Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour. Je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui et, surtout, je vous félicite tous d'avoir institué un Comité permanent des anciens combattants.
Je m'appelle Sean Bruyea et je suis accompagné aujourd'hui par Perry Gray et Tom Hoppe. M. Hoppe siège actuellement au comité consultatif de l'ombudsman du MDN et des FC, et ce depuis quatre ans. C'est aussi le militaire le plus décoré du Canada pour actes de bravoure depuis la Corée. M. Hoppe et M. Gray sont deux anciens combattants qui ont servi lors du conflit en ex-Yougoslavie, et tous deux sont des défenseurs passionnés des droits des anciens combattants et de leurs familles.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je félicite également le premier ministre Harper d'avoir fait les premiers pas pour honorer sa promesse de créer immédiatement un ombudsman pour le ministère canadien des Anciens Combattants et d'adopter une déclaration des droits des anciens combattants. J'aimerais également remercier le ministre Thompson d'avoir fait de cet ombudsman et de cette déclaration des droits ses plus hautes priorités.
Il y a longtemps que nous attendons ces mesures. C'est la commission Woods, en 1967, qui a recommandé pour la première fois que soit créé un ombudsman des anciens combattants. Cela fait déjà des années que l'Australie et les États-Unis ont créé des organes de ce type pour assurer un traitement juste et équitable aux anciens combattants et un recours confidentiel à l'intention de tous, en cas d'insatisfaction face au système.
Nous reconnaissons tous que ce que nous essayons de réaliser ici aujourd'hui, quel que soit notre point de vue, touchera directement les hommes et les femmes qui, alors même que nous parlons, mettent leur vie en jeu pour nous en Afghanistan. Ce ne sont pas des considérations abstraites. Nous parlons de chair et de sang.
Mes propos porteront sur la question d'un ombudsman pour ACC, et notamment sur le rôle, la vision et le mandat d'un tel organe; j'insisterai sur les raisons pour lesquelles il faut créer un ombudsman au plus vite. Il n'a d'ailleurs jamais été aussi urgent de créer un ombudsman indépendant pour ACC. La première vague de jeunes anciens combattants de l'Afghanistan revient pour mettre à l'essai les dispositions de la nouvelle charte des anciens combattants.
Bon nombre d'entre vous savent que cette charte a été créée en grande hâte et adoptée par la Chambre des communes en une seule journée, le 10 mai de l'an dernier, en se fondant sur l'appui tacite de groupes représentant essentiellement les anciens combattants de la Corée et de la Deuxième Guerre mondiale, auxquels ces dispositions ne s'appliquent pas!
L'actuel ministre des Anciens Combattants a donc certaines préoccupations à propos de cette nouvelle charte. La situation est explosive en raison des sept facteurs simultanés suivants: premièrement, un quart de million d'anciens combattants âgés et leurs familles et survivants font peser un poids croissant sur le système de soins de santé; deuxièmement, le projet de loi C-45 a été adopté à la va-vite sans avoir été mis à l'épreuve; troisièmement, le personnel de première ligne d'ACC est surmené et ne dispose pas de ressources suffisantes pour maintenir les anciens programmes tout en appliquant les nouveaux; quatrièmement, il y a incapacité ou refus de tenir les promesses du ministre antérieur de revoir tous les quatre mois la charte des anciens combattants; cinquièmement, les bureaucrates d'ACC s'opposent à la création d'un ombudsman, surtout s'il est doté de réels pouvoirs; sixièmement, le ministre et le gouvernement ont à maintes reprises « reconnu » la dette envers tous nos anciens combattants; septièmement, de jeunes anciens combattants blessés vont rentrer d'Afghanistan au moment même où le gouvernement fédéral cherche à accroître les effectifs des FC.
Je soupçonne que c'est notamment parce qu'il reconnaît le risque réel d'erreurs pouvant avoir des conséquences tragiques que le premier ministre a encouragé la création de ce comité et proposé la création d'un ombudsman parmi ses principales priorités. Je félicite le gouvernement pour sa volonté de créer un ombudsman, mais il faut veiller à ce que ce bureau soit puissant, indépendant et impartial. Le processus suivi actuellement risque fort peu de produire ce résultat.
