:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, merci de nous recevoir aujourd'hui. C'est avec plaisir que nous nous joignons à nos collègues de l'Association canadienne de pédiatrie pour parler de ce problème de santé publique d'une importance cruciale.
Je suis un médecin praticien à plein temps de la région de l'Atlantique. Mes patients en cardiologie sont surtout des adultes, mais je vois de plus en plus de patients pédiatriques. Comme je suis père de cinq enfants qui font ma fierté, je me préoccupe énormément des enjeux qui vous intéressent au niveau de la politique, de vos électeurs et de nos patients.
Je suis accompagné de notre chef de la direction et secrétaire général, M. William Tholl. Nous avons tous les deux hâte, ainsi que nos collègues, de dialoguer avec vous aujourd'hui.
La portée générale de notre message sera triple. Premièrement, nous pensons tous que nous pouvons faire mieux pour les enfants canadiens. Deuxièmement, lorsqu'il s'agit de la santé de nos enfants, nous estimons que le gouvernement doit se servir de tous les leviers politiques à sa disposition. Troisièmement, le champ de votre étude qui combine la nutrition et l'exercice, représente un défi pour la santé publique qui est presque du même ordre que celui du tabagisme, et je crois qu'il faut le relever de façon tout aussi énergique.
Étant donné que vous connaissez les faits, que d'autres vous les ont sans doute présentés et que vous en entendrez encore parler, je vais essayer d'aborder certaines idées et recommandations que vous pourriez envisager dans le contexte du rôle du gouvernement fédéral. Nous estimons qu'une stratégie conjointe de promotion d'une saine nutrition et de l'activité physique doit viser à la fois les adultes et les enfants étant donné que les facteurs à l'origine de cette épidémie proviennent de l'ensemble de la société. Nous croyons qu'une stratégie globale est nécessaire pour combattre l'épidémie d'obésité qui menace notre pays. Cela exige des mesures à tous les niveaux de gouvernement et la participation de tous les intervenants. Nous estimons que le gouvernement fédéral dispose de trois leviers stratégiques distincts qu'il peut utiliser pour s'attaquer à ce fléau: l'économie, les communications et la réglementation, et cela seul ou en collaboration avec les autres niveaux de gouvernement et la société.
En ce qui concerne les facteurs économiques, je pense que nous devrions suivre l'exemple d'autres pays et de certaines provinces qui ont recours à des mesures fiscales pour promouvoir l'accès aux aliments sains et leur disponibilité. Pour nous attaquer à l'obésité chez les enfants, nous devons prendre des mesures pour encourager les familles canadiennes à intégrer une alimentation santé et l'activité physique dans leur vie quotidienne.
Bien manger, ce n'est toutefois pas toujours bon marché. Nous savons tous que dans certaines régions du Canada, les aliments frais ne sont pas toujours disponibles ou ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Par contre, vous pouvez être sûrs que la « malbouffe » hypercalorique et peu nutritive est disponible partout et relativement bon marché, étalée en évidence dans les restaurants minute et les dépanneurs.
De même, nous pourrions suivre l'exemple de pays qui utilisent les leviers fiscaux pour influencer la consommation d'aliments ou de pays qui utilisent les subventions et les fonds publics pour promouvoir l'accès aux installations récréatives et sportives dans des communautés mal desservies.
De toute évidence ,il n'y a pas de réponse simple. Il n'y a pas de guichet à l'auto pour commander. L'AMC est en fait d'avis que le Canada doit étudier toutes les options.
L'AMC a participé récemment à un colloque gouvernemental sur l'utilisation de crédits fiscaux sélectifs pour promouvoir l'activité physique ou offrir un incitatif à cet égard. Nous avons suggéré trois thèmes principaux dans ce contexte. Tout d'abord, les crédits fiscaux pour l'activité physique devraient être de portée générale. Il ne faudrait pas les limiter aux sports organisés seulement. Deuxièmement, les crédits fiscaux doivent viser les programmes communautaires de promotion du conditionnement physique dans au moins un des trois groupes d'activité du Guide canadien sur l'activité physique, c'est-à-dire l'endurance, la souplesse et la force. Troisièmement, les crédits fiscaux doivent aider les plus vulnérables. Un crédit d'impôt pour la condition physique n'est qu'un des exemples de politique économique, en l'occurrence un programme d'incitation, qui pourrait s'attaquer à ce problème.
Nous pensons aussi que les gouvernements doivent utiliser les incitations fiscales pour supprimer les obstacles et promouvoir l'accès à des aliments plus sains. Lorsqu'on songe à recourir à des mesures d'incitation pour supprimer les obstacles à une saine alimentation et à l'activité physique, il ne faut pas oublier les mesures de dissuasion fiscales, l'envers de la médaille de l'incitation.
Le recours aux mesures de dissuasion fiscales pour encourager une saine alimentation n'est pas nouveau ni extrême comme concept. En fait, l'Organisation mondiale de la santé a proposé pour la première fois, il y a trois ans, que les pays taxent la malbouffe afin d'encourager les gens à choisir des aliments plus sains. L'American Medical Association est sur le point d'exiger que le gouvernement fédéral perçoive de lourdes taxes sur l'industrie américaine des boissons gazeuses. La Fondation Clinton, aux États-Unis, a réussi à convaincre une partie de l'industrie de la malbouffe à réexaminer ses lignes de conduite et la distribution d'aliments dans les écoles. À l'heure actuelle, au moins 18 États américains imposent une taxe sur les « collations » et cinq autres ont recommandé des politiques et des mesures législatives.
Au Canada, les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Québec ont manifesté récemment de l'intérêt à l'égard d'une taxe sur la malbouffe et j'ai appris, de source sûre, qu'au moins une autre province, peut-être le Manitoba, y songent également.
Or, même si les mesures de ce genre ont prouvé leur efficacité en faisant chuter les taux de tabagisme, leurs détracteurs continuent à les dénoncer comme de « l'ingénierie sociale ». Nous estimons que cet argument n'est pas valide. Le Canada est devenu, en partie grâce aux efforts du gouvernement, un chef de file de la lutte antitabac et il y a longtemps que nous aurions dû faire preuve du même leadership dans la lutte contre l'obésité, en particulier chez les enfants.
En ce qui concerne les communications, le gouvernement fédéral pourrait se servir de ce levier stratégique pour lutter contre l'obésité au moyen de ses politiques de réglementation. L'enfant nord-américain moyen est inondé d'annonces publicitaires de produits alimentaires et nos collègues qui comparaissent avec nous aujourd'hui ont estimé qu'environ 95 p. 100 de ces annonces portent sur la « malbouffe ». Autrement dit, des milliards de dollars sont consacrés chaque année à de la publicité sur la malbouffe destinée spécifiquement aux enfants.
Des chercheurs des États-Unis ont conclu récemment que les annonces pour la malbouffe diffusées à la télévision contribuent considérablement à l'épidémie d'obésité. Ils ont aussi calculé qu'une interdiction totale de cette publicité à la télévision pourrait réduire d'au moins 10 p. 100 le nombre d'enfants âgés de trois à onze ans qui ont de l'embonpoint et pourrait entraîner une réduction plus importante chez les adolescents de 12 à 18 ans.
Des pays comme la Suède ont interdit depuis longtemps la publicité pour la malbouffe qui s'adresse aux enfants et les pourcentages d'obésité juvénile y sont beaucoup moins élevés. Le Québec a imposé des interdictions semblables qui ont aussi eu des résultats positifs. Là encore, nous pourrions simplement faire mieux.
Nous pourrions aussi demander au gouvernement fédéral de rétablir le financement consacré à des campagnes publiques qui incitent les Canadiens à mener une vie active et saine. L'éducation du public doit jouer un rôle central dans toute stratégie intégrée.
Le troisième domaine que je voudrais aborder brièvement est la façon dont le gouvernement fédéral peut présenter aux Canadiens l'information dont ils ont besoin pour lutter contre l'obésité. Je veux dire par là que le gouvernement fédéral doit utiliser le pouvoir de réglementer que lui confère la Loi sur les aliments et drogues pour exiger un étiquetage approprié, et je crois qu'on va vous en parler plus tard. Un consommateur informé constitue un de nos meilleurs moyens de défense contre l'obésité juvénile. Les Canadiens n'ont toutefois pas tous les faits dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées.
Santé Canada a amélioré récemment les exigences relatives à l'étiquetage des produits, mais beaucoup trop de Canadiens sont encore exposés à de l'information sur la nutrition qui pourrait être trompeuse, particulièrement dans les annonces ou le matériel professionnel. Il faut réglementer rigoureusement les affirmations reliées à la santé qui portent sur les aliments afin qu'elles reposent sur les meilleures données scientifiques disponibles et soient transmises fidèlement aux consommateurs.
Les annonces sur les aliments devraient être autorisées avant d'être diffusées dans les médias et il faudrait renforcer les dispositions de la Loi sur les aliments et drogues qui interdisent la publicité trompeuse. La publicité spécifique à une marque est loin d'être un moyen optimal de diffuser de l'information sur la santé aux consommateurs et nous avons envers les Canadiens qui cherchent de l'information objective et de qualité sur une alimentation saine l'obligation de la leur faire parvenir.
