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Bonjour à toutes et à tous.
Bienvenue à la 20e séance du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Nous poursuivons notre étude au sujet des pratiques du gouvernement concernant les données ouvertes. Nous accueillons plusieurs témoins aujourd'hui, dont Mme Lyne Da Sylva, professeure agrégée à l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information de l'Université de Montréal.
Nous accueillons également, par l'entremise de la vidéoconférence, d'Oxford, M. Richard Stirling, directeur international du Open Data Institute au Royaume-Uni. Également, de Paris, en France, nous avons Mme Barbara-Chiara Ubaldi, gestionnaire du projet de gouvernement électronique au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques, ainsi qu'en direct de Sheffield, Mme Joanne Bates, chargée de cours en sciences de l’information et société à l'Université de Sheffield au Royaume-Uni.
Comme à l'habitude, je rappelle aux témoins que nous allons procéder aux présentations qui vont durer un maximum de dix minutes. Par la suite, les membres du comité pourront poser des questions à chacun des témoins.
Sans plus tarder, je souhaite la bienvenue à Mme Da Sylva, qui est avec nous dans cette salle. Nous sommes prêts à entendre votre présentation sur notre étude au sujet des pratiques du gouvernement concernant les données ouvertes.
Je vous remercie de votre présence avec nous ce matin.
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Je vous remercie de cette invitation.
On m'a dit que c'était peut-être une bonne idée que je me présente d'abord afin d'orienter vos questions, auxquelles je pourrai répondre par la suite en anglais ou en français.
Je suis un peu un étrange animal. J'ai une formation multiple. J'ai un baccalauréat en mathématiques et en informatique, que j'ai fait suivre d'une maîtrise en linguistique et d'un doctorat en linguistique, option intelligence artificielle. Tout cela m'a mené à faire des travaux dans ce qu'on appelle le traitement automatique de la langue, c'est-à-dire l'utilisation de l'ordinateur pour essayer de comprendre les textes écrits en français, en anglais, en italien, etc. afin de les traduire, de les corriger automatiquement ou de faire des traitements automatiques.
J'ai entre autres travaillé dans l'industrie privée comme développeur de logiciels de traitement automatique de la langue, que l'on nomme les TAL. Je suis présentement professeure à l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information. J'ai été engagée dans le cadre du profil de gestion de l'information numérique. C'est vraiment cela le fil conducteur, soit l'information numérique.
À l'heure actuelle, mon expertise est double. D'une part, il y a le traitement automatique de la langue appliqué à la gestion documentaire. D'autre part, elle porte de plus en plus sur les bibliothèques numériques où on retrouve des collections de documents, qu'ils soient de type bibliothéconomique, archivistique, muséal ou autre, ayant des fonctionnalités pour y accéder. Des sites Web et certaines bases de données relèvent des bibliothèques numériques. Les collections et les ensembles de données sont un exemple de bibliothèques numériques. C'est à ce titre que je m'intéresse particulièrement à ces questions.
J'ai structuré mon allocution de ce matin selon les cinq questions que j'ai reçues. Je voulais juste vous présenter un préambule.
On parle de données ouvertes, de données liées, de linked open data, de RDF. Tout cela n'est pas la même chose. Il y a des formats de données plus ou moins ouverts. Il ne suffit pas de publier des données pour qu'elles soient nécessairement considérées comme un exemple par excellence de données ouvertes. L'exemple par excellence, le format par excellence, c'est le format RDF, qui est lisible et manipulable par l'ordinateur.
Il y a plusieurs administrations qui vont publier des données, mais elles ne seront pas nécessairement dans un format facilement exploitable. Il peut y avoir une gradation dans l'offre qui est faite.
On parle aussi de big data. Encore une fois, c'est quelque chose de différent. Le terme fait référence à la recherche qui s'appuie sur des données massives. Bien que ce soit différent, on peut s'attendre à ce que l'avènement de ces énormes quantités de données change considérablement l'attitude des gens envers la connaissance et l'exploitation qu'on peut en faire. Donc, cela va venir modifier la donne.
La première question était de savoir comment le gouvernement du Canada se compare aux autres administrations, au Canada et à l'étranger? J'ai compilé des données dans un tableau qui fait partie des notes que j'ai transmises au comité. On y retrouve quelques données sur la disponibilité des données des administrations au Canada et à l'étranger.
Les situations sont très variables, à la fois à l'égard du nombre de jeux de données et à l'égard d'une véritable ouverture. Certaines administrations vont publier des documents en format PDF image zippés, ce qui n'est pas nécessairement la forme la plus souhaitable de données ouvertes.
Je ne passerai pas le tableau en détail. Je dirai toutefois très rapidement qu'on reconnaît que, mondialement, le Royaume-Uni connaît le déploiement le plus remarquable, avec une grande quantité de données véritablement ouvertes en RDF. On situe le nombre de jeux de données à environ 17 000.
Le Canada, pour sa part, aurait plus de 190 000 jeux de données, ce qui est un ordre de grandeur supérieur. Par contre, au Canada les données sont moins ouvertes. Il y a plus de fichiers zippés, de cartes géographiques, de données. Il existe exactement un seul jeu de données en RDF, ce qui est un peu triste. Le tableau fait état de beaucoup de données qu'il serait trop long d'énumérer maintenant.
Je note aussi un site, soit le Linking Open Government Data, qui a classé un certain nombre de pays. Il placerait le Canada au deuxième rang des émetteurs de jeux de données.
Il est clair que cela est basé sur le nombre de jeux de données disponibles, mais pas nécessairement sur la facilité avec laquelle on peut exploiter ces données.
Je vais maintenant répondre à la deuxième question, qui vise à savoir comment se compare le secteur privé sur le plan des renseignements qu'il recueille et qu'il rend disponibles.
