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Merci, et merci beaucoup de m'avoir demandé de témoigner à ce comité.
Vous avez déjà entendu les témoignages du docteur Victor Marshall, président du Conseil consultatif de gérontologie, et de messieurs Brian Ferguson et Darragh Mogan, du ministère des Anciens combattants, qui vous ont expliqué pourquoi le Conseil a été invité à rédiger le rapport intitulé Parole d'honneur — L'avenir des prestations de santé pour les anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre.
J'aimerais d'abord brièvement parler des principaux points qu'il a abordés, pour ajouter certaines observations en fonction des questions que vous leur avez posées, car j'ai pu jeter un coup d'oeil aux transcriptions. Je vais aussi souligner certains points du rapport que nous jugeons importants pour une mise en oeuvre réussie.
Je fais partie du Conseil consultatif de gérontologie du ministère des Anciens combattants depuis sa création. Je suis spécialisée dans la famille et le vieillissement dans les collectivités rurales, ainsi que dans les soins de longue durée. Je dois dire que mon expérience en santé mentale porte surtout sur la façon dont les familles prodiguent des soins à des membres plus âgés souffrant de déficiences cognitives, comme la maladie d'Alzheimer, quoique mon équipe de recherche se concentre maintenant sur l'incidence des déficiences acquises sur les individus et leurs familles.
Je suis co-directrice d'une équipe internationale de recherche sur les politiques et les pratiques en matière de vieillissement et je consulte souvent des ministères et des ONG sur des questions de politiques sociales et de la santé liées au vieillissement. Selon mon expérience, le Conseil consultatif de gérontologie du ministère des Anciens combattants est inhabituel, en ce sens qu'il s'agit d'un comité permanent du ministère qui regroupe des intervenants clés des groupes d'utilisateurs, soit les organisations d'anciens combattants, ainsi que des chercheurs dans un dialogue continu avec le ministère. Il s'agit en fait d'un bon groupe de personnes, qui allie l'expérience pratique des anciens combattants à la vue d'ensemble des autres membres.
Le Conseil a pour mandat de discuter des meilleurs moyens de promouvoir la santé, le bien-être et la qualité de vie des anciens combattants de la Première Guerre mondiale — quoiqu'il ne reste qu'un seul survivant, je crois —, de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre de Corée, ainsi que de leur famille.
Parole d'honneur présente un système global et intégré de services de santé et sociaux à l'intention de ces anciens combattants plus âgés. J'ai co-rédigé ce rapport avec le docteur Dorothy Pringle qui, je crois, dois venir témoigner devant vous au cours des prochains jours, ainsi que le docteur François Béland. Le rapport a été validé par tous les membres du Conseil et endossé par les groupes d'anciens combattants.
Comme vous l'avez entendu, ce rapport recommande notamment de regrouper les programmes existants du ministère des Anciens combattants en un programme unique de services intégrés aux anciens combattants. Je tiens à ajouter que nous pensons que cette intégration est vraiment essentielle, car elle permet notamment de combiner les aspects de la santé, de la sécurité du revenu et des services sociaux qui, nous le savons, sont des déterminants clés du bien-être pendant la vieillesse. Des services intégrés permettent de répondre beaucoup mieux aux besoins d'une personne et de tenir compte du contexte dans lequel il vit. Aider les gens quand ils sont plus âgés ne s'arrête pas à tenir compte de leur faiblesse sur le plan physique ou à leur procurer une pension. Il s'agit aussi de les aider à bien vieillir là où ils vivent.
L'intégration est aussi importante car elle permet d'accéder à un ensemble de services habituellement cloisonnés comme la santé, les services sociaux, le revenu et l'hébergement afin de répondre aux besoins d'une variété de gens, allant de ceux qui vivent en autonomie mais qui pourraient bénéficier d'activités de promotion de la santé à ceux qui ont besoin de soins de centres infirmiers. Les adultes plus âgés sont presqu'aussi variés que nombreux, il ne faut pas l'oublier. Je crois que les gérontologues considèrent ce modèle comme idéal, et que sa mise en pratique serait un cadeau extraordinaire pour les anciens combattants canadiens. L'intégration réduit également beaucoup les exigences d'admissibilité, qui sont devenues incroyablement complexes au fil des 60 années d'ajouts et de peaufinages de programmes destinés à répondre aux besoins d'un groupe vieillissant d'anciens combattants qui, dans les années 1940, avaient besoin de programmes de formation et de logements abordables pour leurs familles en croissance, et qui ont maintenant besoin de liens sociaux et de logements supervisés.