Lorsque l'ombudsman du MDN et des FC a été créé, cette charge a été confiée dans un premier temps à un général qui a rédigé des plans établissant la version la plus inefficace et la plus édulcorée d'ombudsman, un ombudsman de type organisationnel qui n'a pas le pouvoir de présenter des rapports ni de faire enquête et qui est très peu indépendant. André Marin et son équipe ont consacré l'année suivante à lutter pour créer un bureau indépendant doté de réels pouvoirs d'enquête. Actuellement, un sous-ministre d'ACC a pour tâche de mener des consultations et de mettre sur pied un plan en vue de l'élaboration d'une déclaration des droits et d'un ombudsman.
Franchement, permettre à ACC de concevoir le bureau qui aura le pouvoir de le surveiller équivaut à demander aux chemins de fer de remanier l'Agence des transports du Canada ou à permettre aux banques de décider comment restructurer au mieux le Bureau du surintendant des institutions financières. Cela frise le scandale et cela n'est ni transparent ni responsable. Comme on dit, il faut non seulement que la justice soit rendue, mais aussi qu'il soit évident qu'elle a été rendue.
Si l'on veut créer correctement et immédiatement un poste d'ombudsman et une déclaration des droits, il faut rapidement nommer quelqu'un qui n'appartient pas à l'appareil gouvernemental ou constituer un comité indépendant et compétent pour qu'ils aient une dizaine de semaines pour préparer le modèle d'ombudsman.
L'ombudsman d'ACC devrait être un tiers neutre. Il devrait être un bureau indépendant et impartial, qui assure un traitement équitable à tous, notamment aux employés du ministère, qui participe au processus visant à assurer des soins, des traitements ou des services de réintégration à la vie civile aux anciens combattants ou aux membres de la GRC et des soins aux personnes à leur charge ou à leurs survivants. Cet ombudsman doit s'employer à changer pour le mieux toute la communauté visée par le processus.
Bien souvent il n'est pas nécessaire de réinventer la roue. Le plan d'action d'André Martin, intitulé « Allons de l'avant » et qui date de 1998, fournit des éléments de base qui s'appliqueraient également à l'ombudsman d'ACC. Ce dernier aurait des occasions constantes de régler les plaintes et les préoccupations et de promouvoir le changement en cas d'injustice et d'iniquité. Il aurait pour rôle de travailler en tenant compte des mécanismes existants de manière impartiale et indépendante. Non seulement il respecterait les mécanismes disponibles et leur fonctionnement, mais en outre il les renforcerait en donnant à ACC toutes les occasions raisonnables de résoudre ses propres difficultés avant que l'ombudsman n'intervienne officiellement.
Un ombudsman d'ACC aurait deux rôles essentiels: la représentation individuelle, et le suivi systémique assorti de présentation de rapports. Il y aurait représentation individuelle dans les cas où un ancien combattant est mal servi par le système. Comme l'annonce le site Web de l'ombudsman de l'Ontario:
...si vous croyez avoir été traité injustement par une organisation relevant du gouvernement provincial, vous pouvez déposer une plainte auprès de l'ombudsman.
Le sentiment d'injustice est crucial ici. Le problème peut être résolu en obtenant de l'information ou en téléphonant au ministère ou en demandant un examen administratif. Le but est de fournir de l'aide, non de craindre de froisser des susceptibilités dans l'appareil bureaucratique. Nous traitons avec des personnes qui souffrent, et non avec des joueurs d'échecs.
L'un des rôles de l'ombudsman d'ACC serait de surveiller la nature des plaintes individuelles, ce qui constitue une fonction de surveillance systémique. Si le nombre de plaintes ou la gravité et l'ampleur des questions soulevées dans un domaine particulier atteignent une masse critique, l'ombudsman pourrait lancer une enquête systémique. C'est sans doute ce qui est le plus important pour les divers intervenants, car un tel suivi systémique et la présentation de rapports peuvent permettre de cerner un problème et de recommander des modifications opportunes pour que d'autres anciens combattants ou d'autres intervenants ne rencontrent pas les mêmes problèmes ni n'en fassent les frais.
