[Traduction]
Bonjour. Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui.
Mon nom est Ron McKerlie et je suis sous-ministre du Gouvernement ouvert au ministère des Services gouvernementaux à la fonction publique de l’Ontario. Je suis accompagné par Marc Foulon, responsable du projet pour un gouvernement ouvert, au Groupement de l’information et de la technologie de l’information pour les organismes centraux.
Notre Bureau pour un gouvernement ouvert a été mis sur pied il y a tout juste 10 mois, en juin 2013, alors toutes ces questions de gouvernement ouvert et de données ouvertes sont relativement nouvelles pour nous. Dès le début, nous nous sommes attelés à mettre au point la vision que nous voulions avoir d'un gouvernement ouvert pour l'Ontario. Nous avons tôt fait appel à Marc pour nous aider à préparer le terrain au sein des ministères et des organismes centraux chargés de l’information et de la technologie de l’information, notamment en ce qui concerne les données ouvertes.
En octobre 2013, la première ministre Kathleen Wynne annonçait que l'Ontario s'engageait à instaurer un gouvernement ouvert. Dans une lettre ouverte à la population, elle affirme: « Notre Initiative pour un gouvernement ouvert aidera à créer un gouvernement transparent et accessible auquel la population de l’Ontario a droit. »
C'est également à ce moment qu'elle demande à chaque ministère d’élaborer un plan d’action décrivant la façon dont il entend s'inscrire dans cette initiative. Elle présente en outre l’Équipe pour la participation au gouvernement ouvert, présidée par Don Lenihan du Forum des politiques publiques, que je suis d'ailleurs ravi de voir ici aujourd'hui.
Le gouvernement ouvert sur lequel nous travaillons maintenant comporte quatre volets. Le premier est axé sur le dialogue ouvert, ce qui consiste à encourager le public à donner ses points de vue éclairés et pertinents au sujet des lois, politiques et programmes qui le touchent. Le deuxième volet vise à favoriser l'information ouverte grâce à la publication proactive et continue de l’information qui n'est normalement accessible que par le processus d’accès à l’information. Le troisième volet concerne les données ouvertes et consiste à rendre les données gouvernementales lisibles par machine et libres de toute restriction en matière d’utilisation de manière à ce que la population et les entreprises puissent y avoir accès, les utiliser et les mettre au service de nouvelles idées, de nouveaux services et de nouvelles applications qui, nous l'espérons, permettront de créer des emplois.
Le quatrième et dernier volet vise la responsabilisation. Il comprend un certain nombre de dispositions législatives et non législatives qui permettront de renforcer la responsabilité politique, d’améliorer la surveillance — notamment celle qui vise nos organismes, nos conseils d'administration et nos commissions — et de faire en sorte que l'ensemble du gouvernement et le secteur public élargi soient plus transparents. Le projet de loi de 2014 sur la responsabilisation et la transparence du secteur public et des députés a été déposé le 24 mars et est à l’étape du débat en deuxième lecture.
De ces quatre volets, celui sur les données ouvertes est le plus avancé. En novembre 2012, nous avons lancé notre catalogue de données ouvertes, qui compte actuellement plus de 175 ensembles de données, comme ceux sur la consommation énergétique de la fonction publique de l’Ontario et du secteur public dans son ensemble, ceux qui donnent des détails sur le financement de la recherche en Ontario, les gaz à effet de serre et la pollution, ainsi que des statistiques sur les bibliothèques de la province, pour ne nommer que ceux-là. Tous ces ensembles de données sont offerts publiquement en ligne.
L’un des premiers objectifs du Bureau pour un gouvernement ouvert était de créer un répertoire des ensembles de données de la fonction publique de l’Ontario. Le travail effectué en collaboration avec les ministères nous a permis d'en recenser plus de 1 000, lesquels ont été mis en ligne à l'intention de la population de la province, qui peut y accéder et se prononcer sur eux par le biais d'un outil de vote. Entre-temps, nous avons communiqué notre processus et nos lignes directrices sur la constitution d'un répertoire aux gouvernements de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, ainsi qu'à plusieurs municipalités et régions de l’Ontario. Nous n’avons pas les ressources pour rendre accessibles toutes nos données en ligne, mais nous voulons en outre favoriser la qualité plutôt que la quantité, ce qui explique le recours à l'outil de vote et nos interrogations sur la façon de rendre ces données publiques.
Dès les 24 premières heures, plus de 10 000 votes ont été enregistrés par notre outil de vote en ligne au sujet des différents ensembles de données disponibles, et une semaine plus tard, on en compte plus du double. L’Ontario est le premier gouvernement au Canada à favoriser la participation de la population et à lui donner des moyens d’agir de cette façon. Le projet suscite déjà beaucoup d’intérêt auprès du public, qui s'empresse de nous dire quels ensembles de données lui sont les plus utiles.
Un autre élément important de nos travaux sur les données ouvertes a été l'instauration d'une licence commune sur nos ensembles de données. Les données publiées sous une même licence suscitent encore plus d'intérêt, car la population peut utiliser et combiner plus facilement les données tirées de toute autre source utilisant la même licence. L’Ontario a travaillé avec l’Alberta, la Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral pour créer cette licence, puis le gouvernement de l’Ontario l’a adoptée pour la totalité des ensembles de données publiés en juin 2013. Depuis, plusieurs municipalités d’un peu partout au Canada l’ont aussi adoptée, dont Toronto, et nous continuons à encourager d’autres municipalités et régions de l’Ontario à faire de même.
