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Merci, monsieur le président.
J'ai été convié à une réception qui se tient ce soir au Panthéon de l'aviation du Canada. Plusieurs de mes anciens collègues et connaissances y seront honorés. Je vais me rendre directement là-bas après la séance. C'est la raison pour laquelle je suis habillé aussi chic.
Je suis originaire de Fort McMurray, en Alberta, soit la région des sables bitumineux. Évidemment, la plupart d'entre vous ont beaucoup lu sur ce qui se passe dans cette région. Certains d'entre vous l'ont même visitée. Le président et moi-même avons partagé un canot à réaction par une belle journée d'été et nous avons pu voir Fort McMurray à son meilleur, depuis les rivières. C'est un endroit absolument magnifique à visiter durant l'été; beaucoup moins en hiver. Je suis ravi que Brian Jean encourage autant de ses collègues à visiter cette région fabuleuse et à découvrir l'étendue de tout ce qu'elle a offrir.
En fait, lors d'un événement auquel j'ai participé, quelqu'un a décrit cette région comme « le plus grand projet industriel de toute l'histoire de l'humanité ». J'aimerais me souvenir de qui il s'agissait, mais peu importe, je le cite constamment depuis et personne ne m'a encore contesté.
Si vous allez sur le site Web de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, vous y trouverez des statistiques qui prouveront probablement cette affirmation. Au cours des 25 prochaines années, l'industrie des sables bitumineux permettra d'injecter 2,1 billions de dollars dans l'économie canadienne et devrait employer un peu moins d'un million de Canadiens, comparativement à 85 000 aujourd'hui. Et, évidemment, c'est en supposant que nous allons augmenter notre production, d'un peu moins de 2 millions de barils par jour à 6 millions. Même à ce rythme, il reste entre 125 et 150 années de réserves de cette richesse.
Quoi qu'il en soit, tout cela se concrétise, mais ce n'est pas facile. Le sujet à l'étude aujourd'hui est crucial pour assurer le succès non seulement de cette région en particulier, mais aussi du Canada en général.
J'ai passé toute ma vie, 53 ans, dans le domaine des transports, particulièrement de l'aviation. Durant cette période, surtout au cours des 20 dernières années, j'ai souvent abordé la question dont vous êtes saisis aujourd'hui. Comment s'y prend-on pour optimiser des investissements de plusieurs milliards de dollars? C'est essentiellement ce qui nous intéresse. Le problème, c’est que nous sommes confrontés à des questions de compétences, à divers modes et aux difficultés qui viennent avec le travail de groupe.
Ce serait simple si vous preniez toute la région des sables bitumineux et que vous disiez que vous comprenez le problème et qu'il faut réunir toutes les parties intéressées, créer un plan de 40 ans afin de tirer profit de la technologie, en supposant que nous pouvons travailler ensemble, adopter une approche plurimodale en fonction de la quantité de pétrole, et élaborer un plan visant à dépenser l'argent de façon efficiente, en temps opportun et selon les bons modes, afin de faciliter la croissance de ce produit moyennant un investissement minimal.
La bonne nouvelle, c'est que cela s'est fait. Le gouvernement de l'Alberta a travaillé pendant trois ans pour élaborer un plan de 40 ans pour la région, intitulé le Comprehensive Regional Infrastructure Sustainability Plan. Il fait la même chose pour les autres régions où on trouve des sables bitumineux. Cela a été approuvé au niveau du cabinet. La mauvaise nouvelle, c'est qu'on n'a alloué aucun financement et qu'on n'a pas tenté de définir les rôles respectifs de l'industrie et du gouvernement, et ainsi de suite. On en est donc là.
Comme ce plan a été approuvé, on s'attend évidemment à ce qu'il soit mis en oeuvre. Il incombe donc à l'industrie et aux trois ordres de gouvernement d'aller de l'avant avec ce plan.
