:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord vous remercier très sincèrement de nous avoir invités à témoigner cet après-midi sur la question d'un ombudsman pour les anciens combattants. J'ai suivi vos travaux avec grand intérêt et j'aimerais vous féliciter d'être aussi déterminés collectivement à élaborer le meilleur modèle d'ombudsman possible pour les anciens combattants du Canada. Il s'agit d'une initiative très importante pour nos anciens combattants qui ont rendu de si valeureux services à leur pays.
Je crois que tous les Canadiens seraient d'accord pour dire que nous devons, à tout le moins, traiter nos anciens combattants avec équité et compassion lorsqu'ils demandent de l'aide. Il ne fait aucun doute que l'ombudsman des anciens combattants fournira une importante contribution à cet égard.
Me Mary McFadyen, notre avocate générale et directrice générale des opérations par intérim, m'accompagne aujourd'hui. Je parle, bien sûr, de la dame qui est assise à ma gauche.
[Traduction]
Si vous me le permettez, et si le comité me le permet, monsieur le président, j'aimerais ne pas aborder certains des premiers paragraphes de mon document qui portent sur mon rôle et sur mes attributions — ce qui figure aux paragraphes 6 à 19 de mon document — et plutôt passer à la question qui vous intéresse, soit la création d'un poste d'ombudsman des anciens combattants. Ces commentaires commencent au paragraphe 20 du document que nous vous avons remis.
Notre bureau s'est avéré un catalyseur efficace de changement positif, important et durable pour les femmes et hommes canadiens en uniforme. Toutefois, je ne prétends pas que tout est parfait. En fait, je collabore avec le ministre de la Défense nationale à certains changements importants.
Plus particulièrement, nous tentons d'obtenir un mandat d'ordre législatif pour notre bureau. Notre principal objectif est de confirmer notre mandat d'une manière plus sûre et permanente afin de protéger l'indépendance de notre bureau et d'en assurer la continuité. Ce qui m'amène à la question qui nous occupe aujourd'hui; quel type de mandat devait avoir l'ombudsman des anciens combattants.
L'ombudsman des anciens combattants doit être efficace: nos anciens combattants ne méritent pas moins. Pour être efficace, l'ombudsman des anciens combattants doit disposer de tous les outils et de toutes les ressources dont il a besoin pour pouvoir produire des résultats réels et concrets pour le bénéfice des personnes qu'il sert. Pour moi, cela signifie que l'ombudsman des anciens combattants devrait — tout comme notre propre bureau devrait — opérer en vertu d'un robuste mandat énoncé dans une loi du Parlement.
Un tel mandat devrait assurer à tout le moins — et j'insiste à tout le moins — ce qui suit: une période d'affectation sûre pour le titulaire; une indépendance complète par rapport au ministère et aux organisations sur lesquels l'ombudsman des anciens combattants aurait autorité; l'entière capacité de déterminer les types et le nombre de plaintes ou de questions qui doivent faire l'objet d'une enquête et le moment où un dossier est fermé; des outils d'enquête clairs et puissants, y compris le pouvoir d'ordonner la production rapide de tous dossiers ou information pertinente, ainsi que le pouvoir d'obliger des témoins à comparaître devant lui; de fortes dispositions visant à assurer la confidentialité des plaintes et du processus d'enquête; des pénalités pour défaut d'aider et de coopérer et pour prévenir tout type de représailles; l'entière capacité de rendre public des conclusions et des rapports sans avoir à obtenir au préalable quelle que autorisation que ce soit; le plein pouvoir de sélectionner et de diriger le personnel et l'accès à des conseillers juridiques indépendants.
Bien entendu, monsieur le président, la loi devrait contenir de nombreuses autres dispositions que l'on trouve habituellement dans le mandat d'un ombudsman. Je voulais simplement souligner certaines des principales caractéristiques que devrait comporter le mandat.
