:
Comme nous avons le quorum et que nous avons légèrement dépassé l'heure du début de la réunion, je déclare la séance ouverte à 15 h 35 au lieu de 15 h 30.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins et aux représentants du ministère qui sont venus nous aider à amorcer cette très importante étude sur l'obésité infantile. Je signale aux membres du comité que nous étudions l'obésité en ce moment.
Je remarque sur la table où se trouvent généralement les collations, qu'il y a aujourd'hui des fruits frais et des biscuits. Je me demande si nous devrions garder les biscuits. Je sais que ce sera difficile, monsieur Batters, de faire ce sacrifice, mais nous devrions peut-être prêcher par l'exemple. Nous surveillerons pour voir combien de biscuits disparaissent lors de nos réunions.
Quoi qu'il en soit, nous nous penchons sur un problème très grave qui touche beaucoup de Canadiens et nous avons hâte d'entendre ce que diront nos témoins à ce sujet.
Je signale à l'intention des membres du comité tout particulièrement que le Dr Finegood, des Instituts de recherche en santé du Canada, est des nôtres ce matin.
Soyez la bienvenue. Je sais que vous avez témoigné devant notre comité au printemps dernier et que vous êtes ici pour répondre aux questions que nous pourrions vouloir vous poser.
Je vais maintenant céder la parole à nos témoins, à commencer par le Dr Gregory Taylor, de l'Agence de santé publique du Canada.
Je voudrais présenter tous les témoins avant qu'ils présentent leurs exposés.
Nous entendrons Mmes Mary Bush, Kathy Langlois et Janet Beauvais, du ministère de la Santé, de même que Mme Debra Bryanton de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Nous commencerons par le représentant de l'Agence de santé publique.
Docteur Taylor, vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
J'éprouve un grand plaisir à être ici aujourd'hui, pour discuter de l'obésité juvénile. Permettez-moi d'abord de vous transmettre les excuses de l'administrateur en chef de la santé publique, le Dr David Butler-Jones, qui n'a pas pu venir parce qu'il est souffrant. Il s'agit d'une question qui lui tient à coeur. C'est moi qui vais le représenter aujourd'hui, à titre de directeur général du Centre de prévention et de contrôle des maladies chroniques de l'Agence de santé publique du Canada.
Je sais qu'au cours de votre réunion de juin dernier, les membres du comité ont identifié l'obésité juvénile comme un sujet d'importance majeure nécessitant une étude à long terme cet automne. C'est un travail important. L'Organisation mondiale de la santé a déclaré que l'obésité est une épidémie mondiale. Au Canada, les taux d'obésité chez les enfants ont presque triplé au cours des 25 dernières années. Le portefeuille de la santé reconnaît que les réponses à ces taux croissants dépassent le simple particulier canadien, tout niveau de gouvernement ou tout secteur particulier de la santé. Les changements ne peuvent être accomplis qu'en collaboration avec des partenaires dans des domaines aussi divers que le milieu bâti et les activités de prévention ciblées. Il faudra aussi améliorer l'accès à des aliments sains et à l'activité physique.
Il serait important pour le gouvernement et la société de réfléchir à tous les outils et mécanismes que nous possédons afin de déterminer notre orientation future. La séance d'aujourd'hui est une première étape importante pour mieux comprendre le problème et progresser. Pour cela, il faudra reprendre connaissance de ce que nous apprennent les données scientifiques sur l'obésité infantile, les travaux en cours dans ce domaine et sur lesquels nous pouvons nous appuyer, puis faire des recommandations quant aux prochaines étapes.
Je voudrais vous présenter quelques considérations générales pour que vous y réfléchissiez. Cela pourrait vous aider à lancer vos discussions et vous donner un point de départ pour l'examen des questions que vous compter approfondir.
J'ai mentionné que l'obésité est de plus en plus présente au Canada et c'est chez les enfants que l'augmentation est la plus spectaculaire. L'augmentation observée au cours de ces dernières années est probablement le résultat à la fois d'une augmentation de l'apport énergétique — les gens mangent plus — et d'une diminution des dépenses d'énergie; autrement dit, les gens bougent moins. L'obésité qui commence dès l'enfance est particulièrement troublante car les risques pour la santé augmentent avec l'augmentation du nombre d'années pendant lesquelles une personne est obèse.
Par ailleurs, il y a eu au cours des dernières années un certain nombre de changements environnementaux qui sont considérés comme des facteurs clés de l'obésité chez les enfants, par exemple: une augmentation considérable de l'accès au fast-food, c'est-à-dire des aliments-minute contenant souvent peu d'éléments nutritifs mais beaucoup de calories; l'augmentation de la taille des portions; des milieux peu propices à l'activité physique et l'augmentation des loisirs et des activités de loisirs passives comme la télévision, l'Internet et les jeux vidéo.
Aujourd'hui, de nombreux facteurs sociaux et culturels affectent nos propres vies et celles de nos enfants. Beaucoup de choses que nous considérons maintenant comme normales, par exemple prendre la voiture au lieu de marcher et commander des mets au restaurant au lieu de faire un repas à la maison, peuvent contribuer à l'augmentation des taux d'obésité juvénile précoce.