Le deuxième principe, sur lequel je ne m'étendrai pas car il a été traité par les autres témoins, consiste à fonder l'admissibilité sur les besoins de l'ancien combattant plutôt que sur son statut. Vous avez déjà entendu notre slogan à ce sujet : un ancien combattant est un ancien combattant.
Je crois que le Conseil consultatif de gérontologie, les groupes d'anciens combattants et les fonctionnaires sont unanimes sur ce point : des critères d'admissibilité complexes n'aident personne. Je répète que cela ne signifie pas que tous les anciens combattants bénéficieraient de services en vertu des nouveaux services intégrés proposés, mais ils y seraient tous admissibles en cas de besoin.
Le troisième principe du rapport mérite aussi, selon moi, certaines remarques. Nous recommandons d'offrir un programme de services intégrés aux anciens combattants et à leur famille. Par famille, le CCG pense surtout, quoique pas nécessairement exclusivement, aux anciens combattants plus âgés et à leur conjoint ou conjointe. Presque tous les anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre de Corée sont des hommes. Les conjointes de ceux qui souffrent de problèmes de santé chroniques s'occupent peut-être d'eux depuis des années, leur prodiguant des services jour et nuit et retardant ainsi leur transfert dans un centre de soins infirmiers. Les services offerts à ces femmes devraient se poursuivre après le décès de leur mari.
Cela ne signifie pas pour autant que nous oublions les besoins des couples dont les deux conjoints sont vivants. Par exemple, il est important d'évaluer la capacité d'une conjointe plus âgée de s'occuper d'un ancien combattant à la maison et de lui offrir du soutien si telle est la décision. Nous pensons aussi à d'autres situations, par exemple lorsque c'est l'ancien combattant qui est l'aidant naturel de sa conjointe. Les programmes actuels du ministère qui se concentrent sur une clientèle d'anciens combattants ne permettent pas d'adapter le domicile pour répondre aux besoins de la conjointe en fauteuil roulant, offrir des soins de répit à l'ancien combattant qui est l'aidant naturel, ou gérer des services de soins à domicile pour l'épouse de l'ancien combattant. Les besoins de la famille sont le pivot de cette nouvelle vision des services aux anciens combattants.
Le dernier point sur lequel j'aimerais attirer votre attention est le suivant : le ministère des Anciens combattants offre des services aux anciens combattants partout au pays. Ces derniers vivent dans une grande variété de collectivités aux ressources très différentes. Même les collectivités rurales, un point abordé à votre réunion précédente, sont très différentes. La proportion de personnes âgées de plus de 65 ans peut en effet n'y être que d'environ 1 p. 100, ou de plus de 40 p. 100. Les services et le soutien qu'on y offre aux autres adultes plus âgés varient eux aussi grandement.
C'est l'une des raisons pour lesquelles nous croyons que le personnel de première ligne qui mettra en oeuvre ces services intégrés à l'intention des anciens combattants doit disposer de l'autorité et de la souplesse nécessaires pour déplacer et attribuer les ressources permettant de répondre aux besoins sociaux et de santé des anciens combattants, et tenir compte du milieu dans lequel ils vivent.
Cela met fin à mes observations pour l'instant.
Je suis heureux de constater que vous avez de l'expérience avec les personnes âgées. Par contre, il y a un point que vous n'avez pas mentionné du tout, à savoir qu'il faut garder le plus longtemps possible les personnes âgées dans leur milieu naturel, avec des aidants naturels tels que des membres de la famille.
Pour vous donner un portrait de ce que je pense, je vous ferai un résumé de la politique du Québec concernant les personnes âgées. Il existe un programme québécois pour aider à construire ou à modifier des maisons qu'on appelle multigénérationnelles. Le gouvernement aide financièrement le fils ou la fille qui veut modifier sa maison pour accueillir ses parents pour leurs vieux jours. En plus de l'aide monétaire pour l'achat de béton, de briques, etc., le programme offre une aide financière telle que des déductions d'impôt, etc.
