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Merci, monsieur le président.
Au nom de la Conférence des sous-ministres de la Santé, je suis très heureux d'avoir l'occasion de vous parler de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, l'ACMTS, et plus particulièrement de son Programme commun d'évaluation des médicaments.
Je m'appelle John Wright et je suis sous-ministre de la Santé de la Saskatchewan et coprésident de la Conférence des sous-ministres de la Santé, la CSMS.
Je suis accompagné du Dr Ed Hunt, le sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador, et président du conseil d'administration de l'ACMTS. Le Dr Hunt est ici à titre de représentant de M. John Abbott, sous-ministre de la Santé et des Services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador et sous-ministre de liaison avec l'ACMTS.
Nous sommes ravis de vous présenter la structure de gouvernance et de responsabilité de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé et du Programme commun d'évaluation des médicaments. Comme nous savons que cette question a été soulevée au cours d'audiences précédentes de votre comité, nous tenons à vous donner l'assurance que l'Agence, qui relève de la Conférence des sous-ministres de la Santé, est pleinement responsable devant la Conférence. Nous sommes même convaincus que l'Agence est l'un des organismes canadiens les plus responsables à l'heure actuelle.
Je suis également ici pour que vous connaissiez tout du rôle important qu'exerce l'Agence dans le système de santé canadien et pour vous offrir la possibilité de poser des questions au Dr Hunt ou à moi-même concernant la gouvernance et la reddition de comptes de l'Agence.
Permettez-moi tout d'abord de préciser brièvement le mandat de l'Agence. L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé est un organisme canadien qui offre aux décideurs en santé des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du pays de l'information fiable et impartiale, fondée sur des données probantes, au sujet de l'efficacité et de la rentabilité des médicaments et d'autres technologies de la santé. Contrairement aux instances de réglementation comme Santé Canada qui déterminent les technologies qui seront commercialisées au pays, l'Agence soutient les décideurs dans leur choix des technologies à utiliser pour obtenir les meilleurs résultats possibles du point de vue de la santé des malades et pour contribuer à la viabilité de nos systèmes de santé.
Le mandat de l'Agence consiste à faciliter l'utilisation appropriée et efficace des technologies de la santé, de leur adoption par le système de santé à leur remplacement ou obsolescence en passant par leur utilisation optimale par les systèmes de santé au Canada. L'Agence remplit son mandat dans le cadre de trois programmes principaux.
Premièrement, le Programme d'évaluation des technologies de la santé qui veille à l'étude méthodique, objective et fondée sur des données probantes de l'efficacité clinique, de la rentabilité et du retentissement général des médicaments, des technologies de la santé, des appareils médicaux et des systèmes de santé.
Deuxièmement, le Programme commun d'évaluation des médicaments qui, comme vous le savez, réalise des études cliniques et économiques rigoureuses de nouveaux médicaments et formule des recommandations, fondées sur des données probantes, quant à leur inscription sur la liste des médicaments couverts par les régimes d'assurance-médicaments publics.
Troisièmement, et c'est le plus récent des programmes de l'Agence, le Service canadien de prescription et d'utilisation optimales des médicaments, qui offre des conseils fondés sur des données probantes concernant l'utilisation optimale des médicaments.
Grâce aux produits et aux services de ces trois programmes, et au soutien direct offert par l'Agence aux provinces et territoires pour faciliter l'adoption et l'utilisation de ses produits et services, l'Agence peut se targuer de contribuer de façon remarquable à l'efficacité et l'efficience du système de santé canadien.
J'aborderai maintenant les aspects de la gouvernance et de la reddition de comptes.
Vous avez en main un schéma qui illustre la structure de gouvernance de l'Agence. Je vais situer ce schéma dans ce contexte et apporter certaines précisions.
L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé a été mise sur pied par les ministres de la Santé des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en 1989. Elle est constituée en société indépendante et sans but lucratif. Les propriétaires d'une société sans but lucratif sont les membres, et les membres de l'Agence sont les sous-ministres de la Santé des provinces et territoires participants, de même que le sous-ministre de la Santé du gouvernement fédéral. Tous les gouvernements y participent, à l'exception du Québec.
