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Merci beaucoup de m'avoir invité à comparaître.
Je m'appelle Joel Lexchin. Je suis médecin. J'enseigne la politique de la santé à l'Université York comme vous l'avez indiqué. Je travaille également comme médecin urgentiste et je suis l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages qui prescrivent des lignes directrices pour les médecins généralistes et urgentistes.
Je voudrais maintenant vous présenter les résultats de certaines des recherches que j'ai faites avec une de mes collègues, Barbara Mintzes.
Les décisions du PCEM, le Programme commun d'évaluation des médicaments, ont fait l'objet de nombreuses critiques. nous voulions comparer ses décisions avec celles qui ont été prises par des organismes équivalents d'autres pays pour les mêmes médicaments ayant les mêmes indications.
Au départ, nous avons choisi 47 médicaments sur lesquels le PCEM s'était prononcé, jusqu'à la fin septembre 2006. Nous avons établi une série de critères pour choisir les organismes de comparaison. Il fallait qu'ils aient examiné au moins la moitié des médicaments évalués par le PCEM. Il fallait qu'ils aient publié de l'information en anglais ou en français dans leur site Web. Et il y avait quelques autres critères supplémentaires.
Nous avons finalement retenu deux organismes, le Pharmaceutical Benefits Advisory Committee, ou PBAC, qui se trouve en Australie, et le Scottish Medicines Consortium, qui se trouve en Écosse.
Sur les 47 médicaments que le PCEM avaient évalués, l'organisme australien avait formulé des recommandations sur 31 d'entre eux, et l'organisme écossais, sur 29. Ces recommandations entrent dans trois grandes catégories. La première est le financement sans restriction, la deuxième, le financement avec restrictions et la troisième aucun financement.
Lorsque nous examinons les médicaments que le PCEM et le groupe australien ont tous les deux évalués, comme je l'ai dit, ils sont au nombre de 31 et pour ceux que le PCEM et le groupe écossais ont évalués, il y en a 29. Si vous examinez ces trois catégories, vous constatez que tous ces organismes font la même chose. Le pourcentage de médicaments qu'ils recommandent pour le financement total est à peu près le même, le pourcentage pour lequel ils recommandent un financement limité est à peu près similaire et le pourcentage des médicaments qu'ils rejettent entièrement est presque identique.
En deuxième lieu, nous avons examiné les médicaments individuellement. Les recommandations à l'égard de ces médicaments étaient-elles les mêmes ou non? Nous avons constaté que même si certaines recommandations touchant un médicament étaient similaires, il n'y avait pas beaucoup d'accord entre l'organisme canadien et les deux autres, pas plus qu'entre l'organisme écossais et l'organisme australien. Nous avons conclu que la façon dont les trois organismes appliquent leurs critères, c'est-à-dire l'efficacité clinique du produit et son analyse pharmaco-économique, témoigne à peu près du même laxisme ou de la même rigueur.
Pour chaque médicament, ces organismes tiennent compte d'éléments comme le prix auquel le médicament est vendu dans le pays, les autres médicaments disponibles ayant la même indication, le prix de ces autres médicaments et le nombre de personnes touchées par la maladie. Ils prennent ensuite leurs décisions. Comme ce sont des décisions prises au niveau local, on s'attendrait à ce qu'elles diffèrent d'un pays à l'autre.
La conclusion de cette recherche est que le PCEM ne se distingue pas des autres organismes internationaux qui font la même chose, autrement dit, qui utilisent un ensemble de données cliniques et d'analyses pharmaco-économiques pour prendre leurs décisions. Ils ne prennent pas des décisions identiques, mais c'est en raison de facteurs locaux. Les trois organismes que nous avons examinés prennent tous des décisions différentes au sujet des mêmes médicaments en raison de facteurs locaux.
Notre conclusion est que le PCEM fait un bon travail. Lorsqu'il rejette des médicaments, c'est en raison de facteurs spécifiquement canadiens. C'est la même chose pour les médicaments qu'il approuve. Ils sont approuvés en raison de facteurs spécifiquement canadiens. Le même principe s'applique aux autres organismes.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous remercions le comité de nous avoir invités à présenter notre point de vue sur le Programme commun d'évaluation des médicaments. Nous allons, Linda et moi, vous présenter le texte que nous avons préparé, après quoi nous formulerons un certain nombre de recommandations qui figurent dans le texte, mais que nous voudrions mettre en lumière.
Nous sommes ici en tant qu'anciens gestionnaires du régime d'assurance-médicaments et conseillers en politique pharmaceutique auprès de nos gouvernements respectifs, l'Ontario et l'Alberta, mais aussi en tant que Canadiens désireux de savoir si le Programme commun d'évaluation des médicaments sert les intérêts des patients. Nous ne sommes pas ici pour fournir des données, les résultats d'études ou appuyer la position d'un groupe d'intérêt particulier.