Bien sûr, les administrations publiques ne diffusent pas le même genre de données. Elles vont diffuser des informations sur les activités de l'administration publique, sur la gestion des services publics, sur les ressources naturelles, etc. Le secteur privé, quant à lui, est beaucoup plus réticent à partager ses données. On peut imaginer quels sont les obstacles évidents. Les entreprises ont peur de perdre leur compétitivité. Plusieurs incitatifs sont offerts au secteur privé pour répondre à certaines attentes des consommateurs, qui veulent que les sociétés soient plus transparentes et écoresponsables, entre autres. Le secteur privé reconnaît que cela peut lui permettre de partager les risques. On peut penser aux compagnies d'assurances et pharmaceutiques qui peuvent profiter des données d'autres entreprises pour améliorer leur compétitivité.
La troisième question est la suivante: comment le bon usage des données publiques stimule-t-il la création d'emplois et une plus-value économique? Il est clair que la disponibilité de données ouvertes rend possible le développement de différentes applications. Toutefois, il ne faut pas prendre en compte uniquement l'argent qu'on pourrait en tirer. Il faut plutôt considérer les données publiques d'une autre manière, c'est-à-dire comme un nouveau service public, à l'instar des bibliothèques. Il faut mettre cela en parallèle, plutôt que comme une valeur économique où l'on peut faire de l'argent immédiatement.
Quatrièmement, comment peut-on s'assurer qu'il y a de la responsabilité et de la transparence tout en faisant preuve de prudence en matière de protection des renseignements personnels? Il y a une distinction à faire — et d'autres la font — entre les données collectives, qui peuvent être ouvertes quand elles sont anonymes, les données privées ou personnelles, qui devraient être ouvertes aux individus eux-mêmes mais pas à la collectivité, et les données transformées, qui peuvent être anonymisées avant d'être diffusées. Il importe alors de définir un ensemble de principes de confidentialité pour régir tout ça.
La dernière question demande comment nous assurer que les données publiques répondent aux besoins de la population du Canada? J'ai cerné quatre mécanismes potentiels. Il pourrait y avoir de nouveaux officiers publics, comme un chief data officer ou quelque chose de la sorte. Évidemment, il faudrait rédiger une politique officielle publique et transparente et mettre sur pied de nouvelles structures, comme des groupes de défense des citoyens. De plus, il serait important de s'adjoindre les gens des milieux documentaires, à savoir les bibliothécaires et les archivistes, qui sont habitués à gérer des ensembles de données et à tenir compte des besoins des utilisateurs pour mieux fournir les services.
Je vous remercie.
Tout d'abord, comme le témoin qui m'a précédé, je vous parlerai un peu de moi. J'ai joué un rôle clé dans le déploiement des données ouvertes au Royaume-Uni, où j'ai travaillé au sein du bureau du Cabinet pour rédiger la première politique et me charger des 12 premiers mois de la transmission et de la publication des données.
À mon avis, l'occasion politique qui se présente en matière de données ouvertes découle du travail du G8 et de la résolution adoptée à l'égard de la charte sur les données ouvertes, laquelle a été signée par tous les pays du G8 l'an dernier. Ainsi, les plus grandes économies du monde commenceront à publier davantage de données, d'une façon utile. Ces pays publient des données sur les principaux fonds de renseignements, comme les emplacements, le temps, les données environnementales, et ce dans un format qui leur permet d'être combinés à d'autres jeux de données, de même qu'à ceux d'autres pays.
La première question qu'a posée le comité était de savoir quelle était la valeur de ce secteur. Il s'agit d'une occasion exceptionnelle. Le McKinsey Global Institute a publié un rapport estimant à 3 billions de dollars la valeur de ce marché mondial. D'autres rapports concernant des régions géographiques plus restreintes fournissent des estimations du même ordre de grandeur. Les débouchés sont donc énormes.
L'Open Data Institute, que je représente, est une organisation sans but lucratif financée à l'origine par le gouvernement britannique. L'organisme a été mis sur pied afin d'accélérer la production de retombées pour l'économie britannique. Nous comptons tirer des avantages économiques, sociaux et environnementaux des données ouvertes, pour répondre à la question, « Et puis après? ». Nous sommes là pour veiller à ce qu'il y ait une incidence.
Nous y parvenons par la formation, le renforcement des capacités. Nous appuyons des entreprises en démarrage dans nos bureaux. Notre programme compte 10 jeunes entreprises dans le domaine des données ouvertes, lesquelles emploient 50 personnes — elles étaient environ 20 au début du programme. Nous réunissons les milieux universitaire, privé et public afin de discuter de certains problèmes, défis et secteurs.
Au cours des 18 derniers mois, puisque nous ne sommes actifs que depuis un an et demi — c'est un secteur encore tout nouveau —, nous avons mis en lumière certains exemples qui montrent que le chiffre de 3 billions de dollars tient la route. Nous avons entre autres constater de nombreux et d'énormes macro-avantages associés à des chiffres impressionnants, et de nombreuses entreprises minuscules, mais entre les deux, très peu. Donc, au cours des 18 derniers mois, nous avons travaillé avec des partenaires pour trouver des économies de 200 millions de livres dans le budget brut de notre service national de santé. Nous avons tracé la structure organisationnelle des banques d'investissement des États-Unis, réunissant les renseignements de trois organismes de réglementation afin de donner, en deux mois, un point de vue qu'aucun d'entre eux n'avait pu obtenir jusque-là. Nous avons travaillé avec la Banque d'Angleterre, le principal organisme de réglementation des marchés financiers au Royaume-Uni, pour prouver qu'on peut adopter une approche semblable à celle de la réglementation, où les données foisonnent, dans le marché, le nouveau marché des prêts entre pairs, qui s'élève maintenant à 1 milliard de dollars par année.
Bon nombre de ces exemples montrent les résultats de la combinaison de données, ouvertes ou non. Les choses les plus dignes d'intérêt se produisent au carrefour entre les données ouvertes et celles qui ne le sont pas, les données ouvertes et les mégadonnées, ou les données ouvertes et les données personnelles.
