:
La séance n
o 59 du Comité permanent de la santé est ouverte.
Aux termes du paragraphe 108(2) du Règlement, nous aurons une séance d'information sur des modifications réglementaires possibles. Nous étudierons aujourd'hui le projet de loi . Des témoins vont nous prêter main-forte.
Nous voudrions garder un peu de temps, à la fin de la séance, peut-être 20 ou 30 minutes, pour l'étude article par article du projet de loi , si le comité le veut bien. Nous espérons être rendus là à ce moment-là.
Au préalable, nous allons accueillir des témoins. D'abord, Paul Haddow, du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Et puis, du ministère de l'Industrie, Alain Beaudoin. Nous sommes heureux que vous soyez là.
Je vais également présenter ceux qui sont ici pour la période des questions: du ministère de la Santé, Daniel Chaput, de l'Agence de la Santé publique du Canada, David Butler-Jones, et de l'Agence canadienne de l'inspection des aliments, Emmy Verdun. C'est un plaisir de vous accueillir.
Là-dessus, nous allons passer aux exposés. Nous en avons deux. D'abord, celui du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile.
Paul Haddow, à vous la parole.
:
Merci, monsieur le président, de nous permettre de comparaître aujourd'hui.
[Français]
Je m'appelle Paul Haddow et je suis le directeur général de la Direction des affaires internationales au ministère de la Sécurité publique du Canada.
[Traduction]
Nous croyons savoir que, au cours d'une autre séance du comité, certaines questions ont été soulevées et celle du Partenariat pour la sécurité et la prospérité a été abordée. Le comité a souhaité obtenir plus d'information sur la question, car elle fait partie du contexte de ses discussions sur certains règlements.
Mon collègue d'Industrie Canada, Alain Beaudoin, et moi coordonnons ce que nous appelons les piliers de la sécurité et de la prospérité du PSP. Je suis chargé du volet de la sécurité et, dans le programme de sécurité, il y a deux domaines qui peuvent intéresser le comité, celui de la bioprotection en général et celui des préparatifs et de l'intervention en cas d'urgence.
Je signale que je m'en tiendrai aux grandes lignes pour situer le contexte, car nous avons ici des spécialistes des divers éléments particuliers du PSP.
Si je puis me permettre, monsieur le président, je vais faire un bref historique.
Après les attentats du 11 septembre, le Canada et les États-Unis n'ont pas tardé à prendre une initiative qu'on a appelée l'accord sur la frontière intelligente. Ce fut une occasion de s'attaquer aux questions de sécurité concernant surtout les douanes et l'immigration. L'initiative était dirigée, pour les Canadiens, par le vice-premier ministre Manley, et, pour les Américains, par le gouverneur Ridge, qui est ensuite passé au poste de secrétaire. Dans le cadre de l'initiative, on a cerné quelques problèmes auxquels il fallait s'attaquer au lendemain des attentats. Les deux pays adoptaient une nouvelle approche des enjeux de sécurité, et il a semblé qu'ils devraient conjuguer leurs efforts dans la mesure du possible pour atteindre leurs objectifs en matière de sécurité sans perturber la circulation des personnes et des marchandises à faible risque.
Cette initiative de 2002 a été une telle réussite que les autres ministères se sont dit que, eux aussi, il leur fallait un programme avec les États-Unis pour aborder ce genre de questions, et qu'il fallait élargir la portée de l'accord sur la frontière intelligente au-delà des douanes et de l'immigration pour englober toutes les questions qui ont des ramifications concernant la frontière entre le Canada et les États-Unis. C'est ainsi, monsieur le président, que les trois dirigeants du Canada, du Mexique et des États-Unis se sont rencontrés à Waco, au Texas, en mars 2005 et ont établi le Partenariat pour la sécurité et la prospérité, qui était en réalité une version très élargie et trilatérale de l'accord sur la frontière intelligente. Portée plus vaste, donc, et participation du Mexique. Il reposait sur trois piliers d'une égale importance: sécurité, prospérité et qualité de vie.
Peu après, monsieur le président, les fonctionnaires ont été chargés de dresser un programme de travail correspondant à l'ampleur de l'initiative envisagée par les trois dirigeants. Une dizaine de groupes de travail se rattachent au volet de la sécurité et s'occupent de tous les aspects: sécurité des marchandises et des voyageurs, protection civile, sécurité de l'aviation, bioprotection, sciences et technologie. Le programme concerne une quinzaine de ministères.