En tant que gestionnaires d'un régime d'assurance-médicaments, nous avons tous deux soutenu la création du Programme commun d'évaluation des médicaments qui nous semblait être un bon outil pour rationaliser les évaluations des médicaments et coordonner les activités des régimes d'assurance-médicaments du pays, dans l'intérêt des Canadiens. Nous continuons de soutenir le PCEM et les opinions que nous exprimons sont de simples suggestions visant à renforcer le PCEM de façon à promouvoir son succès continu.
Une de nos premières fonctions en tant que gestionnaires du régime d'assurance-médicaments consistait à faire la liaison entre le ministre et le comité d'experts scientifiques chargé de conseiller les pouvoirs publics à l'égard des médicaments qui devaient être couverts par les régimes d'assurance. Par conséquent, nous connaissons bien les problèmes auxquels sont confrontés les gouvernements, les comités d'experts et les autres parties intéressées lorsqu'il s'agit de prendre les meilleures décisions possible dans l'intérêt des patients et des bénéficiaires du programme.
Les comités consultatifs d'experts sur le financement des médicaments couverts par les régimes d'assurance ont énormément de pouvoir et c'est encore plus vrai pour le Comité consultatif canadien d'expertise sur les médicaments du PCEM. Les recommandations négatives sont presque toujours suivies compte tenu de l'engagement des ministres à considérer un « non » comme un « non » et un « oui » comme un « peut-être ».
Il est essentiel que le CCCEM et le PCEM continuent de susciter le maximum de satisfaction et conservent le maximum d'appuis de la part non seulement des gouvernements, mais de toutes les autres parties intéressées. Le PCEM doit rester utile aux yeux de toutes les personnes touchées par ces recommandations pour assurer son succès futur.
Selon un principe largement accepté, les décisions concernant le financement des soins de santé et des médicaments doivent reposer sur des données probantes. Néanmoins, ces données ne sont pas toujours aussi claires et complètes qu'on pourrait le souhaiter. D'autre part, les médicaments ne font pas tous l'objet du même niveau de recherche et d'étude scientifique.
De plus, la plupart des études sont faites avant que les décisions concernant le financement ne soient prises et l'expérience pratique ne correspond pas toujours aux résultats des recherches. Il est largement reconnu qu'une fois qu'on a approuvé la mise en marché d'un médicament, ses résultats sur les patients ne sont pas suffisamment étudiés. Il ne faut pas oublier non plus que les fabricants financent environ 90 p. 100 des études réalisées sur les médicaments.
Nous savons, pour avoir travaillé avec des comités d'experts, que le Canada figure parmi les chefs de file mondiaux de l'expertise scientifique et que nos régimes d'assurance-médicaments ont accès à un vaste éventail de personnes hautement compétentes. Cela dit, il faut reconnaître que les membres des comités d'experts examinent les données en fonction de leurs propres partis pris et opinions, selon leur expérience professionnelle.
Étant donné que pour une bonne partie des preuves scientifiques, la valeur de l'avantage perçu est une question d'appréciation, il n'est pas étonnant que les différents experts et différents comités donnent des avis différents aux gouvernements. Ces différences sont très difficiles à comprendre pour les décideurs, les patients, les familles, les fournisseurs de soins de santé et les fabricants. Il est difficile d'accepter que, dans une province, le comité d'experts peut tirer des conclusions diamétralement opposées à celles du comité d'experts d'une autre province ou d'un autre pays.
Les recommandations et les décisions des comités consultatifs d'experts comme le CCCEM se fondent sur des règles de rentabilité qui sont complexes et que certaines parties jugent assez arbitraires. Comme il y a des différences dans l'interprétation des études scientifiques, il y a aussi des divergences d'opinions au sujet de la rentabilité.
Le comité a déjà entendu parler des décisions différentes qui ont été prises à l'égard du financement des médicaments contre le cancer, par exemple, en Colombie-Britannique par rapport aux autres provinces.
Ce sont ces différences qui ont amené les gouvernements à décider de créer le Programme commun d'évaluation des médicaments.
Pour ce qui est de l'efficacité du PCEM, l'évaluation du programme publiée à l'automne 2005 concluait que ses fondateurs, c'est-à-dire les gouvernements, étaient satisfaits des résultats tandis que les fabricants et les consommateurs avaient de sérieuses objections. Le PCEM a respecté ses délais d'évaluation, amélioré le processus d'examen et atteint un niveau de transparence nettement supérieur à celui de certains autres régimes publics d'assurance-médicaments.
Le PCEM a atteint ses objectifs initiaux, mais certains problèmes sous-jacents qui se situent au niveau des gouvernements fédéral et provinciaux participants n'ont pas été examinés. Il semble y avoir un certain dédoublement ou une prolongation de l'évaluation des médicaments parce que les recommandations positives peuvent être soumises aux comités d'experts locaux pour une analyse supplémentaire, pour l'application de critères spéciaux ou pour information ou discussion. Il faudrait étudier de plus près dans quelle mesure l'évaluation des comités locaux fait double emploi avec celle du PCEM et l'inclusion d'autres médicaments nécessitera une réévaluation du rôle et des fonctions de ces comités. Il est probable qu'un certain suivi sera toujours nécessaire au niveau du programme local pour mettre en oeuvre les recommandations du CCCEM.
