:
Monsieur le président, membres du comité, bonjour.
Je m'appelle Geoff Tauvette et je suis le directeur de Carburant et environnement chez WestJet. Dans mon rôle présent, j'administre tous les aspects liés à la chaîne d'approvisionnement du carburant, incluant les investissements en infrastructure aux aéroports reliés au carburant, le maintien de la sécurité et la qualité du carburant, ainsi que les programmes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
[Traduction]
Comme vous le savez sans doute, WestJet est entrée en activité en 1996, et à l'époque la société comptait 200 employés et 3 appareils. Aujourd'hui, nous employons 8 500 personnes, et notre flotte comptera bientôt 100 Boeing 737 de prochaine génération. Au cours des quelques dernières années, nous recevrons la trentaine d'appareils commandés.
La semaine dernière, nous avons annoncé une entente avec Bombardier pour acheter jusqu'à 45 unités de l'avion à turbopropulseur de modèle Q400 construit au Canada en vue du lancement de notre nouveau transporteur régional à la fin 2013.
L'étude sur les technologies de transport novatrices qu'effectue votre comité tombe à point nommé. Dans le contexte du climat de concurrence qui règne dans le secteur de l'aviation au Canada, ainsi que des défis que nous avons à relever, les percées novatrices et technologiques sont essentielles pour assurer la réussite à venir de notre réseau de transport. Nous croyons que le gouvernement a un rôle de leadership à assumer à cet égard.
J'aimerais souligner les progrès réalisés relativement au biocarburant d'aviation, les possibilités que cela représente pour le Canada, ainsi que la nécessité pour le gouvernement fédéral de mettre au point un cadre stratégique coordonné et exhaustif pour faire passer l'usage de biocarburant d'aviation de la phase de développement à celle de la production et de la consommation.
Le coût du carburant aujourd'hui demeure l'une des plus grandes entraves à la vitalité économique de l'industrie de l'aviation. La plus grande dépense de tout transporteur aérien, c'est le carburant qui représente en général au minimum 30 p. 100 de tous les coûts opérationnels. Dans les médias, vous entendez dire que le prix du baril est à 140 $ environ, ce qui correspond au cours du West Texas Intermediate. Or, généralement, les carburants d'aviation sont de 30 $ à 40 $ plus cher du baril. On s'attend à ce que WestJet dépense plus de 1 milliard de dollars en carburant cette année.
Au cours de la dernière décennie, nous avons également dépensé des milliards sur la mise à niveau de notre flotte et les améliorations opérationnelles. Par conséquent, nous avons amélioré notre efficacité énergétique de 43 p. 100 depuis l'an 2000. Les économies de carburant qui en résultent correspondent au volume qui serait consommé par un Boeing 737 qui fait la navette entre Calgary et Toronto, jusqu'à 34 700 fois.
Améliorer la consommation de carburant permet, il va sans dire, d'abaisser les émissions du secteur de l'aviation. Toutefois, la technologie actuelle ne permet pas de réduire davantage les émissions. L'industrie de l'aviation en général cherche maintenant à mettre au point une nouvelle source novatrice de carburant, le biocarburant d'aviation. Cette nouvelle source permettrait de réduire notre dépendance au carburant classique, de diminuer nos émissions et de contrer la volatilité globale des prix.
Il y a à peine cinq ans, le biocarburant d'aviation relevait plus de la science-fiction que de la réalité scientifique. Or, la hausse vertigineuse du prix du carburant d'aviation ainsi que l'objectif déclaré de l'industrie d'abaisser ses émissions ont encouragé la recherche dans les biocarburants chez les compagnies aériennes, les constructeurs et les fabricants de pièces d'un peu partout au monde. Des sociétés comme Boeing et GE, entre autres, appuient vivement les programmes de biocarburant et collaborent avec l'industrie pour élaborer les spécifications relatives au biocarburant d'aviation. Récemment, tant l'American Society for Testing and Materials et l'Office des normes générales du Canada, soit les deux organismes réglementaires responsables d'approuver les spécifications en matière de carburant aux États-Unis et au Canada, ont approuvé les biocarburants d'aviation et les ont certifiés à titre de combustibles en aéronautique.
Les biocarburants d'aviation peuvent être créés à partir d'un éventail surprenant de matières premières, dont des cultures industrielles comme le canola, la graine de moutarde, le suif, le gras et les algues. Bon nombre de ces cultures poussent au Canada ou ont la possibilité d'y être cultivées.
