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Merci, monsieur le président et merci à vous tous de nous accueillir.
D'abord, Doug Reycraft, maire de Southwest Middlesex, qui devait m'accompagner aujourd'hui, ne peut être présent, son vol ayant été considérablement retardé. Mais il vous salue, tout comme notre présidente, Karen Leibovici, conseillère à Edmonton.
Nous sommes toujours heureux d'avoir l'occasion de discuter de ces questions avec le comité. Au nom des 2 000 membres de la FCM, je suis heureux de vous faire part de nos opinions sur comment la concurrence peut permettre d'optimiser les investissements dans les infrastructures.
Selon la FCM, investir dans les infrastructures municipales est la façon la plus sûre de créer des emplois aujourd'hui et de renforcer nos assises économiques de demain. Lorsque les partenaires fédéraux, provinciaux, territoriaux et locaux du secteur privé injectent de l'argent et fournissent leur expertise, aucun autre investissement ne permet d'aller aussi loin ou de réaliser autant. Dans un contexte d'incertitude économique mondiale, les Canadiens veulent savoir que nous prenons des mesures pour créer les conditions propices à une économie concurrentielle et à des collectivités solides. De plus, ils veulent savoir que tous les ordres de gouvernement travaillent ensemble à faire avancer les priorités concrètes, comme des routes et de l'eau de qualité, et des déplacements quotidiens plus courts.
Le nouveau plan d'infrastructure annoncé dans le budget de 2013 propose de renouveler le financement fédéral qui doit prendre fin en 2014. Cela permettra d'indexer le Fonds de la taxe sur l'essence afin d'en assurer la valeur à long terme. Dans ce plan, on s'engage aussi à créer un programme de financement à long terme pour les projets. Nous croyons qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction. En protégeant le pouvoir d'achat lié au transfert de la taxe sur l'essence et en prolongeant le financement du programme pour encore 10 ans, notamment, le budget promeut le principe du financement durable de l'infrastructure à plus long terme. Mes commentaires porteront sur ce sujet, car il rejoint celui de la séance d'aujourd'hui.
Nous sommes particulièrement heureux que le gouvernement ait décidé d'évaluer l'efficacité de son plan d'infrastructure au cours des cinq prochaines années. Il s'agira d'une belle occasion d'évaluer l'efficacité du plan pour combler les lacunes en infrastructure, notamment dans le transport en commun et en ce qui concerne les mises à jour nécessaires découlant de la nouvelle réglementation fédérale sur les eaux usées. Il s'agira là aussi d'une belle occasion d'évaluer les politiques, procédures, règles et règlements initiaux du programme afin d'assurer un retour maximal sur investissement et de maximiser la valeur des fonds publics.
Concernant le sujet de la présente séance, nous voulons exprimer les commentaires suivants.
Comme le savent les membres du comité, les municipalités canadiennes possèdent et exploitent un peu plus de 60 % de l'infrastructure économique de base du Canada, mais ne perçoivent que 8 ¢ sur chaque dollar versé au Canada. Les villes et collectivités sont ouvertes à toute innovation leur permettant de combler cet écart critique.
J'aimerais d'abord parler de la simplification des programmes et de la réduction des lourdeurs administratives. Une des meilleures façons de réduire les lourdeurs administratives et d'accroître la participation du secteur privé en infrastructure, c'est-à-dire, augmenter la concurrence et assurer l'équité, c'est de fournir un investissement prévisible en infrastructure, comme le Fonds de la taxe sur l'essence, plutôt que de favoriser les investissements imprévisibles offerts par l'entremise de fonds axés sur la demande.
Je m'explique.
Les programmes de financement axé sur la demande, comme le Fonds Chantiers Canada, sont idéals pour les projets à grande échelle qui demandent beaucoup de capitaux en amont. Ils utilisent ponctuellement les fonds de contrepartie offerts par tous les ordres de gouvernement dans le cadre de priorités stratégiques souvent d'importance régionale ou nationale. Ils sont certainement utiles dans certains cas, mais ils peuvent aussi alourdir le déficit en infrastructure, à moins qu'il y ait un équilibre entre eux et les programmes de financement prévisibles qui permettent aux collectivités d'entretenir ou de réparer les infrastructures existantes. D'ailleurs, l'association du Fonds Chantiers Canada, un fonds axé sur la demande, et du Fonds de la taxe sur l'essence offre cet équilibre. Néanmoins, il existe des façons d'améliorer ces programmes de financement axés sur la demande.