Les décisions concernant la mise en oeuvre des recommandations du CCCEM sont du ressort des gouvernements, mais la politique du « non signifie non » adoptée par les ministres a été suivie de façon assez rigoureuse. Cela veut dire qu'en fait, le PCEM décide de l'inscription au formulaire pour les régimes d'assurance. Il y a eu certaines exceptions où des régimes ont quand même financé certains médicaments rejetés, au cas par cas.
Étant donné l'impact des recommandations du CCCEM, le PCEM doit faire en sorte que ses processus soient réévalués constamment en tenant compte de toutes les observations et préoccupations des parties prenantes. De façon générale, un examen des comités d'experts devrait tenir compte des sommes que les gouvernements investissent dans les régimes d'assurance-médicaments et du pourcentage de leur budget de la santé que cela représente. Les comités d'experts sont un outil précieux pour la gestion des coûteux régimes d'assurance-médicaments.
En ce qui concerne l'accès aux nouveaux médicaments, une question importante à se poser pour la discussion d'aujourd'hui est celle de savoir si les Canadiens sont bien servis par le PCEM pour ce qui est de l'accès aux nouveaux médicaments. Le processus du PCEM nous assure que des normes rigoureuses sont appliquées pour formuler les recommandations. Il faut toutefois se demander si les mêmes normes peuvent et doivent s'appliquer à tous les médicaments.
Pour ce qui est des coûts les plus élevés, prenons par exemple les médicaments pour les maladies rares. Certains de ces produits peuvent coûter plus de 100 000 $ par année et constituer la seule thérapie disponible. Dans certains cas, à cause de facteurs comme la nature de la maladie et la taille de la population, il peut être difficile, voire impossible de respecter les normes de rigueur appliquées par le PCEM. La question est donc de savoir si le modèle actuel peut être appliqué équitablement et uniformément à toutes les catégories de médicaments.
Les coûts des régimes d'assurance-médicaments dépendent en grande partie des médicaments utilisés en grande quantité tels que les médicaments pour réduire le cholestérol. Par exemple, en Ontario, au cours de l'exercice 2005-2006, les médicaments pour les maladies cardiovasculaires et le traitement du système nerveux central représentaient 50 p. 100 des coûts du régime provincial d'assurance-médicaments. Il est donc important de tenir compte du risque financier collectif ou cumulatif que posent les médicaments nouveaux et coûteux pour l'ensemble des facteurs de coût du système de santé.
Nous ne disons pas que le coût des médicaments est approprié dans la plupart des cas. Nous partageons l'inquiétude grandissante des pouvoirs publics et autres parties intéressées quant au fait que le prix des médicaments semble anormalement élevé et difficile à justifier dans certains cas. Nous disons seulement que toutes les parties intéressées doivent continuer de demander aux fabricants de justifier le prix de leurs médicaments et d'être prêts à négocier les prix dans un certain nombre de domaines.
Certains gouvernements donnent accès à des médicaments dont le financement n'est pas recommandé par le PCEM. C'est par exemple le cas de l'Ontario dont la législation permet au ministre de payer des médicaments qui ne sont pas inscrits sur le formulaire de la province. Pour cette raison, certains médicaments non recommandés sont remboursés par certains régimes, mais pas par d'autres ce qui crée davantage d'iniquités entre les Canadiens sur le plan de l'accès aux traitements. Les décisions des régimes d'assurance-médicaments suscitent un certain nombre de questions. La politique de l'Ontario ou celle du régime d'assurance-médicaments fédéral qui procèdent au cas par cas, représentent-elles une approche raisonnable, une forme d'appel d'une recommandation négative du CCCEM ou le CCCEM devrait-il établir des critères pour donner aux patients accès à certains médicaments, ce qui se traduirait par une recommandation sous réserve ou partiellement positive?
Les recommandations conditionnelles peuvent fournir l'occasion d'élargir la portée des prises de décisions pendant que l'on réunit des preuves supplémentaires. Si le développement des médicaments est considéré comme un continuum, l'utilisation des médicaments est peut-être la seule façon d'obtenir la réponse à certaines des questions posées par le PCEM, en répondant par exemple aux besoins de données sur la sécurité et l'efficacité à long terme. Un modèle canadien pour l'examen et l'évaluation des médicaments couverts par les régimes publics d'assurance doit donner accès aux médicaments lorsque les données probantes sont relativement faibles en raison de la difficulté de procéder à des essais cliniques à grande échelle pour certains groupes de maladies tout en permettant de recueillir des données et de mesurer les résultats pour confirmer les bienfaits ainsi que les risques.
