s'élève à environ 65,54 $, tandis qu'il coûte 27,49 $ à Winnipeg. Je vous dirais que si l'on prenait un exemple ontarien, le coût du panier serait plus proche des 80 $ à Attawapiskat.
Les difficultés auxquelles fait face la population sont de mauvais régimes alimentaires, de mauvais logements et de mauvais résultats. Vous pouvez constater, à regarder ces images, que le régime alimentaire est un problème, que l'accès aux ressources sera toujours un défi et que chaque fois qu'il y a un besoin spécial, il faut, bien sûr, sortir de sa collectivité. Cela coûte cher d'envoyer les gens des petites collectivités aux centres plus importants pour obtenir les services dont ils ont besoin.
La crise est continue. Comme c'est le cas d'un trop grand nombre de communautés éloignées, Attawapiskat fait face à de sérieux problèmes en matière de scolarité et de logement. Même si des fonds étaient disponibles, l'organisation de la logistique est limitée par le créneau à l'intérieur duquel il est possible de recevoir des matériaux en vrac pour la construction. Il faut ajouter à cela les coûts de transport excessivement élevés pour faire venir des matériaux en vrac et, bien évidemment, il ne peut y avoir que des solutions coûteuses à un problème difficile.
Si nous avons tenu à nous entretenir avec vous aujourd'hui, c'est que nous croyons que les dirigeables pourraient changer les règles du jeu et apporter de nombreux avantages au Nord canadien, et pas seulement à la région de la baie James, d'où je viens.
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Merci beaucoup à vous tous de nous avoir fait venir.
J'aimerais vous parler un petit peu des dirigeables, vous en expliquer la technologie et la façon dont elle évolue, et vous livrer quelques observations pour mettre en contexte le pourquoi de la situation actuelle.
J'aimerais, pour commencer, vous expliquer la nécessité de changer les règles du jeu, les possibilités technologiques et les obstacles à la commercialisation. Enfin, je vous ferai quelques recommandations, conformément à la demande qui nous a été faite par le comité.
Voici une carte des limites du réseau des routes au Canada que je me plais toujours à montrer. La plupart des Canadiens n'ont pas une grande expérience de ce qui se trouve au nord de cette ligne rouge, mais 70 p. 100 de notre territoire sont situés au-dessus de cette ligne rouge, et il ne s'y trouve pas de routes. C'est ainsi que nous avons un accès limité à près des trois quarts de la superficie de notre pays, et, bien sûr, la situation ne s'améliore guère avec le changement climatique, comme vous le verrez dans un instant.
Le transport dans le Nord canadien pose des défis. Les distances sont très grandes. Un voyage de trois heures au nord de Winnipeg ne vous amènera que dans ce qui est encore considéré comme l'Arctique du Sud par les gens qui y vivent. Même si vous vous rendez jusqu'à Iqaluit, vous aurez au nord de vous encore une part importante du territoire canadien.
Les services, surtout maritimes et terrestres, sont généralement saisonniers, et je citerai à titre d'exemple les routes de glace. Les tarifs de fret sont très élevés. Les marchés sont restreints. Il y a peu de trafic. Il y a peu de retour à charge, ce qui vous impose de payer le voyage aller-retour. Bien sûr, nous composons avec des conditions climatiques ardues et devons construire sur le pergélisol. Le transport est ainsi un vrai défi dans le Nord.
Comptent parmi les solutions bateaux, barges, camions, avions et hélicoptères. Nous utilisons tout ce que nous pouvons. L'une des solutions que nous envisageons pour le futur est l'utilisation de dirigeables. Dans le tableau, les différentes solutions, en tout cas les principales, sont classées en fonction de leur coût également.
J'aime toujours commencer avec les avions, car le transport aérien est le seul mode qui vous permette de vous rendre dans toutes les régions du Canada 365 jours par an. Vous voyez ici différentes possibilités. L'avion en haut à gauche atterrit sur une piste de glace. L'avion Buffalo que vous voyez a été construit avant que je ne vienne au monde et vole toujours. Il me fait toujours plaisir de voir des choses qui sont plus vieilles que moi et qui fonctionnent encore.
Vous pouvez voir les portes de l'appareil sur la droite. J'aime toujours montrer cette transparence, car elle me rappelle de mentionner qu'il est impossible de charger à bord d'un avion ce qui ne peut pas passer par les portes. La porte que l'on aperçoit sur la photo a été construite sur mesure pour un avion de Wasaya Airways. Et quelles marchandises exotiques transportait ce dernier? Du contreplaqué. L'un des gros problèmes est le transport de matériaux de construction dans le Nord, et c'est pourquoi cette porte a été changée.