L'étiquetage est un autre domaine où nous pouvons faire mieux. Nous avons besoin de plus de programmes où les professionnels de la santé, l'industrie et le gouvernement ont l'occasion de conjuguer leurs efforts pour informer et éduquer les consommateurs.
En terminant, j'insiste sur le fait que lorsqu'il est question de la santé de nos enfants, tant sur le plan de la nutrition que de l'exercice physique, les gouvernements doivent utiliser tous les leviers stratégiques dont ils disposent avec la même énergie que celle qu'ils ont déployée contre le tabagisme.
Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer lorsqu'il s'agit d'aider leur population à faire des choix santé. Tout d'abord, tous les paliers de gouvernement doivent, en collaboration avec des intervenants compétents, établir, appliquer et maintenir une démarche intégrée. Les politiques ponctuelles ne donnent pas de résultats. Deuxièmement, comme je l'ai dit, les gouvernements disposent de leviers stratégiques. Ils doivent avoir suffisamment d'audace pour faire preuve de leadership et les utiliser. Enfin, l'éducation de la population et la dénormalisation des comportements malsains constituent la clé de voûte. Plus les citoyens en savent, plus ils peuvent prendre des décisions intelligentes.
Je voudrais conclure sur certaines observations concernant les intervenants de la santé et la nécessité de faire notre part. Notre organisme travaille avec ses partenaires de la santé, avec les collègues qui sont ici avec nous, à la préparation d'un sommet de la santé sur la question de l'obésité juvénile et des risques pour la santé des enfants. Nous avons recommandé des changements aux programmes d'enseignement des facultés de médecine pour que ce sujet important y soit mieux abordé.
Sur le terrain, les médecins continuent d'établir des réseaux avec les autres fournisseurs de soins de santé, les éducateurs et les patients afin que ces derniers soient renvoyés vers les services qui répondent le mieux à leurs besoins.
Enfin, je manquerais à mon devoir en ne parlant pas des défis particuliers auxquels font face nos populations autochtones. Plus de 60 p. 100 des enfants autochtones ont de l'embonpoint ou sont obèses. Tout effort de lutte contre l'obésité chez les enfants, et en particulier tout effort fédéral, doit tenir compte des besoins urgents et spéciaux de cette population. On nous a demandé de rencontrer les dirigeants autochtones à ce sujet et nous comptons le faire prochainement.
Pour terminer, je dois souligner que cet été, à notre assemblée annuelle, la santé de nos enfants a été l'une des principales priorités dont nous avons discuté. Depuis le peu de temps que j'occupe le poste de président, plus de 50 p. 100 des demandes des médias, surtout au Québec, mais pas exclusivement, portaient sur cette question beaucoup plus que sur la question de la privatisation ou certains des autres enjeux auxquels nous nous intéressons.
Nous félicitons le comité d'avoir entrepris cette étude et de chercher des moyens d'améliorer le sort des enfants canadiens.
Merci.
Au nom de la Société canadienne de pédiatrie, je tiens à vous féliciter tous d'être ici aujourd'hui pour nous écouter, moi qui suis pédiatre, mon organisme, qui défend les intérêts des enfants et mes collègues de l'Association médicale canadienne. Ensemble, nous essayons vraiment de faire quelque chose pour améliorer la santé et le bien-être des enfants canadiens.
Je n'ai pas besoin de vous dire, car vous le savez déjà, que nous avons une épidémie d'obésité juvénile au Canada. Ce n'est pas un problème particulier au Canada, mais plutôt un phénomène mondial. Toutefois, je crois que le Canada est dans une situation particulière en ce sens qu'il peut jouer le rôle de chef de file dans ce domaine et vraiment changer les choses au niveau national.
Nous pouvons agir ici, au Canada, avant que ce soit possible dans d'autres pays, parce que nous avons un excellent leadership à tous les niveaux. Alors écoutez-moi lorsque je vous parle en tant que pédiatre, au nom des enfants et des pédiatres de tout le pays que je représente pour vous dire pourquoi c'est un problème et pourquoi nous devons vraiment nous y attaquer ensemble.
Nous savons qu'il y a maintenant plus d'obésité et d'embonpoint chez les enfants qu'il y a 25 ans. Les statistiques montrent que nous sommes passés d'un pourcentage de 15 p. 100 à 26 p. 100 environ. Nous savons qu'il y a au Canada certains enfants qui souffrent plus que d'autres. Il semble que ce soit les enfants dont le statut socioéconomique est plus bas ou qui font partie des populations autochtones ou des populations immigrantes qui sont ici depuis au moins une dizaine d'années. Si nous essayons d'améliorer l'avenir de nos enfants, nous devrons veiller à rejoindre tous les enfants.
Pourquoi les enfants souffrent-ils d'embonpoint et d'obésité? J'aimerais qu'il y ait une réponse toute simple. Apparemment, c'est dû à la fois à l'ingestion d'aliments hypercaloriques, trop de boissons gazeuses, trop de jus avec sucre ajouté, etc. et pas assez de lait maternel, mais ce n'est pas la seule raison. Les enfants ont pris l'habitude d'être moins actifs. Au Canada comme dans le reste du monde, ils ont mille occasions d'exercer leur dextérité, mais pas leur corps. Les enfants peuvent regarder la télévision et jouer à des jeux vidéo, mais ils ne sont pas actifs.
Je peux vous dire qu'une mère est venue me dire : « Que dois-je faire? Mes enfants se battent pour jouer au Nintendo ». J'ai été un peu surprise d'apprendre que la solution que les parents avaient trouvée était d'acheter deux machines au lieu de limiter le temps d'utilisation de chaque enfant ou de les inciter à partager. Il ne faut donc pas oublier que les parents doivent être de bons éducateurs et de bons exemples à suivre pour leurs enfants, pas seulement sur le plan de la nutrition, mais également en ce qui concerne les activités physiques, car nous savons que les enfants ne bougent plus autant qu'avant.
Nous savons que les enfants ont tendance à devenir moins actifs en vieillissant et que les filles sont moins actives que les garçons. Non seulement elles consacrent moins de temps aux activités physiques, mais elles se livrent à des activités moins intenses et elles commencent à ralentir leurs activités physiques beaucoup plus tôt que les garçons. Par conséquent, quelle que soit la solution que nous décidions d'adopter pour nous attaquer à ce problème, nous devons veiller à rejoindre les enfants des deux sexes et de tous âges sur le plan de l'activité physique, de la lutte contre la sédentarité et des bonnes habitudes alimentaires.
Quand j'ai fait mes études, je n'ai jamais entendu parler de diabète de type 2, sauf comme maladie de l'adulte, mais je vois maintenant ce genre de cas dans mon propre cabinet. Je vois ce type de diabète chez des adolescents et je dois conseiller des parents dont les enfants âgés de trois, quatre ou cinq ans commencent à manifester les signes de ce genre de maladies qui ne touchaient avant que les adultes. Si nos enfants ont ce type de problème maintenant, vous pouvez vous imaginez l'état dans lequel ils seront à l'âge adulte. Se peut-il que nos propres enfants ne vivent pas aussi longtemps que nous? Pouvons-nous permettre une telle situation?
Nous avions l'habitude de dire que la principale responsabilité des médecins était d'inciter les parents et les enfants à adopter un mode de vie sain, à manger une nourriture saine, à être actifs et à ne pas fumer. Mais cela ne semble pas suffisant. Le problème dépasse largement ce que je peux faire en tant que médecin. J'essaie. J'essaie très fort et je peux vous dire qu'en tant que membres de la Société canadienne de pédiatrie, nous avons pris des initiatives pour aider les praticiens à conseiller les parents et les familles au sujet des habitudes de vie saines.
Nous avons aussi créé un réseau de champions, de pédiatres et de médecins généralistes qui travaillent avec nous à élaborer des stratégies pour aider les familles de leurs patients.
D'autre part, nous travaillons avec les hôpitaux pour en faire des lieux plus sains où travailler, pour le personnel, mais aussi plus sains pour les patients, car pour le moment, les hôpitaux sont également une source de problèmes.
Par conséquent, quelle que soit notre stratégie, nous devons rejoindre toutes les couches de la société. Ce n'est pas une chose qu'un médecin peut faire à lui seul. Le problème est beaucoup plus vaste. Nous devons l'attaquer au niveau fédéral grâce à un excellent leadership, que nous avons maintenant au niveau provincial, au niveau municipal et en fait, au niveau des collectivités locales, des familles, des médecins, des dirigeants communautaires afin d'échanger notre environnement obésigénique contre un environnement sain et actif qui favorise un mode de vie sain.
Je crois qu'il y a un certain nombre de questions à aborder lorsqu'on parle de changer un environnement obésigénique. J'aimerais pouvoir vous dire que j'ai une pilule qui va régler le problème miraculeusement et que personne n'aura plus à s'en inquiéter. Et c'est parfois ce que les parents viennent me demander.