En réalité, pour certains nouveaux médicaments, les preuves scientifiques démontrant leur valeur ne sont pas disponibles pour diverses raisons, par exemple le petit nombre de patients, dans le cas de maladies rares, ou l'absence de preuves concernant la sécurité et l'efficacité à long terme. Les fabricants ont un rôle à jouer en travaillant avec les gouvernements pour aider les patients à avoir accès à leurs produits afin que les pouvoirs publics ne soient pas seuls à assumer la responsabilité de répondre aux besoins des patients. Des partenariats fondés sur l'amélioration des résultats pour le patient pourraient être une solution de rechange à la politique actuelle du tout ou rien.
Monsieur le président, je voudrais…
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Monsieur le président, je vous remercie, vous et les membres du comité, de m'avoir invitée à vous parler de mon expérience concernant le PCEM et le régime d'assurance-médicaments de l'Ontario ainsi qu'à titre de clinicienne-chercheure, de clinicienne auprès de patients souffrant de maladies neurodégénératives graves et en tant que chercheure en médecine fondée sur les faits.
Je dois avouer que j'ai demandé un poste en tant que membre permanent du CCCEM. Le comité ne m'a pas acceptée, mais je ne lui en veux pas.
J'ai travaillé comme consultante pour le régime d'assurance-médicaments de l'Ontario ainsi que pour le PCEM.
J'ai trouvé ce processus très rigoureux; le programme procède à une évaluation rigoureuse des médicaments qui se fonde sur des données probantes. J'ai également constaté que certaines améliorations pourraient être apportées au processus.
Je tiens également à dire qu'il est essentiel de participer au développement des médicaments et de la technologie pour préserver la qualité des soins de santé au Canada et qu'une médecine fondée sur les faits ainsi que le pragmatisme sont deux choses nécessaires pour prendre les décisions concernant le financement des médicaments.
Tout d'abord, j'ai travaillé pour le PCEM en tant qu'expert médical et non pas ce qu'on appelle un expert en méthodologie. Un expert en méthodologie est une personne qui est généralement titulaire d'un Ph.D. et qui est experte en médecine fondée sur des lignes directrices ou des données probantes.
Comme j'ai déjà rédigé des lignes directrices pour l'American Academy of Neurology, j'ai pu fournir des conseils au sujet de la conception des études et de la mesure de leurs résultats. J'ajouterais néanmoins que l'American Academy of Neurology est très avancée dans l'élaboration d'évaluations critiques alors que d'autres spécialités n'ont peut-être pas des experts aussi bien équipés pour répondre aux préoccupations du PCEM. Par conséquent, des études réunissant les bonnes preuves d'efficacité pourraient être laissées de côté.
Je crois que le PCEM doit tenir compte de la pertinence clinique et qu'il faut également reconnaître que, souvent, nous ne connaissons pas la valeur des résultats sur le plan de la qualité de vie ou le résultat des études. Nous devons tous avoir l'honnêteté de reconnaître que même dans les évaluations basées sur des données probantes, on s'entend sur la façon dont les questions seront formulées et dont on réunira les preuves ou on les évaluera, de même que pour l'interprétation des preuves.
La participation au développement des médicaments et de la technologie est cruciale pour retenir les meilleurs médecins et chercheurs en médecine et en science. S'ils ne peuvent pas participer à ces activités, nous perdrons d'importantes ressources. Je sais qu'un fabricant a fermé sa division de neuroscience et a déclaré qu'il ne commercialiserait plus de médicaments de la neuroscience au Canada. Cela m'inquiète en tant que chercheure et aussi en tant que médecin. Je veux pouvoir apporter à mes patients atteints de maladies très graves les meilleurs soins possible.
Enfin, il y a la question du pragmatisme de la médecine fondée sur les faits. À l'American Academy of Neurology, nous avons certainement adopté un processus strictement fondé sur des données probantes pour établir nos lignes directrices. Nos membres nous ont dit qu'ils voudraient savoir quelle est la pertinence clinique d'un médicament et ce que la recherche ne montre pas. En effet, même les cliniciens doivent savoir dans quel contexte ils prennent ces décisions. Quels sont les facteurs potentiels qui devraient modifier votre interprétation des données probantes? C'est une chose dont tout organisme qui élabore la politique à l'égard des médicaments devrait aussi tenir compte.
Comme mon expérience m'a permis d'examiner les deux côtés de la médaille, je garde entièrement confiance dans le PCEM. Je pense que ce programme évalue très bien les données probantes, mais je crois aussi que ses décisions doivent refléter davantage de pragmatisme.
Merci.
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Je remercie le comité de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui au sujet du Programme commun d'évaluation des médicaments.
Je représente la Coalition pour de meilleurs médicaments. Le texte de notre mémoire contient une description de notre organisme.
Je suis également porteuse du VIH et je travaille dans ce domaine de la politique de santé publique depuis de nombreuses années.
