:
Bonjour. Je vais assumer la présidence, étant donné que le président est dans l'impossibilité de présider l'assemblée aujourd'hui. Nous avons du pain sur la planche. Au cours des prochaines semaines, nous allons évaluer l'efficacité du Programme commun d'évaluation des médicaments. Des représentants de plusieurs organismes vont venir présenter leur mémoire.
Aujourd'hui, on reçoit des gens de l'industrie. Cependant, des gens de Santé Canada, de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, des experts et des groupes de patients vont comparaître ultérieurement. Il s'agit en effet d'un sujet qui interpelle plusieurs personnes de la communauté reliées de près ou de loin au domaine des médicaments.
Le fait qu'on entende aujourd'hui des gens de l'industrie n'est pas un choix stratégique. C'est plutôt dû à la disponibilité des gens qui peuvent nous faire part de leur vision des choses. J'espère qu'au fil des semaines, les membres du comité pourront se faire une idée sur la question. Je pense qu'avoir accès à des médicaments et disposer des meilleurs médicaments possibles pour soigner les patients sont des facteurs très importants.
Avant de céder la parole aux groupes qui sont présents aujourd'hui, j'aimerais souhaiter la bienvenue à M. Patrick Brown. Il remplace M. Dykstra, qui est parti siéger au Comité de la justice et des droits de la personne.
Je pense que ce comité est emballant. Aujourd'hui, nous recevons quatre groupes : Les Compagnies de recherche pharmaceutique du Canada, l'Association canadienne du médicament générique, AMGEN Canada inc. et BIOTECanada. Chaque groupe dispose de 10 minutes pour nous donner son point de vue sur l'efficacité de ce contrôle relatif à l'acceptation des médicaments. Avant qu'une province inclue un médicament dans sa liste, toute une série d'évaluations est effectuée. Votre rôle est de nous éclairer sur la question et nous donner votre avis, et le nôtre est d'évaluer le dessous des choses.
Je vais maintenant céder la parole à M. Williams. M. Ferdinand vous accompagne, n'est-ce pas? On vous écoute.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour à tous. Je suis heureux de m'adresser à vous aujourd'hui au nom de Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D).
Le Comité permanent de la santé joue un rôle essentiel en s'assurant que le gouvernement fédéral, chaque fois qu'il investit pour améliorer la santé des Canadiennes et Canadiens, fasse preuve d'efficacité, agisse de manière transparente et rende des comptes.
Nous sommes heureux de vous aider à évaluer l'efficacité du Programme commun d'évaluation des médicaments.
[Traduction]
Nous ne pouvons faire autrement qu'être inquiets lorsque, moins de deux jours ouvrables avant le début des audiences, l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, ou l'ACMTS, publie un communiqué annonçant une expansion considérable du PCEM. Nous devons nous demander s'il ne s'agit pas là d'une usurpation de vos travaux et de vos efforts en vue de déterminer la véritable valeur du PCEM.
Aujourd'hui, je tiens à dire haut et fort aux membres du comité que le processus du PCEM est, au mieux, un dédoublement et, au pire, un obstacle pour les patients en matière d'accès aux médicaments innovateurs. Je crois également que ce programme manque de transparence et doit rendre des comptes. Bref, le PCEM est profondément déficient.
Les impôts des contribuables canadiens financent à hauteur de 30 p. 100 le PCEM et de 80 p. 100 l'organisme qui le chapeaute, soit l'ACMTS. J'aurais voulu vous donner des chiffres plus précis, mais nous avons constaté que trouver ces renseignements est pratiquement impossible. Nous n'avons aucune idée de la façon dont l'argent du gouvernement fédéral est dépensé. Et cela devrait tous nous préoccuper.
[Français]
Les médicaments innovateurs et les vaccins sauvent des vies. Ils peuvent prévenir les maladies, réduire les hospitalisations et rendre notre système de santé plus efficace. Cependant, pour véritablement profiter des innovations biopharmaceutiques, les Canadiens et Canadiennes doivent avoir accès aux nouveaux médicaments et vaccins dès qu'ils sont approuvés par Santé Canada.
[Traduction]
L'une des premières étapes à franchir pour mettre un médicament à la disposition des Canadiennes et des Canadiens est l'examen de Santé Canada. Je tiens à féliciter Santé Canada pour ses efforts visant à réduire le délai d'approbation des médicaments et à éliminer le retard qui s'était accumulé. Cependant, ces gains importants sont annulés par le PCEM, ce qui est contre-productif pour la santé des patients.
Environ 10 millions de Canadiennes et de Canadiens sont touchés par les décisions du PCEM qui, elles, se répercutent sur les régimes publics d'assurance-médicaments, l'exception étant le Québec qui, comme vous le savez, a choisi de ne pas faire partie du PCEM. Chaque fois que le PCEM refuse un médicament innovateur, il élimine une option de traitement pour les aînés, les familles à faible revenu et les autres personnes qui doivent compter sur ces régimes publics d'assurance-médicaments. Il est tout simplement inacceptable qu'autant de Canadiennes et de Canadiens soient laissés pour compte.
[Français]
Avant qu'un nouveau médicament puisse être administré à un patient, il doit être approuvé par Santé Canada. Ensuite, le PCEM effectue son examen, et chaque province et territoire effectue un autre examen. Ce dédoublement inutile signifie que les patients doivent attendre davantage les médicaments dont ils ont besoin.