À court terme, il sera possible d'accroître la prévisibilité du fonds pour les gouvernements locaux en fixant des priorités claires et en s'assurant qu'une partie considérable est destinée aux projets municipaux, ce qui aidera les municipalités à mieux planifier. Le plus important sera d'accroître la capacité du secteur privé — les fournisseurs de services de construction et d'autres services — à ajuster leur approvisionnement et leurs ressources en fonction de la demande, ce qui augmentera presque assurément la concurrence à l'échelle locale.
Il serait également possible d'améliorer le Fonds Chantiers Canada en faisant du Plan d'action économique une initiative permanente et en simplifiant les formulaires de demandes et les processus, car cela permettrait de réduire les délais entre la demande de projet et l'approbation de la demande. Encore une fois, le fait de raccourcir le délai d'approbation et d'accroître la prévisibilité quant à la mise en chantier d'un projet encouragera plus de sociétés privées à soumissionner pour des projets.
Au sujet de l'augmentation de l'investissement du secteur privé et de sa participation à des projets locaux, la FCM croit que les PPP sont une option dont il faut tenir compte dans le cadre de l'évaluation d'une demande de projet. Cependant, il ne faut pas oublier que les PPP ne sont pas une solution magique et qu'ils ne peuvent pas à eux seuls combler les besoins en infrastructure. Certes, il s'agit d'une option de financement importante pour les municipalités, mais selon nous, la décision de procéder par PPP doit être prise par les autorités locales.
Le nouveau Fonds Chantiers Canada exige une évaluation des PPP, ce qui veut dire que les PPP doivent être pris en considération pour les projets de plus de 100 millions de dollars. Nous n'appuyons cette disposition que si cela signifie que les PPP seront considérés, et non imposés. Il ne faut pas oublier que dans les régions rurales, notamment, les PPP ne sont pas efficaces, car ils conviennent mieux à des projets de grande envergure. D'ailleurs, selon la plupart de nos recherches et ce que nous disent les intervenants du secteur privé, pour qu'un PPP soit efficace, le projet concerné doit avoir une valeur minimale de 100 millions de dollars. Or, la plupart des collectivités rurales, éloignées et petites n'ont pas vraiment de projets de cette envergure. De plus, elles n'ont pas vraiment la capacité d'évaluer et de gérer des projets de PPP ou même d'obtenir les renseignements nécessaires pour lancer une DP.
À titre informatif, depuis 2007, seulement 60 % du fonds pour les PPP a été affecté, soit 715 millions de dollars sur une possibilité de 1,25 milliard.
Le dernier point que j'aimerais aborder concerne le processus d'acquisition que doivent suivre les municipalités. Je crois que cela renvoie directement au sujet de cette séance. Comme je l'ai dit, la meilleure façon de créer des emplois et d'accroître le nombre de soumissions pour des projets municipaux, c'est d'offrir un financement stable et prévisible à long terme permettant aux municipalités et au secteur privé de mieux planifier leurs investissements lorsqu'il est question d'emplois et d'infrastructure. La FCM est très heureuse de la souplesse accrue des catégories de projets admissibles et du Fonds de la taxe sur l'essence, car cela favorisera la diversification et permettra de satisfaire aux besoins les plus pressants. À elle seule, cette mesure augmentera la concurrence à l'échelle locale.
Je vous donne un exemple. Plusieurs municipalités nous ont dit qu'au cours des dernières années, jusqu'à il y a deux ou trois ans, elles avaient de la difficulté à obtenir plus d'une soumission dans le cadre d'une DP pour un projet local. La principale raison, c'est qu'elles ne lançaient pas suffisamment de DP. Elles n'avaient pas suffisamment d'argent à investir en infrastructure pour attirer les entrepreneurs locaux. Selon elles, le leadership dont a fait preuve le gouvernement fédéral au cours des dernières années en réinvestissant dans l'infrastructure au pays a fait croître non seulement les montants investis chaque année en infrastructure, mais aussi l'intérêt du secteur privé à investir en infrastructure. L'investissement continu à long terme dans ce secteur a permis d'attirer de plus en plus de soumissionnaires du secteur privé. Des petites collectivités nous ont dit que, pendant des années, elles ne recevaient qu'une soumission par projet. Aujourd'hui, elles en reçoivent deux, trois voire quatre, car les entrepreneurs savent qu'elles vont investir dans les infrastructures locales, et ce, pour des années à venir. La meilleure façon de réduire les coûts à l'échelle locale, c'est d'obtenir plusieurs soumissions.