Les enfants sont particulièrement vulnérables aux conditions environnementales telles que la réduction des programmes d'activité physique dans les écoles, la publicité sur les aliments et les jeux vidéo qui s'adresse spécifiquement aux enfants et les choix qui se font dans leur environnement familial. Nous savons par ailleurs que la prévalence de l'obésité varie d'un groupe ethnique à l'autre. Ce sont chez les populations autochtones qu'on observe certains des plus graves problèmes au chapitre de l'obésité au Canada. Dans notre pays, les taux d'obésité des enfants et des adultes sont les plus élevés chez les Autochtones. Viennent ensuite les personnes de race blanche, les Noirs et les Latino-américains.
Compte tenu des données que nous avons accumulées à ce jour, qu'avons-nous fait pour nous attaquer à l'obésité juvénile? Au cours des dernières années, le portefeuille de la Santé, notamment l'Agence de santé publique du Canada, Santé Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada ont lancé un certain nombre d'initiatives de partenariat avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, d'autres ministères gouvernementaux, des premières nations, des communautés inuites et métisses et des organisations non gouvernementales.
Permettez-moi de vous décrire brièvement certaines de ces initiatives. Premièrement, il y a la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains qui a été approuvée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en octobre 2005. Dans le cadre de cette stratégie, les gouvernements ont accepté des cibles importantes pour aider les Canadiens et Canadiennes à atteindre un poids santé grâce à l'activité physique et à de bonnes habitudes alimentaires. Il y a aussi le travail du Consortium conjoint sur la santé en milieu scolaire qui a été créé en partenariat avec les ministres de la Santé et de l'Éducation du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires, pour fournir une approche coordonnée favorisant la santé en milieu scolaire. Le Consortium met au point des outils qui permettent de définir des programmes, des politiques et de meilleures pratiques de nature à améliorer la santé générale des jeunes et à atténuer les facteurs de risque grâce à de saines habitudes alimentaires et à l'activité physique.
Le portefeuille de la santé a également été actif sur le plan de la recherche. Par l'intermédiaire des Instituts de recherche en santé du Canada, et plus particulièrement de l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète, de l'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents ainsi que de l'Institut de la santé des Autochtones, environ 63 millions de dollars ont été investis dans la recherche sur l'obésité. De ce montant, 9 millions de dollars ont été expressément alloués à de nouveaux projets relatifs au problème de l'obésité juvénile et 4,1 millions de dollars ont été alloués à la recherche sur l'obésité au sein des populations autochtones. Les connaissances générées par ces projets aideront à déterminer et à évaluer les interventions les plus efficaces, à tracer une stratégie de prévention de l'obésité et à rassembler des données scientifiques qui permettront de définir de bonnes politiques.
Certaines des études spécifiques aux jeunes se sont concentrées sur la compréhension des défis qui, selon les enfants, rendent plus difficile la gestion de leur poids à l'école, à l'extérieur de l'école et chez eux; et aussi sur le développement de méthodes améliorées pour évaluer l'obésité chez les enfants et les adolescents. Les membres du portefeuille de la santé ont également développé et publié, à l'échelle nationale, des lignes directrices sur l'activité physique et de saines habitudes alimentaires pour aider les Canadiens dans leurs efforts pour être physiquement actifs et pour faire des choix alimentaires sains.
L'Agence a publié les « Guides canadiens d'activité physique pour une vie active saine » qui s'adressent à la fois aux adultes et aux enfants. Ces guides expliquent la façon d'atteindre une meilleure santé en faisant de l'activité physique une partie importante de la vie quotidienne. Par exemple, ils proposent des activités qui développent la force, la souplesse et l'endurance et qui sont susceptibles d'aider les Canadiens à avoir plus d'énergie, à bouger plus aisément et à devenir plus forts.
Santé Canada a élaboré des lignes directrices pour de saines habitudes alimentaires, notamment le « Guide alimentaire canadien pour manger sainement ». Ces lignes directrices soutiennent les politiques, normes, programmes et services sur la nutrition et la santé et d'autres initiatives sur la nutrition dans tout le pays. La révision du « Guide alimentaire canadien pour manger sainement » est présentement en cours; le lancement du Guide révisé est prévu à la fin de cette année ou au début de l'année 2007.
Nous nous attaquons également à ce problème par le développement et la mise en oeuvre de programmes, d'initiatives de recherche et d'éducation publique. De la même façon, les gouvernements provinciaux et territoriaux mettent en place des politiques et des programmes pour s'attaquer à l'obésité. Mais comme les taux d'obésité juvénile continuent d'augmenter, il y a un consensus de plus en plus large au sein de la société canadienne sur la nécessité d'en faire plus.
Comme le Canada est l'un des États membres qui ont adopté la stratégie mondiale de l'Organisation mondiale de la santé sur l'alimentation, l'activité physique et la santé, nous sommes déterminés à améliorer la santé publique grâce à de bonnes habitudes alimentaires et à l'activité physique. Le portefeuille de la santé demeure déterminé à s'attaquer à l'obésité juvénile et à travailler en partenariat avec tous les secteurs pour développer des mesures et des interventions efficaces et appropriées.
Nous attendons avec impatience les résultats de votre étude et vos recommandations sur les mesures à prendre. Ils deviendront les points centraux des activités futures dans ce domaine capital.
Merci.
Je suis ici à titre de directrice générale du Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition.
Comme vous le savez, une saine alimentation et l'activité physique jouent un rôle très important dans la promotion du poids santé et la réduction du risque d'excès de poids et d'obésité.
[Français]
Dans le cadre de notre travail, nous accordons beaucoup d'importance aux enjeux reliés à l'obésité. Cela s'applique, bien sûr, à la révision du Guide alimentaire canadien.