On a créé un comité. Il s'agit du Athabasca Oil Sands Area Transportation Coordinating Committee. J'y représente le secteur de l'aviation. C'est un comité d'assez haut niveau. Il y a d'ailleurs trois sous-ministres qui en font partie, de même que des gens très influents de l'industrie et de la municipalité. Nous nous sommes réunis à trois occasions, et nous avons du mal à faire avancer les choses, compte tenu des difficultés dont je vous ai parlé plus tôt, sans parler du budget provincial qui vient d'être déposé et qui a en quelque sorte jeté une douche froide sur ce plan pour les trois prochaines années.
Nous n'avons pas encore renoncé. En fait, l'industrie n'a pas renoncé. C'est elle qui insiste le plus pour aller de l'avant avec ce plan. Sous la direction de l'industrie, nous cherchons des moyens de financer au moins les sept ou huit premières années des 11 milliards de dollars qui sont prévus dans le plan et nous essayons d'obtenir le consensus en ce qui concerne les projets sélectionnés, les personnes responsables, et nous tenterons ensuite de déterminer le montant et le moment des dépenses.
J'ai toujours été optimiste. Je pense que nous avons pris les bonnes mesures pour aboutir où nous sommes aujourd'hui, relativement à ce plan et au leadership. Sachez que le leadership est absolument essentiel pour accélérer les choses. Je suis certain que nous allons réussir.
L'autre solution, c'est que les choses se fassent au hasard, de façon désordonnée, comme par le passé. Il y a 47 aéroports dans la région de Wood Buffalo, dont au moins une dizaine sont très occupés. En fait, les cinq plus importants accueillent près de 2,5 millions de passagers — principalement des travailleurs — qui entrent et sortent de la région chaque année. C'est énorme.
Ces aéroports ont été construits par des compagnies pétrolières, qui se sont adressées à la province et ont fait approuver les aéroports. Le problème, c'est que cela ne s'est pas fait de manière systémique. Transports Canada, le ministère qui gère l'espace aérien et qui veille à la sécurité de la région, n'a pas été suffisamment consulté. On se retrouve donc avec un espace aérien qui n'est pas contrôlé. On ne peut pas vraiment voir les avions et, pendant un certain temps, on ne pouvait pas communiquer avec eux. C'est une situation très difficile à gérer pour Nav Canada.
Dans le cadre de ce comité de coordination des transports — au sein duquel je représentais l'aviation —, nous avons demandé à des personnes compétentes de réaliser une étude, qui s'est étalée sur huit mois, et qui a débouché sur une série de recommandations — avec tous les représentants des compagnies pétrolières, de la province et du gouvernement fédéral en tant qu'observateurs. Le but est d'établir un groupe qui se réunira souvent avec des gens de haut niveau qui discuteront de l'espace aérien et des plans, mettront en commun des renseignements et collaboreront.
Ce comité a déjà tenu trois réunions en l'espace de seulement quatre mois. Nous sommes très optimistes.
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Pour que ce soit plus sécuritaire, il faudra investir des millions de dollars. Comme je l'ai dit, les sociétés auraient pu elles-mêmes investir dans la construction de leurs aéroports. Les aéroports sont maintenant très nombreux.
Nous finirons par avoir moins d'aéroports. Nous investirons dans ce que l'on appelle le radar des pauvres — plusieurs tours qui triangulent et repèrent les aéronefs, ce qui augmente la sécurité. Le fait de pouvoir voir les aéronefs permettra d'accroître le nombre d'aéronefs qui circulent dans la région. Finalement, tout cela sera possible — c'est un exemple de ce dont je parlais — avoir moins d'argent que si nous n'avions pas convenu d'une approche systémique.
La même chose se produira avec les 11 milliards. Ils seront investis dans la construction d'infrastructure au sol pour permettre à plus de gens de vivre à Fort McMurray et à se rendre au travail chaque jour plutôt que dans des infrastructures visant à faciliter les déplacements des millions de personnes qui transitent par avion dans la région.
Je suis membre de l'Alberta Economic Development Authority depuis neuf ans. Mon mandat se termine l'an prochain. Cet organisme existe depuis 20 ans et conseille le premier ministre tous les six mois.
