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Merci beaucoup de nous donner l'occasion de vous parler d'une question qui nous tient à coeur, et qui concerne l'optimisation de l'argent des contribuables et les droits fondamentaux de la personne.
Je représente Bernie Melloul, de Melloul-Blamey Construction, l'un des entrepreneurs les plus importants de la région de Kitchener-Waterloo, en Ontario. M. Melloul voulait comparaître devant vous aujourd'hui, mais en raison d'un engagement précédent, il n'est pas en mesure de le faire. Dans mon exposé — qui n'est pas traduit, à mon grand regret, mais j'espère qu'il le sera plus tard —, j'ai ajouté une brève biographie de M. Melloul et de son entreprise.
Si je le représente aujourd'hui, c'est en raison de la relation que nous entretenons depuis 20 ans en tant que membres fondateurs de Merit Ontario, un organisme dont j'ai déjà été le président, et la cause commune que nous défendons, à savoir qu'on optimise l'argent des contribuables en ce qui concerne les appels d'offres publics dans le domaine de la construction, qu'on n'écarte pas certains entrepreneurs et travailleurs qualifiés des appels d'offres publics, et que le gouvernement fédéral respecte la Charte des droits et libertés en ce qui concerne les fonds publics.
D'autres témoins ont comparu pour représenter divers groupes et organismes, mais je suis ici à titre personnel, au nom de M. Melloul; je suis une personne lésée qui parle directement au nom des entrepreneurs à ateliers ouverts, au nom de nos employés, et au nom des employés de l'Ontario que nous connaissons depuis de nombreuses années.
D'autres témoins ont soulevé le problème du gaspillage dans les appels d'offres publics de partout au Canada qui sont dominés par des monopoles. Nos commentaires à cet égard seront donc brefs, et nous nous en tiendrons à la situation de l'Ontario et aux questions pour lesquelles nous offrons une perspective différente.
J'ai remarqué qu'on avait déjà mentionné certains articles publiés dans The Record sur la question du hangar. À cause de ces évènements, la région de Waterloo est menacée par une échappatoire présente dans la Loi sur les relations de travail, car la Commission des relations de travail peut certifier la région à une convention collective de charpentiers comme si elle était une entreprise de construction du secteur privé, et ainsi contrôler le processus d'appel d'offres public sans négocier avec la région; cela permettrait au syndicat de charpentiers et à leurs entrepreneurs associés d'exercer un monopole.
La même chose est arrivée dans la ville de Hamilton et neuf fois dans la ville de Toronto. Essentiellement, cela signifie que les intérêts du secteur privé contrôleront la politique publique sans consentement démocratique, et Melloul-Blamey, qui effectue des travaux dans la région depuis des décennies — c'est-à-dire depuis 30 ans — et qui travaille actuellement sur le plus grand projet de construction de la région, sera écarté des futurs appels d'offres publics pour la région. L'entreprise perdra tout simplement l'un de ses clients les plus importants, à cause d'une échappatoire présente dans la Loi sur les relations de travail. L'entreprise et tous les autres entrepreneurs de la région seront exclus du financement fédéral qui pourrait être versé dans la région, surtout le financement du tiers de la ligne TLR de 800 millions de dollars à Kitchener-Waterloo.
En annexe, l'enquête auprès de l'industrie sur le taux de syndicalisation de l'Ontario, préparée par le mouvement syndical par l'entremise du Secrétariat ontarien à la construction, montre les effets dévastateurs de cette certification sur les contribuables de la région et sur les entrepreneurs locaux. En effet, 87 p. 100 des entrepreneurs de la région ne sont pas affiliés à un syndicat, et ils seraient donc écartés d'un processus d'appel d'offres public pour la région. Pourtant, ceux qui défendent le contrôle et le monopole exercé par les entreprises de construction sur le processus d'appel d'offres public affirment que l'élimination de 87 p. 100 de la concurrence n'entraînera aucun coûts supplémentaires. N'est-ce pas absurde?
Lorsqu'on les écoute, on pourrait penser que l'infrastructure de Waterloo est en train de moisir, alors que ce n'est pas le cas. La vérité, c'est que l'infrastructure du Québec et de Toronto est en train de s'étioler en raison du monopole exercé par des entreprises de construction sur les processus d'appel d'offres publics et des coûts supplémentaires engendrés.