Les biocarburants d'aviation sont conçus pour avoir l'apparence et les caractéristiques du carburant classique d'aviation. Ils peuvent être consommés par n'importe quel type d'appareil, car ils fonctionnent même avec les vieux moteurs.
Pour mettre au point un biocarburant d'aviation qui permet une plus faible émission de gaz par rapport au carburant classique à base de pétrole, la principale difficulté consiste à éviter de recourir à du fourrage d'importance, comme les cultures alimentaires. Bien sûr, il faut également s'assurer de la viabilité économique de la source et de la capacité de payer des transporteurs.
Il reste encore beaucoup de pain sur la planche pour passer de petites installations de tests à des projets commerciaux et viables. De nos jours, le coût demeure la principale difficulté, mais nous estimons qu'au fil des améliorations technologiques et de l'échelonnement des coûts, les biocarburants d'aviation deviendront abordables.
Le Canada a tous les atouts et l'expertise nécessaires pour devenir un chef de file technologique à l'échelle internationale qui fera des percées relativement aux matières premières non alimentaires et à la commercialisation des biocarburants d'aviation. Toutefois, il est manifeste qu'il manque un cadre stratégique axé sur le développement et la promotion des biocarburants d'aviation au Canada.
Dans le cadre de l'étude en cours du comité, nous recommandons que le gouvernement fédéral nomme un ministère responsable de l'élaboration d'une stratégie fédérale sur le biocarburant d'aviation qui intègre les efforts des divers intervenants aux échelons fédéral et provincial, ainsi que de l'industrie.
Cette démarche n'est pas simple, car nous cherchons à mettre au point une technologie en évolution au cours des 5 à 10 prochaines années. Toutefois, la nécessité d'établir une politique se fait sentir maintenant.
Comme nous en parlerons dans un instant, les États-Unis travaillent à établir ce type de politique, ce qui accroît le risque que le Canada n'aboutisse en fournisseur de matières premières organiques pour les bioraffineries américaines. Le produit fini serait ensuite revendu au Canada sans que les avantages connexes ne soient ressentis. En ce moment, au Canada, les ministères fédéraux ont divers programmes de développement des biocarburants, et les gouvernements provinciaux se lancent dans le domaine du biocarburant d'aviation en particulier. Il y a des discussions en cours, et des mesures positives sont prises ici et là, mais aucun effet de levier n'est exercé adéquatement chez l'ensemble des parties prenantes.
Par l'entremise de Transports Canada, nous avons tenté de regrouper Transports Canada, Environnement Canada, Ressources naturelles Canada, Agriculture Canada et le ministère de la Défense nationale pour discuter de la priorité qui devrait être accordée aux biocarburants d'aviation. Ce qu'il faut faire, c'est désigner un ministère à titre de responsable. L'expérience américaine est fort révélatrice à cet égard. Les États-Unis ont mis en oeuvre un plan audacieux pour devenir le chef de file technologique mondial dans la production et la génération de biocarburants, en plus d'adopter une vision coordonnée sur la façon de développer les biocarburants d'aviation, ils offrent des incitatifs par l'entremise du développement stratégique et de subventions.
Le président Obama a mis sur pied un groupe de travail interdépartemental et présidentiel sur les biocarburants qui comprend le département de l'Agriculture, l'Agence de protection de l'environnement et le département de l'Énergie. Ce groupe de travail a pour mandat d'accélérer l'établissement d'une industrie avancée de biocarburants, dans l'optique principale d'atteindre une indépendance énergétique.
C'est l'Administration fédérale de l'aviation, qui est le maître d'oeuvre à l'échelon fédéral pour appuyer l'industrie de l'aviation dans l'établissement d'une production et d'un raffinement de biocarburants d'aviation abordable. Cet engagement se traduit également par le protocole d'entente qui a récemment été signé entre l'Administration fédérale de l'aviation et le département de l'Agriculture pour faire avancer le recours à des semences industrielles en vue de produire des biocarburants d'aviation. L'Administration fédérale de l'aviation a également reçu des fonds qui seront distribués dans le cadre d'initiatives pertinentes relatives à la production de biocarburants d'aviation.