Les personnes pouvant avoir accès au bureau de l'ombudsman comprendraient, sans s'y limiter, les anciens combattants, les membres des Forces canadiennes et de la GRC, les familles de ces personnes, leurs médecins, les employés d'ACC et les fournisseurs à contrat. La portée du mandat devrait être relativement simple: tous les programmes, politiques, règlements et mesures législatives liés à ACC ou gérés par ce ministère. C'est un point de vue qu'appuie publiquement la Direction de l'Ontario de la Légion royale canadienne:
S'il est vrai que les membres de la Légion ont accès à une représentation gratuitement et qu'il existe de multiples niveaux de recours au sein du système de pension d'invalidité et de prime, la Direction de l'Ontario appuie la création de l'ombudsman dans toutes les affaires liées aux anciens combattants.
De nombreux observateurs ont indiqué par le passé que ce sont précisément les injustices et le manque d'efficacité du processus d'appel, de révision et de décision en matière de pension d'invalidité qui en font le plus problématique de tous les programmes d'ACC. Selon l'un des principaux experts canadiens des dispositions législatives relatives aux anciens combattants, Harold Leduc, qui siège aujourd'hui au Tribunal des anciens combattants (Révision et appel):
Anciens Combattants Canada a un système éprouvé de décision en matière de pensions, qui comprend un processus de révision et d'appel. En ce moment, ce système est détraqué, comme en témoigne le fait que bien trop de dossiers font l'objet d'appels devant le Tribunal des anciens combattants. Le système actuel doit être réparé si l'on veut maintenir sa crédibilité et si les programmes prévus dans la loi (C-45) doivent être bâtis sur la base de ce processus administratif. Même s'il convient que le statu quo est difficile à tenir, Anciens Combattants Canada refuse de régler le problème. La résolution de cette étape du processus réduira le nombre de dossiers renvoyés au Tribunal et rendra le processus plus efficace, ce qui permettra de réaliser des économies et de réduire les souffrances des anciens combattants. Un examen effectué par un ombudsman pourrait inciter ACC à réparer ce processus détraqué.
Vous trouverez dans les documents de référence que nous fournissons, le premier rapport de l'ombudsman indépendant d'ACC, publié l'automne dernier. La centaine de personnes qui y ont contribué conviennent avec la Direction de l'Ontario de la Légion et avec d'autres que le régime de pensions, entre autres, est détraqué. Même le vérificateur général l'a dit:
Nous avons constaté des différences en ce qui a trait au niveau et à la nature des conseils offerts par le Ministère aux personnes qui font une demande. Ainsi, dans certains bureaux, nous avons remarqué qu'on avait conseillé aux personnes présentant une demande d'indiquer des invalidités liées au service en sus de celles qu'elles avaient inscrites au départ. Dans d'autres cas, nous avons constaté que les conseils se limitaient aux affections décrites par les requérants.
Nous avons inclus une liste de 14 facteurs qui permettent de veiller à ce que l'ombudsman d'ACC soit parfaitement indépendant, impartial et efficace. La plupart représentent un minimum permettant d'éviter de se retrouver avec un ombudsman impuissant, neutralisé et dont les pouvoirs seraient essentiellement illusoires.
Sont surtout importants les pouvoirs en matière d'enquête, le pouvoir de présenter des rapports publics à l'initiative propre de l'ombudsman ainsi que le pouvoir de mener des enquêtes sur demande de l'ombudsman. C'est la responsabilité devant le public qui est le moteur du changement, comme l'ont démontré les derniers scandales à Ottawa et dans le monde des affaires. Si l'ombudsman ne peut pas s'appuyer sur le pouvoir de persuasion du public, sa capacité de susciter des changements diminue grandement.
Il faut tenir compte d'un autre facteur: la protection des personnes se prévalant du service. Cette protection devrait être analogue à celle fournie aux dénonciateurs. La confidentialité va de soi, mais la résolution des cas personnels exige souvent que l'on révèle des noms. La plupart des anciens combattants hésitent à faire valoir leurs droits par crainte de perdre les avantages d'ancien combattant dont ils sont, avec leurs familles, parfois totalement dépendants. Je peux vous dire personnellement que les bureaucrates disposent d'une myriade de moyens subtils et moins subtils de menacer de retirer ces garanties à ceux qui revendiquent. Les anciens combattants handicapés doivent savoir qu'ils seront à l'abri de tout examen, vérification ou représailles, sous quelque forme que ce soit, de la part du ministère s'ils devaient faire valoir leurs droits.