Les arguments vides de sens et fondés sur des motifs politiques formulés par ceux qui défendent les processus d'appel d'offres fermés et la discrimination contre les entrepreneurs à atelier ouvert et leurs employés doivent être dénoncés et leur vraie nature doit être mise à jour: ce sont des arguments hypocrites qui servent certains intérêts politiques. Nous implorons le gouvernement fédéral d'intervenir et d'imposer des normes nationales qui favoriseront les pratiques d'appel d'offres éthiques et morales lorsque les dollars fédéraux sont en jeu; si une province refuse de se conformer à ces normes, elle ne pourra pas toucher l'argent.
Il y a bien sûr des gens qui affirment que le gouvernement fédéral ne devrait pas ou ne peut pas imposer des normes qui pourraient interférer avec les compétences provinciales en matière de lois sur le travail. Nous répondons que cela n'a aucun sens.
Dans l'extrait de la Cour suprême du Canada qui se trouve en annexe, le juge Bastarache, dans R. c. Advance Cutting & Coring Ltd., en 2001, a souligné que les appels d'offres du gouvernement ouverts seulement aux entreprises de construction syndiquées violaient les droits des employés d'entreprises à atelier ouvert tels que garantis par la charte, et que c'était une forme d'association forcée et de conformité idéologique.
Il est important de souligner, dans l'extrait de la Cour suprême du Canada en annexe, la référence au droit le plus fondamental des droits proposés par M. Etherington dans ce qui représente une violation de la liberté d'une personne de ne pas s'associer:
Le premier droit à la liberté susceptible d'être menacé par l'association forcée serait l'établissement ou l'appui par le gouvernement de parties ou de causes. Le deuxième se définissait comme étant l'atteinte à la liberté individuelle d'adhérer à la cause de son choix. Les troisième et quatrième consistaient en imposition d'une conformité idéologique.
La Cour suprême du Canada est l'autorité suprême de notre pays en ce qui concerne les compétences fédérales et provinciales, et nous soutenons que nos droits ne sont pas respectés par les appels d'offres aux entreprises à atelier fermé et qu'obliger les provinces à respecter la loi qu'elles ont décidé de mettre de côté en raison de motifs politiques douteux ne constitue pas une interférence fédérale dans les compétences provinciales.
Sur le plan pratique, il existe certaines procédures simples par lesquelles le gouvernement fédéral peut mieux garantir l'optimisation des dépenses et l'équité du processus d'appel d'offres.
Nous sommes conscients que le gouvernement fédéral lance souvent des appels d'offres pour des projets dans la région de la capitale nationale par l'entremise d'une DP en vue d'obtenir des services de gestion de la construction. Dans la Loi sur le travail de l'Ontario, la gestion de la construction est un processus par lequel un entrepreneur présente une soumission essentiellement fondée sur le temps et l'équipement nécessaires pour gérer le projet, et les contrats des sous-traitants qui accompliront les travaux liés au projet sont conclus directement avec le propriétaire, avec le gouvernement. Dans ces circonstances, la gestion de la construction est autorisée que l'entrepreneur général soit syndiqué ou non. Cela permet de lancer des appels d'offres ouverts. Vous n'êtes pas soumis à l'affiliation syndicale d'un entrepreneur général, car le gouvernement fait les contrats et il n'a aucune obligation.
Nous avons donc eu à composer avec des circonstances dans lesquelles la région de la capitale a lancé un appel d'offres pour un projet majeur et un entrepreneur général syndiqué a obtenu le contrat, mais il n'a dit à personne qu'il allait mettre en oeuvre les exigences de son syndicat dans le contrat. Cela fait une énorme différence dans le prix. Le gouvernement devrait tout simplement comprendre la loi sur le travail et ne pas permettre cela. On peut lancer un processus d'appel d'offres ouvert avec un entrepreneur général syndiqué en vertu d'une entente de gestion de la construction. Il n'y a aucun problème à ce niveau. Cela se fait tout le temps.
La même chose vaut pour les projets P3 si le projet est rédigé de façon appropriée.