Pour élaborer un programme de travail qui concrétiserait la vision définie par les trois dirigeants à Waco, les ministres se sont rencontrés et les fonctionnaires ont dressé un plan de travail complet. Essentiellement, on a demandé aux ministères quels étaient leurs problèmes non réglés entre le Canada et les États-Unis et entre le Canada et le Mexique. Voilà la question que nous nous sommes posée au Canada. Différents ministères ont exposé leurs idées sur les problèmes qu'ils souhaitaient aborder, les questions qui n'étaient pas à l'ordre du jour ou celles dont ils voulaient faire des priorités. Ces activités, comprenant plus de 300 initiatives dans les divers ministères, ont été regroupées.
Le sommet suivant a eu lieu à Cancun, au Mexique, en mars 2006. La position du gouvernement du Canada était la suivante: oui, le PSP était une réussite dans la mesure où il avait permis d'élaborer un plan de travail complet regroupant toutes les questions à aborder. Mais comment établir un ordre de priorité lorsqu'il y a de 300 à 400 activités? Il s'agissait donc de donner une nouvelle orientation plus précise à ce nouveau programme élargi.
Voilà ce qu'on a fait à Cancun, où les dirigeants ont choisi un petit nombre de priorités dans le domaine de la sécurité: élaborer un plan en prévision d'une pandémie en Amérique du Nord, renforcer la coopération et la coordination en matière de préparatifs et d'intervention en cas d'urgence, et poursuivre le travail pour rendre les frontières à l'intérieur de l'Amérique du Nord plus intelligentes en assurant la même sécurité, mais de façon à faciliter la circulation des marchandises et des voyageurs qui ne posent pas de problèmes.
Mon collègue, M. Beaudoin, va parler des priorités du volet de la prospérité.
Je dois signaler pour conclure, monsieur le président, que, à la différence de l'ALENA, par exemple, le PSP n'est pas un accord international en bonne et due forme. Il s'agit essentiellement d'un plan de travail élaboré par les trois pays, et l'initiative a l'avantage de retenir l'attention des trois dirigeants tous les ans. Elle est donc une priorité à l'échelon le plus élevé. Mais le plan de travail est élaboré à partir de la base, à partir des ministères.
J'ai dit que dix groupes de travail se rattachent au volet de la sécurité. Chacun d'eux à ses propres mécanismes de consultation. L'ACIA et Santé Canada, par exemple, lorsqu'ils ont élaboré le programme de bioprotection, ont mené de vastes consultations auprès des groupes intéressés ordinaires et des provinces, et tous les autres groupes de travail, à leur façon, ont suivi ce modèle.
Nous voulons à l'avenir conserver une série de priorités qui sont fidèles aux objectifs du Canada. Il est juste de dire que, n'eût été du PSP, nous n'aurions pas de plan nord-américain en prévision des pandémies. Il y aurait un plan dans chacun des pays, Canada, États-Unis et Mexique, mais l'idée d'établir des liens entre les trois pays, en tenant compte des frontières, n'aurait pas vu le jour sans le PSP. Voilà un exemple des avantages qu'on peut obtenir, dans le programme du gouvernement du Canada, en partant de la base pour donner suite à cette initiative.
Merci beaucoup, monsieur le président. Je vais m'en tenir là. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, je suis Alain Beaudoin et il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui pour vous parler du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité.
Je suis le directeur général des Partenariats en innovation à Industrie Canada. Parmi mes responsabilités, j'ai celle de coordonner le volet prospérité pour le gouvernement.
Avant d'aller plus loin, je veux préciser que j'ai témoigné au sujet du volet prospérité du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité devant le Comité permanent du commerce international le 10 mai dernier. Les remarques que je vais livrer aujourd'hui sont essentiellement les mêmes que celles que j'ai déjà livrées au comité. Je crois que vous avez devant vous mes remarques, à des fins de référence.
Tout d'abord, précisons un peu le contexte, car je ne voudrais pas répéter ce que mon collègue M. Haddow a dit. Le Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité, ou PSP, a été inauguré en mars 2005 comme mécanisme trilatéral pour renforcer la compétitivité nord-américaine et pour rehausser la sécurité et la qualité de vie des citoyens des États-Unis, du Canada et du Mexique grâce à une plus grande coopération et au partage de l'information.
Au Canada, le ministre des Affaires étrangères a le mandat de gérer les relations nord-américaines, dont le PSP est un élément. Le ministre de la Sécurité publique est chargé du volet sécurité, et le ministre de l'Industrie est responsable du volet prospérité.