Eh bien savez-vous? Cette pilule n'existe pas. Il n'y a pas de solution toute faite. Et la solution n'est pas unique, mais multiforme. Nous devons vraiment adopter une politique qui englobera un grand nombre de stratégies différentes.
Je félicite mes collègues de l'AMC, car ils répondent aux besoins de toute la population canadienne, de la naissance à la mort. En ce qui nous concerne, nous les pédiatres, nous nous intéressons particulièrement aux enfants, aux nouveaux-nés et aux adolescents, bien entendu. Je pense qu'il est extrêmement important que les stratégies que nous élaborons pour améliorer la santé de tous les Canadiens veillent à accorder beaucoup d'importance aux problèmes de santé des enfants, quoi que nous décidions de faire. Un grand nombre de stratégies visant à combattre l'obésité au Canada sont dirigées vers l'obésité secondaire. Une fois qu'un adulte prend de l'embonpoint ou devient obèse et qu'il est frappé de diabète de type 2, d'hypertension ou d'autres maladies, vous vous servez de l'argent disponible pour la santé pour les guérir. Ce que nous devons faire, c'est nous attaquer au problème avant qu'il ne commence. La prévention est essentielle.
En ce qui nous concerne, nous croyons important que le gouvernement fédéral veille à ce que la mise en oeuvre d'une stratégie de santé nationale et pancanadienne accorde une importance particulière aux enfants et aux adolescents. Et il faudrait aussi que les adolescents soient une source d'information. Ils ont beaucoup à dire, mais nous parlons pour eux. Avons-nous raison ? Ne devraient-ils pas avoir voix au chapitre? Je crois que oui.
Nous devons veiller à donner de l'argent aux municipalités pour promouvoir l'activité physique grâce à une programmation locale, surtout à l'intention des enfants et des adolescents. Nous devrions rétablir le Programme fédéral de contributions à l'activité physique pour permettre au secteur bénévole d'aider les Canadiens à intégrer l'activité physique dans leur vie quotidienne. Et nous devrions continuer de financer la recherche qui nous permettra de déceler les problèmes et d'y remédier, et surtout, d'élaborer des stratégies de prévention qui commencent pendant l'enfance et l'adolescence.
Nous devons veiller à ce que les recommandations nationales du Guide d'activité physique pour les enfants et les adolescents et, bien entendu, le Guide alimentaire canadien soient largement diffusés et mis à la disposition de ceux qui en ont besoin.
Nous devons améliorer la responsabilisation des annonceurs qui ciblent les enfants. N'oubliez pas que la plupart des annonces publicitaires diffusées pendant les heures de programmation enfantines sont pour de la malbouffe, des boissons gazeuses, des bonbons, etc., et 4 p. 100 seulement pour des aliments sains.
Mais surtout, nous devons repérer et créer des programmes communautaires s'adressant aux différents groupes culturels, que ce soit pour la prévention du diabète ou la prévention de l'obésité. Ces programmes doivent s'adresser à la population des premières nations, et il ne faut pas oublier non plus nos immigrants et ce que nous devons faire pour eux.
Nous voudrions vous inviter à travailler avec nous pour que nos enfants et nos adolescents puissent bénéficier d'un mode de vie sain. Notre système de soins de santé ne pourra pas supporter le poids que représente plus de la moitié d'une génération exposée à des maladies à cause de la sédentarité. Il est temps de chercher à prévenir les maladies, car nous n'aurons pas vraiment les moyens de les guérir.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins de nous aider à étudier ce sujet important.
Pour ce qui est de l'Association canadienne de pédiatrie, je viens de lire qu'il y a aussi le International Journal of Pediatric Obesity qui décrit, et peut-être souligne l'importance de l'obésité chez les enfants. D'ici 2010, la moitié de tous les enfants et adolescents d'Amérique du Nord auront de l'embonpoint.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de le lire, mais dans le numéro de juillet de Maclean's, il y avait un article assez intéressant intitulé « Fixing Generation XXL ». Entre autres innovations et initiatives, quelqu'un a eu l'idée de créer en Californie une école baptisée « Academy of the Sierras ». Cette école fait payer 5 800 $ par mois et par enfant pour promouvoir de bonnes habitudes alimentaires et la perte de poids. Dans cet article, que le président pourrait peut-être distribuer, on a interviewé un certain nombre d'enfants qui ont suivi ce programme.
Je ne sais pas si vous connaissez ce programme, mais dans l'affirmative, peut-être pourriez-vous en parler.
À propos de ce qu'a dit William, quel devrait être, selon vous, le rôle du gouvernement, le rôle des intervenants et le rôle des professionnels de la santé dans la lutte contre l'obésité? Lorsque nous aurons fini d'étudier cet important sujet, nous allons formuler une série de recommandations. Peut-être pourriez-vous nous dire quel devrait être ce rôle, selon vous, et nous parler aussi de cette nouvelle école à 5 800 $ par mois.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour. Merci d'être ici et de nous exposer vos vues sur l'obésité juvénile. Je crois aussi que c'est très important. J'ai écouté avec attention vos énoncés.
Docteur McMillan, j'aimerais savoir si vous êtes au fait des longues recherches du Dr Jean-Pierre Després. Que pensez-vous de ses conclusions sur l'obésité et l'obésité juvénile? Selon lui, il faut d'abord en faire le diagnostic, puis faire de l'éducation, c'est-à-dire enseigner vraiment aux jeunes et aux parents comment faire le calcul des calories ingérées et des calories dépensées, ce que cela représente, etc.?
Madame LeBlanc, j'ai examiné votre dossier, qui est très bien fait.
Si je mange un muffin au son et carotte et que je bois un verre de jus d'orange pur, je consomme 512 calories. Pourtant, c'est supposé être très sain. Toutefois, il me faudra une heure pour dépenser ces calories.
Si l'on dit à un enfant de bien manger, de faire de l'exercice, mais qu'il n'en connaît pas le résultat au bout du compte, qu'est-ce que ça donne? Il faut que l'enfant soit au courant et qu'il soit éduqué à cet égard, parce qu'autrement, il aura tendance à surestimer le nombre de calories dépensées dans une activité physique, étant donné que maintenant, on ne bouge plus beaucoup.
Je me demande ce que vous en pensez, docteur McMillan et madame LeBlanc.
Bonjour. Mon nom est Martine Vallee et je suis directrice de la Télévision payante et spécialisée de langue anglaise et des politiques sociales au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Je suis accompagnée aujourd'hui par Denis Carmel, directeur des Affaires publiques. Scott Hutton, directeur exécutif adjoint de la Radiodiffusion, ainsi que Jane Britten, gestionnaire, Politique sociale et radiodiffusion se trouvent également dans la salle.
[Français]
Je vous remercie de m'offrir la possibilité de comparaître devant vous afin de vous entretenir des travaux du conseil, qui peuvent avoir un lien avec la question de l'obésité chez les enfants, et de sa relation potentielle avec les médias.
Le CRTC est un organisme public et indépendant qui surveille les industries de la radiodiffusion et des télécommunications au Canada. Le mandat du Conseil, tel qu'énoncé dans la Loi sur la radiodiffusion, consiste à réglementer et à surveiller le système canadien de radiodiffusion de façon à contribuer à l'atteinte des objectifs culturels, sociaux et économiques énoncés dans la loi.
[Traduction]
Le Conseil est sensible au rôle que joue la radiodiffusion, particulièrement celui de la télévision, dans la transmission des valeurs sociales et l'influence qu'elle exerce sur ces valeurs. Nous sommes notamment concernés par l'effet que les messages à contenu violent ont sur les enfants, par la représentation des groupes minoritaires et par la diffusion de messages haineux ou méprisants, pour ne nommer que ceux-ci.
L'implication du Conseil dans des secteurs de politique sociale tels que ceux-ci lui permet de répondre à plusieurs objectifs de la Loi sur la radiodiffusion. En effet, aux termes de la Loi, la programmation doit notamment être de haute qualité, respecter l'égalité des droits, refléter les valeurs canadiennes et contribuer au tissu social, économique et culturel du Canada.
La Loi prévoit aussi que le Conseil, dans ses efforts pour atteindre ces objectifs, doit respecter la liberté d'expression telle qu'énoncée par la Charte canadienne des droits et libertés, ne doit pas censurer et ne doit pas intervenir dans les décisions que les titulaires prennent quotidiennement sur leur programmation.
Le Conseil supervise certaines questions sociales relatives à la radiodiffusion. Nos activités à cet égard peuvent être divisées en trois catégories: accroître l'accès des personnes handicapées au système de radiodiffusion; améliorer l'intégration sociale des groupes marginalisés; et s'assurer que le contenu respecte les normes de la communauté.