Nous étudions la même chose que vous, et ce depuis un bon moment. Le dernier document d'information remis à la première ministre — et elle l'a bien accueilli — portait entièrement sur la gestion de la congestion. Il s'agit d'un autre moyen de faire plus ou moins ce dont je parlais dans mes exemples précédents. L'usage considérable de technologies permet de réunir... Par exemple, la ville de Toronto, avec tous ses problèmes de transport et de congestion, s'est probablement déjà tournée vers la gestion de congestion, mais ne l'utilise pas suffisamment.
Les résultats de cette étude seraient très utiles au comité.
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Merci, monsieur le président.
Fondée en 1967, la National Citizens Coalition compte des dizaines de milliers de membres. Elle s'appuie sur le principe selon lequel la restriction des pouvoirs du gouvernement entraîne plus de liberté. Nous préconisons la réduction du gaspillage dans le secteur public afin d'accroître l'efficacité de la prestation des services aux citoyens.
Nous félicitons le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités d'avoir entrepris cette étude importante sur comment la concurrence peut permettre d'optimiser les investissements dans les infrastructures. L'ABC de l'économie nous apprend que la concurrence entraîne une baisse des prix et une augmentation de la qualité. Donc, l'objectif de tout législateur devrait être de favoriser la concurrence dans le secteur de la construction et d'obtenir le meilleur rapport qualité-prix. Le secteur de la construction du Canada emploie 7,1 p. 100 de la main-d'oeuvre canadienne et représente 6 p. 100 du PIB du pays.
En 2009, environ 2 p. 100 du PIB du Canada a été investi dans des projets de stimulation, dont bon nombre étaient liés à la construction. Dans son dernier budget, le ministre des Finances a fixé l'orientation du pays en matière d'infrastructure pour les 10 prochaines années en investissant à long terme dans le secteur de la construction au Canada.
Bien entendu, bon nombre de ces projets seront proposés par les provinces et municipalités et une grande partie du financement viendra d'elles. Si c'est le cas, beaucoup d'argent fédéral sera affecté aux projets d'infrastructure. Il est donc dans le meilleur intérêt des contribuables d'obtenir le meilleur prix pour ces projets. L'adoption d'un budget fixe pour la construction de routes, de ponts, d'hôpitaux et d'écoles signifie que moins de projets seront terminés, puisque les coûts ne seront pas optimisés.
Selon nous, les appels d'offres fermés dans le secteur de la construction entraînent une hausse des coûts. Lorsqu'un nombre restreint d'entrepreneurs sont appelés à soumettre des offres, il y a moins de concurrence, puisque seulement quelques-uns peuvent soumissionner.
En 2011, un peu plus de 31 p. 100 des travailleurs de la construction étaient syndiqués. Lorsque des appels d'offres sont soumis uniquement à des entrepreneurs syndiqués, cela exclut près de sept travailleurs sur dix. Ces travailleurs contribuent financièrement aux projets d'infrastructure grâce aux impôts qu'ils paient et ils ont droit d'y travailler autant que les autres. De nombreux projets sont annoncés comme étant des projets de création d'emploi. Toutefois, seulement une petite partie de la main-d'oeuvre peut y participer. De plus, selon Cardus, 26 p. 100 des Ontariens vivent dans une région où les syndicats exercent un monopole sur la main-d'oeuvre en construction.
Le fait qu'un travail soit fait par un travailleur syndiqué n'en garantit pas la qualité. Les entreprises de construction sont déjà assujetties à des règlements juridictionnels et des exigences sur les cautionnements, sans parler du fait qu'un travail mal fait peut entraîner une baisse des affaires.
À la suite d'une étude menée en 2001 sur un processus d'appel d'offres fermé dans le secteur de la construction, à New York, Ernst & Young a conclu que rien ne porte à croire qu'il y a une différence entre la qualité du travail effectué par un travailleur syndiqué et celle du travail effectué par un travailleur non syndiqué.
Selon nous, si le gouvernement fédéral veut investir des milliards de dollars en infrastructure, il devrait accompagner de conditions ses transferts en infrastructure aux provinces et municipalités. Les appels d'offres ouverts permettent d'en avoir plus pour son argent. Dans le pire des cas, les processus d'appels d'offres sont un procédé malhonnête utilisé par les syndicats pour tirer profit de leurs efforts ayant aidé à faire élire un gouvernement qui leur est favorable. Il y a encore pire, soit le genre de corruption sur laquelle enquête la Commission Charbonneau, au Québec.