Pour que l'ombudsman soit effectivement indépendant, impartial et efficace, son bureau doit être doté des ressources nécessaires sur le plan du financement et de la main-d'oeuvre. J'ai présenté une liste des ressources exigées, surtout d'un point de vue organisationnel, pour que l'ombudsman d'ACC ait de réels pouvoirs. Un bassin suffisant d'enquêteurs compétents est d'une importance cruciale. Vous verrez également qu'un bureau indépendant doit disposer de services intégrés chargés notamment des finances, de l'administration, de la recherche documentaire et, surtout, des communications, afin de coordonner les projets avec les médias et le public de manière à pouvoir utiliser l'opinion publique comme moyen de susciter des changements.
On a beaucoup dit de l'ombudsman qu'il constituait un bureau de dernier recours. En principe, cela est vrai. Toutefois, dans bien des cas ce dernier recours n'a pas été accessible à certains anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, et pour bien des anciens combattants ayant servi pendant les années 90, qui sont toujours dans le système, l'ombudsman pourrait ne jamais être un dernier recours. Il faut donc adopter une approche beaucoup plus souple. Si les plaignants estiment qu'il y a injustice, rien ne devrait les empêcher de s'adresser au bureau de l'ombudsman. Ce bureau pourrait demander des mécanismes de révision efficaces ou téléphoner ou écrire à la direction appropriée, ce qui pourrait éviter aux plaignants de consacrer des mois, voire des années, à des révisions et des appels.
L'ombudsman de l'Ontario est souvent qualifié de bureau de dernier recours, mais il a reçu plus de 23 000 plaintes l'an dernier. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ces plaintes ont été résolues par un renvoi, par la fourniture de renseignements, par l'intervention de tiers ou même par un appel téléphonique au ministère concerné. Il n'y a eu que sept ou huit grandes enquêtes et entre 100 et 200 enquêtes sur place.
Il ne fait aucun doute que l'établissement d'un bureau d'ombudsman d'ACC peut être compliqué. Toutefois, comme l'a déclaré André Marin:
Le ministre des Anciens Combattants pourrait simplement signer une directive ministérielle pour permettre de faire appel au bureau de l'Ombudsman. On pourrait également trouver une solution plus appropriée, c'est-à-dire adopter une loi créant un bureau de l'Ombudsman conjoint des Forces canadiennes et d'Anciens Combattants Canada qui relèverait du ministre de la Défense nationale en ce qui a trait aux questions touchant le MDN et les FC, et du ministre des Anciens Combattants au chapitre des enjeux liés à Anciens Combattants Canada.
La vérité, c'est que l'organisation ministérielle constitue un obstacle technique, et non pas une structure qui nous empêche de faire ce qu'il faut. Les bons gouvernements ont pour principe de ne jamais permettre à des obstacles techniques de les empêcher de faire ce qu'il faut. On devrait plutôt gérer et surmonter les obstacles techniques.
Pour l'ombudsman, bien faire signifie laisser faire les bonnes personnes. Il serait injuste et mal avisé de soumettre ce processus à une étude plus longue que nécessaire ou de le confier à l'appareil bureaucratique ayant besoin de surveillance. Des agents indépendants pourraient être embauchés sur simple demande du ministre. On établirait et rendrait publics les délais visés, ce qui rétablirait la confiance des anciens combattants et de leurs familles.
On pourrait honorer la promesse électorale de créer immédiatement un poste d'ombudsman. La création d'un poste d'ombudsman est une question urgente. Pourtant, nous devons tirer des enseignements des erreurs de la nouvelle charte des anciens combattants en prenant les mesures nécessaires pour que le nouvel ombudsman d'ACC soit puissant, indépendant et impartial. Nous devons veiller à ce que notre nouvel ombudsman d'ACC soit correctement créé et créé immédiatement.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des anciens combattants, merci. Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Monsieur Perron a soulevé un point que je suis peut-être en mesure de préciser.
Si j'ai bien compris, l'ombudsman de la défense... lorsque vous êtes libéré de l'armée, que vous avez terminé votre service, vous n'avez plus accès à cet ombudsman. C'est la raison pour laquelle cet ombudsman...
M. Sean Bruyea: Non, c'est faux.
Mme Betty Hinton: Vraiment? C'est pourtant ce que j'ai cru comprendre.
Je vous laisserai le soin de réfuter cela plus tard. Voici ce que je veux dire.
J'ai l'impression de connaître M. Bruyea depuis très longtemps, et Louise Richard aussi. Ils ont fait un travail extraordinaire. Je n'aurai sans doute jamais d'autre occasion de le dire et je veux que ce que j'ai à dire aujourd'hui soit consigné dans le compte rendu.