Le Conseil s'occupe également de grandes questions sociétales lorsque des citoyens concernés portent de telles questions à son attention et que des enquêtes confirment que le Conseil a effectivement un rôle à jouer. Ces questions nous sont signalées de différentes façons, par le biais de plaintes, d'interventions formulées lors d'instances portant sur le renouvellement de licences ou sur des politiques, ou d'autres types d'observations provenant de particuliers ou de groupes concernés. Notre rôle peut être de portée générale ou plus en profondeur. Notre degré d'engagement dépend du lien direct ou non qui existe entre le matériel diffusé et la question qui est en cause. Nous tenons également compte des mesures que, le cas échéant, l'industrie de la radiodiffusion a déjà prises pour traiter la question.
Le Conseil compte beaucoup sur l'autoréglementation pour aborder les questions relatives aux politiques sociales. Très souvent, l'autoréglementation se traduit par des initiatives et des codes que l'industrie élabore elle-même pour régir les normes en matière de contenu radiodiffusé et de déontologie. Selon notre expérience, donner la responsabilité à l'industrie de développer des initiatives et des solutions fait en sorte que les radiodiffuseurs comprennent mieux l'enjeu et qu'ils ont tendance à mieux l'accepter et à se sentir davantage concernés.
Nous remarquons que des organismes tels que « Concerned Children's Advertisers », le Réseau Éducation-Médias ainsi que les Normes canadiennes de la publicité, qui comparaîtront tous devant vous aujourd'hui, offrent des exemples de partenariats avec l'industrie de la radiodiffusion visant à entreprendre des initiatives pour traiter des questions relatives à la diffusion de matériel publicitaire ainsi qu'aux enfants.
[Français]
Le conseil participe très souvent au développement et à l'application des codes de radiodiffusion, lesquels jouent un rôle fondamental dans l'établissement des normes de l'industrie et des directives spécifiques applicables à la programmation et à la publicité.
Des radiodiffuseurs adhèrent à plusieurs codes qui portent notamment sur la représentation non sexiste, l'éthique, la violence à la télévision et la publicité destinée aux enfants. Par l'entremise de ces codes, les radiodiffuseurs s'engagent à respecter les intérêts et les sensibilités des personnes qu'ils desservent tout en se conformant à leurs responsabilités de préserver la liberté artistique, la liberté d'expression et la liberté de presse de l'industrie.
L'industrie élabore des codes de radiodiffusion, parfois à la demande du conseil, parfois de sa propre initiative.
[Traduction]
Le Conseil exige des radiodiffuseurs qu'ils adhèrent à deux codes de l'industrie relatifs au contenu publicitaire, le Code de la publicité radiodiffusée en faveur de boissons alcoolisées et le Code de la publicité radiotélévisée destinée aux enfants. Ces deux codes ont pour objectif de prévenir les effets négatifs d'ordre social que la publicité risque d'avoir sur les enfants.
Le Code de la publicité radiotélévisée destinée aux enfants est particulièrement intéressant pour votre étude. Il reconnaît les caractéristiques particulières des auditoires juvéniles, particulièrement la vulnérabilité et l'impressionnabilité des enfants, et il établit des critères spécifiques sur ce qui peut ou non être communiqué ou décrit dans la publicité radiotélévisée destinée aux enfants.
Entre autres, le Code interdit le recours à des marionnettes, à des personnes ou à des personnages bien connus des enfants ou qui participent à des émissions pour enfants, pour parrainer ou promouvoir des produits, des primes ou des services. Le Code contient également des dispositions pour veiller à ce que les enfants ou leurs parents ne soient pas indûment incités à acheter certains produits. Il veille aussi à limiter la diffusion de messages publicitaires pendant des émissions pour enfants.
On y précise que la publicité destinée aux enfants ne doit pas appuyer ou illustrer des valeurs contraires à la morale, à l'éthique ou à la législation acceptée par la société canadienne contemporaine. Les représentants des Normes canadiennes de la publicité ont récemment publié un guide sur la façon d'interpréter la disposition relative aux annonces publicitaires portant sur les produits alimentaires destinés aux enfants.
Le Code de la publicité radiotélévisée destinée aux enfants a été créé en 1971 par l'Association canadienne des radiodiffuseurs et la Fondation canadienne de la publicité qui porte maintenant le nom de Normes canadiennes de la publicité. Bien que le respect du Code était initialement volontaire, le Conseil exige depuis 1974, par condition de licence, que les radiodiffuseurs le respectent. Le Conseil a imposé cette exigence suite à un rapport du comité permanent de la Chambre des communes concernant la radiodiffusion qui jugeait souhaitable de faire appliquer les normes de façon plus énergique.
Les Normes canadiennes de publicité jouent un rôle primordial dans l'application du Code, puisqu'elles examinent et approuvent toutes les publicités destinées aux enfants avant leur diffusion. Le comité d'examen est composé de membres de l'industrie de la publicité, de la SRC, des radiodiffuseurs privés et des représentants du public.
Je vais laisser à cet organisme le soin de vous décrire ses activités et son expérience dans ce domaine.
[Français]
Merci de votre attention. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Bon après-midi et merci beaucoup pour l'occasion que vous nous offrez de participer aujourd'hui aux importantes discussions et recherches que vous avez entreprises en matière d'obésité juvénile.
Permettez-moi tout d'abord de me présenter. Je m'appelle Cathy Loblaw. Je suis présidente des Annonceurs responsables en publicité pour enfants. Comme vous le savez peut-être, il s'agit d'une organisation sans but lucratif réunissant une vingtaine d'entreprises canadiennes qui mettent en marché et annoncent des produits et services destinés aux enfants et à leurs familles.
Les ARPE, mieux connus sous le nom de CCA, ont été fondés en 1990 dans le but de s'assurer que l'industrie s'adresse aux enfants d'une manière responsable et adaptée à leur âge lorsqu'elle offre des produits ou services, et qu'elle respecte la vulnérabilité spécifique de cet auditoire. À cette fin, nous respectons un code d'éthique et des normes strictes en matière de publicité destinée aux enfants. Nous mettons également nos ressources, notre influence et nos compétences en commun afin d'expliquer aux enfants certains enjeux sociaux auxquels ils sont confrontés dans leur vie de tous les jours.
Au cours des 17 dernières années, nous avons traité d'une vaste gamme de problématiques entourant les enfants. Nous tentons d'identifier chaque année les principaux enjeux auxquels les enfants sont confrontés. Nous nous efforçons ensuite de réagir à ces enjeux, à la fois d'un point de vue commercial et social, en élaborant des programmes et en menant des actions efficaces, significatives et substantielles.
Notre financement provient à la fois du gouvernement et de l'industrie, mais nos programmes, messages et prises de position résultent d'une étroite collaboration avec des experts de divers domaines et des représentants des ONG qui orientent, dirigent et aident à définir le contenu de nos programmes et la nature de nos actions. Ainsi, nous avons commencé à orienter nos efforts vers l'obésité juvénile il y a cinq ans après avoir constaté qu'il s'agissait d'un problème inquiétant. Nous avons réuni 17 experts renommés en santé, en éducation et en problèmes affectant les enfants pour nous aider à trouver des solutions pratiques. Nos partenaires comprennent Santé Canada, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, la Ryerson School of Nutrition, l'Association canadienne du diabète et beaucoup d'autres.
Dans un tel contexte, l'industrie, qui s'exprime ici via les ARPE, respecte et comprend l'ampleur de la problématique de l'obésité juvénile. Elle reconnaît tout comme vous la nécessité d'apporter d'importants changements sociétaux, en agissant sur une vaste gamme de déterminants, afin de s'assurer que les enfants canadiens, et par le fait même tous les Canadiens et Canadiennes, puissent vivre longtemps et en bonne santé. Nous reconnaissons que tous les secteurs de la société, y compris les médias et l'industrie, ont un rôle à jouer en ce sens. Nous reconnaissons également qu'aucun secteur ne peut être tenu responsable de ce problème ni ne pourra le solutionner à lui seul.
Dans cette optique, permettez-moi de vous faire part de ce que nous avons entrepris dans le secteur de l'industrie et des médias relativement à cette problématique. Tout d'abord, nous reconnaissons depuis fort longtemps que la publicité destinée aux enfants influence à la fois leur choix et leur préférence. C'est pourquoi un système a été mis en place afin d'assurer le respect des auditoires composées d'enfants. Depuis plus de 20 ans, nous faisons la promotion d'un système transparent, responsable et réglementé permettant de vérifier et de pondérer la publicité destinée aux enfants.
Le système en vigueur au Canada est souvent considéré comme un système de pointe à l'échelon mondial puisqu'il garantit des pratiques responsables en matière de publicité destinée aux enfants grâce à une approche en plusieurs étapes qui s'appuie sur des codes et règlements.
Laissez-moi vous expliquer les piliers sur lesquels repose notre système.
Comme le CRTC vient de vous le dire, au Canada, la publicité radiotélévisée destinée aux enfants est réglementée comme condition de licence. Par conséquent, toute la publicité radiotélévisée destinée aux enfants doit respecter des directives très précises entourant ce qui est permis ou non permis lorsqu'on s'adresse à des enfants. De plus, le fait que le respect de ce code soit assuré grâce à un mécanisme de préautorisation des messages publicitaires par un comité formé de représentants des parents, des diffuseurs et de l'industrie donne encore plus de force à celui-ci.