Voilà qui revient à certaines des questions que vous posiez. Quelle est l'approche adoptée par les entreprises? Les gouvernements ont-ils une longueur d'avance sur ces dernières? Eh bien oui, du moins pour l'instant. Il s'agit des rares secteurs où le gouvernement a une longueur d'avance sur l'industrie. Puisque notre travail consiste à rassembler les intervenants de l'industrie et que nous avons un programme pour les entreprises, nous discutons avec de très nombreuses entreprises de leur façon d'aborder le défi que posent les données ouvertes et de considérer ces dernières comme pleines de possibilités.
C'est comme si les conversations que nous avons avec eux étaient très semblables à celles que les gens avaient à l'intérieur du gouvernement il y a environ cinq ans. Nous commençons à voir les premières grandes entreprises qui publient des données ouvertes comme si cela faisait partie de leurs activités habituelles.
Il y a quelques exemples d'importance au Royaume-Uni qui ont souvent été causés par l'adversité. Tesco, l'un des principaux détaillants, s'est engagé à publier des données ouvertes sur chacune des marques maison qu'il crée. Ce détaillant le fait pour montrer aux consommateurs les produits qui se trouvent dans les aliments qu'ils achètent afin de leur redonner confiance dans ses produits.
Un de nos membres, Telefonica, songe à publier certaines des données sur la population qu'elle recueille à partir des déplacements des téléphones mobiles dans Londres pendant le jour. En fait, nous nous sommes servis de ces données dans une de nos analyses de politiques pour montrer le type de population qu'il y avait à Londres et démontrer quelles sont les répercussions sur une partie des ressources allouées aux services publics et aux casernes de pompiers.
La question suivante que vous avez posée portait sur l'anonymisation et la façon de protéger les renseignements personnels dans un environnement où les données ouvertes deviennent de plus en plus courantes.
L'un des organismes auxquels nous appartenons s'appelle UK Anonymisation Network. Ce réseau fait un excellent travail pour vérifier le résultat du travail des gens et pose toutes les questions nécessaires pour déterminer si les bonnes étapes ont été suivies pour protéger les renseignements personnels avant qu'un jeu de données d'importance soit publié. Les 200 millions de livres que j'ai mentionnés plus tôt découlent de la publication d'un jeu de données contenant toutes les ordonnances rédigées en Angleterre et au Pays de Galles. Ces données divulgueraient probablement des renseignements personnels, mais le centre d'information du NHS a déjà pris les mesures nécessaires pour vérifier que le travail d'anonymisation a été bien fait et qu'il peut également être vérifié dans le cadre de ce processus d'examen par les pairs établi par le UK Anonymisation Network, qui permet aux statisticiens de vérifier que toutes les bonnes mesures ont été prises.
Il existe aussi un outil appelé le baromètre des données ouvertes, qui n'est pas suffisamment important pour être perçu. Vous demandiez comment le Canada se compare au reste du monde. Eh bien, il s'agit d'une bonne représentation visuelle de la position du Canada par rapport au reste du monde relativement à la publication de données, plus particulièrement en ce qui a trait aux jeux de données qui font l'objet de demandes et qui sont divulgués aux pays du G8. Vous pouvez constater que le Canada est actuellement au huitième rang mondial pour ce qui est de la publication de données. Le Canada a des forces particulières pour certaines des données de base qui sont publiées, mais il a encore un peu de chemin à faire pour ce qui est d'obtenir certains des avantages sociaux et économiques découlant de la publication de données.
Je serais heureux de vous transmettre le lien de ce site afin que tous les membres du comité puissent en prendre connaissance.
Pour ce qui est de la façon dont le Canada pourrait progresser dans l'index et de ce que je qualifierais comme étant mon souhait idéal, je pense qu'on pourrait examiner certains jeux de données de base pour voir s'ils pourraient ou non être divulgués. Nous avons fait des démarches pour faciliter la tâche de ceux qui souhaitent offrir des services en fonction des données ouvertes. Beaucoup de travail a été fait relativement aux normes de service entourant la publication de données, et le témoin précédent vous en a parlé.
Nous nous sommes aussi penchés sur le volet social de la publication de données. Si vous croyez que les données ouvertes sont constituées de matériel brut pour l'ère numérique, alors, comme c'est le cas pour tout matériau brut, la certitude de l'approvisionnement vous tient à coeur, tout comme la fréquence des publications, le temps et l'effort investis par les gens pour la mobilisation des clients, ainsi que la façon dont les gens vous parleront de l'utilisation des données et des choses qui vous importent. C'est quelque chose que nous avons essayé de codifier grâce aux certificats de données ouvertes. C'est quelque chose que nous avons laissé en utilisation libre au monde.
Un dernier point que j'aimerais soulever, c'est qu'il s'agit d'un marché mondial. Ce serait merveilleux si nous pouvions commencer à faire face à certains de ces défis à l'échelle mondiale.
Je vous remercie.
J'aimerais commencer par vous donner un bref aperçu de ce que nous faisons à l'OCDE et de ce que nous avons fait relativement aux données ouvertes des 34 pays membres de notre organisation et, de plus en plus, avec celles des pays non membres. J'aimerais préciser que nous travaillons avec les gouvernements dans le cadre de notre projet de données ouvertes, qui porte sur la publication par les gouvernements de données ouvertes dans des formats ouverts. Nous ne travaillons donc pas avec le secteur privé.
Notre projet a débuté il y a environ deux ans, et je pense qu'il est important de souligner qu'il a vu le jour à la demande des gouvernements. Un groupe de dirigeants principaux de l'information, qui représente les gouvernements des 34 États membres, y compris le Canada, nous a demandé d'examiner de façon un peu plus approfondie les stratégies, les efforts de mise en oeuvre et les répercussions découlant des activités de création qu'il mettait en place. Nous avons rédigé un document de travail qui met en lumière les enjeux clés, et nous avons mené une collecte de données dans l'ensemble des pays en 2013 afin d'être mieux en mesure de voir en détail ce que font les gouvernements en matière de stratégies et d'établissement de quotas, mais aussi ce qu'ils font pour atteindre les avantages escomptés dans le cadre de leurs stratégies et initiatives de publication de données ouvertes et pour mesurer ces répercussions.