La Coalition et la communauté du VIH suivent le Programme commun d'évaluation des médicaments depuis sa création. Nous avons conclu que ce programme était une bonne idée au départ, mais qu'il a très mal tourné. Nous en sommes également arrivés à la conclusion que le Programme commun d'évaluation des médicaments ne peut pas être amélioré s'il reste sous sa forme actuelle.
J'estime que le Programme commun d'évaluation des médicaments n'a pas réussi à atteindre ses objectifs ou à s'acquitter de son mandat avec un processus répondant aux règles les plus élémentaires de la justice naturelle. De façon générale, il ne fournit pas de décisions rentables aux provinces participantes. Il fait des analyses pharmacoéconomiques médiocres et à courte vue. Il dédouble inutilement les coûts. Il comporte des processus qui ne sont ni transparents, ni inclusifs ni proches des malades, si bien qu'il lui manque un bon nombre de données pertinentes pour rendre ses décisions. Et il ne comporte pas de procédure d'appel.
Au lieu de vous fournir une pléthore de faits, de chiffres et de diagrammes à l'appui de mes dires, je vais vous raconter l'histoire d'un médicament — un médicament que je connais très bien — depuis les essais cliniques jusqu'à son remboursement. Je crois que cet exemple vous prouvera ce que j'allègue au sujet du PCEM.
Ce médicament est le ténofovir ou Viread. C'est un inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse ou NNRTI utilisé conjointement avec d'autres médicaments antirétroviraux pour empêcher le VIH de proliférer. La recherche a démontré qu'une thérapie concomitante utilisant cette classe de médicaments en même temps que deux autres classes de médicaments abaisse effectivement la quantité de virus qui peut être créé. Ce médicament ne guérit pas, mais il a certainement permis à beaucoup de gens de rester en vie et de pouvoir mener une vie normale pendant beaucoup plus longtemps qu'avant l'arrivée de cette classe de médicaments.
Néanmoins, ces médicaments posent trois grands problèmes. Ils sont généralement toxiques, car ce sont des chimiothérapies permanentes, et ils ont de très mauvais effets secondaires. Par exemple, il arrive souvent qu'ils entraînent une insuffisante organique ou d'autres maladies graves. D'autre part, certaines personnes peuvent tolérer certains médicaments, mais pas d'autres ce qui les empêche de les prendre. Elles doivent trouver d'autres médicaments qu'elles peuvent mieux tolérer sans subir d'effets secondaires. Dans cette classe de médicaments, il n'y a pas un produit qui convient à tous.
Par ailleurs, ces médicaments ne restent pas efficaces éternellement. Avec le temps, l'évolution ou la mutation du virus les rendent inefficaces. C'est ce qu'on appelle la résistance aux médicaments.
Le dernier problème est que, pour des raisons que nous pouvons seulement supposer, tous les patients ne réagissent pas de la même façon aux médicaments. C'est peut-être pour une raison génétique. C'est peut-être à cause du type de virus dont ils sont porteurs. C'est différent d'une personne à l'autre.
Par conséquent, comme je l'ai dit, nous avons besoin, dans notre pharmacopée, de tous les médicaments existant sur le marché.
J'ai moi-même dû changer trois fois de médicaments, toujours à cause de leur toxicité pour le foie et non pas parce qu'ils étaient inefficaces. La dernière fois, le médicament m'a rendue tellement malade que j'ai dormi pendant près de trois mois. J'ai dû quand même tenir le coup, car je n'avais pas d'autres choix.
Ce qui m'amène au ténofovir ou Viread, un médicament qui, lors des essais cliniques, a donné de bons résultats et semble avoir peu d'effets secondaires ou de toxicité.
Le ténofovir est excrété par le rein plutôt que par le fois, ce qui est inhabituel. Cela veut dire que, dans certains cas, c'est moins dur pour le foie. Seulement 1 p. 100 à 3 p. 100 des gens ne peuvent pas le tolérer. Autrement, il est bien toléré.
Par conséquent, le ténofovir est entré dans la classe des nucléosides et a été comparé à l'AZT lors des essais cliniques. L'AZT est un médicament puissant et efficace, mais qui cause beaucoup d'effets secondaires et de toxicité, notamment une anémie grave, de la fatigue, des nausées et des maux de tête. Il cause également des troubles compliqués au niveau des lipides, un taux élevé de cholestérol et de triglycérides, ce qui peut entraîner des crises cardiaques, des AVC et des déformations physiques. Je dirais seulement que ce n'est pas pour tout le monde.
Les essais cliniques ont montré que le ténofovir est tout aussi efficace que l'AZT et cause moins d'effets secondaires. En août 2004, la Direction générale des produits thérapeutiques l'a approuvé demandant seulement que l'on procède à de nouveaux essais cliniques chez des patients novices. Santé Canada a entièrement approuvé ce médicament pour les patients qui avaient déjà suivi des traitements.
