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Merci beaucoup de m’avoir invitée à témoigner devant le comité. Je vais concentrer mes observations sur l'Open Government Partnership — ou l'OGP — une initiative internationale à laquelle participe le Canada.
L'OGP recueille des engagements auprès des gouvernements à l'égard de plus de transparence, de reddition des comptes, de mobilisation citoyenne, afin de lutter contre la corruption et d'exploiter la technologie pour renforcer la gouvernance. Pour adhérer à l'OGP, les pays doivent convenir de faire faire tous les deux ans un examen indépendant de leur plan d'action national et de ses progrès. Ce mécanisme de présentation de rapport indépendant s'inscrit dans un système de freins et contrepoids intégré à l'OGP. Je suis le chercheur indépendant pour le Canada et notre premier rapport d'étape a été publié en février dernier. Il repose essentiellement, comme mes remarques aujourd’hui, sur la rétroaction des parties prenantes.
Le plan d'action national du Canada n'est pas uniquement centré sur les données ouvertes, mais je garderai les paramètres de votre étude à l'esprit et je m'en tiendrai autant que possible au sujet des données ouvertes.
Les questions touchant les données ouvertes ne manquent pas. Vu le peu de temps dont je dispose ce matin, j’ai décidé de m’en tenir aux trois préoccupations majeures exprimées par les parties prenantes lors de mes entrevues et rencontres. C’est donc une analyse un peu critique de notre stratégie en matière de données ouvertes, où je passe plus ou moins sous silence les aspects positifs. Mais je ne demande pas mieux que d’y revenir lors des questions et réponses.
J’ai choisi de regrouper mes remarques aujourd’hui dans sept domaines principaux de préoccupations partagées par les parties prenantes que j’ai rencontrées dans le cadre de mon étude.
La première préoccupation est la diversité des jeux de données. Actuellement, le portail de data.gc.ca est dominé par des données géospatiales. Il comporte peu, voire aucun jeu de données sur plein d'autres sujets, comme l'assurance-emploi, la santé et les sujets liés à des segments particuliers de la population comme les aînés et les Autochtones. De l'avis des utilisateurs, c'est très restrictif.
La deuxième préoccupation est la qualité des données, à laquelle se rattacheraient un ou deux éléments. C'est peut-être la plus grande préoccupation de la majorité des intervenants. Beaucoup pensent que la qualité des données du portail souffriront et continueront de souffrir des mesures mises en oeuvre pour réduire la collecte de données à sa source.
Un exemple éloquent de cela — dont presque tous les gens avec qui je me suis entretenue ont parlé — est l'élimination du long questionnaire de recensement. Ce genre de mesures a suscité des préoccupations relativement à la disponibilité future de jeux de données actualisées et comparables dans les plus petites unités géographiques. On le constate d'ailleurs déjà. Rien que dans les derniers jours, on a entendu parler de la perte de données avec le dernier recensement.
Ce sont les deux premières préoccupations.
La troisième préoccupation est la nature fragmentée des jeux de données. Les utilisateurs ont remarqué qu'il n'est pas rare que des jeux de données soient diffusés de manière fragmentée au lieu d'être exhaustives et largement diffusées. Elles sont aussi parfois séparées de leur méthodologie et d'une description de bonne qualité. Les utilisateurs ont trouvé qu'il leur fallait consacrer beaucoup de temps et avoir de bonnes connaissances pour pouvoir combiner des jeux de données et en tirer un parti utile.
D’après les conversations que j’ai eues, cela peut découler du fait que les spécialistes des données et le gouvernement ont un point de vue différent de ce qui constitue un jeu de données. Je pense qu’il serait bon de pousser un peu plus loin le dialogue quant à la définition d’un « jeu de données ».
Il existe un problème lié à la qualité et à la nature des données, celui du format des jeux de données dans le portail.
Il y a déjà eu des problèmes d'incohérence dans le format de bien des jeux de données. Je sais que le Conseil du Trésor se penche sur la question depuis déjà un moment. Si on veut élaborer des normes, il faut s'assurer d'inclure le critère des métadonnées de qualité. Les métadonnées manquantes ou incohérentes compliquent l'analyse et la vie des utilisateurs. J'ai eu l'impression, en écoutant ces utilisateurs, que les normes de formatage manquent de rigueur et que certaines métadonnées sont supprimées à des fins de standardisation et de cohésion.
Cela m’amène à la cinquième préoccupation: le portail de données lui-même. Beaucoup des gens avec qui j'ai discuté s'inquiétaient beaucoup du portail data.gc.ca lui-même. Je reviens tout juste de réunions de l'OGP tenues à Dublin (réunions régionales européennes) et j'ai entendu beaucoup des mêmes préoccupations qu'exprimaient des acteurs de la société civile et les évaluateurs de plans d'action qui venaient d'autres pays qui avaient ou envisageaient d'avoir un portail de données ouvertes. Comme vous le savez, c'est le Secrétariat du Conseil du Trésor qui gère le portail data.gc.ca et qui assume la responsabilité du dossier de gouvernement ouvert. Avec la centralisation du portail, les données sont de fait retirées à leurs créateurs et gardiens. Elles sont enlevées à des gens très spécialisés qui savent comprendre les données. Cela met le SCT dans la situation peut-être peu enviable d'intermédiaire qui gère les relations et les demandes de renseignements entre les utilisateurs des données et leurs créateurs.
Il faudra accorder à cette question une réflexion approfondie et peut-être qu'il faudra remettre en question l'emplacement du portail. Certaines personnes ont dit qu'il semblerait plus logique de le confier à RNCan puisque la majorité des jeux de données appartiennent à ce ministère et qu'il a une grande expertise de la collecte, de la présentation et de l'analyse de données.
Un autre problème que pose le portail vient de la fonction de recherche. Les utilisateurs ont signalé qu'il n'est pas particulièrement convivial ou bien conçu. Il faudrait à tout le moins améliorer la fonctionnalité du portail.