On offre également l'aide d'infirmières d'un Centre local de services communautaires, un CLSC. Elles viennent régulièrement, une fois par semaine ou plus souvent, lorsque l'un des deux parents est malade, afin de donner des soins à la maison.
D'après les études québécoises, grâce à cette approche, les personnes âgées sont moins malades. On les sort de leur isolement. Je fais toujours une farce québécoise à ce sujet en disant que lorsqu'on est seul, la seule chose qu'on a à faire, c'est de penser à ses vieux péchés ou à ceux qu'on n'a pas commis. On leur change les idées, et les résultats semblent très bons. Ce programme existe depuis une dizaine ou une douzaine d'années au Québec, et on le perpétue année après année. On construit de plus en plus de maisons multigénérationnelles dans tous les coins du Québec, surtout dans en milieu rural. Mon ami Roger avait cette préoccupation.
J'aimerais entendre vos commentaires sur le système québécois. Cela existe-t-il déjà au Canada? Si non, est-il possible de le faire? J'aimerais entendre votre point de vue à ce sujet.
Les points que vous soulignez sont très importants. Depuis 10 ou 20 ans, le Canada se préoccupe beaucoup plus des membres de la famille et des amis qui prodiguent des soins aux aînés à la santé fragile, et nous commençons à nous pencher sur les façons d'aider ces gens. De moins en moins d'aînés sont dans des centres de soins infirmiers au Canada. Comme vous l'avez dit, la plupart des soins sont offerts aux gens à domicile. Bon nombre de ces services dont vous parlez qui sont offerts au Québec peuvent certainement faire une grande différence dans la capacité des familles de s'acquitter d'une telle tâche.
Le rapport Parole d'honneur souligne notamment l'importance de l'hébergement, dont vous parlez, et que le fait de disposer de diverses options, dont la possibilité d'adapter sa propre maison ou celle d'un enfant, si c'est là qu'elle vit, peut faire une grande différence dans la capacité d'une personne à rester loin des centres de soins infirmiers. Ce que nous tentons d'éviter, dans la mesure du possible, c'est de placer les gens dans des centres offrant des soins plus poussés que ce dont ils ont besoin.
Comme vous le savez, les services offerts aux aidants naturels varient énormément selon les régions. Je ne peux donc pas me prononcer sur ce qui est offert dans une région en particulier, mais je crois que les familles et le soutien offert à ceux qui prodiguent des soins aux aînés et aux anciens combattants constituent des sujets très importants aux yeux de la plupart des provinces, et certainement aux yeux du ministère des Anciens combattants.
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C'est vraiment bon à entendre, car je suis entièrement d'accord avec vous. Je ne peux répondre à toutes les questions que je vous ai posées. Je les posais simplement pour voir si vous pourriez me fournir certains renseignements.
Je viens de Colombie-Britannique, et je réalise que de plus en plus d'anciens combattants âgés, sans parler d'aînés en général, déménagent dans l'Ouest. Je crois que cela est en grande partie dû au climat, mais en ce qui concerne les services, je ne sais pas si nous suivons la vague.
En ce qui concerne les niveaux d'imposition, je ne dispose pas non plus des chiffres exacts, mais je crois comprendre qu'il s'agit environ du double de ce que nous payons au Canada. Ils sont en mesure d'offrir tous ces services supplémentaires parce que leur assiette fiscale est beaucoup plus grande. Autrement dit, ils prélèvent davantage d'impôts.
Vous avez aussi émis des observations intéressantes sur le fait que le Canada rural est plus vieux que le Canada urbain. C'est peut-être parce qu'on s'assagit en vieillissant et qu'on quitte la ville.
Il y a plusieurs années, le gouvernement fédéral a entrepris des discussions avec les provinces et les territoires au sujet d'un programme national de soins de santé à domicile. Il y a eu des conférences, et bien sûr l'idée consiste à s'occuper à domicile de tous les besoins médicaux, peu importe l'âge.
