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Mesdames et messieurs, bonjour.
Il faut mentionner que M. Stoffer a présenté, il y a quelque temps, une motion voulant que la pièce dans laquelle nous nous trouvons soit baptisée officiellement la salle des anciens combattants. Après la désignation officielle — les écriteaux vendront plus tard — vous aurez l’honneur d’être les premiers anciens combattants à comparaître dans la salle officielle des anciens combattants.
Des voix: Bravo!
Le président: J’espère que tout le monde a pris grand plaisir hier à terminer sa déclaration de revenus. Aujourd’hui, nous allons passer à des questions plus passionnantes et poursuivre l’examen du projet de loi proposé par M. St. Denis, concernant la proclamation d’une journée nationale des gardiens de la paix.
Nous avons invité des témoins, et je suis heureux de vous voir en si grand nombre aujourd’hui. C’est excellent. Nous avons MM. Ron Griffis, le président national de l’Association canadienne des vétérans des forces des Nations Unies chargées du maintien de la paix; le colonel à la retraite Donald S. Ethell, président honoraire de l’Association du Canada des anciens combattants de la guerre du Golfe; Ray Kokkonen, vice-président national de l’Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix; Gerry Wharton, représentant des Anciens combattants de l’armée, de la marine et des forces aériennes au Canada; de même que Jack Frost, président national, et Brad White, directeur de l’administration, tous deux de la Légion royale canadienne.
Messieurs, nous disposons normalement de 20 minutes en tout pour délibérer, mais je pense que nous avons prévu une dizaine de minutes au maximum pour chacun, si vous le voulez bien. Je crois savoir que certains d’entre vous prendrez moins de dix minutes et c’est parfait. Après cela, nous entendrons les questions de nos députés.
La parole est à vous.
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Bonjour, monsieur le président, membres du comité et invités. Je suis Ron Griffis, président national de l’Association canadienne des vétérans des forces des Nations Unies chargées du maintien de la paix. Au nom de notre association, je tiens à vous remercier de nous donner la chance de nous présenter devant votre honorable comité, créé en partie pour étudier le
Il est stipulé dans le projet de loi envisagé sur la journée nationale des Casques bleus que le 9 août de chaque année soit reconnu comme la journée nationale des gardiens de la paix. Vous êtes au courant que le 9 août a été retenu parce qu’à pareille date en 1974, neuf gardiens de la paix des Forces canadiennes ont perdu la vie lorsque leur avion a été abattu par un missile surface-air alors qu’ils effectuaient une mission régulière de ravitaillement entre Beyrouth et Damas. Il n’y a eu aucun survivant.
Cela n’enlève rien au fait que la première victime canadienne d’une mission de maintien de la paix remonte à 1951, lorsque le brigadier intérimaire H.H. Angle, de Kamloops (C.-B.), a péri dans l’écrasement d’un avion au Cachemire, à la frontière indo-pakistanaise.
L’Association canadienne des vétérans des forces des Nations Unies chargées du maintien de la paix appuie le . Une journée nationale des Casques bleus permettrait en fait de se souvenir de ceux qui ont sacrifié leur vie en mission de maintien de la paix, sous l’égide du gouvernement du Canada et du Conseil des Nations Unies, mais aussi de saluer les hauts faits des gardiens de la paix et de reconnaître les 100 000 Canadiens et plus qui ont pris part à des missions des Nations Unies, ainsi que de remercier leurs familles et la population canadienne de leur appui.
Parmi les participants aux missions des Nations Unies se trouvent des membres des Forces canadiennes, des membres des corps de police municipaux, provinciaux et fédéraux, des diplomates et d’innombrables civils qui sont devenus gardiens de la paix et qui ont secondé les Casques bleus durant leurs missions.
Les Canadiens sont reconnus pour avoir inventé le maintien de la paix. Notre pays a récolté un prix Nobel de la paix et en a partagé un deuxième lorsque les Casques bleus des Nations Unies ont reçu le prix Nobel en 1988. Je n’ai jamais entendu personne s’opposer à l’établissement d’une journée nationale des Casques bleus.
Même si nous célébrons le jour du Souvenir le 11 novembre chaque année, et si certaines villes et la plupart des provinces et territoires ont réservé la journée du 9 août à la mémoire de nos gardiens de la paix, une journée nationale des Casques bleus n’atténuerait pas l’importance des deux dates que j’ai mentionnées. En fait, cette journée s’ajouterait aux autres dates commémoratives, en prenant en considération la raison pour laquelle elles existent et notre position actuelle sur la scène mondiale.