L’avant-dernière préoccupation que je souhaite évoquer est la création d'un fossé croissant à l'accès des données. La diffusion de jeux de données présente à elle seule peu de potentiel. Elle ne va pas changer grand-chose. Il faut des gens capables de les extraire et les exploiter. Il faut pour cela de l'expertise et des ressources. Le format brut dans lequel des jeux de données sont diffusés privilégie en fait les scientifiques des données, qui ont une grande expertise en données brutes. Bien d'autres organisations non gouvernementales, par exemple, pourraient avoir grand avantage à utiliser les jeux de données mais ne le peuvent pas tout simplement par manque de ressources et d'expertise. Si nous, au Canada, reconnaissons généralement l'importance des données ouvertes, et nous le reconnaissons, il nous faut élaborer un mécanisme pour combler le fossé des données afin de rendre les données accessibles, au lieu de les cantonner aux spécialistes ayant une grande expertise.
Je conclurai sur une dernière préoccupation: des données ouvertes mais pas un gouvernement ouvert. Beaucoup de choses se sont faites avec les données ouvertes, notamment l'importante étude que vous entamez. C'est à cela que bien des gouvernements consacrent beaucoup d'énergie. Le Canada est loin de faire cavalier seul en la matière.
Bien qu'il y ait certainement place à l'amélioration, nous avons fait de bonnes choses en matière de données ouvertes. Par souci d'économie de temps, je n'ai pas parlé de ces bonnes choses, mais je pourrai en parler en réponse à vos questions si vous voulez. Ce que je crains, après avoir fait cette évaluation canadienne, c'est que les données ouvertes soient désormais privilégiées aux dépens d'autres aspects relatifs au gouvernement ouvert et d'autres engagements que nous avons pris dans le cadre de notre premier plan d'action de l'OGP, envers les Canadiens et sur la scène internationale.
Je termine ici, mais je répondrai volontiers à vos questions. J'ai fourni au greffier le lien à un exemplaire intégral du rapport, mais je peux aussi, si cela peut peut vous être utile, vous fournir d'autres résultats de recherche.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous et à toutes.
Je suis à la fois heureux et très honoré d'être ici aujourd'hui pour partager notre expérience en matière de données ouvertes, dans l'espoir de contribuer à l'amélioration du fonctionnement du gouvernement canadien en ce qui concerne les données appartenant à ses citoyens.
Comme le gouvernement canadien, nous avons commencé en 2011 à libérer des données en réponse à des demandes de nos citoyens.
À titre d'information, la ville de Québec compte 575 000 habitants. Par rapport à la population du Canada, qui est de 35 millions, cela représente un ratio de 1-60. La Ville de Québec compte actuellement 65 jeux de données, par rapport à 11 000 pour le gouvernement canadien, ce qui donne un ratio de 1-180. La Ville de Québec a actuellement 5 000 téléchargements par mois sur son site, alors que le gouvernement du Canada en a eu près de 15 000 par mois au cours des derniers mois, dont 5 000 durant l'EDOC de février dernier, ce qui donne un ratio de 1-3. Depuis nos débuts en 2011, les citoyens ont fait 118 000 téléchargements sur le site de la Ville de Québec. Selon ce que j'ai lu ce matin dans votre site, le gouvernement canadien en a dénombré 100 000. Ces chiffres nous amènent à nous demander si le volume égale nécessairement l'utilité.
Au cours des dernières années, la Ville de Québec a participé à plusieurs événements au sein de la communauté, des événements organisés par la communauté et non par la ville, par exemple des marathons de programmation d'un à trois jours. Nous avons aussi sollicité des étudiants de collèges et d'universités afin qu'ils créent, à partir de nos données, des applications réelles au bénéfice des citoyens, plutôt que de faire des travaux bidon de fin de session destinés uniquement à leurs professeurs.
Il nous est apparu que les marathons de programmation traditionnels d'un à trois jours étaient beaucoup trop courts pour permettre la création d'applications de qualité, et ce, même si on donnait de l'argent.
Il nous est apparu que les travaux de fin de session des étudiants donnaient des applications de bien meilleure qualité. Par contre, à la fin de la session, les étudiants s'en vont travailler et oublient les applications. De plus, les professeurs font le nettoyage des serveurs en vue de la prochaine session, et les applications disparaissent, même si elles sont très bonnes.
Parmi les problèmes que l'on peut soulever, la transparence et l'utilité me semblent les plus importants. Prenons les données des policiers par ville au Canada, données que j'ai personnellement consultées. Je ne vois pas l'utilité pour le citoyen de connaître le nombre de policiers en poste ou le nombre de policiers admissibles à la retraite. Même si elles sont rendues accessibles par souci de transparence, ces données contribuent-elles à améliorer le quotidien du citoyen? Je me pose sérieusement la question.
Quant aux statistiques par province sur les crimes avec effraction, les tentatives de meurtre, le trafic de stupéfiants, les maisons de pari et ainsi de suite, elles peuvent sûrement intéresser les statisticiens, mais améliorent-elles vraiment le quotidien des contribuables? J'ai un peu de difficulté avec tout cela.
Notre maire a récemment annoncé qu'il allait rendre disponibles les données sur la criminalité ventilées par quartier. Il est certain que cette mesure aura une incidence sur la valeur des propriétés des quartiers qui connaissent un taux de criminalité plus élevé. Par ailleurs, le réflexe du citoyen sera de demander à la ville de doubler, de tripler ou même de quadrupler les patrouilles. En une heure, au lieu d'avoir une paire d'yeux qui surveille, on en aura quatre. Cela est-il suffisant? Permettez-moi d'en douter.
Je préférerais que le citoyen se conscientise et qu'il arrête de se demander ce que le gouvernement peut faire pour lui, en pensant que c'est le gouvernement qui est censé faire la surveillance et assurer la sécurité. Non, cela ne devrait pas être la situation. En tant que citoyen, on se doit plutôt de signaler les événements qu'on considère comme douteux. Alors, au lieu d'avoir quatre paires d'yeux à l'heure, on en aurait 100, 1 000 ou 10 000. Si nous conscientisons les citoyens sur la qualité de vie dans leur quartier, nous réussirons à améliorer la sécurité dans les quartiers et à rétablir la valeur des propriétés. En général, les citoyens se fichent pas mal du taux de criminalité dans leur province ou dans leur ville en général. Le citoyen est surtout intéressé par ce qui se passe chez lui, dans sa cour.
