:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier le comité de m'avoir convoqué. Je crois que c'est mon cinquième témoignage en huit ans. Je suis content de pouvoir donner le point de vue de nos membres.
Pour commencer, je vous présenterai brièvement l’Institut forestier du Canada ou, en anglais, le Canadian Institute of Forestry. Il s'agit d'une association à but non lucratif de professionnels de la forêt, mais aussi de nombreux gestionnaires de terres et de ressources naturelles, de gens qui veillent finalement à la bonne gestion des forêts et des ressources naturelles sur le territoire canadien.
Notre organisme compte environ 2 700 membres, presque 2 800, en fait — , qui viennent de toutes les provinces et territoires. Il est structuré en 19 sections et existe depuis environ 106 ans.
L'institut a pour mandat principal d'offrir de la formation continue et du perfectionnement professionnel à ses membres pour que les professionnels de la forêt demeurent compétents et soient informés des données scientifiques et des résultats des études les plus récentes qui sont menées par divers intervenants au Canada ou à l'étranger. Ses activités sont beaucoup axées sur le partage des connaissances et la vulgarisation. Les 19 sections qui le composent organisent constamment des activités, c'est-à-dire des conférences, des ateliers, des séminaires, des tournées d'observation et des cours, qui ont pour but d'aider les membres à se tenir à jour en foresterie et dans le secteur des ressources naturelles.
Nous sommes tout à fait conscients qu'il faut parler de façon objective, constructive et équilibrée des enjeux relatifs à la gestion des forêts et des ressources naturelles, ce que nous nous faisons un devoir de faire. C'est ce qui nous distingue la plupart du temps. Chaque mois, voire aux deux ou trois semaines, nous publions un communiqué, un éditorial ou une lettre adressée au gouvernement, à l'industrie ou aux chercheurs afin de présenter un point de vue positif et constructif sur les enjeux généraux, ou au contraire très pointus, de la foresterie, et de proposer des solutions.
Avec 2 700 ou 2 800 membres, ce n'est pas toujours facile, mais nous nous en tirons plutôt bien, et nous sommes collectivement la voix des professionnels de la forêt depuis plusieurs décennies.
Voilà en gros ce qui définit l'institut. Il compte de plus en plus de membres et crée des programmes qui permettent de diffuser les résultats des études scientifiques par l'entremise de publications, de séminaires Web, de conférences électroniques et de toutes sortes d'autres initiatives nationales.
Je tenais à dire au comité qu'une bonne part de notre mandat et des services que nous offrons à nos membres, à nos partenaires et à nos organismes affiliés se fondent sur l'accès à des données de qualité, et ce, à tous les points de vue, qu'il s'agisse de recherches universitaires, de sources gouvernementales ou de données recueillies par les entreprises et l'industrie. Bien souvent, ce sont des coopératives qui recueillent des données, qui les diffusent et qui créent et entretiennent des bases de données. C'est de plus en plus fréquent au Canada, et je crois que c'est un très bon mode de fonctionnement.
Je viens d'ailleurs d'apprendre qu'une coopérative d'Alberta s'intéresse à l'accroissement en volume, c'est-à-dire aux mesures servant à calculer la croissance des arbres. Jusqu'à tout récemment, chaque intervenant faisait ses propres calculs.
Tous les intervenants, c'est-à-dire les sociétés, le gouvernement de l'Alberta et les autres parties intéressées, ont pu mettre leurs ressources, leur temps et leurs efforts en commun pour réaliser ce projet malgré son caractère disparate et pas très convivial. Il en résulte des gains de temps et d'argent. De plus, ces efforts ont permis d'obtenir de meilleures données, non seulement dans le domaine de la gestion des forêts et de l'exploitation du bois d'oeuvre et de la fibre ligneuse, mais aussi dans le domaine de la gestion des écosystèmes, de l'écologie, de la biodiversité et des habitats fauniques, et de l'approbation sociale permettant de faire tout cela.