J'ai pris connaissance récemment du pire exemple d'appel d'offres en Ontario. Un dimanche plutôt calme, deux travailleurs ont signé leur carte de syndicat. Puisqu'à ce moment précis ils représentaient plus de 55 p. 100 de la main-d'oeuvre sur les chantiers de la ville, la ville de Waterloo est devenue une zone fermée obligeant le conseil municipal à respecter la convention collective du syndicat en question.
Prenons, par exemple, les problèmes de main-d'oeuvre avec lesquels la ville de Hamilton doit composer. En raison des restrictions imposées par les conventions collectives des employés municipaux, la ville a perdu le contrôle sur son budget de construction; les projets de construction coûtent jusqu'à 40 p. 100 de plus. Par exemple, la ville estime que les projets de construction industriels, commerciaux, institutionnels, résidentiels et demandant l'utilisation d'équipement lourd spécialisé lui coûteront annuellement de 4 à 10 millions de plus.
Même les membres d'autres syndicats sont exclus des processus d'appels d'offres fermés. Les quelques entrepreneurs ciblés peuvent soumissionner à des prix plus élevés excluant ainsi la grande majorité des travailleurs syndiqués et non syndiqués. Selon un rapport publié en 2007 par la ville d'Hamilton, 17 des 260 grandes entreprises en construction étaient affiliées à la Fraternité unie des charpentiers et menuisiers d'Amérique, l'unité de négociation à la ville. Selon le conseil municipal, l'association avec le syndicat dans le cadre d'appels d'offres fermés coûtera des centaines de millions de dollars à la municipalité et nuira à son développement économique.
Ce n'était guère mieux en 2012. Selon le Cardus Construction Competitiveness Monitor, le syndicat exerçait un monopole sur des projets d'une valeur totale de 147 millions de dollars. Si l'on projette ce chiffre sur les autres marchés de la province qui se trouvent dans la même situation, on constate que sept travailleurs sur dix ne participent pas à l'équivalent de 747 millions de dollars en projets parce qu'ils ne sont pas syndiqués.
Presque tout le monde comprend qu'une réduction de la concurrence entraîne une augmentation des coûts et une baisse de la qualité. Nous avons des exemples, tant au Canada qu'aux États-Unis, où moins de projets sont complétés et où les budgets sont dépassés en raison du monopole qu'exercent des syndicats. Le gouvernement fédéral transfère des milliards aux provinces dans le cadre du Fonds Chantiers Canada. Nous lui recommandons d'affecter ces fonds à des projets qui sont soumis à des appels d'offres ouverts. Ainsi, nous pourrons assurer un meilleur rendement des dollars investis et une plus grande transparence du processus de façon à éviter la collusion et la corruption qu'entraînent les monopoles dans le secteur de la construction.
Merci beaucoup.
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Monsieur Clements, si j'ai bien compris, nous n'avez pas eu le temps de terminer vos recommandations.
Il y a un peu plus d'un an, nous avons parlé du rôle que devrait jouer le gouvernement fédéral, en vertu de la Loi sur les transports au Canada, en ce qui concerne les nouveaux aéroports. Pour l'heure, aucun processus en particulier ne lui permet d'intervenir afin de coordonner les travaux, comme vous l'avez souligné.
À l'époque, certains ont avancé que la meilleure façon de procéder serait peut-être d'adopter un processus où la municipalité ou le ministère des Transports du Canada disposerait d'une équipe chargée de déterminer si la construction d'un aéroport cadrerait avec ce que l'on trouve dans la région. Mais, pour cela, il faudrait modifier la Loi sur les transports au Canada.
Serait-ce une bonne option pour vous? Vous avez parlé des 47 aéroports en construction. Ces travaux sont parfois très difficiles à coordonner.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Clements, et monsieur Taylor, je vous remercie d'être ici.
Monsieur Clements, j'aimerais vous remercier de votre exposé d'aujourd'hui. C'était très informatif, surtout en ce qui concerne les défis liés à la croissance auxquels vous êtes confrontés dans la région.
