:
Je tiens à remercier les membres du comité pour l'occasion qui m'est donnée de parler en faveur des amendements à la Loi sur le contrôle des renseignements relatifs aux matières dangereuses, tel qu'énoncé dans le projet de loi .
En tant que directeur général et premier dirigeant du Conseil de contrôle des renseignements relatifs aux matières dangereuses, j'aimerais vous présenter la dirigeante qui m'accompagne, Mme Sharon Watts, directrice générale adjointe des services ministériels et de l'arbitrage. Je suis aussi accompagné de M. Marc-André Dionne, notre conseiller juridique.
[Français]
Je vais vous donner un résumé des responsabilités du conseil et un bref aperçu des rôles et responsabilités du conseil et de sa structure de gouvernance. Mme Watts abordera ensuite les amendements proposés, après quoi nous répondrons à vos questions.
Mais tout d'abord, en guise d'introduction, j'aimerais dire quelques mots sur la place du conseil dans le système global canadien visant à protéger la santé et la sécurité des travailleurs.
[Traduction]
Le Système d'information sur les matières dangereuses utilisées au travail, dit SIMDUT, a été établi en 1987 et est le fruit d'un consensus de l'industrie, des travailleurs syndiqués et des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Le but était une approche intégrée et coordonnée pour s'assurer que les travailleurs utilisant des matières dangereuses possédaient les renseignements nécessaires pour minimiser le risque de maladies ou de blessures.
Le SIMDUT garantit que l'information nécessaire concernant la manutention de matières dangereuses est fournie aux travailleurs sur les étiquettes des produits que nous appelons les fiches signalétiques, et que les travailleurs reçoivent les informations et la formation nécessaires.
Quand le SIMDUT a été mis sur pied, on a reconnu le besoin d'équilibrer le droit des travailleurs d'avoir des renseignements précis et complets en matière de santé et de sécurité et celui de l'industrie de protéger ses renseignements commerciaux confidentiels ou ses secrets commerciaux. Le Conseil a été établi comme une partie intégrante du SIMDUT pour offrir cet équilibre.
Comme le SIMDUT, le conseil est une initiative conjointe entreprise au nom des travailleurs, de l'industrie et des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. J'y reviendrai plus tard après avoir parlé un peu de la gouvernance du Conseil.
[Français]
Je vais maintenant vous donner un bref aperçu des rôles et des responsabilités du Conseil de contrôle des renseignements relatifs aux matières dangereuses et de sa structure de gouvernance.
[Traduction]
Le rôle du Conseil est de gérer la composante des secrets commerciaux du SIMDUT. C'est un organisme quasi-judiciaire indépendant, établi en vertu de la Loi sur le contrôle des renseignements relatifs aux matières dangereuses. Il a pour mandat d'accorder des dérogations à l'obligation de divulguer des ingrédients pour protéger des secrets commerciaux de bonne foi, tout en s'assurant que la documentation fournie aux travailleurs au sujet de l'utilisation sécuritaire des produits dangereux est précise et complet.
Le SIMDUT est essentiellement un système de communication des disques. Il exige que les étiquettes des produits et les documents concernant la sécurité identifient les ingrédients dangereux contenus dans un produits, les dangers spécifiques posés par le produit, les précautions à prendre lors de la manipulation du produit et les premiers soins à appliquer en cas d'exposition au produit.
La règle fondamentale du SIMDUT stipule que les documents concernant la sécurité, plus précisément les fiches signalétiques, doivent inclure tous les renseignements portant sur l'identité chimique, la concentration et les mélanges de tous les ingrédients dangereux contenus dans un produit. Mais il existe une exception à cette règle de pleine divulgation, et c'est là que le mandat du Conseil est si important.
La dérogation à la divulgation complète de tels renseignements portant sur les ingrédients est possible lorsque cette divulgation révélerait un secret commercial entraînant une perte économique pour le demandeur ou un gain économique pour ses concurrents.
[Français]
L'essence du mandat du conseil est l'examen de documents touchant l'économie et la sécurité dans toutes les situations où une matière dangereuse comporte un élément de secret commercial ou un secret de fabrication qui est déclaré comme tel. Lorsque la divulgation de certains renseignements concernant un produit dangereux divulgue un secret commercial, une demande de dérogation à l'obligation de divulguer ces renseignements précis peut être déposée au conseil.
[Traduction]
Ce qui confère un caractère unique au Conseil, c'est le fait qu'il s'agit d'un organisme gouvernemental desservant tous les secteurs de compétence: il reçoit les demandes de protection des secrets commerciaux, examine les documents touchant la santé et la sécurité, émet des ordres de conformité et prévoit des mécanismes d'appel relevant à la foi de la compétence du gouvernement fédéral et des provinces et territoires.
