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Je vous souhaite la bienvenue à la troisième séance du Comité permanent de la santé de la 39
e législature. Nous vous invitons à bien vouloir vous asseoir pour que nous puissions commencer sans tarder.
Je remercie le ministre, l'honorable Tony Clement, d'être des nôtres ce matin. Son emploi du temps étant fort chargé, il ne peut nous accorder que 45 minutes. Nous voulons donc lui donner la parole sans tarder.
Je remercie le Dr David Butler-Jones et Mme Jane Allain, avocate-conseil, Services juridiques, d'être venus ce matin.
Soyez les bienvenus à cette réunion du Comité permanent de la santé. Nous allons entrer immédiatement dans le vif du sujet. Nous étudions le projet de loi C-5, qui traite de l'Agence de la santé publique.
Je rappelle aux membres du comité que le ministre n'ayant que peu de temps à nous accorder, il importe de limiter leurs interventions au projet de loi. Le ministre reviendra à une séance prochaine du comité pour parler d'autres sujets.
Permettez-moi de rappeler au comité que nous procédons différemment lorsque nous recevons le ministre. L'opposition officielle disposera de 15 minutes, le Bloc québécois, de 10 minutes, le NPD, de 10 minutes et enfin, le parti ministériel, de 10 minutes. Après ce premier tour de questions, chaque parti disposera de cinq minutes.
Nous allons commencer par la déclaration du ministre.
Merci d'être des nôtres, monsieur le ministre. Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Je suis heureux de témoigner devant le Comité permanent de la santé aujourd'hui afin de débattre du projet de loi C-5 intitulé Loi concernant l'Agence de la santé publique du Canada et modifiant certaines lois.
[Traduction]
Comme nous avons pu le constater à la Chambre des communes, il y existe un appui incontestable envers l'idée de renforcer la santé publique au Canada et d'établir un point de convergence fédéral chargé de travailler en collaboration avec les administrations provinciales et territoriales et les autres intervenants en santé publique pour traiter des divers enjeux en santé publique. C'est avec un grand plaisir que j'ai constaté l'important soutien de mes collègues envers l'adoption de ces mesures législatives. J'espère que je pourrai continuer à compter sur leur appui, mais je suppose que cela dépendra de ce que je dirai devant le comité aujourd'hui.
Monsieur le président, les délibérations de votre comité nous donnent l'occasion de réfléchir aux principales composantes de ce projet de loi et à la nécessité d'adopter des mesures législatives relatives à l'Agence de la santé publique du Canada.
Soit dit en passant, je suis accompagné du Dr David Butler-Jones, l'administrateur en chef de la santé publique, et il pourra rester jusqu'à la fin de la séance pour répondre à vos questions.
L'épidémie du SRAS, survenue en 2003, a lancé un débat et des discussions importantes sur l'état du système de santé publique au Canada. Deux rapports d'experts subséquents, l'un du Dr David Naylor et l'autre, du sénateur Michael Kirby, ont souligné l'importance d'établir un point de convergence fédéral pour traiter des questions de santé publique. Parmi les recommandations formulées figuraient l'établissement d'une agence de la santé publique du Canada et la nomination d'un administrateur en chef de la santé publique pour le Canada.
Pour donner suite aux recommandations contenues dans ces rapports, l'Agence de la santé publique du Canada a été créée en septembre 2004 par décret. Toutefois, le Parlement ne l'a pas encore reconnue par l'adoption d'une loi habilitante. Les mesures législatives proposées assureront à l'Agence ainsi qu'à l'administrateur en chef de la santé publique du Canada la stabilité que seule une loi du Parlement peut leur procurer.
[Français]
L'adoption de cette loi est nécessaire non seulement afin d'assurer à l'agence la stabilité qu'il lui faut pour continuer à assumer son rôle de chef de file, à établir des partenariats, à innover et à agir dans ce secteur, mais aussi pour que l'on soit en mesure d'intervenir pour contrer les menaces à la santé publique.
[Traduction]
Dans l'éventualité d'une urgence en santé publique, par exemple, en cas de pandémie de grippe, l'Agence et l'administrateur en chef de la santé publique doivent disposer des pouvoirs et des outils requis pour pouvoir intervenir de manière efficace. Notamment, l'administrateur en chef de la santé publique doit être formellement reconnu comme le professionnel en chef de la santé publique au Canada possédant l'expertise et le pouvoir de communiquer directement avec les Canadiens. L'établissement d'un fondement législatif conférera à l'Agence et à l'administrateur en chef de la santé publique la reconnaissance parlementaire et les outils dont ils ont besoin afin de protéger et de promouvoir la santé des Canadiens.