Ce modèle et l'ouverture des données me tiennent à coeur. Je pourrais donner beaucoup d'exemples de cas canadiens ou étrangers d'où j'ai tiré mes connaissances sur ce que font ces coopératives et sur leur fonctionnement.
Je sais que le mandat du comité dépasse le domaine de la foresterie et des ressources naturelles, mais le travail de base et les données de ce genre sont le fondement sur lequel repose une bonne partie de la prospérité canadienne et des bonnes décisions de gestion, qu'il s'agisse de l'endroit où construire une scierie, de l'ajout d'une nouvelle ligne ou de la gestion de la forêt de façon à protéger les cours d'eau, la faune, les habitats, la biodiversité, etc. Ils sont essentiels pour bien gérer la forêt et dans le domaine de la foresterie interdisciplinaire moderne, qui est loin de se limiter à l'exploitation forestière.
Le secteur a évolué au cours des dernières décennies, pour ne pas dire du dernier siècle. Il nous permet maintenant, comme on dit, d'avoir le beurre et l'argent du beurre. La bonne gestion des forêts permet de favoriser la prospérité économique, de préserver et, parfois même, d'améliorer les processus écologiques et de favoriser la stabilité sociale. Tout se base sur des données de bonne qualité et sur l'information qu'on peut en tirer.
L'institut prend directement part à ces efforts. Ses membres y participent individuellement dans le cadre de leur travail. Notre organisation fait le plus souvent possible la promotion de l'utilisation commune de données ouvertes. Nous aimons l'idée des portails.
La question de la propriété des données pose toujours problème. Les scientifiques et les chercheurs veulent parfois que leurs données ne soient pas rendues publiques avant la publication de leur étude; ils ont besoin de certaines garanties. La confidentialité des renseignements et les questions de ce genre entrent en ligne de compte. Il faut souvent tenir compte de l'organisme qui a financé l'étude ou participé au développement et à la réalisation du projet. Mais le plus souvent, nous sommes favorables au libre partage des données sur la foresterie et les ressources naturelles.
C'est à peu près tout ce que j'avais à dire dans mon exposé, qui résume bien notre raison d'être, nos activités et nos valeurs.
:
C'est un grand plaisir d'être ici aujourd'hui.
Cette question m'intéresse depuis longtemps. J'ai passé toute ma carrière dans le domaine de l'information. Lorsque j'étais analyste, j'avais besoin de macrodonnées pour comprendre le fonctionnement hiérarchique de l'économie et de la société et je produisais des microdonnées sur le comportement des particuliers et des entreprises. Depuis que je suis à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, j'ai une perspective inverse: je défends les intérêts des petites entreprises qui veulent notamment savoir comment accroître leurs chances de croissance et de succès.
Soit dit en passant, après avoir obtenu mon diplôme, au début des années 1980, j'ai d'abord travaillé pour une entreprise qui revendait à des tiers des bases de données de Statistique Canada et de diverses autres sources. Je devais notamment montrer aux gens comment avoir accès à ces données et les utiliser dans le contexte de leur entreprise.
Je travaille depuis longtemps en collaboration avec Statistique Canada. Au début des années 1990, j'ai fait partie de son groupe de travail sur les données régionales. C'est ce qui permettait au ministère de publier des données portant sur des régions très précises à l'usage des petites entreprises. J'ai collaboré avec ce ministère sur l'interconnexion des petites entreprises, c'est-à-dire que les gens commençaient à avoir accès à Internet et à élaborer leurs propres techniques d'interconnexion. C'était une question importante au milieu des années 1990.
Pendant des décennies, j'ai incité Statistique Canada à donner gratuitement accès au Système canadien d'information socio-économique et à de nombreuses autres bases de données et produits d'information, surtout lorsqu'il ne lui en coûtait plus rien pour le faire. L'information existait déjà. C'était donc très peu coûteux de la mettre à la disposition des gens, et nous savions que nos membres n'utilisaient pas les renseignements en fonction de bases de données ou de séries de données.