À l'échelon fédéral, c'est l'Administration fédérale de l'aviation qui représente le secteur de l'aviation, mais d'autres organismes américains ont effectué des investissements complémentaires dans toute la chaîne d'approvisionnement en biocarburants. En fin de compte, les États-Unis ont une stratégie sous-jacente pour coordonner les efforts en vue de la conception et de la production de biocarburants en faisant assumer des responsabilités de leadership à chaque organisme gouvernemental touché. Par exemple, l'Administration fédérale de l'aviation est responsable des tests, de la performance et des normes de qualité. C'est le département de l'Agriculture qui s'occupe de mettre au point et de produire la matière première biologique. Cette même production est facilitée par le département de l'Énergie. Enfin, les sociétés aériennes acceptent, bien sûr, d'acheter le biocarburant produit.
Ces départements ont investi presque un milliard de dollars en subventions de projets relatifs aux biocarburants. Par exemple, le département de l'Agriculture, le département de l'Énergie et la marine ont engagé 510 millions de dollars pour faire progresser la production de biocarburants. Le département de l'Agriculture a accordé 13 millions de dollars pour le développement de matières premières biologiques. Quant à l'Administration fédérale de l'aviation, elle a récemment alloué 7 millions de dollars à plusieurs producteurs pour concevoir des biocarburants d'aviation à partir de différentes sources.
L'industrie a en fait eu son rôle à jouer également. Le groupe Airlines 4 America, ou A4A, et Boeing ont forgé un partenariat avec le département de l'Agriculture pour mettre au point un programme qu'on pourrait appeler « De la ferme à l'envol ». Ce programme favorise les efforts dans le domaine agricole pour faire avancer la recherche sur les matières premières biologiques et la production de ces dernières en vue d'une consommation par les sociétés aériennes.
À la fin de 2011, l'Agence de protection de l'environnement a revu son programme de crédit pour carburant renouvelable en vue d'accorder à la production de biocarburants d'aviation l'un des crédits les plus élevés. Cette politique incite les entreprises de raffinage à produire des biocarburants à partir de sources durables et non alimentaires, comme des semences industrielles, de la caméline et des graines de moutarde. Ironiquement, les sources canadiennes de matières premières biologiques sont très en demande chez les sociétés américaines qui les considèrent comme une occasion de produire des biocarburants en tirant avantage d'un crédit très élevé de leur gouvernement, sans compter que les stocks excédentaires sont revendus au Canada. En résumé, le Canada envoie ses matières premières biologiques aux États-Unis pour qu'elles y soient traitées et ensuite probablement revendues au Canada sans que nous ne puissions tirer avantage du programme de crédit de l'Agence de protection environnementale.
Le Canada dispose d'une expertise de calibre international permettant de développer et de cultiver des oléagineux à titre de matières premières biologiques industrielles, dont le canola est un parfait exemple. Cette expertise devrait être exploitée conséquemment. La matière première biologique représentant plus de 90 p. 100 du coût de production des biocarburants, il est donc essentiel dans la chaîne d'approvisionnement d'en réduire le coût.
C'est une occasion pour l'industrie et le gouvernement de collaborer en vue d'exploiter une expertise canadienne et de positionner notre pays à titre de chef de file mondial dans le développement de biocarburants d'aviation. Toutefois, nous avons besoin d'un cadre stratégique pour passer à la phase de production et de consommation des biocarburants d'aviation. Nous devons nommer un ministère fédéral comme responsable de l'élaboration du cadre stratégique relatif au biocarburant d'aviation et de l'intégration des efforts déployés par l'industrie, les ministères fédéraux et les gouvernements provinciaux. Le modèle américain présente un bon point de départ, et le Canada a l'occasion de renforcer ce modèle.
De plus, en accélérant la production de biocarburant d'aviation durable et fabriqué au Canada, WestJet et l'ensemble de l'industrie de l'aviation pourront réduire beaucoup plus leurs émissions. Ainsi, notre industrie sera plus concurrentielle et nous pourrons continuer d'offrir le service de transport aérien abordable de qualité auquel nos clients ont l'habitude de s'attendre.
Merci.
:
Tout d'abord, j'aimerais préciser que je suis président de Discovery Air, Services gouvernementaux, en plus d'être PDG de Top Aces.
Monsieur Ie président, messieurs les vice-présidents, et chers membres du comité, je vous remercie de cette occasion de discuter avec vous aujourd'hui d'une solution de transport émergente qui intéressera vraisemblablement Ie Canada. Je parle en particulier des véhicules aériens hybrides.