[Français]
Permettez-moi maintenant d'aborder une question qui intéresse certains membres du comité: à qui l'ombudsman des anciens combattants devrait-il faire rapport?
À mon avis, le fait qu'un type spécialisé d'ombudsman, comme le nôtre et comme le serait l'ombudsman des anciens combattants, relève du ministre compétent comporte plusieurs avantages. Cette opinion se fonde sur ma propre expérience, dont la durée couvre le mandat de deux ministres de la Défense, soit M. Graham et le ministre actuel, M. O'Connor. Mon point de vue repose en grande partie sur des considérations d'ordre pragmatique. Je trouve qu'un contact direct, personnel et parfois informel avec le ministre et les membres de son bureau m'a permis d'intervenir dans le cadre de plusieurs dossiers clés et de provoquer des résolutions rapides et décisives.
Dans notre domaine, c'est-à-dire le monde des ombudsmans, il s'agit de considérations importantes dont ont bénéficié, de toute évidence, les personnes que nous servons. Je serais préoccupé à l'idée d'établir un rapport plus distant avec l'unique ministre imputable et responsable de mettre en oeuvre nos recommandations.
Permettez-moi, monsieur le président, d'illustrer ceci avec un exemple tout à fait récent. Au début du mois, soit le 1er novembre dernier, j'ai publié un rapport traitant des anciens combattants du 1er Régiment du génie de combat déployé au Koweït en 1991. Le jour avant la publication du rapport, j'ai rencontré le ministre de la Défense nationale, et nous avons discuté de mes recommandations.
Le jour suivant la publication du rapport, le ministre s'est levé à la Chambre et a annoncé qu'il avait ordonné au ministère et aux Forces canadiennes de mettre en oeuvre toutes nos recommandations. Ayant personnellement discuté de la chose avec le plaignant, je puis vous assurer que celui-ci a trouvé fort encourageant que le ministre ait réagi si rapidement et si décisivement à nos recommandations.
[Traduction]
Il y a une autre considération très importante que j'aimerais faire valoir. La législation peut contenir des dispositions très claires pour faire en sorte que le mandat et le statut d'un ombudsman spécialisé, qui relève d'un ministre, soient solidement protégés de ce qu'on pourrait appeler une intervention ministérielle injustifiée. Je vous ai déjà mentionné ces caractéristiques, et vous les trouverez au paragraphe 23.
J'aimerais brièvement réitérer certains de ces points. L'ombudsman doit avoir la liberté complète de pouvoir rendre publics tout rapport et toute opinion qu'il peut souhaiter rendre publics et la liberté de pouvoir le faire de la manière et au moment qu'il juge opportun de le faire. L'ombudsman doit avoir la discrétion de disposer d'une plainte de la façon dont il juge approprié de le faire. Enfin, l'ombudsman doit avoir le pouvoir entier de lancer toute enquête qu'il pourrait juger appropriée de lancer de sa propre initiative, soit sans avoir à attendre qu'une plainte soit présentée.
En plus de ces dispositions, la législation devrait énoncer clairement, par exemple, que le ministre ne peut émettre aucune directive à l'ombudsman à moins qu'elle ne soit communiquée par écrit et qu'elle ne soit rendue publique. Cela, à mon avis, éclaircit certains points fondamentaux. Bien que l'ombudsman soumette ses rapports et ses recommandations au ministre, il peut maintenir une distance saine de l'autorité et des interventions ministérielles. Je crois que l'approche que je propose ici, qui s'inspire de mon expérience personnelle, a la vertu d'allier une prompte efficacité à une indépendance solide.
Ceci étant dit, monsieur le président, il n'y a aucun doute que le Parlement et les comités parlementaires, comme le vôtre, évidemment, ont un rôle absolument fondamental à jouer dans ce genre de dossier. Le ministre comme nous le savons tous doit rendre des comptes au Parlement et peut être invité à comparaître devant n'importe quel comité.
