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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par ma déclaration préliminaire. Je vous fais toutes mes excuses, parce qu'elle n'est pas traduite. Je l'ai remise au greffier et il va se charger de la traduction.
Monsieur le président, mesdames et messieurs du comité, je tiens à vous remercier de nous avoir invités à venir vous parler aujourd'hui. Je m'appelle Tom Hoppe, et je suis le président national de l'Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix, l'ACVMP. Je suis accompagné de Larry Gollner, notre ancien vice-président qui dirige l'équipe des projets spéciaux. Larry a participé à l'élaboration de la nouvelle Charte des anciens combattants ainsi qu'aux travaux préliminaires concernant la déclaration des droits des anciens combattants et le rôle de l'ombudsman des anciens combattants.
En juin, j'ai eu l'occasion, à titre personnel, de jouer un rôle accessoire lors de la présentation d'un exposé devant ce comité. Aujourd'hui, M. Gollner et moi-même ne sommes pas ici à titre personnel, mais pour représenter notre association, d'autres anciens combattants canadiens et, en principe, les membres des Forces canadiennes en activité de service.
Durant les 14 dernières années, l'ACVMP a joué un rôle actif au sein du groupe des anciens combattants. Nous sommes reconnus pour avoir travaillé en collaboration et en harmonie avec le gouvernement et le ministère des Anciens combattants en vue d'améliorer les conditions pour tous les anciens combattants, jeunes et vieux. Nous avons aussi la réputation de faire nos devoirs et, à l'occasion, de contester le ministère des Anciens combattants. Mais nos contestations sont de nature constructive et elles se font habituellement dans le cadre du processus de consultation.
Nos réussites sont bien documentées. L'ACVMP a contribué à créer la ligne d'aide des anciens combattants, à préparer le terrain en vue de l'adoption du Projet de soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSVSO) et à obtenir l'approbation du Parlement pour la création de la Médaille canadienne du maintien de la paix. Notre association a en outre collaboré avec la Faculté de droit de l'Université de Victoria en vue de produire des renseignements bien documentés visant à faciliter l'élaboration des articles de la nouvelle Charte des anciens combattants.
L'ACVMP ne perd jamais de vue son rôle de représentation continue des intérêts des anciens combattants, tant les anciens combattants dits traditionnels que ceux de l'ère moderne. Notre association est parvenue à recruter deux membres en activité de service pour qu'ils se joignent à notre conseil d'administration. Cela nous permet de mieux comprendre les exigences des anciens combattants de l'ère moderne. Nous pouvons également compter sur des relations bien établies avec un certain nombre d'associations régimentaires. Ces relations nous confèrent une certaine crédibilité ainsi que la capacité de fournir des avis éclairés au ministère des Anciens combattants concernant les besoins de nos anciens combattants et de nos membres en activité de service.
En quoi cela intéresse-t-il le comité? Les renseignements que nous allons vous fournir aujourd'hui sont le résultat de nombreuses années de collaboration avec le groupe des anciens combattants, avec d'autres organisation connexes ainsi que d'une connaissance intime des besoins actuels des anciens combattants et des membres en service.
On nous demande constamment pourquoi est-ce si important de doter les anciens combattants d'un ombudsman? Actuellement, plus d'un demi-million d'anciens combattants sont représentés par diverses associations et organisations qui toutes concentrent leurs efforts pour satisfaire les besoins de leurs membres. Ainsi, il y a des organisations qui s'occupent des anciens combattants ayant participé aux guerres mondiales et d'autres qui voient davantage aux besoins des anciens combattants ayant participé aux opérations de maintien de la paix et à des missions de maintien de la paix de l'ONU. Certaines s'occupent des périodes de service ou d'activité, tandis que d'autres s'attachent au bien-être social de leurs membres. En raison de cette dynamique, l'ensemble des anciens combattants ne s'expriment pas d'une seule voix. Même si certains aimeraient bien nous faire croire qu'ils détiennent l'autorité requise pour parler en notre nom à tous, c'est faux.
En quoi les conflits et la politique internes des anciens combattants sont-ils importants pour le comité? Il est essentiel que vous compreniez que les organisations d'anciens combattants ont une incidence majeure sur la manière dont la législation les concernant est élaborée. Je suis persuadé que le ministère des Anciens combattants vous a expliqué que l'élaboration de la Charte des anciens combattants avait bénéficié de l'apport et du soutien de toutes les organisations d'anciens combattants. La vérité, c'est que les associations d'anciens combattants, même si elles ont joué un rôle actif dans le processus d'élaboration, ne disposaient ni du temps, ni des ressources, ni même de la permission de consulter leurs membres au sujet des changements déterminants ayant été formulés concernant la politique relative aux pensions. Sous couvert de protéger le secret du cabinet, le ministère des Anciens combattants a obligé une dizaine d'anciens combattants à respecter une ordonnance imposant le secret, ce qui a eu pour effet d'éliminer toute discussion significative et démocratique au sein du groupe des anciens combattants de la base.