Je pense qu'il est très important de souligner que nous avons découvert que parmi la communauté de praticiens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du gouvernement, il y avait et il y a toujours une certaine confusion sur les définitions. Cela signifie qu'il y a beaucoup de chevauchement dans les activités, par exemple, des mouvements pour la liberté d'information et ceux qui préconisent la publication de données ouvertes, les discussions sur l'accès à l'information et les données ouvertes et la façon dont ils se complètent. Il subsiste une légère confusion entre les données ouvertes dans un contexte général et les données ouvertes liées aux activités gouvernementales. C'est aussi vrai entre les données ouvertes et les mégadonnées, et certains gouvernements ont toujours tendance à mêler les discussions portant sur l'analyse de données, l'exploration de données et les données ouvertes. À notre avis, il était extrêmement important et il est toujours très important, au fur et à mesure que les gouvernements font des progrès dans l'application de stratégies et d'initiatives de publication de données ouvertes, de travailler avec eux pour clarifier les définitions auxquelles ils se réfèrent.
Brièvement, j'aimerais vous présenter certains des résultats de cette collecte de données de 2013 qui mettent en lumière certains des principaux défis auxquels les gouvernements continuent de faire face. Ces défis sont de différentes natures. Il s'agit de défis en matière de politiques en ce qui a trait aux stratégies, par exemple — quelles stratégies adopter et comment s'assurer que la stratégie de données ouvertes s'harmonise ou s'intègre mieux avec les stratégies de développement économique et social, les stratégies de gouvernement ouvert, les stratégies de réforme du secteur public et les programmes d'informatisation des gouvernements. Il existe des défis techniques — comment, par exemple, assurer l'interopérabilité et l'intégration qui étaient inexistantes et comment favoriser les liens entre les jeux de données à publier dans des formats ouverts en tenant compte de toutes les questions techniques connexes que, dans bien des cas, les gouvernements tentent toujours de régler.
Mais il y a aussi les défis organisationnels qui, selon notre sondage, demeurent parmi les défis les plus importants. Par exemple, les administrations, malheureusement, fonctionnent toujours beaucoup en vase clos, ce qui signifie qu'il y a un très fort sentiment de propriété que les différentes institutions publiques associent avec le fait qu'elles sont responsables pour la production, la collecte et la distribution de certains jeux de données. Ces défis étaient très importants dans certains pays lorsqu'ils ont commencé à réfléchir à l'élaboration d'initiatives de données ouvertes, parce qu'ils se sont heurtés à une certaine résistance au sein des organismes publics.
Enfin, il y a aussi des défis de nature juridique. Les autres témoins ont mentionné la pertinence des questions de sécurité et de protection des renseignements personnels et la façon dont nous abordons ces questions. Ce n'est pas uniquement pour ces raisons qu'il est important de se pencher sur les contraintes juridiques qui existent dans certains pays. Je vais citer deux cas supplémentaires. D'abord, il y a les lois sur l'accès à l'information ou la liberté d'accès à l'information, qui ont été adoptées par de nombreux pays de l'OCDE il y a des décennies. Ces lois font maintenant l'objet de révision pour s'assurer qu'elles peuvent aussi permettre la publication de données ouvertes et qu'elles ne s'appliquent pas uniquement à l'accès à l'information. Il y a aussi certaines restrictions du point de vue juridique qui concernent le partage de données dans le secteur public. Parfois, des groupes de données liées peuvent appuyer l'analyse des données, ce qui peut contribuer à relever des tendances pour l'amélioration des politiques et la prestation des services, mais il n'en demeure pas moins que certaines restrictions juridiques interdisent différents secteurs de l'administration à accéder à divers jeux de données.
Maintenant, en ce qui a trait à la valeur, nous avons constaté qu'il y a trois ensembles de valeurs que les gouvernements essaient d'atteindre. En tant qu'organisation, nous ne favorisons pas une approche ou un ensemble de valeurs particulier, mais je pense qu'il est important de signaler que l'on peut obtenir une valeur économique grâce aux données ouvertes dans l'ensemble de l'économie.
Les autres témoins ont mentionné, par exemple, à quel point il est facile de créer des entreprises. J'aimerais aussi ajouter l'émergence de nouveaux types d'entreprise dans le secteur privé, tels que les infomédiaires, qui font en sorte qu'un plus grand nombre de citoyens puissent bénéficier de la pertinence des données rendues publiques puisque, dans bien des cas, ils ne sauraient comment tirer la plus grande valeur des jeux de données brutes qui sont rendues disponibles.
Il est possible d'accroître l'efficacité économique dans le secteur public en améliorant la prestation des services, le rendement ainsi que l'efficience dans les dynamiques internes. Il y aussi la valeur sociale, notamment lorsqu'on permet aux citoyens de prendre des décisions mieux informées sur leur vie. C'est lié à un type d'engagement différent et à la participation à l'élaboration des politiques et à la prestation des services.
Et enfin, il y a un troisième secteur qui porte sur ce que nous appelons la valeur liée à la bonne gouvernance ou la valeur politique. En d'autres mots, on se bat pour accroître la transparence et la reddition de comptes des gouvernements.
À l'OCDE, nous nous tournons maintenant vers les prochaines étapes de ce que nous aimerions accomplir dans le cadre de la collaboration internationale avec d'autres organismes, des institutions comme l'ODI et dans le contexte d'organismes internationaux comme l'OGP, le G8 et le G20. Nous mettons maintenant l'accent sur l'appui que nous pouvons apporter pour renforcer les approches stratégiques et la mise en oeuvre, tout en insistant beaucoup sur l'évaluation de l'incidence de la création de valeur. Puisque nous croyons qu'au fur et à mesure que les gouvernements investissent — et il ne faut pas oublier que les données ouvertes ne sont pas gratuites —, ils doivent en débourser les coûts.