[Traduction]
Il est tout à fait incroyable que le PCEM puisse recommander de ne pas inscrire un médicament innovateur après que Santé Canada en a reconnu la valeur. Je le répète : ces médicaments ont déjà été approuvés par Santé Canada. Tout aussi incroyable est le délai nécessaire pour que les provinces inscrivent un médicament qui a reçu une recommandation positive du PCEM.
Au cours des trois dernières années, les provinces ont pris des centaines de jours pour inscrire des médicaments qui ont reçu une recommandation favorable. Je vous donne un exemple parmi tant d'autres qui montre que le PCEM n'agit pas dans l'intérêt des patients. Lorsque Santé Canada reconnaît la valeur d'un médicament innovateur, il avance rapidement et efficacement pour s'assurer que le médicament est offert aux Canadiennes et aux Canadiens, et ce, de manière prioritaire. C'est exactement ce qui s'est produit dans le cas du médicament appelé Sutent, un nouveau traitement dont on a constaté l'efficacité pour lutter contre le cancer gastro-intestinal et le cancer des reins.
Santé Canada a reconnu l'importance de cette innovation pour les patients et a accéléré son approbation en lui faisant subir un examen prioritaire. Moins de quatre mois après l'approbation de Santé Canada, le Québec a accepté de rembourser ce nouveau médicament pour le traitement du cancer gastro-intestinal par l'entremise de son programme d'accès exceptionnel. L'Ontario a également donné accès à ce médicament aux patients atteints du cancer gastro-intestinal.
Qu'a fait le PCEM? Bien que l'indication pour le cancer gastro-intestinal ait finalement reçu une autorisation « d'inscription conditionnelle » à la fin de mars 2007 — six mois après que le Québec et l'Ontario ont décidé de donner accès à ce médicament —, le PCEM n'a pas encore rendu sa décision pour l'indication contre le cancer des reins. Cela signifie que les patients attendent encore pour obtenir un médicament qui a été approuvé il y a 11 mois par Santé Canada.
Comme le PCEM constitue un obstacle supplémentaire en matière d'accès, je demande aux membres du comité s'ils croient vraiment nécessaire d'imposer à chaque médicament innovateur trois processus distincts d'examen au Canada. Nous avons Santé Canada, puis le PCEM et ensuite les provinces.
[Français]
Les Canadiens et Canadiennes devraient être les premiers à bénéficier des nouveaux médicaments. Une étude comparative internationale effectuée récemment par Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D) le démontre très clairement. Les auteurs de l'étude ont évalué 50 recommandations d'inscription par le PCEM parallèlement à celles d'autres institutions d'examen des médicaments. Ils ont constaté que comparativement au PCEM, les pays européens recommandaient l'inscription d'un nombre considérablement plus élevé de nouveaux médicaments.
[Traduction]
Madame la présidente, il s'agit de la même molécule, de la même science. Pourtant, les résultats sont différents. Comment peut-on expliquer une telle chose? Comment ce programme peut-il avantager les Canadiennes et les Canadiens?
Nous croyons que le PCEM est trop axé sur la compression des coûts et ne se préoccupe pas suffisamment des résultats pour les patients. Nous n'avons même pas besoin d'aller chercher hors du pays pour trouver des patients qui jouissent d'un meilleur accès aux médicaments innovateurs. Comme je l'ai déjà mentionné, le Québec est la seule province qui ne participe pas au PCEM. Par conséquent, cette province ne s'encombre pas de cet autre niveau de dédoublement. Et elle inscrit davantage de médicaments, ce qui avantage les patients.
En outre, le PCEM accentue l'inégalité en matière d'accès aux médicaments des Canadiennes et les Canadiens. Pour le dire franchement, nombre de Canadiennes et de Canadiens qui souscrivent à un régime privé ont un choix beaucoup plus grand et un accès bien meilleur que les bénéficiaires des régimes publics d'assurance-médicaments.
[Français]
En tant que membres de la collectivité, nous comprenons les enjeux auxquels font face les gouvernements pour continuer à financer le système de santé. Nous croyons fermement que les nouveaux médicaments constituent un investissement dans la santé des Canadiens et Canadiennes et une amélioration de l'efficacité du système de santé.
[Traduction]
Les sociétés membres de Rx&D croient également que tous les patients canadiens devraient avoir accès aux meilleurs traitements qui existent au moment où ils en ont besoin.
Madame la présidente, votre comité a décidé de tenir des audiences publiques pour entendre le point de vue des intervenants, et je cite, « quant au processus utilisé par le PCEM pour évaluer les médicaments et obtenir leurs commentaires quant à l'efficacité du PCEM ». Or, l'agence qui supervise le PCEM a déjà annoncé l'expansion du programme au motif qu'il a atteint ses objectifs, un avis que nous ne partageons pas. De plus, il n'est pas dans l'intérêt du public de procéder à une expansion d'un système qui, de toute évidence, ne fonctionne pas.
Le PCEM a un impact régressif sur les patients quant à leur accès aux médicaments approuvés par Santé Canada. C'est surtout vrai pour les médicaments visant à traiter une maladie grave, fatale ou sévèrement débilitante qui ont été approuvés par Santé Canada dans le cadre de sa politique relative aux avis de conformité conditionnels. Jusqu'à maintenant, le PCEM a émis des recommandations défavorables pour l'ensemble des médicaments qui ont reçu un avis de conformité conditionnel, sauf deux. C'est pourquoi Rx&D demande instamment aux honorables membres du comité de recommander au gouvernement fédéral de geler immédiatement le financement du PCEM.