Je crois qu'il y a lieu d'apporter des changements, et j'ai d'autres suggestions à faire.
Que diriez-vous si on donnait les données réelles sur les files d'attente aux postes de la douane, pour que les personnes se dirigent au bon poste? Et si on donnait l'information relative aux files d'attente dans les hôpitaux, dans les cliniques médicales et dans tous les endroits où on émet des permis, pour que les gens puissent eux-mêmes choisir les endroits les moins achalandés? Cela contribuerait probablement à atténuer des problèmes.
Que diriez-vous si on donnait des informations aussi simples que des données géoréférencées sur les fontaines dans nos parcs et sur les toilettes publiques? Ce sont des points sur lesquels les gens se plaignent régulièrement, car ils ne savent pas où les fontaines et les toilettes publiques se trouvent.
Imaginez les répercussions si on donnait le taux de réussite des chirurgies du rein par hôpital. Des quatre hôpitaux qui se trouvent dans ma ville, un a une note de 62 %, et les autres, de 80 %. Que fait-on? On choisit les hôpitaux qui ont une note de 80 %. Les données pourraient nous permettre de nous améliorer en tant que collectivité. Nous pourrions ainsi tenter de trouver une solution aux problèmes d'un hôpital donné, en vérifiant s'il a reçu les bons investissements au cours des dernières années, si son personnel est compétent ou s'il a reçu la formation nécessaire. Il y aurait peut-être lieu de limiter les investissements dans les hôpitaux qui ont une note de 80 %, pour tenter pendant deux ans de redresser la situation dans celui qui a une note de 60 % et ainsi rééquilibrer l'offre. Je pense que les citoyens gagneraient au change.
Concernant les développeurs, je pense qu'on pourrait leur simplifier la vie. Nous avons déjà commencé à le faire cette année en adoptant la licence Creative Commons International pour les villes de Gatineau, Montréal, Québec et Sherbrooke, ainsi que pour le gouvernement du Québec. Les développeurs n'ont plus à se casser la tête pour savoir quelle licence il faut respecter pour utiliser ces données.
Nous avons aussi commencé à normaliser des données. Pour la première fois, le jeu de données pour les événements et les idées de sorties a été normalisé entre les villes. Nous hébergeons maintenant ce jeu de données sur notre site et nous sommes en train de regrouper les portails en un seul pour ces quatre villes et le gouvernement du Québec, afin de faciliter la consultation du site par les citoyens.
Il ne faut pas hésiter à mousser l'usage. Nous avons maintenu les citoyens dans une certaine ignorance depuis très longtemps. Nous considérions être les mieux placés pour savoir ce qui était bien pour eux. Il est temps de leur redonner leur place. Pour cela, il faut leur montrer comment faire, car ils en ont perdu l'habitude. Il faut mousser l'usage.
Nous avons récemment fait un marathon municipal de programmation. Ces quatre villes donnaient chacune un prix de 5 000 $. Ensuite, pendant une semaine, nous avons demandé aux équipes gagnantes de peaufiner leurs produits en vue d'une compétition provinciale. À cette fin, nous avons donné 12 500 $ à quatre organisations. Cela a coûté 8 000 $ à ma ville pour avoir une application compatible sur iPhone, Windows Phone et Android, ainsi que sur le Web en design adapté, laquelle application sera maintenue pendant un an. Cela faisait partie des exigences pour gagner le concours.
Nous pouvons aussi viser à créer de la richesse. Les universités ont commencé à concevoir avec nous des produits, par exemple une application permettant de trouver un stationnement au centre-ville lors d'événements. Nous les avons incitées à se greffer à un organisme à but non lucratif, ou OBNL. Elles continuent à améliorer l'application afin qu'il soit possible, par exemple, de prolonger le temps du stationnement au moyen d'un téléphone intelligent, sans devoir retourner à la borne de stationnement, ou encore d'obtenir des rabais à un restaurant à proximité avant d'aller à un spectacle. Nous créons en même temps de la richesse.
Nous soutenons deux initiatives de cégeps qui créeront un OBNL afin que les applications que les étudiants auront créées en fin de session puissent continuer à rouler en permanence pour une prochaine cohorte d'étudiants. Si ces applications deviennent trop lourdes à maintenir, ces cégeps vont demander aux étudiants de les prendre en charge et de mettre une entreprise sur pied. Cela vient créer des emplois.
Il faut aussi penser à faciliter la consultation des données par les citoyens. Nous avons beaucoup de données, mais peut-on donner aux citoyens des outils pour les visionner facilement et générer automatiquement des graphiques à colonnes et en pointes de tarte, plutôt que de leur fournir que des données brutes? Ce n'est pas le développeur qu'on doit viser ultimement, mais bien le citoyen ordinaire. Nous pourrions lui fournir de la cartographie qui lui permettrait de visionner les données sur le territoire et en tirer parti. Imaginez ce qu'il pourrait en faire.
On pourrait aussi investir pour jouer un rôle d'agent de liaison et de catalyseur pour la communauté. Certains étudiants universitaires en génie logiciel sont très bons pour développer des applications, mais ils sont pourris pour en faire le design. Dans une autre faculté, des étudiants spécialisés en design multimédia sont très bons pour faire du design, mais ils ne développent absolument pas d'applications. Tous ces étudiants nous demandent de travailler avec nous. Nous jouons un rôle d'intermédiaire avec les citoyens et nous tentons de les mettre à contribution. D'après les témoignages que nous avons reçus, c'est beaucoup apprécié. Ces étudiants offrent des choses réelles aux citoyens. Ils sont contents de renvoyer l'ascenseur, parce qu'ils savent que leurs frais de scolarité sont payés en bonne partie par les citoyens.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
Je suis ravi d'avoir été invité ce matin, car je prends toujours plaisir à parler à des gens qui partagent nos intérêts.
