:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
[Traduction]
J'aimerais d'abord remercier les membres du comité de nous donner l'occasion de parler de notre approche en matière de données ouvertes. Je suis venu ici avec mes collaborateurs, Corinne Charette, la dirigeante principale de l'information du Canada, et Dave Adamson, le codirigeant principal de l'information du Canada.
Avant de vous faire part de la bonne nouvelle au sujet de notre approche à l'égard des données ouvertes, je voudrais parler un peu d'un des problèmes les plus récents touchant la sécurité des données, le bogue Heartbleed qui s'est répandu au Canada et dans le monde entier. Vous en avez sans doute entendu beaucoup parler ces dernières semaines. C'est peut-être un problème qui vous inquiète et c'est, en tout cas, un sujet de préoccupation également pour nous.
Le bogue Heartbleed est une vulnérabilité du logiciel OpenSSL. C'est un problème mondial. Il a touché des sites Web du monde entier. Je dois vous dire que tout récemment, une douzaine d'entreprises dont Amazon, Cisco Systems, Facebook, Google, IBM, Intel et Microsoft ont annoncé qu'elles faisaient un don de 300 000 $ chacune pour financer des améliorations à apporter aux logiciels libres comme OpenSSL.
Le gouvernement du Canada a été informé de cette vulnérabilité en même temps que le reste du monde, et il a pris des mesures rapides et publiques pour remédier à la situation. Nous avons enjoint tous les ministères de mettre hors service tous les sites Web destinés au public qui utilisent OpenSSL jusqu'à ce que les correctifs soient installés. Le travail a été fait rapidement, monsieur le président, et en quelques jours l'accès sécurisé aux sites Web du gouvernement a été rétabli.
L'ARC a également réagi promptement. Elle a du faire face à une atteinte à la vie privée causée par cette vulnérabilité avant que le correctif ne soit installé et elle a informé les Canadiens touchés.
Comme vous le savez, la GRC a déjà arrêté la personne qui a exploité cette vulnérabilité.
[Français]
Notre gouvernement a pris les bonnes mesures pour protéger la vie privée et la sécurité des Canadiens, de manière ouverte et transparente. Aujourd'hui, tous les sites Web utilisant OpenSSL fonctionnent correctement.
[Traduction]
Au cours des dernières semaines, vous avez aussi entendu beaucoup parler des données ouvertes par des experts de l'industrie et du milieu universitaire comme Ginny Dybenko, de l'Université de Waterloo.
Lorsqu'elle a comparu devant le comité, elle était d'avis que:
Les données ouvertes seront la nouvelle ressource naturelle du Canada. Le Canada a déjà l'infrastructure numérique nécessaire. Nous avons une bonne réputation en matière de gestion collaborative. Nous avons gagné le respect d'un grand nombre de pays dans ce domaine, et nous avons de nombreux travailleurs du savoir en formation…
Elle a ajouté que:
Le Canada devrait donner la priorité aux données ouvertes, et adopter des politiques, s'engager dans une planification à long terme et renforcer les capacités.
J'aimerais me pencher sur ce sujet maintenant.
Comme vous le savez, les données ouvertes sont un phénomène mondial grandissant. Les données ouvertes consistent à rendre accessibles des données brutes visibles par machine aux citoyens, aux gouvernements, aux organisations à but non lucratif et aux organisations du secteur privé pour qu'ils puissent en tirer parti de manière novatrice et améliorée. Elles peuvent favoriser l'innovation et entraîner des changements d'ordre social, politique et économique au Canada et dans le monde.
Récemment, la société mondiale d'experts-conseils en gestion des États-Unis McKinsey and Company a estimé que les données ouvertes pouvaient injecter des billions de dollars — je parle bien de billions — dans l'économie mondiale. Évidemment, le plein potentiel des données ouvertes ne peut être réalisé que lorsque celles-ci sont offertes au plus grand nombre de personnes possible. C'est pourquoi notre gouvernement est déterminé, tant à l'échelle nationale qu'internationale, à faciliter autant que possible la recherche et la réutilisation des données gouvernementales, ainsi que l'accès à celles-ci.
Sur la scène internationale, en avril 2012, j'ai annoncé l'adhésion du Canada au Partenariat pour un gouvernement transparent. Plus de 60 pays ont adhéré au Partenariat pour un gouvernement transparent. Et chacun est résolu à promouvoir la transparence, à responsabiliser les citoyens et à tirer parti des nouvelles technologies pour renforcer la gouvernance.
Dans le cadre de son entente de partenariat, le Canada s'est engagé à appuyer et à promouvoir le gouvernement ouvert ici et dans le monde.
De plus, en juin dernier, le Canada et les autres membres du G8 ont adopté la Charte des données ouvertes, en vertu de laquelle ils s'engagent à respecter les cinq principes suivants:
Le premier est la publication de données ouvertes par défaut, ce qui signifie qu'il faut publier de façon proactive le plus de données ouvertes possible tout en reconnaissant qu'il y a des raisons légitimes pour lesquelles certaines données ne peuvent être diffusées.