Mes discussions avec M. Bruyea et avec Louise Richard ainsi qu'avec de nombreux autres anciens combattants dans tout le pays m'ont appris l'existence de nombreux obstacles dont j'étais totalement inconsciente. À la suite des discussions que nous avons eues au cours de cette période relativement longue, je me suis adressée au chef de mon parti, qui était à l'époque le chef de l'opposition, et je lui ai fait part de toutes les préoccupations que l'on m'avait communiquées dans tout le pays. Mon chef, qui est maintenant premier ministre, m'a dit de préparer un projet de loi en vue du congrès du Parti conservateur du Canada, ce que j'ai fait. Mon projet contenait sept engagements, dont les deux suivants:
Un gouvernement conservateur traiterait tous les anciens combattants avec respect et établirait une déclaration des droits des anciens combattants pour que les différends concernant ces anciens combattants soient réglés rapidement, équitablement et sur la base des présomptions favorables aux droits des anciens combattants.
Et la seconde:
Le Parti conservateur recrutera immédiatement les services d'un ombudsman dont le mandat sera semblable à celui de l'ombudsman de la Défense nationale.
Je cite cela pour une seule et unique raison. Je sais que vous avez parfois l'impression de crier dans le désert. Je suis ici pour vous dire que vous avez été entendus. Les préoccupations que vous nous avez communiquées à titre d'anciens combattants des temps modernes font écho à celles des anciens combattants d'autrefois. Je vous en donne pour exemple le lieutenant-colonel Al Trotter, qui a connu le même genre de difficultés que vous. Nous avons finalement réglé son cas, au bout d'un an et demi.
Ce poste d'ombudsman sera créé parce que des gens comme vous et comme Al Trotter nous ont exposé leurs besoins.
J'ai une question à vous poser, mais je veux d'abord vous dire que, selon moi, vous, Louise, Perry, Tom et tous les autres qui nous ont parlé au fil des ans, vous laisserez un héritage qui vous survivra longtemps. Il y aura un ombudsman.
Aujourd'hui, nous voulons vous entendre à nouveau nous expliquer ce que devrait être le poste d'ombudsman, ce que devraient être ses pouvoirs.
Ces questions relèvent de notre comité, et nous essayerons de trouver les meilleures solutions pour tous les anciens combattants concernés. L'information que vous nous fournissez lorsque vous exprimez vos opinions et que vous nous faite part de votre expérience a une valeur extraordinaire. Je sais que parfois vous avez l'impression de ne pas être écoutés, mais je tiens à vous dire que vous êtes entendus et que votre héritage est extraordinaire.
Je vais vous donner l'occasion, si vous le voulez, de détailler un peu certains des points que vous avez soulevés dans votre déclaration préliminaire, car je sais que nous avons peu de temps et que le domaine est vaste. Allez-y.
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Eh bien, merci beaucoup, madame Hinton. Je vous suis reconnaissant de ces commentaires. J'en ferai part à d'autres anciens combattants qui, je le sais, ont dû lutter. Je suis convaincu que vos paroles les toucheront autant que moi, sinon plus.
Dans l'annexe à mon mémoire, il y a un certain nombre de considérations, des considérations minimales, qui intéressent la création du poste d'ombudsman. J'aimerais que le comité les étudie sérieusement pour que l'ombudsman représente et respecte véritablement la dignité, l'héritage et les sacrifices des anciens combattants au Canada.
Parlons maintenant un peu plus en détail de l'ombudsman. La création de ce service va éveiller de grandes craintes au sein de la bureaucratie. Il y aura des craintes, c'est certain. Je tiens toutefois à souligner que l'ombudsman est là également pour les bureaucrates. Il n'est pas là seulement pour les employés qui, peut-être, ont l'impression d'être mal gérés ou ont des griefs à formuler. Il aidera aussi les gestionnaires. C'est un outil efficace.
Lorsque j'étais dans les forces armées, en tant que gestionnaire et que leader, je voulais connaître la vérité. Je voulais savoir ce qui se passait vraiment, pour que mon équipe soit aussi efficace que possible. J'espère que la même philosophie prévaut au ministère des Anciens Combattants, que les gestionnaires, qu'il s'agisse du sous-ministre, du sous-ministre adjoint ou d'un simple superviseur de district, veulent connaître la vérité, pour assurer l'efficacité de leurs services et de leurs programmes. J'espère qu'ils veulent savoir s'ils répondent vraiment aux besoins de leurs clients.