Le mandat législatif du Conseil a été incorporé par renvoi dans les lois provinciales et territoriales. Par exemple, on verrait le nom du Conseil dans la loi provinciale de la Saskatchewan comme étant l'entité provinciale ayant mandat d'émettre des ordres relatifs aux secrets commerciaux, tout en examinant et en émettant des ordres de conformité pour la santé et la sécurité. C'est un organisme tout à fait unique, une espèce de guichet unique.
[Français]
À ce stade de ma présentation, j'aimerais décrire les activités du conseil dans trois domaines clés portant sur son double rôle qui consiste à trouver un équilibre entre les droits des travailleurs de savoir ce que contiennent les produits avec lesquels ils travaillent et leurs risques, et le droit de l'industrie de protéger ses secrets commerciaux.
[Traduction]
Le mandat du Conseil, en réalité, se répartit sur trois secteurs d'activités, si on peut dire. Premièrement, il faut faire une analyse économique pour déterminer si les renseignements du demandeur constituent vraiment un secret commercial ou si leur divulgation aura des conséquences économiques.
Deuxièmement, il faut effectuer une analyse scientifique pour s'assurer que les renseignements fournis aux employeurs et aux travailleurs en matière de santé et de sécurité décrivent exactement et intégralement les dangers du produit, ses ingrédients, les mesures de protection, les premiers soins en cas d'exposition, etc.
Le troisième volet de notre mandat est un processus d'appel. Nous émettons des ordres de conformité impératifs lorsque nous constatons des infractions — j'y reviendrai. Lorsque le demandeur ou une partie touchée, par exemple un représentant des travailleurs, conteste une décision du Conseil, une commission d'appel est nommée pour entendre cette contestation.
J'aimerais revenir au premier volet de notre mandat. Pour étayer une demande prétendant que certains renseignements constituent un secret commercial, le système actuel, en vertu des lois existantes, exige que le demandeur dépose des documents indiquant les mesures qu'il a prises pour préserver le caractère confidentiel de ses renseignements. Il doit aussi déposer des documents mentionnant le montant de la perte économique qu'il subirait ou de l'avantage économique que ses concurrents tireraient si l'information devenait publique.
La documentation à l'appui de la demande de protection d'un secret commercial est vérifiée par le personnel du Conseil. Si tous les renseignements pertinents sont joints à la demande, un numéro d'enregistrement est émis et il remplace, et sert à protéger, les renseignements concernant le secret commercial sur la documentation portant sur la santé et la sécurité. L'émission du numéro d'enregistrement permet la commercialisation du produit par le demandeur.
D'après les renseignements déposés par les demandeurs à propos de la valeur de leurs secrets commerciaux au cours du dernier exercice financier terminé le 31 mars 2006, la valeur du mécanisme de protection contre la divulgation des secrets commerciaux, administré par le conseil, était de l'ordre de 624 millions de dollars.
Le deuxième volet du mandat du Conseil est l'examen scientifique des renseignements en matière de santé et de sécurité qu'il faut fournir aux employeurs et aux travailleurs utilisant le produit. Le demandeur doit inclure ces renseignements avec la demande de protection du secret commercial.
[Français]
Ce deuxième volet de notre mandat est essentiel. Étant donné que les employeurs et les travailleurs n'ont pas accès aux renseignements protégés comme un secret commercial, il est essentiel que tous les renseignements qui leur sont fournis en matière de santé et de sécurité soient complets et exacts.
[Traduction]
Depuis le début des activités du Conseil, celui-ci a ordonné des corrections à la documentation sur la santé et la sécurité d'une proportion très élevée — environ 95 p. 100 — des demandes déposées. En 2005-2006, on a ordonné la correction de 2 605 inexactitudes — des infractions, si l'on veut. En moyenne, huit ou neuf corrections ont été demandées aux renseignements sur la santé et la sécurité fournis dans chaque demande présentée au Conseil.
Un grand nombre de ces inexactitudes constitue une menace potentielle pour la santé et la sécurité des travailleurs. Ce sont, par exemple, l'omission d'identifier les ingrédients dangereux ou toxiques d'un produit, une classification inexacte de propriété toxique d'un ingrédient, les mesures de premiers soins, et les mesures de protection que doivent prendre les travailleurs pour se protéger. C'est, en gros, la nature des infractions.