À ce sujet, j'aimerais souligner que les processus d'acquisition sont réglementés par des ententes ou des lois provinciales. Dans certains cas, en raison de ces règlements, les décisions ne relèvent plus des gouvernements locaux.
Je tiens à souligner que toute imposition de nouvelles restrictions fédérales au processus d'appel d'offres municipal ne fera qu'augmenter les lourdeurs administratives, ajouter des obstacles bureaucratiques et, finalement, augmenter les délais et les coûts des principaux projets d'infrastructure et nuira à la création d'emplois.
En terminant, nous espérons que le plan à long terme annoncé dans le budget 2013 servira de modèle de coopération logique à tous les gouvernements et aidera à faire tomber les cloisonnements administratifs qui les empêchent d'obtenir les meilleurs services pour les contribuables. Le plan d'infrastructure annoncé dans le budget est une occasion importante pour le Canada de maximiser les possibilités, et les dirigeants municipaux sont prêts à contribuer à ces efforts
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci. Bonjour et merci de m'avoir invité.
Je tiens à féliciter le comité pour cette étude qui, selon moi, est très importante. J'aimerais également remercier les membres pour leurs efforts au Parlement, et ce à tous les niveaux.
Je m'appelle Brian Dijkema. Je suis le directeur des programmes pour le projet de travail et de recherches économiques chez Cardus. Cardus est un groupe de réflexion public qui étudie depuis longtemps le secteur de la construction, plus particulièrement le rôle des travailleurs de la construction. Avec le temps qui m'est alloué aujourd'hui, j'aimerais aborder deux points.
Premièrement, les appels d'offres ouverts et fermés ne devraient pas être considérés comme étant équivalents à des marchés offerts aux travailleurs syndiqués et non syndiqués. C'est beaucoup plus complexe que ça. La réalité sur les chantiers est beaucoup plus complexe que ce simple modèle binaire. Deuxièmement, la compétitivité et la santé du secteur de la construction dépendent d'un processus d'appel d'offres ouvert et juste, et pas seulement pour des raisons démocratiques — car il s'agit ici d'une question démocratique —, mais aussi parce que ce secteur dépend de l'innovation économique pour les projets d'infrastructure municipaux, et aussi pour d'autres raisons, comme le développement responsable des ressources.
Concernant le premier point, Cardus a publié plusieurs documents de recherche témoignant du rôle du secteur de la construction dans l'économie du pays des années 1970 à aujourd'hui. Un des changements les plus importants concerne la façon dont les travailleurs interagissent avec les propriétaires et les acheteurs. Les travailleurs de la construction constituent un groupe unique, puisque les projets à grande échelle en infrastructure créent une demande cyclique pour une main-d'oeuvre hautement qualifiée. À une certaine époque, un seul syndicat — le syndicat des métiers traditionnels de la construction — pouvait fournir et gérer la main-d'oeuvre nécessaire pour satisfaire aux demandes cycliques. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, il existe divers bassins de travailleurs pour répondre à cette demande un peu partout au pays. Plusieurs régions ont des bassins de main-d'oeuvre concurrentiels, mais la politique publique actuelle ne tient pas compte de cette réalité.
En 2003, nous avons publié un document intitulé Competitively Working in Tomorrow's Construction dans lequel nous soulignons la diversité de la main-d'oeuvre. Nous avons remarqué qu'il y a sept catégories de travailleurs, et non pas seulement les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Il y a, bien entendu, les membres d'un syndicat des métiers de la construction. Certains syndicats représentent plusieurs métiers. D'autres ont élargi leur portée en représentant des travailleurs ayant des compétences dans plusieurs domaines. Il y a eu l'arrivée des syndicats industriels, comme le SCEP, qui représentent des travailleurs de la construction qui normalement n'auraient pas fait partie de leur effectif. Il y a eu l'éclosion de syndicats alternatifs, comme le CLAC et d'autres, et divers syndicats se sont organisés dans le cadre d'ententes de projets.
Il est faux de dire que les travailleurs de la construction sont soit syndiqués, soit non syndiqués. Cela ne témoigne pas de la réalité sur les chantiers. C'est un changement important. Ces différents modèles organisationnels — ces façons d'organiser la main-d'oeuvre et de s'ajuster aux possibilités et aux restrictions — joueront un rôle important dans la réussite ou l'échec du secteur à moyen terme.