De plus, nous exhortons le gouvernement du Canada à mener un examen indépendant et exhaustif des objectifs, de la reddition de comptes, de la rentabilité et des résultats en matière de santé du Programme commun d'évaluation des médicaments. Nous devons améliorer le système, éviter les dédoublements, les retards et les messages contradictoires. Nous croyons qu'en prenant ces mesures, le comité permanent donnerait une voix aux millions de patients canadiens qui attendent trop longtemps pour avoir accès aux médicaments à cause du PCEM et des provinces qui, elles, prennent trop de temps pour rendre leurs décisions.
Avant de conclure, madame la présidente, j'aimerais dire quelques mots au sujet de l'examen conjoint des médicaments oncologiques. J'espère que ce programme, créé récemment, n'entraînera pas le même genre de retards que le PCEM.
Les Canadiennes et les Canadiens exigent de recevoir les meilleurs soins de santé au monde. Notre système de santé fait partie de notre tissu social et de notre identité. Rx&D croit avoir contribué, et il continue de le faire, à l'amélioration de la santé de tous les Canadiennes et les Canadiens. Un processus qui limite le choix, retarde ou refuse l'accès aux médicaments les plus innovateurs au monde ne constitue pas une solution.
[Français]
Merci beaucoup, madame la présidente. Je suis disponible pour répondre aux questions après les autres présentations.
:
Merci, madame la vice-présidente.
Je suis président de l'Association canadienne du médicament générique. Je vais faire ma présentation en anglais.
[Traduction]
Je tiens à vous remercier de nous avoir invités à exposer nos vues sur le programme commun d'évaluation des médicaments. L'Association canadienne du médicament générique, ou l'ACMG, est l'organisme national qui représente l'industrie canadienne du médicament générique.
D'abord, pour situer un peu le contexte, d'après l'Institut canadien d'information sur la santé, depuis 1997, les Canadiens dépensent plus, chaque année, en médicaments qu'en consultations médicales. D'après l'IMS, source de données de l'industrie, entre 1997 et 2006, les achats de produits pharmaceutiques sont passés de 6,8 milliards à 17,8 milliards, une hausse de 162 p. 100 sur 10 ans. Cette tendance va continuer de s'accentuer au fur et à mesure que la population vieillit, que les médicaments nouveaux et plus chers remplacent les médicaments existants, et que les traitements médicamenteux occupent une place plus grande dans les soins aux patients. Selon l'IMS, les ventes de médicaments d'ordonnance vont augmenter de 7,5 p. 100 par année pour atteindre 23,4 milliards en 2010.
L'industrie du médicament générique joue un rôle clé dans le régime de soins de santé. Elle fournit des médicaments sûrs, éprouvés et de haute qualité, et contribue à assurer la viabilité des régimes d'assurance-médicaments du gouvernement et des employeurs. Les médicaments génériques comptent pour plus de 44,5 p. 100 des ordonnances au Canada, mais ne représentent que 18,1 p. 100 des dépenses. Comme l'indiquent ces chiffres, ils offrent un excellent rapport qualité-prix.
Je tiens à préciser que les médicaments génériques ne sont pas assujettis au programme commun d'évaluation des médicaments, un fait que je vous invite à garder à l'esprit. Il reste que le programme soulève chez nous certaines préoccupations.
Le PCEM remplit un rôle important. Lorsque de nouveaux médicaments sont soumis à l'approbation de Santé Canada, le fabricant de médicaments de marque doit démontrer que le produit prescrit pour soigner une maladie, un état ou un malaise est plus efficace qu'un placebo. Il doit également prouver que le produit est sûr, un terme bien relatif, tous les médicaments d'ordonnance ayant des effets secondaires, certains plus sérieux que d'autres. Pensons au retrait très médiatisé de médicaments comme le Vioxx, le Rezulin, le Baycol et le Propulsid, auquel nous avons assisté ces dernières années.
Comme nous avons pu le constater à maintes et maintes reprises, ce n'est pas parce qu'un médicament est nouveau qu'il est plus efficace ou plus sûr que les médicaments déjà sur le marché.
Le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, le CEPMB, évalue l'amélioration thérapeutique qu'apportent tous les médicaments brevetés au Canada, et ce, pour distinguer les médicaments qui constituent une découverte des autres produits. Le Conseil publie les résultats de ces évaluations dans ses rapports annuels. Entre 1990 et 2003, le Conseil a évalué 1 147 nouveaux médicaments : seulement 5,9 p. 100 d'entre eux, soit 68, remplissaient les critères réglementaires permettant d'établir qu'un médicament constitue une découverte.
Il est impossible pour les médecins, les gouvernements provinciaux et les patients de savoir si un produit nouveau est plus efficace ou plus sûr que les médicaments déjà existants sur le marché, tout simplement parce qu'il a été approuvé par Santé Canada. Ce sont là des questions importantes à la fois pour les médecins, qui doivent déterminer si les médicaments peuvent être prescrits et dans quelles circonstances, les gouvernements et les employeurs, qui doivent décider si le prix du médicament doit être remboursé, et les patients qui, eux, pourraient se voir prescrire le nouveau médicament. Or, le programme commun d'évaluation des médicaments a été créé dans le but, justement, de répondre à ces questions.
