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Je rappelle le comité à l'ordre. Il est 16 h 30 selon mon horloge.
Nous continuons notre 36e réunion avec notre deuxième objet à l'ordre du jour.
Nous avons le plaisir de recevoir le président du Conseil du Trésor qui est ici pour témoigner et répondre aux questions sur le projet de loi . Il est le parrain du projet de loi. Il est donc le premier témoin à se présenter devant notre comité. Il nous parlera pendant environ 10 minutes. Par la suite les membres du comité pourront poser des questions.
Il es accompagné de M. Vandergrift, secrétaire adjoint, Affaires réglementaires.
Sans plus tarder, je cède la parole à M. Clement, président du Conseil du Trésor.
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est un grand plaisir d'être ici avec vous cet après-midi pour parler des façons de réduire la paperasse pour les petites et moyennes entreprises.
[Traduction]
Comme vous l'avez déjà dit, M. Michael Vandergrift qui est secrétaire adjoint des affaires réglementaires au Secrétariat du Conseil du Trésor, m'accompagne. Le projet de loi dont nous discutons aujourd'hui, le projet de loi , consacre la règle du « un-pour-un » dans les dispositions législatives et conséquemment, contribuera à contrôler de façon permanente la croissance du fardeau administratif de la réglementation.
Je dois ajouter que la règle du « un-pour-un » est en vigueur depuis plus de deux ans.
[Français]
La règle du « un pour un » a été instaurée il y a plus de deux ans.
Elle constitue la pierre angulaire du Plan d'action pour la réduction du fardeau administratif du gouvernement, lequel a été lancé en octobre 2012 dans le but d'éliminer les règlements inutiles tout en maintenant des normes de sécurité et de protection élevées.
[Traduction]
L'objectif de la règle est de rendre la réglementation moins pénible et plus fonctionnelle pour les entreprises canadiennes, en particulier les petites et moyennes entreprises, et de les libérer du fardeau administratif pour qu'elles puissent se consacrer à ce qu'elles font le mieux: croître, innover et créer des emplois.
En particulier, la règle du « un-pour-un » exige que les organismes de réglementation monétisent — et je reviendrai là-dessus un peu plus tard — et compensent tout fardeau administratif qui découle de modifications apportées à la réglementation par des réductions équivalentes dans les règlements déjà en vigueur. Lorsqu'on adopte un nouveau règlement, un autre ou plusieurs autres règlements doivent être abolis. En outre, quand on introduit un tout nouveau titre pour un règlement, et que cela alourdit le fardeau administratif, un règlement déjà existant doit être abrogé.
[Français]
Cette approche a déjà prouvé son efficacité.
[Traduction]
Au cours de la première année de l'application de cette règle, elle a permis, dans l'ensemble du système, de limiter les formalités administratives que la réglementation impose aux entreprises. En date de juin 2014, la règle avait contribué à une réduction nette de plus de 22 millions de dollars du fardeau administratif pesant sur les entreprises. Elle a aussi contribué à des économies annuelles d'environ 290 000 heures — ce qui représente 33 ans — temps consacré au fardeau réglementaire. C'est ainsi qu'il y a eu une réduction nette de 19 règlements fédéraux.
[Français]
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le gouvernement s'est engagé à contribuer au contrôle permanent du fardeau administratif de la réglementation fédérale.
[Traduction]
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de légiférer la règle du « un-pour-un » et nous proposons ainsi au Parlement cette loi sur la réduction de la paperasse. En donnant à la règle du « un-pour-un » la force d'une loi, le Canada aura l'une des règles les plus dynamiques applicables au fardeau administratif au monde.
La règle du « un-pour-un » et d'autres réformes issues du plan d'action pour la réduction du fardeau administratif se soldent par une meilleure discipline au chapitre de l'établissement de la réglementation gouvernementale et créent un environnement plus prévisible pour les entreprises. Croyez-moi, nous le faisons à la demande des entreprises, qui l'exigent de la part du gouvernement.
[Français]
Nous procédons à ces réformes tout en maintenant des normes de sécurité et de protection élevées pour les Canadiens.
Les Canadiens comptent sur leur gouvernement et son système de réglementation pour préserver la confiance du public.