La Médaille canadienne du maintien de la paix, créée en 1997, est accessible aux personnes ayant servi en mission internationale de maintien de la paix. Peu de gens savent que la médaille est accessible à ceux qui ont servi dans le cadre de n’importe quelle des 114 missions de maintien de la paix. La journée nationale des Casques bleus est l’occasion de rendre hommage aux gardiens de la paix du passé, du présent et de l’avenir.
Nos gardiens de la paix ont toujours consenti de grands sacrifices et déployé tous les efforts pour que le Canada demeure fort, uni, indépendant et libre. Ce serait un véritable honneur pour eux si le gouvernement du Canada annonçait qu’il prend un autre pas en vue de reconnaître les anciens combattants des missions de paix.
Depuis que j’ai été invité à comparaître devant cet honorable comité et que j’en ai fait part à mes collègues de notre association, j’ai reçu de nombreux messages d’encouragement et d’espoir que la loi instituant la journée nationale des Casques bleus soit adoptée. J’ai aussi reçu des messages enthousiastes de la part de parents survivants des militaires disparus le 9 août 1974, qui disent souhaiter que les sacrifices de leurs proches soient reconnus à l’échelle nationale.
On propose avec respect que la terminologie employée dans la version française du modifiée. L’expression choisie pour rendre le terme anglais « peacekeepers » est Casques bleus. En anglais, ces termes équivalent à « blue helmets » ou « blue berets ». On recommande plutôt de traduire « peacekeeper » par gardien de la paix. Je crois comprendre que pour les personnes qui s’expriment en français, l’expression Casques bleus serait perçue comme familière et non officielle.
Il est probable que peu de gens savent que les gardiens de la paix peuvent porter le béret bleu des Nations Unies; le béret vert de la Mission de l’Union africaine au Soudan; le béret orange de la Force multinationale et Observateurs; ou bien le béret bleu foncé de la Force de l’Union européenne en Bosnie et Herzégovine, pour ne mentionner que ceux-là.
Si notre association peut aider de quelque manière à faciliter l’adoption de ce projet de loi, n’hésitez pas à communiquer avec moi personnellement ou à vous adresser à n’importe quel de nos membres.
Pour conclure, si vous avez des questions à poser ou vous désirez des éclaircissements, je suis à votre disposition. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je m’appelle Don Ethell. Je représente l’Association du Canada des anciens combattants de la guerre du Golfe en qualité de président honoraire, mais je suis aussi membre de l’Association canadienne des vétérans des forces des Nations Unies chargées du maintien de la paix, ainsi que son président national sortant et son agent de liaison actuel. Je m’intéresse de près à ce dossier depuis la majeure partie des dix dernières années.
Pourquoi suis-je le président honoraire? Je n’ai pas servi dans le golfe Persique, mais je me trouvais à Tel Aviv et à d’autres endroits où les missiles Scud sont tombés, et le président de l’Association des anciens de la guerre du Golfe a jugé que comme Jeff Bentley avait un empêchement parce qu’il était de service à Cold Lake, ce lien était suffisant et je serais dorénavant le président honoraire de son association. Voilà qui explique ma présence ici.
Dans l’esprit de nombreux soldats, comme l’a indiqué mon collègue, ce projet de loi est extrêmement important. Ceux d’entre nous qui ont œuvré avec diligence à ce projet au fil des ans ont bien hâte au jour où le Parlement l’adoptera.
Comme Ron l’a mentionné, nous avons reçu le prix Nobel de la paix en 1988. Un vétéran de nombreuses missions qui n’était pas officier, le Caporal-chef Docksey, a été choisi pour représenter les Forces canadiennes à la cérémonie qui a eu lieu en Norvège.