L’Ontario s’est aussi engagé à tisser des liens avec les concepteurs et le milieu de la recherche. Nous avons organisé diverses activités pour amener les concepteurs à trouver des façons d'utiliser nos données et à réfléchir sur le soutien que nous pouvons leur apporter à cet égard. Des propriétaires de données de l'industrie ont aussi assisté à ces événements afin d'aider les concepteurs à comprendre les nuances qui existent entre les différents types de données. Les concepteurs sont les principaux clients des données ouvertes; ce sont eux qui développeront de nouvelles applications à l’aide de nos données. Leur enthousiasme et leur soutien sont donc très importants pour nous.
À la fin mars, nous avons reçu le rapport de l’Équipe pour la participation au gouvernement ouvert. L’équipe a passé le début de l’hiver à sillonner la province et à demander au public, aux élus, aux fonctionnaires et aux journalistes ce qu’ils voulaient que leur gouvernement fasse différemment. Intitulé Gouvernement ouvert par défaut – La nouvelle voie à suivre pour l’Ontario, le rapport contient 17 recommandations au nombre desquelles figurent l'amélioration du cadre d’accès à l’information, ou le lancement d'une plateforme « à guichet unique » et d'autres mesures susceptibles de favoriser le regroupement de l’information sur toutes les initiatives publiques de participation citoyenne à l'échelle de la province. Nous sommes en train d'examiner le rapport et de préparer une réponse à l'intention du gouvernement.
L’une de ses recommandations était de mettre en oeuvre une politique de données « ouvertes par défaut » au sein de la fonction publique de l’Ontario, un projet qui est déjà en cours.
Le concept de données « ouvertes par défaut » se fonde sur plusieurs principes. Premièrement, nous estimons qu'il faut publier toutes les données gouvernementales selon des normes de données généralement acceptées, sauf si des raisons contraires sur le plan de la loi, de la sécurité ou de la protection de la vie privée viennent en empêcher la diffusion. Il s'agit également de faire en sorte que les données soient publiées rapidement, de la façon la plus détaillée qui soit et dans un format lisible par machine. Les données devront en outre être offertes gratuitement et dans des formats non propriétaires et couramment utilisés, et il faudra veiller à ce qu'aucune donnée ne soit détruite. Comme autre principe, mentionnons la renonciation à la propriété intellectuelle des données recueillies ou créées par le gouvernement, et l'assurance que la propriété intellectuelle des données ne sera jamais cédée à une tierce partie. Enfin, il faudra faire en sorte que ces principes directeurs des données « ouvertes par défaut » s'appliquent aux organismes et aux organisations du secteur public élargi lorsque viendra le temps de renouveler les accords que nous avons avec eux en matière de gouvernance.
On prépare actuellement une directive sur les données ouvertes qui viendrait soutenir cette approche au sein de la fonction publique et de nos organismes réglementés. Cette directive établira les exigences et les principes clés relatifs à la publication des données ouvertes, dressera la liste des données soustraites à la divulgation pour des raisons de protection de la vie privée, de confidentialité ou de sécurité et fera la promotion d’une culture d’ouverture et de collaboration — tant au sein de la fonction publique qu’auprès de la population de l’Ontario.
Les principes clés auxquels l'Ontario souscrira aux termes de cette directive englobent tout. Comme je l’ai décrit précédemment, le premier principe fondamental de la directive est que toute donnée gouvernementale non exemptée sera « ouverte par défaut ».
Le deuxième est que les données du gouvernement devront être accessibles au public, par Internet, dans un format lisible par machine, sans frais et avec une licence ouverte peu restrictive. La directive enjoindra les responsables des données à accorder la priorité à la publication de données de grande valeur, définies telles par la demande du public et les priorités gouvernementales. Dans la mesure du possible, nous nous engagerons à publier les données dans leur forme originale, non modifiée et à un niveau de granularité qui ne compromettra pas la protection des renseignements et privilèges personnels, la confidentialité et la sécurité des données gouvernementales.
Enfin, nous appliquerons des lignes directrices sur la qualité des données pour veiller à ce que toute donnée gouvernementale publiée soit complète, accessible, parfaitement décrite et actuelle.
Cette directive fournira une base solide sur laquelle l’Ontario pourra s’appuyer pour établir un processus politique visant à mettre en oeuvre un gouvernement ouvert du XXIe siècle et sera l’une des plus exhaustives jamais élaborées dans ce domaine.
L’Ontario cherche à renforcer ses partenariats avec d’autres ordres de gouvernement. Nous sommes très motivés à l’idée de participer à l’exécution d’une fonction nationale de recherche d'ensembles de données, par exemple. Nous croyons que cela sera très utile aux fonctionnaires, aux chercheurs, aux concepteurs et à la population en général. Une fonction de recherche commune regroupant des entités gouvernementales canadiennes — y compris les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que les administrations municipales — contribuerait à l’adoption et à l’utilisation des données ouvertes, puisqu'elle les rendrait plus accessibles.