Le deuxième concerne la quantité et la qualité, ce qui engage à publier des données ouvertes de qualité, en temps opportun, qui sont bien décrites par des métadonnées.
Le troisième est la possibilité d'utilisation universelle. Autrement dit, il faut faire en sorte que toutes les données soient publiées dans des formats ouverts et réutilisables.
Le quatrième est la publication de données en vue d'une amélioration de la gouvernance. Il s'agit de partager l'expertise concernant les données et de faire preuve de transparence au sujet de la collecte de données, des normes et des processus de publication.
Le cinquième est la publication de données à des fins d'innovation. Il faut consulter les utilisateurs sur les données dont ils ont besoin pour créer des applications novatrices et travailler avec le gouvernement à la résolution de problèmes.
En outre, en 2013, le Canada est devenu le coprésident du groupe de travail sur les données ouvertes du Partenariat pour un gouvernement transparent, dans lequel plus de 75 organisations de la société civile et 30 pays sont représentés.
[Français]
Ce poste appuie notre rôle de chef de file mondial dans le domaine des données ouvertes. Sur la scène nationale, nous avons pris l'engagement de faciliter autant que possible pour les Canadiens la recherche et l'utilisation des données gouvernementales ainsi que l'accès à celles-ci. En juin dernier, par exemple, nous avons lancé le nouveau Portail de données ouvertes, qui se trouve à donnees.gc.ca.
[Traduction]
Le portail est un guichet unique contenant environ 200 000 ensembles de données provenant de 38 ministères et ces ensembles de données peuvent être téléchargés gratuitement par n'importe quelle personne au Canada ou dans le monde.
La licence du gouvernement ouvert, qui permet d'utiliser sans restriction les données et l'information du gouvernement, est une autre caractéristique clé du portail. Ces outils rendent les données ouvertes facilement accessibles et permettent aux Canadiens ingénieux de profiter de leurs retombées économiques et sociales au moyen d'applications novatrices.
Nous voulons également appuyer les données ouvertes en tant que catalyseur du changement économique, social et politique en mettant le plus de données gouvernementales possible — de bonnes données — à la disposition des Canadiens. Par exemple, nous menons actuellement une initiative appelée Données ouvertes au Canada, à laquelle collaborent les gouvernements provinciaux et territoriaux pour créer un portail pancanadien homogène pour la collectivité et l'environnement des données ouvertes. Cela permettra d'assurer l'application d'une approche « sans fausse route » grâce à laquelle les citoyens d'un océan à l'autre pourront rechercher des données de plusieurs ministères et y accéder, peu importe le portail utilisé au début de leur recherche, et utiliser la même licence commune à l'échelle du Canada.
À un moment donné, avec cette approche et les bonnes normes en place, les citoyens d'autres pays seront aussi en mesure d'accéder aux données ouvertes du Canada, de les comparer et de les utiliser, et les Canadiens pourront aussi accéder à leurs données.
En ce qui a trait à la sécurité et à la protection des renseignements personnels, notre prochaine directive sur le gouvernement ouvert obligera les ministères et organismes fédéraux à optimiser la publication ouverte et proactive de leurs données, sous réserve des restrictions en matière de protection des renseignements personnels, de sécurité et de confidentialité. Pour le moment, il reste quelques années de travail avant de réaliser le portail pancanadien unique de la collectivité et de l'environnement des données ouvertes. Lorsqu'un plus grand nombre de gouvernements adopteront la licence commune et que les normes seront mises en place, cela créera un effet boule de neige. Nous constaterons, par exemple, que des données meilleures et en plus grand nombre seront utilisées pour améliorer la prise de décisions dans le domaine des affaires, de la recherche, de l'élaboration des programmes sociaux et dans le quotidien des Canadiens. Les utilisateurs de données pourraient travailler pour une société minière et utiliser des données géospatiales afin d'appuyer l'exploration. Ou ils pourraient travailler pour une organisation non gouvernementale qui fait de la recherche avec un budget restreint et bénéficie des économies découlant de travaux de recherche plus efficients et plus efficaces. Ou encore, ils pourraient être des entrepreneurs mettant à profit leurs connaissances pour créer des applications qui seront utiles aux Canadiens.
Sam Vermette, par exemple, originaire de Montréal, a conçu l'application transit app qui offre des indications et des fonctions de planification d'itinéraire en temps réel pour plus de 43 000 villes en Amérique du Nord. Depuis son lancement en mai, l'application a été téléchargée plus de 150 000 fois.
Et l'on estime que les applications de cartographie comme transit app ont généré des profits de 90 milliards de dollars rien qu'aux États-Unis. Avec toutes ces utilisations des données ouvertes, vous pouvez commencer à réaliser l'énorme potentiel qu'elles offrent pour favoriser la croissance économique, la création d'emplois et la prospérité à long terme.