Il est important de tenir compte de la valeur créée et de la mesurer. Nous faisons partie d'un groupe de travail sur les données ouvertes, dans le cadre de l'OGP, qui nous permet de collaborer non seulement avec des organismes internationaux, mais avec des gouvernements et des institutions pour garantir que ces efforts sont déployés à l'échelle internationale, et pas seulement avec des gouvernements.
J'en viens maintenant aux questions que vous avez posées. Comment le Canada se compare-t-il aux autres pays? Nous avons vu que le Canada fait partie du groupe de pays de l'OCDE que nous avons définis comme ceux qui emboîtent le pas rapidement, c'est-à-dire que certains pays sont des pionniers, comme le Royaume-Uni et les États-Unis. D'emblée, ils se sont fixés des objectifs ambitieux.
Et puis, il y a les pays qui ont suivi une autre approche. Et il y a aussi les pays qui, comme je l'ai dit, ont rapidement emboîté le pas. Je peux mentionner, par exemple, la France, le Mexique et le Canada, qui se sont rattrapés assez rapidement. Même s'ils ne sont pas au même niveau que d'autres pays, ils ont su tirer profit des bons exemples établis par le Royaume-Uni et les États-Unis
Ainsi, l'une des valeurs ajoutées qui est extrêmement positive pour le Canada, c'est l'association de données ouvertes à des initiatives de gouvernement ouvert et de la stratégie d'informatisation du gouvernement à celle pour la publication des données ouvertes. Le Canada a aussi adopté une approche qui favorise la collaboration interne et a créé un comité pour rassembler les représentants des diverses autorités.
Le Canada s'est également employé à améliorer son portail, la première version du portail, ce qui a mené en juin 2013 au lancement d'une nouvelle version qui permet non seulement d'améliorer l'accessibilité aux jeux de données mais également aux fonctions concernant les médias sociaux qui mettent beaucoup l'accent sur l'accroissement de l'engagement des citoyens.
Lorsqu'il s'agit de création de valeur — je pense que c'est l'une de vos questions —, comment peut-on rendre les données ouvertes utiles pour la collectivité canadienne? Je pense que c'est un point clé où les pays membres de l'OCDE doivent renforcer leurs efforts, et le Canada pourrait aussi s'appliquer davantage à mieux connaître la nature des demandes de données.
En tenant compte des trois ensembles de valeurs que j'ai mentionnés, on peut ainsi répondre aux divers besoins des différents utilisateurs de données. Il est donc important de connaître la nature de la demande. Il importe aussi d'entretenir cette demande. Pour créer de la valeur, il faut inciter les gens à se servir de ces données.
C'est dans cette perspective que c'est important pour l'avenir, à mon avis. Par exemple, dans la collecte de données que nous avons menée l'an dernier, le Canada a été reconnu comme étant l'un des gouvernements qui a le plus grand nombre de jeux de données disponibles. Mais comme l'un des témoins l'a aussi mentionné, je pense qu'il est très important d'aller de l'avant et d'améliorer la transparence et la visibilité de ces jeux de données, qui ont une grande incidence sur la création de valeur.
En terminant, j'aimerais parler de la question de la protection des renseignements personnels que vous avez soulevée. En plus de ce qu'ont dit les autres témoins, je pense que pour protéger les renseignements personnels, il est extrêmement important d'avoir des lignes directrices claires pour les fonctionnaires. Il faut se rappeler qu'ils sont des acteurs clés dans cet écosystème et que, par conséquent, il faut continuer à insister sur la formation des fonctionnaires et les sensibiliser aux atteintes à la vie privée qui peuvent découler de leurs actes.
C'est de plus en plus essentiel puisque les efforts des médias sociaux sont combinés aux initiatives de données ouvertes et de gouvernements mobiles. En effet, les gouvernements font de plus en plus usage des technologies mobiles parce que nous avons commencé du jour au lendemain à regrouper les domaines de valeur pertinents pour produire de la valeur liée aux données ouvertes. Mais je pense qu'il est très important de se rappeler que les fonctionnaires doivent être conscients des risques pour la sécurité et la protection des renseignements personnels qui découlent du regroupement de ces trois domaines différents.
Et enfin, oui, je suis d'accord avec les témoins précédents que les gouvernements ont dans un certain sens pris les devants par rapport aux entreprises dans ces domaines. Mais je ne voudrais pas être injuste en comparant le gouvernement avec le secteur privé en ce qui concerne l'ouverture des données, parce que je crois qu'il y a des préoccupations importantes en matière de sécurité et de protection des renseignements personnels qui ont trait aux jeux de données appartenant aux divers gouvernements, qui diffèrent beaucoup des jeux de données appartenant à certaines entités du secteur privé. J'estime qu'il est important de comparer les deux, mais il est encore plus important de comparer les divers gouvernements dans le monde pour s'assurer que l'on échange et reproduit des pratiques exemplaires.
Merci.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée à témoigner et je vous dis bonjour de Sheffield.
Je suis chargée de cours en politiques et stratégies en matière d'information. Je fais de la recherche dans le domaine des politiques liées au gouvernement ouvert au Royaume-Uni depuis quelques années déjà. J'ai décidé de me concentrer dans ma déclaration préliminaire aujourd'hui sur les deux thèmes que j'ai relevés dans les questions que le comité a posées au groupe de témoins.
D'abord, je vais parler un peu de la façon dont le Canada se compare aux autres pays et, ensuite, je parlerai de la création de valeur à partir des données ouvertes gouvernementales.