À cet égard, je crois que nous devrions adopter des normes et des principes communs concernant les données ouvertes. L’interopérabilité entre les normes de données et notre façon de les publier sur les différentes plateformes que nous utilisons est plus qu’un exercice technique. C’est une façon d’accroître la valeur des données pour les utilisateurs et de veiller à ce que tous les ordres de gouvernement travaillent ensemble afin d’offrir aux citoyens une expérience sans à-coup dans leurs rapports avec l'administration publique.
Nous devons en outre décrire nos données avec des normes de métadonnées comparables de façon à ce que les décideurs, les chercheurs et les citoyens puissent savoir si un ensemble de données en particulier est pertinent pour eux ou s’ils sont bel et bien en train de comparer « des pommes avec des pommes ». Il faut publier nos données dans des formats de fichier compatibles, sous une licence compatible et veiller à offrir une expérience à peu près uniforme pour tout type d'utilisateur, sans quoi seule une poignée de personnes très fortes techniquement auront le temps, les compétences et les ressources nécessaires pour extraire, convertir et même trouver les données dont elles ont besoin pour amorcer un projet ou tester une idée.
Les normes communes et l’interopérabilité ne sont pas optionnelles, mais bien une exigence stratégique nécessaire pour élaborer des politiques publiques et s’attaquer, avec l’aide des citoyens et de preuves, aux problèmes de politique complexes et bien réels auxquels nous sommes confrontés.
C’est pourquoi nous sommes heureux de participer au nouveau Forum des chefs de file sur un gouvernement ouvert et au Groupe de travail sur les données et l’information ouvertes. Ces efforts concertés pour l'atteinte d'objectifs communs ouvriront de nouvelles possibilités, tant pour nos gouvernements que pour nos citoyens.
Nous sommes évidemment très fiers du travail accompli par l’Ontario en si peu de temps dans le dossier du gouvernement ouvert. J’admets que la province a tardé à se lancer dans la mêlée, mais nous avons déployé des efforts constants et fait preuve de dévouement depuis, comme en témoignent, je pense, nos réalisations.
Je crois également qu’il existe encore de nombreuses possibilités qui permettront au Canada d’émerger comme leader dans le monde des données ouvertes. En travaillant ensemble et aux côtés des autres ordres de gouvernement, nous pourrons, selon moi, créer quelque chose de supérieur à la somme de ses parties. En travaillant ensemble, en élaborant des normes et des protocoles communs, en facilitant la recherche et en appuyant les concepteurs, nous pourrons devenir des leaders mondiaux en matière de gouvernement ouvert et de données ouvertes.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir accordé votre temps et votre attention. Marc et moi répondrons à vos questions avec plaisir.
Merci beaucoup d'avoir invité la Ville d'Ottawa et de m'avoir demandé de venir vous parler. Je dirige le programme de données ouvertes de la ville depuis environ quatre ans. Pour remettre les choses dans leur contexte, je vous dirai que je travaille dans le secteur municipal de la technologie de l'information depuis plus de cinq ans. J'ai siégé à plusieurs conseils qui travaillent avec les données ouvertes, et nous nous sommes associés à d'autres villes. Quatre des plus grandes villes du pays — Toronto, Edmonton, Vancouver et Ottawa — collaborent depuis les trois dernières années dans le domaine des données ouvertes. Je fais aussi partie d'un groupe provincial relativement nouveau avec lequel nous travaillons. Enfin, les associations municipales des TI ont créé des groupes d'intérêts spéciaux dans le domaine des données ouvertes auxquels je participe aussi.
Toujours pour mieux cadrer le sujet — et à titre informatif puisque c'est cette ville qui vous héberge —, sachez que la Ville d'Ottawa est la quatrième ville en importance au Canada, mais la première en superficie parmi les grandes villes. L'administration municipale compte plus de 17 000 employés et notre budget de fonctionnement est de 2,5 milliards de dollars. J'espère que cela vous donne des points de comparaison avec les autres villes. Nous essayons d'être représentatifs des villes, notamment dans notre façon d'utiliser les données ouvertes.
Pour la ville d'Ottawa proprement dite, nous avons lancé l'idée des données ouvertes dans la foulée d'un examen dont l'objet était de revoir notre politique sur la diffusion des données. Avant que le terme « données ouvertes » n'entre dans notre vocabulaire, nous nous contentions d'imiter ce qui se faisait dans le secteur privé. La ville était-elle en mesure de tirer avantage de la publication de données comme moyen de mobiliser le secteur local de la technologie — du moins, pour commencer — pour qu'il l'aide à mettre au point des solutions, mais aussi pour encourager l'innovation, compte tenu de ce que nous pouvions constater chez les concepteurs locaux?
Nous avons commencé en 2010. Le lancement s'est fait rapidement et sans artifice. Nous avons commencé par des ensembles de données qui étaient faciles à publier. Pour une ville, il s'agit de données sur les piscines, les parcs et les installations, soit de l'information très commune qu'il est normal de diffuser. Pour sensibiliser le public, mobiliser les gens et commencer à profiter de certains des avantages escomptés grâce à cette diffusion, nous avons immédiatement lancé un concours de création d'applications axées sur les données rendues publiques.