[Traduction]
Le nouveau Guide alimentaire fournira des recommandations plus précises sur le nombre de portions que les Canadiennes et Canadiens de deux ans et plus doivent consommer dans chacun des groupes alimentaires. Les recommandations seront adaptées aux personnes des différents groupes d'âge et des deux sexes si bien que chacun saura exactement combien d'aliments il ou elle doit consommer.
Le guide indiquera plus précisément quels types d'aliments il faut choisir ou limiter. Pour la première fois, Santé Canada élabore avec ses partenaires une version du guide alimentaire adaptée expressément aux premières nations, aux Métis et aux Inuits. Pour que le guide soit un outil efficace pour les Autochtones, nous sommes en train de l'adapter à des clientèles précises. Les messages-clés de ce guide adapté aux réalités autochtones favoriseront une alimentation qui reconnaît l'importance des aliments traditionnels et non traditionnels dans le régime alimentaire des consommateurs des premières nations, des Inuits et des Métis d'aujourd'hui.
Le modèle d'alimentation préconisé dans le Guide alimentaire privilégie le choix d'aliments relativement faibles en calories. Bien que le Guide alimentaire soit une politique importante qui définit en quoi consiste une saine alimentation, il ne représente qu'un élément parmi d'autres d'une stratégie plus vaste et plus détaillée visant à améliorer la santé nutritionnelle et le bien-être de la population.
Le Dr Taylor a fait état de certaines stratégies nationales et internationales comme la Stratégie mondiale de l'OMS sur l'alimentation, l'activité physique et la santé, la Stratégie pancanadienne sur les modes de vie sains et le Consortium conjoint pour les écoles en santé. Nous collaborons très étroitement pour nous assurer qu'on accorde une grande importance à la nutrition et à la promotion de bonnes habitudes alimentaires. Il faut que tous les secteurs et tous les niveaux agissent de façon globale. Nous avons besoin de politiques, de données scientifiques, de leadership, de ressources et d'information.
Une revue exhaustive de la littérature sur les déterminants de la saine alimentation que nous avons publiée l'année dernière dans le Supplément de la Revue canadienne de santé publique confirme l'importance de continuer à approfondir nos connaissances sur la vaste gamme de facteurs qui influencent l'alimentation. Il est évident que les Canadiens ingèrent trop de calories compte tenu de leur faible niveau d'activités. Les aliments sont partout. Les contraintes de temps auxquelles les familles doivent faire face ont modifié les habitudes alimentaires des Canadiens. Pour la première fois en 35 ans, nous avons des données nationales sur l'alimentation des Canadiens.
Nous collaborons étroitement avec Statistique Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada afin de renforcer les capacités et de multiplier les recherches entourant ces données. Les recherches entreprises à partir de ces données nous aideront à mieux comprendre non seulement ce que les Canadiens et Canadiennes mangent, notamment les enfants canadiens, mais aussi le lien entre certains facteurs globaux, comme le revenu et les habitudes alimentaires.
La sensibilisation et l'éducation du public sont l'une des composantes d'une stratégie plus vaste. L'éducation au sujet de l'information nutritionnelle figurant sur les emballages et l'information sur les bonnes habitudes alimentaires, contenue dans des outils comme le Guide alimentaire, en sont d'excellents exemples.
Les responsabilités quant aux actions à entreprendre dans le but de favoriser une meilleure alimentation doivent être partagées. C'est pourquoi nous collaborons étroitement avec des partenaires provenant de divers paliers, notamment des provinces et territoires, et de divers secteurs comme ceux de la santé, de l'agriculture, de l'éducation et des services sociaux. Le Canada fait de grands progrès. Il est très encourageant de constater l'offre croissante d'aliments sains et nutritifs dans les écoles, les menus des restaurants et sur les tablettes des épiceries, de même que lors des pauses dans le cas de réunions comme celle d'aujourd'hui.
Les Canadiens et Canadiennes vivent dans un environnement social et physique qui comporte des défis sans précédent en matière de saine alimentation. Nous devons mettre en place un environnement social, physique et économique qui favorise la saine alimentation et la rende possible.
Nous avons hâte de connaître les résultats de votre étude et la contribution qu'elle fera à la prise de mesures visant à prévenir l'obésité chez les enfants. Votre travail est capital.
Merci.
:
Monsieur le président, honorables membres du comité, mon nom est Kathy Langlois. Je suis la directrice générale de la Direction des programmes communautaires de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada.
Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui à vous entretenir de certaines questions liées au surpoids et à l'obésité chez les enfants des Premières nations et des Inuits, et à répondre à vos questions.
[Traduction]
Nous disposons de données fiables sur l'ampleur du problème lié au surpoids et à l'obésité au sein de la population canadienne. Toutefois, il est difficile d'avoir une idée précise de l'ampleur du problème de surpoids et de l'obésité chez les enfants des premières nations et des Inuits, du fait que nous ne disposons pas des mêmes données globales et représentatives sur ces enfants que celles dont nous disposons pour les autres enfants canadiens.
Nous savons cependant, à la lumière des enquêtes régionales sur la santé des premières nations et d'autres études, que 22 p. 100 des enfants des premières nations vivant dans les réserves ont un surplus de poids et que 36 p. 100 d'entre eux sont obèses.
Par ailleurs, bien que nous soupçonnons que les taux de surpoids et d'obésité chez les enfants des Inuits s'accroissent, nous disposons encore moins de données sur ces populations. D'après les Inuits, l'indice de masse corporelle (IMC) ne mesure pas adéquatement le surpoids et l'obésité chez les membres de leurs communautés, du fait que leurs caractéristiques corporelles sont différentes.