À quand remonte cette idée de proclamer une journée des gardiens de la paix? À vrai dire, elle a germé en même temps à Victoria, à l’initiative de membres de l’Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix, et à Calgary, à l’initiative de notre association. Nous avions cette idée qu’il devait y avoir une journée officielle. Bref, dans le cas de Calgary, les représentants de la ville ont convaincu la province de l’Alberta de reconnaître la journée, puis ce fut le tour de la municipalité de Calgary, de la municipalité de Victoria, de la province de la Colombie-Britannique, et la vague s’est propagée à la grandeur du pays. Le Manitoba et la Saskatchewan ont emboîté le pas, et d’autres sections de l’ACVMP, comme le Nouveau-Brunswick... En fin de compte, toutes les provinces ont reconnu cette journée des Casques bleus, de même que les villes de Halifax, Toronto, Montréal, Barrie, Winnipeg, Vancouver et Calgary bien sûr.
Le moment est venu pour le gouvernement fédéral de la reconnaître.
Comme mon collègue l’a mentionné, il ne faut pas confondre cette journée avec le jour du Souvenir. C’est une marque de reconnaissance. Nous ne cherchons pas à établir une fête fédérale comme telle. L’important, c’est la reconnaissance des gardiens de la paix, et le 9 août est suffisamment distinct du 11 novembre pour éviter toute confusion.
À notre avis, les gardiens de la paix et les missions de maintien de la paix font partie des opérations de paix, une expression générale qui englobe le maintien de la paix, le rétablissement de la paix, les opérations humanitaires, la reconstruction et à l’occasion la supervision d’un processus électoral. La raison pour laquelle je le mentionne, c’est que de notre point de vue, les 168 noms de victimes gravés à ce jour au tableau d’honneur dans bien des endroits au Canada depuis la mort du Brigadier intérimaire Angle au Cachemire en juillet 1950 comprennent les 54 personnes tuées en Afghanistan, ce pourquoi nous employons une expression générique. Si vous dites qu’il ne s’agit pas de maintien de la paix, mais de guerre, je vous répondrai qu’en situation de guerre non déclarée, on respecte toujours à l’origine la résolution 1707 des Nations Unies, et que depuis le mois de décembre de l’an dernier, la mission est de fait conforme à une résolution des Nations Unies.
Donc, comme Ron l’a indiqué, nous sommes d’avis que tous ces organismes — la MSCE, la FMO, la CICS, sans compter le Vietnam, les Casques bleus de l’OTAN dans les Balkans, et nos hommes et nos femmes déployés en Afghanistan — sont inclus dans ce que nous entendons par « opérations de paix ». À notre avis, ce sont des gardiens de la paix.
Certains disent que c’est la guerre et non du maintien de la paix. Je tiens à rappeler respectueusement que nous avons pris part à des conflits auparavant, même avant de porter des « casques bleus »: au Congo, dans la poche de Médac des Balkans, lorsque nous avons affronté les Turcs pour prendre l’aéroport de Nicosie après l’invasion turque et que les deux parties ont essuyé des pertes. Le régiment aéroporté a gagné ce combat au fait.
Pourquoi a-t-on choisi le 9 août? Comme l’a indiqué mon collègue, c’est le 9 août que l’avion a été abattu. Il avait décollé d’Ismaïlia et remonté la côte méditerranéenne; il avait fait escale à Beyrouth, se dirigeait vers l’intérieur et avait obtenu la permission d’atterrir quand il a été ciblé par trois missiles. Le pilote a réussi à échapper au premier missile. Le deuxième missile a frappé un moteur et le troisième a emporté la queue, ce qui fait que personne n’a survécu.
Les Syriens n’ont jamais voulu admettre leur responsabilité, parce qu’ils pensaient qu’il s’agissait d’un avion d’attaque israélien. C’est une explication un peu difficile à avaler, mais c’était leur interprétation.
Durant mon affectation au Moyen-Orient comme officier supérieur de liaison pour l’ONU entre Syriens et Israéliens, j’ai appris à bien connaître l’officier délégué supérieur arabe de Syrie. Je n’ai pourtant jamais réussi à lui faire admettre qu’ils avaient commis une erreur. Il m’a dit simplement, « Le commandant de batterie n’est plus aux commandes. Il est allé retrouver son grand-père. » Vous pouvez imaginez ce que cela veut dire, du moins dans le monde arabe.
Certains d’entre nous avons visité le site, interdit pendant de nombreuses années. Avant que les Canadiens ne se retirent du Golan il y a un an, le contingent a eu la permission d’y aller et d’y tenir une cérémonie. Je ne pense pas qu’aucun des proches survivants n’ait eu la chance de visiter les lieux, qui se trouvent juste à l’extérieur d’une petite ville du nom de Dimashq.
