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Merci. Monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Paul Moist. Je suis le président du Syndicat canadien de la fonction publique. C'est avec grand plaisir que je me présente devant vous et que je prends quelques minutes pour vous parler d'infrastructures et de leur financement.
Nous travaillons aux côtés de la Fédération canadienne des municipalités. Nos membres employés dans les municipalités se comptent par dizaine de milliers et l'ensemble de nos membres atteint 600 000 salariés partout au Canada. J'ai eu le plaisir d'échanger un peu avec le gouvernement à l'occasion du Forum sur les infrastructures municipales organisé par la Fédération.
Aujourd'hui, je parlerai surtout des partenariats public-privé, ou PPP, en regard du financement des infrastructures. Disons que nous abordons la question sous l'angle des politiques publiques. Ce qui nous préoccupe le plus, ce sont les finances publiques et la prestation des services, mais nous ne mettons pas en question pour un instant le partenariat historique existant entre le secteur privé et le secteur public.
Vous tous connaissez bien le mode d'approvisionnement traditionnel et la procédure d'appel à la concurrence pour les marchés d'étude et les marchés de travaux. En général, cette procédure a bien servi le Canada pendant des décennies. Le secteur public est le bailleur de fonds habituellement, car il peut emprunter à un faible taux, et, au Canada, il offre généralement les services dans des structures bâties par le secteur privé.
Le nouveau paradigme que nous appliquons, qu'on a baptisé le PPP, ou partenariat public-privé, est marqué par la remise en question de beaucoup de fonctions différentes maintenant. Il continue d'être utilisé comme une sorte de financement au noir parfois et il est sujet à controverse dans bien des milieux. L'idée de réussir à dépenser plus et à bâtir plus d'infrastructures en dépit d'un faible apport personnel doit être soumise à un examen vraiment approfondi.
Dans notre exposé, au bas de la première page, nous parlons un peu de la situation au Royaume-Uni. Nous soulignons que le ministre actuel de la Santé du gouvernement britannique dit que leur propre version d'une initiative de financement public place le système de santé « au bord du gouffre financier ». Un des témoins qui sont parus devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, M. Siemiatycki, a qualifié l'expérience britannique d'une sorte de « tour de magie ». Nous ne voulons pas reproduire cette expérience au Canada, du moins de l'avis du SCFP. Au Royaume-Uni, le passif pour ces initiatives atteint plus de 300 milliards de livres, ce qui correspond à près de 500 milliards de dollars canadiens, soit environ 20 000 $ par famille britannique. Il incombe maintenant au régime public de faire face à un tel niveau d'endettement.
Par comparaison, le Canada est là où en était le Royaume-Uni avant que n'éclate la bulle des PPP. Notre exposition au risque est beaucoup moindre, mais j'ai envie de vous dire, monsieur le président, mesdames et messieurs, de bien regarder ce qui arrive autour de nous.
La semaine dernière, le vérificateur général de l'Ontario a déposé les résultats préalables de la vérification de l'usine à gaz de Mississauga. C'était une forme de PPP visant à desservir en énergie le sud de l'Ontario. La révocation du contrat coûtera près de quatre fois le coût réel de la construction de l'usine. Un taux d'intérêt de 14 p. 100 d'un fonds spéculatif basé aux États-Unis et dans les îles Caïmans. On n'est pas près de voir le fond du baril dans cette affaire. À mon avis, c'est ce qui a fait tomber le premier ministre de l'Ontario. C'est un PPP.
Au Québec, le vérificateur a constaté que le PPP conclu pour la construction du Centre universitaire de santé McGill est beaucoup plus coûteux que ne l'aurait été l'option publique. La vérification n'est pas terminée. Il y a deux ans à peine, le Conseil canadien pour les partenariats public-privé décernait la médaille d'or à ce projet pour la qualité de son financement. Aujourd'hui, l'ancien PDG du Centre fait l'objet d'un mandat d'arrestation. SNC-Lavalin est accusée de fraude en lien avec ce projet. Vous savez tous que la Banque mondiale, la semaine dernière, a décidé d'exclure SNC-Lavalin de sa liste de fournisseurs pour une période de 10 ans. Le gouvernement du Québec a indiqué qu'il n'y aurait pas d'autres hôpitaux construits selon la formule d'un PPP au Québec. L'histoire du Centre n'est pas terminée.
