:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. C'est pour moi un plaisir de vous parler aujourd'hui. Je vous remercie de m'avoir invité.
Je m'appelle Dennis Perrin, et je suis le directeur de la région des Prairies de la Christian Labour Association of Canada aussi appelée la CLAC. Mes responsabilités à la CLAC se rattachent aux provinces de la Saskatchewan et du Manitoba.
Le comité a déjà beaucoup entendu parler de la CLAC de mon collègue Brendan Kooy. Je vais m'abstenir d'aborder ces questions aujourd'hui. Je suis ici pour exposer la position et les idées de la CLAC, particulièrement en ce qui a trait au processus d'appel d'offres fermé dans le cadre de grands projets d'infrastructure financés à même les deniers publics au Manitoba.
Plus précisément, je vais parler de trois exemples d'appel d'offres fermés: l'entente Burntwood Nelson, l'accord touchant Bipole III et l'entente d'agrandissement du canal de dérivation et de la route située du côté est. Les deux premiers se rattachent à la construction de grands barrages hydroélectriques au Manitoba. La dernière touche l'agrandissement du canal de dérivation de la Rivière Rouge, ainsi que la construction d'une route utilisable en toute saison sur la rive est du lac Winnipeg.
Ces travaux d'infrastructure représentent un investissement considérable des deniers publics, y compris de financement fédéral. Malheureusement, ces trois projets sont à la merci de monopoles dans l'industrie de la construction, et on limite donc l'accès aux travailleurs de la construction en fonction de leur appartenance syndicale. Les monopoles liés à ces projets sont entièrement volontaires. La province n'a aucune obligation juridique d'attribuer le travail en fonction de l'appartenance syndicale.
Aux termes de l'entente touchant la route située du côté est, tous les employés de la construction doivent verser des cotisations syndicales à l'un des syndicats des métiers de la construction approuvés, sans égard au syndicat auquel appartenaient l'entrepreneur et ses employés. Les accords se rattachant à la construction du barrage hydroélectrique vont radicalement plus loin et forcent les employés potentiels à signer une formule d'adhésion syndicale et à devenir membres d'un syndicat des métiers de la construction approuvé pour décrocher un emploi dans le cadre du projet. De plus, ces employés doivent verser des cotisations à l'un de ces syndicats des métiers de la construction et être représentés par lui.
Le comité a déjà entendu de nombreux témoins lui expliquer en quoi les appels d'offres fermés des monopoles du domaine de la construction sont injustes pour les travailleurs et limitent la concurrence. La création de monopoles pour certains syndicats a deux grandes conséquences négatives. D'une part, il y a le manque d'équité pour les travailleurs de la construction qui ne peuvent pas décrocher de travail dans le cadre d'un projet d'infrastructure public parce qu'ils n'appartiennent pas au bon syndicat; d'autre part, il y a la réduction du nombre de soumissionnaires chez les entrepreneurs potentiels. C'est exactement ce qui se produit dans la province du Manitoba.
Il est injuste qu'on impose aux travailleurs de la construction au Manitoba une appartenance syndicale particulière pour travailler dans le cadre de projets d'infrastructure publique financés à même leurs impôts. En outre, les ententes syndicales fermées limitent la concurrence. Cela entraîne une hausse des prix, fait diminuer le bassin de main-d'oeuvre et réduit la probabilité qu'un projet soit terminé à temps et selon le budget.
Les tenants de ce type d'entente syndicale fermée prétendent habituellement qu'elles sont un gage de stabilité de la main-d'oeuvre pour un projet. Mesdames et messieurs, les appels d'offres fermés dans le domaine de la construction sont la solution d'hier pour relever les défis de l'industrie et ne sont plus nécessaires aujourd'hui.
Par exemple, le modèle de chantier ouvert encadré est une solution de rechange aux appels d'offres fermés. Ce modèle a souvent été adopté dans le cadre de projets de construction à grande échelle d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, surtout dans la province de l'Alberta. Plutôt que de complètement limiter l'accès au travail à un groupe de syndicats, le modèle de chantier ouvert encadré ouvre l'accès aux travailleurs et aux entrepreneurs appartenant aux syndicats des métiers de la construction, à d'autres syndicats du domaine de la construction, comme la CLAC, et aussi au secteur non syndiqué.
L'élimination de ce type d'accords préférentiels au Manitoba au profit des solutions de rechange, comme le modèle de chantier ouvert encadré augmenterait le choix de travailleurs, accroîtrait la concurrence et, au bout du compte, profiterait aux contribuables.