Permettez-moi maintenant, monsieur le président, de décrire brièvement les trois points saillants de ce projet de loi qui, collectivement, aideront à protéger et à promouvoir la santé de la population canadienne.
[Français]
D'abord, le projet de loi stipule que l'agence est une entité ministérielle distincte de Santé Canada, tout en faisant partie intégrante du portefeuille de la santé.
[Traduction]
Cela permettra d'accroître la visibilité et l'importance des questions de santé publique. À titre d'organisme de premier plan au sein de l'administration fédérale, l'Agence jouira d'une plus grande influence dans sa capacité d'éclairer et de modeler les grandes orientations publiques en la matière que si elle n'était qu'une entité isolée, évoluant à distance du giron gouvernemental. De plus, cette structure ministérielle donnera à l'Agence, de même qu'à l'administrateur en chef de la santé publique, le statut nécessaire pour collaborer avec d'autres ministères fédéraux afin de promouvoir une approche plus coordonnée et intégrée dans les mesures relatives à la santé publique et les mesures de préparation aux urgences sanitaires.
[Français]
Par exemple, l'agence a élaboré, de concert avec les provinces et les territoires, le plan d'intervention du Canada en cas de pandémie de grippe, reconnu par l'Organisation mondiale de la Santé comme l'un des plus complets au monde.
À titre de point de convergence fédéral, l'agence sera davantage en mesure d'assurer une concertation avec les provinces et les territoires et d'arrimer ces efforts à ceux consacrés à l'échelle mondiale, afin de fournir à la population canadienne les meilleures conseils possible en matière de santé publique.
[Traduction]
Le projet de loi C-5 n'élargit pas la portée des activités fédérales en cours dans le domaine de la santé publique. J'insiste sur ce point. Il ne fait qu'établir un fondement législatif pour l'Agence et le poste d'administrateur en chef de la santé publique en tant que professionnel en chef de la santé publique au Canada.
Le gouvernement fédéral joue un rôle de chef de file bien établi en santé publique, travaillant depuis 1919 en collaboration avec les provinces, les territoires et d'autres ordres de gouvernement.
[Français]
Nous avons l'intention aussi de maintenir cette approche de collaboration. Le préambule de ce projet de loi C-5 affirme de manière non équivoque la volonté du gouvernement fédéral de promouvoir la coopération avec les gouvernements provinciaux et fédéraux, et d'assurer la coordination des politiques et des programmes fédéraux.
Notamment, l'agence travaille avec les autorités provinciales et territoriales pour établir le Réseau pancanadien de santé publique comme tribune pour la collaboration multilatérale et intergouvernementale sur les questions de santé publique, qui respecte les domaines de compétence en matière de santé publique.
[Traduction]
En établissant un modèle ministériel pour l'Agence et en conférant à celle-ci une assise législative formelle, cette loi poursuit la tradition longuement établie de coopération et de collaboration qui caractérise depuis des décennies l'approche adoptée par le Canada en matière de santé publique.
[Français]
Une deuxième composante importante de ce projet de loi consiste en l'établissement formel du poste d'administrateur en chef de la santé publique et la reconnaissance de son double rôle à ce titre.
[Traduction]
En tant qu'administrateur général de l'Agence, l'administrateur en chef de la santé publique rendra compte au ministre de la Santé du fonctionnement courant de l'Agence et il conseillera le ministre sur les questions de santé publique.
L'administrateur en chef de la santé publique aura en outre le pouvoir d'engager la participation d'autres ministères fédéraux et de mobiliser les ressources de l'Agence afin de contrer les menaces à la santé des Canadiens.
En plus de lui conférer le rôle d'administrateur général de l'Agence, le projet de loi reconnaît que l'administrateur en chef de la santé publique sera le professionnel en chef de la santé publique, possédant une expertise et un leadership reconnus dans ce domaine. À ce titre, l'administrateur en chef de la santé publique aura le pouvoir de communiquer directement avec les Canadiens et de rédiger et publier des rapports sur des questions de santé publique. Il devra également présenter au ministre de la Santé, pour dépôt devant le Parlement, un rapport annuel sur l'état de la santé publique au Canada.