Comme mon expérience le démontre, mes rapports annuels sont déposés devant le Parlement. Tous nos rapports spéciaux sont distribués à un grand nombre de parlementaires et, notamment, à tous les membres des comités intéressés. De plus, je demeure toujours — tout comme, j'en suis sûr, le serait tout ombudsman pour les anciens combattants — disponible et ravi de comparaître devant n'importe quel comité parlementaire afin de discuter de nos activités, de nos rapports ou simplement pour fournir toute information que le comité pourrait être intéressé à obtenir.
[Français]
J'aimerais conclure, monsieur le président, en répétant que le nouvel ombudsman des anciens combattants devra relever un défi extraordinairement important. Compte tenu de la taille considérable de la population des anciens combattants, je m'attends à ce que l'ombudsman des anciens combattants reçoive un grand nombre de dossiers et de plaintes en très peu de temps.
Bien sûr, il sera essentiel que l'ombudsman des anciens combattants dispose de toutes les ressources dont il aura besoin pour établir son bureau, puis exercer ses activités de façon permanente. Il est important de souligner que la meilleure structure et le plus solide des mandats ne suffiront tout simplement pas si le niveau approprié de ressources n'est pas disponible.
En outre, et il s'agit d'un point qu'il ne faut pas négliger, le nouvel ombudsman des anciens combattants devra disposer d'une période raisonnable pour établir son bureau, recruter et former son personnel ainsi que créer les procédures et les politiques qui seront applicables. Il ne s'agit pas là d'un détail mineur.
En bref, s'il veut réussir et vraiment servir les anciens combattants du Canada avec efficacité, l'ombudsman des anciens combattants devra obtenir un mandat législatif clair et solide, disposer d'une équipe fiable et d'un budget approprié et jouir du temps nécessaire pour établir un bureau compétent et solide.
Me McFadyen et moi-même sommes maintenant disposés à assister le comité de toutes les manières possibles.
[Traduction]
À ce moment-ci, nous sommes disposés à assister le comité de toutes les manières possibles.
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Eh bien, monsieur le président, comme je l'ai indiqué dans mes remarques liminaires, je m'appuie sur ma propre expérience et sur des considérations pragmatiques, comme je l'ai dit. En tant qu'ombudsman, on a pour rôle de changer véritablement les choses pour les gens que l'on sert. Obtenir de véritables résultats et les obtenir en temps opportun, sont deux points très importants
En côtoyant deux ministres ou en relevant d'eux, j'ai constaté qu'il pouvait être très utile de dépendre d'eux. Par exemple, il m'est arrivé de décrocher le téléphone et d'appeler un ministre pour l'avertir qu'il y avait un problème brûlant, pour souligner l'importance pour lui d'être au courant et pour suggérer une mesure ou une autre susceptible de régler le problème. Laissez-moi répéter que, après ce que j'ai fait et ce que j'ai vécu dans les derniers 18 mois environ, cela s'est avéré très productif.
Il y a au moins deux autres points que j'aimerais souligner. En élaborant une loi pour l'ombudsman des anciens combattants, rien ne vous empêche d'avoir des dispositions très contraignantes stipulant, par exemple, que le ministre ne peut émettre aucune directive à l'ombudsman à moins qu'elle ne soit communiquée par écrit et à moins qu'elle ne soit rendue publique. Cela suffit déjà à garantir qu'un ministre y réfléchisse à deux fois avant d'émettre une directive de ce type. Je pense que c'est facile à intégrer dans une loi que vous élaborez.
De plus, comme il a été suggéré, monsieur le président, le ministre est toujours disponible et toujours facile à joindre. On peut le joindre où qu'il se trouve. Il es possible d'entrer en contact avec le chef d'état-major et de lui demander de se pencher sur une question, puis de vous revenir. Là aussi, c'est une façon d'assurer de meilleurs résultats, plus rapidement pour les gens que nous servons.