Ironiquement, le ministère des Anciens Combattants a cette particularité — et corrigez-moi si je me trompe — que 99,9 p. 100 de sa mission consiste à servir ses clients. Pourtant, il n'a pas de cellule de relations avec la clientèle, aucun mécanisme pour vérifier s'il fournit efficacement des services aux anciens combattants. Il a bien des mécanismes internes, mais nous ne voyons jamais les données qu'ils recueillent.
Si je vais à Bureau en gros ou chez Home Depot, je ne passe pas d'abord à la caisse — pour voir ce que je peux donner à l'entreprise. Je vais droit au comptoir du service à la clientèle — pour voir comment on peut m'aider, de quelle façon l'entreprise encourage une relation de confiance.
C'est ce qui doit venir en premier. Nous devons rétablir la confiance entre le ministère qui fournit les services et les anciens combattants. Tout est question de confiance. C'est ainsi que l'on va au combat. Vous devez faire confiance à celui qui est à vos côtés, à vos dirigeants, à vos subordonnées.
Le ministère des Anciens Combattants doit changer de philosophie, de position face aux forces armées. Le ministère préconise le recrutement prioritaire dans la nouvelle déclaration des droits des anciens combattants, ce qui indique probablement qu'il ne comprend pas cela. Pourtant, d'après des statistiques récentes — et je peux vous les montrer —, Anciens Combattants Canada compte moins de cinq employés qui sont d'anciens membres des forces armées.
Alors si Anciens Combattants Canada veut vraiment recruter des anciens combattants et comprendre leur culture, il doit écouter, écouter les anciens combattants comme nous, et nommer un ombudsman qui peut défendre avec énergie et à point nommé les anciens combattants que nous sommes.
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Je vais m'efforcer d'être bref, pour que vous puissiez poser cette autre question, monsieur Shipley.
Je répondrai aux points 1 et 7, et Tom parlera du point 12.
Le bureau de l'ombudsman a absolument besoin de pouvoirs d'enquête véritables et solides. L'ombudsman pourrait alors exiger des dossiers ou consulter des dossiers du ministère. Il pourrait obliger le ministère ou les personnes concernées à témoigner au sujet de la situation faisant l'objet de l'enquête.
Les pouvoirs d'enquête seraient en outre dans une large mesure améliorés par la formation des enquêteurs, alors nous tenons à ce que l'on prévoit recruter du personnel compétent.
Dans les modèles en place en Europe, en Allemagne, et même dans ce que nous voyons ici au Canada, chez l'ombudsman de la CBC, ce sont les pouvoirs d'enquête qui font l'ombudsman. Si l'ombudsman ne peut pas convoquer les représentants du ministère, s'il ne peut pas les obliger à répondre dans les délais prescrits, alors essentiellement son enquête n'aboutit à rien. Nous devons veiller à lui donner des pouvoirs plus vastes pour qu'il puisse mener ses enquêtes, et de cette façon, nous obtiendrons de meilleurs résultats, plus rapidement, plus efficacement.
Pour ce qui est du point 7, la loi sur les dénonciateurs, je ne suis pas certain du lien. Est-ce que cela viendrait s'ajouter à la loi sur la protection des dénonciateurs? Est-ce que nous devrions modifier la loi pour y inscrire les anciens combattants? En principe, je crois que la loi sur les dénonciateurs vise les fonctionnaires, les employés de la fonction publique. Je ne crois pas que nous innovons, ici, mais j'ose espérer que nous pouvons faire valoir le caractère unique des anciens combattants. Ils sont tout à fait dépendants. Le gouvernement a une obligation fiduciaire à l'égard des anciens combattants, parce qu'ils sont tributaires du ministère des Anciens Combattants pratiquement pour tout si leur incapacité est grave.
Nous devons les protéger. S'ils revendiquent pour améliorer le système, il faut bien les protéger et le prévoir en détail, parce que le harcèlement bureaucratique peut aller très loin et être extraordinairement subtil. Nous devons veiller à ce qu'il y ait des mesures de protection très bien définies pour les anciens combattants qui se manifesteraient.