Par définition, l'Agence est la propriété de la Conférence des sous-ministres de la Santé et ses membres exercent un droit de vote égal dans la direction des affaires de la société. Celle-ci est gouvernée par un conseil d'administration formé d'administrateurs désignés par les sous-ministres de la Santé membres. Les administrateurs sont responsables devant la Conférence de la direction de l'Agence.
La Conférence des sous-ministres exerce son rôle de supervision de l'Agence à ses réunions ordinaires, ainsi qu'à l'Assemblée générale annuelle de l'Agence où elle voit aux affaires fondamentales comme la prise de connaissance du rapport du conseil d'administration, l'examen des états financiers et du rapport du vérificateur, la désignation du vérificateur de l'année suivante et d'autres affaires, le cas échéant. La Conférence des sous-ministres doit approuver toutes les modifications au fonctionnement de l'Agence, qu'il s'agisse de son mandat, de son règlement interne ou de son budget.
Sur le sujet du secteur de compétence du financement, je crois savoir que les représentants de l'industrie pharmaceutique, dans leur exposé de la semaine dernière, ont accusé l'Agence d'usurper, selon leurs propres mots, les pouvoirs du Comité en annonçant unilatéralement l'expansion du PCEM. Permettez-moi de faire une mise au point puisque cette façon d'interpréter les choses nous a laissés perplexes.
L'expansion progressive du PCEM est l'un des points saillants du rapport d'étape de la Stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques, publié le 21 septembre 2006. Dans ce rapport, l'expansion progressive du Programme commun d'évaluation des médicaments est en fait l'une des principales recommandations du Groupe de travail ministériel fédéral-provincial-territorial formé des ministres de la Santé du Canada et coprésidé par l'honorable Tony Clement.
En février 2007, l'expansion du PCEM, pour couvrir l'examen des nouvelles indications de médicaments connus, a été approuvée à la demande du Programme, conformément à cette recommandation de la Stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques. Les ententes de financement pour que l'expansion du programme soit effective en avril 2007 viennent d'être conclues, d'où le moment choisi par l'Agence pour annoncer l'expansion à ses intervenants.
Nous estimons notre devoir de vous communiquer cette information, monsieur le président.
Un sous-ministre, désigné selon la province ou le territoire de provenance du président du conseil d'administration de l'Agence, fait office d'agent de liaison avec l'Agence. Le conseil d'administration se réunit au moins trois fois par année, et son président en rend compte au sous-ministre de liaison de l'Agence après chacune de ces réunions.
Le conseil d'administration de l'Agence a pour mandat de diriger les affaires de l'Agence; de préciser l'orientation stratégique et d'offrir des conseils stratégiques; de veiller à ce que les ressources nécessaires à l'exécution du mandat de l'Agence soient en place et de superviser la gestion financière, la détermination des risques et l'évaluation. Grâce à la structure de gouvernance que je viens de décrire, il ne fait aucun doute que l'Agence rend des comptes aux administrations publiques canadiennes qui l'ont mise sur pied. D'ailleurs, le soutien indéfectible de ces administrations illustre leur optimisme quant à la capacité de l'Agence de remplir son mandat et de répondre aux besoins des décideurs en santé du Canada.
Le dernier sujet que j'aimerais aborder est celui des dépenses et du financement, plus précisément en ce qui concerne le Programme commun d'évaluation des médicaments. Le PCEM a été créé en 2003 et doté d'un budget annuel de 2 millions de dollars. La charge de travail du PCEM est fonction du nombre de médicaments à examiner à la demande de l'industrie ou des régimes d'assurance-médicaments participants. Les dépenses du programme ont augmenté, à la mesure de l'augmentation de sa charge de travail, pour atteindre 3,4 millions de dollars dans les deux dernières années.
Comme je l'ai mentionné, la Conférence a demandé l'expansion du PCEM pour examiner dorénavant les nouvelles indications de médicaments connus et pour mettre en oeuvre d'autres initiatives visant à rehausser la transparence du programme. Par conséquent, le budget annuel que l'Agence consacre au PCEM s'élève désormais à 5,1 millions de dollars. La formule de financement du PCEM est de 70 p. 100 à la charge des provinces et territoires et de 30 p. 100 à la charge du gouvernement fédéral.