Certains ont souligné le fait que le remboursement des médicaments d'ordonnance au Canada varie d'une province à l'autre. Un médicament peut être couvert par le régime public dans une province, mais pas dans une autre. Encore une fois, le programme commun d'évaluation des médicaments a pour objet de régler le problème que pose la protection inégale des médicaments d'ordonnance en formulant des recommandations aux provinces sur la question de savoir si l'amélioration thérapeutique apportée par un nouveau médicament justifie son coût additionnel.
Les gouvernements, les médecins et le public doivent être renseignés sur l'innocuité et l'efficacité relatives d'un produit par rapport à d'autres traitements médicamenteux et non médicamenteux, pour pouvoir déterminer si les nouveaux médicaments doivent être prescrits et faire l'objet d'un remboursement. Le processus d'approbation de Santé Canada ne fournit pas ces renseignements.
Je propose que le programme commun d'évaluation des médicaments soit élargi de manière à englober les produits pharmaceutiques génériques. Une collaboration plus étroite entre le gouvernement fédéral et les provinces au chapitre de l'approbation et de l'inscription des produits contribuerait à aider les patients, les contribuables et même les fabricants de médicaments de marque.
Les médicaments génériques qui figurent sur les formulaires des provinces — la liste des médicaments remboursés par chacune des provinces — , ont déjà été approuvés par Santé Canada à la suite d'un long processus d'évaluation. Or, bien que les normes d'examen de Santé Canada soient reconnues à l'échelle internationale, certaines provinces continuent de soumettre les médicaments à un processus d'examen redondant. Le dédoublement inutile des efforts d'approbation déjà menés par le gouvernement fédéral retarde l'arrivée sur le marché de médicaments génériques et coûte chaque année des millions de dollars aux contribuables, les provinces continuant de rembourser des médicaments de marque beaucoup plus chers pendant plus longtemps qu'elles ne devraient le faire.
Les médicaments génériques devraient faire l'objet, au niveau provincial, d'un processus d'approbation simple et rapide. Une fois que le gouvernement provincial a évalué la valeur thérapeutique d'un nouveau médicament en regard de son coût et décidé de le rembourser, ce qu'il fait dans le cas d'un nouveau médicament de marque, la décision d'inscrire le produit générique — habituellement 12 ou 15 ans après l'introduction du produit de marque — sur son formulaire devrait être automatique. Après avoir remboursé le prix d'un médicament de marque breveté pendant des années, le gouvernement pourrait réduire ses dépenses en procédant à l'inscription des médicaments génériques moins coûteux dès qu'ils sont approuvés par Santé Canada. Comme les régimes privés d'assurance-médicaments s'appuient souvent sur les régimes publics pour décider quels médicaments rembourser, un processus d'approbation accéléré permettrait aux employeurs et aux consommateurs canadiens d'avoir un meilleur accès aux médicaments génériques et, partant, de réaliser des économies encore plus importantes. Grâce à la marge de manoeuvre ainsi dégagée sur le plan budgétaire, les régimes d'assurance-médicaments pourraient rembourser un plus grand nombre de médicaments nouveaux mis au point par l'industrie des médicaments d'origine.
Merci de votre temps et de votre attention.
:
Bonjour, madame la présidente et honorables membres du comité. Je m'appelle Daniel Billen. Je suis le vice-président et directeur général d'Amgen Canada.
[Français]
J'aimerais remercier le comité de m'avoir invité à cette audience et je suis ravi d'avoir l'occasion de présenter le point de vue d'AMGEN sur l'efficacité du Programme commun d'évaluation des médicaments.
[Traduction]
Trop de gens ici présents ont des membres de leur famille ou des amis qui souffrent de cancer, d'une maladie rénale, de polyarthrite rhumatoïde ou d'une autre maladie grave. Nombre de ces personnes dépendent du gouvernement pour obtenir les médicaments qui leur permettent de se soigner.
Chez Amgen, notre mission consiste à servir les patients, surtout ceux qui souffrent de maladies graves.
Permettez-moi d'abord de vous expliquer pourquoi la biotechnologie est unique. C'est une technologie qui utilise des organismes vivants pour fabriquer de nouveaux médicaments, mettant de côté les produits chimiques traditionnels.
La biotechnologie est une science relativement nouvelle et les percées biotechnologiques offrent des possibilités sans précédent dans le domaine médical.
Grâce à cette approche révolutionnaire, qui utilise des organismes vivants afin de fabriquer de nouveaux médicaments, la biotechnologie promet de répondre à des besoins médicaux critiques non satisfaits comme le cancer, la sclérose en plaques, l'insuffisance rénale, les maladies osseuses et l'Alzheimer, pour ne mentionner que ceux-là.
Les médicaments biotechnologiques actuels figurent parmi les produits les plus novateurs au monde — des médicaments comme Herceptin, Enbrel et Neupogen. Aujourd'hui, 20 p. 100 de tous les médicaments approuvés sont biotechnologiques. Dans cinq à dix ans, ce chiffre sera d'au moins 50 p. 100.
Je voudrais maintenant vous parler d'Amgen et de son impact sur les patients que nous desservons. Amgen est la principale société de biotechnologie au monde; elle sert plus de dix millions de patients dans le monde entier depuis plus de 15 ans. Au Canada, la moitié des patients que nous soignons souffrent de polyarthrite rhumatoïde, un quart, de cancer et un quart, d'une maladie rénale.