Le ténofovir a ensuite été soumis au Programme commun d'évaluation des médicaments et au Conseil du médicament du Québec et je voudrais vous citer ce dernier, car il a pris la bonne décision. Voici:
(Traduction) Les données montrent que les combinaisons d'antirétroviraux incluant le ténofovir font preuve d'une efficacité au moins équivalente à celle des autres thérapies concomitantes de première ligne pour les personnes porteuses du VIH qui n'ont jamais reçu d'antiviraux. Cette combinaison semble également avoir un profil de sécurité propre à réduire le nombre de patients qui abandonnent leur traitement. Cela s'ajoute aux avantages connus du ténofovir: une dose unique, ce qui réduit les problèmes causés par l'oubli de prendre une dose et améliore l'observation du traitement; un faible potentiel d'interaction médicamenteuse attribuable à la voie d'élimination du ténofovir et une sécurité améliorée sur le plan des lipides et de la lipodystrophie. De plus, les lignes directrices des États-Unis recommandent le ténofovir comme traitement de première ligne.
Néanmoins, même si cet agent présente des avantages, c'est actuellement le médicament le plus coûteux de sa classe. Le Conseil… croit que le coût élevé du Viread (ténofovir) est justifié par les avantages supplémentaires de ce médicament. Pour cette raison, il recommande que Viread soit transféré dans la section courante de… [la liste de médicaments].
Maintenant, qu'en a pensé le PCEM? Pas autant de bien.
Le PCEM a rendu sa décision en mars 2006 après avoir pris 210 jours pour étudier le dossier.
Soit dit en passant, le Conseil a approuvé ce médicament en 161 jours.
Le PCEM n'a pas recommandé le ténofovir comme thérapie de première ligne. Il n'a vu aucune différence entre l'efficacité de l'AZT et celle du ténofovir. Il a reconnu qu'il y avait moins d'abandons dûs à des effets secondaires et a reconnu le côté pratique d'une prise unique par jour. Néanmoins, il a dit que ce n'était pas rentable parce que ce médicament coûte plus cher que l'AZT.
Heureusement, de nombreuses provinces n'ont pas tenu compte de cet avis. L'Ontario et la Colombie-Britannique le remboursent « sans condition » et l'Alberta a dit que c'était au médecin de décider. Les autres provinces ont suivi le PCEM.
Par conséquent, pourquoi ai-je dit que le PCEM avait échoué dans sa mission? À mon avis, le PCEM comprend mal le principe de rentabilité, même au niveau le plus élémentaire. S'il avait tenu compte de la toxicité de l'AZT et de ses effets secondaires et s'il avait parlé à des cliniciens et à des patients connaissant bien le domaine, il aurait été bien mieux informés sur les effets secondaires et la toxicité de ce médicament. Il aurait appris que les patients doivent prendre de nombreux médicaments supplémentaires pour contrer les effets secondaires et la toxicité de l'AZT.
Dix pour cent des personnes qui prennent l'AZT deviennent anémiques; 6 p. 100 doivent abandonner le traitement. Cela veut dire qu'elles prennent du ténofovir de toute façon. En fait, un grand nombre de patients ont abandonné l'AZT à cause de la résistance au médicament, parce qu'ils ne peuvent pas continuer à le prendre. Un grand nombre des personnes qui poursuivent leur traitement à l'AZT doivent prendre un médicament appelé EPO pour combattre leur anémie. C'est coûteux et on n'en a pas tenu compte.
Les personnes qui ont des problèmes de lipides vont abandonner le médicament et prendre du ténofovir ou subir une intervention chirurgicale payée par le régime de soins de santé pour corriger leur « bosse de bison » ou déformations physiques. Elles peuvent également avoir un taux de cholestérol et de triglycérides élevé et doivent acheter des statines pour y remédier.
Ces personnes doivent prendre des antidépresseurs, des antianxiolytiques et suivre une psychothérapie à cause de ce médicament. Également, cela perturbe le sommeil si bien qu'un grand nombre de patients traités à l'AZT prennent des somnifères. Souvent, ils doivent également prendre des pilules contre la nausée.
En plus de tous ces coûts supplémentaires, les patients doivent se rendre plus souvent chez le médecin et, dans les cas extrêmes, à l'hôpital et dans les salles d'urgence.
Le PCEM n'a tenu compte d'aucun de ces facteurs pharmacoéconomiques alors que le Québec l'a fait, de toute évidence. Cela s'écarte également des décisions prises dans la plupart des pays industrialisés et des lignes directrices qui ont été publiées à l'égard des traitements de première ligne.
Comme je l'ai dit, heureusement, certaines provinces ont vu clair. Cela amène toutefois à s'interroger sur la valeur du PCEM. Il semble que cet organisme fait double emploi étant donné que toutes les provinces qui avaient un comité d'évaluation des médicaments l'ont conservé malgré l'existence du PCEM. Ces comités coûtent cher à gérer, tout comme le PCEM qui coûte la bagatelle de 5,1 millions de dollars par année.