La Conférence des sous-ministres de la Santé se réjouit des progrès accomplis par le PCEM au cours des trois dernières années. La refonte des 18 mécanismes d'évaluation distincts des régimes d'assurance-médicaments publics en un processus unique a diminué le dédoublement des évaluations cliniques et économiques, amélioré la qualité et l'uniformité des évaluations et des recommandations et contribué à harmoniser la couverture de médicaments au pays. Ainsi, le PCEM a atteint les objectifs que lui avait fixés la Conférence des premiers ministres.
Non seulement le PCEM fonctionne-t-il, mais il fonctionne bien. Bien sûr, il y a des défis et des écueils dont vous parlera sans doute plus longuement la Dre Sanders dans quelques instants. Sachez cependant que l'Agence a évolué et s'est adaptée au cours de son existence et qu'elle continuera à le faire pour relever ces défis.
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir permis de prendre la parole devant votre comité ce matin. Je répondrai volontiers à vos questions le moment venu.
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Merci, monsieur le président. Je suis ravie de comparaître devant vous.
[Traduction]
Bonjour et merci d'avoir invité l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé à exposer son rôle dans le cadre du Programme commun d'évaluation des médicaments.
Je m'appelle Jill Sanders et je suis présidente-directrice générale de l'Agence. Je suis ici en compagnie de Mike Tierney, vice-président chargé du Programme commun d'évaluation des médicaments et du Dr Braden Manns, médecin spécialiste des maladies rénales, professeur agrégé à l'Université de Calgary et président du Comité consultatif canadien d'expertise sur les médicaments, qui conseille les responsables du Programme commun d'évaluation des médicaments.
Le mémoire de l'Agence contient l'information contextuelle sur le PCEM; pour ma part, j'aimerais m'attarder aujourd'hui à certains aspects d'importance de ce mémoire.
Au sein de nos systèmes de santé publique au Canada, notre objectif ultime est de trouver le juste équilibre entre l'optimisation des soins et l'accessibilité, l'équité, l'abordabilité et la viabilité des régimes pour tous les Canadiens. Dans ce contexte, tous les systèmes ont des décisions difficiles à prendre. Le rôle du Programme commun d'évaluation des médicaments — ou PCEM — consiste à faciliter la prise de décisions sur les produits pharmaceutiques.
Nous savons bien, les médicaments contribuent à améliorer l'état de santé des Canadiens, mais les dépenses liées aux médicaments sont l'élément du budget de la santé qui connaît la plus forte hausse. D'où la nécessité d'évaluer rigoureusement l'efficacité clinique et la rentabilité des médicaments.
Permettez-moi tout d'abord de situer le PCEM par rapport à Santé Canada. Santé Canada voit à ce que les médicaments commercialisés au Canada satisfassent les critères d'efficacité, d'innocuité et de qualité de fabrication. De son côté, le PCEM offre des avis aux régimes d'assurance-médicaments publics quant à l'efficacité clinique et à la rentabilité d'un traitement particulier comparativement à d'autres thérapies disponibles afin que les deniers publics soient utilisés de façon optimale.
L'autorisation de commercialisation délivrée par Santé Canada ne signifie pas forcément que les médicaments représentent la meilleure option possible dans le système de santé. Quand Santé Canada a autorisé la mise en marché d'un médicament, les décideurs et les prestateurs de services de santé doivent déterminer s'ils utiliseront ce médicament. Naturellement, cette décision revient aux régimes d'assurance-médicaments fédéral, provinciaux et territoriaux. Ces régimes ont dirigé des processus pendant longtemps et ont pris des décisions fondées sur la même méthode que celle appliquée par le PCEM.
Ce mécanisme de longue date comporte l'évaluation de l'efficacité clinique et du rapport coût-efficacité d'un médicament. Le PCEM n'est donc pas une nouveauté sur le plan du mandat, du mécanisme de fonctionnement ou des résultats. Il exécute des évaluations de l'efficacité clinique et de la rentabilité de médicaments, comme les régimes d'assurance-médicaments l'ont fait pendant longtemps. Ces évaluations sont effectuées par un comité d'experts, le CCCEM, qui fournit des recommandations, tout comme les régimes l'ont fait pendant des années.