Vous avez, bien sûr, entendu parler des routes de glace. Voici comment nous essayons de nous rendre sur les sites d'exploitation de ressources et de desservir nos collectivités éloignées. Je pense que le pays en compte au total 107. Elles ne sont pas toutes desservies par des routes de glace, mais bon nombre d'entre elles en dépendent. Le territoire à traverser est très difficile et la fonte de la glace vient compliquer encore les choses. Certains d'entre vous ont peut-être eu l'occasion de voir l'émission « Le Convoi de l'extrême ». Ces routes de glace sont comme la 401. Cette photo est plus typique des genres de routes de glace que l'on voit dans de nombreuses régions du pays.
Le transport maritime est très bien si vous pouvez vous en servir le long de la côte, où il y a des barges. Mais les gens du secteur du transport maritime se trouvent eux aussi confrontés à des défis: combien de trajets peuvent-ils assurer par an, quel tonnage peuvent-ils transporter et quelles collectivités peuvent-ils desservir? La plupart des localités dont nous parlons ne possèdent pas de port. Les marchandises sont déchargées sur des barges, puis c'est le branle-bas de combat pour mettre la main dessus.
Une question qui intéresse le comité est celle de la fonte dans le Nord et du changement climatique. Je sais que le premier ministre en a parlé, et il est clair que notre gouvernement s'est davantage intéressé à ce qui se passe dans le Nord, le changement climatique commençant à ouvrir des voies de navigation potentielles dans l'Arctique.
L'image à droite correspond au scénario qui est envisagé pour dans aussi peu que 20 ans, la possibilité étant que des navires de fret puissent traverser l'océan Arctique pendant l'été. Cela soulèvera indéniablement des défis en matière de navigation partout dans cette région.
Que se passera-t-il en cas d'accident ou de déversement de pétrole? Comment faire pour expédier sur place du matériel de nettoyage? Nous n'avons pas pour cela de bon système. Et il y a, bien sûr, également la question de savoir comment défendre notre souveraineté dans le Nord alors qu'il est très difficile d'y envoyer quoi que ce soit. Nous estimons que les dirigeables pourraient offrir une solution à ce problème-là également.
Je vais vous faire un rapide résumé de plus de 300 années d'histoire. L'histoire de l'aérostat est très ancienne, remontant à bien avant l'avènement d'aéronefs à voilure fixe. L'aérostat compte dans son histoire beaucoup de premières, et certaines de ces réalisations demeurent encore aujourd'hui sans égal. D'énormes zeppelins faisaient déjà des traversées de l'Atlantique, allant de l'Allemagne aux États-Unis et de l'Allemagne au Brésil. Ils étaient nez à nez avec les avions dans les années 1930 dans la course pour déterminer lequel allait être le principal mode de transport de passagers.
Ce qui est arrivé en cours de route, bien sûr, a été l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale. Des montants d'argent énormes ont été investis dans la construction d'aéronefs. Près d'un demi-million d'avions ont été construits pendant cette période de cinq ans. À la fin de la guerre, il y avait des bombardiers à plafond élevé et des moteurs à réaction. Cette technologie a rapidement fait la transition aux avions de ligne commerciaux, tels le Boeing 707 et d'autres. La guerre froide est, bien sûr, venue stimuler davantage encore d'investissement public dans les aéronefs, et c'est ainsi que notre monde d'aujourd'hui est caractérisé par des aéronefs à voilure fixe à technologie très avancée.
Les dirigeables ont été plus ou moins abandonnés. L'investissement faisait défaut. Les dirigeables étaient plus lents. Les gens ne les considéraient pas comme sûrs, alors que cela avait été le cas avant la guerre. Ils étaient plus sûrs. Et qui allait y investir, en vue de leur utilisation à quelles fins? Les services de fret n'ont fait leur apparition que dans les années 1980. Il y avait toujours de la capacité disponible en soute dans les avions de passagers, mais pas d'espace cargo à proprement parler.
La situation est différente aujourd'hui. Le carburant n'est plus bon marché. Nous sommes à notre époque préoccupés par la pollution et les émissions de dioxyde de carbone. Et, bien sûr, nous sommes désireux de nous rendre dans des endroits qui ne possèdent pas d'infrastructure, comme par exemple des pistes d'atterrissage. Et c'est ainsi que l'intérêt à l'égard de cette technologie, qui a pour ainsi dire été ignorée pendant 65 ou 75 ans, s'éveille à nouveau.