À mon avis, les ententes syndicales s'appliquant à des projets sont une calamité. On ne devrait pas permettre le financement fédéral de projets soumis à une convention collective qui renferme une disposition voulant que le projet soit seulement ouvert aux professionnels appartenant à ce syndicat. Les États-Unis sont aux prises avec de gros problèmes de corruption en raison des conventions collectives s'appliquant à des projets. J'en ai fait personnellement l'expérience.
La meilleure analogie en ce qui concerne les appels d'offres ouverts est celle de l'industrie automobile. Si on suit la logique de ceux qui défendent le monopole des entreprises de construction sur les appels d'offres, Honda et Toyota fabriquent, au Canada, des véhicules de piètre qualité, trop chers et non sécuritaires en exploitant leurs travailleurs étant donné qu'ils ne sont pas syndiqués, alors que les gens qui achètent ces véhicules connaissent la vérité, et on se moquerait du TCA si ses membres affirmaient cela en public.
Le problème avec les appels d'offres publics, c'est que les politiciens et les administrateurs publics achètent des services de construction, et la population n'est pas au courant de l'inflation des coûts et des décisions douteuses et peut-être antidémocratiques que les politiciens peuvent prendre pour servir leurs intérêts sur le plan politique.
En terminant, nous aimerions savoir où la corruption commence. Nous croyons qu'au cours de la longue et sombre histoire de la corruption de l'industrie québécoise, tout a commencé par de petites faveurs accordées par des politiciens en vue d'obtenir un appui politique fondé sur le fait qu'on les a convaincus que les syndicats étaient la meilleure chose, et qu'on a convaincu la population aussi, tout en ne tenant pas compte des faits. On a donc créé, étape par étape, un cancer politique, et tout le monde est rapidement devenu redevable de certaines sommes et de faveurs politiques à l'industrie de la construction.
Ne laissons pas cela se produire au Canada. Comme d'autres l'ont dit, il ne s'agit pas d'être pour ou contre les syndicats, mais d'un problème qui oppose le secteur privé et le secteur public. Les appels d'offres fermés permettent aux entrepreneurs affiliés aux syndicats d'exercer un monopole sur les profits, et la gauche et le mouvement ouvrier semblent ne pas du tout en tenir compte. On élimine 87 p. 100 de la concurrence et on donne les profits et un monopole aux 13 p. 100 qui restent. Vous réunissez deux partenaires du secteur privé — le mouvement ouvrier et les entrepreneurs — dans la même pièce, vous éliminez leurs concurrents, et si vous ne pensez pas que la population sera perdante dans ce type d'arrangement, il faut remettre les pendules à l'heure.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci de me donner l'occasion de vous parler de l'importance de conserver les appels d'offres ouverts en ce qui concerne les projets d'infrastructure publics, surtout en Ontario.
Comme vous l'avez entendu au cours de récentes réunions, l'Ontario a de plus en plus de problèmes avec les appels d'offres fermés. Depuis des années, certains syndicats de la construction ont tiré profit d'une échappatoire légale présente dans nos lois sur le travail — qui sont dépassées —, ce qui leur permet de certifier des employeurs du secteur public en entreprises de construction. Une fois certifiés, ces organismes sont ensuite liés à une convention collective qui est négociée au niveau provincial au nom de tous les employeurs de la construction et qui renferme des dispositions strictes à l'égard de la sous-traitance.
Selon les restrictions contenues dans ces ententes, un employeur certifié doit attribuer des contrats uniquement à des entreprises appartenant à un syndicat en particulier. Autrement dit, cette échappatoire légale permet à certains syndicats d'exercer un monopole sur les travaux, ce qui fait augmenter les coûts et retire aux entrepreneurs qualifiés le droit de travailler sur des projets d'infrastructure, y compris ceux financés par les trois niveaux de gouvernement.
Par exemple, Sault Ste Marie a été certifiée par la Fraternité unie des charpentiers et menuisiers d'Amérique, ainsi que par l'Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord. Cet arrangement particulier a empêché la grande majorité des entrepreneurs de travailler sur les projets d'infrastructure publics de Sault Ste Marie, étant donné que les projets municipaux doivent être attribués à des entreprises appartenant aux deux syndicats. Il va sans dire que ce manque de concurrence fait inévitablement grimper les coûts. Par exemple, le Conseil scolaire du district de Greater Essex County a signalé que les coûts de ses projets publics avaient augmenté de 10 à 20 p. 100 une fois l'organisme certifié par plusieurs syndicats depuis le début des années 1980.