Tout en respectant la souveraineté, le patrimoine unique, la culture et les lois de chaque pays, le volet prospérité du PSP vise à améliorer la position concurrentielle des industries nord-américaines sur le marché mondial. Il vise aussi à offrir plus de débouchés économiques, tout en maintenant des normes élevées de santé et de sécurité. C'est à cette fin que les États-Unis, le Mexique et le Canada travaillent ensemble, avec les intervenants, à renforcer la compétitivité, réduire le coût du commerce et rehausser la qualité de vie.
[Traduction]
Son caractère trilatéral fait du PSP un mécanisme complexe. Il est mis en oeuvre au moyen des activités de groupes de travail trilatéraux qui sont chargés d'établir des contacts avec divers intervenants à l'intérieur de chaque pays. Le volet de la prospérité comprend neuf groupes travail trilatéraux chargés des secteurs clés de l'activité économique: commerce électronique et technologies de l'information, énergie, environnement, services financiers, alimentation et agriculture, santé, produits manufacturés et compétitivité sectorielle et régionale, circulation des biens et, enfin, transports.
Avec la contribution des intervenants, les groupes de travail ont accepté de travailler à un certain nombre d'initiatives bilatérales et trilatérales pour faire avancer la mise en oeuvre du volet de la prospérité. Toutes des initiatives ont été rendues publiques. Si vous ne l'avez pas déjà fait, je vous invite à consulter le site Web du PSP. Il présente des plans détaillés et documente les progrès accomplis jusqu'à maintenant dans la mise en oeuvre. Voilà, brièvement, comment fonctionne le PSP. Quels sont les avantages que le Canada peut en retirer?
Comme vous le savez, des facteurs clés ont radicalement changé la manière de fonctionner des entreprises mondiales et notamment celle des entreprises canadiennes. Le faible coût des systèmes de télécommunication et de transport ainsi que l'abondance de main-d'oeuvre qualifiée à bas salaire dans d'autres régions du monde continuent de transformer profondément les activités des entreprises en des chaînes d'approvisionnement mondiales. Cette transformation a des avantages. Même les PME qui intègrent leur chaîne d'approvisionnement et ont recours à la technologie peuvent prétendre à d'importantes réductions du coût de la qualité et des délais de mise en marché, mais d'intenses pressions s'exercent sur les entreprises nord-américaines, si elles veulent rester compétitives. Le Canada est l'un des pays les plus prospères du monde, mais sa prospérité dépend en grande partie de son accès aux marchés internationaux. Pour rester prospères, les entreprises canadiennes doivent absolument s'adapter et surmonter les problèmes de gestion de la chaîne d'approvisionnement, comme celui de la logistique intégrée. Pour le Canada, ces difficultés sont particulièrement aiguës à la frontière avec les États-Unis.
Tout le monde sait que les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis atteignent presque 2 milliards de dollars par jour. Les deux économies sont très intégrées et travaillent de façon de moins en moins séparée. Environ 34 p. 100 des échanges bilatéraux se font à l'intérieur des entreprises et plus de 77 p. 100 à l'intérieur des industries. C'est ainsi que sont apparues des plates-formes commerciales intégrées et compétitives sur les marchés mondiaux, et fondamentalement enracinées en Amérique du Nord.
C'est là que le PSP peut être utile. Il vise à renforcer et à encourager des échanges commerciaux soutenus entre les pays nord-américains tout en assurant la sécurité. Il ne constitue qu'un aspect de la relation constructive et productive du Canada avec les gouvernements américain et mexicain. Il s'agit d'un partenariat non contraignant. Il sert à trouver des solutions pratiques à des problèmes concrets. C'est un moyen d'entretenir une solide relation avec nos partenaires de l'ALENA, mais qui ne se superpose pas sur les mécanismes existants. Il ne vise donc pas à remplacer l'ALENA, et il ne doit pas être une solution de rechange aux mécanismes existants de négociation commerciale.
À leur dernière réunion, en mars 2006, les trois dirigeants du Canada, des États-Unis et du Mexique ont convenu de se concentrer sur cinq priorités pour faire avancer la mise en oeuvre du PSP et obtenir des résultats tangibles. Ces priorités sont le renforcement de la compétitivité, la coordination de la gestion des situations d'urgence, la coopération dans la planification de la lutte contre les pandémies de grippe aviaire et humaine, la sécurité énergétique et l'aménagement de frontières intelligentes et sûres.
[Français]
Cette focalisation renouvelée a confirmé l'engagement des dirigeants à l'égard de la mise en oeuvre d'un agenda positif pour l'Amérique du Nord.
L'alignement de la réglementation à l'échelle de l'Amérique du Nord est l'une des plus importantes contributions au renforcement de la compétitivité. Grâce à une coopération accrue dans le cadre du PSP, le Canada, les États-Unis et le Mexique souhaitent rendre leurs réglementations plus compatibles, afin de réduire les coûts, en éliminant les répétitions inutiles et les redondances ainsi que les obstacles qui s'opposent au commerce. C'est ce qu'on est en train de faire, tout en garantissant des normes élevées pour la santé et la sécurité et en protégeant notre environnement.