J'avais apporté quelques diapositives mais, hélas, le temps manquait pour les traduire en français si bien que vous allez devoir me suivre sans voir les images qui auraient sans doute clarifié un peu les choses. Je vais aussi devoir modifier un peu ma façon de présenter les choses, mais cela ne tient pas à conséquence.
Quand j'ai vu les questions sur lesquelles se penchait votre comité, je me suis dit que le mieux à faire était de parler de ce que fait notre gouvernement. Nous avons récemment annoncé une initiative de gouvernement ouvert, dont les données ouvertes constituent une composante. Je vais en parler et vous dire quelle est notre approche, ainsi que notre orientation. Je récapitulerai également le travail que nous avons déjà accompli en matière de partage des données, ce qui expliquera l'orientation que nous avons choisie. D'après ce que j'entends, d'après ce que disent Mary et d'autres, nos expériences sont similaires.
Je vais donc parler de notre expérience, notamment de l'initiative de partage des données des comptes communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador, expérience qui a été très instructive. C'est le fondement de la façon dont nous concevons des données ouvertes. Je vais parler un peu de la réponse aux besoins des utilisateurs et conclure, bien sûr, avec une mention de nos objectifs en bout de ligne.
L'idée de partager les données et d'appuyer les utilisateurs de ces données ne date pas d'hier. L'Agence statistique de Terre-Neuve-et-Labrador a toujours voulu fournir des données aux habitants de nos 400 collectivités, éparpillées sur 6 000 milles de côte. Nous offrons un accès ouvert à toute une gamme de renseignements. Nous avons acheté les données à Statistique Canada. Nous les avons développées à partir de sources internes. Et nous les rendons disponibles à qui veut. Statistique Canada estime que c'est curieux: acheter les données et en faire cadeau. Mais c'est quelque chose qui nous a toujours semblé important.
De notre point de vue, le mouvement vers des données ouvertes qui prend de l'ampleur partout en Amérique du Nord met essentiellement l'accent sur des choses que nous avons toujours faites. Nous sommes heureux que ce soit le cas, car nous tenons beaucoup à l'idée de données ouvertes et l'appuyons fermement. Mais, de là à dire que c'est pour nous une idée révolutionnaire, il y a un grand pas.
Pour ce qui est du système des comptes communautaires, dont je parle, dans mes diapositives, comme du porte-étendard du partage des données à Terre-Neuve, c'est un outil que nous avons mis à la disposition de la population en 2000. Y figurent les données pour 400 collectivités et 200 quartiers dans les collectivités plus importantes. C'est un ensemble de données pleinement développé, dans la mesure où tout y est documenté; on peut remonter à la source. Il comporte également des applications, dont un outil de cartographie.
Nous avons fait autre chose... M. Doug May de l'Université Memorial et moi y travaillons de concert depuis de nombreuses années. L'organisation des données dans le système des comptes communautaires repose sur un cadre du bien-être. Je pense que vous aurez accès à mes diapositives et que vous pourrez voir l'illustration. C'est un diagramme qui résume ce cadre du bien-être. Nous avons procédé ainsi parce que nous voulions des données intelligibles pour les gens. Avec le cadre du bien-être, nous présentons des données qui donnent des statistiques et des mesures de facteurs contribuant au bien-être dans la vie des gens.
Pris au niveau d'une collectivité, c'est un outil particulièrement puissant. Les gens deviennent vite des experts, parce qu'ils connaissent leur collectivité. Quand on leur donne un chiffre, d'un coup, cela donne une dimension quantitative à ce qu'ils savent déjà sur eux-mêmes. Nous constatons que l'approche est particulièrement efficace.
En travaillant avec des gens de l'OCDE et de l'Australian Bureau of Statistics, entre autres, nous avons constaté que nous avions probablement 10 ans d'avance mais que c'est sur cette voie que les autres se dirigent. J'ai été ravi de l'apprendre car, au départ, je craignais un peu que l'on se fourvoie.
L'approche est vraiment utile. Quand on utilise ce cadre, on se penche sur les revenus, l'emploi, le chômage, l'évolution démographique, etc. Cela vous permet de vous faire une idée des données qui devraient figurer dans le système. Et c'est pratique pour établir des priorités, au lieu de répondre au coup par coup aux requêtes de gens qui veulent ceci ou cela. C'est une approche efficace, que les gens des collectivités et des quartiers apprécient vraiment. Souvent, les gens ignorent quelles sont les possibilités.
L'expérience acquise, qui détermine largement notre orientation en matière de données ouvertes, montre que les gens avaient tendance à venir nous voir et, puisque nous sommes une agence de statistique, à nous demander des données. Quand nous demandions ce qu'ils voulaient, ils nous demandaient en retour ce que nous avions. Or, c'est une question à laquelle il est difficile de répondre pour une agence de statistique, comme vous le pensez bien, vu que nous sommes, en quelque sorte, un entrepôt plein de toutes sortes de merveilleuses données. La plupart des gens ne savent pas ce qu'ils veulent ni quelles sont les possibilités. C'est ce qui rend précieux le cadre conceptuel que nous avons adopté, avec des objectifs bien définis, etc.
Notre expérience en matière de données ouvertes par opposition à des jeux de données plus développés est que la plupart des utilisateurs ne s'adressent pas à nous pour obtenir le type de données véritablement ouvertes. La plupart des gens qui utilisent les recherches de donnés ouvertes, comme l'a dit Mary, sont des universitaires ou des utilisateurs expérimentés, vu qu'il faut souvent beaucoup de travail avant de pouvoir les utiliser. Ceci dit, nous avons toujours fourni ce type de données quand on nous en faisait la demande. Et je ne voudrais pas vous laisser sur une fausse impression: même si il n'y a pas une grosse demande pour le moment, nous pensons que de bonnes initiatives de données ouvertes, bien présentées et bien structurées, pourraient susciter un appétit, un intérêt considérable et de nombreuses utilisations de ce type de données. Mais ne nous leurrons pas sur l'état d'avancement des choses. À l'heure où nous nous parlons, le marché pour des données ouvertes brutes, si on veut les qualifier ainsi, est loin d'être bien établi; quand il existe, c'est dans des grappes spécifiques.