Durant les premières années, nous avons mis l'accent sur la mobilisation de la communauté, et c'est une démarche qui se poursuit. C'est en fait un aspect essentiel. Je crois que n'importe quelle administration qui donne le feu vert aux données ouvertes est à même de constater à quel point il est important de tenter de joindre ceux qui travaillent avec ces données. Étant donné que la discipline elle-même et les compétences nécessaires pour utiliser ces données ne se trouvent pas nécessairement dans la population en général, vous devez vous adresser à ceux qui peuvent créer avec elles et en faire profiter aux résidents ou aux citoyens.
La Ville a organisé de nombreuses activités à cette fin — les « hackfests », selon l'expression consacrée. Outre les concepteurs, nous réunissons des membres de la communauté et des employés municipaux, et nous tentons d'encourager le développement d'applications, la mise au point de services ou l'exécution de recherche en fonction des besoins de la ville, certes, mais aussi des intérêts des groupes communautaires. Nous sommes là comme spécialistes des données proprement dites et pour nous afficher comme bons fournisseurs de données propres et de bonne qualité ainsi que pour montrer que nous comprenons les sujets. Mais ce sont les concepteurs qui peuvent livrer ce qui pourrait être utile à la communauté et répondre à ses besoins à elle. La mobilisation peut en outre avoir un but lucratif, ou viser l'engagement ou le développement communautaire.
Au fil du temps, nous avons organisé plusieurs concours — les Apps4Ottawa — qui ont connu beaucoup de succès. Nous en organiserons probablement un troisième sous peu. Ces activités sont très utiles puisqu'elles captent l'attention du public, lequel profite effectivement des résultats de ces concours, mais aussi parce qu'elles permettent de joindre la grande communauté des utilisateurs de données, soit les universitaires et les chercheurs. On voit les étudiants se mobiliser, ceux des universités et des écoles secondaires. Alors qu'ils sont encore très jeunes, ils sont à même de constater que les données ouvertes existent et qu'elles offrent un potentiel formidable. Ces occasions peuvent les aider à s'engager plus à fond dans la communauté, à participer à la vie municipale et au fonctionnement de leurs gouvernements, et les motiver à travailler pour le bien commun.
Au fil du temps, nous avons eu de nombreux succès. Lorsque nous avons lancé le programme de données ouvertes, nous avons parlé des avantages que nous en attendions et aujourd'hui, ces avantages se sont concrétisés, ce qui est formidable. À maintes reprises, nous avons pu attester de leur valeur. En un sens, les villes ont de la chance, car nombre des services de première ligne qu'elles doivent offrir se prêtent très bien à des applications utilisables par le public. Nous avons constaté les avantages formidables que cela représente, qu'il s'agisse des services récréatifs, du transport en commun, de la circulation, de la disposition des déchets ou du recyclage. L'un des avantages est la réduction des coûts qu'aurait entraînée sans cela l'élaboration de nouvelles solutions, mais aussi l'augmentation des recettes grâce à une plus grande utilisation de la part du public des programmes récréatifs et culturels, sans investissements supplémentaires de la part de la ville.
Enfin, l'un des derniers développements est la nouvelle politique de diffusion systématique adoptée par la ville, qui va dans le sens des principes d'accès prescrits mis de l'avant par la province de l'Ontario et son commissaire à la protection de la vie privée. Cela permet à la ville de mettre à disposition du public, des groupes communautaires, des associations et des chercheurs, outre les données ouvertes, d'autres informations qui représentent une certaine valeur et favorisent la transparence et la responsabilité.
J'en profite donc pour proposer plusieurs recommandations que le gouvernement fédéral pourrait adopter et qui sont fondées sur l'expérience acquise par les municipalités en matière de données ouvertes.
La première porte sur des données communes, qui pourraient aussi intéresser les provinces. Qu'il s'agisse de transport, de santé, d'environnement, d'éducation, de gouvernance ou de dépenses, le public a besoin d'avoir des données complètes provenant des trois ordres de gouvernement. Le gouvernement fédéral est donc bien placé pour prendre l'initiative et promouvoir la divulgation à ces trois niveaux.
La deuxième recommandation porte sur des données fédérées. Il semblerait extrêmement avantageux d'avoir un seul accès à toutes ces séries de données. Par exemple, si les trois ordres de gouvernement publient chacun de leur côté des données sur les transports, l'environnement ou la santé, le fait de regrouper ces données en un seul endroit en rendrait l'accès plus facile. Il pourrait s'agir d'un portail du gouvernement fédéral. Ainsi, les villes publieraient leurs données sur leur propre site, mais aussi sur le portail fédéral.
Je crois que le gouvernement fédéral est bien placé pour promouvoir des normes et une politique d'interopérabilité. D'ailleurs, il le fait déjà grâce à la licence commune dont il a fait la promotion et qui est un outil précieux pour associer le public aux données ouvertes. Je pense toutefois que l'on pourrait faire mieux pour normaliser les données et promouvoir des formats adaptés à l'interopérabilité. Les données provenant de toutes les instances gouvernantes seraient ainsi plus facilement utilisables.
La dernière recommandation concerne la collaboration étroite qu'il devrait y avoir avec les municipalités. Il y a manifestement une séparation entre le gouvernement fédéral, les provinces et les villes. Des mécanismes officiels de collaboration sont déjà en place, tels que le Conseil des dirigeants principaux de l'information du secteur public, mais ils peuvent quelquefois constituer un frein. S'il était possible, grâce à un portail fédéral, ou d'autres moyens, de mettre en lien les bureaucrates fédéraux avec ceux des municipalités et des provinces, ce serait à l'avantage du public et des utilisateurs des données.