En plus du mécanisme de préautorisation et du code prévu au niveau de la publicité radiotélévisée, nous devons également respecter les Normes canadiennes de la publicité, un système s'appuyant sur des plaintes qui régit tous les médias. Il suffit d'une seule plainte pour déclencher un examen de quelque publicité que ce soit, dans n'importe quel média. Ce système s'ajoute à l'étape de préautorisation des messages commerciaux à laquelle l'industrie doit se soumettre en vertu du Code de la publicité radiotélévisée. Cette étape additionnelle de responsabilisation touche tous les médias. Il s'agit d'un processus sensible et transparent.
Il est également important de noter que le Code de la publicité radiotélévisée et les Normes canadiennes de la publicité sont des instruments en évolution qui sont examinés et réajustés sur une base régulière et permanente afin de s'assurer qu'ils tiennent compte des problématiques émergentes. Dans cet ordre d'idées, une nouvelle clause entourant l'intimidation a été ajoutée récemment. Il y a deux ans, un nouveau guide d'interprétation précisait la clause relative aux valeurs sociales et à la publicité sur les aliments. De plus, toute la publicité pour les produits alimentaires, y compris les aliments pour enfants, requiert un examen supplémentaire et elle est très réglementée en vertu de la Loi sur les aliments et drogues.
Consciente de la nature évolutive des codes et de la réglementation en vigueur, l'industrie continuera de consolider et de proposer des clauses et des guides d'interprétation qui permettront de répondre encore mieux aux besoins des auditoires composés d'enfants relativement à cette problématique ou à d'autres problématiques. L'industrie s'est aussi engagée de façon significative à utiliser la publicité en tant que véhicule permettant de transmettre efficacement des messages pour favoriser le développement de l'esprit critique et l'adoption d'un mode de vie sain.
En ce qui a trait à la compétence médiatique, les ARPE reconnaissent que malgré l'existence de codes et systèmes visant à responsabiliser l'industrie, les enfants d'aujourd'hui sont exposés à une vaste gamme de médias ne provenant pas du Canada et débordant souvent du cadre des émissions traditionnellement destinées aux enfants. C'est pourquoi nous croyons fermement que nous devons participer activement à l'éducation des enfants à cet égard. Nous devons fournir aux enfants des outils leur permettant de développer leur esprit critique, de s'informer et de s'instruire et leur enseigner comment décoder tous les types de médias, y compris la publicité.
Les ARPE jouent un rôle important à cet égard en offrant les programmes La télé et moi et Vive les enfants! dans lesquels on trouve des activités éducatives en matière de compétence médiatique à l'intention des enfants de la maternelle à la 8e année, qui sont offertes gratuitement aux éducateurs et dirigeants communautaires partout au Canada. Aussi bien l'Organisation mondiale de la santé que l'Institute of Medicine ont d'ailleurs souligné l'importance de l'éducation à la compétence médiatique à cet égard.
En plus de s'intéresser à la compétence médiatique, l'industrie a joué un rôle très actif au cours des cinq dernières années au niveau de la conception et de la diffusion de messages commerciaux et de programmes scolaires destinés aux enfants qui traitent de l'activité physique et de la saine alimentation. Les émissions de la série portant sur un mode de vie sain appelées Vive les enfants! sont diffusées quotidiennement aussi bien en français qu'en anglais et rejoignent plus de 90 p. 100 des enfants et des parents. Ce processus comporte cinq étapes, à savoir la réglementation de l'industrie, la réglementation gouvernementale, un système sensible s'appuyant sur des plaintes à l'égard de tous les médias, l'éducation à la compétence médiatique et la diffusion des messages d'intérêt public relatifs à un mode de vie sain.
Nous avons examiné et continuerons à examiner tous les domaines et toutes les occasions possibles de contribution. Vous nous avez demandé d'exprimer nos commentaires quant à l'interdiction de certaines publicités destinées aux enfants dans une optique de prévention de l'obésité juvénile. Nous avons examiné cette question en nous référant à deux collectivités où une telle interdiction est actuellement en vigueur, à savoir le Québec et la Suède.
Au Québec, une interdiction de la publicité destinée aux enfants est en vigueur depuis 1980. Depuis ce temps, les taux d'obésité juvénile et d'excès de poids ont augmenté de deux à trois fois chez les enfants québécois. Selon les statistiques, les taux d'obésité juvénile et d'excès de poids s'élevaient à 11,5 p. 100 chez les enfants québécois en 1981; ces taux étaient alors parmi les plus faibles au Canada. Malgré l'interdiction relative à la publicité en vigueur depuis 1980, les taux d'obésité juvénile et d'excès de poids s'élevaient à 27 p. 100 chez les enfants québécois en 1996, ce qui signifie qu'ils étaient alors presque trois fois plus élevés. En 2004, ces taux étaient estimés à 23 . 100, soit le double des taux observés en 1981. Comme on peut le constater, l'interdiction relative à la publicité n'a pas protégé les enfants québécois contre l'excès de poids et l'obésité juvénile.
Il est intéressant de noter qu'on observe actuellement en Alberta, une province où la publicité destinée aux enfants n'est pas interdite, les plus faibles taux d'obésité juvénile et d'excès de poids chez les enfants au Canada, ces taux étant de 22 p. 100 comparativement à la moyenne nationale de 26 p. 100.
On observe des données similaires dans le cas de la Suède où une interdiction relative à la publicité destinée aux enfants est en vigueur depuis 1991. Une étude réalisée en Suède, au Collège universitaire d'éducation physique et des sports, qui a suivi des jeunes Suédois pendant 14 ans, a révélé que la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité chez les enfants était presque 2,5 fois plus élevée en 2001 par rapport à 1987. Plus précisément, le pourcentage d'enfants souffrant d'un excès de poids ou d'obésité est passé de 7,5 p. 100 en 1987 à 20 p. 100 en 2001 malgré l'interdiction de la publicité destinée aux enfants.
Le Québec et la Suède s'efforcent, tout autant que nous, de trouver des solutions vraiment efficaces à ce problème autres que l’interdiction de la publicité destinée aux enfants.
Pour conclure, je voudrais vous remercier de nous avoir permis de participer à cette étude et vous assurer que l'industrie respecte et partage vos préoccupations à l'égard du problème de santé qui menace nos enfants. Nous sommes déterminés à nous laisser guider par la science et la recherche pour trouver de véritables solutions et stratégies qui pourront améliorer le sort des enfants. Nous continuerons à faire notre part pour trouver une solution.
Nous reconnaissons que c'est un problème qui nous touche de près. Après tout, c'est de nos enfants dont nous parlons. Je suis mère d'un enfant de deux ans et d'un autre de huit ans et je suis donc bien placée pour le comprendre. Néanmoins, nos solutions doivent être guidées par des données scientifiques et des recherches crédibles. Nous espérons qu'en travaillant en collaboration avec le gouvernement, les experts, les chercheurs, les ONG et l'industrie, nous allons continuer à servir les enfants canadiens et leurs familles et les aider à mener une vie saine et active.
Notre dialogue se poursuivra et nous continuerons de chercher des moyens de poursuivre notre contribution et notre engagement.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Linda Nagel et je suis la présidente des Normes canadiennes de la publicité. J'apprécie l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de discuter avec vous de la façon dont la publicité pour les produits alimentaires est réglementée au Canada et du rôle que Les normes canadiennes de la publicité ou NCP, mon organisation, joue dans la réglementation de la publicité qui s'adresse aux enfants.
Au cours des prochaines minutes, je compte vous présenter notre point de vue sur les sujets suivants: le rôle de NCP dans le cadre d'une réglementation responsable de la publicité; la double préautorisation exigée en matière de publicité alimentaire radiodiffusée destinées aux enfants afin d'assurer la conformité de cette dernière à la fois avec la Loi sur les aliments et drogues et avec le Code de la publicité radiotélévisée destiné aux enfants de l'Association canadienne des radiodiffuseurs; et troisièmement, je parlerais des mécanismes mis en place par NCP pour répondre aux plaintes des consommateurs au sujet de la publicité.
NCP est un organisme national d'autoréglementation de la publicité. Depuis sa création en 1957, notre mandat est demeuré le même, soit d'assurer l'intégrité et la viabilité de la publicité au Canada par l'entremise d'un mécanisme d'autoréglementation responsable. Nos efforts reposent essentiellement sur le Code canadien des normes de la publicité, le principal outil d'autoréglementation de la publicité au Canada. Le Code a d'abord été publié en 1963, puis a été mis à jour périodiquement afin de demeurer actuel. Les 14 articles qu'il contient, de même que les lignes directrices qui s'y rattachent établissent les normes en matière de publicité acceptable, et ce, pour tous les médias, y compris les médias imprimés, l'électronique, Internet et l'affichage extérieur. Les articles du Code constitue la base sur laquelle repose le processus de jugement des plaintes des consommateurs au sujet de la publicité. La publicité au Canada est très réglementée et le Code fournit un complément au cadre législatif et au cadre de réglementation en place.