Après l'adoption de la nouvelle Charte des anciens combattants, des consultations massives ont été tenues sur la formulation des règlements et des politiques, et ce, jusqu'au 6 avril de cette année, date à laquelle la nouvelle Charte a été proclamée. Le 6 avril, le sous-ministre à ce moment-là, feu Jack Stagg, avait déclaré que la Charte était achevée à 80 p. 100, mais qu'elle nécessitait quelques modifications. Il avait ajouté qu'il s'attendait à ce que le travail progresse rapidement à la fois sur la déclaration des droits des anciens combattants et sur la création du poste d'ombudsman pour les anciens combattants.
Peu après, le premier ministre avait renchéri sur la déclaration de M. Stagg. Depuis lors, sept mois ont passé sans qu'une consultation sérieuse ait eu lieu. Nous avons indiqué en diverses occasions que nous étions prêts à collaborer et que nous disposions de ressources considérables pour le faire, mais ACC a décliné poliment notre offre.
De toute évidence, le processus de consultation tant vanté bat de l'aile.
En somme, le groupe des anciens combattants est fractionné en nombreuses factions. Le processus de consultation est chancelant. Le problème se complique du fait que le soutien varie d'une organisation d'anciens combattants à l'autre, et il s'ensuit que, globalement, notre groupe manque d'uniformité.
Quelle est l'incidence de cette situation sur le ministère des Anciens combattants? Les fonctionnaires du Ministère clament trop souvent qu'un processus de consultation efficace était en place durant l'élaboration de la loi, des règlements et des politiques. Mais en réalité, toutes les associations n'ont pas été consultées, ce qui s'est produit plus d'une fois, et par conséquent, nous avons l'impression que la haute direction du Ministère a perdu la confiance et le respect de certaines organisations d'anciens combattants. Il faut comprendre la culture des membres des services militaires. Ils n'ont pas l'habitude de se plaindre et d'agir en-dehors de la chaîne de commandement. Toutefois, Anciens combattants Canada est non seulement très bureaucratique, mais il se montre aussi légaliste dans son processus.
Lorsqu'un soldat ou un ancien combattant blessé doit affronter le système inflexible, il n'a pas d'autre recours que de faire appel aux médias ou à la Cour fédérale. Et qui peut en effet contester la décision d'un ministère fédéral? La plupart des anciens combattants ou des associations ne disposent pas des ressources nécessaires pour le faire efficacement. C'est la raison pour laquelle nous pensons qu'en présence d'enjeux fondamentaux et de questions importantes concernant les anciens combattants en général, seul un ombudsman pourrait remettre en question la décision d'un ministère fédéral.
Comment le bureau de l'ombudsman devrait-il être structuré? Nous croyons que le modèle de fonctionnement et la définition du rôle de l'ombudsman des FC du MDN sont un bon exemple. À la différence que l'ombudsman des anciens combattants devrait avoir un mandat prescrit par la loi. Un bureau d'ombudsman offrira aux anciens combattants un recours vers lequel se tourner pour demander que l'on fasse enquête sur une politique ou un règlement afin de déterminer pourquoi les résultats ne sont pas satisfaisants et pour trouver une solution. Le nombre élevé de demandes de prestations présentées par les anciens combattants refusées en raison du processus initial de présentation de la demande en est un bon exemple. Naturellement, le refus de la demande de prestations présentée par un ancien combattant a pour effet d'empêcher l'ancien combattant de recevoir immédiatement les services d'ACC. Par ailleurs, on s'inquiète de la possibilité de chevauchement entre le RARM et les nouveaux programmes de rééducation découlant de la Charte des anciens combattants, et des répercussions sur la transition entre le statut de membre en activité de service des FC et celui d'ancien combattant.