Merci de m'avoir écouté. Je serai très heureux de répondre à vos questions et de vous être utile. Encore une fois, je vous sais gré de nous avoir invités et de traiter ce sujet en particulier. Merci beaucoup.
:
Bonjour à tous et merci de m'avoir invité.
Si vous pouviez faire pression sur Environnement Canada pour qu'il change le temps qu'il fait, je vous en saurais gré. C'est ma première demande.
J'aimerais diviser mon intervention en deux grands chapitres. Le premier porterait sur un bref historique des données et de l'administration ouvertes à la Ville de Toronto, et des leçons que vous pourriez en tirer. Dans le deuxième, je parlerai de nos réactions aux principales questions que vous m'avez posées et de notre contribution au portail de données fédérales.
En quelques mots, je m'appelle Harvey Low et suis gestionnaire de l'unité de recherche sociale à la Ville de Toronto. En 2012, j'ai représenté au Brésil, au nom de la société civile et des municipalités canadiennes, le portail de gouvernement ouvert. Je préside actuellement le comité de recherche de la ville et je représente le groupe des services à la personne au comité du gouvernement ouvert de la ville.
Nous nous occupons de données ouvertes depuis environ 2010 et nous avons appris certaines choses. Comme l'a dit Robert, je fais partie du groupe des quatre premiers agents à s'être penchés sur la question. Nous avons un site de données ouvertes et la ville a maintenant plusieurs portails d'accès à des données gratuites. Outre le site de données ouvertes, qui comporte, si ma mémoire est bonne, environ 110 séries de données, nous avons une application intitulée Wellbeing Toronto. Cette application de cartographie en ligne comporte plus de 200 à 300 variables, dont un grand nombre sont des séries de données fédérales et provinciales que l'on attendait depuis longtemps. Je suis donc d'accord avec Robert, ce serait formidable que le gouvernement fédéral puisse nous aider à piloter l'accès aux données provinciales et fédérales.
En outre, je suis membre du comité du Conseil canadien de développement social qui s'occupe du programme de données communautaires. Pour ceux qui ne le savent pas, le programme a été créé il y a environ huit ans et regroupe 22 municipalités. Il vise à faciliter, à faible coût, l'accès aux données fédérales. Comme je l'ai dit, le programme est en vigueur depuis 8 ou 10 ans.
L'une des choses que la ville a apprise à ses dépens est qu'il n'est pas toujours sage de divulguer des séries de données sans les accompagner de contexte. Mais j'y reviendrai de façon un peu plus détaillée.
Nous voulons nous assurer que le site Web auquel le public a accès fournisse un contexte qui explique toutes ces séries de données. Les utilisateurs de ces sites de données ouverts ont typiquement un profil commun: ce sont des jeunes familiers des technologies et très adeptes dans le domaine des médias sociaux.
Dans votre première question, vous nous demandiez où nous nous situions par rapport à d'autres municipalités et de quelle façon nous répondions aux besoins des Canadiens. Vous nous demandiez aussi comment nous avions pu devenir responsables et transparents tout en protégeant les renseignements personnels. Et vous nous aviez demandé enfin, je crois, comment nous utilisions les données à des fins bien précises telles que le développement de l'emploi.
Je vais essayer d'y répondre dans le contexte de quelques grands thèmes. Il y a tout d'abord la question de la participation. Il faut réduire le fossé numérique. Comme je l'ai dit, les usagers typiques sont les pirates informatiques et les développeurs — ce qui est merveilleux — qui sont experts dans la manipulation de données. Les gens ordinaires n'ont pas ces compétences.
De concert avec les municipalités provinciales et locales, le gouvernement fédéral doit, je crois, commencer à admettre qu'il y a d'autres utilisateurs de données. Il faut mobiliser ceux qui ne participent pas.
Qui sont-ils? Eh bien, en dehors des développeurs et des pirates informatiques, il y a les villes et les municipalités. Nous avons besoin de données pour avoir une planification solide et fondée sur des faits. Tout ce que nous faisons dans les municipalités est fait par quartier. Mais je reviendrai sur la question de la géographie. Il faut donc solliciter les agences non gouvernementales et communautaires et aussi ceux qui utilisent et analysent les données pour le compte d'une clientèle. L'autre secteur de mobilisation est celui des usagers non traditionnels de sites de données ouverts, je veux parler des organisations professionnelles qui disposent d'une mine d'informations provenant des géographes professionnels et des planificateurs urbains. Ces associations seraient les premières à reconnaître la valeur de données fédérales consolidées. Le dernier groupe est évidemment constitué de la population que nous desservons. Elle comporte des groupes à risque que sont les aînés, les nouveaux immigrants et les jeunes. Et ces groupes ont aussi besoin de ces données.
Il faut se rendre compte qu'il ne s'agit pas seulement de marathons de piratage. Certes, ces marathons sont excellents, mais vous avez demandé s'ils servent les intérêts des Canadiens. Ce qu'on nous dit en ville, c'est qu'il faut un intermédiaire qui puisse recueillir ces données, qui proviennent des municipalités ou de la province, et les analyser pour le compte de la population.