Les dirigeants inuits ont proposé que l'indice soit conçu selon des normes propres aux Inuits. D'ici à ce que nous obtenions ces renseignements, il est difficile de se faire une idée précise de la situation en ce qui a trait au surpoids et à l'obésité chez les enfants inuits.
Cependant, les taux d'obésité chez les premières nations seraient de deux à trois fois plus élevés que la moyenne canadienne. Cette proportion serait compatible avec le taux de diabète, qui lui est de trois à cinq fois plus élevé que la moyenne canadienne.
[Français]
Les causes de l'obésité et de la mauvaise santé généralisée des Premières nations et des Inuits sont complexes. Elles sont dues à des facteurs historiques, économiques et sociaux. Si nous arrivons à bien comprendre les déterminants de la santé, nous pourrons alors adopter une approche plus efficace en ce qui a trait aux problèmes existants et aux interventions requises.
[Traduction]
La pauvreté, l'insécurité financière et alimentaire (l'accès à des aliments sains) constituent des obstacles à une bonne santé, en particulier l'atteinte d'un poids santé et les problèmes quotidiens auxquels font face les premières nations et les Inuits.
Le faible revenu, le coût élevé et le manque d'accessibilité des aliments frais et sains, en particulier dans les communautés éloignées et isolées, contribuent à la hausse croissante des taux de surpoids et d'obésité.
La sensibilisation, l'acquisition de compétences et le changement de comportement sont d'importants outils avec lesquels une personne peut influer sur sa santé, en particulier sur son poids. Il faut être conscient du fait que l'adoption de saines habitudes d'alimentation et de préparation des aliments est requise pour favoriser une bonne nutrition et l'atteinte d'un poids santé. Il est aussi important de comprendre et de suivre les instructions et les recommandations nutritionnelles sur les étiquettes des produits alimentaires et autres documents éducatifs.
Un environnement positif, qui favorise un mode de vie sain et facilite les choix santé, se veut un environnement où les choix alimentaires à l'école sont sains, où les taux de tabagisme décroissent considérablement et où la santé mentale est solide, donc libre des séquelles des pensionnats, de la toxicomanie et de l'abus des substances.
Les familles qui vivent dans les communautés éloignées ou isolées disposent de très peu de possibilités de loisirs. Pour un grand nombre d'entre elles, les infrastructures laissent beaucoup à désirer, par exemple, l'absence de trottoirs, ce qui signifie que seuls les véhicules motorisés sont utilisés.
Les enfants des premières nations et des Inuits n'échappent pas à la réalité courante à laquelle font face les autres enfants canadiens, comme la réduction des programmes d'activité physique dans les écoles, l'accès facile à la malbouffe et aux jeux vidéo et informatiques et l'adoption d'un mode de vie sédentaire dans le milieu familial.
Certaines connaissances et pratiques culturelles et traditionnelles ont disparu. Par exemple, la récolte traditionnelle, comme la chasse et la pêche, source d'activité physique et de bien-être culturel et d'aliments nutritifs s'est estompée. Les causes en sont complexes, mais cela a contribué considérablement à ce que sont aujourd'hui les taux de surpoids et d'obésité chez les premières nations et les Inuits.
Les régimes alimentaires traditionnels étaient nutritifs et sains. En règle générale, ces régimes étaient faibles en gras, riches en protéines et en glucides complexes. Aujourd'hui, le régime alimentaire des populations indigènes est souvent non propice à une bonne santé. Ce régime est normalement fort en gras, en glucides simples (sucres) et en sel.
Il est aussi important de noter que la contamination environnementale et ses répercussions sur la revitalisation des sources alimentaires traditionnelles sont des sujets de préoccupation.
Nous savons aussi que le problème du surpoids et de l'obésité chez les enfants des premières nations et des Inuits n'est pas unique au Canada. Des changements de mode de vie et de régimes alimentaires se sont produits au sein des populations indigènes partout dans le monde.
Ces facteurs contribuent directement au problème croissant de l'obésité chez les enfants des premières nations et des Inuits. Le système de santé dispose de moyens importants pour changer la situation. Toutefois, d'autres secteurs disposent aussi de moyens, comme l'industrie alimentaire, les organismes de réglementation et les secteurs de l'éducation, du développement économique, du logement et de l'environnement. La solution à long terme est donc entre les mains de nombreux intervenants, dont les gouvernements et les particuliers.
Bien que le fait d'accroître les possibilités en matière d'éducation et d'emploi au sein des premières nations et des Inuits et d'améliorer les infrastructures au sein des communautés soit très important, Santé Canada a pris des mesures supplémentaires pour prévenir l'obésité chez les enfants dans plusieurs secteurs clés. Elles incluent l'adoption de stratégies culturellement adaptées axées sur la promotion des choix sains en matière d'activité physique et d'alimentation ainsi que le soutien aux politiques d'accès aux aliments sains à des coûts raisonnables.
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien joue un rôle clé en ce qui a trait à la prestation de services sociaux et autres services aux enfants des premières nations et des Inuits, services qui constituent des déterminants de santé importants. Le comité peut conclure qu'il serait utile de convoquer un représentant de ce ministère pour avoir un compte rendu de ses activités.