Les intervenants du milieu ont clairement fait savoir qu'ils veulent que l'administrateur en chef de la santé publique soit un interlocuteur crédible et fiable. Le fait de lui conférer le pouvoir de s'exprimer publiquement sur les questions de santé publique et de veiller à ce qu'il possède les qualités et les compétences professionnelles requises en matière de santé publique seront autant de gages de sa crédibilité, autant auprès des divers intervenants que de la population canadienne dans son ensemble.
Enfin, le projet de loi comprend des pouvoirs réglementaires spécifiques pour la collecte, la gestion et la protection d'informations sur la santé. Ces pouvoirs permettront à l'Agence de recevoir les renseignements sur la santé dont elle a besoin pour s'acquitter de son mandat. Plus précisément, les pouvoirs réglementaires dont il s'agit permettront d'établir des paramètres régissant la collecte et l'utilisation des renseignements sur la santé de manière à respecter les dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés, de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les autres mesures législatives fédérales, provinciales ou territoriales ayant trait au respect de la vie privée.
L'épidémie du SRAS a montré à quel point il est important que le gouvernement fédéral dispose non seulement de renseignements exacts et fiables, mais aussi de la capacité et des moyens de recevoir cette information rapidement. Devant la menace que pose la possibilité d'une pandémie de grippe, il importe que l'Agence de la santé publique du Canada soit dotée des pouvoirs nécessaires pour recueillir, utiliser, divulguer et protéger l'information reçue de tierces parties.
[Français]
Ces dispositions sont également nécessaires pour donner l'assurance aux provinces et aux territoires qu'ils peuvent légalement partager de l'information avec le gouvernement fédéral.
Ainsi, les dispositions de la loi habilitante de l'agence ainsi que les règlements pris en vertu de celle-ci clarifieront les pouvoirs conférés à l'agence en ce qui concerne la collecte de renseignements, tout en assurant la protection des renseignements confidentiels.
[Traduction]
En guise de conclusion, permettez-moi de rappeler qu'en procurant une assise législative solide à l'Agence et en appuyant le double rôle conféré à l'administrateur en chef de la santé publique, nous montrerons à la population canadienne que nous avons établi, comme elle le souhaite, un point de convergence fédéral permanent qui permettra de mieux traiter les questions de santé publique et que nous faisons le nécessaire pour renforcer le réseau de santé publique dans son ensemble.
Comme nous le savons tous, la prévention, le traitement des maladies et la promotion de la santé sont essentiels pour améliorer la santé de la population et pour atténuer les pressions qui s'exercent sur le réseau des soins actifs ainsi que les délais d'attente.
D'après ma propre expérience à titre de ministre de la Santé de l'Ontario ayant notamment eu à composer avec l'épidémie du SRAS, je sais à quel point il est impératif que nous adoptions ce projet de loi, qui établira les bases législatives de l'Agence de la santé publique du Canada et soutiendra nos efforts collectifs pour rehausser la santé publique au Canada.
[Français]
De toute évidence, nous vouons tous le même intérêt à la protection et la promotion de la santé des Canadiens et des Canadiennes. En procurant une assise législative solide à l'agence, ce projet de loi continuera la tradition longuement établie de coopération et de collaboration qui caractérise depuis des décennies l'approche adoptée par le Canada en matière de santé publique.
[Traduction]
En bout de ligne, ce projet de loi conférera à l'Agence de la santé publique du Canada un fondement légal solide pour m'aider, en tant que ministre de la Santé, à protéger et à promouvoir la santé de toute la population canadienne.
[Français]
Merci, monsieur le président.
:
Je tiens à vous remercier, monsieur le ministre, de comparaître devant nous.
Je tiens également à remercier votre gouvernement de continuer à appuyer l'initiative prise par notre dernier gouvernement, c'est-à-dire établir cette agence particulière de la santé publique.
Je voulais enchaîner sur la question posée par Mme Brown.
Comme vous le savez, si nous avons l'intention de coordonner la santé publique, il faut qu'il y ait intervention rapide. Le docteur Butler-Jones serait peut-être en mesure de répondre à la question suivante: Quel est le rôle de l'Agence de la santé publique du gouvernement fédéral en matière de coordination, surtout dans les secteurs où certaines provinces et certaines municipalités ne disposent peut-être pas des ressources nécessaires pour intervenir rapidement?
Deuxièmement, est-ce qu'on établira des liens avec les chercheurs et les services cliniques comme les salles d'urgence, etc., et avec les groupes communautaires et les hôpitaux? C'est le genre d'intervention rapide...