Le gouvernement conservateur du Royaume-Uni fait le nécessaire en vue de limiter les opérations et l'entretien dans le cadre de futurs PPP et d'accroître la transparence. Nous allons dans la direction opposée, PPP Canada déclarant en fait que les opérations et l'entretien doivent faire partie des PPP bénéficiaires d'un financement du Fonds PPP Canada.
Il y a un mois, j'ai eu une rencontre avec le maire de Regina. La municipalité fait une demande d'aide financière au Fonds PPP Canada, parce qu'on lui a dit que c'était le seul moyen d'obtenir un financement à hauteur de 25 p. 100 des travaux de 200 millions de dollars que nécessitera la construction d'une usine de traitement des eaux usées. Le maire a déclaré au Leader-Post de Regina que ce n'était pas là son option préférée, mais que c'était la seule façon d'obtenir de l'argent du gouvernement fédéral.
Les organes de PPP aux échelons fédéral et provincial — pas toutes les provinces, mais sûrement en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick — ont la tâche impossible de promouvoir les PPP et d'évaluer les PPP. Du coup, il y a un conflit d'intérêts. Je ne sais pas comment on peut faire les deux.
Nous savons, quand la vérité sort du sac et que la preuve en est faite, que l'hôpital de Brampton, construite en PPP, aurait dû être construit par le secteur privé, bien sûr, mais que le financement des travaux n'aurait pas dû être assuré par le secteur privé. Le vérificateur général de la province a appris à M. McGuinty, au moment où ce dernier est entré en fonction, je crois que c'est en 2004, la deuxième année de son mandat, que le gouvernement aurait pu épargner 200 millions de dollars en finançant lui-même la construction de l'hôpital, soit en appliquant la façon de faire traditionnelle.
Je veux qu'on comprenne bien qu'on ne remet pas en question qui doit construire ces ouvrages. La qualité des travaux ne fait aucun doute. Le respect des délais ne fait aucun doute.
M. McGuinty est devenu premier ministre en 2003, contestant un PPP couronné de succès sur lequel on a beaucoup écrit, et je parle de l'autoroute 407. C'est une bonne autoroute. Ça fonctionne très bien. Elle est bien construite. Elle a été terminée dans les délais. Ce fut un bon investissement pour certains. M. McGuinty était d'avis qu'un contrat de 99 ans représentait un investissement épouvantable pour les Ontariens. Il voulait, dans l'intérêt public, revoir cette clause des 99 ans. Il s'est adressé aux tribunaux pendant les six premiers mois de son entrée en fonction, pour se faire dire que le contrat était inattaquable du point de vue du consortium. C'est une très bonne autoroute, bien construite, construite dans les délais, et un très bon investissement pour certains, notamment les caisses de retraite. Mais est-ce que l'intérêt public prime, si on tient compte de l'argent versé par les citoyens de l'Ontario pour une autoroute que peu d'Ontariens emprunte?
En dernier lieu, monsieur le président — car le temps file —, le comité réfléchit à la question de la réduction de la bureaucratie en plus des PPP. Nous avons lu avec intérêt les observations du au sujet de la réduction de la réglementation et de allégement du fardeau pour les entreprises faisant affaire avec le gouvernement. Nous trouvons cela plutôt ironique, car le mouvement syndical, pour sa part, subit une bureaucratie encore plus tatillonne. Le projet de loi , encore à l'étude au Sénat, ajoute une bureaucratie incroyable alors que la fonction publique fédérale subit des coupures.
Le coût de transaction initial des PPP, pour ce qui concerne la paperasserie, est plus de deux fois plus élevé que pour un approvisionnement traditionnel. Je sais que beaucoup de petites municipalités se sont plaintes à tous les ordres de gouvernement du fait qu'elles ne peuvent se permettre de faire concurrence, même pour soumissionner à un PPP. Elles n'en ont pas les moyens. Si la bureaucratie fait partie de vos préoccupations, vous en trouverez beaucoup en vous penchant simplement sur le processus de PPP.
Les administrations locales sont obligées de mettre de l'argent sur la table et elles sont responsables de ces services. Nous croyons qu'elles savent ce qui est le mieux. Certaines choisissent les PPP, d'autres pas. Certaines ont l'impression qu'elles n'ont pas le choix à l'heure actuelle.