[Traduction]
Je peux vous assurer que le gouvernement continuera de protéger la santé et la sécurité de ses citoyens. Toutefois, nous atteindrons cet objectif tout en libérant les entreprises du fardeau administratif inutile et coûteux qui monopolise leur temps. Notre approche vise à accroître la compétitivité des Canadiens et à libérer les entreprises du fardeau administratif pour qu'elles innovent, investissent, croissent et créent des emplois et ce, sans être freinées par des règlements gouvernementaux inutiles. Avec ce projet de loi, et en poursuivant nos autres engagements à l'égard de la réduction du fardeau administratif, nous contribuons à renforcer la renommée du Canada comme étant l'un des meilleurs endroits au monde où faire des affaires et investir.
Je souhaiterais décrire très brièvement quelques-uns des autres engagements que nous avons pris. Notamment, nous adoptons une optique petites entreprises, en publiant sur le Web les plans prospectifs de réglementation, en bonifiant les normes de service pour les autorisations réglementaires à demande élevée et en faisant le suivi de nos progrès en matière de réduction du fardeau administratif au moyen d'une fiche d'évaluation annuelle.
C'est précisément pour ces raisons que Bloomberg a récemment classé le Canada au deuxième rang des pays du monde où faire des affaires. Nous croyons que c'est le secteur privé, grâce à l'ingéniosité et à la créativité de Canadiens qui travaillent fort, qui devrait, et c'est effectivement le cas, créer de la croissance économique, des emplois et de la prospérité à long terme.
[Français]
En effet, notre rôle en tant que gouvernement est de mettre en place des politiques appropriées afin de les soutenir.
[Traduction]
Et c'est précisément ce que nous faisons, non seulement au moyen de réformes visant à alléger le fardeau administratif mais aussi au moyen d'autres mesures pour assurer la prospérité économique à long terme de notre pays notamment en offrant un régime fiscal compétitif, et en accusant un ratio de la dette au PIB le plus faible des pays du G7 et grâce à un climat bancaire stable.
Sur ce, je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici monsieur Clement.
Nous avons plusieurs questions à vous poser sur le projet de loi . Je pense que vous êtes assez fier de votre projet de loi. Cependant, plusieurs choses étonnent.
Tout d'abord, nous trouvons la prémisse un peu erronée puisque ce projet de loi devrait réduire la paperasse. En fait, il établit la règle du « un pour un », ce qui veut dire que s'il y a un nouveau règlement, on enlève un règlement. Cela ne réduit rien, cela ne fait qu'empêcher la réglementation d'augmenter.
Ensuite, pourquoi avoir choisi un titre aussi populiste? Est-ce parce que les entreprises veulent que l'on réduise la paperasse? On sait qu'elles réclament, depuis des décennies, qu'on réduise réellement la paperasse. Elles éprouvent beaucoup de difficulté avec les différents ordres de gouvernement et les différents ministères en ce qui a trait à la réduction de la paperasse. Cela ne la réduit en rien.
Pourquoi donc avoir choisi un titre populiste alors qu'il n'y a pas de réduction de paperasse dans ce cas?
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Je vous remercie de votre question.
Tout d'abord, la règle du « un pour un » représente une partie d'un grand plan d'action contre la paperasse. Beaucoup de choses peuvent éliminer la paperasse pour les petites et moyennes entreprises, bien sûr.
La règle du « un pour un » est une stratégie. Cependant, il y a d'autres stratégies. J'ai déjà dit ceci:
[Traduction]
Parmi les autres stratégies, il s'agit d'examiner les nouveaux règlements dans l'optique des petites entreprises et par-là même la bureaucratie et le Conseil du Trésor doivent examiner un nouveau règlement pour voir l'incidence qu'il va avoir sur les petites entreprises. Je crois qu'il s'agit d'un changement culturel extrêmement crucial.
J'ajouterai également que la fiche utilisée par des évaluateurs indépendants pour déterminer dans quelle mesure nous réduisons le fardeau administratif des petites entreprises contribue également au changement de culture.
Les résultats sont désormais connus, comme je l'ai indiqué plus tôt. Nous avons enregistré des économies annuelles d'environ 290 000 heures en temps consacré par les petites entreprises au fardeau réglementaire et plus de 22 millions de dollars en réduction du fardeau administratif.
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Tout à fait. Je crois que c'est un point important. Les choses n'avaient pas vraiment beaucoup changé depuis l'époque où je m'étais lancé en affaires.