Je sais qu'en Colombie-Britannique, au moment du SRAS, nous avons été en mesure d'intervenir très rapidement parce que nous avions des spécialistes de la génomique qui ont procédé à des tests pour déterminer s'il s'agissait d'un organisme d'origine humaine ou d'un organisme mutant. Il s'agissait d'un organisme mutant. Nous avons donc pu intervenir rapidement dans l'ensemble des salles d'urgence et confiner le virus très rapidement en Colombie-Britannique.
Par conséquent, quel est le rôle du gouvernement fédéral si les provinces et les municipalités ne sont pas en mesure de le faire? Avons-nous des ressources pour leur venir en aide?
J'aimerais également connaître la position de l'Agence en ce qui concerne l'établissement de paramètres mesurables pour déterminer la santé de la population au Canada. S'agira-t-il d'une responsabilité fédérale? Nous allons de toute évidence travailler en collaboration avec les provinces, mais y aura-t-il une norme nationale pour ce qui est de l'établissement des paramètres sur cette question?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. Nous sommes heureux de vous accueillir aujourd'hui pour la première fois au comité.
Monsieur Butler-Jones, félicitations pour vos nouvelles fonctions. Nous avons beaucoup de questions à vous poser ce matin.
Le Bloc québécois est inquiet à plusieurs égards en ce qui concerne l'institution de cette nouvelle agence. Ce projet de loi lui confère un cadre législatif. Je sais que vous êtes présentement en fonction. L'ensemble des responsabilités qui sont données à cette agence est beaucoup plus large que ce que vous avez dit ce matin, monsieur le ministre. Les objectifs sont beaucoup plus larges que de vouloir instituer un cadre législatif et donner à la population un encadrement lors de pandémies ou lors de la propagation de la grippe aviaire.
Dans les différents documents qui nous ont été fournis par l'Agence de santé publique du Canada au sujet de la répartition des responsabilités, on dit que la nouvelle agence va maintenant faire la promotion de la santé et la prévention des maladies chroniques, par exemple le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires. À cela, on va appliquer des stratégies intégrées.
L'empiètement dans les champs de compétence et les responsabilités des provinces peut nous inquiéter. D'ailleurs, dans votre préambule, vous faites mention d'une vision qui peut soulever l'inquiétude quant au respect des compétences des provinces.
Vous parlez de la prévention des maladies et des blessures et de la préparation à l'intervention en cas d'urgence sanitaire. Vous dites par la suite que vous entendez encourager la collaboration et la coopération à plusieurs égards dans ce domaine.
Entendre, voire encourager la coopération, ce n'est pas respecter les compétences des provinces. À mon avis, c'est très timide. Il y a là matière à s'inquiéter au sujet de la façon dont sera reçu ce projet de loi par les différents gouvernements, en l'occurrence celui du Québec, qui verrait en cela qu'il s'agit d'une autorité indépendante, qui sera sous votre contrôle mais qui donnera à l'agence beaucoup plus de latitude dans ses fonctions. Donc, nous sommes inquiets au sujet des empiètements.
Nous nous inquiétons aussi du coût. Je ne sais pas à quel point vous vous êtes inspirés du Rapport Naylor, qui compte quand même plus de 300 pages. En effet, il y a eu des recommandations de l'ordre de 200 millions de dollars par année, plus une augmentation des budgets pour réaliser les objectifs du constat que fait le rapport Naylor au sujet du SRAS. Vous êtes partis du SRAS, de la pandémie, mais vous avez élargi vos tentacules en ce qui a trait aux responsabilités de l'Agence de santé publique du Canada.
Je crois que cela pourrait donner un monstre, un éléphant en termes de bureaucratie, en termes de suivis de dossiers. On nous a donné beaucoup de documentation, et nous trouvons qu'il y a matière à nous inquiéter. Cette bureaucratie qui semble prendre naissance nous inquiète à plusieurs égards.
Pourriez-vous me répondre à ce sujet, monsieur le ministre et monsieur Butler-Jones?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue au Dr Butler-Jones et à Mme Allain, à notre comité. J'ai aussi apprécié la possibilité d'entendre le ministre, ce matin.
Je veux d'abord féliciter le Dr Butler-Jones pour sa nomination à titre d'administrateur en chef de la santé publique de notre pays. Je suis un député de la Saskatchewan et lorsque sa nomination a été annoncée, c'était une très belle journée pour les gens de ma province. Le Dr Butler-Jones a en effet travaillé à Weyburn, dans la région de Sun Country et nous sommes très fiers de lui. La santé des Canadiens est entre bonnes mains.
Docteur Butler-Jones, si j'ai bien compris la structure de la loi, elle fait de vous un sous-ministre. J'ai quelques questions.