Cette technologie recèle bien des promesses, en particulier pour Ie développement économique de régions éloignées comme les territoires du Nord et l'Arctique. Par ailleurs, Ie Canada a I'occasion de s'établir comme intervenant majeur dans Ie développement de cette technologie en créant les conditions qui attireront des investissements et des sociétés engagées dans ce domaine.
Je peux déclarer au comité que Discovery Air collabore déjà activement avec un chef de file mondial qui a Ie potentiel de procurer des activités de développement significatives au Canada, mais cela n'arrivera pas à moins que Ie gouvernement trouve une façon de soutenir ces efforts.
Comme pour tous les nouveaux développements techniques, il existe toujours des éléments de risque; mais s'il existe des risques, il existe également de belles récompenses, et en participant aux premières étapes du développement, I'industrie aérospatiale du Canada profitera des emplois et de I'expertise créés tout au long de ce cycle de développement.
Un examen minutieux des répercussions du développement sur I'environnement et la constatation que les nations repoussent les limites géographiques de développement des ressources nous ont apporté la conviction que I'infrastructure traditionnelle telle les routes et les chemins de fer ne sera désormais plus la solution de prédilection. Non seulement ces solutions traditionnelles ont des répercussions négatives importantes sur I'environnement, mais elles exigent également d'importants capitaux et engagent les gouvernements dans des coûts insoutenables pour les années à venir.
Nous ne pensons pas que Ie Canada peut se permettre d'exploiter ses nombreuses ressources naturelles par cette méthode, et c'est donc I'une des raisons pour lesquelles nous devrions examiner des technologies prometteuses comme les véhicules aériens hybrides.
Discovery Air Inc. est une société de services aéronautiques qui a des activités à l'échelle du Canada et à quelques autres endroits choisis à l'échelle internationale. Nous sommes I'un des plus importants exploitants aériens au Canada. En fait, nous sommes le deuxième en importance en ce qui a trait au nombre d'avions. Nous avons plus de 850 membres d'équipage, spécialistes de l'entretien et employés de soutien qui nous permettent de livrer diverses solutions de transport aérien, d'entretien et de logistique à nos clients gouvernementaux, aux clients de notre compagnie aérienne et aux clients de I'industrie.
Notre siège social est situé à Yellowknife et nous cumulons plus de 45 000 heures de vol chaque année dans l'Arctique. Discovery Air fournit déjà un transport aérien et la logistique dans les régions éloignées du nord du Canada; nous sommes donc familiarisés avec les défis de cet environnement unique. Lorsque nous avons commencé à participer aux ateliers de vols assistés par la poussée hydrostatique il y a une dizaine d'années, nous avons immédiatement pris conscience du rôle que pourrait jouer la technologie des véhicules aériens hybrides, et nous avons commencé à étudier comment I'industrie aérospatiale, les collectivités et les divers partenariats canadiens pourraient en profiter.
Un véhicule aérien hybride n'est pas un dirigeable. Le véhicule aérien hybride est conçu en particulier pour surmonter les problèmes traditionnels associés aux manoeuvres des dirigeables. Un véhicule aérien hybride produit sa portance à partir de diverses sources, à savoir I'hélium, la portance aérodynamique comparable à celle d'un avion conventionnel et la poussée vectorielle des moteurs. Cette portance combinée est ce qui permet au véhicule aérien hybride de fonctionner dans des régions éloignées sans nécessiter de soutien ou d'infrastructure importants.
L'autre partie de la conception du véhicule aérien hybride qui facilite les activités éloignées et minimise les investissements dans d'importantes infrastructures est Ie système d'atterrissage sur coussin d'air. Ce système est similaire à celui d'un aéroglisseur et il permet au véhicule aérien hybride d'atterrir sur diverses surfaces comme I'eau, Ie gravier, la neige, la glace ou I'herbe, à condition qu'elles soient relativement planes. Le flux d'air du système d'atterrissage peut également être inversé pour créer un effet d'aspiration qui stabilise Ie véhicule aérien au sol pour les activités de chargement et de déchargement. Cela évite de construire des pistes d'atterrissage chères dans des milieux de pergélisol et de dégel, et dans des milieux où I'état de la glace change rapidement.
Le premier modèle de véhicule aérien hybride que nous planifions introduire au Canada peut porter une charge de 50 000 kilogrammes sur plus de 5 000 kilomètres. Cela permettrait des vols directs, aller et retour, entre Hay River dans les Territoires du Nord-Ouest et la station des Forces canadiennes située à Alert, sans défi logistique supplémentaire et sans aucune autre infrastructure terrestre.