Ma première question est la suivante: Comment le Canada se compare-t-il à d'autres pays? Nous pourrions avoir recours à différentes méthodes pour comparer les différentes initiatives de données ouvertes de divers pays. Une approche très simple consisterait à suivre l'index sur les données ouvertes, qui est un projet appuyé par l'Open Knowledge Foundation. Cet index compare essentiellement un certain nombre de jeux de données qui ont été rendus publics dans différentes catégories par divers pays. Si l'on se fie à cet outil, le Canada se situe au 10e rang par rapport à 70 pays; il s'en tire donc assez bien.
Un outil un peu plus complexe qui a été mentionné par Richard s'appelle le baromètre des données ouvertes, qui a été appuyé par l'Open Data Institute et la Web Foundation, et dont les résultats ont été publiés l'an dernier. Ce baromètre se fonde sur une méthode plus complexe qui se penche sur la disponibilité des données gouvernementales ouvertes et les répercussions dans divers pays. Selon cet outil, le Canada se situe au 8e rang par rapport à 77 pays. Il est donc légèrement mieux coté.
Maintenant, les chercheurs qui ont travaillé au projet de baromètre des données ouvertes ont utilisé différentes méthodes pour recueillir les données. Ils ont notamment eu recours à un sondage auprès d'experts qu'ils ont mené dans différents pays et se sont servis d'une méthode très rigoureuse pour recueillir et analyser ces données. Je pense que c'est le meilleur type de données comparatives que nous ayons à l'heure actuelle. Ces données révèlent que l'initiative du gouvernement est bien financée mais qu'en ce qui concerne le soutien du gouvernement pour inciter à la réutilisation, entre autres au moyen de concours et de subventions, le Canada est un peu moins bien coté que d'autres pays. Il y a aussi la question de la formation pour les réutilisateurs potentiels au Canada... [Note de la rédaction: difficultés techniques]... D'après les experts, le Canada est également moins bien coté à cet égard.
Voilà où le Canada se situe pour ce qui est de la mise en oeuvre, d'après le baromètre des données ouvertes. En ce qui concerne les répercussions, comme l'a également dit Richard, le Canada semble s'en tirer assez bien comparativement à d'autres pays sur le plan des répercussions politiques et même des répercussions économiques découlant des données ouvertes. Même si selon cette enquête, le Canada est au troisième rang sur 10, il s'en tire très bien. Le Canada se retrouve donc au 8e rang. Mais en ce qui a trait aux répercussions sociales, ce qui comprend notamment la viabilité environnementale et l'inclusion des populations marginalisées dans l'établissement de politiques grâce à l'utilisation de données ouvertes gouvernementales, le Canada a une cote relativement faible. Il obtient une note de 0 sur 10 pour les répercussions environnementales et de 2 sur 10 pour l'inclusion sociale. Relativement parlant, cela signifie que le Canada est un mauvais élève relativement aux répercussions environnementales, mais qu'il se situe à peu près dans la moyenne pour les répercussions liées aux populations socialement exclues. La publication de données ouvertes gouvernementales a eu très peu d'effet sur les questions touchant l'exclusion sociale.
Cette étude révèle également que des tendances semblables sont perçues au Royaume-Uni. Dans le graphique que Richard a montré plus tôt, la tendance au Royaume-Uni est aussi très semblable. Les répercussions sociales des données gouvernementales ouvertes, tant au Royaume-Uni qu'au Canada, sont beaucoup plus faibles relativement aux répercussions économiques et politiques. Cela laisse supposer qu'on ne fait peut-être pas assez d'efforts au Canada et au Royaume-Uni pour améliorer les répercussions sociales découlant des données gouvernementales ouvertes.
Cette tendance n'est pas la même dans tous les pays. Par exemple, aux États-Unis, en Suède et en Nouvelle-Zélande, les notes sont bien meilleures quant aux répercussions sociales, politiques et économiques, ce qui porte à croire qu'il pourrait y avoir des pratiques exemplaires intéressantes que vous pourriez emprunter de ces pays si vous souhaitez accroître les répercussions sociales des données gouvernementales ouvertes.
J'aimerais également souligner que ces deux études, l'index des données ouvertes et le baromètre des données ouvertes, sont des études très quantitatives qui visent essentiellement à classer et à comparer les pays. Mes recherches portent sur les moteurs politiques qui sous-tendent les données gouvernementales ouvertes.
Je dirais qu'il faut absolument effectuer plus de recherches politiques comparatives sur les moteurs qui sous-tendent les données gouvernementales ouvertes dans les divers pays. Je pense que nous devons réellement nous poser les questions suivantes. À qui profite certaines décisions dans les différents pays? Qui perd ou gagne de la latitude en raison de l'endroit où l'on trace la ligne entre les données ouvertes et les données qui ne le sont pas dans les différents pays? Qui a le pouvoir ou non, en fonction des domaines où l'on investit, de maximiser le potentiel de réutilisation des données gouvernementales ouvertes? Également, que permettent les différents contextes réglementaires des divers pays relativement à ce qui est permis ou interdit en matière de réutilisation des données gouvernementales ouvertes?
Cela m'amène à réfléchir à la valeur potentielle créée à partir des données gouvernementales ouvertes. J'aimerais signaler qu'il n'y a pas de trajectoire linéaire simple entre l'ouverture des données et la création de répercussions positives pour la société. Il y a beaucoup d'autres facteurs qui sont aussi en jeu.
Pour ce qui est de la valeur économique, de nombreuses allégations fondées sur des modèles économiques ont été faites. Richard a évoqué le rapport McKinsey. D'autres recherches ont aussi été effectuées, comme les travaux de Rufus Pollock au Royaume-Uni, mais de nombreuses incertitudes subsistent néanmoins quant aux résultats de ces recherches qui ne sont pas encore publiés.