Une fois que le Conseil a effectué son analyse économique et scientifique, nous communiquerons aux demandeurs nos décisions concernant la validité de la demande touchant le secret commercial et le respect des normes réglementaires dans la documentation en matière de santé et de sécurité. Par la même occasion, nous publions ces décisions dans la Gazette du Canada et dans notre site Web pour que tout le monde puisse en prendre connaissance.
Lorsque la décision mentionne que la documentation en matière de santé et de sécurité n'est pas conforme, nous obligeons le demandeur à y apporter les correctifs nécessaires. Comme je l'ai dit, l'année dernière, nous avons ordonné 2 605 corrections, par ordre impératif. Le demandeur doit alors fournir ou fournir au Conseil une copie de la documentation modifiée, ou encore faire appel de la décision, ou cesser de vendre le produit au Canada.
Ceci nous amène au troisième volet du mandat du Conseil, le processus d'appel. Les appels peuvent être interjetés non seulement par le demandeur, mais également par les parties touchées. Ces appels sont entendus par des commissions indépendantes composées de représentants des gouvernements, des travailleurs et de l'industrie.
Ce sont donc là les trois volets de notre mandat. Maintenant, j'aimerais parler de gouvernance, parce que le Conseil a une structure de gouvernance qui est unique, qu'il vaut la peine d'expliquer.
La structure de gouvernance du Conseil est unique. Il est supervisé par un Bureau de direction composé de 18 membres. Il y a deux représentants des travailleurs syndiqués, deux représentants de l'industrie, l'un des employeurs des personnes qui manipulent les matières dangereuses et l'autre des fournisseurs de ces matières. Un représentant de chaque gouvernement provincial et territorial; et un représentant du ministre fédéral responsable de la santé et de la sécurité au travail.
[Français]
Le Bureau de direction joue un rôle de supervision et de gouvernance. En vertu de la loi, il a pour mandat de formuler des recommandations au ministre sur les modalités d'examen des demandes de dérogation, les procédures d'appel et les modifications des droits.
[Traduction]
En ce qui concerne les amendements énoncés dans le projet de loi , ils ont été rédigés sous les hospices de notre bureau de direction tripartite, qui les a recommandé au conformément aux dispositions de la loi. Ce bureau de direction composé de 18 membres a joué un rôle crucial de chef de file dans les consultations des intervenants et les analyses qui ont été effectuées en vertu du programme de renouvellement qu'a amorcé le Conseil.
Je crois qu'il est unique d'avoir l'industrie, les syndicats et les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à la même table pendant 19 années consécutives. Ils travaillent de façon extrêmement efficace. Tout au long du processus de renouvellement, il y a eu d'amples discussions, toujours positives et constructives. Au bout du compte, nous avons fini par obtenir l'appui entier de tous les gouvernements provinciaux et territoriaux, des travailleurs qui manipulent les matières dangereuses, des industries qui fournissent ces matières et des entreprises utilisant les matières dangereuses dans leurs activités.
En novembre 2002, le Bureau de direction a recommandé officiellement et unanimement à la de l'époque que le programme de renouvellement soit parachevé par la mise en oeuvre des amendements qui font l'objet du.
[Français]
Les amendements que vous allez examiner ont fait l'objet de vastes consultations et de longues discussions parmi les intervenants. De nombreuses améliorations ont été identifiées durant le processus de renouvellement. La plupart d'entre elles ont déjà été mises en oeuvre dans le cadre de changements d'ordre administratif ou réglementaire.
[Traduction]
Je vais maintenant laisser la parole à Sharon, pour qu'elle explique en détail les amendements.
:
Trois amendements sont proposés dans le but de moderniser et de rationaliser les activités du conseil.
[Traduction]
Dans le cadre de l'examen économique dont nous avons parlé plus tôt, le premier amendement permettra aux demandeurs de déclarer, avec un minimum de documents justificatifs, que les renseignements pour lesquels ils demandent une exemption à l'obligation de divulguer sont des renseignements commerciaux confidentiels. Un minimum de renseignement fait allusion à l'obligation du demandeur de faire une déclaration disant qu'il s'agit de renseignements commerciaux et confidentiels; que cette information vaut tant; et que des mesures sécuritaires sont en place pour protéger leur caractère confidentiel.
Actuellement, les demandeurs doivent soumettre des documents détaillés à l'appui de chacune de ces déclarations. Ils le font sur les mesures qu'ils ont prises pour protéger le caractère confidentiel et sur les incidences financières possibles d'une divulgation, qu'il s'agisse d'une perte pour eux ou d'un gain pour leurs concurrents. Il s'agit-là d'un fardeau administratif pour les demandeurs et pour le Conseil. L'industrie a été consciencieuse dans le dépôt de ces dérogations et a justifié convenablement ces demandes, à quelques exceptions près. Pratiquement toutes les demandes ont été jugées valides, encore une fois, du point de vue économique.