Les restes de ces Canadiens... En passant, il y a deux membres de notre section de Calgary: le lieutenant-colonel à la retraite — qui était lieutenant à l’époque — Rick Wright était officier des transmissions et était en communication au moment où il y a eu silence à la radio et où l’on s’est demandé ce qui était arrivé à l’avion. De toute évidence, les Canadiens chargés du contrôle des mouvements à Damas ont fini par transmettre le message que l’aéronef manquait à l’appel. Je voulais vous mentionner aussi un sergent retraité de la section d’Ottawa, l’adjudant-chef Bruce Reid, qui a participé au chargement des neuf boîtes de munitions dans le Hercules qui faisait chaque semaine le ravitaillement, envoyé d’Allemagne pour recueillir les restes. Le 9 août a donc une profonde signification pour nous.
J’ai mentionné les proclamations. J’ai remis au greffier des exemples de certaines des proclamations: celles du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de Calgary bien sûr, et quelques autres que vous pourriez vouloir examiner. Je suis sûr que si le projet de loi est adopté, quelqu’un en arrivera à une formulation convenable.
Je m’en voudrais de ne pas parler du Monument national dédié au maintien de la paix, ici à Ottawa. Il a été construit par le colonel à la retraite John Gardam, un homme fort généreux. Nous avons mis bien du temps à convaincre la CCN (la Commission de la capitale nationale) et d’autres intéressés de l’ériger. Nous avons organisé un grand défilé sur le site au mois d’octobre: des contingents seront venus rendre hommage à tous ceux qui ont sacrifié leur vie. John, le conservateur du monument, nous informe que si le projet de loi est adopté, ou quand le projet de loi sera adopté, le défilé d’anniversaire sera déplacé du mois d’octobre au 9 août.
En ce qui concerne Calgary, j’aimerais ajouter une petite note personnelle. Il y a deux parcs à Calgary, situés dans un des secteurs de réaménagement de l’ancienne base des Forces canadiennes Calgary. À la Garnison Green, il y a le Parc du gardien de la paix entre des terres de la Société immobilière du Canada, entretenu annuellement par Anciens combattants Canada et notre association. Nous avons amassé les 1,6 million de dollars nécessaires à la construction de ce parc et érigé un tableau d’honneur sur lequel sont inscrits 168 noms. En fait, les 22 derniers noms sont en train d’être gravés, maintenant que le beau temps est arrivé, en prévision de la cérémonie du mois d’août. Le deuxième tableau porte l’inscription de toutes les missions. À droite se trouve une statue de bronze plus grande que nature d’un gardien de la paix « armé » — et je souligne le mot — un gardien de la paix qui offre une poupée à un enfant abandonné. Ce parc a été inauguré en 2004.
Le deuxième parc a été aménagé à quelque 400 mètres de l’autre, et il porte le nom de Buffalo Park. Nous avons réussi à obtenir de la force aérienne une hélice qui n’était plus utilisable, je pense. On l’a installée sur un piédestal, où se trouvent une description des événements du 9 août 1974 et une liste des membres des familles des victimes. Nous avons en fait amassé les fonds pour faire venir par avion 38 parents survivants et leur payer l’hébergement et le transport. Le parc a été inauguré par la ministre des Anciens combattants de l’époque, Mme Albina Guarnieri, qui n’a malheureusement pas pu se déplacer parce qu’elle recevait Smokey Smith ici à Ottawa. Nous avons donc tenu la cérémonie sans elle. Nous sommes très fiers de ce parc.
Par ailleurs, la municipalité de Calgary a rebaptisé les 13 rues du secteur à la mémoire de gardiens de la paix de renom, d’hier ou d’aujourd’hui, tels Dallaire, MacKenzie, Tom Hope et le caporal MacLean, qui a perdu les deux jambes suite à une explosion dans le Sinaï le dernier jour de son affectation. Des personnes de ce calibre... Bruce Henwood a perdu les jambes suite à une explosion au Koweït. C’est donc tout un hommage rendu aux gardiens de la paix.