Le PCEM a prolongé, en moyenne, de 26 semaines, le délai requis pour permettre aux gens d'obtenir les médicaments dont ils ont grand besoin. Dans le cas de Viread, cela a duré 210 jours. Par conséquent, il a fallu à l'Ontario 456 jours au total pour inscrire ce médicament sur son formulaire, la Saskatchewan a mis 330 jours, Terre-Neuve, 330 jours, le gouvernement fédéral 350 jours pour le formulaire des Autochtones et le Québec, 161 jours.
L'Ontario a déjà reconnu que le PCEM est d'une utilité très limitée et a promis qu'une fois approuvés par la Direction générale des produits thérapeutiques, tous les médicaments pour des maladies mortelles seraient évalués dans un délai de trois à quatre mois, peu importe la décision du PCEM.
Il est vrai également que le PCEM devait uniformiser la couverture des médicaments à l'échelle du pays, mais ce n'est qu'une chimère. Les provinces continuent de faire leurs propres évaluations, de prendre leurs propres décisions à partir de leur analyse des données et du budget dont elles disposent pour les médicaments. Le PCEM doit en partie son échec à son processus opaque et fermé. S'il permettait aux cliniciens qui connaissent bien les maladies et aux patients de témoigner et de faire partie de leurs comités, il pourrait apprendre certaines choses utiles au sujet des médicaments qu'il évalue.
Une procédure d'appel serait déjà une amélioration. Il est presque impossible d'amener les membres du PCEM à vous parler des médicaments. Si vous leur écrivez lettre après lettre vous réussirez peut-être à les rencontrer. C'est en tout cas ce que j'ai constaté.
Nous formulons les recommandations suivantes.
À court terme, nous recommandons de bloquer tout élargissement du mandat du PCEM. Il devrait être maintenu tel quel.
Il faudrait constituer un groupe de travail pour élaborer et mettre en oeuvre un plan pour démanteler le PCEM et rétablir l'ancien système selon lequel les provinces prenaient leurs propres décisions.
Bien entendu, il faut que ce soit un groupe de travail fédéral-provincial-territorial, mais il devrait inclure des patients et des groupes communautaires représentant les patients. Il doit avoir pour mandat de mettre en place des comités d'évaluation dans les provinces où il n'y en a pas actuellement et aussi d'examiner tous les systèmes d'évaluation provinciaux pour s'assurer qu'ils sont efficaces et transparents et qu'ils englobent les parties prenantes afin de permettre une bonne analyse.
Si votre comité ne peut pas formuler de recommandations à cet égard — mais j'espère qu'il le pourra — il devrait au moins recommander la mise sur pied d'un groupe de travail comme celui que j'ai décrit ci-dessus pour transformer entièrement le PCEM. Ce dernier devrait être sans lien de dépendance avec les ministères de la Santé.
Il devrait inclure des chercheurs, des cliniciens et des patients connaissant bien les différentes maladies. Il devrait permettre à toutes les parties prenantes d'avoir accès aux organes décisionnels et devrait veiller à ce que le temps nécessaire pour faire l'évaluation, y compris pour la décision des provinces, ne soit pas plus long que le temps que les provinces ont pris pour rendre leurs décisions préalables.
À notre avis, le statu quo ou des changements mineurs ne serviront pas les intérêts des Canadiens et des provinces qui devraient obtenir des avis pharmacoéconomiques de la plus haute qualité.
Merci.
Merci de nous avoir invités. Je représente Ward Health Strategies et je voudrais vous présenter les excuses de Chris Ward. Il avait l'intention de venir, mais un décès dans sa famille l'en empêche. Vous devrez donc vous contenter de moi.
Ward Health Strategies est un cabinet de consultants en communications sur la politique de santé qui a des bureaux au Canada et aux États-Unis. Nos clients sont des fabricants de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux ainsi que des organismes gouvernementaux et sans but lucratif reliés à la santé.
Je voudrais vous remercier de nous avoir invités à parler aujourd'hui de certaines grandes questions touchant la politique à l'égard des médicaments qui ont des répercussions sur la qualité et la durabilité du système de soins de santé au Canada. Nous considérons que le Programme commun d'évaluation des médicaments ou PCEM peut être considéré comme un marqueur ou un exemple instructif des raisons pour lesquelles le Canada accuse un retard par rapport aux autres pays sur le plan de l'accès aux innovations médicales qui permettent de sauver des vies et d'améliorer la qualité des soins en produisant de meilleurs résultats pour la santé.
Au Canada, les dépenses consacrées aux soins de santé absorbent plus de 10 p. 100 du produit intérieur brut et représentent la plus grosse part des dépenses totales du secteur public. Il est extrêmement important de gérer ces dépenses et d'inscrire l'abordabilité et la durabilité des soins de santé en tête de liste des priorités de la politique publique canadienne.