Je suis très content que Statistique Canada ait donné librement accès à cette information au cours des dernières années et j'aimerais beaucoup connaître le taux d'utilisation de ces bases de données depuis qu'on peut les consulter gratuitement. L'utilisation de ces données a sûrement augmenté énormément.
Lorsque j'étais analyste et que j'avais besoin d'information sur les petites entreprises, j'ai vivement recommandé à Statistique Canada de recueillir de l'information sur ces entreprises, dont les besoins varient énormément. Nous souhaitons qu'elles puissent consulter l'information qui leur est le plus utile dans leur contexte.
Depuis peu, je suis aussi membre du comité interentreprises de l'Association de la recherche et de l'intelligence marketing du Canada. En collaboration avec elle, je crée des produits et des services visant à aider les entreprises à mieux comprendre les autres entreprises. Ce n'est pas toutes les entreprises qui font affaire avec des consommateurs, mais en plus de leur propre marché, il faut aussi qu'elles comprennent les produits, les entreprises, leurs concurrents, et cetera.
Selon moi, le Canada a longtemps accusé du retard par rapport aux autres pays, surtout les États-Unis, en ce qui concerne la publication de renseignements gratuits ou à coût modique qui permettraient aux entreprises à mieux comprendre les enjeux économiques. On a pour ainsi dire habitué plusieurs générations d'entrepreneurs à ne pas utiliser ces données. On ne leur a jamais appris qu'ils pouvaient les consulter. Ils ne s'en servent pas pour élaborer leurs stratégies commerciales et tout ça. Il faudra du temps avant qu'ils comprennent qu'ils peuvent les utiliser.
La situation a un peu évolué au cours des dernières années, et je m'en réjouis. Mais il faut selon moi un certain temps avant que la réflexion se fasse. Nous espérons que les produits offerts successivement et l'intervention de tiers permettront à cette information de mieux pénétrer le marché.
Ce qui est certain, c’est que le coût prohibitif des données personnalisées de sources privées empêche complètement les petites entreprises de s’en servir. La plupart des services de données personnalisées interentreprises du secteur privé s’adressent aux grandes entreprises. Les petites entreprises n’ont habituellement pas accès à cette information. Ces données coûtent cher, mais on n’en comprend pas la valeur. On ne peut juger de leur valeur que bien après, lorsque l’entreprise y a eu recours. Le processus peut être long, et il peut s'agir d'un énorme obstacle à surmonter pour toute entreprise qui aurait besoin de certaines données pour améliorer ses affaires.
Nous comprenons aussi que, plus une entreprise est petite, moins les macrodonnées agrégées sont pertinentes. Les petites entreprises n’ont pas besoin de tout savoir sur le produit intérieur brut, les niveaux d’emploi agrégés par provinces ou autres choses du genre. Pour comprendre le marché dans lequel elles évoluent, les petites entreprises ont besoin d’information segmentée et pointue portant par exemple sur un très petit secteur, une ville, un village, voire un quartier. Leur champ d’intérêt va souvent se limiter à une zone géographique restreinte; ce sont donc les données qui portent sur cette zone qui sont le plus susceptibles de les intéresser. En somme, elles veulent de l’information sur leurs clients, leurs produits et leurs concurrents.
En prévision de la rencontre d’aujourd’hui, j’ai noté quelques réflexions sur ce que je crois être les clés du succès en la matière. Je me suis rendu sur le site donnees.gc.ca et je dois dire que j’ai bien aimé ce que j’ai vu. J’ai aussi trouvé que les objectifs en matière de publication des ensembles de données étaient utiles, mais c’est à l’usage que nous en connaîtrons la valeur réelle. J’espère en tout cas que le taux d’utilisation et d’accès à l’information entrera dans les paramètres dont vous vous servirez pour évaluer ce projet.
Les données qui aident les gens ou les entreprises à faire des liens entre les données publiques et l’information en leur possession sont elles aussi cruciales. À mon sens, les données géospatiales risquent d’occuper une place prédominante. Selon le logiciel utilisé, les fichiers des limites cartographiques sont généralement difficiles à consulter. Il faut malgré tout que les fichiers présentant les limites géospatiales soient rendus publics, et pas seulement pour les régions métropolitaines de recensement, mais pour la quasi-totalité des niveaux de désagrégation géographique, y compris les circonscriptions fédérales, les villes, les villages et les quartiers.