Il est important de noter que la Direction générale de la santé des premières nations et des Inuits travaille en étroite collaboration avec l'Assemblée des Premières nations et avec Inuit Tapiriit Kanatami pour promouvoir et protéger la santé des premières nations et des Inuits. Les questions liées à l'obésité chez les enfants, et en particulier la sécurité alimentaire, sont d'intérêt commun. Il serait peut-être intéressant pour le comité d'entendre le témoignage de représentants de ces organisations.
[Français]
Avant de terminer, j'aimerais décrire rapidement les responsabilités du gouvernement fédéral ainsi que les programmes courants destinés aux Premières nations et aux Inuits.
Le gouvernement fédéral fournit des services de santé aux Indiens inscrits et aux Inuits selon les politiques en cours et les pratiques historiques. Il aide également les gouvernements provinciaux et territoriaux à fournir des services de santé à tous les Canadiens, y compris les Autochtones.
La politique fédérale part du principe que le système de santé canadien était et demeure un système interdépendant de responsabilités partagées entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les collectivités et les professionnels de la santé.
Le rôle qu'assume le gouvernement fédéral présentement en ce qui a trait à la prestation des services de santé aux Premières nations et aux Inuits est fondé sur la Politique sur la santé des Indiens de 1979, politique qui constitue le cadre stratégique en vertu duquel les programmes et dépenses subséquentes du gouvernement fédéral sont établis.
[Traduction]
La Direction générale des premières nations et des Inuits assure le soutien de la prestation des soins de santé primaires et des services communautaires de promotion et de protection de la santé dans les réserves des premières nations et dans les communautés inuites ainsi que les soins de santé primaires dans les communautés éloignées et isolées des premières nations. Ces programmes et ces services sont fournis à l'échelle nationale, régionale et communautaire et sont administrés par la Direction générale de la santé des premières nations et des Inuits et en collaboration avec les premières nations et les Inuits.
La Direction générale finance un certain nombre de programmes qui favorisent la prévention de l'obésité chez les enfants. Je décrirai brièvement certains de ces programmes. Dans le cadre de l'initiative sur le diabète chez les Autochtones, des fonds sont accordés aux projets spéciaux axés sur la prévention de l'obésité chez les enfants, y compris l'adoption de politiques santé à l'école, dont les collations santé, ainsi que les camps pour enfants où est mis en valeur un mode de vie sain. De nombreux projets de prévention du diabète visent les jeunes et des fonds ont été accordés à la recherche sur les interventions axées sur un mode de vie sain et conçues spécialement à l'intention des enfants.
Le programme d'aide préscolaire aux Autochtones dans les réserves est axé sur la promotion de l'activité physique et de la nutrition saine, dans un contexte de renforcement des liens avec la culture et la langue des premières nations. L'objectif consiste à appuyer l'élaboration de stratégies de développement de la petite enfance conçues et gérées par les communautés des premières nations, avec un accent particulier mis sur un régime alimentaire sain et sur l'activité physique.
Le programme canadien de nutrition prénatale et le nouveau programme sur la santé de la mère et de l'enfant ont été conçus pour prévenir l'obésité chez les enfants en fournissant aux parents les renseignements, les ressources et l'aide dont ils ont besoin pour prendre soin de leurs enfants et d'eux-mêmes.
Un certain nombre d'activités visant à améliorer la sécurité alimentaire sont présentement en cours. Un cadre pour la mise en oeuvre d'activités efficaces sur la sécurité alimentaire est en voie d'élaboration en partenariat avec l'Assemblée des Premières nations et Inuits Tapiriit Kanatami. Un projet conjoint a été entrepris avec des détaillants pour accroître la disponibilité, l'accessibilité et la consommation d'aliments sains en magasin dans les communautés nordiques.
En outre, comme Mary l'a dit, nous collaborons à l'adaptation du Guide alimentaire canadien aux besoins et aux particularités des premières nations, des Inuits et des Métis. Le document reconnaîtra l'importance culturelle, spirituelle et physique des aliments autochtones traditionnels tout en tenant compte du rôle des aliments non traditionnels dans les régimes alimentaires contemporains.
[Français]
J'estime que le travail qu'entreprend ce comité sera fort utile aux Premières nations, aux Inuits ainsi qu'à Santé Canada au plan de la documentation lorsque viendra le temps d'élaborer de nouveaux programmes et de nouvelles politiques.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Janet Beauvais, et je suis la directrice générale de la Direction des aliments à Santé Canada.
Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui au moment où vous amorcez votre étude de l'obésité infantile.
Permettez-moi d'abord de dire que la Direction des aliments, qui fait partie de la Direction générale des produits de santé et des aliments, joue un rôle important dans le maintien de la salubrité et de la qualité de l'approvisionnement alimentaire du Canada. Nous sommes responsables de l'élaboration des politiques et des normes relatives à la sécurité et à la qualité nutritionnelle des aliments ainsi qu'à la santé et à la sécurité portant sur l'étiquetage et la publicité des aliments vendus au Canada. L'ACIA est responsable de l'application de ces politiques et de ces normes.
D'après la Stratégie mondiale sur le régime alimentaire, l'activité physique et la santé, de l'Organisation mondiale de la santé, les États membres doivent agir principalement au niveau de l'étiquetage nutritionnel. Selon cette stratégie, les gouvernements nationaux doivent fournir aux consommateurs de l'information exacte, normalisée et compréhensible afin qu'ils puissent faire de bons choix alimentaires. Monsieur le président, je suis heureuse de dire que Santé Canada a publié son règlement sur l'étiquetage nutritionnel en 2003 après une vaste consultation qui a duré cinq ans. Ce règlement voulant que les calories et la teneur de 13 principaux nutriments soient inscrits sur les étiquettes de la plupart des aliments préemballés est entré en vigueur le 12 décembre 2005.