J'aimerais reprendre où ma collègue s'est arrêtée. Cette fois, cela concerne directement la question de l'optimisation des investissements dans l'infrastructure. Ce n'est peut-être pas la question pointue à laquelle aspirent les membres du Parti conservateur, mais j'aimerais savoir si les systèmes de soumissions fermés permettent moins d'optimiser l'argent que les systèmes de soumissions ouverts.
J'aimerais amener la question, comme vous l'avez dit, à 40 000 pieds. Vous avez mentionné le processus CRISP. Le gouvernement fédéral a-t-il participé à ce processus, ou s'est-il contenté de l'observer de loin?
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Il y a beaucoup d'exemples de projets hybrides d'infrastructures privées.
Près de Toronto, il y a une autoroute privée, l'autoroute 407, qui connaît un franc succès. M. McGuinty, qui me regarde d'un air stupéfait, pourrait trouver intéressant d'apprendre qu'après avoir constaté le succès que connaît l'infrastructure du secteur privé, son frère, l'ancien premier ministre de la province, a prolongé la route privée, l'autoroute 407. Il s'avère que le principal actionnaire de cette route est le Régime de pensions du Canada. Donc, lorsque les Canadiens empruntent l'autoroute 407, ils se trouvent à contribuer en même temps à leur régime de pension.
En Colombie-Britannique, le tiers du financement du réseau de la Canada Line viens du secteur privé. À Coquitlam, une caisse de retraite qui est propriétaire d'un centre commercial a accepté de construire une station du projet de train léger sur rail de façon à augmenter l'achalandage de ses détaillants. Donc, cela se fait dans d'autres parties du pays.
Monsieur Taylor, croyez-vous que nous verrons plus de tentatives d'imposer des monopoles syndicaux dans l'industrie de la construction dans l'ensemble de l'Ontario, comme ce que nous avons vu à Hamilton et ce que l'on voit maintenant à Kitchener?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos invités d'être ici aujourd'hui.
Vous savez, c'est plutôt intéressant. Ces dernières semaines, dans le cadre de notre étude sur la façon dont la concurrence peut permettre d'optimiser les investissements dans les infrastructures, nous avons entendu un large éventail de points de vue. Nous avons notamment accueilli des représentants des entités suivantes: l'Union des municipalités du Québec, le SCFP, la FCM, Merit Canada, Linden Concrete Forming, l'association LabourWatch du Canada, Melloul Blamey Construction Inc. et l'Association canadienne de la construction. Je vous en informe parce que nous avons longuement discuté de la question de la concurrence. Monsieur Taylor, selon votre document, je crois comprendre que la National Citizens Coalition prône la libre entreprise, la liberté d'expression et l'obligation du gouvernement de rendre des comptes à ses contribuables.
En quelque sorte, j'ai une idée de ce à quoi vous voulez en venir par rapport à ce point de vue, mais outre la simple question de la concurrence, d'optimiser les investissements dans les infrastructures, un des aspects — et je pense que vous avez commencé à aborder le sujet — est la question de l'équité. Je regarde la situation et, pour être honnête, je considère qu'il n'est pas important de savoir qui s'occupe des travaux d'infrastructure, que ce soit des travailleurs syndiqués ou des entreprises ou que ce soit dans un contexte d'un atelier fermé ou non. Cela ne me pose pas problème parce qu'ils présentent tous des soumissions et ils le font de façon équitable. Ce qui me préoccupe, c'est lorsqu'on a un organisme qui compte dans ses rangs des contribuables qui participent au financement — et en fin de compte, c'est un contribuable unique qui verse le financement nécessaire à la construction de ces projets — et ces contribuables sont en quelque sorte exclus parce qu'ils ne font pas partie d'un groupe. Encore une fois, pour être honnête, je me soucie peu de savoir de quel groupe il s'agit. Pour moi, cela devient une question d'équité.