Le second point que j'aimerais aborder est celui de la pertinence des données divulguées. Qu'est-ce à dire? Vous m'avez demandé où nous nous situions par rapport à d'autres juridictions.
J'ai rapidement passé en revue les sites de données fédérales de divers pays, des Pays-Bas à l'Australie. Ils ont tous un point commun avec nous. J'ai prétendu être un usager ordinaire et j'ai choisi un thème de recherche. Nous parlions du développement de l'emploi. J'ai saisi le mot « Chômage » et je n'ai trouvé — et j'espère que je n'écarte personne d'Australie — aucune occurrence sur le site australien, aucune sur celui des Pays-Bas et aucune sur celui du Royaume-Uni. Les gens font de la recherche par thème. Les moteurs de recherche dont nous disposons… Et je suis ravi, Ron, que vous ayez mentionné la nécessité d'un moteur de recherche national, parce que c'est exactement ce dont nous avons besoin. Il faut un meilleur moyen d'étiqueter les données. Pour l'instant, nous devons savoir le titre de la série de données avant d'y faire une recherche, ce qui est un peu problématique. Les développeurs peuvent débrouiller le problème, mais pas le grand public.
Dans une municipalité, nous utilisons en ce moment ce que nous appelons un modèle de prestation de services partagés. Les municipalités collaborent avec les collectivités et les agences non-gouvernementales pour interpréter les données pour le compte du public. Pourquoi avons-nous besoin de données? Nous avons en ce moment besoin de données vitales touchant par exemple la situation économique des gens, les niveaux d'éducation et autres choses de ce genre. Si on peut les consulter dans des ministères fédéraux comme CIC et Statistique Canada, ces séries de données ne sont pas reliées à votre portail. Il existe des données brutes auxquelles peut avoir accès un public particulier, ce qui est bien, mais il faut aussi porter attention à d'autres publics.
Ce qu'il faut aussi faire, c'est créer des liens et en tirer parti. Vous m'avez demandé, par exemple, comment des données peuvent stimuler l'emploi. On pourrait commencer par raccorder votre portail de données aux prestateurs de services dans les divers ministères du gouvernement fédéral, qui les communiqueraient à leur tour aux provinces et aux municipalités. Si l'on cherche par exemple à savoir quelle est la situation économique dans une municipalité, un quartier ou dans le Canada tout entier, il serait utile que votre portail de données soit raccordé, disons et ne serait-ce que par un lien vers un site Web, au développement économique ou aux ministères. Vous mettez ensuite ces données brutes en réseau et les associez à un mandat bien précis d'un ministère donné. Si j'ai bien compris par ailleurs, votre comité permanent a pour mandat de relier de façon interministérielle les services destinés au public. Si vous vous contentez de fournir des données brutes sur un site, cela satisfera les pirates informatiques et les développeurs, mais il se peut que vous ne satisfaisiez pas correctement le public qui est le vôtre à titre de gouvernement fédéral. Or, je pense que les trois ordres de gouvernement sont là pour ça.
Il y a une autre chose que nous devons faire, c'est étiqueter les données par thème. Pour en revenir à la question que je soulevais sur le manque d'étiquettes, lorsque je saisis des mots aussi simples qu'« aînés » et « jeunes », j'obtiens des résumés, ce qui est excellent. Il faut améliorer l'étiquetage et les capacités de recherche sur tous les sites Web.
Il faut aussi commencer à penser géographie et en faire profiter le public. Tout ce que nous faisons au niveau municipal correspond à des endroits précis. C'est très bien d'avoir des statistiques au niveau municipal, ce que Statistique Canada appelle à l'échelle des subdivisions de recensement, mais il faut que les données soient plus détaillées et ventilées par quartier. Nous devons avoir des moteurs de recherche qui permettent à l'usager de faire des recherches par endroit, de même que par thème. Nous aurons besoin de données sur les taux de chômage ou sur les soins de santé. Elles doivent être suffisamment détaillées pour être utiles aux villes qui font leur planification en fonction des quartiers.
Cette répartition des données par quartier peut aussi régler le problème de la protection des renseignements personnels. En l'occurrence, on ne consulte pas des données individuelles, mais des données ventilées par quartier. On pourrait faire valoir que nous avons pour le moment le site de Statistique Canada, mais comme je l'ai déjà dit, il faut raccorder son portail à celui d'autres ministères en fonction de leur mandat de sorte que si on se pose des questions, on sait où s'adresser.
L'un des principes consiste à examiner la prestation de services à partir de l'analyse de plusieurs facteurs. Nous appelons cela planification sociale ou modèle des déterminants sociaux de la santé. Cela veut dire que si on est chômeur, ce facteur touche la santé, le logement et le transport, autant d'éléments qui doivent être liés les uns aux autres. Je pense qu'il est possible de lier votre site de données ouvert à celui des prestataires de services des ministères fédéraux, qui les communiqueront à leur tour aux provinces et à la ville de Toronto.
Robert a mentionné — non pas les liens horizontaux, ce qui est une chose —, mais les liens verticaux entre tous les ordres de gouvernement. Parce que les gens s'intéressent à leur quartier et non pas aux juridictions. L'origine des services et des données leur est égale.