Finalement, vous devez prendre en considération également l'augmentation des infrastructures dans le secteur privé — les investissements du secteur privé dans son propre secteur. Nous ne sommes pas compétents en la matière, mais à titre de chef syndical, j'assiste à la rencontre annuelle des présidents des syndicats avec le gouverneur de la Banque du Canada. Il se montre toujours intéressé à nous rencontrer. Nous lui avons posé des questions au sujet des commentaires qu'il a formulés plus tôt cette année relativement au peu d'empressement du secteur privé d'investir les plus de 500 milliards de dollars en capitaux qui dorment dans ses coffres, ni de moderniser l'équipement de ses usines. Certains ont reproché à M. Carney d'avoir fait ces remarques, mais nous croyons que le gouvernement actuel et ceux qui l'ont précédé ont tenté de créer un environnement favorable à la croissance des affaires au Canada, notamment en réduisant l'impôt des sociétés.
Quand les entreprises ont un coussin de centaines de millions de dollars et qu'il n'existe pas vraiment une stratégie de développement de la main-d'oeuvre au pays — ce qui se passe au pays soulève beaucoup de controverses, et notamment le programme de travailleurs temporaires étrangers —, nous pensons que les entreprises, quand nous améliorons leurs résultats, ont la responsabilité de réinvestir leurs profits au Canada. Nous sommes plutôt d'accord avec le gouverneur Carney. La plupart de nos observations ont visé les PPP.
Pour terminer, monsieur le président, il y a un intervenant qui n'a pas été en mesure de venir aujourd'hui et c'est le professeur John Loxley. Nous avons déposé sur le bureau du comité, dans les deux langues officielles, un travail commandé à ce dernier. Il s'agit d'un guide qui traite des questions que les municipalités devraient se poser en regard des PPP. Nous l'avons distribué à toutes les administrations locales au Canada et je vous le recommande. J'aurais aimé qu'il soit là. L'optimisation des ressources, le transfert du risque, l'illusion est quelquefois plus forte que la réalité.
Nous encourageons fortement le gouvernement du Manitoba à adopter une loi obligeant les décideurs à faire preuve de plus de transparence dès le début de la démarche décisionnelle.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité. Je m'excuse pour le retard. Je croyais que la rencontre avait lieu dans les immeubles sur la Colline. Les quiproquos s'enchaînent. Malgré tout, tout est bien qui finit bien.
Je m'adresse à vous aujourd'hui à titre personnel. J'enseigne à l'École de politique et d'administration publiques de l'Université Carleton. J'ai également dirigé le Centre de recherche et de formation sur le milieu urbain, qui s'intéresse entre autres aux secteurs d'investissement dans les infrastructures, en particulier les infrastructures municipales, et évidemment, le lien entre cela et la fonction du gouvernement fédéral. Nous nous occupons également des questions d'approvisionnement. J'ai vu qu'une partie des questions sur lesquelles se penche le comité auraient un rapport avec cela également et c'est pourquoi, si je peux me permettre, j'aimerais apporter ma contribution au débat sur la question.
Il y a peu de temps, un collègue et moi-même nous préparions à rédiger une étude sur ce sujet même de l'investissement dans les infrastructures, et en particulier sous l'angle de la fonction remplie par le gouvernement fédéral. Je n'ai pas eu le temps de coucher sur papier les éléments de mon argumentaire, mais il me fait plaisir de transmettre les points que j'ai réussi à réunir.
Voici une ou deux choses pour simplement clarifier les hypothèses.
Quand vient le temps de s'attaquer à la question de savoir quel est le meilleur moyen d'investir dans les infrastructures, il s'agit en fait de peser le pour et le contre de divers critères. Au nombre des critères que nous avons mis en lumière, il y a l'efficience, la responsabilité, la transparence, l'autonomie et la flexibilité à l'échelon local, l'équité, la facilité à administrer, la viabilité financière — c'est-à-dire la stabilité de ce financement —, le risque de politisation, le risque d'éviction, par rapport certainement aux investissements du secteur privé, sans oublier la sensibilité aux facteurs environnementaux. Ce ne sont là qu'une partie des critères qu'on aborde quand on examine les infrastructures.