Merci beaucoup de votre temps. Je serai heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Dans le cadre de l'ensemble de ces séances, je suis le seul représentant du secteur syndiqué, alors je vous demanderais de faire preuve d'un peu d'indulgence. Dans le cadre de séances passées, on a fait un certain nombre de déclarations qui exigeraient soit d'être rectifiées, soit d'être remises en contexte.
La position des syndicats des métiers de la construction à l'égard de toute la question des appels d'offres, c'est que nous voulons que le financement fédéral destiné à l'infrastructure aille plus loin. Nous payons aussi de l'impôt. Nous soutenons la concurrence. C'est ainsi que nos entrepreneurs survivent. Nous voulons tirer plus de valeur des projets de construction financés par le gouvernement. L'approvisionnement fondé sur la valeur est habituellement l'orientation qu'adoptent les acquéreurs de produits de la construction les plus avisés. Ils regardent le coût du cycle de vie.
Aux États-Unis, à cause du système privilégiant la plus basse soumission applicable à presque tous les projets, 1 $ sur 10 consacrés à la construction est perdu en contentieux. Nous nous soucions de la qualité, du calendrier et du budget.
En réalité, c'est simple: la plus basse soumission n'est pas toujours moins onéreuse. On devrait s'attacher à obtenir le meilleur rapport qualité-prix. Vous avez entendu dire que cela réduit la concurrence et rend difficile d'établir un calendrier et un budget, mais il n'existe absolument aucune donnée empirique en ce sens; il existe des données apocryphes, oui. J'avance respectueusement qu'il conviendrait que le comité invite des gens qui possèdent des connaissances et n'ont peut-être pas un intérêt personnel pour essayer de comprendre ces enjeux.
Au Canada, 50 p. 100 de l'industrie de la construction est de nature résidentielle. Ni M. Oakey ni la Christian Labour Association ni moi-même ne sommes très présents dans cette industrie. Alors, les commentaires que vous avez entendus selon lesquels environ 71 p. 100 de l'industrie était paralysée sont simplement mensongers. Nous représentons 38 p. 100 de l'industrie ou environ 70 p. 100 du marché industriel, commercial et institutionnel.
En lisant les transcriptions, j'ai constaté qu'une part des commentaires au sujet du méchant monopole syndical ne se rattachait en fait qu'à quatre municipalités ontariennes. Il faut pouvoir mettre les choses en contexte lorsqu'on parle des enjeux ontariens.
La municipalité a été accréditée par les charpentiers conformément à la Loi sur les relations de travail de l'Ontario pour les charpentiers seulement. Il y a 28 autres groupes professionnels en Ontario. En s'acquittant elle-même du travail, la ville de Hamilton est devenue un employeur de la construction, alors, en application de la loi, elle est partie à la convention collective des charpentiers, qui contient une disposition de sous-traitance, mais seulement pour les travaux de charpenterie. Les villes de Hamilton et Kitchener, ou n'importe où ailleurs, doivent peut-être octroyer leurs contrats de travaux de charpenterie à un entrepreneur syndiqué, mais cela ne les oblige pas à le faire dans le cas d'un autre métier.
Il faut savoir mettre en contexte la tendance générale d'exclure les entrepreneurs. Il est fort possible que le problème tienne au fait qu'ils n'ont pas les qualifications requises pour accéder à la liste de soumissions, mais cette décision relève du propriétaire et n'est pas liée aux relations de travail. Dans le cadre de tout projet institutionnel, commercial ou industriel, les charpentiers composent de 15 à 18 p. 100 de la main-d'oeuvre.
Si on pense à ça et qu'on songe à la part du contrat qui touche réellement la main-d'oeuvre, dans le cadre d'un contrat résidentiel, c'est moitié-moitié, la séparation entre la main-d'oeuvre et le matériel. Pour un projet commercial ou institutionnel, la main-d'oeuvre représente de 25 à 40 p. 100. Pour un projet industriel, la proportion est de 20 à 30 p. 100. Les charpentiers représentent moins de 6 p. 100 de la main-d'oeuvre nécessaire pour un projet commercial.