J’ai parlé de la cérémonie de 2005. L’an dernier, le ministre actuel des Anciens combattants, , en a été l’hôte. Encore une fois, nous avons assisté au défilé aérien d’appareils Buffalo du 442e Escadron de Comox. En fait, nous voulions avoir neuf représentants de l’équipe canadienne de parachutisme, mais à cause du cisaillement du vent, quatre parachutistes seulement ont réussi leur saut... enfin, les cinq autres n’ont pas sauté. Ce que je veux dire, c’est que quatre parachutistes sont sortis dans un premier temps, puis qu’ils ont dû interrompre les sauts à cause du vent. C’était extrêmement spectaculaire — une journée riche en émotions, comme c’est le cas chaque année, en particulier pour les proches survivants, non seulement les proches des « neuf victimes du Buffalo », comme nous les appelons, mais aussi pour d’autres personnes qui ont perdu des membres de leur famille, comme le professeur Goddard de Calgary.
J’ai laissé des exemplaires de nos programmes. Je sais que je peux avoir l’air sentimental quand je vous parle de Calgary, mais c’est un endroit qui nous tient à cœur.
Pour conclure, nous de l’Association du Canada des anciens combattants de la guerre du Golfe appuyons ce projet de loi sans réserve. Pour employer une expression que nous avons entendue hier dans le cadre d’une autre réunion, cela ajoute certainement de la valeur à la reconnaissance que nous accordons aux anciens combattants. Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous pour vos exposés et vos manifestations d’appui. C’est un honneur pour moi de parrainer ce projet de loi et je suis très fier d’exercer ce rôle. Ce n’est qu’une coïncidence que je fasse partie de ce comité et qu’un projet de loi à l’initiative d’un de ses membres soit confié à ce même comité. Il s’agit d’une coïncidence heureuse pour moi. Je suis reconnaissant de tout le soutien exprimé.
J’aimerais rendre à César ce qui appartient à César. On a déjà parlé des efforts déployés par le passé, à Calgary et dans d’autres régions que vous avez mentionnées, M. Ethell, pour faire avancer l’idée d’une Journée des gardiens de la paix. Comme vous l’avez dit, plusieurs provinces et municipalités ont déjà proclamé cette journée.
Un membre de la Légion d’Elliot Lake, dans ma circonscription, est venu me voir pour me dire, « Ne serait-il pas temps, enfin? ». C’est agréable de voir des initiatives individuelles faire boule de neige grâce à l’appui de grandes organisations. Je fais allusion à Robert Manuel, d’Elliot Lake, un membre de la Légion d’Elliot Lake et ancien combattant de la guerre de Corée. Il m’a dit: « Ne serait-il pas merveilleux d’avoir une journée nationale de reconnaissance? » Je tiens par conséquent à remercier Robert Manuel de m’avoir encouragé à faire avancer ce projet de loi.
Il s’inspire en gros du modèle ontarien du projet de loi. S’il y a de petits rajustements à faire, je suis certain que si le projet de loi va de l’avant, ce que je souhaite ardemment, le comité pourra s’en charger. Nous pouvons discuter, s’il y a lieu, de la traduction française de l’expression « maintien de la paix » et du nombre de personnes, qu’il s’agisse de 164 ou de 160, ou de la possibilité de le supprimer. Des rajustements mineurs ne poseraient pas de problème.
Je suis très content d’entendre, et aucun député ici ne dirait le contraire, que notre participation aux rencontres avec des anciens combattants dans nos circonscriptions figure parmi les faits saillants de notre calendrier annuel. Cela n’enlève rien au jour du Souvenir ni à la semaine du 11 novembre que d’autres journées durant l’année rappellent au public l’importance de rendre hommage à nos héros.
Cela montre à mon avis l’ampleur qu’a pris le mouvement du souvenir. Nous pouvons remercier pour cela la Légion, toutes les autres associations d’anciens combattants à l’échelle du pays, de même que les organisations locales de cadets et les bénévoles qui veillent à ce que la population n’oublie jamais comment nous sommes arrivés là où nous sommes.
Je pourrais avoir le temps de traiter d’une question, l’idée qu’il faudrait inclure d’autres groupes que les militaires — on a mentionné la police, les diplomates et les civils — dans l’esprit du public et de ceux qui organisent les événements locaux. Personnellement, j’aimerais que l’on fasse attention de ne pas définir à l’excès, parce que dans l’esprit d’une personne, une telle activité pourrait équivaloir à du maintien de la paix alors qu’elle ne le serait pas aux yeux d’une autre Je voulais en fait éviter les définitions dans le projet de loi, le laisser ouvert aux interprétations, afin que le plus vaste public se sente à l’aise.