L'expérience d'Amgen avec le PCEM montre que ce sont les patients qui sont les plus durement touchés. Au cours des 15 dernières années, Amgen a fait approuver cinq médicaments importants par Santé Canada. Avant le PCEM, trois de ces médicaments étaient remboursés par le gouvernement, partout au Canada. Depuis la mise en place du PCEM, deux médicaments d'Amgen approuvés par Santé Canada ne sont plus remboursés. En d'autres termes, le PCEM n'a pas amélioré l'accès des patients aux médicaments d'Amgen.
Considérons les faits. Les résultats d'une étude internationale menée en 2006 par Rx&D indiquent clairement que le Canada rembourse moins de médicaments que la France, la Suisse, la Suède, le Royaume-Uni et même l'Australie.
Considérons maintenant les médicaments pionniers. Sur sept médicaments pionniers lancés sur le marché, cinq en moyenne ont été remboursés par les pays que je viens de mentionner. Au Canada, aucun de ces produits n'a été approuvé par le PCEM. Mesdames et messieurs, le tableau qui figure sur cette diapositive vaut mille mots.
Le PCEM est un échec fondamental. Il refuse l'accès à des médicaments vitaux et défavorise grandement les Canadiens par rapport aux habitants d'autres pays modernes. Ce non-accès est carrément tragique pour les patients, et tout à fait inacceptable pour les Canadiens.
Que faut-il faire? Amgen propose trois réformes pratiques, réalistes et possibles qui pourraient être apportées immédiatement. Premièrement, concevoir un processus d'évaluation distinct pour les médicaments pionniers. Deuxièmement, améliorer la responsabilisation des pouvoirs publics en tenant des audiences d'intérêt public et assujettir le PCEM à la Loi sur l'accès à l'information. Troisièmement, établir un mécanisme d'appel administratif pour les recommandations du PCEM.
Notre objectif commun est d'améliorer la santé humaine en donnant aux patients un accès aux médicaments ayant une importance critique.
Mesdames et messieurs, chaque jour, au pays, des patients se font dire « Nous sommes désolés, nous ne pouvons rien faire de plus. » Eh bien, mesdames et messieurs, nous pouvons faire quelque chose. Ne pouvons-nous pas reconnaître, ici et maintenant, que notre objectif commun en tant que société doit être de faire passer les patients d'abord, en donnant aux patients un accès aux médicaments ayant une importance critique?
Merci.
[Français]
Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
YM Biosciences est une société émergente qui développe des produits de lutte contre le cancer. Elle a été fondée en 1994. Nous sommes en train de mettre au point de nouveaux produits thérapeutiques sous licence des universités de la Saskatchewan, du Manitoba et Dalhousie.
Notre produit principal est le nimotuzumab, une molécule dérivée produite biologiquement qui est en cours de développement pour diverses indications de cancer. La principale indication pour le nimotuzumab est un gliome pontique pédiatrique qui touche moins de 50 enfants canadiens chaque année. Il a été démontré que le nimotuzumab améliore la qualité de vie et la durée de survie des patients touchés.
Je suis ici aujourd'hui parce que la société que je représente craint que le PCEM, à la lumière de ses antécédents, rejette ce produit élaboré au Canada et interdise ainsi à des patients canadiens l'accès à une thérapie qui pourrait prolonger leur durée de vie.
Mon travail consiste en grande partie à introduire sur le marché de nouvelles découvertes fascinantes dans le domaine de la santé. Souvent, ces efforts de développement se déroulent en partenariat avec des multinationales pharmaceutiques ou au moyen d'investissements en coentreprise. Ce travail est rendu encore plus difficile quand les cadres de coentreprises et de grandes sociétés responsables des licences soulignent que le marché canadien offre très peu d'accès, sinon aucun, aux produits biologiques novateurs, à cause des recommandations directes du PCEM.
Pour que le Canada réalise le plein potentiel de ses investissements dans les universités et programmes comme la Fondation canadienne pour l'innovation, Genome Canada et les Instituts canadiens de recherche en santé, nous devons faire en sorte que le fruit de ces investissements se rende aux patients et patientes du Canada.
Pour encourager les investissements et les inventions novatrices en santé, le Canada, par le truchement du PCEM, doit reconnaître la valeur de l'innovation. Au Royaume-Uni, par exemple, le National Institute for Clinical Excellence, le NICE, qui est comparable au PCEM, tient explicitement compte de la nature novatrice de la technologie et des intérêts plus vastes de la société. Le NICE collabore aussi avec un conseil de citoyens : ensemble, ils prennent des décisions concernant le remboursement de nouveaux médicaments.
L'intégration des éléments du NICE au PCEM permettrait de démontrer que le système canadien tient compte des besoins d'une population vulnérable et reconnaît la valeur novatrice des thérapies de pointe.
:
YM n'est qu'une société parmi d'autres qui s'efforce d'atteindre l'objectif de l'industrie biotechnologique canadienne : mettre au point de nouvelles technologies pour répondre aux besoins non satisfaits des patients canadiens, et offrir des possibilités économiques grâce au développement de la biotechnologie canadienne. Les dernières données de Statistique Canada, publiées en janvier dernier, montrent que les 303 sociétés canadiennes de biotechnologie emploient actuellement près de 11 000 personnes dans des postes hautement spécialisés et consacrent environ 1,5 milliard de dollars chaque année à la R-D. Ce chiffre représente plus de 12 p. 100 de l'ensemble des dépenses de R-D des entreprises au Canada.