De la même façon, la ville de Hamilton avait d'abord signalé une légère augmentation de 5 p. 100 des coûts liés à l'infrastructure publique après avoir été certifiés par le syndicat des charpentiers en 2005. La ville a cependant découvert plus tard, par l'entremise d'une analyse sur les effets de la certification menée par un consultant, que l'augmentation était plutôt de l'ordre de 40 p. 100.
Les millions de dollars nécessaires chaque année pour payer cette augmentation des coûts viennent des contribuables, peu importe leur situation financière. Les Canadiens acceptent de payer leur juste part, mais ils ne veulent pas que leurs impôts augmentent simplement parce que le gouvernement permet à certains syndicats de limiter la concurrence ouverte.
Je dois dire que ce problème est devenu personnel lorsque j'ai appris que le syndicat des charpentiers essayait de certifier ma propre région, la région de Waterloo. Maintenant, je sais que vous avez tous entendu l'histoire des deux travailleurs régionaux à qui l'on avait confié la tâche de construire un hangar de jardin à Wilmot Township un samedi et qui ont signé des cartes syndicales pour faire partie du syndicat des charpentiers. La région de Waterloo, tout comme les autres employeurs du secteur public que j'ai déjà mentionnés, n'a pas volontairement entamé ce processus. Ces deux travailleurs, qui représentaient la majorité des effectifs ce jour-là, ont décidé de faire une demande de certification. Si cette demande est acceptée, presque tous les projets régionaux qui feront l'objet d'appels d'offres devront être attribués à une entreprise appartenant au syndicat des charpentiers. Cela signifie que des milliers d'entrepreneurs et leurs employés perdront le droit de travailler sur des projets d'infrastructure financés à même les fonds publics dans la région de Waterloo. En fait, ces événements empêcheraient jusqu'à 90 p. 100 des entrepreneurs de présenter une offre pour certains projets d'infrastructure.
Par exemple, la région de Waterloo a lancé des appels d'offres pour 140 millions de dollars en projets d'infrastructure liés à l’eau et aux eaux usées depuis décembre 2009, selon la Progressive Contractors Association of Canada. Pour chacun de ces projets, 27 entreprises étaient préqualifiées pour présenter une offre. Toutefois, si la région avait été certifiée à ce moment-là, seulement deux entreprises auraient été préqualifiées pour présenter une offre pour ces projets. Un si petit nombre de soumissionnaires signifie que ce monopole syndical aurait sans aucun doute fait augmenter les coûts d'infrastructure. En fait, Cardus estime que l'augmentation des coûts pour la région de Waterloo pourrait atteindre jusqu'à 78 millions de dollars par année. Ces coûts supplémentaires devront être absorbés par la région, et par la province et le gouvernement fédéral pour les projets d'infrastructure financés conjointement, par exemple le réseau de train léger sur rail, qui vaut environ 820 millions de dollars.
Réfléchissez à cela: si ce projet était assujetti à un monopole du travail qui augmentait les prix de 40 p. 100, il coûterait 325 millions de dollars de plus. Ce sont des coûts beaucoup plus élevés pour les trois niveaux de gouvernement.
Pour empêcher que cela se produise dans ma région, et pour empêcher que cela se produise ailleurs, j'ai présenté un projet de loi à l’Assemblée législative de l’Ontario la semaine dernière intitulé Loi pour des appels d'offres équitables et ouverts. Le projet de loi se fonde sur deux principes fondamentaux. Le premier est l'équité. Je crois que tous les Ontariens, peu importe leurs affiliations syndicales, devraient avoir le droit de travailler sur les projets d'infrastructure financés par les fonds publics.
Le deuxième principe est celui de la concurrence. Quand toutes les entreprises syndiquées et non syndiquées ont la possibilité de se faire une juste concurrence pour obtenir des contrats de construction de ponts et d'édifices publics, comme de nouvelles écoles, on peut veiller à ce que les contribuables paient le moins cher possible pour des travaux de haute qualité.