Avez-vous travaillé de près avec d'autres sous-ministres, particulièrement celui de la sécurité et de la protection civile, pour faire un suivi et des préparatifs en vue de menaces éventuelles à la santé publique canadienne? Bien entendu, je pense aux pandémies.
Au sujet de la grippe aviaire, qui préoccupe le monde entier, on dirait qu'elle se répand de l'est vers l'ouest, de pays en pays. J'aimerais que vous nous disiez un peu si nous sommes prêts pour cette épidémie, au Canada. Pouvez-vous rassurer les Canadiens sur leur sécurité?
Vous pourriez peut-être nous parler un peu du Tamiflu, pour faire le point. Je pense que Mme Demers a demandé combien de doses nous avions en réserve et quel pourcentage de Canadiens pourraient en profiter. D'après les statistiques que j'ai vues, un faible pourcentage de Canadiens pourrait être traité avec le Tamiflu disponible.
Pourriez-vous aussi nous dire si les citoyens peuvent acheter du Tamiflu ou si le fabricant en a fait des réserves pour protéger le public dans son ensemble, au cas où le Tamiflu serait nécessaire pour contrer la grippe aviaire?
Ce sont différentes questions et j'aimerais savoir ce qu'en pense mon concitoyen de la Saskatchewan.
:
J'ai certainement été adopté par les Prairies.
Merci beaucoup pour vos questions, c'est une bonne liste.
Tout d'abord, au sujet des relations avec les autres ministères et avec les sous-ministres, il s'agit de relations entre sous-ministres, notamment au comité sur les pandémies. Je fais aussi partie d'autres comités de sous-ministres sur la santé publique, la sécurité et d'autres aspects qui touchent à la sécurité publique. Nous tenons régulièrement des discussions.
Par ailleurs, lorsqu'il s'agit de réfléchir et de planifier en fonction de pandémies, il y a au moins trois autres ministères clés: Agriculture et Agroalimentaire Canada, de même que l'Agence canadienne d'inspection des aliments, nous, de Santé Canada, et le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Il y a ensuite d'autres ministères, selon les problèmes. Par exemple, il y a Environnement Canada quand on parle de la sauvagine. Il me semble que cela fonctionne bien, que la collaboration est très bonne.
Il ne s'agit pas de les vanter, mais je dois dire que j'ai été très impressionné par le sens de l'engagement des personnes avec lesquelles je travaille et de leur intérêt à régler ces problèmes. Et je ne parle pas que du gouvernement. En voyageant au Canada et à l'étranger, j'ai constaté qu'il y avait un esprit de collaboration marqué, le besoin de travailler ensemble, et la reconnaissance du fait qu'on n'arrive à rien seul. C'est positif.
Au sujet des préparatifs, il importe de faire la distinction entre la grippe aviaire, le virus asiatique H5N1 dont on parle actuellement, et une pandémie de grippe humaine. La grippe aviaire continue de se répandre dans le monde. Nous ne savons pas quand les oiseaux sauvages du Canada seront touchés; ce pourrait être tôt cet automne. Il est clair que c'est un problème agricole. C'est une question de biosécurité pour les troupeaux de volailles, à cause des contacts avec les oiseaux sauvages qui présentent un risque pour la volaille. C'est une question de moindre importance, mais tout de même un risque, pour les humains, puisque nous constatons qu'un très faible pourcentage de personnes tombent malades par suite d'un contact avec le virus. Nous parlons de contacts très nombreux et d'un très faible pourcentage de personnes malades. Ce n'est pas comme s'il y avait une grippe transmise par les oiseaux sauvages à un très grand nombre de personnes.
Du côté agricole, les préparatifs se poursuivent, mais nous travaillons très étroitement avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et l'ACIA, y compris en donnant des conseils au sujet des incidences sur les humains. Par exemple, s'il faut abattre quantité de volailles, quel est le meilleur moyen de protéger les travailleurs chargés de cette tâche?
Au sujet de la pandémie de grippe, personne ne sait, je dois l'avouer. La nature est très inventive. Le virus H5N1 peut connaître une mutation, mais cela devrait se faire en plusieurs étapes. Il pourrait aussi se recombiner avec un virus humain, chose typique dans l'évolution des pandémies de grippe, donnant ainsi un nouveau virus qu'aucun système immunitaire ne reconnaît et qui se répandrait rapidement sur le globe. C'est imprévisible, de là l'aspect crucial du travail qui se fait à l'échelle internationale, notamment celui du Réseau mondial d'information en santé publique, et celui de l'OMS et de ses agences partenaires, un travail de surveillance, de dépistage rapide et de contrôle.