Si j'ai bien compris, vous avez dit dans votre réponse précédente que toutes les situations sont différentes et que les besoins varient. Selon vous, y a-t-il une place pour un programme national de soins de santé à domicile? Il est évident que nous ne parlons pas ici du financement et de la portée d'un tel programme. Mais devrions-nous, en tant que pays, nous pencher davantage sur la question?
Nous disposons bien de travailleurs à domicile en gérontologie, mais ce domaine n'est pas réglementé, si mes renseignements sont bons, et pas très organisé. Je me demande si vous pourriez nous dire ce que vous pensez du programme national de soins de santé dans ce contexte.
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C'est à vous de décider si vous voulez que je vous fasse un court rapport de ce que j'ai vu et entendu lundi, mardi et mercredi. Je le fais à titre informatif. Ce colloque a été très intéressant. Selon moi, les problèmes qu'on y a soulevés sont fascinants. Il y avait tellement de séances d'information au programme qu'on avait du mal à choisir à laquelle assister.
Je crois que j'étais le seul non-psychologue ou non-psychiatre, à part les organisateurs de la conférence. Il y avait plus de 450 personnes, psychologues et psychiatres d'un peu partout au Canada, des États-Unis et de certains pays d'Europe aussi, réunis pour faire le point sur la situation.
Ma première réaction a été de constater combien nous sommes en retard en ce qui concerne la recherche. Ce n'est pas seulement dans le domaine du stress post-traumatique, du comportement psychologique de la personne, que nos amis américains sont vraiment plus avancés. En ce qui concerne le stress post-traumatique, nous sommes vraiment en retard, mais heureusement qu'il y a eu de bonnes recherches faites aux États-Unis, dont on peut se servir. Ils s'intéressent à cette question depuis la guerre du Vietnam. Nous, on vient de commencer à s'y intéresser il y a à peine cinq ans. C'est difficile à croire.
Par contre, il y a de l'espoir. J'ai apporté le programme du colloque afin de vous transmettre des noms d'experts, dont celui de M. Matthew Friedman, un des cerveaux américains en la matière. Dans sa présentation, il a fait référence à des trouvailles de jeunes psychologues de l'Université McGill, de l'Université de Toronto, de l'Université du Manitoba. Donc, il y a un échange, et nos jeunes universitaires sont peut-être mieux informés que les psychologues canadiens plus âgés des expériences menées par les Américains.
Je peux aussi constater — plus difficilement parce que je n'ai pas rencontré suffisamment de gens de ces pays — qu'on n'est pas plus avancés ni plus en retard dans ce domaine que les Français, les Belges, les Allemands, etc.
Ce qui m'a intéressé surtout, ce fut d'apprendre quelles sont les personnes qui peuvent souffrir d'un stress post-traumatique et que le stress post-traumatique n'est pas réservé uniquement à nos militaires. Non, il existe une dizaine ou une douzaine de formes de stress qui peuvent affecter certaines personnes durant toute leur vie. Par exemple, ce pourrait être à la suite d'un viol, d'un accident d'automobile dans lequel une personne assiste à la mort de son meilleur ami. Donc, il s'agit d'événements de ce genre, mais naturellement, il y a beaucoup plus de risques que cela arrive sur les champs de bataille que dans la vie de tous les jours.
Qu'est-ce qu'on peut faire? Tout d'abord, la personne qui vit le stress doit être capable de reconnaître qu'elle commence à avoir des problèmes et de se rendre compte qu'elle doit consulter quelqu'un. Deuxièmement, plus cela se fait rapidement, meilleures seront les chances d'en guérir, non pas à 100 p. 100, mais je crois que le chiffre avancé était de 67 p. 100. Oui, je consulte mes notes et je constate que c'est bien 67 p. 100.
Donc, j'ai constaté l'importance de sensibiliser davantage nos jeunes militaires qui s'engagent à ce phénomène, qui peut se produire. Également, j'ai constaté qu'il y avait un manque flagrant de professionnels Canadiens et Québécois aptes à traiter cette condition.