Quant aux chiffres qui font les manchettes grâce à ce type de recherches, comme x billions de livres peuvent être ajoutés à l'économie mondiale et 6 milliards de livres peuvent être ajoutés à l'économie du Royaume-Uni, je pense qu'il faut se rappeler que toute croissance économique n'est pas nécessairement une croissance positive. Les données gouvernementales ouvertes peuvent mener à la création de toutes sortes de produits et services enthousiasmants, intéressants et socialement avantageux. Mais parallèlement, les données gouvernementales ouvertes peuvent aussi être utilisées pour la mise au point de produits et de services qui pourraient avoir des répercussions sociales négatives même s'ils génèrent des profits substantiels et qu'ils pourraient contribuer considérablement au PIB.
Je pense ici à l'exemple du marché des dérivés climatiques, qui se fie énormément sur les données climatiques ouvertes, mais qui entretient un lien très douteux avec les efforts d'atténuation des changements climatiques.
Voilà pour ce qui est de la valeur économique.
Maintenant, en ce qui a trait à la création de valeur sociale, pour laquelle le baromètre révèle que le Canada a une cote relativement faible, je pense qu'il faut vraiment songer à investir dans le développement d'une infrastructure qui réunit la société civile, les collectivités locales, les chercheurs et d'autres experts en la matière avec les données ouvertes pour trouver des jeux de données gouvernementales, formuler des conseils quant à la collecte de données qui serait utile, élaborer des méthodes d'analyse des données et créer des outils et des ressources utiles qui pourraient fournir de l'information essentielle quant aux préoccupations d'intérêt commun.
On commence à le voir un peu dans les travaux réalisés par l'Open Data Institute, mais je pense que cela pourrait aller beaucoup loin et être beaucoup plus généralisé.
En conclusion, je veux rappeler qu'il faut éviter de croire qu'il y a une trajectoire linéaire directe entre la publication de données ouvertes et la création de répercussions positives pour la société. Au moment de prendre des décisions stratégiques, je pense qu'il est important de réfléchir précisément à ce que l'on veut obtenir avec les données ouvertes et à tous les éléments connexes à mettre en place pour atteindre les objectifs.
Je vous remercie.
Il y a quelques leçons ou questions dont j'aimerais parler. Je sais par expérience ce qu'il ne faut pas faire, c'est-à-dire agir en dictateur envers les ministères ou accepter une norme et s'attendre à ce que tout le monde puisse l'appliquer, même si les lignes directrices vous semblent simples sur le coup.
À l'Open Data Institute, nous avons essayé de créer des outils qui permettent aux gens de savoir s'ils répondent ou non aux normes convenues. L'un des formats de données et qu'un certain nombre de vos témoins aujourd'hui et à des séances ultérieures vous parleront probablement, c'est le format CSV. Il s'agit de la publication mensuelle de tableaux simples contenant certaines colonnes selon un format donné.
Au Royaume-Uni, chaque conseil local — c'est-à-dire 454 autorités différentes — publie le même ensemble de données tous les mois en utilisant les mêmes normes, en théorie. En pratique, il y a environ 400 variations élégantes sur le même thème. Ce n'est pas parce que les gens ne savent pas ce qu'ils sont censés faire. C'est parce qu'ils suivent un processus qu'ils ne comprennent pas et qu'ils ne savent pas à quoi devrait ressembler le résultat. Alors, lorsqu'ils obtiennent le dossier au bout du processus, s'il ressemble au format CSV, ils sont contents.
Nous avons bâti un service de validation simple qui permet de vérifier le résultat obtenu en le comparant à un schéma. Ce pauvre agent de bureau de l'autorité locale, qui pense faire du bon travail, peut ainsi vérifier. Il peut télécharger le fichier et vérifier s'il est conforme à la norme.
C'est ainsi que nous appuyons cette approche fédérée pour l'établissement de normes. Les détails pratiques sont réglés ailleurs.
Je pense qu'il y a là deux questions qui touchent à la recherche. L'un des arguments que j'ai fait valoir dans certains de mes écrits au sujet des données ouvertes au Royaume-Uni, c'est qu'il faut essayer d'analyser de quelle manière la politique des données gouvernementales ouvertes s'inscrit dans la politique des services publics ouverts du gouvernement britannique, qui vise en fait à commercialiser davantage la prestation des services publics au Royaume-Uni, ouvrant ainsi la porte aux fournisseurs du secteur bénévole et du secteur privé.
En faisant ces recherches, je me demandais de quelle manière des données ouvertes s'inscrivent dans cet objectif. La politique est tout à fait explicite à cet égard, mais je cherchais à savoir de quelle manière les données peuvent être utilisées par les experts de l'intelligence commerciale — les analystes, par exemple — pour déterminer les services publics pour lesquels ils pourraient soumissionner et qu'ils pourraient offrir de manière rentable, et dans le contexte où l'utilisateur de services publics est un client, dans quelle mesure il pourrait utiliser des applications basées sur les données ouvertes pour prendre des décisions au sujet des services qu'il devrait utiliser.
La deuxième partie de la question concerne les risques pour la société et le rôle des données ouvertes à cet égard. En ce qui concerne la divulgation de données ouvertes, j'ai examiné de manière assez détaillée la publication de données météorologiques et de leur utilisation par les marchés financiers pour produire des dérivés climatiques. Ces produits sont populaires aux États-Unis depuis un certain nombre d'années et commencent à se répandre ailleurs, et les marchés financiers britanniques veulent pouvoir faire concurrence aux marchés américains.
Les données météorologiques ouvertes, puisqu'elles sont déjà ouvertes aux États-Unis, sont très utiles pour les opérations de dérivés climatiques sur les marchés financiers. Elles ont cependant une incidence plus que douteuse sur les mesures d'atténuation du changement climatique puisque les entreprises achètent ces produits essentiellement pour se protéger contre les répercussions financières des perturbations climatiques sur leurs entreprises. Elles sont donc moins enclines à demander que des mesures soient prêtes pour atténuer les changements climatiques. Il y a donc diverses relations complexes auxquelles il faut réfléchir, d'après moi, lorsque nous cherchons à déterminer pourquoi certains ensembles de données ont été rendus publics par différentes administrations.