Dans le passé, j'ai assez longuement parlé de l'obligation morale — c'est-à-dire de la responsabilité qui nous incombe à titre de responsables des deniers publics —, de nous assurer qu'il y a dans tout cela un certain degré d'équité pour que toutes les entreprises qualifiées aient le droit de présenter des soumissions pour ce projet.
Je ne vous ai pas entendu faire beaucoup de commentaires à ce sujet, et je vous serais reconnaissant de me donner une idée de votre point de vue à cet égard, s'il vous plaît.
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Merci; cela me paraît très clair.
Monsieur Clements, vous avez décrit votre autorité aéroportuaire en termes plutôt élogieux. À London, en Ontario, la dixième ville en importance au Canada, nous avons notre propre autorité aéroportuaire. Nous sommes aussi très fiers de nos efforts, de ce qui a été fait. Je le dis en présence de mon formidable collègue de l'extraordinaire circonscription de Elgin—Middlesex—London, M. Preston, qui est ici à mes côtés.
De toute évidence, votre aéroport a connu une formidable expansion ou, à tout le moins, des facteurs de stress. En effet, Fort McMurray est manifestement reconnu comme l'un des endroits où l'embauche est en croissance et où il est difficile de trouver de la main-d'oeuvre. Étant donné la croissance qu'a connue votre aéroport, les projets de construction aux abords de l'aéroport qui relevaient de votre compétence ont-ils fait l'objet d'un processus d'appel d'offres ouvert ou fermé?
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Merci, monsieur le président. Messieurs, merci d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais entreprendre ma série de questions en m'adressant à M. Clements.
L'an dernier, je suis allé à Fort McMurray et un de mes collègues, , le député de Fort McMurray, que vous connaissez probablement, nous a fait faire une visite complète du site des sables bitumineux de Fort McMurray.
Ce qui est frappant dans cette partie du pays, quand on la voit de ses propres yeux, c'est la quantité phénoménale de ressources naturelles que l'on extrait du sol pour approvisionner le marché nord-américain, et avec l'espoir d'approvisionner d'autres marchés. J'ai vraiment été surpris lorsque M. Jean m'a informé que Fort McMurray est l'une des villes canadiennes dont le taux de syndicalisation est le plus élevé; je pense qu'elle a le plus haut taux de syndicalisation au pays. Que se passerait-il si les Américains — comme le souhaite le NPD — arrêtaient tout simplement d'acheter nos ressources naturelles?
Comme vous le savez, ils ont envoyé une délégation à Washington il y a environ un an et demi, et leur chef est allé aux États-Unis il y a quelques mois pour dénigrer l'industrie canadienne des sables bitumineux. Quelle serait l'incidence sur l'économie de Fort McMurray, sur le secteur des sables bitumineux et sur l'économie canadienne?
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M. Adler a eu la gentillesse de nous dire de prendre des leçons d'économie, et j'aimerais lui en donner une en retour. En 1998-1999, les libéraux provinciaux étaient au pouvoir en Nouvelle-Écosse et ils ont promis qu'ils construiraient des écoles dans le cadre d'un système P3. Ils ont construit 23 écoles avec trois entrepreneurs différents. Toutes ces écoles ont été payées dans les sept ans. Les contribuables de Nouvelle-Écosse devront encore les payer pendant une vingtaine d'années.
C'était l'oeuvre des libéraux. Le gouvernement PC de John Hamm est arrivé au pouvoir et a coupé immédiatement ce financement, sachant fort bien combien ces écoles seraient coûteuses à l'avenir. Au bout du compte, nous allons avoir ces écoles pour 1 $ et elles ne vaudront probablement rien. Alors il ne faut pas croire qu'un système P3, qui privilégie un partenariat public-privé, fonctionne nécessairement toujours.
Waste Management Inc., maintenant en Nouvelle-Écosse, gère tous les déchets dans cette province. Quand le service a été privatisé, les prix sont montés en flèche et ils continuent de le faire à cause des objections à long terme qu'ils soulèvent. Alors ce n'est pas vrai que le secteur privé fait nécessairement tout parfaitement bien.