La nouveauté, en ce qui concerne le PCEM, réside dans le fait que le programme a été mis sur pied par 18 régimes d'assurance-médicaments publics au Canada pour exécuter les tâches que chacun d'eux accomplissait de son côté auparavant. Avant l'entrée en vigueur du PCEM, le même médicament pouvait faire l'objet de 18 examens, et les régimes ne prenaient pas nécessairement tous la même décision quant à sa couverture, de sorte que le médicament pouvait être remboursé dans certaines régions du pays et pas dans d'autres.
Le PCEM réduit le dédoublement des tâches entre les régimes d'assurance-médicaments du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires; c'est important, il contribue grandement à donner à tous les Canadiens un accès équitable aux produits pharmaceutiques. De quelle façon? En permettant aux régimes d'assurance-médicaments participants d'avoir le même accès à des données probantes dignes de confiance et des services d'experts-conseils, ce qui contribue à uniformiser les décisions. Même si le PCEM formule des recommandations quant à l'inscription d'un médicament sur la liste de médicaments couverts, il n'en demeure pas moins que la décision finale relève des administrations publiques fédérale, provinciales et territoriales, qui tiennent compte de leurs besoins, de leurs priorités et de leurs ressources respectives.
J'aimerais maintenant aborder l'importance de l'efficacité clinique et du rapport coût-efficacité, ou rentabilité d'un médicament. Avant de pouvoir prendre en considération la rentabilité d'un médicament, il faut d'abord démontrer qu'il est efficace sur le plan clinique et qu'il améliore les résultats pour la santé. Autrement dit, l'efficacité clinique est la première considération. La définition de la rentabilité peut varier selon le point de vue. L'élément central, cependant, est la notion d'optimisation des ressources. La norme internationale utilisée pour exprimer le rapport coût-efficacité est le coût par année de vie pondéré par la qualité, ou QALY.
Le coût par QALY permet de déterminer le coût du nouveau médicament en fonction de l'amélioration de la survie et de la qualité de vie qu'il procure. En fait, un médicament coûteux peut être rentable. Ainsi, Prezista est un médicament indiqué dans le traitement de l'infection par le VIH auquel Santé Canada a accordé une autorisation de commercialisation conditionnelle, et dont le coût s'élève à environ 10 000 $ par année par patient. Le PCEM a recommandé qu'il soit inscrit sur la liste des médicaments couverts quand il est prescrit à des personnes infectées par le VIH qui n'ont pas répondu aux autres thérapies.
Par contre, un médicament relativement bon marché peut ne pas être rentable s'il n'améliore pas l'état de santé d'un malade comparativement à un traitement moins coûteux. Le PCEM a vu des exemples de tels cas également.
Je décrirai à présent certains aspects du fonctionnement du PCEM, pour compléter l'information contenue dans notre mémoire.
Les délais d'exécution serrés du PCEM sont établis selon les meilleures pratiques des régimes d'assurance-médicaments provinciaux et le PCEM n'a jamais manqué de les respecter. La moyenne allant de l'homologation d'un médicament par Santé Canada à la décision du régime d'assurance-médicaments quant à la couverture du médicament est restée à peu près la même après l'entrée en vigueur du PCEM : 471 jours auparavant et 479 jours maintenant. La création du programme n'a donc pas allongé les délais. Le PCEM accapare environ le tiers de ce délai, soit de 140 à 180 jours. Il faut se rappeler que lorsque le PCEM a formulé ses recommandations, il revient aux régimes d'assurance-médicaments de prendre la décision quant à la couverture du médicament. Le temps que prend cette décision est l'affaire de chacun des régimes d'assurance-médicaments et le PCEM est tout à fait étranger à ce processus. L'application de méthodes scientifiques et techniques rigoureuses est fondamentale pour assurer l'exactitude des recommandations et veiller à l'équité à l'égard du public desservi. La transparence du processus global est tout aussi importante.