Pour ce qui est d'une définition, l'autre jour, j'ai écouté le débat. Une des questions posées a été la suivante: « Que voulez-vous dire par “infrastructure”? » En général, j'applique la définition suivante: les installations, les services et les immobilisations de base nécessaires pour assurer le bon fonctionnement d'une communauté ou société, par exemple, les systèmes de transport et de communication, les aqueducs et les lignes électriques, et les établissements publics tels que les écoles, les bureaux de poste et les prisons. Bien sûr, il existe d'autres définitions, lesquelles renvoient à d'autres choses en plus, mais il est certain que je n'engloberais pas, à cette étape, l'infrastructure sociale, l'infrastructure culturelle, voire les infrastructures sportives, ce genre de choses.
La première question qu'on nous a soumise concernait la réduction de la bureaucratie. Je crois que le problème auquel vous êtes confrontés dans ce cas et auquel nous sommes nous aussi confrontés, c'est que la bureaucratie pour l'un est la diligence raisonnable pour l'autre. Comme nous le savons tous, en ce moment même, nous en voyons la preuve à la Commission Charbonneau. La commandite et autres cas du genre sont encore frais à l'esprit dans la population. Il y a toujours, je crois, la préoccupation croissante d'en avoir pour son argent.
De plus, si nous voulons réfléchir sérieusement à la réduction de la bureaucratie, alors moi comme bien d'autres prétendons que le meilleur moyen d'y arriver consiste à vraiment décentraliser le système plutôt qu'à le centraliser, que ce soit à l'échelon provincial ou, dans le cas présent, à l'échelon fédéral. Je vais en parler dans mes recommandations, mais particulièrement en ce qui concerne les grandes villes, idéalement, je souhaiterais que le gouvernement fédéral accroisse l'espace fiscal accordé aux municipalités pour l'impôt sur le revenu, ou peut-être le partage des recettes fiscales. On réduirait ainsi les coûts de transaction — donc surveillance et audit — qui sont constatés dans tous les transferts entre gouvernements et administrations, et la responsabilité locale serait sans aucun doute accrue. On atténuerait ainsi, en un certain sens, la tendance à politiser le financement des infrastructures.
De plus, on réduirait la dépendance des municipalités à ce qu'on appelle quelquefois « les fonds gratuits » et à ce qui a été comparé récemment à une sorte de crack pour les administrations municipales. Elles n'arrêtent pas d'aller trouver les gouvernements pour obtenir une dose de financement, mais l'effet est temporaire et se dissipe et la somme obtenue n'est jamais tout à fait suffisante. Donc, je pense vraiment que nous avons un problème avec cette culture de la dépendance entre administrations publiques.
Je sais que mon collègue a traité en profondeur des PPP; je vais donc consacrer un peu plus de temps à parler de la question de la politisation. Dans son rapport 2010, intitulé The Changing Face of Infrastructure, KPMG a affirmé que la politisation des dépenses incitatives causait un problème fondamental pour les programmes futurs et que, dans un sondage international récent de KPMG, les hauts fonctionnaires avaient caractérisé la tendance des gouvernements à envisager trop souvent les infrastructures sous l'angle politique, de principal obstacle à un investissement soutenu à long terme dans les infrastructures.
Voici une autre citation. Je vous en donne une seule de plus par Lafleur, laquelle, à mon avis, rend plutôt bien cette idée.
Au lieu d'essayer d'esquisser une stratégie des transports nationale, ce qui comportera inévitablement le choix des gagnants et des perdants, le gouvernement fédéral devrait transférer une capacité budgétaire. Car c'est bien le noeud du problème, après tout. On imagine mal le gouvernement fédéral plus qualifié que les élus municipaux pour prendre des décisions en matière d'infrastructure locale Il peut cependant atténuer le manque de recettes auquel font face quasiment toutes les municipalités en versant à ces dernières le produit des taxes sur les carburants réparti selon le nombre d'habitants. Les villes auraient ainsi accès à une nouvelle source de revenus stable. La mesure mettrait ainsi fin aux accords de financement ponctuels hyper-politisés qui amènent souvent les municipalités à prendre de mauvaises décisions en matière de transports.