En 2005, Cardus a organisé une conférence intitulée « Stepping Forward », à Calgary, à laquelle les employeurs et syndicats du secteur étaient bien représentés. Cette conférence était coparrainée par les syndicats du secteur de la construction — Merit, CLAC, CLRA et PCAC — qui se sont réunis pour discuter des divers enjeux auxquels le secteur était confronté. La conférence a permis de dresser une liste d'enjeux, liste également publiée dans le rapport qui a suivi la conférence, y compris la disponibilité de la main-d'oeuvre, la formation en apprentissage et la qualité de vie selon les modèles de travail utilisés dans le secteur.
Il est important de souligner qu'en plus d'être diversifiée, la main-d'oeuvre du secteur de la construction, et donc le secteur lui-même, est de plus en plus nationale. Nous avons mené deux études pour le Conseil sectoriel de la construction intitulées « Working Mobile » et « Working Local ». Dans le cadre de ces études, nous avons demandé à des travailleurs de la construction ce qui les avait motivés à aller travailler dans une autre région, par exemple, des gens de Terre-Neuve qui travaillaient à Fort McMurray, et les obstacles qu'ils ont dû surmonter. Nous avons analysé les raisons pour lesquelles ils ont fait ce choix, les obstacles auxquels ils ont fait face, ainsi que les avantages et inconvénients pour le secteur. Il était clair que les travailleurs voulant travailler dans une autre région étaient confrontés à divers obstacles. Nous avons également remarqué ce phénomène ailleurs.
En 2008, lors d'un exposé qui a été présenté devant le Club économique du Canada, mon collègue Ray Pennings a souligné certaines dimensions économiques des problèmes que pose le fossé qui sépare les politiques et la situation sur le terrain. Le document intitulé Why is Construction so Expensive in Ontario? attire l'attention sur le fait que le régime de relations de travail de l'Ontario fait fi du développement de nouveaux modèles d'organisation du travail, qui sont plus répandus dans l'ouest du Canada et qu'on retrouve de plus en plus ailleurs au pays.
C'est ce qui m'amène à mon deuxième point. En Ontario — mais aussi partout ailleurs au pays —, les processus d'appel d'offres fermé constituent un exemple patent du fossé qu'il y a entre les politiques et ce qui se passe sur le terrain. De nos jours, les lois canadiennes sur la construction doivent concorder avec les meilleures options qui existent, ou du moins avec les différentes options. Cela stimulera grandement notre économie étant donné que les budgets d'approvisionnement ne cessent d'augmenter et qu'on a besoin de plus en plus d'argent, comme mes collègues l'ont souligné. Notre démocratie en sera également renforcée puisque les travailleurs canadiens recherchent la liberté de choix, et plus de choix s'offrent à eux maintenant que dans le passé.
Sur le plan économique, selon notre moniteur Cardus de la compétitivité de la construction, un modèle restrictif d'appel d'offres aboutit à une surcharge pour les acheteurs publics variant de 2 %, si l'on accepte le modèle suivi par Toronto et qui est mentionné le plus souvent par les représentants de ceux qui bénéficient des modèles restrictifs, c'est-à-dire les syndicats des métiers du bâtiment, à 40 %0 pour Hamilton selon l'estimation, ce qui a été fourni par des conseillers et confirmé dans le rapport de la ville sur la question des appels d'offres fermés lorsque cela a donné lieu à un processus d'appel d'offres fermé.
Stephen Bauld, qui a rédigé des textes légaux sur les marchés publics produits par LexisNexis, dit non seulement que la question est pertinente quant à l'admissibilité à soumissionner et aux restrictions de coûts, mais aussi que le nombre de soumissionnaires a des répercussions sur le prix. Selon les recherches de Bauld et de beaucoup d'autres recherches faites par des économistes, les coûts baissent de 20 à 25 % lorsque le nombre de soumissionnaires passe de 2 à 15. Bauld donne trois bonnes raisons d'accroître la concurrence de la construction dans le processus d'appel d'offres, et je le cite:
Premièrement, à mesure que le nombre de soumissionnaires augmente, chacun a intérêt à offrir un meilleur prix, car c'est de plus en plus difficile pour les soumissionnaires participants de prévoir ce que les autres feront. Deuxièmement, un plus grand nombre d'offres augmente les chances de recevoir l'offre d'une partie qui accorde une grande importance à l'obtention du contrat. Une telle partie offrira probablement le prix le plus concurrentiel. Troisièmement, si le nombre d'offres augmente, il est plus difficile pour les soumissionnaires d'adopter des pratiques collusoires.