Enfin, cela ne mettrait pas pour autant un comité comme le vôtre sur la touche. Par exemple, si le nouvel ombudsman des anciens combattants est en désaccord avec le ministère des Anciens combattants sur les questions budgétaires — si, par exemple, on lui accorde moins de la moitié des ressources dont il aurait besoin pour remplir un beau mandat — , je suis convaincu que l'ombudsman pourrait vous demander audience, pour vous informer de ce problème fondamental qui entrave ses activités. Il va sans dire, je crois, que votre comité serait intéressé et prendrait alors des mesures.
Pour toutes ces raisons, il me semble, encore d'après mon expérience et mon opinion personnelle, que l'option la meilleure serait celle que j'ai suggérée.
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Non. Les grands rapports que nous publions sont ceux que nous qualifions de systémiques. Ils résultent d'enquêtes systémiques sur des questions comme le recrutement ou le déploiement du 1 RG au Koweït. Nous publions ces rapports à différents moments de l'année. Par exemple, celui paru en juillet portait sur le recrutement; celui paru début novembre sur le 1 RG.
Pour revenir à la question du député, si j'estimais, dans mes fonctions d'ombudsman, que le ministre en fonction ne réagissait pas de façon appropriée à mes recommandations, j'aurais différents recours. Je pourrais, par exemple, m'adresser au Comité permanent de la défense nationale, attirer son attention sur le problème et m'offrir à comparaître lors d'une audience. Je pourrais aussi m'adresser à la presse, jusqu'à un certain point, et souligner ce qui nous semblerait être un manque d'action appropriée.
Au bout du compte, on a un dicton, parmi les ombudsman, un dicton un peu cavalier : que le seul pouvoir dont nous disposons est le pouvoir de faire honte, de rendre les choses publiques, de souligner l'inaction dans un domaine qui nous semble très important. Je connais assez mon milieu, la défense nationale, et celui des anciens combattants, pour penser que, si un ombudsman des anciens combattants prenait ainsi la parole, la presse s'y intéresserait, ainsi, je suppose, que votre comité.
Il y a donc des moyens de parvenir à ses fins.
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Monsieur le président, il y avait deux ou trois questions, et je vais y répondre selon l'ordre dans lequel elles m'ont été posées.
Le député disait que nous serions pratiquement les seuls à ne pas marcher du même pas. Évidemment, dans un contexte militaire, c'est une chose qui peut paraître inquiétante. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il y a deux ou trois bonnes raisons à cela. D'abord, notre mandat, contrairement à celui des ombudsmans provinciaux, est limité. Nous examinons des plaintes reliées à l'interaction entre des membres ou des anciens membres des Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale. On sait que l'ombudsman de l'Ontario, M. André Marin, et la protectrice du citoyen du Québec, par exemple, traitent de questions qui couvrent l'ensemble des ministères.
Mais qui se limitent au militaire.
M. Yves Côté: Malgré tout le respect que je vous dois, je dois dire que je ne suis pas vraiment d'accord. Au Québec, par exemple, l'ombudsman couvre les 23 ministères, les commissions, les tribunaux administratifs et tout le reste. Vu l'étendue de son mandat, il est logique que l'ombudsman fasse rapport à l'Assemblée nationale, au Québec, ou à l'Assemblée législative, en Ontario.
En outre, comme nous le savons tous, il y a au fédéral des agents du Parlement, par exemple le commissaire à l'information, le commissaire à la protection de la vie privée, le directeur général des élections et la vérificatrice générale. Étant donné que le mandat de ces gens couvre l'ensemble du gouvernement, il me semble logique qu'ils fassent rapport à un comité parlementaire ou au Parlement.
Comme le député le disait, c'est cependant une question au sujet de laquelle des personnes raisonnables peuvent raisonnablement en arriver à des conclusions différentes. Je vous parle de mon propre point de vue, de mon expérience et de ce qui a fonctionné dans ce contexte.