Avant l'entrée en vigueur du PCEM, les régimes d'assurance-médicaments provinciaux n'offraient pas aux fabricants la possibilité de s'exprimer sur les évaluations, et aucun d'eux ne publiait les motifs de ses recommandations. À l'heure actuelle, les fabricants ont l'occasion de se prononcer sur les comptes rendus du PCEM. En outre, l'état des demandes d'examen ainsi que les recommandations précises du PCEM et les motifs sur lesquels elles reposent paraissent dans le site Web de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé.
Le PCEM a établi de nouvelles normes de transparence au chapitre du remboursement des frais de médicaments au Canada et à l'étranger et continue à améliorer ces normes. L'examen dont a fait l'objet le PCEM en 2005 a recommandé de rehausser davantage la transparence. L'Agence a donné suite à cette recommandation en désignant deux représentants du public au CCCEM; ces membres ont droit de vote. De plus, grâce à l'augmentation budgétaire que M. Wright vient d'évoquer, l'Agence compte publier une version vulgarisée des recommandations du PCEM, les examens sur lesquels elles reposent ainsi que les procès-verbaux des réunions du CCCEM.
Compte tenu de son incidence sur le remboursement public des frais de remboursement, le PCEM n'est pas épargné par la critique, particulièrement celle de l'industrie pharmaceutique. J'aimerais répondre à certaines de ces critiques.
D'aucuns prétendent que les régimes d'assurance-médicaments ne suivent pas les recommandations du PCEM. Comme je l'ai déjà dit, les régimes sont autonomes quant à la prise de décisions sur la couverture des médicaments et ils n'ont aucune obligation de respecter les recommandations du PCEM. Pourtant, ils ont adopté ses recommandations dans une proportion de 90 p. 100. Le fait qu'ils ne les aient pas suivies dans certains cas démontre qu'ils tiennent compte de considérations qui leur sont propres.
Par ailleurs, selon certains, le PCEM entraverait l'accès à de nouveaux traitements médicamenteux. Rien n'indique que le PCEM impose des critères d'accès aux médicaments plus stricts que ceux qui existaient avant sa création. Le plus important régime d'assurance-médicaments du Canada, le Programme de médicaments de l'Ontario, a inscrit sur sa liste des médicaments couverts 44 p. 100 des médicaments qu'il avait évalués dans les cinq ans avant l'entrée en vigueur du PCEM. Jusqu'à maintenant, la proportion des médicaments ayant fait l'objet d'une recommandation favorable de la part du PCEM s'élève à environ 50 p. 100.
D'autres font valoir que le PCEM recommande l'inscription d'un moins grand nombre de médicaments que des organismes ou programmes comparables à l'étranger. Selon une étude commandée par le groupe Rx&D Canada, le PCEM a approuvé l'inscription de 52 p. 100 des 50 médicaments qu'il avait approuvés au moment de la réalisation de cette étude. Cependant, les critiques ont également signalé que cette proportion était sensiblement moindre que dans beaucoup d'autres pays. L'étude du groupe Rx&D se fonde sur des données statistiques sélectionnées à une fin bien précise, celle de présenter une image particulière de la situation. En réalité, l'étude démontre que le taux de recommandations favorables du PCEM se situe au milieu de la gamme des taux des pays étudiés et qu'il est plus élevé que celui de pays dotés d'un système de santé semblable, comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Une telle étude comparative doit être rigoureusement conçue. Il faut savoir, par exemple, que des pays peuvent inscrire un médicament sur la liste des médicaments couverts mais qu'ils imposent le remboursement partiel des frais, le reste étant à la charge du patient. C'est le cas de la France, qui a adopté un mécanisme de remboursement à trois niveaux. D'autres pays négocient les prix à l'échelle nationale, ce qui peut influer sur la décision relative au remboursement de certains médicaments.