Le règlement stipule que l'information relative à la valeur calorique et au contenu nutritif d'un aliment doit être présentée sous la forme normalisée d'un tableau de valeurs nutritives, qui est facile à trouver et à lire. La valeur calorique est le premier élément du tableau. Nous estimions que le fait de rendre l'information disponible permettrait aux consommateurs de non seulement faire de meilleurs choix pour leur santé, mais servirait aussi à encourager l'industrie alimentaire à produire des aliments plus sains. Il y a de plus en plus d'éléments probants que l'effet désiré se produit. Par exemple depuis qu'il est devenu obligatoire d'indiquer la teneur en gras trans en vertu des nouveaux règlements, bon nombre de fabricants ont modifié leurs produits dans le but de l'éliminer.
Le règlement prévoit également des critères touchant l'utilisation de plus de 40 allégations relatives au contenu nutritif. Ces allégations définissent la valeur calorique ou la valeur nutritionnelle contenue dans l'aliment. Par exemple, un aliment dit « à teneur réduite en matière grasse » doit avoir moins de 25 p. 100 en teneur calorique. Ces allégations sont un autre moyen d'aider les Canadiens à choisir un régime alimentaire plus sain et, du même coup, à encourager l'industrie de l'alimentation à innover et à développer des produits qui sont par exemple, à teneur réduite en calories, en sodium, en matière grasse et en gras trans.
Monsieur le président, je voudrais également ajouter que Santé Canada encourage l'industrie de la restauration qui n'est pas soumise à ce règlement, à fournir de l'information nutritionnelle aux consommateurs. En février 2005, l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires a mis sur pied un programme d'information nutritionnelle volontaire selon lequel les restaurants participants s'engagent à fournir aux consommateurs les valeurs nutritives conformes aux exigences en matière d'information sur l'étiquetage nutritionnel essentiel des produits emballés. Depuis le lancement du programme d'information nutritionnelle, plus de 25 des plus importantes chaînes de restauration, ce qui représente environ 40 p. 100 des établissements, se sont engagées à participer au programme.
Permettez-moi de conclure en disant que le tableau de la valeur nutritive obligatoire, en plus des allégations relatives au contenu nutritif et de l'information nutritive fournie dans les chaînes de restauration importantes, le tout lié à l'éducation relative à l'utilisation de ces outils, offre une occasion importante en matière de santé publique d'améliorer la santé nutritionnelle et le bien-être des Canadiens. Cette information aide les consommateurs à faire de bons choix alimentaires permettant ainsi de réduire le risque de contracter des maladies chroniques et des affections telles que l'obésité, en leur offrant la possibilité de comparer les produits plus facilement, de déterminer la valeur nutritionnelle des aliments et de mieux gérer les régimes spéciaux associés aux maladies chroniques.
Nous attendons avec impatience les résultats de votre étude et toute recommandation qui nous aiderait à créer un environnement qui favoriserait l'atteinte d'un poids santé pour tous les Canadiens.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de l'occasion de comparaître devant le comité à l'occasion de son étude de l'obésité infantile. Il faut féliciter le comité d'avoir choisi d'examiner une question aussi importante.
Je m'appelle Debra Bryanton et je suis directrice exécutive, Salubrité des aliments, à l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Le comité n'est pas sans ignorer que l'ACIA a pour mandat de protéger l'approvisionnement alimentaire du pays ainsi que les animaux et les plantes dont dépend une alimentation sûre et de qualité. L'ACIA contrôle la conformité avec 13 lois fédérales et leurs règlements respectifs, dont la Loi sur les aliments et drogues. L'Agence collabore avec d'autres intervenants dans l'exécution de son mandat. L'un des plus importants est évidemment Santé Canada et les organismes qui appartiennent à son portefeuille.
L'ACIA s'attache à servir la population en la protégeant contre les risques sanitaires évitables, en appliquant un régime réglementaire juste et efficace et en assurant la pérennité d'une base de ressources animales et végétales et en favorisant la sûreté de l'approvisionnement alimentaire du pays.
Aujourd'hui que la population est de plus en plus consciente du lien entre choix alimentaire et santé et a accès à un vaste éventail de renseignements, elle fait des choix alimentaires de plus en plus éclairés. Les étiquettes aident le consommateur à faire des choix plus sains, à adapter son régime à ses besoins particuliers et à manipuler la nourriture sans danger. Tous ces facteurs contribuent à la santé générale de la population canadienne.
Comme l'a rappelé Janet Beauvais, le règlement sur les aliments et drogues a été modifié le 1er janvier 2003 et exige dorénavant qu'un tableau d'information nutritive figure sur l'étiquette de la plupart des aliments préemballés. L'étiquette est obligatoire pour les grandes entreprises depuis le 12 décembre 2005 et le deviendra pour les petites le 12 décembre 2007. Comme beaucoup de petites entreprises approvisionnent les grandes, beaucoup ont déjà inclus l'information sur la nutrition sur leurs étiquettes. C'est l'Agence qui veille à l'application du règlement. Il y a maintenant près d'un an que le règlement s'applique aux grandes entreprises et nous sommes heureux de constater que le secteur alimentaire a bien répondu aux exigences de réglementation.