Bref, les appels d'offres fermés entraînent d'énormes coûts pour nos budgets publics.
Il y a cependant un argument encore plus fondamental et il concerne la démocratie. Exclure des soumissionnaires potentiels des travaux publics à cause des choix qu'ils font ou des choix que les travailleurs font en tant que simples citoyens va à l'encontre des principes canadiens. Non seulement le processus d'appel d'offres fermé coûte plus cher aux contribuables, mais il intègre un modèle de travail au détriment d'autres associations de travailleurs. En bref, il écrase l'innovation et la diversité extraordinaires du secteur sur le terrain.
Les travailleurs devraient avoir la liberté de choisir entre ces modèles d'organisation syndicale sans être exclus de façon arbitraire des travaux publics en raison des choix qu'ils font comme simples citoyens. De plus, la population devrait bénéficier des innovations qui voient le jour dans ces bassins compétitifs en voyant toute la gamme de travailleurs qualifiés qui font concurrence pour des travaux publics financés par les fonds publics.
Selon un vieux principe de gouvernance, ce qui touche tout le monde doit être approuvé par tout le monde. Je dirais au comité et au gouvernement qu'un principe similaire devrait s'appliquer aux appels d'offres pour les projets d'infrastructure financés par les fonds publics. Ce qui est financé par tous devrait être accessible à tous. En d'autres termes, le processus d'appel d'offres ouvert favorise l'équité. Dans une société libre et démocratique, aucune restriction ne devrait empêcher les entreprises qualifiées de soumissionner des travaux financés par l'État en raison de l'affiliation personnelle de leurs employés. C'est tout simplement injuste.
À mon sens, la responsabilité ne devrait pas revenir à ceux qui demandent que les soumissions publiques soient ouvertes à tous les Canadiens, mais plutôt à ceux qui souhaitent limiter les soumissions publiques à un groupe restreint, peu importe de quel groupe il s'agit. Quel objectif de politique publique un processus d'appel d'offres restreint sert-il? Je ne le sais pas encore.
Ce n'est pas une question provinciale ou municipale, mais nationale. Des montants importants de fonds fédéraux sont visés par des appels d'offres fermés, dont 263 millions de dollars en Ontario seulement, selon notre examen des dépenses d'infrastructures fédérales. À Toronto, Union Station — la plupart d'entre nous ont eu l'occasion de la visiter — et le stade des Jeux panaméricains à Hamilton, chez moi, sont deux des exemples notoires de restriction dans les fonds fédéraux.
Au Manitoba, l'agrandissement du canal de dérivation de la rivière Rouge et le projet de route du côté est du lac Winnipeg requièrent la signature d'ententes de projet avec certains syndicats, ce qui empêche les entreprises affiliées à d'autres syndicats et les entreprises non syndiquées de soumissionner des projets d'infrastructure publics dans le cadre du régime de relations de travail choisi par leurs employés. Ces projets reçoivent 324 millions de dollars en fonds fédéraux et une bonne partie des travaux sont effectués dans le cadre d'ententes de projet. C'est donc une question nationale.
En Colombie-Britannique également, la loi est structurée de manière à restreindre les choix et à réduire la concurrence. Les syndicats — peu importe de quel syndicat ou de quel groupe il s'agit — peuvent demander au ministre de leur permettre de négocier collectivement et de conclure une entente syndicale pour la durée de projets majeurs. Cela permet effectivement à un syndicat donné ou à un bassin de travailleurs de demander des droits exclusifs au ministre pour des projets majeurs. Cela politise les travaux publics, ce qui n'apporte rien d'utile.
Nous comprenons que divers intérêts sont en jeu dans cette discussion. Dans notre article de 2003, mon collègue, Ray Pennings, a indiqué que compte tenu des sommes importantes, de la réputation des organisations et des parts de marché en jeu pour les différentes entreprises, les syndicats et les associations qui participent à la construction industrielle au Canada, il est inévitablement nécessaire d'aller au fond des choses dans le cadre de toute discussion publique sur les relations de travail et le rôle du financement des infrastructures.