Vous apercevez ici certaines des percées technologiques. Voici deux zeppelins. Celui dans la photo du bas a été construit dans les années 1930. Celui en haut de l'image a été construit en l'an 2000 en fait. Ils se ressemblent, de par leur forme, mais ils sont complètement différents. L'on utilise des matériaux nouveaux pour l'enveloppe. La cellule du zeppelin que l'on voit en haut est faite de fibre de carbone. Il y a des moteurs orientables. Le zeppelin que l'on voit en bas nécessitait des cordes tenues par 30 personnes. Celui du haut peut atterrir avec, au sol, une seule personne.
Des avancées technologiques énormes se sont succédé. Voici une liste de tous les changements qui sont survenus et qui sont tels que le dirigeable constitue une technologie beaucoup plus viable que cela n'a été le cas dans les années 1930. Tout ce qui a servi à l'avancement de l'industrie aérienne peut être utilisé, et est utilisé, pour les dirigeables également.
Il y a des exemples de certains de ces changements. Nous avons des propulseurs de queue et des moteurs orientables, qui permettent le contrôle de l'atterrissage sans personnel au sol aucun.
Voici des dirigeables qui sont en train d'être mis au point. Les trois que l'on voit dans les photos à gauche et les deux à droite sont en fait des projets militaires américains. Le gouvernement américain a investi environ 1 milliard de dollars dans des dirigeables au cours des 18 derniers mois. La photo en haut à droite montre le Blue Devil, un dirigeable de la U.S. Air Force. À gauche, vous voyez le LEMV, un dirigeable dans lequel a investi l'armée américaine. Et, en bas à droite, vous voyez un dirigeable cargo qui a été mis au point par le Département de la défense des États-Unis. Ce sont tous là des dirigeables d'essai qui ont été construits.
Le dirigeable en bas à gauche, tout aluminium, est en train d'être mis au point par le secteur privé au Royaume-Uni.
Quantité de nouvelles idées sont en train d'émerger dans cette industrie. Certains utilisent une enveloppe souple traditionnelle, tandis que d'autres sont en train de revenir à la forme rigide.
J'ai une liste de constructeurs de dirigeables partout dans le monde. Il y a une autre liste, deux fois plus longue, de gens qui aimeraient être en train de faire quelque chose.
Chaque constructeur sur cette liste a construit ou mis à l'essai quelque chose ou est en train de mettre à l'essai un produit, dans certains cas un véhicule dit hybride. Ce sont des véhicules qui usent de portance aérodynamique et qui, dans ce cas, sont en vérité plus lourds que l'air lorsqu'ils décollent.
Quels sont les obstacles à la commercialisation? C'est vraiment de cela que nous souhaitons discuter avec le comité. Comment se fait-il que nous n'ayons pas au Canada d'industrie du dirigeable?
Une partie de la raison est que nous n'avons jamais eu d'industrie du dirigeable. Nous n'avons dans ce pays aucune tradition du dirigeable. Les Européens ont construit des dirigeables pendant la Première Guerre mondiale, et, avant la Seconde Guerre mondiale, les Américains avaient un programme de dirigeables pour la marine. Les États-Unis comptent environ neuf hangars utilisables. Au Canada, nous n'avons aucun hangar capable d'accueillir des dirigeables, et, bien sûr, la différence entre un hangar d'avion et un hangar de dirigeable est la hauteur de la porte. Il faut avoir une très haute porte pour faire entrer et sortir un dirigeable, mais si vous n'avez pas de hangar, vous ne pouvez pas avoir de dirigeable. Ils fonctionnent à la manière des cales sèches. Vous n'avez pas à vous en servir chaque soir; en fait, les dirigeables passent très peu de temps au hangar, peut-être 10 jours par an. Mais si vous n'avez pas un endroit où mettre un dirigeable pour les services d'entretien ou les inspections, alors vous ne pouvez pas exploiter un dirigeable. L'un des problèmes est donc que nous n'avons dans ce pays aucun hangar adapté.
Le niveau de confiance dans le secteur des entreprises est faible. Les usagers regardent cette technologie et disent, « Vous savez, je ne suis pas convaincu. Lorsque ce sera bien en place et disponible, je m'en servirai ». Nous entendons sans cesse cela de la bouche de porte-parole de compagnies minières et autres, qui ne sont pas convaincus que la technologie est réellement capable de fonctionner. Puis, lorsque vous vous entretenez avec les concepteurs des dirigeables, ceux-ci disent, « Nous savons qu'il n'y a pas de problème technique. Cette technologie existe depuis longtemps, et nous pouvons construire ces aérostats. Mais existe-t-il un marché? » Il y a l'offre, et il y a la demande, mais les deux ne se rejoignent pas nécessairement du fait de l'incertitude qui existe. Bien sûr, chacun attend que quelqu'un d'autre prenne le risque en premier, et si l'entreprise réussit, alors tout le monde suivra. Et, bien évidemment, si tout le monde agit ainsi, alors cela ne mènera jamais nulle part.