Dire que le simple fait qu'ils ont une convention collective entraîne un dépassement de coûts de 40 p. 100 est absurde. Il y a toujours des dépassements de coûts. Il y en a pour les entrepreneurs de Merit, les entrepreneurs de Christian Labour, les entrepreneurs de syndicats des métiers de la construction et les entrepreneurs pas syndiqués du tout. Ils sont la conséquence de mauvaises estimations, de circonstances imprévues, de l'incapacité de trouver de la main-d'oeuvre, du matériel ou de l'équipement, du manque d'organisation, de la météo, des grèves et des lock-out ou de toute difficulté liée à l'exécution des travaux. Cela arrive à tout le monde.
On vous a donné un certain nombre d'estimations du coût de ce qu'on appelle le processus d'appel d'offres fermé. Au Québec, on dit qu'il compte pour une diminution de 2 p. 100; selon Cardus, il compte pour une augmentation de 2 p. 100. Si vous avez une maison à Gatineau construite par une main-d'oeuvre syndiquée, elle coûtera moins qu'une maison à Ottawa. Pourquoi? L'hypothèse selon laquelle de 30 à 40 p. 100 des coûts en infrastructure pourraient être épargnés signifie que nos travailleurs seraient obligés de travailler gratuitement et de fournir leur propre matériel.
Il y a toute une gamme d'études financées par les États-Unis; certaines disent que les ententes syndicales s'appliquant à des projets sont bonnes, certaines disent qu'elles sont mauvaises. Cela dépend du bailleur de fonds. Il n'y a aucune donnée empirique ici, et nous en aurions peut-être besoin.
Cela semble être axé sur les quatre municipalités ontariennes. C'est une tempête dans un verre d'eau. Si vous regardez les chiffres de Statistique Canada, vous apprendrez qu'il y a au Canada 20 000 entrepreneurs généraux et 108 000 entrepreneurs spécialisés, dont 95 p. 100 comptent 10 employés ou moins. Nous ne parlons pas de Peinture Roger ou de Plomberie Yvon. Nous parlons des quelque 5 000 entrepreneurs un peu plus importants qui sont en activité. Un certain nombre d'entre eux ne soumissionnent jamais. Ils font du travail sur appel pour des propriétaires avec qui ils font affaire depuis des générations. Un certain nombre d'entre eux sont des ouvriers industriels ou de pipelines, par exemple.
Le fait est que les propriétaires d'une entreprise publique ou privée devraient avoir une relation de confiance en matière d'approvisionnement pour obtenir le meilleur rapport qualité-prix. Les modalités de leur processus d'appel d'offres devraient être à leur discrétion. En Ontario, 91 p. 100 des projets sont attribués dans le cadre d'un appel d'offres ouvert. À l'échelon fédéral, presque tous les travaux découlent d'un appel d'offres ouvert — les contrats de construction navale sont un peu différents —, et on recourt à la sélection de candidats et aux appels d'offres restreints lorsque cela convient au type de travail.
En vérité, tous les propriétaires sont tenus de gérer le risque. On doit employer une technique qui gère le risque, la façon dont on l'assume, ceux qui l'assument et la façon dont on l'atténue. Si vous vous apprêtez à rénover les toilettes d'une école, peut-être que la bonne méthode sera un bon de commande. Si vous ajoutez une annexe à l'école, peut-être que ce serait un appel d'offres ouvert qui conviendrait. Si vous construisez un nouvel établissement de recherche complexe d'une valeur de 200 millions de dollars, peut-être qu'il faudra sélectionner les entrepreneurs qualifiés. Si vous vous apprêtez à construire un aéroport de 2,6 milliards de dollars, je sais que cela relève de l'administration aéroportuaire locale —, peut-être qu'il faudra lancer un appel d'offres restreint. Si le travail est très complexe, peut-être qu'il faudra attribuer le contrat à un fournisseur exclusif ou peut-être qu'il faudra une entente syndicale s'appliquant au projet.
On vous a expliqué à quel point les ententes syndicales s'appliquant à un projet étaient pernicieuses et néfastes, mais je vous présente certains faits que vous devriez prendre en considération. BC Hydro, les différents services d'électricité privés en Alberta, SaskPower, Manitoba Hydro, Ontario Power Generation, Bruce Power, Énergie NB, Nova Scotia Power et Nalcor emploient tous des ententes syndicales s'appliquant à un projet, tout comme le font la plupart des acquéreurs de pointe dans le milieu de la construction au pays.