Nous n'anticipons pas que l'Ombudsman des anciens combattants puisse contester une décision judiciaire prise par le TACRA, mais il pourrait y avoir une exception si l'invitation à le faire provient du Ministre ou du président du TACRA. À titre d'exemple, on pourrait citer l'enquête menée par l'ombudsman afin de déterminer pourquoi le TACRA a accumulé un tel retard dans le règlement des demandes. Il se pourrait aussi, en apprenant que le TACRA a rejeté leur demande, que certains anciens combattants aient l'impression qu'on les a laissés tomber et qu'ils s'adressent à l'ombudsman pour obtenir justice sans passer par la Cour fédérale. Pour trouver une solution à ce problème, nous envisageons quelques options et quelques démarches pratiques qui pourraient être mises au point afin que ces personnes puissent bénéficier de l'aide dont elles ont besoin pour porter leur cause devant la Cour fédérale.
Les députés et les bureaucrates comprennent que nous devons soutenir nos anciens combattants et nos membres en activité de service. Cependant, nous avons l'impression que la création de la fonction d'ombudsman des anciens combattants s'est embourbée dans les dédales administratifs. La mise en place de l'ombudsman des FC du MDN s'est révélée un succès; par conséquent, nous sommes d'avis que les anciens combattants méritent d'avoir eux aussi un recours vers lequel se tourner pour obtenir un traitement juste et équitable.
En conclusion, il est essentiel de comprendre le lien qui existe entre le groupe des anciens combattants et l'élaboration des politiques et des lois. Il est aussi important de comprendre l'évolution des effectifs au sein du groupe des anciens combattants, et quels sont les groupes vraiment représentatifs de tous les anciens combattants. En gardant ces préoccupations à l'esprit, l'Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix est d'avis que la création d'un poste d'ombudsman des anciens combattants est un élément essentiel de l'introduction de la nouvelle Charte.
Le gouvernement de l'époque a déclaré que la nouvelle Charte des anciens combattants était une loi d'une importance cruciale qui risque d'avoir une incidence sur des dizaines de milliers de membres en activité de service et d'anciens combattants. Par conséquent, étant donné que la Charte des anciens combattants n'a pas encore fait ses preuves, qu'un nombre croissant de blessés rentrent au pays après la mission en Afghanistan, et compte tenu de la division qui règne au sein de la collectivité des anciens combattants, il est clair que la création d'un poste d'ombudsman est absolument dans l'intérêt de nos anciens combattants ainsi que dans celui du ministère des Anciens combattants.
Merci de m'avoir permis de vous présenter cet exposé, monsieur le président. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions qui nous permettront de vous en dire un peu plus que durant cette brève déclaration.
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Monsieur le président, j'aimerais ajouter aux commentaires de Tom que tous nos membres sont soit des anciens combattants ou leur conjoint immédiat. Nous avons également des liens avec un certain nombre d'associations régimentaires et de corps au sein des forces armées. Cela nous permet, comme l'a mentionné Tom dans sa déclaration préliminaire, de compter des membres en activité de service au sein de notre conseil d'administration.
Au sein de mon propre comité, pendant l'étude sur élaboration du projet de loi C-45, le texte de la nouvelle Charte des anciens combattants, j'ai eu la chance de compter deux membres blessés des Forces canadiennes. Ils ont apporté un caractère poignant aux discussions, et les points qu'ils ont soulevés n'avaient rien de théorique. Ils ne reposaient pas sur la compétence juridique ou sur qui était concerné. Non, ils parlaient de leur propre situation et de celle de leur famille, et ils expliquaient quelles seraient les répercussions de la nouvelle Charte des anciens combattants sur eux dans le futur.
Le caractère immédiat des commentaires que nous pouvons fournir est assez différent de celui disons, par exemple, de la Légion royale canadienne — dont je suis, en passant, un membre actif, si vous me permettez de le préciser — qui administre un grand bureau ici, à Ottawa, a du personnel compétent, et une structure de commandement dans l'ensemble du pays, comme chacun sait. La Légion compte plus de 400 000 membres; cependant, son contact avec les membres en activité de service est beaucoup moins fréquent que pour un groupe comme le nôtre. Il est certain qu'elle entretient certains contacts, et qu'elle accomplit un excellent travail dans divers domaines, dont le moindre n'est pas de fournir des conseils aux demandeurs de prestations auprès du ministère des Anciens combattants.
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C'est extrêmement important.
Nous savons que les membres en activité de service sont habitués à pouvoir compter sur un ombudsman dans les forces canadiennes, et cette décision a donné de très bons résultats.