Étant fondé sur ces deux principes, le projet de loi exempterait les municipalités et les commissions scolaires de l'obligation de négocier à l'échelle de la province dans l'industrie de la construction. En d'autres mots, les syndicats n'auraient plus le droit d'accréditer les municipalités ou les commissions scolaires aux termes des dispositions relatives à l'industrie de la constructions prévues dans les lois du travail de l'Ontario.
Ce projet de loi protège aussi les droits des travailleurs en stipulant expressément que les employés du secteur public auraient encore le droit d'être syndiqués aux termes des dispositions de la Loi sur les relations de travail qui ne visent pas l'industrie de la construction. Il s'agit d'une solution juste et raisonnable qui jouit déjà d'un appui considérable de la part d'entreprises syndiquées et non syndiquées.
En fait, jusqu'à présent, l'Association chrétienne du travail du Canada, Merit Ontario, l'Ontario Road Builders' Association et la Progressive Contractors Association of Canada appuient le projet de loi pour des appels d'offres équitables et ouverts. Leur appui montre que les entreprises tant syndiquées que non syndiquées sont massivement en faveur de la correction d'un problème de longue date en vue de maintenir des appels d'offres ouverts en Ontario.
Bien que l'on reconnaisse depuis un certain temps déjà que les appels d'offres fermés posent problème, les dirigeants municipaux n'ont pas réussi à persuader le gouvernement libéral de l'Ontario à agir. En 2008, le Large Urban Mayors' Caucus of Ontario a adopté une résolution demandant à la province d'exempter les municipalités de l'obligation de négocier à l'échelle de la province dans l'industrie de la construction, mais malheureusement, celle-ci est tombée dans l'oreille d'un sourd.
Manifestement, il reste beaucoup à faire à Queen's Park pour que les députés provinciaux se rallient à cette solution législative. Par ailleurs, si le passé est garant de l'avenir, la province aura besoin d'être incitée à l'action. Voilà où le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle.
Le fédéral pourrait exiger que les paiements de transfert pour la réalisation de projets d'infrastructure soient assujettis à des appels d'offres ouverts pour permettre à tous les ouvriers, indépendamment de leur affiliation syndicale, de travailler à des projets financés par l'État. Cette exigence serait semblable à celle que le fédéral a stipulée dans l'entente avec la Nouvelle-Écosse sur le Fonds Chantiers Canada. En agissant ainsi, le gouvernement veillerait à ce que l'argent des contribuables canadiens serve à améliorer nos collectivités plutôt qu'à subventionner les monopoles syndicaux dans l'industrie de la construction.
En définitive, il n'y a qu'un seul contribuable. Étant donné que l'Ontario accuse un déficit de 60 milliards de dollars sur le plan des infrastructures, nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour mieux optimiser l'argent des contribuables.
Je réclame donc des modifications législatives au provincial et l'établissement d'un dialogue ouvert entre tous les ordres de gouvernement afin de déterminer quelles conditions raisonnables pourraient être mises en place pour garantir une concurrence juste et ouverte. Le fait de permettre à tous les ouvriers de travailler à des projets financés par l'État constituerait un premier pas pour adapter nos lois en matière de droit du travail au XXIe siècle et protéger les contribuables du Canada.
Je remercie le comité de m'avoir donné l'occasion de parler aujourd'hui. Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Contrairement aux entreprises syndiquées, nous ne passons pas beaucoup de temps à nous vanter et à crier sur les toits que nous sommes les meilleurs, les plus efficaces et les mieux formés, mais je n'hésiterais pas à dire que nous le sommes.
Permettez-moi de revenir sur mon analyse de l'industrie de l'automobile. Il y a 40 ans, TCA et les trois grands fabricants d'automobiles détenaient le monopole en Amérique du Nord. Ensuite, il y a eu de la concurrence et, tout à coup, d'autres ont commencé à fabriquer des voitures plus sécuritaires, de meilleure qualité et moins chères. TCA et les trois grands ont compris qu'ils allaient devoir soutenir la concurrence et améliorer leurs normes et la qualité de leur travail — ce qu'ils ont fait.
Dans l'industrie de la construction au Québec, rien de tel n'est arrivé. Or, dans certains secteurs de l'industrie de la construction en Ontario, notamment ceux de la voirie, des égouts et des conduites d'eau principales, qui sont dominés par un syndicat, soit l'Union internationale des journaliers, celui-ci soutient la concurrence de façon très équitable, et ce, même sans de tels monopoles.