Nous pensons que l'approche des données ouvertes est vraiment simpliste — sans vouloir être négatif. La façon dont le concept définit les données ouvertes est plutôt élémentaire. Après, bien sûr, il y a les données à valeur ajoutée, comme celles sur les comptes communautaires, dans mon exemple. À mes yeux, il y a en quelque sorte une gamme de données: les données, l'information et le savoir. De notre point de vue, les données ouvertes, les données brutes, sont à un bout de la gamme, celui des données. Quand on manipule les données pour les rendre plus utiles, on en fait de l'information. Et quand on les développe encore plus avant, on commence à en faire un savoir.
Nous nous sommes toujours efforcés de fournir des données d'information et de savoir. Je suis convaincu qu'à l'avenir si je joue à la boule de cristal, on consacrera beaucoup d'efforts aux données ouvertes. On apprendra beaucoup de choses sur la question, oui, au bout du compte, on finira par revenir à des données mieux appuyées, mieux définies, au lieu d'être simplement un amas de données — de jeux de données administratives n'ayant jamais été conçues pour ce type d'usage. On aura fait le tour et on reviendra au point de départ. Il y aura alors un marché pour les données ouvertes brutes, marché sans doute plus important qu'aujourd'hui.Selon moi, toutefois, la demande ne sera pas là à moyen ou à long terme.
Dans mes diapositives, que vous n'avez pas sous les yeux, j'avais une ou deux diapositives portant sur les réparations des données. Le travail en coulisse est tout un défi et ce n'est pas joli à voir, vraiment. Je vous encourage à regarder les diapositives quand Marc les transmettra, vu que je ne vais pas m'attarder sur la question maintenant. Prendre un jeu de données qu'on considérait comme brutes et les travailler, même le moins du monde, pour en faire quelque chose d'utile pour à peu près n'importe quel utilisateur, c'est loin d'être du gâteau. C'est vrai même pour un universitaire ou un utilisateur de données expérimenté versé dans la technique et les chiffres. Les jeux de données administratives sont un vrai cauchemar, malgré le grand intérêt qu'elles suscitent en matière de données ouvertes.
Pour être utiles, ces jeux de données nécessitent beaucoup de soutien. C'est une des raisons pour lesquelles notre gouvernement a souhaité assurer ses arrières en nous impliquant du côté des données, en tant qu'agence de statistique professionnelle bien établie. Nous souhaitons être un chef de file pour permettre à la province de fournir des produits de données de qualité. Nous ne voulons pas nous contenter de rendre les données disponibles pêle-mêle pour après condamner notre personnel à passer sa vie au téléphone à répondre à des questions quant à ces données.
Nous préférons être sûrs. La valeur ajoutée dépend d'un bout à l'autre de la gamme, mais il n'y aura pas de succès sans cette valeur ajoutée. D'après mon expérience, faute d'efforts consacrés au nettoyage des jeux de données, même les plus brutes, faute de les nettoyer et de les définir clairement afin d'en permettre l'utilisation appropriée et efficiente, nous risquons de créer pour nos organisations un cauchemar: les ressources monopolisées par des gens qui veulent de l'aide, qui veulent savoir interpréter ou utiliser les données, savoir d'où elles viennent, ce qu'elles veulent dire et ce qu'ils peuvent en faire. Je pense que cela pourrait sonner le glas des initiatives de données ouvertes, qui sont pourtant une bonne orientation pour un gouvernement.
Ce que l'on constate, s'agissant de la communication des données, c'est qu'il est très difficile de déterminer ce que les gens font et ce qu'ils désirent vraiment. La plupart des sites n'ont pas véritablement de cadre organisationnel. Les données y sont désorganisées. Sur la diapositive, on dit « fallacieux », et dans de nombreux cas, la qualité est douteuse.
Quant à notre façon de concevoir les données, nous pensons qu'elles répondent à des questions, alors le point de départ... Nous nous sommes engagés à rendre les données plus accessibles, et nous avons encouragé nos intervenants dans l'ensemble du gouvernement à faire de même, des gens qui favorisent l'ouverture des données mais qui ne comprennent pas aussi bien que nous ce qu'il en est, étant donné que nous nous y consacrons entièrement
Tout d'abord, nous devons choisir les questions pour lesquelles nous voulons des réponses. Une fois les questions cernées, nous commençons à avoir une idée des objectifs que devraient viser les initiatives. Qui est le public cible? S'agit-il de gens hautement qualifiés? Peu qualifiés? Savons-nous ce qu'ils désirent? Puis, en fonction de tous ces critères, quelle est la meilleure façon d'y arriver dans l'ensemble? On peut dire qu'il s'agit de transformer les données brutes en savoir.
Quant à l'approche que nous avons adoptée, notre gouvernement souscrit pleinement à la transparence gouvernementale et au libre accès aux données. Ça ne fait aucun doute. Nous avons créé un site Web préliminaire. On pourrait presque dire qu'il s'agit d'un site de démonstration, il ne sera pas retiré seulement agrandi. Notre Office of Public Engagement entame des consultations.
Je conclus, monsieur le président, parce que je crois que mes 10 minutes tirent à leur fin.
Le bureau mène des consultations pour entamer un dialogue avec les gens et voir ce qui les intéresse. Nous dressons l'inventaire de tous les jeux de données dans l'ensemble du gouvernement, ce qui sera très utile, pour diverses raisons. Or, ce n'est pas simple. La tâche est énorme, mais les travaux avancent. Évidemment, nous veillons à respecter la vie privée, la confidentialité et ce genre de choses.
Selon nos consultations, et aussi notre jugement, puisque j'ai l'impression que nous n'obtiendrons pas beaucoup de rétroaction dans nos consultations, si je me fie à mon expérience... Comme je l'ai dit plus tôt, on a beau leur demander ce qu'ils désirent, ils ne le savent pas véritablement...