Je pense que le principal enjeu, c'est de déterminer l'ampleur des attributions que vous considérez possible et dans quelle mesure cette transformation est réaliste. Nous savons, bien sûr, que la Constitution pose problème, mais, d'un autre côté, les municipalités, comme vous le savez, se sont vues dépouillées de leur pouvoir d'imposition sur le revenu par le gouvernement fédéral, qui ne leur a jamais rendu. Ce pouvoir a été redonné aux provinces, mais pas aux municipalités. Je dirais que, si vous examinez sérieusement le coût de ces opérations, vous constaterez qu'ils sont considérables, en particulier s'il faut assurer la surveillance des travaux. En tant que position par défaut, je vous demanderais s'il est nécessaire que vous soyez dans cette position de bailleur de fonds et s'il vous est possible de décentraliser cette fonction ou de déléguer ces pouvoirs à l'échelon local. Les municipalités ont les outils nécessaires. Si elles en ont besoin d'autres, les options pourront être étudiées plus à fond.
En ce qui concerne les détails de la réduction de la bureaucratie, le problème est grave, je le sais, surtout pour les petits entrepreneurs qui ne sont pas en mesure de soumissionner à un trop grand nombre d'appels d'offres avant de connaître les résultats de concours auxquels ils participent. Les doléances dont j'entends parler ont trait plus particulièrement au grand nombre d'étapes de sélection et d'enquêtes exigées par plusieurs ministères. On en vient à se demander si ce n'est pas cet aspect qui pourrait être centralisé.
Lors de notre étude portant sur la taxe sur l'essence, ils ont également fait ressortir qu'il arrive pas mal souvent que le début des travaux soit retardé jusqu'à ce que le ministre ou le député soit disponible pour la première pelletée de terre ou la presse. Encore une fois, je crois que ces questions — la politisation et l'efficience — doivent être étudiées en même temps. Quant à une plus grande concurrence, la première chose à examiner certainement, c'est la notification d'un marché et peut-être le temps et l'information nécessaires pour que les entreprises sachent quel est l'état du marché.
Le deuxième enjeu soulevé concerne le dégroupage des contrats. Comme vous le savez, en particulier dans le cas des PPP, on a tendance à regrouper tout le fourbi, ce qui, dans une certaine mesure, rend le marché moins attrayant ou moins réalisable pour les petites entreprises, ce qui laisse la voie libre aux suspects habituels, soit quelques-uns des gros joueurs dans les infrastructures et en particulier les PPP à l'échelle internationale.
L'autre source de préoccupations, ce sont les contrats à compartiments, qui favorisent les titulaires pour le travail à venir. Pour ceux qui sont familiers avec cette formule, il y a ce qu'on appelle une entente-cadre, qui présente l'inconvénient de pouvoir servir de schéma orientant les choix contractuels à venir. Une entente-cadre ne s'intéresse pas habituellement aux modalités du contrat immédiat, mais à celles des autres contrats potentiels. Le schéma sert de barème à la préparation de futurs contrats.
Si c'est un enjeu, je crois qu'il a été soulevé au moins à l'échelon municipal.
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Oui. Ma position à l'égard des PPP c'est qu'ils ne sont pas du tout mauvais au départ. J'estime que tout dépend des règles d'engagement. Si on peut avoir un cadre de travail pour que l'engagement se fasse avec un certain degré de transparence, ce serait un excellent début.
En regardant plus près de chez nous, nous avons récemment vécu la question du projet d'aménagement de Lansdowne où la participation du public avait beau être légitime, on y a coupé court pour aller de l'avant et confier l'initiative à un fournisseur unique, et ce, de manière tout à fait spontanée. Il me semble que si nous participons à des projets de ce genre, la méfiance à l'égard des PPP ne fera que persister. Il faut bien entendu un certain degré de confidentialité commerciale, mais nous sommes en train de souscrire à des ententes qui demeureront valables d'ici 20 ou 30 ans sans avoir à être renouvelées tous les quatre ans au terme de chaque cycle électoral. Il me coûte de croire que nous ayons permis qu'un projet comme celui de Lansdowne ait pu aller de l'avant dans la capitale d'un pays qui se veut parmi les meilleurs en termes de gouvernance. Et pourtant, nous avons permis que cela se produise.