Les sociétés canadiennes, dans toutes les villes et provinces, mettent au point de nouvelles thérapies contre le cancer, la maladie d'Alzheimer, l'ostéoporose, la maladie de Parkinson et, de façon peut-être encore plus importante, les maladies rares pour lesquelles il n'y a aucun traitement. En fait, au moins 27 entreprises canadiennes ont obtenu le statut de médicament orphelin de la U.S. Food and Drug Administration pour des produits qu'elles sont en train de mettre au point, des produits du même type que ceux que le PCEM a constamment refusés.
Depuis trois ans, BIOTECanada réclame que le PCEM rende compte au public des décisions du Comité consultatif canadien d'expertise sur les médicaments, le CCCEM. En vertu du système actuel, les 12 membres du CCCEM se réunissent à huis clos pour offrir leur opinion collective sur la valeur des nouvelles thérapies et décider s'ils recommanderont ou non que les Canadiens et Canadiennes aient accès à ces nouvelles thérapies qui peuvent leur sauver la vie. Le CCCEM émet un avis aux régimes de remboursement des médicaments en se fondant sur cette opinion.
Des milliers de personnes, au Canada, vivent avec les décisions du CCCEM. Les contribuables défraient la note de ses délibérations, mais le public n'a pas accès au processus décisionnel qui détermine la valeur des thérapies. Cette situation est particulièrement troublante, le CCCEM ayant rejeté toutes les nouvelles thérapies pour des besoins non satisfaits. De plus, comme la plupart des pays permettent un certain accès à la majorité des thérapies rejetées par le CCCEM, le Canada n'évolue pas au même rythme que les autres pour ce qui est du traitement offert aux patients souffrant de maladies souvent rares et mortelles.
En 2005, une évaluation du PCEM par EKOS Research, réalisée au nom du PCEM, a fait état d'une insatisfaction généralisée de la population à l'égard de l'équité et de la transparence du processus d'examen. Comme il fallait s'y attendre, les groupes de défense des intérêts des patients et de l'industrie ont affirmé que le processus manquait de transparence. Les Canadiens et les Canadiennes doivent avoir la conviction que le processus d'examen est solide et responsable. Or, on ne peut dire d'un processus qui se déroule à huis clos et qui ne tient pas compte du point de vue du public, qu'il est responsable. BIOTECanada recommande donc que le CCCEM ouvre ses réunions au public.
Comme nous l'avons constaté, le processus du PCEM n'a pas soutenu les personnes qui doivent avoir accès aux thérapies novatrices. À cet égard, les obstacles que doivent franchir les patients au Canada commencent à être bien connus ailleurs dans le monde, ce qui place le Canada dans une position décalée par rapport aux autres organismes d'évaluation à l'échelle internationale. Les données présentées au PCEM ont servi à d'autres organismes de remboursement ailleurs dans le monde à autoriser l'accès du public à ces produits. De nombreux pays ont mis sur pied des programmes et des mécanismes uniques qui leur permettent d'examiner les thérapies qui répondent aux besoins non satisfaits.
À plusieurs reprises, nous avons fait part au PCEM des enjeux et des problèmes qui concernent le processus et l'efficacité du système. En outre, l'ancien président du CCCEM a déclaré publiquement que le processus du PCEM n'était pas en mesure de bien évaluer les médicaments destinés au traitement de maladies rares. Donc, pourquoi est-il maintenu sans changements fondamentaux? Malheureusement, les changements qui ont été apportés ont pris la forme d'une hausse des dépenses des provinces pour établir des mécanismes alternatifs, et ce, afin de relever les défis que posent les thérapies pionnières ou spécialisées. Le PECMO est un exemple parmi d'autres.
Nos membres sont conscients de la complexité de certains des enjeux et souhaitent collaborer avec Santé Canada et le PCEM pour trouver des solutions qui apporteront des thérapies novatrices aux patients et patientes du Canada.
Pour terminer, voici ce que BIOTECanada recommande : avant que le gouvernement n'investisse davantage dans le PCEM, l'organisme doit rendre compte de toutes ses décisions aux Canadiens et ouvrir les réunions du CCEM. Il doit élaborer des procédures efficaces pour évaluer les nouvelles thérapies destinées aux besoins médicaux non satisfaits. Il doit intégrer de manière explicite dans son mandat des mécanismes qui reconnaissent la valeur de l'innovation dans les soins de santé. Nous croyons que les Canadiens seront mieux servis par un processus plus responsable. L'industrie canadienne de la biotechnologie peut apporter sa contribution à ce chapitre.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Avant de commencer, j'aimerais faire un rappel au Règlement. Je trouve cette réunion plutôt étonnante. Je sais que le comité a décidé de mener une étude sur les médicaments d'ordonnance, et je sais aussi que le programme commun d'évaluation des médicaments n'est qu'une pièce parmi d'autres de ce vaste casse-tête. Toutefois, je suis très surprise de voir que le comité n'a encore reçu aucun document faisant état du mandat de l'étude sur les médicaments d'ordonnance.