Ces entités ne sont pas nécessairement les alliés des syndicats. Toyota, employeur non syndiqué, utilise des ententes syndicales applicables au projet pour tous ses travaux de construction et d'entretien, et Syncrude Canada en fait autant. Pourquoi? Ces entrepreneurs se sont penchés sur le rapport qualité-prix, les compétences de l'entrepreneur, sa capacité en matière d'ingénierie et ses caractéristiques sur le plan de la gestion, ses systèmes de gestion, sa solidité financière, son approvisionnement en main-d'oeuvre et la disponibilité des ouvriers. Il s'agit d'obtenir la certitude grâce à une disposition « pas de grève, pas de lock-out » et d'avoir une main-d'oeuvre soumise à des conditions d'emploi semblables, de sorte que les ouvriers ne magasinent pas les différents secteurs sur le chantier.
En ce qui concerne l'indexation des coûts, à vrai dire, les entreprises non syndiquées n'ont pas de taux de salaire fixe. L'absence d'un taux de salaire fixe signifie que, en cas de pénurie de main-d'oeuvre, elles doivent débourser plus. Il n'y a pas de certitude sur le plan des coûts.
En ce qui concerne l'harmonie des heures de travail et la diversité, aux termes de notre convention collective avec Nalcor, 20 ¢ l'heure sont consacrées à un fonds pour la diversité. Nous essayons de former les gens et de collaborer avec les employeurs et les propriétaires pour atteindre leurs objectifs.
Vous avez entendu beaucoup de foutaises sur l'exclusion des entrepreneurs du Manitoba. En vérité, Kiewit, un entrepreneur, a le projet de Wasquatum et le projet de Pointe du Bois en vertu de l'entente Burntwood Nelson. Cette entente prévoit l'embauche selon l'ordre de priorité suivant: Autochtones nordiques vivant dans la région Churchill-Burntwood-Nelson, membres d'un syndicat nordiques, Autochtones nordiques ne vivant pas dans la région désignée, puis tout autre travailleur nordique non mentionné dans cette liste.
Dans le cadre du projet de Wasquatum, 40 p. 100 de la main-d'oeuvre était composée d'Autochtones. Je vais vous envoyer la convention collective. Dans le cas du canal de dérivation, tout le monde pouvait soumissionner. La seule exigence était de respecter les obligations en matière de formation et d'offrir le même salaire. Une partie du travail était réservée aux entrepreneurs autochtones. Le contenu autochtone représentait le tiers, et 20 p. 100 pour les ponts. Nous allons vous envoyer la convention collective. Aux termes de la convention collective de la baie Voisey, 40 p. 100 de l'effectif était constitué d'Autochtones. À Nalcor, les Innus et les Labradoriens ont priorité sur les membres de la localité en matière de travail.
À vrai dire, l'idée voulant que la plus basse soumission représente le moindre coût est une illusion. Il s'agit d'une solution simpliste à une question complexe. La basse soumission correspond à une vision unidimensionnelle de votre projet. La préséance accordée à la plus basse soumission, dans le cadre d'un appel d'offres complètement ouvert qui ne tient pas compte des qualifications, signifie qu'on a qu'à remettre une feuille de papier ou deux, si on veut confirmer l'admissibilité de la soumission. L'analyse nécessaire pour préparer une soumission adéquate est très coûteuse. Elle correspond à une somme située entre 0,5 et 1 p. 100 du coût du travail.
Si je peux obtenir le contrat en prenant un risque, pourquoi dépenser de l'argent pour soumissionner?
:
J'aimerais remercier le comité de l'invitation à participer à cette importante étude visant à obtenir le meilleur rapport qualité-prix pour l'investissement des contribuables.
La Merit Contractors Association du Manitoba est la voix de la construction à atelier ouvert dans notre province. Nos membres sont surtout actifs dans des projets de construction commerciaux, industriels et institutionnels. À l'instar de ce qui se passe dans la plupart des autres administrations canadiennes, environ 70 p. 100 des projets de construction du Manitoba sont exécutés par des entreprises à atelier ouvert et leurs ouvriers.
Notre exposé portera sur la nécessité d'un processus d'appel d'offres ouvert pour tous les contrats qui supposent un financement fédéral. Nous croyons fermement que tous les projets d'infrastructure financés à même les deniers publics devraient être ouverts à tous les entrepreneurs qualifiés, sans qu'ils doivent devenir membres d'un syndicat ou verser des cotisations syndicales.