Pour ce qui est de la charge de travail, je peux vous dire que chez nous, bon an mal an, nous recevons environ 1 400 ou 1 600 plaintes. Elles proviennent des 60 000 membres de la force régulière, des 30 000 membres de la force de réserve et des familles.
Dans certaines coupures de journaux que j'ai lues, on mentionnait qu'environ 700 000 anciens combattants étaient actuellement en pourparlers avec le ministère des Anciens Combattants. Il s'agit là d'une base beaucoup plus large. Ça donne à penser que le nombre de plaintes sera probablement plus élevé que le nôtre. Il faut aussi garder à l'esprit que les anciens combattants n'étant plus en mesure de travailler et ayant des problèmes relatifs au soutien financier ont probablement davantage l'occasion de communiquer avec leur ombudsman que les membres de la force régulière des Forces armées canadiennes qui sont déployés ou qui travaillent très fort.
En ce qui a trait au budget de notre bureau, il se chiffre à 6,5 millions de dollars. Cette somme nous a été accordée dans le cadre du dernier exercice. De ce montant, nous avons dépensé 5,3 millions de dollars. Ça couvre un effectif d'environ 50 personnes.
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Monsieur le président, je ne recommande certainement pas que les mots soulignés par le député figurent dans le mandat de l'ombudsman des anciens combattants.
Dans la partie de mes remarques que je n'ai pas lues et peut-être aussi dans la partie que j'ai lue, je crois avoir souligné que notre bureau se heurtait à certains obstacles, l'absence d'un mandat législatif figurant parmi ceux-ci. C'est une première chose.
Deuxième chose, je voudrais également signaler, monsieur le président, que, malgré la présence de ces mots dans le mandat, il n'y a eu, depuis que je suis ombudsman, c'est-à-dire depuis le 3 août 2005, absolument aucune tentative par un ministre ou par son personnel d'entraver notre capacité de fonctionner.
Je voudrais également signaler un autre élément très important. Le député a demandé pourquoi le mandat devrait stipuler que le ministre peut soumettre certains problèmes ou questions à l'ombudsman. J'estime, quant à moi, que c'est un outil susceptible d'être très utile pour un ministre. En effet, il peut arriver que le ministre fasse à un moment donné le bilan de ce que lui a fourni son ministère et conclut: « Ma foi, ce n'est pas exactement ce dont j'ai besoin. Je pense que le travail effectué n'est peut-être pas aussi complet qu'il aurait dû l'être ». Il ou elle peut aussi craindre que le travail du ministère soit entaché, aux yeux du public, par un manque d'indépendance.
Nous avons connu un bon exemple de ce type de situation avec l'affaire Wenzel, dans notre bureau. M. Wenzel, comme vous le savez, était un pilote de la Seconde guerre mondiale à la retraite qui, depuis plusieurs années, se battait pour obtenir une pension. Plusieurs ministres s'étaient efforcés de résoudre le problème, sans succès. Est arrivé un moment où un ministre a dit: « Bon, cela commence à bien faire. Nous allons soumettre l'affaire à l'ombudsman, qui est indépendant, qui est de l'extérieur, et attendre avec impatience ses conclusions ». Et nous avons effectivement constaté qu'il y avait eu quelque chose d'erroné. Dans ce cas, la possibilité pour le ministre de nous soumettre un dossier de cette façon s'est traduite, selon moi, par la possibilité pour nous de parvenir à des résultats qui auraient dû être obtenus plus tôt. Je pense que c'est donc une mesure utile.
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Oui, c'est une bonne chose. Il est essentiel, à mes yeux, que tout ombudsman des anciens combattants dispose exactement du même pouvoir: 28 jours ou peut-être 21 jours. J'estime que le ministre a quand même besoin d'un certain temps, mais 28 jours, ce n'est pas crucial.