Le Conseil, avec cette modification, exigera la documentation complète appuyant une demande de dérogation à l'obligation de divulguer lorsqu'une partie touchée contestera une demande, ou lorsqu'une demande sera choisie par le biais d'un mécanisme de vérification mis en place pour décourager les demandes fallacieuses ou futiles.
[Français]
En résumé, la proposition favorise une approche axée sur des déclarations, mais avec un filet de sécurité, c'est-à-dire l'exigence de fournir la documentation complète si une partie touchée conteste une demande ou si une demande est choisie par le biais du mécanisme de vérification. C'est le premier amendement. Il se rapporte au premier volet économique du mandat déjà décrit par M. Newton.
[Traduction]
Le deuxième amendement se rapporte au deuxième volet de notre mandat, le côté santé et sécurité de notre examen de conformité. Cet amendement permettra aux demandeurs de prendre l'engagement d'apporter volontairement les correctifs nécessaires aux renseignements concernant la santé et la sécurité lorsqu'ils sont jugés non conformes.
En vertu du libellé actuel de la Loi, nous devons émettre des ordres officiels de correction même si les demandeurs, mis au courant de problèmes de conformité, sont tout à fait disposés à apporter tous les correctifs nécessaires. Ces ordres sont publiés dans la Gazette du Canada, mais ils ne deviennent exécutoires qu'au moins 75 jours après leur publication; il y a une période de 45 jours durant laquelle des appels peuvent être interjetés et une autre période de 30 jours pour permettre aux demandeurs de se conformer à l'ordre de présenter leurs fiches signalétiques modifiées à l'agent de contrôle.
En permettant que des correctifs soient apportés volontairement, on accélérera le processus visant à fournir plus tôt aux travailleurs des renseignements exacts concernant la sécurité. Pourquoi? Il y a une période de 75 jours pendant laquelle nous attendons que s'écoule la période d'appel et de présentation de fiches signalétiques, avec l'engagement de fournir renseignements immédiatement parce qu'ils auront déjà été corrigés avec la présentation de l'engagement.
[Français]
La conformité intégrale surviendra nettement plus tôt que ce qui est réalisable dans le cadre du système actuel. Cela mettra également un terme à la préoccupation des demandeurs. En effet, selon eux, les ordres de conformité insinuent qu'ils sont réticents à assumer leurs responsabilités en matière de sécurité en milieu de travail, alors qu'ils nous ont déjà dit être tout à fait disposés à fournir une fiche signalétique modifiée sans qu'un ordre ait été émis.
[Traduction]
Il est important de souligner qu'en l'absence d'un engagement ou en cas de non-respect d'un engagement, un ordre de conformité sera émis immédiatement, ce qui garantirait une conformité totale. Autrement dit, il y aura conformité complète quoi qu'il arrive.
La transparence sera assurée par la publication du contenu de tous les engagements dans la Gazette du Canada. Les travailleurs sauront quels renseignements auront été corrigés volontairement et pourront s'assurer qu'il s'agit bien de renseignements mis à leur disposition sur les lieux de travail.
Le troisième amendement vise à améliorer le processus d'appel, c'est-à-dire le troisième volet de notre mandat qu'a décrit M. Newton, soit l'approbation du processus d'appel. Cet amendement permettra au Conseil de fournir aux commissions d'appel des éclaircissements factuels du dossier de l'agent de contrôle lorsque cela est nécessaire pour faciliter le processus.
Les appels sont entendus par des commissions indépendantes composées de trois membres, qui représentent les travailleurs et l'industrie, et la présidence. La majorité, voire la totalité, des appels entendus jusqu'à ce jour auraient bénéficié des renseignements explicatifs supplémentaires qu'a donnés le Conseil, ce que ne permet pas la législation actuelle.
[Français]
Nous ne cherchons pas à obtenir le statut de partenaire à part entière dans ces appels, mais avec cet amendement, le conseil pourrait agir comme un ami du tribunal, en fournissant au besoin des renseignements essentiels à la commission d'appel.
[Traduction]
Si le Conseil y est autorisé, on accélérera le processus d'appel et, avec tous les renseignements en main, on peut espérer que la qualité des décisions des commissions d'appel et leur crédibilité seront rehaussées. Rien de tout cela ne viendra interférer avec l'indépendance légale des commissions d'appel. Cette indépendance est cruciale pour l'acceptation des décisions des commissions
[Français]
Ce sont là les trois amendements.
[Traduction]
Je rends la parole à M. Newton.