Nous estimons en outre que les données tournées vers l’avenir sont beaucoup plus importantes que celles qui portent sur le passé. L’histoire n’est évidemment pas sans importance, mais en économie, elle sert d’abord et avant tout à dégager des tendances. C’est dans ce contexte que les petites entreprises se révèlent particulièrement utiles pour l’économie, puisqu’elles sont les premières à voir émerger ces tendances. Si l’information pouvait alors… C’est difficile à prévoir, mais c’est précisément d’information de cette nature qu’elles ont besoin, c’est-à-dire d’information qui leur permet de saisir ce qui a échappé aux autres.
En ce qui concerne l’apparition de firmes qui se spécialisent dans l’intégration de valeur ajoutée à l’information — je signale au passage que ces firmes aussi peuvent être très petites —, et qui fournissent l’information ainsi rehaussée aux bases de données avant de la distribuer aux clients les plus susceptibles de la comprendre, je crois que le gouvernement pourrait très certainement faire savoir aux parties intéressées que cette information existe et qu’elle est disponible. Mais pour ce qui est de sa mise en marché, notamment auprès des entreprises, nous croyons qu’il va avoir besoin de l’aide d’intermédiaires. Nous pensons qu’il serait bon que le gouvernement encourage ces intermédiaires à prendre part au processus et à élaborer de nouveaux produits.
L’expérience nous a appris que les gens qui ont une vision macroéconomique du monde et de l’information n’envisagent pas l’information de la même manière que ceux qui ont une vision microéconomique. Le samedi de la PME, organisé par la fédération, est un bon exemple. Nous avons demandé à nos membres qui le voulaient d’offrir des promotions ou des spéciaux un certain samedi d’octobre, en échange de quoi nous avons fait de la publicité sur un site Web. Les clients pouvaient se rendre sur le site en question et chercher, parmi les entreprises de leur quartier, celles qui les intéressaient le plus. Nous avions classé l’information par type d’industrie, parce que c’est toujours ainsi que nous la classions. Or, nous nous sommes rapidement aperçus que ce n’est pas ainsi que fonctionnait l’esprit des clients. Ils ne connaissent rien aux codes NIX et autres. Ce qu’ils veulent, c’est tel ou tel produit. S’ils veulent acheter des chaussures ou une tondeuse, ils n’organiseront pas leurs recherches en fonction du type de magasin, mais directement en fonction du produit qui les intéresse.
Nous avons alors pu structurer notre information de manière à répondre aux attentes des clients.
Il va sans dire que la qualité est aussi très importante. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a déjà vécu une expérience semi-désastreuse avec les données sur les circonscriptions fédérales et les codes postaux, tout simplement parce que la base de données fournie par Statistique Canada contenait de nombreuses erreurs. Voilà qui prouve encore une fois que les fichiers des limites cartographiques seraient très utiles, car cette fois-là, ils nous auraient aidés à y voir plus clair.
La fédération est d’avis que les autres ordres de gouvernement devraient aussi participer au projet. La normalisation de l’information sur la gouvernance et les finances est très importante. Nous avons remarqué que le gouvernement de l’Alberta s’est grandement éloigné des principes classiques de comptabilité budgétaire, qui faisaient en sorte qu’il était très difficile d’avoir une idée du rendement fiscal de la province sur un nombre x d’années et encore plus difficile de le comparer avec celui des autres provinces. Quant aux municipalités, c’est très difficile de se retrouver parmi leurs données financières tellement elles sont éparpillées.
Nous savons aussi que les tableaux préformatés, qu’ils soient en deux ou en trois dimensions, ne donnent pas toujours de bons résultats. Nous croyons donc qu’il faut privilégier le plus possible les microdonnées, dans les limites, évidemment, des principes de la confidentialité et de la protection des renseignements personnels. Les microdonnées permettent en effet aux clients d’agréger ou de recouper l’information en fonction des critères de recherche qui leur plaisent.