En raison de la géographie du Canada — une bande de terrain qui abrite trois ou quatre grands centres urbains; quant au reste, le territoire est rural —, nous avons des problèmes à établir une première ligne d'intervention. Lorsque le jeune soldat atteint de stress post-traumatique sent que quelque chose ne va pas, il n'a pas besoin de voir un spécialiste dès la première consultation. Il faut cependant que la personne qu'il consulte connaisse vraiment bien cette condition. Le patient pourrait être référé, si le syndrome est détecté, à un centre comme l'Hôpital Saint-Anne, etc.
Il y a encore du chemin à faire. La majorité des psychologues présents disent qu'il faut trouver un moyen d'établir des réseaux afin de donner des soins de première ligne et d'offrir des premiers contacts dans les régions éloignées du Canada. Il s'agit d'un aspect essentiel. En territoire rural, c'est en voie de se faire, mais cela prendra du temps.
Le Dr Friedman disait, par exemple, que depuis que les États-Unis ont commencé leurs recherches dans ce domaine, peu de temps après la guerre du Vietnam, beaucoup plus de psychologues et de psychiatres, d'année en année, obtiennent un diplôme dans cette spécialité. Il m'a raconté un fait curieux lors d'une discussion personnelle. Il estime qu'il faudrait se méfier de nos statisticiens parce que leurs calculs ne sont pas justes. Je lui demandais quel était le pourcentage de jeunes militaires qui reviennent du combat avec un choc post-traumatique de niveaux divers — le niveau d'intensité n'est pas toujours le même —, et il m'a répondu qu'aux États-Unis, il était de 39 p. 100. Au Canada, les statistiques font état d'un chiffre d'environ 12 p. 100.
Ce que je vais dire maintenant s'adresse surtout à Betty. J'ai été surpris d'apprendre — et je ne l'aurais jamais cru — qu'il y a plus de femmes que d'hommes susceptibles de subir un stress post-traumatique. La différence en termes de pourcentage n'est pas grande: on parle de 10 p. 100 comparativement à 8 p. 100 dans la société en général, pas dans l'armée. Cela m'a surpris. Je pensais que c'était égal ou presque, mais non: 10 p. 100 des femmes sont atteintes de stress post-traumatique comparativement à 8 p. 100 des hommes. Comment cette différence s'explique-t-elle? Je ne le sais pas, je ne suis pas un expert. Ils m'ont dit cela au cours de la dernière journée, hier, mais je ne comprenais pas ce qu'ils disaient.
Ce sont donc trois jours qui ont été très profitables. Une autre information qu'il faut prendre en considération, et qui est aussi surprenante, c'est qu'environ de 25 à 30 p. 100 des jeunes qui commencent à se faire traiter quittent le programme prématurément. Pourquoi? On ne le sait pas. Les psychologues ne le savent pas non plus, mais de 25 à 30 p. 100 des jeunes qui entreprennent une thérapie l'abandonnent après trois ou quatre séances. Les psychologues ne savent pas comment les retenir. Le taux de succès d'un traitement est de 67 p. 100, et la durée, pour qu'il réussisse, peut varier entre quelques mois et quelques années.
À la suite de ma question concernant le stress post-traumatique chez les anciens combattants traditionnels — ceux qu'on connaît, nos amis de 80 ou 82 ans —, j'ai appris que le choc remonte à si loin qu'il est pratiquement impossible de guérir les victimes. On peut essayer de rendre la maladie moins douloureuse en les encourageant à avoir une vie sociale plus active, à s'engager davantage dans la vie familiale, dans le milieu intergénérationnel. On peut leur aider à atténuer le problème, mais guérir d'un syndrome ou d'un choc post-traumatique est quasiment impossible à cet âge, parce qu'il ne leur reste pas assez de temps à vivre. Leur problème peut mettre 10, 15 ou 20 ans à guérir.
Je pourrai vous donner plus de détails. D'ailleurs, j'ai demandé un compte rendu de toutes les séances, que je pourrai vous transmettre si vous le voulez. Il y a eu 33 séances en trois jours, et la plupart avaient lieu à la même heure. J'ai pu assister à environ 15 p. 100 d'entre elles. J'ai manqué une séance à laquelle j'aurais aimé assisté qui portait sur le suicide des personnes souffrant de stress post-traumatique. Malheureusement, j'avais déjà fait un autre choix plus important. Il aurait fallu être trois ou quatre personnes pour se partager toutes les séances.