Je cherchais une citation. C'est quelque chose que — si je peux le trouver. Il s'agit essentiellement de la banque d'investissement asiatique qui dit que sous aucun prétexte... C'est un conseil donné au Pakistan et à l'Afghanistan, soit qu'un partenariat public-privé ne doit sous aucun prétexte être confié à un fournisseur unique. Ce genre de partenariat est strictement interdit, or c'est exactement ce que nous avons permis qu'il arrive.
J'ai eu le bonheur de constater que de nombreux gouvernements provinciaux sont en train d'essayer de consolider ce cadre de travail afin que les PPP puisse être perçus comme fiables, transparents, etc. Côté législation, ils ont demandé une transparence claire et concise de la part des PPP et des responsabilités bien définies dans chaque situation. Plus particulièrement, ils ont demandé que les PPP effectuent une analyse détaillée des risques et de la rentabilité pour déterminer si une entente PPP fournit le meilleur rapport qualité-prix, une fois de plus, quelque chose qui n'a pas été fait ici dans cette ville.
Consulter le public avant de lancer l'appel d'offres, et non pas après. C'est là la clé. Désigner un tiers indépendant pour l'examen de l'appel d'offres et la surveillance du processus, afin de veiller à ce que les choses se déroulent de manière juste et équitable. Rendre du domaine public les conditions et modalités du contrat de PPP. Évidemment, nous ne devrions même pas avoir à mentionner ces choses, et cependant il le faut.
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Eh bien, je crois que vous allez pouvoir donner une petite leçon à la Bibliothèque du Parlement, parce que selon leurs estimations, le déficit d'infrastructure se chiffre, au Canada, entre 44 et 125 milliards. Quoi qu'il en soit, c'est un chiffre encore une fois loin d'être négligeable, je crois que nous sommes tous d'accord là-dessus.
Si j'évoque ce déficit, c'est parce qu'on aimerait pouvoir penser que les budgets des municipalités sont équilibrés. Je me souviens que dans ma ville de London, en Ontario — qui est la 10e ville du Canada —, nous avions une crevasse dans un secteur central de la ville. Je vous parle d'une situation qui remonte déjà à quelques années, mais il semble que les travaux d'entretien nécessaires n'avaient pas été accomplis, et il s'agissait d'un gros chantier, si bien que la municipalité s'est mise à la recherche d'un financement complémentaire.
Cela m'a rappelé ce que disait, à l'époque, ma maman qui venait du Cap-Breton. Un jour, alors que j'avais du mal à joindre les deux bouts, je me suis adressé à elle et elle m'a répondu: il ne faut pas que, parce que tu planifies mal tes dépenses, je me retrouve moi en difficulté. Je me suis alors tourné vers mon père, mais il ne m'a pas aidé non plus.
Donc, lorsqu'on songe au déficit lié à l'infrastructure, on doit se demander si c'était vraiment inévitable. Je crois que nous savons tous à qui en revient la responsabilité.
Il y a une chose que je n'ai pas entendu évoquer, et c'est le rôle joué par les provinces dans tout cela. Les municipalités sont des créatures de la province, mais voilà que, pour une raison ou pour une autre, peut-être pour se faire valoir politiquement ou pour toute autre bonne raison, le gouvernement fédéral intervient, et du jour au lendemain il se retrouve avec le problème sur les bras, même s'il a ses propres responsabilités par ailleurs. J'aimerais comprendre pourquoi il en est ainsi.
Monsieur Moist, vous avez soulevé une question importante lorsque vous avez dit que c'est notre gouvernement qui a introduit la taxe sur l'essence, pour la doubler par la suite. En fait, vous avez dit qu'elle avait été indexée et c'est moi qui vous dis que nous l'avons doublée. Dans ma ville, cela représente 21 millions de dollars par an, et même si nous ne sommes ni Toronto ni Montréal, une somme de 21 millions indexés, ça n'est pas rien. Par conséquent, imaginons que ma ville de London se lance dans un projet de 100 millions de dollars, nous pourrons compter sur le fait que, pendant un certain nombre d'années, nous saurons d'où viendra l'argent.
Monsieur Moist, est-ce que le SCFP a pris position sur l'indexation de la taxe sur l'essence? Est-ce que c'est une bonne chose, une mauvaise chose, ou quelque chose d'autre?