Le Code est un instrument souple qui peut être facilement mis à jour pour faire face aux enjeux actuels et enjeux nouveaux. Par exemple, comme ma collègue Cathy l'a mentionné, il y a deux ans, le Code a été amendé pour inclure une disposition interdisant la représentation de comportements d'intimidation . De plus, deux lignes directrices y ont été ajoutées en vue de fournir un encadrement additionnel à la publicité destinée aux enfants, notamment la publicité alimentaire.
Étant donné la nature unique de notre mandat d'autoréglementation, NCP est devenu au fil des ans le responsable logique et naturel de fonctions de préautorisation de la publicité. On entend par préautorisation l'évaluation d'un message publicitaire avant qu'il ne soit diffusé. Nous avons commencé à préautoriser des messages destinés aux enfants dans les années 70. Puis dans les années 90, à la demande des annonceurs et des diffuseurs nous avons étendu nos services de préautorisation à la publicité radiodiffusée sur l'alimentation, les cosmétiques, les boissons alcoolisées et les médicaments sans ordonnance. À l'heure actuelle, NCP préautorise chaque année plus de 11 000 annonces publicitaires. Cette importante fonction d'examen donne l'assurance aux consommateurs, au gouvernement et à l'industrie que la publicité est conforme au cadre de réglementation en vigueur.
Passons maintenant à la réglementation de la publicité radiodiffusée destinée aux enfants. Compte tenu de la vulnérabilité de l'auditoire juvénile, la publicité radiodiffusée qui est destinée à ce dernier est soumise à deux préautorisations distinctes. La première consiste en l'examen technique. Au Canada, toute la publicité radiodiffusée sur l'alimentation -- qu'elle soit destinée aux enfants ou aux adultes -- doit satisfaire aux exigences énoncées dans la Loi sur les aliments et drogues et le Règlement sur les aliments et drogues du Canada et dans le Guide d'étiquetage et de publicité sur les aliments de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. La préautorisation accordée par NCP permet d'assurer la conformité avec ces exigences. Cet examen technique rigoureux est assuré par l'équipe d'analystes professionnels de NCP, chargée de l'approbation. Les publicités soumises, qui ont été approuvées, reçoivent un numéro d'approbation qui indique aux diffuseurs qu'elles sont conformes aux règlements en vigueur. Il est entendu que le NCP demeure en dialogue constant avec Santé Canada et avec l'ACIA pour s'assurer de rester fidèle et actuel dans l'application de la Loi et des règlements en vigueur.
Toute la publicité radiodiffusée destinée aux enfants est soumise à un second niveau d'examen ou à une deuxième préautorisation en vertu des dispositions contenues dans le Code de la publicité radiotélévisée destinée aux enfants de l'Association canadienne des radiodiffuseurs désigné sous le nom de Code visant les enfants.
Comme Martine Vallee l'a mentionné, ce code a été créé dans les années 70 pour tenir compte du caractère particulier de l'auditoire juvénile. Les radiodiffuseurs privés du Canada ont accepté de s'y conformer comme condition de licence. Le Code visant les enfants s'applique à l'ensemble du Canada, sauf au Québec où la publicité est réglementée par la Loi sur la protection du consommateur du Québec.
Le Code visant les enfants exige entre autres que tous les messages publicitaires -- tant alimentaires que non alimentaires -- destinés aux enfants soient préautorisés par un comité indépendant, le comité d'approbation de la publicité destinée aux enfants. Ce comité se réunit uniquement pour examiner la version finale des messages publicitaires destinés aux enfants. Le comité mandaté est composé entre autres de diffuseurs publics et privés, de membres de l'industrie de la publicité de même que de représentants du public. Ces derniers sont nommés par des organismes de défense des consommateurs et doivent être les parents d'enfants âgés de moins de 12 ans.
Une fois approuvés, les messages publicitaires destinés aux enfants reçoivent un numéro d'approbation de NCP. Ainsi, les messages publicitaires sur l'alimentation reçoivent deux numéros, l'un signifiant qu'ils sont conformes à la législation canadienne sur l'alimentation, l'autre signifiant qu'ils sont conformes au Code visant les enfants. La combinaison du cadre de réglementation rigoureux qui prévaut au Canada et des deux préautorisations requises fait du système canadien un système unique au monde.
Étant limitée par le temps, je ne peux pas passer en revue toutes les dispositions prévues au Code visant les enfants, mais nous vous en avons remis des exemplaires en anglais et en français. Bien entendu, les principales dispositions sont celles que Martine a mentionnées : l'interdiction des témoignages publicitaires par des personnalités ou par des personnages connus; l'interdiction de suggérer que la possession du produit améliorera le statut de l'enfant et des restrictions quant à la fréquence de diffusion des messages publicitaires pendant une émission pour enfants.
En outre, le guide d'interprétation de l'article 11 du Code visant les enfants, qui a été adopté en 2004 dans le but de fournir à l'industrie un encadrement supplémentaire en matière de publicité alimentaire destinée aux enfants, exige que les messages publicitaires sur les produits alimentaires soient conformes aux dispositions de la Loi sur les aliments et drogues. Là encore, c'est pour rappeller que les produits de collation ne doivent pas être présentés comme étant des substituts de repas et que les publicités utilisant le contexte d'un repas doivent montrer le rôle que joue le produit annoncé dans une alimentation équilibrée.
Chaque année, plus de 2 500 messages publicitaires destinés aux enfants sont soumis à NCP dans le but d'être examinés par le Comité d'approbation de la publicité destinée aux enfants. Environ 55 p. 100 de ces messages portent sur des films et des spectacles pour enfants; 35 p. 100 portent sur des jouets et des jeux, et 10 p. 100 portent sur des produits alimentaires et des restaurants.
Passons maintenant aux plaintes des consommateurs. NCP accepte, à titre d'organisme d'autoréglementation de la publicité, les plaintes des consommateurs portant sur la publicité en vertu des dispositions du Code canadien des normes de la publicité. Bien que la plupart des plaintes parviennent directement à NCP de la part de consommateurs préoccupés, certaines d'entres elles proviennent d'organismes de réglementation tels que le CRTC ou d'organismes tels que le Conseil canadien des normes de la radiotélévision.
Les plaintes sont jugées par des conseils nationaux et régionaux indépendants, composés de bénévoles dont notamment des experts de l'industrie et des représentants du public. Des 1 200 plaintes de consommateurs que NCP a reçu l'an dernier, 10 p. 100 portaient sur des annonces publicitaires de produits alimentaires. Presque la totalité de ces dernières relevaient d'une question de goût ou d'une opinion personnelle et ne portaient pas sur une question alimentaire ou de nutrition. De plus, aucune de ces plaintes ne portait sur une publicité alimentaire destinée aux enfants. Il est naturel de s'attendre alors à ce que le processus de préautorisation rigoureux prévu en vertu du cadre de réglementation sur les produits alimentaires et du Code visant les enfants n'entraîne presque aucune plainte au sujet de questions qui ont trait à la nutrition.
En résumé, le système canadien, qui comporte des normes de réglementation et d'autoréglementation rigoureuses, un processus de préautorisation de la publicité de même qu'un mécanisme de traitement des plaintes des consommateurs accessible, a bien servi les Canadiens depuis presque 50 ans. Et le rythme du changement s'accélérant, NCP continuera de faire preuve de souplesse en établissant et en maintenant des normes de publicité responsables afin de répondre aux besoins actuels et futurs.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci beaucoup pour votre invitation. C'est fantastique.
C'est merveilleux d'entendre en direct tous ces renseignements concernant la publicité. Tout est très bien résumé dans notre site et il est agréable d'obtenir confirmation que nous avons raison.
Voilà de quoi je voudrais vous parler aujourd'hui. Je vais vous décrire l'organisme pour lequel je travaille et combler une petite lacune dans les discussions d'aujourd'hui en parlant de ce à quoi les enfants sont exposés sur Internet.
Tout d'abord, je fais partie du Réseau Éducation-Médias. Le Réseau Éducation-Médias est un organisme éducatif national sans but lucratif. Nous voulons faire en sorte que les enfants et les adolescents acquièrent l'esprit critique et les outils nécessaires pour pouvoir se servir des médias. Notre organisme existe depuis 10 ans et nous avons produit des ressources éducatives qui sont distribuées un peu partout au Canada et dans le monde entier. Elles sont utilisées dans les salles de classe pour faciliter la familiarisation avec les médias et la compétence médiatique.
Comme je l'ai dit, je vais vous donner une idée de ce à quoi les enfants sont exposés et de la façon dont ils se laissent séduire par les annonces publicitaires pour des produits alimentaires, surtout sur Internet. C'est un domaine dans lequel nous possédons énormément d'expérience et je vais pouvoir vous communiquer une petite étude que nous avons menée tout récemment. Pour éviter les répétitions, je vais vous donner seulement un aperçu de la réglementation et de ses effets sur ce que les enfants voient sur Internet et ce que nous pouvons faire pour y remédier. Je vais ensuite vous parler brièvement du rôle essentiel de la familiarisation avec les médias et de la nécessité de soutenir l'éducation à cet égard pour promouvoir une société saine.