Les gouvernements ont l'importante tâche d'aller au fond des choses et de reconnaître que le processus d'appel d'offres ouvert constitue une préoccupation stratégique pour le pays. C'est lié au coeur du programme d'emplois et de formation du pays, qui a été établi par le gouvernement actuel. Il favorisera la participation de diverses collectivités, comme les Autochtones. Le processus d'appel d'offres ouvert favorisera une extraction responsable des ressources et fera en sorte que le déficit infrastructurel du Canada sera ramené à un excédent à moindre coût et de façon juste, avec un financement accru.
Il s'agit de déterminer si nous conserverons notre réputation de pays qui accepte la diversité, encourage l'innovation et promeut l'excellence. Nous avons trois recommandations.
Premièrement, une étude devrait être réalisée pour examiner les économies dont pourra bénéficier le gouvernement fédéral des appels d'offres ouverts ou du fait d'en faire une exigence.
Deuxièmement, nous recommandons que le gouvernement rende le versement de fonds d'infrastructures fédéraux conditionnel à l'adoption d'un processus d'appel d'offres ouvert à tous les soumissionnaires qualifiés, peu importe l'affiliation des employés, sauf dans les provinces dont les lois ne le leur permettent pas. Les endroits où l'on conclut des ententes volontaires avec certains syndicats et où l'on exclut des soumissionnaires ne devraient pas recevoir de fonds fédéraux. Les provinces qui ont présentement les mains liées en raison des lois du travail provinciales devraient toujours être admissibles.
Troisièmement, je propose que le gouvernement tienne des rencontres avec ses homologues provinciaux pour déterminer des façons d'assurer des appels d'offres justes, ouverts, transparents sur des projets financés par le gouvernement fédéral en insistant particulièrement sur la suppression des obstacles pour de nombreux bassins de travailleurs.
Je vous remercie de votre attention. Je suis prêt à répondre à vos questions.
En fait, notre recommandation à cet égard se trouve dans le mémoire sur le budget de 2013. Il s'agit de principes assez simples. Premièrement, il faut que les municipalités arrivent à mieux planifier à long terme en matière d'infrastructure. La meilleure façon d'y parvenir, c'est d'harmoniser le financement des autres instances gouvernementales à cette vision à long terme. Le financement est de plus en plus prévisible grâce aux échéances des investissements en infrastructure du gouvernement fédéral, ce qui permet de mieux planifier. C'est d'ailleurs l'effet du Plan d'action économique de 2013. L'échéance du plan Chantiers Canada est passée de 7 à 10 ans. Le plan actuel de sept ans était déjà l'échéance la plus lointaine. À elle seule, cette mesure permet de réduire les coûts et de stimuler la concurrence sans augmentation de l'investissement annuel. La proposition permet véritablement d'optimiser les ressources.
Les formes de financement les plus importantes sont le financement à long terme et le financement prévisible. Comme je l'ai dit en ouverture, il faut ensuite trouver un équilibre entre les investissements en infrastructure et l'entretien des infrastructures en place. Les municipalités ont toujours bien du mal à y parvenir lorsqu'elles sont aux prises avec des contraintes fiscales. Du côté des opérations, il faut assurer un approvisionnement en eau, déneiger les rues et équilibrer le budget de fonctionnement aux termes de la loi. Si c'est difficile pour des raisons financières, on peut finir par négliger la remise en état des infrastructures, ce qui décuplera les coûts au bout du compte. Comme on dit, celui qui ne met pas un dollar pour réparer un nid-de-poule se retrouvera avec 2 000 $ de réparations structurales majeures.
À vrai dire, le Plan d'action économique de 2013 parvient à cet équilibre grâce au fonds de la taxe sur l'essence, y compris l'indexation — c'est permanent —, et aux fonds axés sur les demandes, comme le Fonds Chantiers Canada. En troisième lieu, comme je l'ai mentionné plus tôt, il faut vraiment comprendre l'objectif des investissements de chaque instance et harmoniser les rapports à ces objectifs dans le but d'évaluer les progrès.
En fait, la Fédération canadienne des municipalités a collaboré avec trois autres organisations à la conception d'un bulletin visant à évaluer véritablement la condition actuelle des infrastructures. Nous prévoyons nous livrer à cet exercice aux trois ans pour que l'ensemble des Canadiens puissent constater à quel point toutes les instances améliorent les infrastructures, et qu'ils puissent nous tenir responsables des progrès, mais de l'absence de progrès aussi.