En plus du mandat, et cela fait partie de la procédure normale, nous avons l'habitude de recevoir un plan de travail qui décrit le sujet qui sera abordé au cours de la première réunion, de la deuxième, ainsi de suite. Aucune de ces choses n'a été faite. Je ne sais pas pourquoi, madame la présidente, mais vous pouvez peut-être vous renseigner.
Comme nous avons déjà mené une étude sur ce sujet il y quelques années de cela, on s'attendrait à ce que le comité de la santé s'attaque à certains problèmes de fond auxquels le Canada est confronté en matière de médicaments d'ordonnance. Toutefois, compte tenu du fait que, sur les douze membres que compte le comité, au moins six n'ont pas participé à l'étude plutôt vaste qui a déjà été réalisée, nous devrions suivre un processus plus formel. Nous devrions convoquer des représentants de Santé Canada pour qu'ils nous expliquent leurs responsabilités en matière de médicaments d'ordonnance. Si le PCEM est inclus dans l'étude, et aussi dans le plan de travail approuvé — plan que nous n'avons pas encore vu —, alors les représentants du PCEM devraient également être convoqués, ainsi de suite.
Nous avons, dès le départ, une question plutôt épineuse à régler. Rien de ce qui a été dit jusqu'ici ne m'a étonné, madame la présidente. Bon nombre d'entre nous allons commencer cette étude sans avoir suffisamment de renseignements de base en main — l'historique du programme, les facteurs à la source du problème, ainsi de suite — pour bien comprendre les enjeux. Cette étude a été lancée, de toute évidence, sans suivre les étapes normales du processus. Je demande donc, madame la présidente, que —
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Merci, madame la présidente.
J'ai trois questions pour M. Williams et une pour M. Keon. Mais avant de passer aux questions, M. Williams a fait une suggestion très utile dans son témoignage. Il a proposé de mener un examen indépendant et exhaustif des objectifs, de la reddition des comptes, de la rentabilité et des résultats en matière de santé du Programme commun d'évaluation des médicaments de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. Les chercheurs et les autres membres du comité voudront peut-être en tenir compte dans le rapport final.
Je vais d'abord poser mes questions, puis je vous laisserai y répondre comme bon vous semble.
Monsieur Williams, vous recommandez également que le gouvernement fédéral bloque le financement du PCEM. Le gouvernement fédéral ne fournit qu'une partie du financement, et je me demande ce qu'un gel des fonds accomplira, car le changement ne s'effectuera pas immédiatement. Quel serait le but d'une telle mesure?
Je me demande aussi si vous pouvez expliquer pourquoi vous croyez que le PCEM accorde trop d'importance à la compression des coûts et pas suffisamment aux résultats pour les patients. Vous vous plaignez aussi du manque de transparence du processus — que vous n'avez pas accès aux données, et qu'on dirait un peu une boîte noire. J'aimerais savoir ce que vous avez pour appuyer cette déclaration et aussi votre évaluation des coûts dont il est question. Quelle est la différence entre ce qui a été offert et ce que vous aimeriez que l'on offre, combien cela coûterait-il?
Pour terminer, monsieur Keon, concernant votre suggestion visant à remplacer les médicaments génériques, quand cela est possible, et peut-être de les remplacer davantage par des médicaments brevetés, pourriez-vous nous expliquer pourquoi les médicaments génériques au Canada coûtent généralement plus cher que chez nos voisins du Sud?
Ce sont mes questions, madame la présidente.
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Je vous remercie pour vos trois questions. Je vais essayer d'y répondre, et M. Ferdinand aimerait ajouter d'autres observations.
Sur le premier point concernant le message relatif au blocage du financement, vous avez absolument raison. Le gouvernement fédéral ne contrôle pas le financement global. Je crois cependant qu'il affirmerait très clairement la nécessité de cet examen indépendant. Nous devons nous en assurer, car comme l'a dit M. Williams, il s'agit de l'accès aux médicaments innovateurs, aux médicaments d'importance vitale pour les patients. Il ne s'agit pas simplement d'une étude sur une agence gouvernementale.
Nous devons transmettre clairement un message qui demande ce que le processus fait, ce qu'il est censé faire, et s'il comporte des lacunes à la base. Je crois que le modèle que nous avons dans la société canadienne est que ces décisions, pour donner suite aux premières questions, seront finalement prises au palier provincial. Pourquoi avons-nous alors un chevauchement dans le processus qui, d'une part, remet en cause certaines données issues d'essais cliniques menés par Santé Canada et, d'autre part, ajoute des critères dont ne tiennent peut-être pas compte d'autres instances internationales, puis il y a cette remise en question des prix? Le blocage transmettrait le message qu'il est temps de mener un examen.
Quand une entité prend des décisions qui ne sont pas obligatoires, qui semble être une reproduction de l'information, qui n'est pas tenue de rendre des comptes, alors quoi de mieux que d'annoncer que nous bloquons le financement jusqu'à ce que nous soyons vraiment sûrs que le processus accomplit ce que nous voulons? C'est beaucoup mieux que d'annoncer une semaine avant les audiences parlementaires que le mandat est élargi.
Pour ce qui est du PCEM et de la compression des coûts, lorsque vous essayez de comprendre, lorsque vous examinez le processus décisionnel, vous arrivez à la conclusion qu'ils utilisent la compression des coûts. Comme je l'ai mentionné, si vous soumettez un produit qui comporte la même molécule à un examen scientifique et que vous obtenez des résultats complètement différents, d'autres ingrédients sont incorporés, à mon avis, y compris la compression des coûts par rapport aux résultats pour les patients. Vous avez absolument raison, il est difficile de cerner le processus décisionnel.