La question posée ici est de savoir si le Canada fait cavalier seul dans le monde s'agissant de l'accès aux traitements médicamenteux. Nous pensons que non. Les détracteurs du PCEM prétendent que ce programme ne se soucie que de contenir les coûts et qu'il n'est pas ouvert aux médicaments novateurs dans ses recommandations. En fait, le PCEM a recommandé l'inscription de médicaments très coûteux qui ont démontré un effet bénéfique sur les résultats pour la santé et il ne fait aucun doute que le prix du médicament ne justifie pas à lui seul le sens des recommandations du PCEM. Toutefois, il y a certaines catégories de médicaments, comme la catégorie des médicaments coûteux destinés au traitement de maladies rares, dont je viens de vous parler, qui se prêtent moins bien aux mécanismes d'évaluation du PCEM tel qu'il est en ce moment et qui pourraient mieux bénéficier d'une autre approche.
Toutefois il y a un groupe de travail de la Stratégie nationale relative aux produits pharmaceutiques à qui on a confié cette question et qui fera rapport à la Conférence des sous-ministres de la Santé en juin prochain. Dans l'attente de ce rapport, l'Agence se réjouit de collaborer avec la SNP et la Conférence des sous-ministres de la Santé pour mettre en oeuvre ses recommandations, qui pourraient inclure un processus spécifique au PCEM pour les médicaments coûteux destinés au traitement de maladies rares.
Enfin, l'industrie pharmaceutique a exprimé ses inquiétudes concernant le processus de demande de réexamen. Après les trois années d'expérience que nous avons acquises avec le PCEM, la révision de ce processus pourrait être de mise.
Les problèmes dans le domaine de l'évaluation des médicaments et du remboursement des frais de médicaments ne sont pas que le lot du Canada. L'Agence est bien présente sur la scène internationale, et sa réputation dans ce domaine est bien établie. Nous collaborons étroitement avec des gouvernements et des organismes du monde entier à surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés.
Le PCEM compte de nombreux intervenants : le public, les professionnels de la santé, l'industrie pharmaceutique et les propriétaires de l'Agence, c'est-à-dire les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Nous sommes parfaitement conscients que la tension entre l'industrie pharmaceutique et le PCEM ne disparaîtra jamais et nous continuerons à nous efforcer d'entretenir des rapports fructueux avec l'industrie par des réunions périodiques, des groupes de liaison et des groupes de travail.
Ce sont les ministres de la Santé qui ont défini la vision et le mandat du PCEM. Établir un mécanisme uniforme et rigoureux d'évaluation des médicaments, réduire les doubles emplois entre les régimes d'assurance-médicaments publics, optimiser les ressources et l'expertise limitée et offrir un accès équitable aux services d'experts-conseils.
Dans les trois ans écoulés depuis la création du programme, l'Agence a rempli son mandat et adhère pleinement à l'idée d'une liste commune de médicaments couverts, possible grâce à son expansion progressive. L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé est toujours bien placée pour soutenir les efforts des administrations publiques fédérale, provinciales et territoriales en vue d'évaluer avec rigueur les nouvelles technologies et d'offrir aux Canadiens l'accès équitable et abordable aux traitements médicamenteux.
Le PCEM continue à évoluer dans le sens des orientations définies par ses propriétaires, les sous-ministres de la Santé.
Je vous remercie de cette invitation à prendre la parole aujourd'hui. Nous répondrons volontiers à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous suis reconnaissant de me donner l'occasion de venir vous présenter mon point de vue et le point de vue de la Colombie-Britannique sur le Programme commun d'évaluation des médicaments et l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé.
Je suis pharmacien de formation et depuis 27 ans, je travaille en milieu hospitalier et au gouvernement. Comme vous l'avez mentionné, je suis actuellement le sous-ministre des services pharmaceutiques au ministère de la Santé de la Colombie-Britannique.
Dans l'exercice de ces fonctions, j'assume également la coprésidence de la Stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques. À la demande des premiers ministres, la Colombie-Britannique copréside ce comité qui s'occupe de dossiers d'intérêt commun relatifs aux produits pharmaceutiques dans tout le Canada. L'Agence, soit le PCEM, joue un rôle très important à cet égard.
Je ne vais pas lire mon mémoire que, sauf erreur, vous avez reçu en versions anglaise et française. J'aimerais plutôt présenter mon avis à différents sujets de manière à permettre au comité de poser les questions qu'il souhaitera, afin d'obtenir plus de précisions.