Un dernier point concernant les syndicats, monsieur Taylor. Polar Seafood a trois usines de transformation du poisson à l'Î.-P.-É. Elle devait en fermer deux. Elle a gardé l'usine syndiquée. Pourquoi? Parce que les travailleurs étaient organisés. Les travailleurs avaient investi dans cette usine, et l'entreprise l'a gardée ouverte parce qu'elle avait une très bonne relation avec ces travailleurs syndiqués. Alors oui, il y a des cas où les syndicats fonctionnent très bien.
Mais la question que j'ai à vous poser à tous les deux est la suivante. À mon avis, l'une des choses les plus frustrantes au Canada est que nous dressons des barrières entre nos 10 provinces et trois territoires. N'est-il pas vrai, selon vous, que l'un des principaux coûts relatifs à l'infrastructure — et l'une des principales préoccupations — est le manque de mobilité des travailleurs dans tous les secteurs? Ces barrières commerciales provinciales que nous dressons entre nous existent depuis longtemps, et je ne blâme pas les gouvernements.
Si nous pouvions abattre certaines de ces barrières et mettre en place une réglementation plus uniforme au plan des impôts et de la mobilité des travailleurs, etc., cela ne contribuerait-il pas à faire baisser tous les coûts et à stimuler la concurrence? Par exemple, une entreprise du Manitoba pourrait soumissionner pour un projet en Nouvelle-Écosse, et une entreprise de l'Î.-P.-É. pourrait en faire autant en Alberta. Cela ne permettrait-il pas de réduire les coûts à certains égards?
Je vous remercie tous les deux d'être venus.
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Merci. Je suis ravi d'être ici. Je ne suis pas venu depuis un bon bout de temps.
J'aimerais enchaîner sur la dernière question de M. Sullivan concernant la stratégie. J'ai passé ma vie dans le domaine des affaires et j'adore la concurrence. Nous en avons d'ailleurs parlé.
Premièrement, j'aime la concurrence lorsque j'achète quelque chose, car cela me permet de choisir un produit de meilleure qualité à meilleur marché puisqu'il y a plusieurs offres. En revanche, en tant qu'homme d'affaires, j'aime la concurrence parce que j'aime dire que du moment que l'un de mes concurrents fait encore 1 $ de profit, je peux le surpasser et lui prendre ses clients.
C'est à cela que se résument l'infrastructure et la concurrence dans ce domaine. La question n'est pas de connaître le concurrent. Je ne pense pas à cela. Ce qui me préoccupe, c'est de savoir si je peux obtenir un meilleur prix pour des biens de meilleure qualité.
Est-ce que l'un de vous n'est pas d'accord avec ce que nous disons? C'est tout ce que nous essayons de dire ici. Qu'il s'agisse de financement municipal, provincial ou fédéral, il sort de la poche des contribuables. Pourquoi ne voudrions-nous pas le dépenser avec autant de circonspection que possible?
M. Scott Clements: Bravo!
M. Joe Preston: En effet.
Nous avons parlé des P3. Je me vois plutôt comme un P1. Je n'ai pas besoin du partenariat public-privé. Comme je suis homme d'affaires, je peux prendre ces types de décisions. C'est rarement dans les situations P3 que la partie entreprise privée nuit à la réussite du projet. C'est assez souvent « faisons participer le gouvernement et voyons ce qui arrivera ».
Je vais en rester là, mais je voulais simplement préciser qu'il est question ici de dépenser sagement quand il y a moins de financement à dépenser sagement.
Merci.
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Oui, je m'en souviens maintenant.
J'aimerais seulement avoir votre opinion sur cette question, compte tenu des coûts des infrastructures et du développement, notamment à Fort McMurray... Nous venons de parler aux gens de la Nova Scotia Home Builders ici, et ils affirment avoir de la difficulté à trouver des travailleurs de métier. La question des travailleurs étrangers temporaires a été évoquée.
Monsieur Taylor, j'aimerais savoir ce que la National Citizens Coalition pense de l'utilisation de travailleurs étrangers temporaires pour des projets comme les sables bitumineux ou pour n'importe quelle autre activité qui se déroule là-bas.
Monsieur Clements, si vous avez une opinion là-dessus, n'hésitez pas à nous en faire profiter.
Merci, et je salue le président pour son indulgence.