Les chefs ont aussi convenu de créer le Conseil nord-américain de la compétitivité, qui est chargé de présenter aux gouvernements des avis et des recommandations sur la manière d'améliorer la compétitivité.
Pour continuer sur cette voie, le 23 février dernier, les ministres Bernier, Day et MacKay ont rencontré leurs homologues des États-Unis et du Mexique ici, à Ottawa. Ils ont passé en revue les progrès réalisés en rapport avec les cinq priorités en prévision du sommet des chefs de cette année, actuellement prévu pour le mois d'août 2007.
Les ministres ont aussi reçu le rapport du Conseil nord-américain de la compétitivité, qui a été rendu public. Ce rapport contenait 51 recommandations portant sur trois aspects: la facilitation de la circulation transfrontalière, la coopération en matière des normes et de réglementation et l'intégration de l'énergie.
En conclusion, le Partenariat nord-américain sur la sécurité et la prospérité a été conçu comme une approche pratique, systématique permettant aux gouvernements de mieux travailler ensemble pour améliorer la compétitivité, assurer notre sécurité et notre qualité de vie. Il faut du temps et un engagement soutenu pour y parvenir.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, messieurs.
Comme le président l'a dit en début de séance, lui et le gouvernement espèrent aborder au cours de la séance l'étude article par article d'un projet de loi que le gouvernement souhaite faire adopter au comité et ramener à la Chambre le plus vite possible. En sera-t-il ainsi? Cela dépend probablement un peu de vos réponses.
Monsieur Haddow, j'ai été frappée de vous entendre dire que le processus partait de la base. Bien sûr, administrativement, dans la bureaucratie, on a demandé aux fonctionnaires de cerner les problèmes à résoudre, et ils ont trouvé les idées initiales, mais on ne doit pas leur avoir donné le choix de participer ou non, car, comme vous l'avez dit aussi, il s'agit d'une priorité à l'échelon le plus élevé du gouvernement. Il me semble qu'on a dû leur indiquer la voie à suivre et leur demander de bien vouloir cerner les problèmes qu'ils souhaitaient régler. Lorsque l'orientation vient d'en haut, les bureaucrates n'ont pas le choix de participer ou non. Je suis sûr qu'ils ont tous travaillé comme des forcenés pour trouver ces 300 questions à régler.
Monsieur Beaudoin, vous avez dit qu'un des objectifs étaient d'améliorer la qualité de vie, mais comment atteindre cet objectif, puisque cette notion est définie différemment aux États-Unis, au Canada et au Mexique? Il suffit de voir les objectifs des trois pays pour constater que la qualité de vie se mesure différemment selon l'endroit où on habite.
Vous avez dit également que les documents sur votre site Web progressent? Selon le point de vue de qui? Si les 300 questions qui ont été cernées et les plans de travail qui ont été élaborés pour s'y attaquer viennent de la bureaucratie, comment pouvez-vous savoir si les Canadiens pensent qu'il s'agit d'un progrès?
Il me semble qu'on ne sort jamais d'un même cercle: les bureaucrates cernent le problème, préparent un plan de travail et, s'ils parviennent à leurs fins, parlent de progrès. Comme nous ne savons pas vraiment ce qui se passe, que personne ne vient nous décrire la dernière initiative, le dernier problème, le dernier plan de travail, le dernier résultat, comment les Canadiens peuvent-ils savoir s'il s'agit vraiment d'un progrès, si leur qualité de vie s'améliorera, si la sécurité s'améliorera?
Par ailleurs...
:
Merci d'être parmi nous aujourd'hui.
Vous avez tous lu en fin de semaine le cas de M. Andrew Speaker, qui a contracté une forme de tuberculose transmissible. Je sais que des mesures ont été prises. Au moment du diagnostic, on lui a dit de ne pas voyager. Cependant, comme un laps de temps de 14 jours s'est écoulé avant que les autorités soient avisées, M. Speaker a eu le temps de faire différents voyages
Comment expliquez-vous, dans la chronologie des événements, ce manquement pouvant être dangereux pour la vie des gens? On essaie de retrouver tous les gens qui ont voyagé dans la même période, surtout ceux qui ont été le plus en contact avec lui.