Il y a également un vide sur le plan des politiques. J'aimerais tellement que les gens à la direction générale des politiques de Transports Canada s'engagent davantage à l'égard de cette idée et à l'égard des problèmes du Nord pour lesquels nous cherchons des solutions, mais nous n'avons pas pu obtenir la moindre réaction de ce groupe en vue de prendre cette question au sérieux et de la fouiller, pour, en définitive, découvrir la vérité et prendre position.
Enfin, il y a des écarts en matière de réglementation, dont certains sont considérables en ce qui concerne les dirigeables, car nous n'avons pas d'antécédents en matière de dirigeables. En conséquence, la réglementation d'éléments comme la formation des pilotes... Pour être pilote de dirigeable au Canada, vous devez en fait obtenir une licence de pilote de ballon à air chaud, ce qui ne semble pas avoir grand-chose à voir avec les dirigeables.
Voici maintenant, sur la dernière transparence, nos recommandations.
Ce que nous aimerions voir est un énoncé de politique sur l'utilisation de dirigeables pour le transport dans le Nord, énoncé qui envoie à l'industrie un signal que c'est une question que le gouvernement est prêt à prendre au sérieux et à ne pas étouffer, et qu'il facilitera l'élaboration d'un cadre de réglementation de manière à faciliter la construction de dirigeables. Il importerait certainement, dans ce cadre de réglementation, de prévoir un mode de délivrance de licences de pilote plus raisonné. L'actuelle situation est non seulement très néfaste mais est, je pense, dangereuse, car un pilote de ballon à air chaud ne va pas être en mesure de piloter un dirigeable et ne devrait pas tenter la chose. Nous n'avons dans ce pays aucun cadre de réglementation pour la construction de dirigeables de gros tonnage, et je songe au certificat de navigabilité, et, bien sûr, la première entreprise à aller de l'avant avec la construction d'un dirigeable aurait à payer la mise en place de tous les règlements, ce qui paraît tout à fait injuste et constituerait un fardeau énorme, voire un obstacle insurmontable. Cela n'a pas été un obstacle pour l'industrie de construction d'aéronefs à voilure fixe ou d'hélicoptères, alors pourquoi vouloir véritablement obliger le premier constructeur de dirigeables à payer pour ces règlements?
J'aimerais, en conclusion, soulever deux derniers points. Premièrement, je prône une réorientation des ressources financières. Vous avez entendu parler ce matin des routes de glace. Au Manitoba, d'où je viens, l'on dépense chaque année 10 millions de dollars sur les routes de glace. Cet argent provient du Trésor fédéral, et la situation ne fait que s'aggraver. Au fur et à mesure que les routes de glace durent moins longtemps et manquent à l'appel, il nous faut compter sur de petits avions pour faire livrer tous les biens dont les gens ont besoin. La note pour ces frais revient elle aussi au gouvernement fédéral. L'Ontario compte 50 p. 100 de plus de routes de glace que le Manitoba, alors je devine que la note ontarienne est 50 p. 100 supérieure, et les choses ne vont pas en s'améliorant. En fait, elles s'aggravent, et elles vont continuer de s'aggraver tant et aussi longtemps que le changement climatique continuera dans le même sens.
Nous aimerions proposer une réorientation des ressources financières. Au lieu d'investir année après année dans des routes de glace et d'en voir le résultat fondre à chaque printemps, si nous investissions dans des hangars et peut-être dans un programme de formation de pilotes pour faire la preuve des dirigeables et mettre en confiance les milieux d'affaires, le secteur privé ferait le plus gros du travail.
Je vais m'arrêter là, monsieur le président.
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Bonjour tout le monde. Je n'ai même pas encore eu l'occasion de vous saluer. Mes deux collègues ici sont de véritables moulins à paroles, comme vous l'aurez constaté.
Je blague.
Je pense, objectivement, que mes collègues sont très calés dans ce qu'ils font, alors que moi, je m'occupe de logistique. Je passe le gros de mon temps à travailler dans l'Arctique. Cela fait 40 ans que j'utilise tous les dispositifs dont je peux disposer pour déplacer des matériaux.