Pour conclure, quelle est la voie à suivre? Nous devons réfléchir aux séries de données intergouvernementales et non pas aux seules données provenant de Victoria ou d'Halifax, d'un ministère albertain ou d'un ministère fédéral. Nous devons réfléchir à ce que veut le public et créer des séries de données qui correspondent à la prestation intergouvernementale de services pour le compte de groupes précis.
Merci de m'avoir donné la parole. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Formidable.
Thank you very much. Merci beaucoup.
Permettez-moi d'abord de vous remercier de me donner l'occasion de vous parler d'une partie du travail auquel je participe. Je suppose que je suis ici parce que j'ai présidé l'équipe pour la participation au gouvernement ouvert créée par le gouvernement de l'Ontario, comme Ron McKerlie l'a déjà indiqué. L'équipe comptait neuf membres, tous de l'extérieur du gouvernement. Le gouvernement nous a demandé de parcourir la province et de réfléchir à l'avenir du gouvernement ouvert.
J'aimerais vous parler brièvement de notre mandat. En fait, j'aimerais prendre un peu de recul et vous donner une vue d'ensemble, car c'est là le genre de discussions que nous avons eu. Cela dit, nous avons aussi eu des discussions plus pointues. Je pense que Ron vous a expliqué avec brio certaines de nos conclusions les plus importantes au sujet des données. Je vais donc prendre un peu de recul et m'en tenir à la question du gouvernement ouvert et à ce que cela signifie réellement pour nous.
Je vais commencer par parler de notre mandat, qui est aussi le vôtre, je crois, ou à tout le moins celui du gouvernement du Canada. Il existe trois volets: les données ouvertes, l'information ouverte et le dialogue ouvert. Ces volets ont été cernés par le gouvernement de l'Ontario lorsqu'il nous a confié notre mandat; nous avons longuement réfléchi à ces questions.
Je dirais d'abord que j'ai beaucoup d'expérience en ce qui a trait au gouvernement notamment en ligne et aux données ouvertes, notamment, mais mon véritable intérêt réside dans le dialogue, la collaboration et la participation. Donc, pourquoi suis-je ici? Eh bien, il se trouve que le dialogue ouvert joue un rôle très important dans cette question.
Si vous examinez le Partenariat pour un gouvernement transparent — je suis certain que vous avez tous participé à de nombreuses discussions sur la question, comme au sein de ce comité —, vous verrez que c'est intéressant. Essayez de voir à quel aspect on se concentre surtout par rapport à ces trois volets. Sans surprise — c'est une bonne chose et non le contraire —, les discussions portent en grande partie sur les données. Pourquoi en est-il ainsi? Pourquoi ne parlons-nous pas d'information aujourd'hui? Cela fait peut-être partie du mandat de votre comité. Pourquoi ne parlons-nous pas de dialogue aujourd'hui, ou pourquoi en parlons-nous seulement indirectement, même si beaucoup de questions qui sont liées sont abordées pendant la conversation? Je suppose que ce que je veux vous dire — sans manquer de respect envers quiconque, ici ou ailleurs —, c'est que s'occuper des données ouvertes est ce qu'il y a de plus facile pour le gouvernement. Pourquoi? Parce que cela ne remet pas vraiment en question nos formes traditionnelles de gouvernance. Il n'est pas nécessaire de discuter longuement et personne ne doit céder des pouvoirs, ni faire preuve de transparence. Il y a des risques, dont nous avons entendu parler, mais en somme, commencer par les données ouvertes est ce qu'il y a de plus facile, et c'est une bonne chose. Je ne m'y oppose pas, au contraire; c'est une bonne chose.
Toutefois, que se passe-t-il ensuite? Par où doit-on commencer? J'aimerais en parler quelque peu. Fait intéressant, le mandat de l'équipe pour la participation au gouvernement ouvert était de se concentrer sur le gouvernement ouvert. Or, en réalité, ce que le gouvernement nous demandait de faire, c'était de consacrer 60 % de notre temps au dialogue ouvert, 20 % aux données et 20 % à l'information. Je trouvais l'idée vraiment intéressante et la raison pour laquelle le gouvernement a choisi de procéder ainsi, c'est parce qu'il reconnaissait qu'il était temps de faire avancer les choses sur le plan du dialogue et de commencer à réfléchir sur l'interaction et la relation entre ces trois éléments.
Examinons cet aspect sous l'angle des données, encore une fois à un niveau très élevé. Premièrement, si quelqu'un me demandait pourquoi nous voulons des données ouvertes — ou si je me posais la question —, je dirais probablement qu'il y a au moins deux aspects très importants; nous en avons beaucoup entendu parler aujourd'hui. Vous ne serez pas surpris. Nous entendons parler des avantages commerciaux, n'est-ce pas, du fait que si nous puisons dans ces ressources qui sont l'avenir de l'ère de l'information, nous pourrons créer de nouveaux produits et services, ce qui est bon pour l'économie et avantageux pour nous tous; je vois cela d'un très bon oeil.
Une autre raison — dont nous parlons probablement moins, mais dont nous avons certainement entendu parler —, c'est la prise de décisions fondée sur des données probantes. Si vous voulez prendre de bonnes décisions, il vous faut de bons renseignements et la disponibilité des données rend ce facteur à la fois prometteur et important.