Pour en venir maintenant à la question du budget, j'ai dit, effectivement, que nous disposions d'un budget d'environ 6,3 millions de dollars. Il m'est très difficile d'estimer, même un peu à la devinette, quel serait le bon montant ou le bon niveau de ressources pour un ombudsman des anciens combattants. Mais j'aimerais souligner, toutefois, un ou deux points. Premièrement, quand le gouvernement décidera d'aller de l'avant, j'imagine qu'il voudra avoir un ombudsman efficace. Nous voulons un bureau qui puisse accepter des dossiers, répondre au courrier, changer des choses, fournir des résultats. Pour cela, il faut, selon moi, des ressources adéquates. Rien ne sert d'avoir le plus beau mandat du monde, avec toutes les fioritures possibles et imaginables, si on n'a pas l'essence à mettre dans le réservoir, pour ainsi dire. Dans ce cas, vous n'irez pas bien loin.
Selon moi, une fois nommé, le nouvel ombudsman devrait pouvoir disposer d'un certain temps pendant lequel réfléchir aux types de ressources qu'il lui faudra: parler à des gens au ministère; parler à des gens extérieurs au ministère. Par exemple, je sais qu'il existe au ministère des Anciens combattants une ligne sans frais qui permet aux gens d'appeler 24 heures sur 24; il serait bon de savoir combien d'appels sont reçus à ce numéro, etc. Le processus pourrait ensuite être itératif et permettre à l'ombudsman de dire: « Eh bien, pour la première année, je crois avoir besoin de, mettons, 10 millions de dollars; mais peut-être qu'après ça il faudra ajuster le montant, à la hausse ou à la baisse, je ne sais pas ». Le ministère et l'ombudsman pourrait alors entamer un dialogue fructueux pour que l'ombudsman obtienne le niveau de ressources voulues pour lui permettre d'être ce qu'il ou elle devrait être, selon moi.
Et, comme je crois l'avoir déjà dit plus tôt, s'il y avait un désaccord ou une dispute entre l'ombudsman et le ministre ou le ministère sur ce qui constitue un niveau de financement approprié, il me semble que votre comité pourrait intervenir, écouter les différents points de vue et, par la suite, peut-être, publier un rapport ou faire une recommandation sur ce qui constituerait un chiffre approprié pour les ressources.
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Je craignais que cette question me soit posée, monsieur le président. Mais nous y sommes; on me l'a posée.
La réponse est difficile. Pensez-y un peu. Cette personne partirait de rien. Il lui faudrait tout d'abord décider quel type d'organigramme adopté: un directeur général pour le fonctionnement et un autre pour autre chose? Il lui faudrait réfléchir à la question et, sans doute, consulter des bureaux comme le nôtre ou ceux des ombudsmen des provinces, pour se faire une idée. Cela prend du temps.
Ceci fait, en tant que membre de la fonction publique du Canada, elle devrait obtenir la classification des emplois. Le processus de classification prend un certain temps. Je ne veux pas vous noyer dans des précisions bureaucratiques, mais je tiens à souligner que cela prend du temps.
Intervient ensuite le recrutement. Là, je parle d'expérience, ayant récemment tenté d'embaucher de bons enquêteurs, fiables, avec la bonne expérience et la bonne attitude, ce qui n'est pas facile. La personne devrait lancer un processus, examiner les demandes. Cela prend du temps.
Si j'avais une mise en garde seulement pour votre comité et pour les décideurs, je crois l'avoir dit, ce serait de recommander à l'ombudsman d'aller de l'avant rapidement, mais sans faire d'erreur. Imaginez un peu une situation où l'ombudsman serait à même de fonctionner après six mois ou quatre mois ou deux mois, seulement pour s'apercevoir que la structure est inadéquate et que le personnel n'a pas été formé.
C'est un autre aspect du problème. Le milieu des anciens combattants est extrêmement complexe. Il y a la nouvelle charte, qui vient d'être adoptée. Il y a toutes sortes de programmes et de lois. Les gens qui répondent au téléphone doivent savoir ce dont ils parlent, si bien qu'il faut les former, après les avoir choisi. Là aussi, il faut un certain temps.