Ce qui vous intéresse le plus probablement, ce sont les salaires. J'ai géré 200 employés non syndiqués. En moyenne, nos gens obtenaient plus que ceux qui étaient syndiqués, dans la mesure où une entreprise générale non syndiquée doit faire preuve de loyauté envers ses employés et leur garantir plus d'heures. Autrement, ils iront ailleurs. Nous n'avons pas recours à un bureau d'embauchage syndical pour les remplacer.
La même chose arrive à l'approche de l'hiver. Si nous mettons tous les travailleurs à pied, ils trouveront un autre emploi. Ils risquent de préférer travailler ailleurs et de ne pas revenir. Nous leur trouvons donc du travail. Nous ne faisons peut-être pas autant d'argent pendant l'hiver, mais nous gardons beaucoup plus d'employés de cette manière. Nous créons un climat de loyauté.
Essentiellement, j'avais toujours pour politique de payer les ouvriers quelques dollars de moins que les salaires publiés par les syndicats. Le rendement obtenu grâce à la loyauté de notre équipe nous rendait imbattables sur le plan de la concurrence libre avec les entreprises syndiquées...
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À partir des années 1990, les entrepreneurs généraux syndiqués ont essayé de trouver une façon de faire concurrence aux entrepreneurs non syndiqués sur un marché ouvert.
C'est ainsi qu'en 1989, je crois, ils ont choisi d'inclure dans leur conventions collectives une disposition visant la gestion des travaux de construction. Celle-ci stipule que, si un entrepreneur n'établit pas de relation contractuelle avec un sous-entrepreneur, les parties ne sont pas tenues de respecter les restrictions qui s'appliquent au sous-contrat en question. Le propriétaire est donc lié par le contrat.
Essentiellement, dans un contrat de gestion de travaux de construction, vous embauchez un gestionnaire, soit un entrepreneur général, pour gérer le projet à votre place. Il prépare tous les contrats. Un architecte et un ingénieur sont peut-être invités à dessiner les plans, ou peut-être que c'est l'entrepreneur général qui se charge de le faire. Quoi qu'il en soit, le gestionnaire est embauché pour gérer le projet à votre place, et ce, de façon provisoire: vous n'avez donc pas droit notamment à une roulotte, à une secrétaire ni à un superviseur du site. Il gère tout.
Les gestionnaires font des appels d'offres pour des sous-entrepreneurs qui exécuteront les travaux, mais une fois que le contrat est rédigé, celui-ci est conclu avec le gouvernement. On fait peut-être alors appel à 20 sous-entrepreneurs, mais la véritable relation contractuelle est celle qui lie le sous-entrepreneur au gouvernement, soit le propriétaire.
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C'est très intéressant et je suis content d'entendre nos témoins d'aujourd'hui. Cela va nous aider à cerner certains des facteurs à prendre en compte dans notre étude.
J'y pense, et ça me ramène à notre réunion du début de la semaine. Des gens sont venus nous dire qu'ils étaient contre les ateliers syndicaux fermés. M. Aubin a dit quelque chose de très pertinent. Bon nombre de témoins nous ont dit être opposés aux ateliers syndicaux fermés. Nous avons entendu les deux côtés, mais plusieurs nous ont parlé du scénario des ateliers syndicaux fermés.
Il me semble que nous parlons toujours de l'aspect financier, et je comprends cela. Manifestement, 27 entreprises individuelles — pour utiliser votre nombre, monsieur Harris — valent mieux que deux, sur le plan de la concurrence.
J'ai été frappé par ce que vous avez dit au sujet du projet de loi. Le premier mot que vous avez utilisé est « juste ». J'ai posé cette question la semaine passée, mais j'ai besoin de vos perspectives à tous les deux. Nous sommes tous responsables devant les contribuables, peu importe l'ordre de gouvernement, et je présume que c'est un des facteurs dont nous tenons compte avant toute autre chose.
En présence de talent, syndiqué ou pas... Je pense bien qu'il y a deux questions. Premièrement, je vais vous poser une question directe. Êtes-vous contre les syndicats? Puis-je vous poser cette question directement? Êtes-vous contre la main-d'oeuvre syndiquée?