Comme l'a dit le ministre, on considère en général que le Canada est l'un des pays les mieux préparés, du point de vue de la planification, mais il nous reste encore beaucoup de pain sur la planche. Malgré tous les préparatifs, les situations d'urgence et les épidémies causent de nombreuses surprises. De dire que personne, jamais, n'aura de problème... C'est impossible. Mais ce qu'on peut dire aux Canadiens, c'est que chaque mois, nous sommes plus prêts que le mois précédent. Notre capacité a été augmentée par le dernier budget et fait en sorte que les Canadiens qui se retrouveront dans une situation très difficile, très exigeante, pourront, nous l'espérons, faire d'un problème majeur un problème gérable dont on pourra se sortir.
Au sujet du Tamiflu, au pays, les gouvernements disposent actuellement de 37 millions de doses, soit suffisamment pour traiter 3,7 millions de personnes, en plus des doses qui sont dans le secteur privé, dans les hôpitaux, etc. Comme le disait le ministre, il y aura cette fin de semaine, une rencontre fédérale-provinciale-territoriale des ministres où on parlera notamment du niveau à envisager pour le Canada.
Ce qui est particulier au Canada... En fait, il y a deux choses. On dit souvent que l'OMS parle de 25 p. 100. L'OMS n'a jamais dit ça. Ce qu'a dit l'OMS, c'est que les pays qui peuvent se le permettre, dans le cadre de leur planification globale, doivent prévoir des antiviraux, comme un des moyens à employer. C'est ce que nous avons fait.
L'avantage que nous avons, c'est le programme de vaccination. Nous avons un fabricant national qui peut produire suffisamment de vaccins pour protéger tous les Canadiens. Il nous faut les antiviraux, s'ils sont efficaces, ce qu'on ne sait toujours pas, pour réduire l'incidence de la première vague de grippe, puis nous aurons le vaccin. Peut-être qu'un autre pays, dans le monde, a la même capacité, et que c'est ce qui mettra fin à l'épidémie. Voilà pourquoi une stratégie combinée est si importante.
Je voudrais bien être claire. On n'a aucune réticence à ce qu'il y ait des projets qui respectent toutes vos stratégies pour contrer une pandémie, un virus, etc. Ce qui inquiète le Bloc québécois, c'est l'augmentation des responsabilités qui sont du ressort de Santé publique Canada, parce que cela aura aussi des impacts sur l'augmentation de ses ressources humaines.
On est parti de rapport de M. Naylor sur le SRAS et on est en train de faire une très grosse structure qui mènera à des dédoublements. Des sommes d'argent seront consacrées à la bureaucratie plutôt que d'être dépensées là où il le faudrait. Il faut mettre de l'argent dans les provinces, parce que vouloir avoir des normes et des objectifs pancanadiens, c'est bien beau, mais encore faut-il que les provinces aient les moyens de mettre leurs propres structures en place.
Vous allez m'expliquer les chiffres au chapitre des ressources humaines. On constate que 1 200 fonctionnaires de Santé Canada ont été déplacés à Santé publique Canada, mais on en compte 1 825. Dans son rapport, M. Naylor a dit qu'il faudrait augmenter les ressources de Santé publique Canada pour pouvoir répondre à tous les objectifs figurant dans son rapport, et ce, afin de répondre aux besoins de la population. Quand vous avez additionné la promotion de la santé et la prévention des maladies chroniques, soit le cancer, le diabète, la maladie cardiovasculaire... Ce sont des mesures de contrôle. Je me demande, avec les ressources qui sont en place, comment vous allez faire pour livrer la marchandise. Les coûts, je pense, seront exorbitants au fil des ans. On sait par exemple que le fédéral a la responsabilité des Autochtones. Or, avec tout au plus 1 200 ou 1 300 fonctionnaires, il n'arrive pas à livrer la marchandise en matière de santé publique et de santé en général pour les Autochtones. C'est une des raisons pour lesquelles je suis très critique par rapport à la nouvelle Agence de santé publique du Canada et toutes les responsabilités que vous vous attribuez par le truchement de ce projet de loi, d'autant plus que dans le préambule, vous n'avez pas mentionné que vous alliez respecter les compétences des provinces, mais que vous entendez collaborer. Respecter les champs de compétence des provinces n'est pas la même chose qu'entendre collaborer avec elles.
Merci.