J'aimerais demander à M. Butler-Jones ce qui a manqué. On est en train d'adopter le projet de loi . On nous dit qu'il n'y a pas de problème, mais on doit savoir ce qui a manqué, afin que cette situation ne se reproduise pas. Les autorités de santé publique des États-Unis ont-elles subi une faille du système de divulgation des renseignements?
:
Je suis en communication avec Mme Julie Gerberding, du CDC des États-Unis. Nous aurons une réunion afin de tirer des leçons et de déterminer tous les moyens pouvant contribuer à éviter qu'une telle situation se reproduise à l'avenir.
[Traduction]
Je vais m'exprimer en anglais parce qu'il faut être précis et que mon anglais et bien meilleur que mon français.
La difficulté, ici, c'est qu'une personne qui, heureusement peu infectieuse, a décidé de se rendre dans un certain nombre de pays et de ne pas se conformer aux conseils reçus. Cela arrive de temps à autre. Cela se voit dans tous les pays.
Nous étudierons avec nos collègues américains — comme nous l'avons fait avec les Français, les Italiens, les Tchèques et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies — des mesures qui auraient permis d'intervenir plus tôt auprès de cette personne, pour qu'elle ne voyage pas, etc.
Ensuite, dès que nous avons été mis au courant, nous avons communiqué avec le transporteur aérien, avec les Américains et avec d'autres pour identifier les voyageurs et assurer un suivi.
La tuberculose se distingue d'autres maladies par la longue période qui sépare l'exposition à la maladie et l'infection, et la période encore plus longue qui s'écoule avant que la personne atteinte puisse infecter quelqu'un d'autre. En fait, nous avons un certain temps pour vérifier les faits, nous renseigner sur ce qui s'est vraiment passé. Ainsi, lorsque nous communiquons avec ces gens, nous possédons la meilleure information possible.
C'est pourquoi nous avons travaillé pendant le week-end avec les différentes autorités, les transporteurs aériens et d'autres gens, pour obtenir le manifeste. Puis, l'information a été diffusée plus largement, ce qui a permis de retrouver les personnes en cause plus rapidement, mais nous avions amplement de temps de le faire.
S'il s'était agi de méningite ou d'une autre maladie pour lesquelles les délais d'intervention sont plus courts, pour assurer le suivi et prendre les mesures possibles, dès que nous aurions été mis au courant, l'information aurait été rendue publique très rapidement.
:
Ce qu'on a alors présenté au comité, c'est le meilleur avis possible du point de vue de la santé publique. Notre opinion — et les fonctionnaires provinciaux auront exprimé la même, en matière de santé publique —, c'est que les risques à contrer ne viennent pas des États-Unis, généralement. Si les circonstances changeaient, toutefois, il aurait été possible d'agir par voie réglementaire, comme nous en avons le pouvoir, pour que les transports terrestres soient visés.
Cela dit, nous avons entendu l'opinion du comité, qui doit refléter celle de la population en général et celle du ministre: dans les circonstances, nous devrions essayer de viser les transports terrestres de la façon la plus efficace possible. Nous avons dit qu'il n'y avait pas de risque supplémentaire. Il arrive que, en prenant certaines mesures, on accroisse le risque. Il y a un principe en médecine: d'abord, ne pas nuire. Certaines mesures peuvent accroître différents risques. À mon avis, on n'accroît pas le risque, ici. Il pourrait y avoir un certain avantage. Autre aspect utile: si nous avons un autre incident, nous n'aurons pas à intervenir par voie réglementaire. Les dispositions seront déjà en place pour les transports terrestres. Deuxièmement, cela pourrait faciliter la circulation à la frontière, car la notification préalable permettrait de voir ce qu'il y a lieu de faire ou non: mettre la personne en cause à part, etc.
Quant aux coûts, nous allons les absorber. Nous ne savons pas au juste à combien ils s'élèveront, mais les coûts les plus importants seront ceux de l'information à diffuser pour que les conducteurs soient au courant, connaissent le numéro 1-800, etc. Entre 88 et 89 millions de personnes entrent au Canada chaque année, dont 79 millions en provenance des États-Unis et 66 millions par voie terrestre. Dans la vaste majorité des cas, il s'agit de voitures particulières et non d'autocars, de trains, etc. La Loi sur la mise en quarantaine exige toujours que, si quelqu'un est malade, même dans une voiture ou une camionnette particulière, il faut le déclarer.
:
Il y a en fait tout un écheveau de responsabilités. En santé publique, l'activité se situe au niveau local. Au fond, c'est au niveau local que les gens tombent malades et que les problèmes et les catastrophes se produisent. Ils peuvent toucher bien des endroits à la fois, mais tout se passe au niveau local.