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Par l'intermédiaire de la présidence, merci. C'est une très bonne question.
Parmi les problèmes que nous avons rencontrés en étudiant la taxe sur l'essence pendant trois ans, dans cinq provinces, il y a les différents problèmes qui se posaient aux corporations municipales. Certaines nous ont dit qu'elles recevaient 300 types de financements différents, provinciaux, fédéraux et autres. Pour certaines des municipalités les plus petites, c'était un problème. Aussi, parce que c'était en réalité dirigé — là encore probablement pour des raisons politiques — vers les villes ou les collectivités les plus petites, certaines recevaient des chèques de 3 000 $, ce qui ne va pas loin en matière d'infrastructures. Nous avons eu le sentiment que le plus rentable, c'était les projets d'infrastructures dans les grandes villes.
Dans quel cas un PPP serait-il utile? Certains secteurs s'y prêtent bien, les routes par exemple, parce que l'on peut y installer un péage et générer un revenu. Par rapport à d'autres secteurs, c'est assez consensuel.
Si je peux rapidement inverser la question, dans notre article nous avons mis en avant cinq secteurs qui ne sont pas adaptés à un partenariat public-privé. Si vous avez un contrat à fournisseur unique sans appel d'offre alors il ne faut pas l'envisager. Il me semble que cela va de soi, mais ça arrive parfois.
Par ailleurs je ne crois pas qu'il faille utiliser des partenariats public-privé lorsque l'espace public est concerné et que c'est très controversé. À l'évidence c'est le cas de Lansdowne ainsi que d'Eaton à Toronto. C'est dans ce cas que la participation du public est cruciale. Il ne s'intéressera peut-être pas à une route entre deux villes, mais il se sentira concerné par l'utilisation des terres publiques. Par conséquent, l'utilisation du secret commercial me paraît injuste.
Lorsque des conseillers sont financés par le partenaire privé du modèle de PPP proposé dans l'accord, cela me semble aller contre la notion même de bonne gouvernance. Enfin, l'impression donnée est choquante. Lorsque la capacité municipale est insuffisante, très souvent au niveau municipal mais aussi provincial et fédéral, les gens se font embobiner par de grosses sociétés internationales qui ont des juristes spécialisés dans ce type de contrat.
Enfin, et c'est important, il y a le sport. Je ne crois pas qu'il faille mêler PPP et sport. Le sport a tendance à être trop émotionnel, cela domine les enjeux autour du sport, au contraire d'une véritable analyse coût-bénéfice.
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Je voudrais commencer en disant que j'ai entendu un peu plus tôt la position du gouvernement et je dois avouer que j'ai eu un petit mal de coeur.
Lorsque je siégeais au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, il avait au moins la décence de dire qu'il y avait effectivement un problème par rapport à l'étude et que les PPP n'étaient pas applicables en toutes circonstances. Aujourd'hui, j'entends dire que ce n'est pas le cas. Peu importe les conséquences, il y a des gens qui en profitent et c'est correct de faire des PPP.
On a parlé du Royaume-Uni, où il y a des conséquences en ce qui a trait à la dette et aux services dans les hôpitaux. Je vois des drapeaux rouges. Bientôt, le pont Champlain sera construit au Québec. Il y a aussi eu la construction de la A-25. Je pense qu'à un moment donné, il faut faire un peu attention à la position qui est adoptée.
Quand le gouvernement impose sa volonté en précisant qu'une somme d'argent sera octroyée aux transferts à condition que ce soit des PPP et qu'il n'a même pas la prétention et l'ouverture requises pour faire face aux problèmes, cela entraîne des conséquences.
Dans ma municipalité, en ce qui a trait aux infrastructures, on parle de millions de dollars et les gens n'ont pas les moyens de procéder à cette modification. Maintenant, on nous dit qu'on peut avoir l'argent et qu'il n'y a pas de problème en autant qu'on fasse des PPP, et ce, peu importe les conséquences puisqu'on n'est même pas regardant à cet égard. Il y a un problème. De notre côté, on est en faveur des PPP, mais on a besoin d'une évolution. Tant mieux si notre société peut évoluer.
Je me demande si les témoins ont de brefs commentaires à formuler au sujet des conséquences.