Au coeur même de la notion d'atelier ouvert, il y a la liberté de choix et l'équité au travail. Ce terme décrit les milieux de travail où l'appartenance ou non à un syndicat n'est pas une condition d'emploi. Dans le secteur de la construction, il désigne précisément les situations où les propriétaires, les promoteurs et les entrepreneurs généraux ne tiennent pas compte de l'appartenance syndicale des employés d'un entrepreneur lorsqu'ils octroient un projet.
Malgré le fait que la plupart des entrepreneurs et des travailleurs du milieu canadien de la construction pratiquent l'atelier ouvert, beaucoup trop d'administrations canadiennes continuent d'appliquer des politiques d'appel d'offres fermé. Au Manitoba, notre gouvernement provincial a instauré la pratique d'appel d'offres ouvert dans le cadre de projets fermés. Si on semble jouer avec les mots, c'est le cas. Le résultat est le même que pour d'autres projets à appel d'offres fermé: réduction de la concurrence, accroissement des coûts et violation des droits garantis par la Charte des ouvriers.
C'est cette distinction que nous aimerions faire valoir au comité, car d'aucuns avanceraient que le projet du canal de dérivation de Manitoba Hydro — le projet relatif à la route située du côté est —, les projets de production d'énergie de Manitoba Hydro et les projets de ligne de transport d'énergie de Bipole III sont ouverts. Ce n'est pas le cas. Tous ces projets, d'une valeur de construction combinée de quelque 24 milliards de dollars, sont théoriquement accessibles à tous les entrepreneurs, mais ils sont assujettis aux conventions collectives classiques des syndicats des métiers de la construction et, en réalité, les dispositions de ces conventions excluent essentiellement les entrepreneurs à atelier ouvert du projet.
Je vais donner quelques exemples à l'intention du comité. À la section 12.2.1, qui porte sur la sécurité syndicale et les cotisations, l'entente Burntwood Nelson pour les projets d'aménagement hydroélectrique prévoient que:
[...] pour obtenir un emploi et le conserver, tous les employés doivent être ou devenir membres du bon syndicat du conseil et demeurer en règle.
Selon l'article 9.2 sur la procédure d'embauche, la sécurité syndicale et les cotisations de la convention collective pour la ligne de transport d'énergie:
L'entrepreneur doit informer les personnes non-membres d'un syndicat au moment de l'embauche qu'elles doivent devenir membres du syndicat approprié et qu'elles doivent demeurer en règle pour obtenir l'emploi.
Alors, l'entreprise n'est pas tenue d'être syndiquée pour soumissionner, mais les employés doivent l'être pour accomplir le travail. Le processus est fermé et il favorise le gaspillage. Les entreprises à atelier ouvert ne soumissionnent pas, et, lorsque leur concurrence est éliminée, les coûts augmentent. De plus, une entente qui force le travailleur à devenir membre d'un syndicat contre son gré est une atteinte à la liberté de choix, et l'imposition de cotisations syndicales obligatoires est une atteinte à la Charte canadienne des droits et libertés.
Notre association, ainsi que cinq ouvriers indignés par ces ententes, a déposé une déclaration devant la Cour du Banc de la Reine du Manitoba le 9 juillet 2012. Selon la déclaration, l'exigence d'être et de demeurer membre d'un syndicat pour exercer l'emploi, contenue dans l'entente Burntwood Nelson et la convention collective pour la ligne de transport d'énergie, constitue une atteinte aux dispositions des alinéas 2b) et 2d) de la Charte canadienne des droits et libertés, les dispositions sur la liberté d'expression et la liberté d'association.
L'entente manitobaine de gestion de projet touchant le canal de dérivation et la route située du côté est, à l'article 12.2 qui porte sur la sécurité syndicale, prévoit que:
Tous les employés d'un entrepreneur qui ne sont pas membres [...] ne sont pas tenus de devenir membres d'un syndicat, mais ils doivent verser un montant égal au montant normalement réclamé auprès des membres d'un syndicat pour les évaluations [du Manitoba Building Construction Trades Council] et aux cotisations syndicales applicables...
Un segment de la concurrence a été exclu de l'appel d'offres en raison des dispositions prosyndicales des ententes touchant le canal de dérivation et la route située du côté est, mais les entrepreneurs généraux qui soumissionnaient dans le cadre du projet ont constaté que, dans certains cas, le contrat était attribué à un fournisseur exclusif, et les coûts étaient beaucoup plus élevés.