Pour répondre à votre question, madame St-Denis, le transport d'articles par eau est le moyen le plus économique. Lorsque vous recourez au transport par eau, vous transportez le chargement aussi loin que vous le pouvez sur l'eau. Puis, vous le montez à bord d'un train, parce que cela coûte un peu plus cher, et s'il n'y a pas de train, alors vous le montez à bord d'un camion, et cela vous coûte un peu plus d'argent. Si vous n'avez aucun autre choix, vous le montez à bord d'un avion.
Pour dire les choses simplement, le rapport, sur le plan du coût, entre le transport par eau et le transport par avion, est d'environ un pour 10. Si vous pouvez transporter le fret par eau pour 1 $ la livre ou 1 $ le kilo, alors il vous en coûtera 10 fois plus si vous choisissez l'avion.
Je pense que tout ce qui concerne les communautés isolées dans le Nord est fonction du coût. Si une collectivité compte 400, 500 ou 1 000 habitants, toutes ces personnes sont loin des routes et de tout le reste. Comme l'ont mentionné mes collègues, une fois par an, vous aurez la visite d'un navire de transport maritime. Celui-ci quittera Montréal, Hay River ou Churchill pendant l'été et déposera tout son chargement. Celui-ci devra être entreposé pendant toute une année. Il faut avoir une capacité d'entreposage de 40 millions de litres de carburant ou de 400 000 pieds carrés d'espace d'entrepôt, et tout l'argent doit être dépensé en une fois. Dans le scénario du dirigeable, qui assurerait un ravitaillement une fois par semaine, une fois par mois ou une fois par jour — selon ce qu'imposeraient les facteurs économiques —, celui-ci serait certainement plus économique que ce qui est en place aujourd'hui dans ces collectivités.
La plupart des entreprises de l'industrie des ressources avec lesquelles ou aux côtés desquelles je travaille depuis des années ont examiné l'idée du dirigeable et dit qu'elle est vraiment très bonne. Certaines études qui ont été faites montrent comment l'on pourrait construire le gazoduc du Mackenzie en tout transportant par dirigeable. Encore une fois, un projet sur papier, mais...
Il existe d'énormes possibilités pour aider les collectivités dans le Nord, comme l'ont mentionné mes collègues. Par ailleurs, l'industrie a découvert, partout dans les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut, des ressources qu'il lui est impossible d'exploiter de manière rentable. Elle ne peut pas s'en approcher suffisamment au moyen des routes de glace et du transport maritime. Tout est laissé en rade. Lorsqu'on est en rade, on ne peut pas exploiter les ressources et il n'y a pas de formation, pas d'éducation.
Si vous prenez la région située autour de Yellowknife, où trois mines de diamant ont vu le jour depuis le début des années 1990, il s'y est fait un transfert de connaissances phénoménal, et 40 p. 100 des employés sont autochtones. Et pour revenir sur votre commentaire au sujet des compagnies aériennes et des avantages pour les habitants du Nord, le transporteur aérien Canadian North dessert tout le Nord canadien. Cette compagnie appartient aux Inuits, aux Inuvialuits. First Air, qui relève aussi de la Société Makivik, est, je pense, la propriété de groupes autochtones.
Ces compagnies aériennes qui desservent le Nord en bénéficient. La majorité de leurs employés sont des employés locaux. C'est un énorme avantage pour elles de pouvoir employer ces personnes et poursuivre ainsi leur activité.
Je pense qu'en ce qui concerne l'aspect coût, la plus grosse préoccupation, lorsqu'il s'agit de ravitailler les collectivités du Nord, est le problème des bananes noires, des tomates noires et des laitues noires. En effet, si le transport des denrées alimentaires que vous faites venir n'est pas efficace, alors les aliments noircissent et vous les jetez, et cela vous coûte deux fois plus cher que si le transport était assuré sans délai.
Je suppose que je pourrais vous entretenir longuement de toutes sortes de choses. Quoi qu'il en soit, tout coûte beaucoup plus cher dans le Nord et il n'existe que très peu de possibilités de transporter des marchandises de manière économique.
Pour ne vous donner qu'un exemple, en 2006, les routes de glace au nord de Yellowknife, et qui sont très sophistiquées... Barry a mentionné l'émission Le Convoi de l'extrême. C'est un petit peu une farce à la télévision. Mais il avait été prévu de transporter 10 000 chargements de camion en l'espace de 10 semaines. Eh bien, 3 300 chargements ne sont pas arrivés à destination. Il a fallu faire appel à tous les avions cargos disponibles capables d'atterrir à Yellowknife pour assurer le transport de tous ces chargements — il y en avait pour des millions et des millions de dollars d'activité, mais il n'y avait pas d'autre solution pour que les mines et tout le reste puissent continuer de tourner.
L'avantage économique serait énorme si le transport pouvait être assuré en permanence.