Chers membres du comité, monsieur le président, c'est un grand honneur pour nous de vous présenter le point de vue de la Ville de Montréal sur la question des données ouvertes.
Je suis accompagné d'un cadre supérieur de notre fonction publique, qui répondra aux questions plus tard.
[Traduction]
Je commencerai par vous donner un bref historique de la politique sur les données ouvertes et des initiatives à cet égard à la ville de Montréal. D'abord et avant tout, nous avons adopté en 2011 une politique sur les données ouvertes, puis nous avons élaboré un site Web pour les rendre accessibles à la population.
Nous avons commencé à mesurer l'intérêt de la population à l'égard des données que nous rendions accessibles. Nous avons constaté qu'au début, l'initiative de la ville de Montréal était perçue comme une communication de conformité. Puisque tout le monde s'engageait sur cette voie, nous devions le faire également, surtout étant donné les énormes pressions exercées par la base. Maintenant, près de trois ans après l'élaboration de cette politique, nous reconnaissons qu'il ne s'agit plus d'une question de conformité, mais plutôt de gestion et de transparence. Autrement dit, la ville doit faire preuve de transparence à l'égard des citoyens; par conséquent, nous rendons accessibles des données qui montrent notre utilisation des fonds publics.
En outre, nous allons nous servir de la politique sur les données ouvertes pour trouver des solutions à trois grands problèmes auxquels nous sommes confrontés quotidiennement en milieu urbain. D'abord, le transport. Tous les nouveaux systèmes de transport en cours de conception comprennent des mécanismes pour rendre les données accessibles et permettant l'externalisation ouverte. C'est une chose que d'avoir accès aux données sur l'administration publique, mais une véritable synergie se crée si on les combine avec les données provenant des citoyens eux-mêmes.
La deuxième question sur laquelle on mettra l'accent concerne le développement durable. Encore une fois, nous disposons de nombreuses données, mais nous devons les communiquer aux étudiants d'universités et aux entreprises pour les aider à leur donner une valeur ajoutée et afin d'élaborer des politiques et de trouver des solutions pour la plupart des problèmes auxquels nous serons confrontés à l'avenir.
Le dernier point, mais non le moindre, concerne les services d'urgence. Ici aussi, nous avons certaines données, mais nous devons avoir accès aux données fournies par les citoyens pour trouver des solutions à long terme dans ce dossier. Comment y arriver? Pour notre part, nous nous attaquerons aux trois P, que je répète constamment aux gens, à nos citoyens. Tout d'abord, nous adaptons toujours nos politiques. Par conséquent, tout comme la ville de Québec et le gouvernement du Québec, nous avons opté pour l'octroi de la licence Creative Commons 4.0. Ensuite, nous passons en revue tous les processus de la ville; par conséquent, les systèmes actuels comme les nouveaux doivent disposer de mécanismes intégrés concernant les données ouvertes. Ils doivent produire des données ouvertes.
Finalement, le plus grand défi que toute administration publique doit relever, c'est de changer la culture des gens. Les données de notre organisation appartiennent aux fonctionnaires des divers services. Ainsi, le plus difficile est de faire en sorte que tous ces gens se conforment à nos décisions en matière de politiques, parce que de nombreux services hésitent encore énormément à rendre leurs données accessibles.
Je laisse maintenant la parole à M. Fortin, qui vous en parlera davantage en abordant quatre points précis.
Merci.
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Merci, monsieur Chitilian.
Je vais poursuivre en abordant des points d'intérêt qui nous ont été soumis lorsqu'on nous a invités à comparaître. Dans cette invitation, on nous suggérait de parler des besoins des usagers, des avantages socioéconomiques, s'il y avait lieu, ainsi que des formes de collaboration intergouvernementale. On nous suggérait aussi de parler des pratiques exemplaires que nous considérions comme préférables à d'autres.
Avant de ce faire, je pense qu'il est important de préciser certains éléments statistiques.
Jusqu'à présent, la Ville de Montréal a libéré 107 jeux de données. Ils portent sur des sujets d'intérêt pour les citoyens, que M. Chitilian a mentionnés, à savoir le transport, les données de l'administration et les services rapprochés comme les sports, les loisirs, la culture et ainsi de suite.
Concernant les besoins des usagers et des citoyens, je pense que cela a déjà été dit par d'autres avant nous, mais il faut vraiment insister sur le fait qu'au-delà de l'accessibilité des données, le citoyen demande à obtenir de l'information et des données structurées en vue d'améliorer sa consommation des services de la ville et la façon d'y accéder. Cette structuration des données passe évidemment par la disponibilité de plateformes. Il n'est pas question ici de plateformes qui permettent uniquement le dépôt de données, mais vraiment de systèmes qui rendent intelligible l'utilisation de ces données. À la limite, on pourrait même penser à des environnements s'apparentant à la business intelligence. Sinon, ce ne seraient finalement que des données sans intérêt.
Je pense aussi que le citoyen a besoin de sentir que sa ville est transparente, et donc que son gouvernement est transparent. En retour, on peut espérer une baisse de cynisme de la part des citoyens envers leurs institutions. Il est question ici d'établir et de maintenir une confiance.
Pour ce qui est des avantages socioéconomiques, je viens de mentionner le premier, soit le sentiment d'appartenance et de fierté de contribuer à une société plus ouverte, plus dynamique et plus cohérente. Cela a aussi pour effet de générer du travail et des initiatives de bas en haut, c'est-à-dire des initiatives de création de valeur à partir de ces données. Par exemple, des citoyens pourraient prendre l'initiative de fournir des applications à leurs concitoyens.
Si on fait bien son travail et qu'on aime bien sa communauté, il y a lieu de s'attendre à un cycle qu'on pourrait qualifier de vertueux. Ce serait un genre d'écosystème comprenant la ville qui a des données et qui les rend disponibles, le militant ou le créateur de solutions qui utilise ces données, ainsi que le citoyen informé et engagé. On se retrouverait ainsi dans ce qu'on pourrait qualifier de cercle vertueux.