Il manque en outre de données pertinentes pour aider les décideurs. C’est à peu près impossible de faire une analyse de l’incidence fiscale, parce que Statistique Canada est pour ainsi dire incapable de mettre assez d’ordre dans ses ensembles de données organisationnelles pour fournir l’information requise. Et faute de données normalisées recueillies localement, les politiques sur l’impôt foncier ont de quoi nous faire perdre notre latin.
Je peux donc affirmer que, malgré les énormes progrès réalisés et même si cette initiative est tout à fait réjouissante, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Cela dit, sachez que nous fournirons avec plaisir toute l’aide que nous pourrons.
Merci beaucoup.
Merci également à vous deux d’avoir accepté de comparaître. Monsieur Mallett, je remarque que vous avez un très joli bureau… La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante chercherait-elle à réduire ses coûts?
Comme vous le savez, notre étude vise entre autres à trouver des moyens pour que les entreprises canadiennes puissent obtenir et utiliser plus facilement de l’information de grande valeur ayant un fort potentiel économique. C’est à cet aspect que nous nous intéressons aujourd’hui.
M. Mallett disait que les données qui portent sur l’avenir sont plus intéressantes. Je crois qu’on peut affirmer que la plupart des données gouvernementales, en plus de porter sur le passé, ne sont pas toujours à jour. Il faut du temps pour les mettre en ligne. M. Pineau disait quant à lui qu’il faut des données de qualité.
J’aimerais pousser la réflexion un peu plus loin et vous demander à tous les deux de me dire, du point de vue de l’utilisateur, quelles sont vos attentes par rapport au gouvernement en matière de qualité, si vous croyez qu’il y a effectivement un retard à combler et ce que vous feriez pour le combler.
Vous pourriez peut-être commencer, monsieur Mallett.
:
Absolument. Ce sont toutes de bonnes questions. C’est très difficile de produire de l’information tournée vers l’avenir, parce que personne ne le connaît, l’avenir. Et personne, évidemment, n’a de données sur ce qu’il nous réserve.
Mais nos membres nous ont quand même dit, notamment en ce qui concerne l’enquête auprès des entreprises de Statistique Canada, que le temps est très important. Certaines données qui leur sont fournies datent de deux ou trois ans. Que peuvent-ils en tirer? Tous ceux qui recueillent des données ont la même difficulté, et nous avons discuté longuement des solutions à apporter avec Statistique Canada.
Nous remercions d’ailleurs les responsables de prendre la situation très au sérieux. Hélas, il n’y a que les industries et les entreprises qui puissent fournir des renseignements de qualité sur les industries et les entreprises, ainsi que les personnes qui remplissent ces enquêtes.
Le niveau de difficulté peut être assez élevé, et le fardeau que ça représente est souvent à l’avenant. Dans toute la mesure du possible, Statistique Canada va chercher ses données administratives auprès d’autres sources, comme l’ARC, et tente par tous les moyens de ne pas trop en mettre sur les épaules des petites entreprises, surtout dans les régions économiques de petite taille, comme les petites provinces, les petits territoires ou autres.
Si je veux obtenir de l’information plus complète sur un secteur donné, je vais devoir aller interroger moi-même les entreprises qui en font partie, ce qui ajoute au fardeau de la collecte. C’est entre autres pour cela que nous demandons que l’information soit fournie gratuitement aux entreprises, car si ces dernières fournissaient gratuitement de l’information au gouvernement, elles pourraient au moins la récupérer le plus rapidement possible, et sans frais. Après tout, ce sont elles qui fournissent l’essentiel des données qui sont compilées, analysées et redistribuées.
Alors oui, nous comprenons. J’ai parlé d’avenir, mais…
:
C’est vraiment une bonne question, et je vais vous donner mon point de vue personnel.