Je vous recommande la maxime latine festina lente: se hâter avec lenteur. C'est précisément ce que l'on devrait recommander à l'ombudsman: festina lente, mettre les choses en branle, mais le faire comme il faut, sans gaspiller de temps.
Mais je regrette de ne pas pouvoir vous donner des données plus précises. C'est le mieux que je puisse faire.
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Monsieur le président, si j'ai dit qu'en général on n'avait pas accès aux documents, je me suis mal exprimé. Ce que je voulais dire, c'est que nous avons eu des cas comme celui où le chef d'état-major nous avait confié un dossier et qu'il avait fallu beaucoup de temps avant d'obtenir les documents.
Un autre aspect que j'aimerais souligner, c'est que dans le cas de démarches informelles, le degré de collaboration entre notre bureau et, par exemple, des officiers des forces armées ou le ministre de la Défense est très bon.
Je vous donne l'exemple de l'enquête qu'on mène présentement sur l'état de santé des réservistes et sur la façon dont ils sont traités lorsqu'ils reviennent d'un déploiement. J'ai rencontré les enquêteurs encore tout récemment, et ils me disent que le degré de collaboration, à tous les niveaux de la chaîne de commandement dans toutes les bases qu'ils ont visitées, est vraiment très bon. Donc, oui, il y a des domaines où les choses vont moins bien et il y en a d'autres où elles vont très bien.
Mais il y a un argument que je veux faire valoir et qui est extrêmement important, selon moi. Ce qui pourrait faire une différence en ce qui nous concerne, ce n'est pas nécessairement qu'on révèle d'un comité parlementaire, du Parlement ou d'un ministre, mais qu'on ait un mandat législatif. Si on avait un mandat législatif qui stipulait que l'ombudsman peut émettre des citations à comparaître, des ordonnances de remise de documents, le ministère serait tenu d'obtempérer à nos demandes à l'intérieur d'un délai prescrit par l'ombudsman, et les documents nous parviendraient rapidement.
Je pense qu'il faut prendre bien soin de séparer ce que je viens de dire de la question de l'ultime responsabilité, c'est-à-dire à qui je fais rapport ou à qui je ne fais pas rapport, parce qu'encore une fois, avec un mandat législatif robuste, tous ces obstacles peuvent être surmontés sans aucun problème.
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D'autres inconvénients, monsieur le président? Je ne voudrais pas minimiser ce que j'ai dit sur l'efficacité et la rapidité, car pour moi, c'est très important. Vous dites qu'il existe peut-être des mécanismes pour régler le problème, et vous avez sans doute raison. Il est certain que des choses pourraient être faites. Comme je l'ai dit, je me fonde sur des considérations pragmatiques et sur ma propre expérience, si limitée soit-elle.
Par ailleurs, j'ai dit, en répondant à une question précédente, qu'il est bon de confier cette fonction à un agent du Parlement, doté d'un mandat très vaste, et qui relève du Parlement, précisément à cause de l'étendue de ce mandat. En revanche, dans le cas où ce mandat est plus étroit, il est préférable que l'ombudsman relève de celui qui, en définitive, peut ordonner des mesures à son ministère et aux FC. En vertu de la Loi sur la défense nationale, le ministre assure la gestion et la direction du ministère et des FC; c'est donc lui qui en est responsable. Évidemment, comme je l'ai aussi indiqué, il rend des comptes au Parlement lors de la période des questions ou dans le cadre des travaux du comité, et je pense donc que c'est non seulement une formule pragmatique, mais aussi, en théorie, un meilleur modèle.
Par exemple, si l'on créait dans la fonction publique fédérale d'autres services semblables à celui d'un ombudsman, ils risqueraient d'être trop nombreux à relever du Parlement, même si on leur confie un mandat étroit. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure formule du point de vue de la bonne gouvernance. Évidemment, il est loisible au comité de consulter des experts sur la théorie et les principes, et quant à moi, je ne suis pas très qualifié en la matière.