Il y a donc des lois provinciales et territoriales sur la santé publique et des médecins, des infirmières, des inspecteurs et d'autres personnes qui gèrent les problèmes, comme les maladies infectieuses, au niveau local. Parfois, le problème devient trop grave pour leurs seuls moyens et ils font alors appel à nous. Nous exploitons aussi un laboratoire de référence à Winnipeg, entre autres choses.
En même temps, nous avons pour la planification le Réseau canadien de la santé, qui élabore constamment des politiques et cherche les meilleures orientations, les meilleurs programmes, les meilleurs moyens de lutter contre les maladies, etc. Et nous travaillons au niveau international.
Parallèlement, lorsque j'étais médecin au niveau local, à Sault Ste. Marie, j'avais de bonnes relations avec mes collègues d'une ville du même nom, au Michigan, et de l'Upper Mainland. Et d'autres font la même chose, entre État et province. Ces questions transcendent les frontières, et nous devons être constamment en communication et, dans la mesure où nous pouvons coordonner nos activités, nous sommes plus efficaces.
Que peut-il arriver? Voici un exemple très récent, un problème de rougeole, pour montrer ce que le Canada pourrait faire. Nous avons gardé des élèves à l'écart parce que nous n'étions pas convaincus d'avoir réduit le risque suffisamment pour permettre aux élèves de monter à bord d'un avion. En même temps, nous avions des échanges avec les Japonais. Nous avons fait savoir à W.H. Njoo ce que nous faisions, et nous entretenions une étroite collaboration avec les autorités locales, par exemple, pour trouver les meilleurs moyens de gérer le problème.
La situation était très difficile — pas facile, très complexe —, mais tous ont collaboré. Heureusement, un avion d'étudiants a pu partir hier, un autre aujourd'hui, et nous croyons que les derniers étudiants pourront rentrer chez eux demain.
Il y a eu certaines perturbations, mais nous n'avons pas renvoyé dans un avion quelqu'un qui risquait d'avoir la rougeole et d'infecter d'autres personnes.
:
D'abord, heureusement, on n'a jamais vu de maladie qui se propage comme celle qu'on voit dans
28 Days Later, mais cela correspond souvent à l'image que les gens se font.
Nous croyons assurément que les modifications enrichissent notre arsenal. Elles ne lui enlèvent rien. Il y a des occasions à saisir. Nous ne pouvons jamais donner de garantie.
Dans le cas de tuberculose que nous avons eu, le type n'a rien dit à personne et il n'avait aucun symptôme. Aucune Loi sur la mise en quarantaine ne pourrait faire quoi que ce soit.
Nous allons tâcher d'améliorer les divers aspects du système, mais la nature innove toujours, et c'est pourquoi il faut faire preuve de souplesse, nous adapter aux circonstances, et aussi penser non seulement à telle maladie, comme le H5N, mais à toute maladie envisageable et à notre riposte, et prévoir non seulement ce que la science la plus avancée nous dit, mais aussi ce que nous pourrions faire pour limiter les dégâts si, par hasard, nous nous trompions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leurs exposés.
Aujourd'hui, nous apprenons que le gouvernement fédéral n'envisage pas de modification ou de relèvement des taux de résidus de pesticides autorisés dans les aliments, alors que, à une séance antérieure, des témoins ont dit au comité que cela pourrait être envisagé. Je crois que c'est ce qu'on a dit. Il y a donc là une certaine divergence. Pourriez-vous tirer la question au clair? Et si cet éventuel changement ou relèvement n'est pas une idée qui vient du groupe de travail sur les aliments et l'agriculture ni d'autres groupes de travail du PSP, d'où vient cette idée?
Deuxièmement, et je m'adresse expressément à M. Butler-Jones, envisagez-vous de vous prévaloir des modifications apportées par le projet de loi C-42 à la Loi sur la mise en quarantaine pour intenter des poursuites contre la personne qui n'a pas déclaré sa tuberculose?
Voilà mes deux questions, monsieur le président.
:
Je vais revenir sur le cas de M. Speaker, monsieur le président. Dans un cas comme celui-là, que l'on voyage par avion ou par voie terrestre, il y a quand même eu une faille dans le système.
Pensez-vous qu'il faudrait améliorer le projet de loi afin que cette situation ne se reproduise plus? Par exemple, si l'information n'est pas connue des autorités canadiennes, cette protection est-elle incluse dans le projet de loi? Qui est responsable? S'il n'y a rien, tant mieux, mais s'il y avait des complications avec d'autres personnes qui auraient été contaminées, des poursuites judiciaires envers l'individu seraient intentées et il pourrait y en avoir envers le pays avec lequel... En tout cas, un certain mécanisme doit être mis en place. Que pourrait-on inclure dans ce projet de loi qui ne s'y trouve pas présentement, pour donner une assurance aux Canadiens qu'il peuvent faire confiance aux mécanismes et au projet de loi que nous sommes en train d'adopter aujourd'hui?