L'Agence a choisi d'appliquer le règlement de manière progressive. En collaboration avec Santé Canada, nous avons lancé un programme d'information auprès du secteur et lui avons fourni des outils ainsi que des documents pour l'aider à s'y conformer.
L'ACIA a également conçu des outils pour permettre aux intervenants de se conformer plus facilement à la réglementation et de l'appliquer. Il s'agit notamment d'un guide de publicité et d'étiquetage alimentaire dans lequel on trouve des conseils ainsi que des règles de base relatives aux étiquettes et aux allégations. On a également publié une trousse sur l'étiquetage nutritionnel qui indique comment il faut interpréter les exigences d'étiquetage énoncées dans le règlement sur les aliments et les drogues. Nous continuerons de travailler avec les parties prenantes en répondant à leurs demandes de renseignements et en faisant des exposés sur demande lors d'assemblées et de colloques afin de favoriser une meilleure compréhension et une meilleure conformité.
L'obésité infantile est un des nombreux problèmes de santé directement issus des choix alimentaires et de la nutrition du consommateur. La population est de plus en plus sensible au problème. Il ne fait pas de doute que le consommateur effectuera ses choix en partie en fonction de l'information qui figure sur l'étiquette.
Le rôle de l'ACIA dans le dossier de l'obésité infantile vient compléter celui de nos partenaires fédéraux comme Santé Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et l'Agence de santé publique du Canada. Nous aidons et continuerons d'aider nos partenaires à combattre ce problème et d'autres sujets d'inquiétude en matière d'hygiène publique.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous nos témoins. J'ai apprécié chacun des exposés et nous avons obtenu ici cet après-midi d'excellents renseignements.
J'ai une question, que je vous pose à tous. Je ne sais pas si vous saurez répondre.
On parle de l'incidence accrue de l'obésité, et nous en sommes tous bien conscients. Les chiffres sont très élevés, que ce soit pour les Autochtones ou les non-Autochtones, et cela se voit partout au pays.
J'ai aussi fait de la politique municipale, pendant longtemps et je sais que les autres ordres de gouvernement ont accru leurs programmes dans ce domaine. Il y a par exemple des programmes sur la santé des enfants qui sont mis sur pied par des agences de santé publique et des partenariats et des activités de collaboration avec les enseignants et les écoles. Nous avons vu toutes ces initiatives. Il y a eu des programmes fédéraux de promotion de la forme physique, aussi. Certains de ces programmes sont très récents et n'ont pas pu encore afficher de résultats. On a amélioré l'étiquetage, on nous fournit davantage d'information. C'est un processus continu et je pense comme vous que les consommateurs sont de plus en plus conscients de cela. Je sais qu'il y a une dizaine d'années, la plupart des gens ne lisaient pas les étiquettes; ils le font maintenant et je crois que l'uniformisation de l'étiquetage est très positive. Je ne sais pas si les gens comprennent bien tout ce que cela signifie, mais ils peuvent au moins comparer les produits entre eux, grâce à cette uniformisation. C'est une bonne chose à mon avis.
Je sais qu'il y a des programmes d'information pour consommateurs avertis. On fait des visites dans les supermarchés et on enseigne aux familles à faible revenu comment devenir des consommateurs avertis. Ce genre de choses se fait depuis longtemps déjà. Il y a aussi des programmes de petits déjeuners santé dans les écoles.
Vous avez parlé d'une nouvelle révision du Guide alimentaire canadien. On l'a fait il y a quelques années et on va le refaire.
Quelles sont nos erreurs? Nous avons pris diverses mesures, mais l'incidence de l'obésité continue d'augmenter à pas de géant. Où nous sommes-nous trompés? Que faudrait-il faire?
On parle d'activités sportives et beaucoup de gens en font. Au niveau municipal, on voit certainement de plus en plus de sentiers de randonnée, de pistes cyclables, etc. Beaucoup d'initiatives ont été prises, mais on semble loin d'avoir réglé le problème.
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Je vais essayer de vous répondre.
Je ne pense pas qu'on puisse dire exactement où on s'est trompé. Je reprends l'analogie avec le tabagisme: il y a eu de multiples interventions, pendant une longue période. On a commencé à travailler contre le tabagisme il y a quarante ans, pour arriver là où nous en sommes maintenant.
Ce qui est très enthousiasmant pour nous, c'est qu'au cours des dernières années, on a commencé à se pencher sur des choses qui n'étaient pas liées directement à la santé. Ainsi, on a commencé à voir tout ce qu'il y avait d'intéressant dans l'aménagement urbain. La façon dont les collectivités sont aménagées a un effet marqué sur l'obésité, croyez-le ou non, par exemple parce qu'il n'y a pas d'endroits sûrs où marcher, ou à cause du type de commerces dans la collectivité, etc.
Il y a deux ou trois ans, des groupes de réflexion de Toronto ont invité des urbanistes qui croyaient travailler à la santé de la population et ils avaient des faits pour prouver qu'ils oeuvraient pour la santé et sa promotion.
Une nouvelle collectivité est conçue pour le haut de la montagne à l'Université Simon Fraser. C'est une communauté idéale, où il y a des choses incroyables comme des espaces ouverts, la possibilité de marcher au lieu de se déplacer en voiture, etc.
Du côté des communautés autochtones, comme Kathy le mentionnait, la question de la sécurité est importante. On ne peut pas simplement sortir et marcher comme autrefois. Je pense que nous commençons à vraiment reconnaître l'effet du milieu. Il faut influencer davantage les déterminants.