Mais, comprenez-moi bien, le personnel du ministère des Anciens combattants fait de l'excellent travail, et tout son possible en première ligne, mais il arrive parfois que les anciens combattants, en raison des politiques et de la structure bureaucratique d'ACC, se retrouvent pris au piège des méandres administratifs. Au MDN, les membres ont un dernier recours, mais les anciens combattants n'ont nulle part où s'adresser. Comme je l'ai mentionné déjà, les soldats vont faire leur possible pour suivre la chaîne de commandement, mais il arrive toujours un moment où ils ont besoin de s'adresser à quelqu'un. Comme il n'y a rien de prévu, il leur reste les médias.
Le poste d'ombudsman des anciens combattants est d'une importance primordiale parce qu'il permettra aux anciens combattants de s'adresser à lui pour lui présenter un cas susceptible de représenter un problème systémique, comme la relation existant entre le RARM et la nouvelle Charte. Parce qu'il s'agit bien d'un problème systémique.
L'ombudsman pourrait examiner la question, résoudre le problème et améliorer l'efficacité du Ministère. Ce serait utile pour les anciens combattants. Oui, c'est d'une importance primordiale pour eux.
Larry, aurais-tu quelque chose à ajouter?
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Pour poursuivre dans la foulée de ce que vient de vous dire Tom, j'ajouterais que nous entendons souvent de la part de nos collègues du Ministère — nous les appelons nos « collègues » parce que nous avons appris à travailler en étroite collaboration avec eux au fil du temps — que nous disposons déjà du Tribunal des anciens combattants (révision et appel) et que cette instance peut régler toutes les revendications des anciens combattants.
Eh bien, les Forces canadiennes disposent quant à elles d'une procédure de règlement des griefs. Il s'agit d'une procédure judiciaire officielle qui est établie depuis des générations.
Avec la création de l'ombudsman des Forces canadiennes, le Ministère ne s'est pas effondré. Au contraire, il me semble qu'il se débrouille bien, et que les personnes continuent d'avoir recours à la procédure de règlement des griefs. Et si toutefois elles ne sont pas satisfaites du résultat, avant de s'adresser à la Cour fédérale, elles disposent d'un autre recours et peuvent faire appel à l'ombudsman.
L'autre facteur est qu'il y a certaines choses que le Ministère aimerait bien confier à l'ombudsman, parce qu'il existe une interface entre le ministère de la Défense nationale et celui des Anciens combattants.
D'après les échanges que j'ai eus avec ma propre association régimentaire, je sais que si nous éprouvons des difficultés à l'heure actuelle avec les blessés qui reviennent d'Afghanistan, c'est parce qu'il existe une zone grise entre les deux ministères. Ce n'est pas faute d'essayer de résoudre le problème et ce n'est pas non plus nécessairement en raison de la politique. Les deux ministères sont déjà passablement bien synchronisés.
Le problème s'est aggravé avec l'adoption de la nouvelle Charte des anciens combattants. En effet, la nouvelle Charte a été adoptée le 1er avril, et très peu de temps après, nous avons commencé à nous occuper des pertes.
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Je n'ai pas de bagage dans le domaine juridique, mais j'ai pris connaissance des témoignages présentés à ce comité, et je répondrais qu'il y a deux visions.
Dans le meilleur des mondes, ce serait formidable s'ils avaient le pouvoir et le mandat de rendre compte au Parlement, mais cela risque de prendre beaucoup de temps. Si on considère le modèle actuel qui a été adopté au MDN, pas celui d'il y a neuf ans, mais celui d'aujourd'hui, on constate que cela fonctionne bien, même si l'ombudsman fait rapport au Ministre.
D'un point de vue pratique, ce modèle risquerait d'être difficile à appliquer, par exemple, s'il survenait un problème pendant que la Chambre fait relâche ou qu'aucun comité n'est disponible, alors qu'il est toujours possible de contacter un ministre.
À titre d'organisation, nous tenons à ce que l'on mette en place un système efficace et qui fonctionne bien. D'après ce que nous avons pu constater jusqu'ici, l'ombudsman du MDN semble fonctionner très bien. Nous serions en faveur d'un modèle de ce genre, mais ce serait encore mieux si son mandat était prescrit par la loi.
Messieurs, merci encore.
Vous avez également mentionné que lorsque quelqu'un relevant du ministère de la Défense éprouve une difficulté, il peut faire appel à l'ombudsman. Je vous rappelle que ces personnes peuvent également s'adresser à leur député, tout comme les anciens combattants, ou de temps en temps, aux sénateurs.
L'une des préoccupations de l'ombudsman de la défense toutefois tient à ce qu'il ne peut revenir en arrière indéfiniment. Certaines choses se sont produites avant sa nomination, et il est impuissant dans ces cas-là.