Les entrepreneurs à atelier ouvert qui sont obligés de déduire des cotisations syndicales à même le salaire de leurs employés non syndiqués ont dû augmenter le salaire de leurs employés pour contrebalancer ces coûts et ces frais exigibles des ouvriers. Certaines entreprises ne soumissionnaient pas, tout simplement parce que leurs employés leur demandaient de ne pas le faire. Les ouvriers considèrent que l'élimination de leur choix, plutôt que d'améliorer les relations de travail, creuse un écart entre eux et leur employeur. Alors qu'il n'y a aucun intérêt manifeste pour les employés d'ateliers ouverts, ces coûts contribuent tous à élever les coûts du projet, et cet argent aurait mieux été dépensé pour combler les besoins du Manitoba en matière d'infrastructure.
Ce qui est encore plus déplorable pour nombre de nos entrepreneurs et leurs employés, c'est que les entreprises à atelier ouvert paient en fait des cotisations qui sont ensuite utilisées pour retirer des emplois au secteur de la construction à atelier ouvert. Voici un extrait du bulletin de décembre 2011 de la FIOE:
L'été dernier, nous avons collaboré de façon dynamique avec nos entrepreneurs pour rationaliser notre plan de redressement du marché afin d'essayer d'obtenir des projets à grande échelle [...] nos plus grands concurrents non syndiqués ont dû réduire leur effectif et affecter des employés à d'autres ateliers en raison des emplois ciblés [...]
Dans un monde de la construction équitable et juste, tous les entrepreneurs devraient être traités équitablement. Si un propriétaire croit qu'une entente de gestion de projet s'impose, les conditions d'emploi ne devraient pas être perçues comme portant atteinte aux droits des travailleurs garantis par la Charte.
Ce que nous demandons est simple. Lorsque le gouvernement finance un projet d'infrastructure, tous les entrepreneurs qualifiés devraient pouvoir soumissionner, et le libellé des documents d'appel d'offres devrait respecter les droits d'association d'employés travaillant pour une entreprise à atelier ouvert ou une entreprise unique, d'appartenance à tout autre syndicat et ceux affiliés à des syndicats classiques des métiers de la construction.
Merci. J'ai hâte de répondre aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos invités. J'aimerais d'abord et avant tout tirer quelque chose au clair.
Monsieur Sigurdson, il y a un certain temps, j'ai discuté avec vous à Winnipeg, et je vous ai invité à venir témoigner devant le comité en tant que président de Ken Palson Enterprises Ltd. À cette époque, je n'avais aucune idée que vous étiez lié de quelque façon que ce soit avec la Merit Contractors Association.
Je crois qu'il est important de mentionner, aux fins du compte rendu, que cette association... Je vous ai lancé cette invitation non pas parce que vous êtes membre de cette association, mais parce que vous dirigez une entreprise locale de construction qui, je le sais, a formulé quelques préoccupations à propos des processus d'appels d'offres. À mon avis, il était important que cela figure dans le compte rendu.
Je veux d'abord poser une question que j'ai posée à plusieurs témoins qui se sont présentés ici. Elle concerne essentiellement l'hypothèse que M. Blakely a formulée, en se fondant sur des faits, selon laquelle le processus dont nous parlons repose sur le principe du plus bas soumissionnaire. Je l'ai posée à presque tous ceux qui se sont présentés ici, et je veux également la poser à nos invités d'aujourd'hui.
Supposons que tous les soumissionnaires possèdent des compétences et des qualifications équivalentes, est-ce que, même dans un tel cas, le prix devient l'unique facteur à prendre en considération, ou est-ce que d'autres facteurs liés à leurs antécédents — par exemple le fait d'avoir effectué des travaux sur un site donné — devraient être pris en compte?
Prenons l'exemple de travaux d'agrandissement d'un hôpital. Il se peut qu'un soumissionnaire possède une certaine connaissance du site, des besoins d'une salle d'opération ou de quoi que ce soit d'autre. Si l'on construit une salle d'opération, il est souhaitable qu'elle s'inscrive dans une certaine continuité, qu'elle forme un tout cohérent avec les autres salles d'opération, de manière à ce que les infirmières et les médecins qui y travaillent puissent s'y retrouver.
À votre avis, toute choses étant égales par ailleurs, est-ce que le processus devrait tenir compte du fait qu'un soumissionnaire peut posséder une connaissance particulière de tel ou tel site de projet ou d'une structure donnée?