C'est l'une des choses que nous entendons de plus en plus souvent. Les Canadiens, qui ont confiance en leur système de soins de santé et en leur système pharmaceutique, disent entendre qu'un médicament donné, un médicament d'importance vitale, est offert depuis un nombre x de mois ou d'années ailleurs. Ils apprennent maintenant que Santé Canada l'a approuvé, qu'il a été envoyé à une autre entité qui ne semble pas être tenue de rendre des comptes à qui que ce soit, et que soit il a été rejeté — ce qui transmet un message ambivalent —, soit il a été encore recommandé par un autre palier, et est transmis à des organismes provinciaux où il reste pendant quelques centaines de jours. Les citoyens ont beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe. Sur ce point, nous devons vraiment faire preuve de plus de transparence.
En réponse à vos questions sur les détails de la compression des coûts, M. Ferdinand veut ajouter quelques observations.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais appuyer les commentaires formulés plus tôt par ma collègue, Mme Brown.
Cela étant dit, il me faut vous dire, qu'en regardant cette documentation, je garde deux choses à l'esprit. L'une est que les Canadiens doivent pouvoir accéder au médicament qui est le plus efficace pour eux, et ce, rapidement. Il ne s'agit pas toujours d'un nouveau médicament, mais ils doivent pouvoir y accéder dans les plus brefs délais, et les finances ne doivent pas entraver cet accès. Je suggère qu'il soit couvert, mais cela pourrait faire l'objet d'un débat à un tout autre moment, mais je crois que c'est la position que j'adopterais. Pour l'instant, vous pouvez le couvrir si vous le voulez, mais le plan de nombreuses personnes ne le fera pas.
Ma première question serait — et j'ai cru entendre sans vouloir faire dire à quelqu'un ce qu'il ou qu'elle n'a pas dit — que de façon générale, les provinces suggèrent, à l'exception d'une peut-être, que le PCEM n'est pas vraiment efficace.
Monsieur Keon, je veux revenir à vous un instant, parce que vous avez parlé des médicaments génériques. Vous avez émis un commentaire sur comment le processus serait plus rapide pour les provinces si les médicaments génériques étaient inclus dans le PCEM. J'aimerais, si vous le voulez bien, que vous nous dites comment le PCEM pourrait changer les choses pour les médicaments génériques, parce que d'autres personnes ont évoqué les changements qu'il apporte ou non aux médicaments de marque.
Prétendons, pendant une minute, que le PCEM est relativement efficace, juste pour les besoins de cette discussion. Est-ce un parcours logique pour une Stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques ou une Liste nationale? Empêche-t-il de suivre cette voie? Pour ceux qui aimeraient répondre à cette question — certaines personnes pensent que nous ne devrions pas suivre cette voie, et je comprends leur point de vue —, le PCEM facilite-t-il ou empêche-t-il la mise en oeuvre d'une Stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques et d'une Liste nationale?
Vous pouvez peut-être, monsieur Keon, commencer par la question sur les médicaments génériques.
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Je remercie les témoins de leurs commentaires.
En général, lorsque j’examine un programme du gouvernement, ou tout programme canadien — et je sais qu’on parle ici d’un programme auquel participent les provinces — j’en étudie les répercussions pour les résidants de la circonscription de Barrie, que j’ai le plaisir et l’honneur de représenter. À trois occasions, on m’a fait part de certaines préoccupations au sujet du PCEM. J’aimerais vous les exposer et obtenir vos commentaires parce que je reconnais qu’en ce qui concerne les médicaments, il faut un équilibre entre, d’une part, l’innocuité et la prudence, et d’autre part, l’accès et l’importance du patient. Ce sont ces deux derniers éléments qui constituent une préoccupation.
Des électeurs ont porté trois problèmes à mon attention. Une dame s’est présentée à mon bureau pour se plaindre du fait que sa mère, qui souffrait d’un cancer, n’avait pas accès au médicament Iressa et de la lenteur du processus. Je voyais qu’elle était frustrée et à quel point ce problème touchait sa famille; dans ce cas-là, il semblait que le système en place constituait un obstacle. Je crois savoir que certaines provinces ont accepté de rembourser ce médicament, mais que, pour une raison quelconque, à cause du PCEM, cette mère ne pouvait pas obtenir ce médicament qui, d’après son médecin, pouvait l’aider. J’aimerais bien savoir comment cette histoire s’est terminée.
Je vais vous donner un autre exemple. Un résidant de Barrie atteint d’une maladie rare, la maladie de Pompe, pouvait être traité à l’aide d’un médicament qui avait été approuvé en Europe. Santé Canada l’avait également approuvé, mais le PCEM n’avait pas recommandé son remboursement.
J’ai aussi reçu un groupe de jeunes gens atteints du diabète de type 2, qui se sont dits préoccupés par la lenteur du processus.
Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. J’aimerais savoir ce que vous en pensez. Accordons-nous plus d’importance à l’innocuité qu’à l’accès? Si tel est le cas, avons-nous des exemples concrets qui montrent que cela est justifié? Existe-t-il d’autres exemples qui prouvent que cela nuit à l’accès?