[Français]
Je vais simplement conclure en vous parlant d'une activité très positive, soit notre premier appathon national, qui a eu lieu au début de l'année.
L'Expérience des données ouvertes canadienne, ou l'EDOC, a été organisée conjointement avec XMG Studio, un important concepteur de jeux pour appareils mobiles. Nous avons ainsi eu le plaisir de travailler étroitement avec le président et chef de la direction de cette entreprise, M. Ray Sharma.
[Traduction]
Vous vous souviendrez que Ray a aussi comparu récemment devant ce comité. Ray est un chef de file de l'industrie qui s'est vite rendu compte de la valeur économique du marché canadien des données ouvertes, et travailler avec lui a été une expérience gratifiante pour toutes les personnes concernées.
Pendant l'appathon de deux jours de l'EDOC à Toronto, soit du 28 février au 2 mars, les équipes utilisant les données du gouvernement fédéral ont dû créer des applications conviviales sous le thème « Résoudre des problèmes et accroître la productivité au moyen de données ouvertes ». Dans l'ensemble, plus de 900 Canadiens d'un océan à l'autre ont participé, créant un total de 111 applications, dont les meilleures ont remporté des prix en argent, notamment le grand prix de 25 000 $ accordé par Open Text Corporation.
C'était très inspirant de voir ce que les gens créatifs qui ont l'esprit d'entreprise peuvent réaliser avec les données ouvertes du gouvernement fédéral.
Je dois mentionner que l'application gagnante, appelée « NewRoots » aide les néo-Canadiens à trouver les villes qui leur permettront le plus de réaliser leur plein potentiel professionnel et d'atteindre leurs objectifs et ceux de leur famille. L'application utilise des données ouvertes de Statistique Canada, d'Emploi et Développement social Canada, de l'Agence du revenu du Canada et de la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
[Français]
Je crois savoir que les concepteurs utilisent leurs gains pour mettre sur pied une entreprise inspirée de leur application. C'est un autre exemple de la façon dont les données ouvertes peuvent servir les besoins des Canadiens.
[Traduction]
Il y a vraiment aucune limite et nous sommes fiers de jouer un rôle important pour guider nos citoyens dans la prochaine phase de l'ère de l'information mondiale.
Je vous remercie. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Je pourrais peut-être aider Jay à répondre à certaines questions avec quelques chiffres.
L'indice des données ouvertes est établi par des experts en données indépendants du monde entier à partir des données ouvertes du recensement. Ces experts évaluent ce que fait le Canada pour 10 ensembles clés de données. Voici leur classement: pour les pays industrialisés, le Royaume-Uni se classe avant nous, les États-Unis aussi, de même que le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Finlande, la Suède, la Nouvelle-Zélande et l'Australie, et cela pas seulement un peu, mais avec le double de points. Le Royaume-Uni a 940 points sur 1 000. Nous en avons 590 sur 1 000.
De toute évidence, si nous comptons devenir un chef de file mondial, nous sommes des traînards dans ce domaine. Je ne pense pas que cette initiative obtienne les ressources dont elle a besoin. Les témoins nous ont dit que si nous voulions présenter ces données de façon à ce qu'elles soient accessibles, utilisables et bien organisées — je suppose qu'accessible est le mot clé — il va falloir dépenser beaucoup plus. Nous dépensons beaucoup plus pour espionner les gens que pour partager l'information.
J'ai une question précise à vous poser, monsieur le ministre, au lieu de simplement m'attaquer à votre projet. L'indice des données ouvertes souligne que…
Permettez-moi de lire ce à quoi vous vous êtes engagé à l'égard de donnees.gc.ca. En ce qui concerne les dépenses, conformément à vos engagements du G8, vous vous êtes engagé à fournir les prévisions des autorisations législatives et des autorisations de dépenses de l'année disponibles pour les autorisations votées par les ministères, les organismes et les sociétés d'État.
Quand vous avez signé, en février 2012, vous avez lancé un projet pilote à cet égard. Open Data Index se demande pourquoi vous avez interrompu ce projet pilote et pourquoi nous en sommes à un taux de conformité de 10 % dans cette catégorie par rapport à 100 % pour le Royaume-Uni, et 100 % pour les États-Unis. C'est 10 % pour le gouvernement du Canada.
La catégorie de données qui intéresse vraiment les Canadiens est celle qui touche les dépenses gouvernementales. Vous pouvez publier tous les renseignements que vous voudrez sur les prévisions météorologiques, qui sont d'une certaine utilité, je suppose, mais les gens veulent vraiment savoir ce que leur gouvernement fait de leur argent. Comment expliquez-vous cette critique formulée par Open Data Index selon laquelle le projet pilote a été annulé et le dernier rapport, dans cette catégorie, date de septembre 2013?