Je peux peut-être regrouper ces commentaires en deux catégories. La première concerne le double-emploi qui va de pair avec le fardeau administratif. C'est habituellement le cas lorsqu'un propriétaire ou un petit entrepreneur se procure tout un tas de formulaires de différents paliers de gouvernement, passe un après-midi voire une soirée à remplir ces formulaires pour ensuite se faire demander à peu près les mêmes renseignements le lendemain par une autre branche du même gouvernement ou un autre palier de gouvernement. La situation est très frustrante pour les petits entrepreneurs.
L'autre chose qui nous a été mentionnée à multiples reprises était qu'ils se sentaient pris par surprise ou au dépourvu, si je puis m'exprimer ainsi. Lorsque le gouvernement leur présente de nouveaux règlements, il n'a pas pensé à toutes les retombées qu'ils auraient sur les petites entreprises qui doivent s'ajuster très rapidement pour se conformer au fardeau administratif; et pour elles, il ne s'agit pas uniquement d'un coût économique, mais cela monopolise bien évidemment leur attention et les empêche de faire ce qu'elles veulent faire, à savoir se concentrer sur leurs affaires et répondre aux demandes du gouvernement.
Cela rend les choses moins prévisibles si le gouvernement arrive et fait ces choses-là sans beaucoup de préavis. C'est pour cela qu'entre autres choses, nous avons créé des plans prospectifs de la réglementation. C'est très important, car cela donne aux entreprises suffisamment de temps pour réagir et également soumettre leurs commentaires.
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Je peux vous donner deux exemples. Emploi et Développement social Canada a modifié le règlement sur l'épargne-invalidité, en éliminant l'exigence de 180 jours pour les demandes de subvention et bon pour l'épargne-invalidité enregistrées. L'exigence de 180 jours signifiait que certains bénéficiaires de ces subventions devaient attendre plus longtemps. De plus, on a supprimé l'exigence de présenter à nouveau une demande.
Les économies annuelles pour les entreprises suite à ces deux seuls changements de ce ministère se chiffrent à plus de 377 000 $.
Santé Canada a réduit la paperasse en modifiant le règlement afin de permettre aux techniciens en pharmacies réglementées de s'occuper du transfert de prescriptions d'une pharmacie à l'autre. Avant, il fallait que cela soit fait directement par le pharmacien ou la pharmacienne. Ce sont des propriétaires de petites entreprises qui devraient s'occuper des patients ou des clients, et non pas avoir à s'occuper de ce fardeau réglementaire.
Grâce au changement apporté au règlement, non seulement ils peuvent passer du temps avec leurs patients et leurs clients et gérer leur entreprise, mais le fardeau pour les pharmaciens a diminué de 15 millions de dollars par année.
Voilà deux bons exemples concrets des effets positifs.
Nous utilisons un modèle standard de coût, qui est un modèle accepté et reconnu sur le plan international pour calculer le fardeau administratif. Essentiellement, on examine le temps nécessaire pour remplir les formulaires, qui le fait, le coût en salaire pour cette personne, et le nombre de fois qu'elle doit le faire. Ensuite, on fait l'évaluation pour toute l'entreprise. Et on multiplie par le nombre d'entreprises qui doivent s'y conformer et, ainsi, on en arrive au montant total du fardeau administratif.
Nous fournissons aux ministères des outils pour les aider à faire ces calculs. Selon notre guide, les ministères doivent aussi collaborer avec les parties réglementées, et les consulter, pour s'assurer que les chiffres sont bons. Les résumés de ces calculs sont rendus publics avec le résumé de l'étude d'impact de la réglementation qui accompagne chaque règlement.
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Bien sûr. Je vais parler un peu des plans prospectifs de la réglementation, car je crois que c'est aussi très important pour les petites entreprises.
J'ai parlé d'être pris de cours par le gouvernement, c'est une plainte que nous entendons souvent. En exigeant que les ministères et agences réglementaires affichent publiquement leurs plans pour les règlements à venir, nous obtenons deux choses, d'après moi. Premièrement, les petites entreprises ont le temps de se préparer pour ces règlements, mais on noue aussi un dialogue entre l'organisme de réglementation et la partie réglementée au sujet du projet de règlement. Si on sait que quelque chose s'en vient dans deux ans, on peut commencer à en parler et dire: « Écoutez, je suis certain que vous n'aviez pas prévu cela, mais cela aura ce genre d'effet sur les petites entreprises. Faisons en sorte que vous atteignez votre objectif en matière de politique publique sans conséquences négatives pour les petites entreprises. » Je pense que c'est un aspect très important que nous avons ajouté.