Merci.
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Je vous remercie de votre question.
Nous essayons de faire en sorte que les gouvernements procèdent de la bonne façon, pas seulement parce que c'est à la mode. Je trouve votre question extrêmement importante. Il reste encore à démontrer pleinement la valeur et les effets positifs de telles mesures; c'est exact. Dans certains domaines, ces effets ne peuvent être quantifiés — par exemple dans le domaine social, comme certains de vos collègues l'ont déjà mentionné. Il s'agit, par contre, d'un ensemble de valeurs extrêmement important qu'on peut cibler.
Par exemple, dans le cas de la valeur sociale, il existe de plus en plus d'exemples de la façon dont les données ouvertes ont permis d'accroître la participation et la mobilisation de segments de la société qui, autrement, n'auraient pas pris part au dialogue avec les gouvernements sur la prestation des services et l'élaboration de politiques. Toutefois, cela exige que le gouvernement ne se limite pas seulement aux interlocuteurs habituels du domaine, par exemple le secteur privé, mais qu'il travaille aussi avec d'autres acteurs du système, dont des journalistes, des organismes de la société civile, des associations de citoyens, des bibliothécaires, etc., qui ne sont pas les interlocuteurs typiques qu'il faut généralement consulter.
Dans l'optique de l'OCDE, si nous nous concentrons à ce point sur cette question, ce n'est pas en raison des pressions exercées par de multiples gouvernements pour que cet enjeu soit inscrit au programme, mais plutôt parce que cette question a pour effet de changer la façon dont les gouvernements conçoivent diverses fonctions, qui vont de l'élaboration des politiques jusqu'à la prestation des services. Le défi est de taille, et je ne peux pas vous dire qu'il existe des valeurs démontrées. Mes collègues ont mentionné qu'il y a des estimations importantes. Mais il n'y a pas encore de données claires qui démontrent la valeur, et de nombreux exemples provenant de tous les ordres de gouvernement indiquent qu'il y a des changements dans l'interaction entre le gouvernement et la société pour la création de valeurs économiques et sociales.
Le dernier argument, et ce n'est pas le moindre, est celui de la transparence et de la confiance accrue. La tendance révèle que la transparence et l'ouverture accrues des gouvernements en ce qui concerne la communication de données clés accompagnées d'information sur le fonctionnement...
Oui, nous sommes un organisme indépendant, non partisan et sans but lucratif.
En ce qui concerne les remparts mis en place pour maintenir cette position, même si nous recevons de l'argent du gouvernement du Royaume-Uni, notre société est, de par sa structure, une compagnie à responsabilité limitée par garantie. Notre conseil d'administration ne compte aucun représentant du gouvernement, bien que nous ayons des discussions sur nos paramètres fondamentaux avec le service de surveillance financière de l'administration des subventions du gouvernement.
Si vous voulez connaître les paramètres fondamentaux de notre organisation, vous pouvez consulter le tableau de bord de notre site Web. Ce sont les mêmes paramètres dont je dois rendre compte toutes les semaines et que mon conseil revoit toutes les six semaines.
Combien en coûterait-il pour mettre en oeuvre une organisation semblable dans tout le G8? Honnêtement, je n'en sais rien.
Je sais que notre organisation a été en mesure de le faire au Royaume-Uni, mais nous avons aussi eu la chance d'avoir pour fondateurs Sir Tim et Sir Nigel, ce qui nous a permis d'attirer une très bonne équipe.
Nous avons également à l'heure actuelle un réseau mondial qui opère dans un certain nombre de pays du G8, et il est possible que ce réseau puisse satisfaire à certains des mêmes besoins. Cela dépend du degré d'ambition, du nombre de nouvelles entreprises que vous souhaitez aider, de la rapidité à laquelle vous accélérez les avantages économiques et des cas d'utilisation.
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Merci, monsieur le président, et merci de m'accueillir de nouveau dans votre comité.
Je signale à tous les témoins que je remplace un de mes collègues à ce comité pour quelques réunions. Je ne suis donc pas au courant de toute la discussion qui a eu lieu précédemment. Je suis désolée de ne pas pouvoir revenir à toutes les réunions, car je trouve cette discussion très intéressante.
Au sein de notre gouvernement, je suis secrétaire parlementaire de la coopération internationale. J'ai eu l'occasion de visiter un grand nombre de pays émergents. Je sais que bon nombre de ces économies vont pouvoir évoluer plus rapidement que les nôtres parce qu'elles disposeront des technologies que nous avons dû mettre au point. Il y a deux ans, je me suis rendue à 200 milles au nord-ouest de Juba, dans le Soudan du Sud. Là-bas, tout le monde avait un téléphone cellulaire. Je suis étonnée par la technologie qu'on trouve dans ces pays et par l'accès que les gens y ont.
L'année dernière, dans une étude réalisée par notre Comité des affaires étrangères, nous avons entendu des représentants de la Banque Scotia. Cette banque mène un projet dans les Caraïbes avec des gens qui font actuellement des télépaiements parce que dans bien des régions, il n'y a pas de succursales bancaires. Alors la Banque Scotia est en train de mettre au point un projet dans les Caraïbes afin que bon nombre de ces pays puissent se prévaloir de services de télépaiement.
Compte tenu de la capacité de bon nombre de ces économies émergentes de progresser par dépassement — et ma question s'adresse probablement à vous, madame Ubaldi, puisque l'OCDE et les pays d'Europe travaillent dans bon nombre d'économies émergentes avec nous, en tant que partenaires — existe-t-il des programmes en cours d'élaboration qui visent à aider les économies émergentes dès le départ, qui leur permettent d'avoir des données ouvertes dès le début et de pouvoir communiquer cette information? Cela contribuerait grandement à aider ces gouvernements à mettre au point des stratégies de communication avec leurs citoyens — une stratégie de communication gouvernementale ouverte.
Travaille-t-on à la promotion de quelque chose de semblable?