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Je commence à en avoir bien assez des propos antisyndicaux que nous entendons tout le temps. Certains sont vrais, mais certains sont faux, aussi. Vous avez dit qu'il y a une échappatoire, laquelle a été en réalité placée là par le gouvernement de Mike Harris — pas vous, monsieur Harris, mais l'autre Mike Harris — en 1995, quand la Loi sur les relations de travail a été modifiée. Ils ont eu huit ans pour régler le problème, mais ils ne l'ont pas fait, alors il y a bien quelque chose que même les conservateurs ontariens ont trouvé correct.
Je remarque que Melloul-Blamey et M. Melloul ont contribué à l'élection de M. Harris. Il y a donc une relation pas mal étroite entre vous deux. Je sais qu'au fédéral, les entreprises n'ont pas le droit de faire des dons aux partis politiques ou aux candidats, mais au provincial, c'est encore permis et ça se produit.
En réalité, les plaintes portent en partie sur la concurrence et sur le fait que certains entrepreneurs n'appartenant pas à un syndicat ne soumissionnent tout simplement pas. Mais ils veulent cependant faire porter le blâme sur le principe de l'atelier fermé, ce qui ne correspond pas vraiment à la réalité. En fait, antérieurement, M. Kooy a parlé de Manitoba Hydro comme étant un atelier fermé, mais ce n'est pas le cas. La réalité, c'est que les entrepreneurs ont réussi à obtenir des contrats de Manitoba Hydro.
Il y a donc beaucoup de renseignements erronés visant à laisser croire que les règles sont contournées — et je sais que nous ne parlons que de l'Ontario et du Manitoba, en réalité — à la faveur de certains syndicats. Nous avons entendu bien des anecdotes, mais rien de concret. En fait, nous avons, en Ontario, une Loi sur les relations de travail qui dit que si un syndicat réussit à se faire accréditer dans une ville, ce syndicat est alors représenté. C'est ainsi que la négociation fonctionne en Ontario, et au Canada. Personne ici ne dit que nous devrions avoir un système selon lequel les personnes qui travaillent ici, sur la colline, devraient renoncer à leur syndicat parce que le gouvernement ne souhaite rien de mieux que d'avoir des employés non syndiqués, mais c'est pourtant ce qu'on suggère ici.
L'autre chose que vous avez dite, monsieur McDonald, c'est que les États-Unis sont corrompus à l'os en raison des conventions collectives liées à des projets. Avez-vous des preuves de cela?
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Je trouve curieux qu'ils soutiennent que la qualité — le nivellement par le bas — et la sécurité des projets s'appliquent d'une certaine façon aux autres travailleurs syndiqués. Cela me semble absurde.
Sous le gouvernement du frère de M. McGuinty, qui a mieux réussi que lui — en passant, nous sommes heureux de vous revoir parmi nous —, le contrat exclusif entre le conseil scolaire du district de Toronto et le Maintenance and Construction Skilled Trades Council de l'Ontario a été renouvelé. Si je ne m'abuse, Cardus a estimé la hausse des coûts de construction associée au renouvellement à 120 millions de dollars.
On a parlé tout à l'heure du conseil scolaire du district du comté de Greater Essex, de Penny Allen, indirectement. On y a documenté religieusement les bons de commande pendant trois ans et on a estimé la hausse des coûts entre 10 et 20 p. 100. La question sur laquelle nous nous penchons est donc très importante.
Le gouvernement fédéral n'est pas intéressé par la modification des lois sur le travail.
Monsieur Harris, je dirais que vous essayez vraiment de vous attaquer au problème, car il faut effectivement que ce soit fait par l'entremise des lois provinciales. Cela dit, ce qui intéresse le gouvernement fédéral, c'est d'optimiser l'argent des contribuables quand il finance des projets. À mon avis, c'est la raison pour laquelle le comité examine la question.
Depuis 2007, une entente est en vigueur en Nouvelle-Écosse. Je crois qu'il s'agit essentiellement de suspendre l'application des conventions collectives dans le cas de projets de construction ou d'infrastructure précis pour qu'il puisse y avoir des appels d'offres publics. Selon vous, est-ce bien ainsi que la disposition est mise en œuvre?