Par exemple, par voie terrestre, comment peut-on arrêter un individu? Y a-t-il une information qui pourrait être contenue dans le passeport qui pourrait permettre de détecter, lors de la présentation de ce passeport, que la personne qui le détient n'est même pas autorisée à voyager dans le pays, ni par voie terrestre ni par voie aérienne, parce qu'elle doit se rendre tout de suite à l'hôpital?
:
Il n'y a pas de solution dans la loi. C'est une solution qui résulte d'arrangements avec les autres gouvernements et l'Organisation mondiale de la santé. La solution réside aussi dans la communication et dans la transmission d'information à cet égard aux autres, comme nous le faisons.
[Traduction]
Nous faisons ceci; nous assurons la notification. Si nous avons des préoccupations à propos de quelqu'un, nous nous adressons aux transporteurs aériens, etc. pour diminuer le risque que cette personne ne voyage par avion.
Le règlement international en matière de santé entre en vigueur au cours du mois. Chaque pays doit tout faire pour empêcher les gens porteurs d'une maladie infectieuse de partir vers un autre pays.
Nous avons tiré bien des enseignements de l'expérience. Nous n'avons pas toutes les réponses: qu'est-ce qui s'est vraiment passé, qui savait quoi, etc.? Nous n'aurons peut-être jamais toutes les réponses, mais, chose certaine, nous allons travailler avec nos homologues américains et autres pour veiller à ce que...
J'ai écrit une lettre la semaine dernière. M. Gerberding et moi avons eu des entretiens au sujet de ce qu'il faudrait faire ensuite et j'ai présenté une demande officielle afin que nous ayons des accords à caractère plus officiel sur la communication de l'information et puissions prévenir ce genre d'incident à l'avenir.
Honorables collègues et amis — j'espère que vous êtes les deux —, je propose deux amendements au , Loi modifiant la Loi sur la mise en quarantaine.
Lorsque le a été élaboré, il a été décidé de retirer l'exigence de notification préalable dans le cas des conducteurs de véhicules terrestres comme les autocars et les trains et de ne mettre l'accent que sur les transports aériens et maritimes. La décision se fondait sur une évaluation selon laquelle les véhicules terrestres ne présentaient qu'une menace limitée pour le Canada. Il aurait été possible d'exiger ultérieurement par voie réglementaire des déclarations des conducteurs de véhicule terrestre.
Pour le gouvernement, il est d'une importance vitale d'assurer la sûreté et la sécurité des Canadiens. Comme vous le savez, en dehors de l'Asie, c'est le Canada qui a été le plus frappé par le SRAS. Des centaines de personnes ont été gravement malades et des dizaines sont décédées. De plus, le SRAS a eu des effets sociaux et économiques considérables au Canada. Notre préoccupation première est de protéger la santé des Canadiens.
Après réflexion, je propose deux amendements au , conformément à la volonté du gouvernement d'offrir la loi la plus complète possible pour protéger la santé publique au Canada. Ces amendements rétabliront l'exigence de la notification préalable par les conducteurs de véhicules terrestres, avant qu'ils n'arrivent au Canada et préciseront un autre point concernant les efforts de notification de tous les conducteurs de véhicules.
Le premier amendement exigera la notification préalable de la part des conducteurs de véhicules commerciaux terrestres comme les trains, les autocars et les camions, de façon que les autorités canadiennes puissent se préparer le mieux qu'il soit raisonnablement possible aux menaces sur le plan de la santé aux frontières canadiennes. Les obligations de ces conducteurs seront identiques à celles qui existent pour les transports aérien et maritime.
Le mécanisme à appliquer pour respecter l'exigence sera simple. Un numéro 1-800 facilitera les contacts avec l'agent de quarantaine 24 heures par jour. Les conducteurs devront simplement appeler avant d'arriver au Canada s'ils ont des raisons de soupçonner q'une personne, des marchandises ou quelque chose qui se trouve à bord risque de provoquer la propagation de certaines maladies transmissibles figurant sur une liste ou si une personne décédée se trouve à bord. Cette notification préalable donnera au Canada les meilleures mesures qui soient de protection de la santé publique pour préserver la santé et la sécurité des Canadiens.
Je propose également un deuxième amendement pour préciser que les conducteurs peuvent invoquer la défense fondée sur la diligence raisonnable, en common law. Cela veut dire qu'ils échapperont à toute sanction pénale s'ils ont pris toutes les mesures raisonnables pour se conformer à l'article 34.