En octobre 2003, André Marin a produit un rapport sur le RARM dans lequel il demandait que l'on modifie les règles particulières. Nous sommes aujourd'hui en novembre 2006, et rien n'a encore été fait. Nous avons eu le temps de vivre deux élections et de voir deux gouvernements se succéder. L'ombudsman avait expliqué très clairement ce qui devait être fait, et pourtant, rien n'a bougé. Si vous êtes prestataire du RARM, imaginez ce que vous devez penser de l'ombudsman aujourd'hui. Vous vous êtes adressé à lui, vous avez fait la démarche, vous avez expliqué votre cas, il s'est dit d'accord avec vous, il a fait ses recommandations au gouvernement, et deux gouvernements plus tard, il n'y a toujours rien de changé.
Donc, à moins — et je ne suis pas en train de dire qu'un ombudsman pourra jamais en bénéficier — de disposer des mécanismes juridiques requis pour modifier la politique, dans bien des cas, l'ombudsman ne joue qu'un rôle consultatif, il peut tout au plus faire des recommandations. En fin de compte, si le gouvernement ou le ministre décident de ne pas tenir compte d'une recommandation en particulier, ils ont toujours la capacité juridique d'agir comme bon leur semble.
Est-ce que vous ne pouvez pas comprendre la frustration des anciens combattants dans certains cas?
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Je reviens sur la question de savoir à qui l'ombudsman devrait rendre des comptes. On vient de recevoir M. Marin, l'ancien ombudsman de la Défense nationale et des Anciens combattants. Je crois qu'il a fait un superbe travail, à tel point qu'on lui a dit qu'on ne renouvellerait pas son contrat.
J'aime bien nommer les personnes, car notre séance est publique. Nous avons également reçu M. Leduc, qui est l'ombudsman à l'hôpital des anciens combattants de Sainte-Anne-de-Bellevue. Je ne sais pas si mes collègues seront d'accord avec moi, mais il est ressorti de cette rencontre que M. Leduc était un employé de la directrice générale de l'hôpital : il ne répondait qu'à ce à quoi elle voulait bien qu'il réponde. D'ailleurs, elle protégeait son ami M. Leduc lorsqu'on lui posait des questions.
Nous avons reçu M. Côté, qui est l'ombudsman de la Défense nationale. Personnellement, je n'ai pas été satisfait de sa prestation, parce qu'on pouvait voir qu'il avait les deux mains liées et qu'il ne pouvait pas tellement réagir à cause du système en place dans les Forces canadiennes. Ses patrons sont le général des Forces canadiennes et le ministre de la Défense. Il protège son emploi. Il ne veut pas mordre la main qui le nourrit.
Je ne blâme pas M. Leduc ni M. Côté d'agir ainsi, car ils protègent leur vie professionnelle. Cependant, ce serait perdre notre temps et faire fausse route que d'avoir un ombudsman des Anciens combattants qui prendrait le parti de son vrai patron, qui est le ministre, au lieu de celui des anciens combattants.
J'aimerais que vous fassiez des commentaires sur ce que je viens de vous dire. Si vous voulez vous abstenir d'en faire, je comprendrai, car je sais que vous êtes souvent mal placé pour répondre à une telle question.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, de vous être déplacés pour venir nous aider dans le cadre de cet important projet.
Avant d'aborder mes questions, à ma connaissance, votre organisation est la première à avoir mentionné les anciens combattants de la Guerre froide. L'un de mes électeurs, Chuck Miles, a manifesté beaucoup d'intérêt pour que l'on commémore dignement la participation des anciens combattants de la Guerre froide, dont beaucoup ont agi dans la clandestinité, et je vais lui faire part de vos efforts.
Le fait que nous consacrions pas mal de temps à entendre des témoins tels que vous sur la question de l'ombudsman laisse entendre qu'il s'agit d'une chose très compliquée, mais après avoir écouté M. Marin et M. Côté et quelques autres, je retiens quelques éléments fondamentaux. C'est réellement dans la mise en oeuvre et dans les mécanismes mis en place pour permettre aux anciens combattants de se faire entendre que se jouera le succès ou l'échec de cette initiative.
Êtes-vous d'accord que ce n'est vraiment pas sorcier, et que si l'on fait les choses correctement, cela ne prendra pas... ? Je pense que même M. Gollner a déclaré qu'il s'agissait d'un projet de loi assez simple. Pensez-vous qu'il soit nécessaire de consacrer encore beaucoup de temps à l'étude de cette question avant de déposer notre rapport?