L'optique des petites entreprises exige des organismes de réglementation qu'ils évaluent les conséquences sur les petites entreprises, pas seulement sur l'ensemble de la société canadienne ou pour dire qu'une chose sera améliorée. Je pense que c'est un changement d'attitude essentiel.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je dirai d'abord: CQFD — ce qu'il fallait démontrer. Je m'adresse à M. Albas.
Monsieur Albas, vous avez démontré qu'avec la règle du « un pour un », on n'avait pas réduit les règlements, mais qu'on avait réduit les coûts et le temps de traitement, ce qui nous a fait faire des économies qui, nous le souhaitons, seront investies dans le logement social ou la sécurité de la vieillesse ou la lutte à la pauvreté dans ce pays.
Vous avez parlé de 19 règlements. On espère obtenir la liste de ces 19 règlements. Je ne les demanderai pas maintenant, mais vous pourriez peut-être les remettre au comité.
Dans le préambule, on mentionne l'importance d'être transparent. À part le rapport annuel, quelles sont les autres mesures? L'examen quinquennal sera-t-il rendu public? Quelles mesures de transparence seront prises afin de bien connaître le processus d'élimination des règlements au quotidien? Comment se fera la cueillette des données pour l'évaluation?
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Je vous remercie d'être venu discuter avec nous de ce projet de loi, monsieur Clement.
J'apprécie, c'est certain, le soutien qu'apporte le NPD à ce processus ici, à Ottawa. Je vais vous parler un peu des années que j'ai passées dans l'opposition au Manitoba, au sein du Parti progressiste-conservateur. Ce genre de projet de loi a été présenté à deux reprises par mes collègues devant l'Assemblée législative. Ils ont surtout été critiqués par l'industrie et les petites entreprises. À deux reprises, ces projets de loi ont été rejetés par le gouvernement du Manitoba de l'époque, alors je suis très heureux de voir l'appui concerté qu'il reçoit ici.
Vous avez dit que nous avons réglé le cas de 19 de 2 500 règlements et nous avons épargné 22 millions de dollars. Je ne voudrais pas extrapoler pour ma collègue qui demandait combien on peut ainsi économiser, mais il me semble que ce serait un assez gros montant.
Ce n'est là que l'un des aspects où nous avons apporté des changements pour réduire la paperasserie, cette règle du « un-pour-un ». Est-ce que vous pourriez décrire d'autres mécanismes que nous avons mis en oeuvre dans cette optique?
Bien évidemment, un changement de culture, à tout le moins au début, se fait progressivement. Ce genre de choses n'arrive pas du jour au lendemain, mais je pense que... Tout le monde doit passer par le Conseil du Trésor à un moment ou à un autre. Comme nous faisons fonction de filtre, avec les rapports hebdomadaires que dresse Michael sur les progrès de la règle du « un-pour-un », et du fait des présentations au Conseil du Trésor qui ont cette composante de l'optique de la petite entreprise quand il est question de modifier son argumentation, cela fait que les personnes qui rédigent les règlements et celles qui les examinent, c'est-à-dire les membres du Conseil du Trésor, ont tout cela à l'esprit.
Très franchement, ces choses-là n'arrivent pas du jour au lendemain, monsieur Maguire, mais je pense que nous avons fait d'excellents progrès. Le succès de ce type de démarches qui intéresse le Conseil du Trésor et, par extension, notre caucus — et tous les parlementaires si ce projet de loi venait à passer — devient partie intégrante du mode de fonctionnement du gouvernement.
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Je vais revenir à certains des pouvoirs discrétionnaires ou arbitraires qui seront donnés au président du Conseil du Trésor, donc à vous.
À l'article 6, par exemple, on lit que le président du Conseil du Trésor « peut élaborer des lignes directrices ou donner des directives prévoyant les modalités d'application de l'article 5 ».
En vertu de l'article 7, le gouverneur en conseil peut aussi prendre des règlements concernant les règlements voulant que « le Conseil du Trésor peut exempter de l'application de cet article ainsi que les catégories pour lesquelles et les circonstances dans lesquelles une telle exemption peut être accordée. »
Y a-t-il eu des exceptions et, le cas échéant, de quel type?