Trouvez-vous qu’il est nécessaire de mentionner les civils et les diplomates, ou, aussi simple que soit le projet de loi, pouvez-vous l’interpréter comme suffisamment vaste pour inclure l’ensemble des personnes ayant participé au maintien de la paix? La version simple est-elle suffisante?
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Nous devrions inviter ces messieurs à la période des questions; nous pourrions aborder beaucoup plus de questions si chacun était aussi bref.
Premièrement, messieurs, merci beaucoup d’être venus témoigner devant nous aujourd’hui sur ce sujet important. Permettez-moi de vous souhaiter une joyeuse Journée internationale des travailleurs en ce 1er mai.
Toute cette semaine, comme vous le savez, on célèbre dans mon pays natal, la Hollande, la libération du 5 mai. Le 4 mai, à Halifax, nous allons rendre hommage aux plus de 5 700 Canadiens qui reposent en sol néerlandais. Je vous remercie donc pour cela.
Mercredi dernier, j’ai eu l’honneur de participer, à Gagetown, à la cérémonie à la mémoire des huit soldats morts dernièrement. Un journaliste qui était sur place m’a dit, « Vous savez, c’est le plus grand nombre de pertes de vie enregistré en un jour depuis le conflit de Corée », et je lui ai répondu, « Non, il y en a eu d’autres », en lui mentionnant les neuf victimes de cet incident en particulier. Il n’était pas du tout au courant.
Je vous remercie encore une fois de répéter pour que nous en prenions note, pour les personnes qui liront nos commentaires, je suppose, ce qui s’est passé en ce jour fatidique du 9 août, parce que nous avons tendance à l’oublier. C’est pourquoi j’estime qu’une reconnaissance de ce genre dans le cadre d’une Journée nationale des gardiens de la paix, ou peu importe l’appellation que vous y donnerez, a de l’importance pour faire connaître ce qui s’est passé, particulièrement pour les proches de ces braves soldats.
J’ai très peu de questions à vous poser. Est-ce qu’on a ramené au Canada les restes de ces victimes?
Je vais partager mon temps avec mon collègue, M. Shipley.
Premièrement, je voudrais vous remercier, monsieur Griffis, de nous avoir transmis un élément d’information aujourd’hui, le fait que Kamloops aurait fourni le premier gardien de la paix. Je n’en étais pas au courant. Je ne savais pas que cet honneur nous revenait, mais je tiens à vous assurer que nous poursuivons la tradition, que nous continuons de collaborer activement au maintien de la paix.
Vous avez soulevé beaucoup d’autres points dans votre conversation aujourd’hui. Je rencontre les gars de Cold Lake à dîner la semaine prochaine et j’en profiterai pour leur transmettre vos salutations.
Je remarque, durant ce débat, que vous ne cessez d’employer l’expression « maintien de la paix » à la place de « gardiens de la paix ». C’est le titre que je préfère, en fait, parce que je trouve qu’il est plus général. Je ne sais pas si vous le faites inconsciemment ou si c’est votre sentiment aussi, mais je pense que de changer l’appellation « Journée des gardiens de la paix » en « Journée du maintien de la paix » intégrerait beaucoup plus de personnes, des personnes du genre dont nous parlions tout à l’heure, des hommes et des femmes venant de Kamloops ou d’à la grandeur du pays, qui se trouvent dans des lieux de conflits et qui déploient tous les efforts possibles pour le maintien de la paix.
L’autre point que l’on a soulevé, que je trouve assez intéressant, est la question de la date. Le 29 mai est reconnu comme la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies. Un certain nombre de points exprimés étaient très valables, à mon avis. Je pense qu’il serait merveilleux de pouvoir être ici et réellement prendre part à un événement d’envergure, plutôt que de tenir notre activité au mois d’août, mais ce n’est que mon opinion personnelle bien sûr. Je n’y avais même jamais pensé avant que le point ne soit soulevé ici par les membres du Bloc.
Mon autre préoccupation, c’est que j’aimerais m’assurer que nous allons inclure les diplomates et les civils. Si l’on prend l’exemple de Glyn Berry, tué en Afghanistan, je ne voudrais pas que des gens comme lui qui ont perdu la vie pour la cause soient exclus de cet hommage.