Quand on regarde la façon dont la publicité s'adresse aux enfants, les enfants d'aujourd'hui vivent dans un environnement multimédia. En 2003, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a mené une enquête nationale sur l'utilisation que les enfants faisaient des médias. Nous avons constaté que 75 p. 100 des enfants regardent quotidiennement la télévision et que 48 p. 100 d'entre eux ont leur propre téléviseur. Ils regardent la télévision dans leur chambre. Environ 60 p. 100 des garçons de la 3e à la 6e année jouent à des jeux vidéo ou des jeux d'ordinateur pratiquement tous les jours. Si nous examinons la réceptivité des jeunes enfants vis-à-vis de la publicité, les enfants connaissent les marques dès leur jeune âge. De l'âge de six mois, les bébés peuvent se faire une image mentale des emblèmes et des mascottes des marques de commerce. La fidélisation à une marque peut s'établir dès l'âge de deux ans et lorsque les enfants entrent à l'école, la plupart d'entre eux peuvent reconnaître des centaines d'emblèmes commerciaux.
Comme les jeunes ont l'habitude de surfer sur Internet, ils constituent des cibles idéales pour les annonceurs en ligne et les études de marché. Forrester Research mentionne que les jeunes usagers d'Internet restent en ligne plus longtemps que les adultes. Ils ont davantage tendance à accéder à Internet à partir d'endroits différents et à participer à un éventail plus vaste d'activités en ligne, souvent sous l'oeil attentif des sites commerciaux qui collectent leurs renseignements personnels. D'autre part, les enfants accomplissent sans effort des tâches multiples avec divers médias. Que ce soit sur Internet ou ailleurs, les spécialistes du marketing s'intéressent aux enfants en raison de leur capacité de dépenser.
Les spécialistes du marketing en ligne s'intéressent également aux enfants parce que ce sont les enfants qui influencent les achats de la famille. Il ressort des recherches que les jeunes Canadiens de 12 à 24 ans disposent d'un revenu personnel d'environ 62 milliards de dollars. Même les plus jeunes d'entre eux disposent d'un montant d'argent étonnant. Les jeunes de 12 à 17 ans peuvent dépenser en moyenne 114 $ par semaine.
Je mentionnerais en passant que j'ai cinq enfants et qu'aucun d'eux n'a autant d'argent à dépenser au cours d'une semaine.
« Jeunes Canadiens dans un monde branché » est une étude que nous avons réalisée récemment par l'entremise de notre réseau. Il s'agissait de la phase 2 qui faisait suite à notre enquête de 2001. Nous avons jeté un coup d'oeil sur ce que les enfants font sur Internet et comment ils interagissent avec ce qu'ils voient. Cette étude a permis de faire des constatations à l'égard du caractère commercial des sites favoris des enfants, surtout en ce qui concerne la publicité pour les produits alimentaires. En fait, près de 94 p. 100 des 50 sites les plus visités contenaient de la publicité.
Lorsque nous examinons la commercialisation en ligne, nous étudions les sites s'adressant aux jeunes qui sont conçus pour consolider la reconnaissance des marques et les relations de la marque avec les enfants et les jeunes. Ils établissent ces relations grâce à des annonces en ligne, mais aussi grâce à des environnements d'immersion, des communautés virtuelles et un marketing virtuel. Ils se servent aussi de techniques d'extraction de données pour recueillir des renseignements personnels, si bien que nous avons des annonceurs en ligne qui ont tendance à s'écarter des annonces publicitaires traditionnelles. Ils ne font pas approuver leurs réclames par les Normes canadiennes de la publicité. Nous voyons des terrains de jeu virtuels dont le contenu et la publicité sont parfaitement intégrés dans des graphismes et des jeux.
Neopets a fait breveter l'expression « publicité immersive » en affirmant très fièrement que c'est sa technique publicitaire interactive et qu'il s'agit d'un progrès par rapport aux méthodes de commercialisation traditionnelles qui utilisent la télévision et le cinéma. Selon une enquête MNet, Neopets figure parmi les cinq sites les plus visités par les écoliers de la 4e à la 9e année. Il a de l'endurance.
Les « advergames » sont un type particulier d'environnement d'immersion. Ce sont des jeux en ligne interactifs centrés sur des marques, des produits ou des personnages reliés à une marque. C'est un outil de choix pour les annonceurs de produits alimentaires tels que Candystand, Nabisco et Lucky Charms. Ce ne sont là que quelques exemples des sites publicitaires qui offrent ces advergames et des jeux interactifs attrayants pour les enfants très jeunes.
Comme l'a déclaré un spécialiste du marketing, « Pourriez-vous imaginer quelqu'un qui passerait trois à huit minutes à regarder une annonce publicitaire dans une revue ou sur une bannière? » Les enfants n'hésiteront pas à jouer à des jeux centrés sur une marque pendant de longues périodes de temps. Les experts en marketing qualifient cette jeune clientèle de « sticky traffic ». Lorsque nous parlons de la publicité pour les produits alimentaires et de Life Savers, c'est du « sticky traffic ».
Le Web semble être, pour les jeunes enfants, un nouveau terrain de jeu qui intègre la publicité pour la malbouffe et l'interactivité. Les jeunes se laissent toutefois tromper. Nos recherches révèlent que les trois quarts d'entre eux pensent que les advergames sont de simples jeux. Ils ne se rendent pas compte que les sites comme Neopets gagnent de l'argent en intégrant des annonces publicitaires, des services et des marques dans les jeux. Neopets, par exemple, tire 60 p. 100 de ses revenus de la publicité et 40 p. 100 du placement de produits, surtout dans les jeux disponibles sur ces sites.
Examinons de plus près ce dont je viens de vous parler dans le contexte de la réglementation de la publicité et des codes volontaires que nous avons au Canada.
Nous avons le Code canadien des normes de la publicité qui comprend le Code de la publicité radiotélévisée destinée aux enfants. Nous avons le nouveau guide d'interprétation établi en 2004 pour la publicité en faveur de produits alimentaires. Nous savons que la législation québécoise interdit la publicité à la télévision, mais nous savons aussi que les stations étrangères diffusées par les câblodistributeurs n'ont pas à suivre les codes et les règlements de notre pays.
Pour ce qui est des advergames et des autres formes de marketing en ligne, il n'y a aucune législation ou réglementation canadienne. Le Canada n'a pas de loi pour réglementer l'Internet qui est un médium bien particulier présentant ses propres problèmes et qui exige des solutions particulières.
Si nous examinons les règlements et les codes, étant donné les nouvelles façons dont les enfants sont exposés aux médias, je pense qu'il y a des lacunes. Nous constatons que les enfants interagissent avec la publicité pour la malbouffe avec très peu de supervision et très peu d'intervention. Ils ne savent pas exactement ce qu'ils voient, ni ce que cela implique.
J'ai bien entendu certaines idées préconçues à cet égard, mais je pense que l'éducation est un outil important. Ce n'est pas la seule solution, mais elle joue un rôle crucial. Les ministères de l'Éducation et de la Santé ont la responsabilité de veiller à ce que les enseignants, les parents, les médecins et les enfants aient les outils et les compétences nécessaires pour faire des choix de vie sains et pour guider les jeunes vers ces choix de vie sains.
La compétence médiatique doit être un élément essentiel de la stratégie canadienne visant à favoriser des choix de vie sains. La compétence médiatique est définie habituellement comme la compétence à évaluer, analyser et -- pour les jeunes d'aujourd'hui -- à produire des médias qui... Il s'agit de devenir un consommateur de médias actif plutôt que passif. Il s'agit de pouvoir lire entre les lignes de la publicité pour la malbouffe et de comprendre la différence entre le divertissement et la commercialisation de produits alimentaires. C'est la capacité de faire le lien entre l'industrie alimentaire et sa santé personnelle, son estime de soi et son image de soi, et cela avec un esprit critique.
La familiarisation avec les médias est un outil essentiel pour aider les enfants à acquérir des compétences médiatiques. L'enseignement des méthodes utilisées par les médias permet aux apprenants d'acquérir des connaissances et des compétences. Le Canada est en fait un pionnier dans ce domaine. À la fin des années 80, le gouvernement de l'Ontario a été le premier au monde à inclure la compétence médiatique dans son programme scolaire en langue anglaise. Cela fait maintenant partie du programme scolaire de la totalité des provinces et territoires du Canada.
Si nous examinons une petite partie de l'enseignement des médias, nous constatons que les choix de vie et les relations saines occupent une place de premier plan dans les cours portant sur la santé et le perfectionnement professionnel. Nous voyons comment les médias et la culture populaire peuvent favoriser les discussions sur la publicité en faveur de la malbouffe, la consommation d'alcool et le tabagisme, la sexualité, l'image corporelle, l'obésité, la violence dans les médias, la diversité et la représentation non sexiste.