Je vais parler en tant que personne chargée du régime d'assurance-médicaments public de la Colombie-Britannique, régime qui couvre également les médicaments utilisés dans les hôpitaux. En Colombie-Britannique, cela représente plus d'un milliard de dollars par année.
Nous estimons qu'il s'agit là d'un investissement très important dans la santé des habitants de la province. Les traitements médicamenteux sont la pierre d'assise des thérapies modernes et nos investissements dans ce domaine doivent être judicieux. Pour nous, le PCEM s'apparente à une assurance qui nous aide à investir à bon escient dans les traitements susceptibles d'améliorer la santé des Britanno-Colombiens. Le PCEM est une véritable initiative fédérale-provinciale-territoriale qui fonctionne bien, pour tous les partenaires. Nous estimons que la province obtient un excellent rendement pour les sommes qu'elle investit dans le programme.
Comme la Dre Sanders l'a indiqué tout à l'heure, avant la mise sur pied du PCEM, chaque administration avait sa propre méthode pour évaluer les médicaments susceptibles d'être couverts par son régime d'assurance-médicaments. Or, comme elles appliquaient des approches différentes, elles prenaient souvent des décisions différentes, ce qui entraînait des disparités.
À l'époque, les administrations ont jugé que cela ne servait pas l'intérêt de la population canadienne. Nous avons pensé qu'en mettant nos ressources en commun et en travaillant ensemble, nous pourrions améliorer la rigueur du processus d'évaluation des médicaments afin d'obtenir des renseignements cohérents qui pourraient ensuite être examinés et interprétés par des cliniciens experts; ces experts pourraient alors conseiller les administrations quant aux décisions à prendre. Voilà les raisons qui ont mené à la mise sur pied du Programme commun d'évaluation des médicaments.
Par ailleurs, un autre facteur a joué. À l'époque, lorsque des provinces différentes prenaient des décisions différentes quant à l'inclusion du même médicament, le fabricant de ce médicament se servait des décisions favorables prises dans certaines provinces pour faire valoir la nécessité de couvrir ses médicaments dans les autres provinces. Ces examens multiples ont entraîné d'importantes disparités dans les décisions prises au pays.
En mettant sur pied le Programme commun d'évaluation des médicaments, on a voulu créer à tout le moins une base d'information commune pouvant être prise en considération dans toutes les régions du pays. Bien que les médicaments soient utilisés dans différentes régions, l'information à leur sujet figure dans la littérature scientifique internationale.
Ainsi, la littérature médicale est la même et peut être analysée de la même façon dans toutes les administrations; les médicaments sont les mêmes et les maladies humaines courantes sont également les mêmes. Ce constat nous a amenés à conclure qu'une évaluation commune des médicaments serait la meilleure façon de procéder, et nous croyons que ce processus a atteint ces objectifs.
À l'instar des autres provinces auxquelles j'ai parlé, la Colombie-Britannique est extrêmement satisfaite de l'actuel processus commun d'évaluation des médicaments et nous y contribuons de façon continue par l'injection de ressources et par nos commentaires, de même que par la structure de gouvernance que le sous-ministre Wright a décrite devant votre comité.
Dans nos délibérations sur une stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques, nous avons reconnu que l'évaluation commune des médicaments est un aspect essentiel de notre régime pharmaceutique au Canada. Dans nos discussions au sujet de cette stratégie, nous avons recommandé de renforcer l'évaluation commune des médicaments et d'en élargir la portée. Au départ, ce processus d'évaluation commun ne devait s'appliquer qu'aux nouveaux médicaments homologués au Canada pour la première fois, c'est-à-dire pour la première indication d'un médicament. Les sous-ministres ont récemment avalisé l'expansion du processus commun d'évaluation des médicaments qui inclurait désormais l'évaluation des nouvelles indications de médicaments déjà couverts par les différents régimes. Cela devrait se faire d'ici un an.
Permettez-moi de réitérer, en terminant, que l'évaluation commune des médicaments est un mécanisme authentiquement fédéral--provincial-territorial; c'est le fruit d'une réelle collaboration qui a desservi tous les partenaires du Canada et nous appuyons sans réserve la poursuite de ses activités.
Merci.