Puisque la plus grande partie de la poussée est produite par la poussée hydrostatique, le véhicule aérien hybride n'utilise pas autant de carburant qu'un aéronef conventionnel. Par exemple, le vol de 5 000 kilomètres entre Hay River et Alert peut être fait avec environ 12 000 kilogrammes de carburant, alors qu'un C-17 de l'Aviation royale canadienne ou un aéronef cargo de type Boeing 747 utiliserait plus de 80 000 kilogrammes de carburant. Le véhicule aérien hybride est donc plus écologique qu'un aéronef de transport lourd comparable.
Quels sont les obstacles au succès? La mise en service d'une nouvelle technologie comme le véhicule aérien hybride ne se fait pas sans défis.
Après avoir sondé des utilisateurs potentiels de l'industrie pétrolière et gazière, de l'industrie minière et de l'industrie du transport, nous avons conclu que l'intérêt envers la technologie est très élevé. Toutefois, aucune société exploitante de ressources ne veut se lancer dans des années d'approbation environnementale à partir d'un système de transport aérien conceptuel, et très peu de sociétés sont prêtes à investir les capitaux exigés pour le développement de la technologie.
Ainsi, pour commercialiser des véhicules aériens hybrides, nous devons concevoir, construire et certifier un véhicule de démonstration qui prouvera que la technologie fonctionne. Cette étape exige des personnes qualifiées, un milieu de réglementation ouvert et du financement.
Le gouvernement du Canada propose divers programmes de subventions qui soutiennent la recherche et le développement, comme l'Initiative stratégique pour l'aérospatial et la défense. Toutefois, les critères d'admissibilité à l'ISAD associés à la propriété intellectuelle et à l'emplacement géographique ne sont pas attrayants pour une coentreprise internationale comme la nôtre. Si un partenariat constitué de membres internationaux proposait à Industrie Canada une solution technique à certains des défis de transport rencontrés au Canada et un projet qui établirait le Canada comme le chef de file mondial de la technologie mise en marché, la demande serait probablement refusée, à moins que l'ensemble de la propriété intellectuelle ne soit détenu par une entité canadienne. Cela n'est pas favorable aux efforts de collaboration internationale pour la commercialisation d'une technologie qui est née à l'étranger.
Cette question est actuellement discutée dans l'examen du secteur de l'aérospatial que le gouvernement actuel a demandé à l'hon. David Emerson. Nous croyons que cet examen produira une série de recommandations quant à l'accès aux subventions pour des efforts de collaboration internationale qui profiteront au Canada. Nous exhortons le gouvernement à considérer sérieusement ces recommandations.
En ce qui a trait à la formation, les obstacles liés aux aptitudes techniques devront être levés. Il n'existe aucun établissement scolaire spécialisé dans la technologie de vol assisté par la poussée hydrostatique. Et bien que les ingénieurs et les techniciens canadiens en aérospatial sont mondialement reconnus, il faudra prévoir une formation spécialisée dans les systèmes complexes des véhicules aériens hybrides. Nous avons organisé avec le Groupe de recherches sur les transports au Canada un concours annuel du meilleur article écrit par un étudiant pour encourager les établissements scolaires à se concentrer sur les applications de la technologie, mais il faudra du temps pour développer une connaissance des vols assistés par la poussée hydrostatique et produire l'ensemble des aptitudes exigées pour la construction et l'entretien de ces aéronefs.
L'Institut de recherche aérospatial du Conseil national de recherches du Canada n'a aucune expertise en vol assisté par la poussée hydrostatique, et il devra donc acquérir cette expertise s'il désire rester une source fiable de conseils en aérospatial pour le gouvernement.
Il existe en ce moment au moins trois sociétés qui étudient ou proposent au Canada des activités commerciales de vol assisté par la poussée hydrostatique, et le gouvernement américain a dépensé l'année dernière uniquement plus de 1 milliard de dollars dans des activités de vol assisté par la poussée hydrostatique; il est donc extrêmement probable que cette solution de transport novatrice arrive tôt ou tard au Canada. Le Canada a une chance d'être au premier rang de ce cycle novateur et de s'établir à une position de chef de file mondial.