Comme nous l'avons dit plus tôt, le simple étiquetage ne suffit pas. Ce n'est pas nécessairement un échec. Nous sommes sur la bonne voie et peut-être que beaucoup de ces interventions sont efficaces et que sans elles, le problème serait bien plus grave qu'il ne l'est maintenant.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus au comité. Je suis contente de voir à la fois des représentants du ministère de la Santé et des gens de l'Agence de la santé publique du Canada. Ça n'arrive pas souvent. Je vais vous poser des questions qui vont sûrement être plus intéressantes pour vous.
Monsieur Taylor, vous avez mentionné qu'il y avait moins de problèmes d'obésité chez les personnes de la classe moyenne ou aisée que chez celles aux prises avec un problème de pauvreté. Pour ma part, je crois qu'aujourd'hui, tous les jeunes ont des problèmes d'obésité, peu importe à quelle classe sociale ils appartiennent. On constate un problème d'obésité chez les garçons, mais il est très important de ne pas oublier qu'il y a aussi un problème d'anorexie chez les filles, d'une part, et de maigreur extrême chez les jeunes filles, d'autre part.
On connaît très bien les effets de l'obésité, mais comme on le dit depuis un moment, on n'en connaît pas toutes les causes. Il faudrait peut-être évaluer la pertinence de bien informer les gens sur les effets plutôt que d'essayer de leur faire comprendre les causes. Les effets sont connus. Par exemple, dans le cas de la cigarette, on a fait valoir qu'elle pouvait causer le cancer du poumon, entre autres problèmes. De cette façon, les gens ont compris beaucoup plus rapidement. On précise que la cigarette peut provoquer un problème de dysfonction érectile, et cela fait réfléchir, bien sûr.
Par conséquent, je me demande s'il ne serait pas préférable d'opter pour une campagne de sensibilisation, d'information et d'éducation visant en tout premier lieu les parents. Peu importe le budget dont ils disposent, ce sont eux qui se chargent habituellement d'acheter la nourriture pour leurs enfants. Est-ce qu'on a envisagé une telle initiative? Celle-ci pourrait faire comprendre davantage aux gens l'importance d'une bonne alimentation. Préciser le montant de calories contenu dans tel ou tel aliment n'est pas suffisant, à mon avis.
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Je pense que vous parlez de campagnes d'information sur les effets et les risques de l'obésité, afin que les familles puissent s'assurer de bien nourrir leurs enfants.
Sans aucun doute, l'information est importante, mais comme dans le cas du tabagisme, ce n'est pas suffisant. Il y a beaucoup de résultats d'enquête sur le tabagisme, et par ailleurs, les Canadiens connaissent les méfaits de l'obésité et, pour la plupart, le lien entre l'obésité et le diabète. Mais le changement de comportement est très difficile.
L'étiquetage nutritionnel vise en partie cet objectif, et notre travail a consisté en partie à essayer de faire comprendre que les effets négatifs, comme le disait Dan, peuvent être le diabète et l'obésité.
Mais cela ne suffit pas, à cause de l'environnement nocif dans lequel vivent les gens. Ils sont incapables de changer leur façon de faire, ou alors ils n'écoutent pas, ou ne sont pas prêts. Je peux vous parler de la théorie des étapes du changement, que vous connaissez peut-être, et du fait que lorsqu'on n'est pas au courant, on ne peut pas vraiment recevoir les messages.
Cela signifie que nos campagnes de marketing social doivent être mieux ciblées. Pour certains groupes ethniques, nous n'avons même pas commencé à façonner le message pour l'adapter à leur point de vue. Pour le domaine dont s'occupe Kathy, le message doit être bien ciblé, culturellement.
L'indice de masse corporelle, l'IMC, ne convient pas du tout à certains groupes, et ils ne s'y intéressent donc probablement pas. Il faut adapter notre message tout en reconnaissant que cela ne suffira pas. Je pense que vous avez raison. Le simple fait que tel produit est très calorifique, d'en connaître les effets négatifs possibles... Je reviens toujours à l'analogie avec le tabagisme: les gens savaient très bien que le tabac était nocif, qu'ils risquaient d'avoir un cancer du poumon, mais ils continuaient de fumer à cause de l'accoutumance, à cause de leur résistance au changement, à cause de mille autres raisons.
Il faut donc lutter sur plus d'un front, tout en informant les gens, et les parents, pour qu'ils soient responsables.
Le problème tient aussi en partie au fait que lorsqu'on a créé le programme des modes de vie sains, l'obésité était la principale préoccupation. Après deux ans de consultation, on a compris qu'il fallait cesser de blâmer la victime. Au lieu de parler d'obésité, de reprocher leur obésité aux Canadiens, on a commencé à parler de mode de vie sain et on a essayé de créer un environnement positif, avec un message positif, en jugeant que ce serait plus facile pour les gens d'adopter un comportement positif que de dire aux enfants qu'ils sont gros, que c'est mal, et de faire pression sur les enfants.
Vous avez parlé de l'anorexie, ce qui est très préoccupant. J'ai une fille de 15 ans qui a probablement 30 livres en trop, et c'est un grave problème. Je ne veux pas lui en parler, de peur qu'elle se fasse vomir pour être plus séduisante pour son petit ami.
Je ne sais pas si dans l'ensemble de la population, les statistiques montrent qu'on s'engage peut-être trop dans cette voie, et que cela pourrait... Dan pourrait peut-être nous le dire. Il faut donc présenter une image positive du corps et créer un environnement positif pour les enfants, plutôt que le contraire.