En ce qui concerne les pratiques exemplaires, à la Ville de Montréal, nous nous sommes inspirés des meilleures pratiques européennes. Cela comprend à la fois des initiatives de haut en bas, où la position des gouvernements participants est très forte, et des initiatives qui, inversement, encouragent la communauté à participer fortement.
On reconnaît aussi fortement la contribution du gouvernement britannique non seulement pour le très grand éventail d'ensembles de données publiées, mais aussi pour la qualité d'ouverture de ces données. Nous consultions récemment un index concernant les données ouvertes des gouvernements, et la Grande-Bretagne était au tout premier rang en raison de la qualité d'ouverture de ses données.
Ça m'amène à parler du choix de la licence.
Comme nos amis de la Ville de Québec, que je salue au passage, les responsables du gouvernement du Québec et ceux de quelques autres villes québécoises, nous croyons qu'il s'agit d'une licence extrêmement ouverte, qui comporte un minimum de restrictions. Il s'agit de la licence Creative Commons 4.0, dont la seule obligation touche à l'attribution.
À notre avis, il est essentiel que les gouvernements voulant collaborer s'entendent sur une licence qui soit la plus ouverte possible. Sinon, même s'il y a des standards communs, si la licence ne permet pas de combiner ces données de façon très large, l'effort sera vain. C'est pourquoi nous militons très fort pour que l'ensemble des organisations publiques canadiennes adoptent une licence qui soit la plus ouverte possible et qui comporte le moins de restrictions possible, évidemment.
Par ailleurs, en ce qui concerne la collaboration, il y a des licences et des normes, mais nous assistons ici, comme dans d'autres pays, à un phénomène selon lequel on procède par essais et erreurs. Tout le monde veut faire sa propre expérience. En revanche, nous assistons aussi à un genre d'industrialisation de l'ensemble de nos processus, et l'offre de plateformes fera en sorte qu'il ne sera probablement pas nécessaire que tout le monde crée et entretienne sa propre plateforme. Peut-être pourrions-nous penser à un partage de ces plateformes, qui seraient définies selon des critères et des intérêts communs. En fin de compte, il pourrait y avoir des superplateformes à l'intérieur desquelles l'ensemble des organisations publiques pourraient déposer leurs données. Le niveau d'interprétation de ces données dépasserait largement celui de chacun des paliers de gouvernement.
Par exemple, il pourrait être intéressant pour un citoyen canadien non seulement de connaître dans quelles proportions les gens accèdent aux loisirs ou aux moyens de transport de sa ville, mais également, de façon plus large, d'avoir une idée de la façon dont les citoyens canadiens consomment leurs loisirs dans les villes. Pour que ce genre d'information soit disponible, il faut évidemment que les données soient combinées et intégrées à des plateformes communes.
Je m'arrête ici. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Ce n'est pas aussi difficile pour nous, parce qu'il y a quelque 600 collectivités réparties sur près de 6 000 milles de littoral et presque chacune d'entre elles est séparée des autres. Donc, essentiellement, nous définissons une collectivité par son nom: c'est Fogo, c'est Harbour Grace et ainsi de suite. Ça n'a pas été un problème pour nous.
C'est une des raisons pour lesquelles nous nous sommes aussi penchés sur les quartiers. C'est facile de faire les collectivités, mais lorsque les gens s'intéressent dans des zones plus larges, et si vous connaissez Terre-Neuve — certaines personnes autour de cette table connaissent cette province — vous saurez qu'il y a de grandes collectivités comme Corner Brook, St. John's et Clarenville. Nous les avons donc ventilées en quartiers constitués de 1 000 personnes et, soit dit en passant, c'est ce que nous avons fait aussi avec les résidants de ces quartiers. Nous avons tenu des consultations et des discussions avec eux. Ce sont essentiellement eux qui ont conçu les quartiers, mais ensuite nous avons superposé les données géographiques de Statistique Canada sur celles dont nous disposions pour standardiser notre approche.
J'aimerais réagir à certains des points que vous avez faits.
Le volet géospatial est crucial et à notre agence de statistique, nous disposons d'une capacité géospatiale très puissante. Et l'une des raisons pour lesquelles c'est si important, du moins c'est ce que je trouve à Terre-Neuve-et-Labrador et je suppose que ce serait à peu près partout pareil, c'est que ce que vous dites est tout à fait vrai. Peu de gens se soucient des macrodonnées. Manifestement, ce n'est pas le cas des gouvernements parce que nous devons faire notre possible pour gérer nos économies et nous avons besoin de ces indicateurs. Mais ce qui intéresse bon nombre de personnes dans les collectivités et les quartiers, c'est de prendre connaissance des données qui les concernent. Nous avons trouvé que c'était très...
Nous avons toujours estimé que, s'agissant de développement économique et social, dès que l'on ajoute des données à cette équation, cela devient très puissant. Mais si on livre les données au bon niveau et dans les bonnes tribunes — c'est ce que nous appelons l'accessibilité qui signifie que vous pouvez bien comprendre et accéder facilement aux données qui sont elles-mêmes facilement manipulables et ainsi de suite — en fait, vous transformez en experts des personnes qui n'ont pas forcément des antécédents solides en matière de données quantitatives. Si je dis à un habitant d'Arnold's Cove quel est le taux de chômage dans sa collectivité, c'est un chiffre qui lui permet d'appréhender la réalité de l'endroit où il vit. Mais cet habitant est déjà un expert de cette réalité puisqu'il sait ce qui se passe chez son voisin. Il sait qui est parti pour l'Alberta, il sait qui travaille dans l'usine de transformation de poisson et ainsi de suite.
Voilà le genre d'approche que nous avons adoptée pour que les gens puissent utiliser les microdonnées. Je crois fermement aux mots à la mode dont nous entendons parler sur la prise de décisions fondée sur des données, entre autres. Je pense que le secret consiste à utiliser les microdonnées et à les rendre accessibles aux gens d'une façon pertinente pour eux afin qu'ils puissent commencer à réfléchir de cette façon et à mieux comprendre ce qui se passe, et en fait comprendre ce à quoi font face les gouvernements, parce qu'ils doivent faire face aux diverses réalités. Bien souvent, les gens ne disposent pas de suffisamment d'information pour connaître la réalité et les diverses facettes d'un problème contrairement aux gouvernements.