Parlons du milieu de la réglementation. Le milieu de la réglementation doit également être revu pour les véhicules aériens hybrides. Les règlements de Transports Canada sur les vols assistés par la poussée hydrostatique s'en remettent aux règlements de l'Administration fédérale de l'aviation aux États-Unis et de l'Agence européenne de la sécurité aérienne pour la certification technique et la certification des exploitants. L'industrie devra donc travailler avec Transports Canada pour développer les règlements parallèlement au développement des véhicules aériens.
Selon Transports Canada, il existe au Canada 220 personnes titulaires d'une licence d'exploitation de ballon, mais aucune d'entre elles ne possède de qualifications aux instruments-avion et la plupart concernent des montgolfières plutôt que des dirigeables commerciaux. Une partie du défi est qu'aucun système de licence clair n'existe pour les véhicules aériens hybrides multimoteurs à vol aux instruments. Par exemple, Transports Canada exige actuellement qu'un pilote de véhicule aérien hybride possède une licence d'exploitation de montgolfière, ce qui est comparable à demander à un candidat au permis de conduire de savoir rouler à vélo.
Le troisième obstacle à la réussite aux véhicules aériens hybrides concerne l'infrastructure. Pour répondre aux demandes du marché, les véhicules aériens sont très volumineux. Le modèle de 50 tonnes mesure 150 mètres de long, 55 mètres de large et 36 mètres de haut. C'est énorme. Ça représente à peu près la taille d'un terrain de la Ligue canadienne de football et d'un immeuble de 10 étages de haut.
Pendant la construction, la coque faite de couches composite d'avant-garde doit être étalée sur un plancher chauffé et nécessite approximativement 20 p. 100 d'espace de plus que la longueur et la hauteur du véhicule aérien. Il n'existe aucun hangar dans le monde qui peut accommoder le modèle de 50 tonnes et nous projetons de plus de construire par la suite le modèle de 200 tonnes qui mesure 200 mètres de long, 80 mètres de large et 50 mètres de haut.
Ainsi, l'entité qui créera les installations nécessaires à la fabrication et à l'assemblage final de ces véhicules aériens établira un centre mondial pour la recherche et le développement dans le domaine des véhicules aériens hybrides. Cela créera donc des emplois ainsi que les conditions nécessaires à une participation importante dans ce secteur émergent.
Au fur et à mesure que Discovery Air a accumulé des connaissances dans ces mécanismes de poussée unique et dans les capacités de manoeuvre au sol du véhicule aérien hybride, il est devenu évident que les possibilités de cette solution de transport sont infinies. Au lieu de penser à la technologie, nous avons donc commencé à penser au développement économique, à la gérance de l'environnement et à l'acheminement de l'aide. Par exemple, imaginez les vastes régions d'Afrique qui pourraient être exploitées pour la production alimentaire; les marchandises pourront être facilement transportées jusqu'aux marchés, sans nécessiter d'investissements dans des routes ou des aéroports.
Le Canada pourrait contribuer à une solution de transport écologique directement entre les entrepôts ou les fermes et les camps de réfugiés en limitant les pertes dues à l'altération ou à la manipulation des aliments. Imaginez les améliorations significatives de la qualité de vie que nous pouvons apporter à nos propres collectivités éloignées en changeant la manière dont les services d'enseignement et de santé sont livrés — au lieu d'amener les gens à l'hôpital, nous pourrions amener l'hôpital jusqu'à eux sans être pris en otage par les conditions saisonnières des routes glacées ou des ports libres de glace.
Grâce à la capacité d'amerrir sur l'eau ou d'atterrir sur des surfaces non préparées, pensez à la rapidité d'intervention d'un véhicule aérien hybride en cas de catastrophe naturelle ou causée par l'homme. Le Canada pourrait devenir le chef de file mondial des interventions en cas de catastrophe et de la prestation de l'aide humanitaire.
Nous espérons donc pouvoir établir une flotte de véhicules aériens hybrides de 50 tonnes, ainsi qu'un centre d'excellence ici au Canada. Pour assurer le soutien mondial de cette flotte, nous nous réjouissons de collaborer avec nos partenaires du gouvernement et de l'industrie pour réaliser ce projet. En se posant rapidement en tant que chef de file dans le développement des véhicules aériens hybrides, le Canada peut devenir un acteur dominant dans ce secteur, récolter les profits de cette technologie et continuer à offrir des débouchés de pointe aux 80 000 personnes qui travaillent au sein de l'industrie aérospatiale canadienne.