Nous agissons de la sorte parce que nous avons des craintes au sujet de l'utilisation de l'expression « s'il lui est impossible » au paragraphe 34(4). Ce paragraphe dispose que le conducteur ne contrevient pas à l'exigence de notification préalable s’il lui est impossible d'informer l'agent de quarantaine avant l’arrivée.
Nous avons toujours voulu exiger que les conducteurs fassent des efforts raisonnables pour donner un avis préalable. L'amendement s'impose pour éliminer tout risque que l'article 34 n'établisse une norme plus élevée, c'est-à-dire exiger que le conducteur prenne toutes les mesures qui ne sont pas carrément impossibles. Nous voulons qu'il soit clair que les conducteurs qui prennent des mesures raisonnables pour donner un avis préalable auront satisfait aux exigences de la loi. Le deuxième amendement précise donc que la défense fondée sur la diligence raisonnable est toujours à la disposition de tous les conducteurs qui ont fait tous les efforts raisonnables pour se conformer aux exigences de notification préalable.
Grâce à ces amendements, le Canada sera mieux renseigné sur l'arrivée de menaces à la santé publique à bord de véhicules commerciaux. Le Canada aura ainsi la meilleure protection législative, à l'égard de ces véhicules qui arrivent chez lui, que tout autre État au monde. Ces amendements sont complémentaires du Règlement sanitaire international et offrent une mesure de plus pour assurer aux Canadiens la meilleure protection possible.
Les amendements proposés instaurent l'équilibre qui s'impose entre la protection des Canadiens contre la menace de dangereuses maladies infectieuses et la facilitation de la circulation internationale des personnes et des marchandises. Ils sont nettement avantageux, du point de vue de la santé publique, et ils ne devraient pas avoir d'impact notable sur le commerce transfrontalier.
Honorables collègues et amis, je vous demande votre appui pour amender le projet de loi dans le sens que je viens d'expliquer.
Le premier amendement que je propose est le suivant: que le projet de loi C-42, à l'article 1, soit modifié par substitution, à la ligne 9, page 1, de ce qui suit :
« a) véhicule servant à l’exploitation »
Le deuxième dit ceci: Que le projet de loi C-42, à l'article 1, soit modifié par substitution, à la ligne 2, page 2, de ce qui suit :
« paragraphe (2) s’il lui est raisonnablement impossible de donner »
:
Merci, monsieur le président.
Cela me convient très bien de parler des deux amendements en même temps. Ils vont ensemble. Je félicite le secrétaire parlementaire et le président d'avoir fait connaître au ministre les préoccupations du comité et d'avoir réussi à faire rétablir un élément dans une loi adoptée il y a seulement un certain temps.
Je remercie également mes collègues du comité. À un moment donné, j'ai pu sembler faire bien des histoires à propos du projet de loi, mais vous vous rappelez que, pendant les échanges d'aujourd'hui, nous avons vu qu'il y avait beaucoup de comités et de groupes de travail qui discutent de modifications de règlements, tous rattachés au PSP. En fait, à moins qu'un comité quelconque — comité de la santé ou autre — n'exige qu'un règlement ne soit renvoyé à un comité permanent, le processus normal veut que les modifications réglementaires soient simplement publiées dans la Gazette du Canada. Ils ne nous reviennent pas.
Comme il s'agissait d'une modification législative, nous en avons eu vent. Il fallait que nous en soyons saisis, mais s'il s'était agi d'une modification réglementaire, aucun d'entre nous, probablement, n'aurait su ce qui se passait.
Dans l'étude du projet de loi, il est bon que nous ayons considéré la chose, mais nous avons aussi été alertés, comme, je l'espère, nos collègues d'autres comités: il faut que leurs attachés de recherche jettent un coup d'oeil dans la Gazette, lorsque des modifications sont publiées, afin de nous les signaler. Nous pourrions décider de convoquer une séance pour faire comparaître les fonctionnaires qui proposent une modification réglementaire afin qu'ils nous l'expliquent. Nous avons fait ici un travail très important pour la surveillance parlementaire de tout le processus du PSP.
Je voudrais aussi ajouter, monsieur le président, que je ne m'oppose pas à une certaine harmonisation des règlements. C'est certainement valable dans le cas de la fabrication, par exemple. Toutefois, j'estime que nous devons tout surveiller du début à la fin lorsqu'il s'agit de la santé et de la sécurité des Canadiens.
Merci de votre patience. Je vais appuyer les deux amendements ainsi que le projet de loi modifié.
Merci, monsieur le président.