Avant d’aboutir à l’Institut forestier du Canada, j’ai travaillé dans le secteur privé et public de plusieurs provinces. La seule chose qui a toujours semblé compter, c’est le prix à payer pour obtenir des données de qualité. En fait, il s’agit d’un investissement. Il faut voir les choses autrement.
Et c’est justement parce que les gens s’arrêtent généralement aux coûts que ce sujet est aussi tabou. Prenons l’exemple de l’inventaire forestier, c’est-à-dire la base. Il vous donne une idée de l’état de la forêt au moment où il est pris, mais il vous permet aussi de faire des prévisions, des modèles, d’avoir une idée de ce que l’avenir vous réserve et de déterminer ce que vous pouvez récolter sans crainte de perturber les écosystèmes et tout ça. C’est un investissement qui vous permet de faire avancer votre entreprise.
Le problème n’est pas à sens unique. Parfois c’est l’industrie qui doit recueillir les données et produire les inventaires et les ensembles de données connexes, parfois c’est le gouvernement, et parfois ce sont les deux, mais c’est invariablement perçu comme un coût, et non comme un investissement.
Si je pouvais créer le secteur forestier idéal, assurer le développement de choses comme la biomasse durable, la bioénergie et tous ces autres produits auxquels on peut penser et réorganiser le secteur forestier, qui s’en va à vau-l’eau, je ferais en sorte que la production de données soit considérée comme un investissement collectif et que les données soient accessibles aux entrepreneurs, aux sociétés, aux décideurs, aux organismes gouvernementaux de réglementation et aux employés qui tentent de contribuer à la gestion et à la surveillance de tout ça.
Je ne sais pas si ça vous a été utile, mais c’est ma façon de voir les choses.
:
Merci encore Jay, et merci surtout de vos bons mots concernant l'institut. C'est une excellente chose que notre bureau national soit situé dans votre circonscription.
Nous avons déjà exploré les possibilités qu'offrent la biomasse et la bioénergie, alors je vais prendre ces deux éléments en exemple. Même les données brutes seraient intéressantes, car elles indiquent aux parties intéressées et aux entrepreneurs ce qui est envisageable, la biomasse qui est disponible dans une forêt donnée, par exemple et ce qu'il est possible de récolter dans une perspective durable. Nous avons des données là-dessus, on comprend bien les tenants et les aboutissants de la gestion selon des principes durables et nous savons ce que nous pouvons récolter et ce qu'il faut laisser là pour ne pas perturber l'écosystème ni rien.
Bref, ce serait utile que les entrepreneurs aient accès à des données, même brutes, par exemple par l'entremise d'un répertoire forestier national, et je sais que le Service canadien des forêts tient des données là-dessus depuis des années. Les gens auraient alors une idée, même s'il faudrait évidemment pondérer le tout ou à tout le moins tenir compte du contexte... j'imagine qu'il s'agirait de données socioéconomiques, par exemple sur le nombre de scieries, la population de base, les possibilités relatives à la récolte de biomasse, des choses comme ça. L'État de New York, par exemple, s'est doté d'une excellente politique sur les données ouvertes.
Lors d'une formation donnée par l'Université Queen's, il y a quelques années, on encourageait les participants à se fier à leur esprit d'entreprise, ou à tout le moins à examiner les possibilités dans le domaine de la récolte de la biomasse et le fonctionnement de la bioéconomie.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aussi à nos témoins de s'être déplacés.
Pour déterminer les témoins à inviter, nous avons cherché à définir notre clientèle. C'est toujours un excellent point de départ quand on fait un plan d'affaires. Nous aurions pu parler de ce que font les différents ministères, mais nous nous sommes dit qu'il valait mieux s'intéresser aux clients du gouvernement, à ceux que ses données intéressent, aux types de données qui les intéressent ainsi qu'aux formants dans lesquels elles doivent être présentées. Voilà pourquoi nous avons décidé d'aller puiser ici et là dans les principaux secteurs de l'économie, celui de la foresterie en est un bon exemple, tout comme celui de la pêche, de l'agriculture, des petites entreprises, des mines, etc. Votre participation est donc très importante pour nous, car nous tenons à ce que vous nous disiez, selon vous, quelle orientation le gouvernement devrait prendre concernant les données ouvertes.