Voilà les quelques commentaires que je voulais présenter, et je cède le reste du temps qui m’est accordé à mon collègue Bev Shipley.
Encore une fois, je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup de questions.
Je veux remercier M. St. Denis de proposer un tel projet de loi, qui témoigne éloquemment du fait que le besoin existe depuis un certain temps.
J’aimerais aussi vous dire que j’ai vécu parmi les moments les plus extraordinaires de ma vie à Vimy, comme nous l’avons reconnu, lors d’un incident en particulier… Ce que le peuple canadien, les anciens combattants, ont donné, ils ont participé à ce qui fait que le Canada est reconnu dans le monde entier pour ce qu’il accomplit, pas toujours sur notre territoire natal, mais pour préserver la démocratie et la liberté. Je veux simplement dire merci au nom de ceux qui étaient là, de ceux qui ont pu y participer. M. St. Denis y était, M. Perron, le président, M. Anders et moi-même avons eu la chance d’y être.
Je voulais simplement mentionner cela.
Je vous ai écoutés. Je pense que ce que nous essayons de faire, c’est de rendre le projet de loi aussi significatif et exact que possible. Dans certains cas, nous jouons avec les mots, mais je pense aussi que l’expression « maintien de la paix » intègre toutes les personnes qui seraient reconnues par ce projet de loi, et je suis sensible à l’appui que vous exprimez à cet effet.
Mme Hinton a parlé d’inclure les diplomates et les civils. Je n’aurais pas d’objection à les inclure dans le premier paragraphe, après la mention des « nombreux membres des services de police canadiens ». Auriez-vous des observations à formuler à ce sujet? J’aimerais entendre ce que vous en pensez.
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Merci, monsieur le président.
Je réitère les remerciements déjà exprimés à M. St. Denis pour avoir fait avancer le projet de loi, à vous pour votre présence ici aujourd’hui et aux anciens combattants pour les services rendus au Canada.
Voici ce qui me préoccupe concernant ce projet de loi. L’immeuble dans lequel nous nous trouvons a été rasé par les flammes durant la Première Guerre mondiale et reconstruit par la suite. La tour à l’avant s’appelait la Tour Victoria. Évidemment, tout ce qui nous entoure ici porte le nom de Victoria parce que c’est la reine Victoria qui a désigné cet endroit la capitale du Canada. La tour a été reconstruite après l’édifice du Centre.
À cette époque, nous avions envoyé au front 10 p. 100 de notre population masculine. Nous parlons toujours de mettre les bouchées doubles, et nous l’avons certainement fait durant la Première Guerre mondiale. Nous avons envoyé 10 p. 100 de nos hommes au front, et 10 p. 100 d’entre eux, soit 1 p. 100 de l’ensemble de notre population masculine, ne sont jamais revenus vivants de cette Première Guerre mondiale.
La Tour de la Paix a été érigée par la suite, en guise de monument commémoratif pour la paix, particulièrement à la mémoire des soldats tombés au front. Il y a bien sûr le monument à Vimy, où nous avons rendu hommage aux 10 000 pertes et aux quelque 3 600 pertes de vie subies à cet endroit.
Une tradition est née à cette époque, c’est-à-dire que le drapeau serait mis en berne une fois par année pour rendre hommage à toute personne ayant péri durant son service pour le Canada. Les traditions incarnent la vie. Elles résonnent jusque dans la fibre même de l’identité d’une nation.
Pour moi, changer une tradition est une décision à prendre avec précaution, après mûre réflexion et analyse. Même si j’approuve tout ce qui a été dit ici au sujet des principes fondamentaux de ce projet de loi, je crains que l’on bouleverse une tradition qui remonte à 80 ans, celle de mettre l’unifolié en berne une fois par année afin de rendre le même hommage à tous les anciens combattants.
Je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi, mais c’est ce qui m’inquiète. J’aimerais savoir ce que vous pensez de cet aspect du projet de loi aussi.
Je remercie M Sweet de mentionner ce qui peut sembler être une question plutôt délicate, mais la grande majorité des gens, dans ma circonscription de Shearwater, aimeraient voir le drapeau en berne, surtout depuis l’assassinat des six personnes survenu récemment en Afghanistan. On pourrait le mettre en berne presque tous les jours, mais quel sens cela aurait-il alors? C’est un bon sujet de discussion, surtout pour les personnes qui ont servi et les membres des familles qui se retrouvent seuls une fois que les êtres chers ont fait l’ultime sacrifice.