:
Je suis d'accord avec vous.
Une chose me surprend énormément. Je n'y étais pas à l'époque, mais selon mon amie Louise, elle se bat depuis 1994 pour qu'on reconnaisse le syndrome de stress post-traumatique. Je suis arrivé en 1997 et je me bats depuis ce temps pour cette reconnaissance. L'armée a toujours affirmé que ce syndrome n'existait pas, que c'était de la foutaise, qu'on se faisait des idées.
Depuis l'élection du Parti conservateur, c'est la première fois cette année qu'un document officiel du ministère de la Défense nationale reconnaît l'existence de ce syndrome.
En lisant votre document, j'ai quasiment fait une crise cardiaque. À la page 35 de la version française, il y a une lettre écrite le 20 juillet 2001 par le vice-amiral et vice-chef d'état-major de la Défense, G.L. Garnett, et l'avocat général principal du ministère de la Défense nationale de l'époque, M. Mark Zazulak. Au quatrième paragraphe, on peut lire: « [...] si un membre des Forces canadiennes qui a souffert du stress post-traumatique [...] »
Nous sommes en 2006. Pourquoi a-t-on attendu tout ce temps avant de parler du syndrome du stress post-traumatique de façon officielle? Pourquoi l'ombudsman du ministère de la Défense nationale n'a-t-il pas voulu faire enquête? Monsieur, je ne vous blâme pas pour cela, mais n'empêche que l'ombudsman entend parler de ce syndrome depuis 1994. Pourquoi n'y a-t-il jamais eu d'enquête à ce sujet? Était-ce parce que l'armée ou le ministre de la Défense ne voulait pas d'enquête?
Ce que j'essaie de démontrer — et je suis d'accord avec Peter là-dessus —, c'est que bien souvent, on vous attache les deux mains, on vous envoie une note et on vous dit de rester tranquille, de mettre un pansement, de ne pas bouger, sinon, on risque de perdre son emploi. C'est une des raisons pour laquelle je veux vous protéger.
Vous devriez vous rapporter à un comité ou à un organisme quelconque, et non pas au ministre de la Défense nationale ou au général Hillier. Le général exerce sûrement une très grande influence sur les décisions d'effectuer ou non une enquête. Ce constat est officieux, mais moi, je peux me permettre de le dire officiellement, ce que vous ne pouvez peut-être pas faire.
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Monsieur le président, de toute évidence, le député peut émettre les avis et les opinions qu'il juge à propos. Tout ce que je peux faire, c'est parler de ce que je sais et de mon expérience. Il y a peut-être deux ou trois points que je voudrais faire valoir.
Premièrement, un rapport a été émis par mon prédécesseur sur la question du syndrome de stress post-traumatique. Ce rapport contenait 23 recommandations, si je me souviens bien. Cela a donné lieu à un premier suivi, qui nous a permis de constater que plusieurs des recommandations faites par M. André Marin avaient été mises en vigueur. Nous sommes en train de compléter une autre revue de nos recommandations initiales, qui fera état de ce qui a été fait et de ce qui n'a pas été fait. Ce rapport sera rendu public au cours du premier trimestre de 2007.
Je vais parler par expérience personnelle. Depuis que je suis ombudsman des Forces canadiennes, soit depuis août 2005, il n'y a jamais eu, par quelque général, amiral, ministre, personnel politique ou haut fonctionnaire que ce soit, de tentative directe ou indirecte, ouverte ou fermée, discrète ou non... Je peux même le jurer sur la Bible. Cependant, ce qui s'est produit au bureau avant mon entrée en fonction, je ne peux évidemment pas en témoigner. Il faudrait parler à la personne qui était en poste à cette époque.
Pour ma part, je peux vous dire que cela ne s'est pas produit, et si cela se produisait, je m'assurerais d'adopter les mesures fortes et courageuses qui s'imposent. C'est une tâche qui incombe à une fonction telle que la mienne.