Permettez-moi de vous glisser un mot sur chacun de ces aspects et sur le rôle que joue le dialogue pour nous aider à tirer parti du plein potentiel des données ouvertes.
Harvey a parlé de la géographie. J'aimerais aussi aborder cet aspect, brièvement. Vous avez peut-être entendu parler de la Table ronde canadienne de la géomatique, organisée par Ressources naturelles Canada. Il s'agit d'un groupe assez remarquable, même s'il a été formé récemment. Il prend de l'ampleur et compte environ 25 ou 30 membres. Il se concentre sur l'information géomatique. C'est un partenariat multisectoriel, un partenariat officiel ou une table ronde qui réunit sur la même tribune les gouvernements provinciaux, divers ministères fédéraux, des ONG, des universités et une panoplie d'intervenants.
Essentiellement, tous ces gens y participent parce qu'au cours des quatre ou cinq dernières années, il est devenu de plus en plus clair que l'information spatiale est extrêmement importante. Harvey a fait un travail exceptionnel pour commencer à vous expliquer les complexités liées au fait que nous n'avons pas seulement besoin des informations spatiales, mais que nous devons aussi chercher à savoir comment utiliser cette information, à connaître les aspects sur lesquels nous devons nous concentrer pour organiser le tout et rendre cette information disponible à l'avenir. Il ne suffit pas de dire qu'il y a quelque chose que l'on appelle l'information spatiale. Il faut savoir comment réunir cette information et comment l'utiliser. Nous pouvons faire des choix sur la façon d'investir les ressources, sur ce qui est important, que ce soit à des fins commerciales ou à d'autres fins.
:
Tout d'abord, je pense avoir dit que j'espère, sans en être certain, que nous prendrons de meilleures décisions.
Je suis d'accord avec vous. Je pense que la surabondance d'informations pourrait malheureusement nous déconcerter. Je précise que, sans discussion sur la façon d'organiser, d'utiliser et d'interpréter les données, nous risquons d'avoir du mal à les trier selon leur importance pour former un ensemble cohérent. C'est entre autres pourquoi je dirais que nous devons discuter pour comprendre les données et nous entendre au moins sur la signification de divers aspects de l'information en matière de pauvreté, de succès financier ou dans d'autres domaines.
Enfin, je suis tout à fait d'accord sur votre dernière observation concernant la vision et ce genre de question. Je ne voudrais jamais vivre dans un monde qui ne se fie qu'aux données scientifiques pour établir les politiques. J'ai combattu ce concept toute ma vie.
Les grandes questions politiques rassemblent des données, des connaissances et des choix complexes en ce qui a trait aux valeurs, aux priorités, au mode de vie, etc. Je ne veux pas un seul instant que cela change.
Par contre, il ne faudrait pas penser que tout peut se décider en fonction des priorités et des valeurs seulement, parce que ce n'est pas le cas. Nous avons certaines connaissances sur le monde, et si nous en savions plus sur l'environnement, la société, le développement des affaires et toutes sortes de questions, nous pourrions adopter de meilleures politiques.
Nous avons l'occasion d'améliorer notre prise de décisions politiques, mais les données scientifiques ne sont pas et ne seront jamais une panacée.
Je ne pense pas que nous sommes en désaccord.
Je reviens encore à l'importance des discussions. Un certain nombre de modèles émergent. La table ronde de la géomatique dont j'ai parlé constitue un excellent exemple, parce que nous devrons faire des choix fondamentaux qui auront une influence sur la population, qui vont utiliser ces données qui leur appartiennent. Au bout du compte, les ressources, les efforts et les capacités de donner accès à l'information sont limités. Comme vous l'avez dit, il y a déjà beaucoup de données, et il y en aura encore plus. Comment pouvons-nous prendre les décisions et donner accès aux informations qui comptent?
Nous devons mettre à profit des modèles comme la table ronde. Si nous n'apprenons pas comment tenir ces discussions, nous n'arriverons pas à faire des choix. En fin de compte, il s'agit de choix politiques.
Je pourrais donner des précisions sur la façon de permettre ce genre de discussions. J'espère que je ne m'éloigne pas. Les gouvernements qui élaborent les politiques craignent de perdre tous les pouvoirs de décision au profit d'autres groupes en ouvrant le dialogue — le simple fait d'évoquer cette possibilité fait peur —, mais je ne pense pas qu'il faut le voir ainsi.
Les discussions ouvertes ne signifient pas du tout la perte de pouvoirs pour le gouvernement, qui n'a pas à changer sa façon de prendre les décisions selon moi. Le ministre fédéral qui participe à une table ronde pour établir les diverses priorités liées à l'utilisation des ressources n'a pas à se laisser dicter la marche à suivre. Il ne délègue pas ses pouvoirs de décision. Il doit simplement collaborer autrement pour que tous les intervenants trouvent une solution qui, au fond, sert leurs intérêts communs le plus possible.
Je pense que les discussions ouvertes n'exigent pas de perdre des pouvoirs, mais de s'en servir de façon différente. Il faut reconnaître que la collaboration est nécessaire pour que les décisions règlent les problèmes à l'étude. Nous ne trouverons jamais de solutions en vase clos, parce que toujours plus de gens seront concernés.
J'espère que j'ai répondu à votre question.