Je vous suis particulièrement reconnaissant, monsieur Mallett de nous avoir dit que les données ultra-ciblées étaient particulièrement utiles aux petites entreprises. C'est un défi immense. Prenons l'exemple des produits emballés pour la vente au détail; je sais notamment que les grandes chaînes de supermarchés vont souvent acheter des ensembles de données auprès d'entreprises comme Nielsen, Spectra ou IRI afin d'obtenir des renseignements très ciblés sur la demande touchant telle ou telle catégorie de produits. Elles peuvent par exemple comparer les ventes de riz basmati à celles de riz à grains longs traditionnel ou de riz arborio, et modifier leur stratégie d'affaires en conséquence. Elles peuvent connaître les tendances liées aux produits sans gluten et orienter ensuite leurs interventions.
Les petites entreprises ne peuvent pas aussi aisément se procurer ces données, parce qu'elles coûtent très cher. Mais bon, ces entreprises sont là justement pour fournir des renseignements comme ceux-là. Je sais que la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante représente des entreprises très variées, mais dans un cas comme celui-ci, y a-t-il quelque chose que le gouvernement pourrait faire pour fournir la même information? Il la recueille, après tout, et il pourrait la transmettre aux petites entreprises, qui pourraient ensuite s'en servir pour investir ou faire des affaires. Auriez-vous des exemples de données qui pourraient être intéressantes? Ensuite, si on pense à tous les domaines d'activités du gouvernement — immigration, santé, ressources naturelles et j'en passe —, que recherchent les petites entreprises?
:
Je crois que l'information que nous voulions recueillir porte essentiellement sur les salaires et les prix. En fait, nous avons beaucoup aimé l'information produite par Industrie Canada et diffusée par Statistique Canada sur l'analyse comparative entre PME, et nous avons d'ailleurs recommandé à nos membres de la consulter. On y trouve des indicateurs financiers portant spécifiquement sur l'industrie et qui aident les entreprises à comprendre les ratios financiers typiques ainsi que les relations qui caractérisent leur secteur. Elles peuvent en outre introduire leurs propres données financières afin de comparer leur rendement global à celui d'autres entreprises comparables. Alors oui, nous appuyons fortement les rôles comme celui-là, ou qui vont dans ce sens-là.
Ce qui complique en partie les choses, et j'imagine qu'il en va de même pour vous aussi, c'est que nous faisons affaire avec des entreprises extrêmement variées, dont certaines sont très à l'avant-garde et ont probablement beaucoup plus de données que ce que nous pouvons même soupçonner, et elles s'en servent très bien, alors que d'autres ignorent complètement que ces données existent et qu'elles pourraient leur être utiles. Les entreprises à qui nous voulons offrir du soutien sont tellement variées. Nous cherchons donc à trouver le juste milieu et à leur fournir assez d'information pour au moins les aider.
En général, je crois que, dans la mesure où on peut trouver, je le répète, des détails géographiques...
Voici un exemple que nous avons noté: si une entreprise veut consulter un registre des entreprises, c'est-à-dire un document où on trouve les types d'entreprises actives dans une région donnée, elle peut en acheter un auprès de Statistique Canada, mais il va porter sur le pays au grand complet. Si la même entreprise veut obtenir ces renseignements pour sa province, elle devra débourser un peu plus. Et si elle ne veut que les données qui portent sur sa municipalité, alors là ça va coûter cher. Parce que, pour consulter les données municipales, elle doit acheter celles du pays au grand complet. Qu'elles soient situées à Arnprior, à Renfrew ou ailleurs, les petites entreprises s'intéressent à ce qui se passe dans leur région. Sauf exception, elles ne peuvent pourtant pas acheter de données ou de renseignements portant sur une région bien précise. Elles doivent acheter les données pour tout le pays. Alors dans la mesure où elles pourraient obtenir cette information...
Merci.