Un des problèmes que j’ai toujours soulevés consiste à descendre le drapeau lorsqu’un membre du Parlement vient à décéder. Pour ma part, je ne tiens absolument pas à ce que le drapeau soit mis en berne si je décède. Qu’on le descende en l’honneur de ceux qui ont servi leur pays à des fins plus nobles que je ne l’ai fait.
Nous poursuivrons cette discussion, mais je pense que les commentaires de M. Sweet à cet égard sont pertinents.
Je tiens à vous remercier de mentionner la Bataille de l’Atlantique. Le grand jour est dimanche prochain. Je voudrais parler des marins marchands, étant donné qu’ils seront présents en grand nombre, et l’oubli dans lequel ils ont été plongés pendant terriblement longtemps. Mais sortir du port d’Halifax et quelques heures après, boum! coulés.... Ils ont servi autant que n’importe quel autre marin de la Force navale permanente. Cela prend parfois du temps pour lancer un processus et se souvenir de la cause, mais je me réjouis de voir que l’erreur a été corrigée. J’espère que ce projet de loi particulier sur cette journée du 9 août rallumera les passions des Canadiens et qu’ils comprendront ce qui s’est passé.
Il ne s’agit pas seulement de l’Afghanistan. Nous avons du personnel dans le monde entier qui sert en ce moment dans toutes sortes de pays, mais on n’entend pas beaucoup parler d’eux. Un type s’est tué en tombant d’une tour l’autre jour. On n’en a pas beaucoup parlé, mais c’était la 9e personne à trouver la mort, assez rapidement après les huit autres qui l’ont précédé, et pourtant on n’en a presque pas entendu parler. Je pense qu’on devrait se souvenir du mieux qu’on peut de chaque personne qui sert. Le rôle du ministère des Anciens combattants ne consiste pas seulement à se soucier de la santé et du bien-être de ceux qui restent, mais aussi de faire acte de souvenir.
C’est la raison pour laquelle je tiens à remercier chaleureusement madame Guarnieri pour les efforts du précédent gouvernement sur le Livre du souvenir, le septième livre à s’ouvrir dans cette salle. Malheureusement, ce livre ne se fermera jamais. Il n’est pas en ordre alphabétique, mais chaque nom qu’on y ajoute symbolise un énorme sacrifice de plus de la part de ceux qui ont payé le prix ultime.
Je tiens à vous exprimer à nouveau ma reconnaissance et je vous remercie de votre attention.
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Ce n'est pas grave, monsieur le président.
Pour résumer, j’apprécie sincèrement l’intervention de mon collègue, David Sweet, ainsi que les réponses données par nos témoins. Je peux vous assurer, au nom de tous les membres ici présents, que nous nous entendons réellement très bien, malgré le besoin qui se fait parfois sentir de prendre parti. Ce comité a toujours bien travaillé ensemble.
Je ne m’y opposerai certainement pas, en fait, j’apporterai mon soutien, en supprimant du projet de loi l’élément concernant la mise en berne. Ce qui s’est dit aujourd’hui m’a convaincu, et cela démontre au moins que la démocratie fonctionne.
Nous avons écouté les autres points attentivement. Personnellement, je préfère conserver « gardien de la paix » plutôt que « maintien de la paix », car cela permet d’identifier les personnes par opposition à l’opération ou à la mission, comme l’a dit M. Wharton. À mon avis, aucun de ces éléments ne nous empêchera d’avancer, je tiens à vous en assurer.
Mon collègue, M. Perron, est du même avis. Il a dit ce qu’il avait à dire, tout comme Roger. On va en venir à bout et continuer d’avancer. Nous le modifierons autant que faire se peut pour refléter les remarquables suggestions que nous avons entendues aujourd’hui. Je tiens à vous remercier profondément de votre énorme contribution.
Je suis le messager et le commanditaire. À nous tous, nous devons travailler ensemble pour entretenir le souvenir. Si cela permet d’ajouter une petite pierre de plus à cet édifice du souvenir, je serai satisfait. La forme définitive que cela prendra n’est pas si importante.
Ce sera ma conclusion. À moins que les témoins aient des commentaires, ou que mon collègue Roger souhaite intervenir, j’ai fini.