Merci...
:
Merci, monsieur le président.
La motion a-t-elle été distribuée? Très bien, alors je propose ce qui suit:
Que le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités entreprenne immédiatement l'étude sur le sujet des articles du projet de loi C-38, Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 29 mars 2012 et mettant en oeuvre d'autres mesures, qui relèvent directement de son mandat, à savoir, à la partie 4, la section 31, Loi sur la sécurité ferroviaire, la section 45, Loi maritime du Canada, et la section 48, Loi sur l'administration canadienne de la sûreté du transport aérien.
Si le comité me donne quelques minutes, je parlerai de ces trois parties parce que nous avons tout récemment étudié le projet de loi . Le comité y a récemment consacré au moins une réunion. Avant la session parlementaire actuelle, nous avons tenu de nombreuses réunions pour étudier et améliorer la Loi sur la sécurité ferroviaire. Elle a été adoptée à la Chambre il y a deux semaines après être passée par le Sénat, et elle a été étudiée au moins deux fois. Toutes ces démarches se déroulaient pendant la rédaction de tout ceci, ce qui est étrange. Il est tout à fait illogique de ne pas avoir cette partie de la Loi sur la sécurité ferroviaire devant nous pour en discuter.
Permettez-moi d'être plus précise. Je parlerai brièvement de la Loi maritime du Canada et de la Loi sur l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien. Le gouvernement propose que l'article 16 de la Loi sur la sécurité ferroviaire soit modifié en ajoutant, après le paragraphe 4, ce qui suit:
Toutefois, lorsqu'une subvention est accordée au titre de l'article 12 à l'égard des installations ferroviaires et que le promoteur ou le bénéficiaire de ces installations est une autorité responsable du service de voirie, la quote-part de cette autorité établie par l'Office en vertu du paragraphe (4) ne peut excéder 12,5 p. 100 du coût de réalisation des travaux, à moins qu'un pourcentage plus élevé ne soit prévu par règlement.
Qu'est-ce que ça signifie, précisément? S'il existe une autorité responsable du service de voirie, les travaux de construction seraient de 12,5 p. 100. Pourquoi 12,5 p. 100 et pas 15 p. 100, ou pourquoi pas 50 p. 100? Ce n'est pas clair.
Ensuite, l'article 16 de la même loi est modifiée par adjonction, après le paragraphe 5, de ce qui suit:
Le gouverneur en conseil peut, par règlement, exempter de l'application du paragraphe (4.1) toute installation ferroviaire ou tout promoteur ou bénéficiaire d'une installation ferroviaire.
Le gouvernement pourrait donc choisir, s'il le souhaite, d'exempter toute partie de ce pourcentage. Ensuite, on propose une précision au paragraphe 5.2:
Un règlement pris en vertu du paragraphe (5.1) peut exempter un groupe ou une catégorie de personnes ou de compagnies de chemin de fer ou un type d'installations ferroviaires.
La raison pour laquelle cette proposition est faite ici n'est pas très transparente. Il n'est pas logique de tenir ce débat au Comité des finances. Le projet de loi devrait venir devant notre comité.
J'ai ensuite lu l'article 16 de la Loi sur la sécurité ferroviaire. De quoi parle-t-il? Eh bien, permettez-moi de vous dire ce dont il parle:
Faute de recours prévu sous le régime de la partie III de la Loi sur les transports du Canada ou de la Loi sur le déplacement des lignes de chemin de fer et les croisements de chemin de fer, le promoteur et tout bénéficiaire des installations ferroviaires peuvent, avant ou après le début des travaux relatifs à la construction ou à modification de ces installations, saisir l'Office de leur désaccord sur leurs obligations en ce qui concerne le coût de réalisation des travaux et les frais d'exploitation et d'entretien des installations.
Nous voulons simplement comprendre de quoi tout cela retourne, et je suis donc retournée lire la partie III de la Loi sur les transports au Canada et j'ai réalisé que l'article 16, de même que la Loi maritime et la Loi sur l'administration canadienne de la sûreté du transport aérien — auxquelles je viendrai — sont très complexes.
Ce que nous avons remarqué, c'est la centralisation du pouvoir entre les mains des ministres et du Cabinet, c'est-à-dire par décret.
Croyons-nous en cette orientation? Pourquoi faisons-nous cela avec les ports? Pourquoi le faisons-nous avec le transport aérien?