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C'est une question intéressante.
Avant, les gens venaient nous dire: « J'ai jeté un coup d'oeil aux comptes communautaires et je pense que vous devez avoir beaucoup plus de données pour avoir pu préparer ce tableau » et nous répondions par l'affirmative. Si quelqu'un voulait de l'information et la demandait, nous pourrions nous occuper des questions de protection des renseignements personnels et de confidentialité, et lui fournir cette information sur demande.
Ce qui a changé, c'est que maintenant, avec les données ouvertes, nous mettons l'accent sur les formes de données plus élémentaires qu'auparavant, par exemple, nous les aurions peut-être présentées sous forme de tableaux ou alors, on pourrait les retrouver dans de nombreuses bases de données administratives du gouvernement, par exemple. De notre point de vue, le principal changement, avec les données ouvertes, c'est que les gouvernements ont accepté l'idée de fournir l'information également sous cette forme élémentaire. Auparavant, comme je l'ai déjà mentionné, une grande partie de l'information fournie avait été transformée pour la rendre plus facile à comprendre, à utiliser, et à consulter.
En ce qui concerne le développement des entreprises — car je pense que c'est probablement surtout elles qui vont utiliser les données ouvertes dans notre province et, je suppose, ailleurs —, ce que nous avons l'intention de faire, pendant nos consultations, c'est de demander aux entreprises ce dont elles pensent avoir besoin et ce qui leur serait utile. Combinée aux jeux de données que nous avons au gouvernement et qui d'après nous seraient utiles à cette fin, cette initiative nous donne maintenant l'occasion, étant donné l'engagement du gouvernement en matière de données ouvertes, de commencer à rendre accessible une partie de ces données.
Il y a une chose que personne n'a mentionné ici ce matin et que j'aimerais vous lancer comme cela et c'est que si vous essayez de trouver une pratique exemplaire, c'est-à-dire une bonne organisation solide qui fournit des données ouvertes, l'une de ces pratiques serait de remanier sa façon de mener ses activités et de bâtir ses bases de données, etc., afin de pouvoir fournir ses données de manière efficace et efficiente.
Par exemple, vous pourriez bâtir vos bases de données administratives de cette façon et modifier vos processus organisationnels afin de pouvoir accéder efficacement à ces données, et ensuite vous pourriez faire au moins le minimum pour vous assurer que les données brutes seront néanmoins de bonne qualité, même si elles sont brutes. Cela, je n'ai entendu personne le mentionner. Je ne l'ai entendu mentionner à peu près nulle part.
Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, monsieur, mais c'est vraiment une chose à laquelle il faut penser, car il faut énormément de ressources pour fournir des données ouvertes. À l'heure actuelle, je dirais que les ressources requises aujourd'hui sont probablement 50 fois plus élevées qu'elles ne devraient l'être, simplement parce que les bases de données administratives n'ont pas été conçues pour fournir ce genre de données.
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Votre question comporte beaucoup de sous-questions.
La difficulté de rendre les données disponibles vient peut-être de l'approche choisie jusqu'ici, qui a connu un succès mitigé.
Présentement, les données sont libérées un peu sur la base du bon vouloir. Il y a peut-être aussi une incompréhension quant à la propriété de la donnée. Les responsables des différents services municipaux sont de facto considérés comme les propriétaires des données, et c'est selon leur bon jugement que les données sont libérées ou non. La résistance est donc assez généralisée. Il y a aussi, d'un service à l'autre, une inconstance quant à la libération des données.
Nous réfléchissons bien sûr à une approche qui serait davantage empreinte de leadership. Pensons, par exemple, au modèle américain qui, en plus d'être ouvert par défaut, est accompagné d'un plan d'action. Selon le plan américain, chaque ministère, chaque agence doit, au cours d'une période déterminée, libérer un nombre déterminé d'ensembles de données dans les données patrimoniales déjà accumulées. Par ailleurs, l'expression « par défaut » veut dire que les données des futurs systèmes devront correspondre à ce qu'on appelle une donnée ouverte.
Au sujet de la qualité de la donnée, il y a eu beaucoup de discussions aujourd'hui quant à déterminer ce qu'est une donnée ouverte et la façon de la définir. Je pense qu'il faut revenir à la charte signée par les pays membres du G8, dont le Canada. Il y a des caractéristiques qui font qu'une donnée est ouverte. Les données ouvertes doivent être complètes, primaires ou brutes, opportunes, accessibles, exploitables, non discriminatoires, non propriétaires sur le plan du format, libres de droits, permanentes et à moindre coût ou gratuites. C'est lorsque ces caractéristiques sont respectées qu'on arrive à une véritable donnée ouverte. On peut aussi dire que ces qualités doivent toucher toutes les initiatives des gouvernements qui se lancent dans des programmes de données ouvertes. Il ne suffit pas de déposer des données brutes, mais encore faut-il qu'elles répondent aux qualités que je viens d'énumérer pour qu'elles soient considérées comme ouvertes.
Vous demandez si la ville compte faire des économies. Pour l'instant, ce n'est pas le but recherché. Le principal souci ou objectif de l'administration actuelle est la transparence, et ce, pour toutes sortes de raisons, incluant l'actualité récente. La ville doit faire preuve d'une très grande ouverture et accepter de libérer l'ensemble des données ainsi que l'information sur son administration.
Les données les plus consultées sont celles de la vie courante. On parle ici de sites de la ville pour la pratique de sports, les loisirs, les parcs, les événements culturels. Avec les villes de Québec et de Sherbrooke, nous avons récemment organisé un marathon de programmation sur les événements qui se passent sur nos territoires respectifs. C'est ce genre de données qui intéressent tout particulièrement les citoyens et qui sont téléchargées.
Il y a également des données concernant les transports, à savoir les feux de circulation, les horaires d'autobus et autres sujets du genre.
Pourriez-vous me rappeler vos autres questions?