Malheureusement, malgré les efforts déployés jusqu'ici, l'implantation de l'enseignement des médias dans les salles de classe a été lente. Au cours des derniers...
J'apprécie, moi aussi, de pouvoir comparaître devant vous cet après-midi. Je vais essayer d'être le plus bref possible, bien que je sympathise avec Catherine. Il est très difficile d'essayer d'aborder un sujet aussi complexe en 10 minutes, mais nous allons faire de notre mieux.
Je me réjouis de votre invitation. L'Association canadienne des annonceurs est la seule organisation au pays représentant de manière exclusive les intérêts des annonceurs. Nos membres, plus de 200 entreprises et filiales proviennent de la plupart des secteurs de l'économie. Regroupant entreprises manufacturières, détaillants, fabricants de produits de consommation courante, services financiers et entreprises de communication, les membres de l'ACA constituent les plus grands annonceurs au Canada. Leur chiffre d'affaires cumulé atteint près de 350 milliards de dollars. Notre organisation se préoccupe plus particulièrement du rôle de la publicité dans notre économie et des divers processus qui en découlent.
La publicité représente une importante force économique dans le monde. La plupart des pays développés la considèrent comme un rouage essentiel de leurs infrastructures de communication. Ainsi, on estime que l'an dernier les dépenses publicitaires mondiales ont atteint près de 2 trillions de dollars américains. Au Canada aussi, la publicité a un impact économique considérable. Selon les projections, les investissements publicitaires devaient atteindre environ 13 milliards de dollars au pays. Quelque 250 000 personnes travaillent directement ou indirectement dans le domaine, ce qui représente quelque 2 p. 100 de tous les emplois.
Plus important encore, environ 79 p. 100 de toutes les sommes dépensées en publicité au Canada restent et apportent leur plus-value au pays. Comparativement à la majorité des industries domestiques, ceci représente un contenu canadien très élevé. La publicité contribue aussi à l'accroissement des revenus des gouvernements grâce aux impôts générés par les emplois qui en dépendent. Bref, il est évident que la publicité apporte une contribution significative à la prospérité du pays. Elle constitue un véritable carburant économique.
La publicité contribue aussi de manière essentielle à la santé et à la vigueur des médias canadiens. En substance, la publicité paie pour les contenus diffusés: les enquêtes journalistiques, les articles et les émissions qui informent, divertissent ou éduquent le public canadien. Sans l'argent injecté par la publicité, nos médias ne pourraient survivre dans leur forme actuelle. Cela dit, la publicité fait plus que de fournir un stimulant économique et de créer des emplois au pays. Elle informe les consommateurs et les aide à effectuer des choix éclairés. Elle fait le pont entre saine concurrence et innovation, multiplication des choix, réduction des prix et amélioration des services au pays.
L'ACA soutient énergiquement le système d'autorégulation instauré au pays par le Code canadien des normes de la publicité et, sauf au Québec, par le Code de la publicité radiodiffusée destinée aux enfants dont l'administration est assurée par Les normes canadiennes de la publicité. Nos membres croient que le droit d'annoncer librement au Canada implique l'obligation de le faire de manière véridique et responsable. Nous appuyons aussi le travail excellent accompli par Concerned Children Advisers (CCA). Ces deux organismes ont d'ailleurs déjà comparu devant vous.
De toute évidence, on ne peut pas annoncer n'importe comment aux enfants canadiens, loin de là. Autrement dit, le système canadien d'autorégulation, avec ses multiples balises, fonctionne très bien depuis nombre d'années. Il est par ailleurs clair que l'obésité enfantine requiert une attention particulière. Nous connaissons tous par coeur les statistiques à ce propos. Que faire? Le problème est complexe et nécessitera une action sur plusieurs fronts. L'industrie, les gouvernements, les éducateurs, les parents et -- oui -- même les enfants ont tous un rôle à jouer.
Compte tenu de nos contraintes de temps, je me bornerai aux sept commentaires suivants. Premièrement, les annonceurs réalisent que les choses doivent changer. L'efficacité du système canadien d'autorégulation de la publicité est citée en exemple par de nombreux organismes internationaux. Malgré tout, les annonceurs reconnaissent la nécessité de renforcer les normes actuelles pour répondre aux préoccupations actuelles des consommateurs. La Chambre de commerce internationale lance ce mois-ci son Cadre pour une publicité responsable des aliments et boissons. Ceci hausse la barre pour les annonceurs de tels produits dans tous les marchés du monde et dans toutes les formes de communications marketing, dont l'Internet. Les annonceurs canadiens étudieront attentivement ce nouveau cadre pour déterminer comment faire évoluer les codes en vigueur actuellement au Canada.
Deuxièmement, les marchés et les entreprises s'adaptent. Plusieurs fabricants de boissons et produits alimentaires ont adopté des mesures volontaires pour aligner leurs pratiques publicitaires sur les recommandations du programme d'action de l'Organisation mondiale de la santé en matière d'alimentation, d'activité physique et de santé. En plus des initiatives prises par des entreprises individuelles, certains secteurs entiers se sont engagés à changer. Nous commençons à constater comment les changements adoptés aux produits affectent la façon de les mettre en marché.
Troisièmement, les consommateurs font bouger le marché. Nous assistons à un virage sans précédent: les plus grandes entreprises du secteur de l'alimentation et des boissons commencent à offrir des produits moins salés, moins sucrés, moins gras et contenant plus d'éléments nutritifs. Les entreprises se battent pour un avantage concurrentiel, face à la croissance de la demande des consommateurs qui réclament des produits plus sains. Les données de recherche provenant des États-Unis et de Grande-Bretagne montrent que cette évolution est plus importante, plus rapide et plus marquée que jamais.
Quatrièmement, modifier les produits change leur marketing. Le développement de nouveaux produits et le renouvellement de leur mise en marché sont indissociables. D'une part, les produits doivent évoluer avant que les pratiques marketings ne changent; d'autre part, de nouvelles pratiques sont nécessaires pour communiquer l'évolution des produits. Ceci influe sur la nature et sur l'équilibre des produits annoncés. La publicité est nécessaire pour faire connaître les nouveaux produits, pour en accroître la notoriété et pour en faciliter l'adoption par les consommateurs. Restreindre les pratiques marketing serait contreproductif et pourrait bloquer le lancement de nouveaux produits, ce qui aurait pour effet de « geler » les parts de marchés.
Cinquièmement, restreindre la publicité ne règle pas les problèmes de santé. Il n'existe absolument aucune corrélation entre le nombre d'annonces visionnées ou l'importance des budgets de publicité et l'obésité. Là où la publicité destinée aux enfants est interdite, ou restreinte depuis longtemps, comme en Suède, en Norvège ou au Québec — depuis près de 20 ans en Suède et plus de 20, au Québec — et où les enfants sont donc considérablement moins exposés aux communications marketing qu'ailleurs, l'incidence de l'embonpoint ou de l'obésité juvénile est égale ou supérieur à ce qui prévaut dans les régions où ce genre de publicité ne subit aucune restriction. Bannir la publicité est à la fois simpliste et inefficace.
Sixièmement, on doit fournir aux enfants des outils pour comprendre les médias. Les efforts continus de CCA aident les enfants à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour faire face à un contexte médiatique très chargé. Défrayé par l'industrie publicitaire, développé par des experts en médias et endossé par le monde de l'éducation, le programme TV & Me a été largement copié en Europe. La Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Finlande l'ont tout mis en place avec grand succès. Voici un exemple où le Canada a pris l'initiative et montre la voie à suivre au reste du monde. Il est impossible de contenir l'océan: mieux vaut apprendre aux enfants à naviguer.
Septièmement, il n'existe pas de solution miracle. L'obésité est un problème résultant d'un faisceau de causes et exigeant des solutions complexes. L'industrie saisit l'ampleur du défi et s'y attaque. L'industrie alimentaire est en train de changer en profondeur, mais il faudra encore du temps et de l'argent avant de susciter l'adhésion des consommateurs nécessaire à un changement efficace. Déjà cependant, on commence à mesurer les effets bénéfiques de cette évolution.
En somme, ce problème complexe exige une approche globale. Nous avons tous un rôle à jouer et l'industrie de la publicité s'est engagée dans la lutte depuis plusieurs années. Nous avons pris l'engagement d'adopter et de promouvoir une approche responsable de la publicité des aliments et des boissons s'adressant aux enfants. Les interdictions constituent des solutions simplistes qui ratent la cible. La réglementation devrait permettre d'atteindre les objectifs politiques énoncés sans imposer des charges réglementaires inutiles ou déséquilibrées. Les entreprises ont commencé à relever le défi. Parallèlement, il est essentiel de poursuivre les campagnes d'éveil aux médias pour permettre aux enfants d'acquérir les outils nécessaires dans une société commerciale moderne. Par-dessus tout cependant, le débat actuel exige de la mesure et de la pondération.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir écouté et je vous présente mes excuses pour être arrivé en retard aujourd'hui pour des raisons indépendantes de ma volonté. Merci.