Le Canada a une population vieillissante et en vieillissant nous nous servons davantage de notre système de soins de santé. À l'heure actuelle, 62 p. 100 des Canadiens souffrent d'une maladie chronique et 75 p. 100 meurent des effets secondaires de ces maladies chroniques. Ces chiffres vont augmenter au fur et à mesure que la génération du baby-boum atteindra l'âge de la retraite.
Les maladies chroniques et leurs complications absorbent actuellement la majeure partie des dépenses qui sont faites pour la santé. Selon le Canadian Centre for Chronic Disease Prevention and Control, les maladies chroniques représenteraient 87 p. 100 des cas d'invalidité au Canada et les deux tiers de tous les coûts directs du système de soins de santé.
Un grand nombre de personnes âgées comptent sur les régimes d'assurance-médicaments provinciaux pour obtenir les médicaments dont elles ont besoin. Les provinces et notre gouvernement national se sont entendus pour établir un Programme commun d'évaluation des médicaments dans le but de réduire le double emploi et de faire des recommandations au sujet des médicaments qui doivent être couverts par les régimes d'assurance-médicaments publics.
On a également pensé qu'un Programme commun d'évaluation des médicaments apporterait davantage d'uniformité et améliorerait l'accès aux médicaments au Canada en servant de base à un futur formulaire national. Du point de vue de la politique publique, ces objectifs peuvent sembler raisonnables. Néanmoins, du point de vue des patients canadiens, le PCEM a été un échec monumental.
Pendant ses brèves années d'existence, le PCEM a déjà contribué à placer le Canada loin derrière les autres pays sur le plan des résultats pour la santé. C'est particulièrement évident en ce qui concerne le cancer. Dans son bilan annuel sur le traitement du cancer au Canada, la Cancer Advocacy Coalition of Canada a clairement démontré, province par province, que la réduction de la mortalité due au cancer était associée à l'augmentation de l'accès au traitement. Le PCEM a recommandé à de nombreuses reprises de ne pas rembourser des nouveaux traitements novateurs contre le cancer. Le cas de Nexavar et de Sutent, le premier espoir depuis plus de 10 ans pour les patients atteints d'un cancer du rein en est l'exemple le plus récent. Lorsque vous comparez les résultats du traitement du cancer aux États-Unis et au Canada au cours des quatre dernières années, la limitation de l'accès aux nouveaux traitements au Canada est encore plus alarmante.
Entre 2000 et 2004, le nombre de personnes qui sont mortes du cancer aux États-Unis a augmenté d'un peu plus de 0,01 p. 100. Au Canada, l'augmentation a été de 7 p. 100 pendant la même période. Le système de soins de santé américain a ses propres lacunes, bien entendu, notamment le fait qu'il y a plus de 40 millions de personnes sans assurance-santé. Néanmoins, les Canadiens seront sans doute très surpris d'apprendre qu'aux États-Unis les aînés et les personnes qui ont un bas revenu ont plus facilement accès aux médicaments grâce à des programmes publics comme Medicare Part D et Medicaid que les populations équivalentes au Canada qui comptent sur nos programmes d'assurance-médicaments financés par l'État.
L'année dernière, nous avons fait une analyse de l'accès aux médicaments dans le cadre du régime d'assurance-médicaments américain Medicare et nous avons conclu que les personnes âgées qui résident au Michigan auraient eu accès à 82 p. 100 des médicaments évalués par le PCEM au début de 2006. Par contre, une personne âgée résidant en Ontario n'aurait eu accès qu'à 15 p. 100 de ces médicaments.
Nous croyons que cette disparité s'est accentuée et que cette tendance se poursuivra à moins que les régimes d'assurance-médicaments ne tiennent aucun compte des recommandations du PCEM qui limitent l'accès aux nouveaux médicaments au Canada. L'innovation médicale a eu de profonds effets et de profondes répercussions sur la prévention, le traitement et la gestion des maladies chroniques. Prenons un autre exemple. Même si c'est toujours la principale cause de décès au Canada, les maladies cardiaques et les AVC ont causé deux fois moins de décès au cours des 30 dernières années. En fait, cette année, il est probable que le cancer remplacera les maladies cardiovasculaires comme principale cause de décès au Canada.
L'amélioration des connaissances au sujet des facteurs de risque associés aux maladies cardiovasculaires a permis un certain nombre d'interventions qui ont eu de profonds effets sur les résultats pour la santé. Des nouveaux médicaments aident les gens à réduire leur hypertension et leur cholestérol. Des nouveaux dispositifs médicaux et des interventions chirurgicales jouent également un rôle. Le défi que doivent relever les décideurs politiques de la santé pour le financement des innovations médicales consiste à prendre des décisions qui ne se fondent pas uniquement sur la limitation des coûts, autrement dit, la gestion de l'offre de médicaments, de dispositifs et d'interventions. Il faut plutôt chercher à améliorer les résultats grâce à un dépistage précoce, la prévention des maladies chroniques, la gestion des facteurs de risque associés aux maladies chroniques et la réduction des complications. Bien entendu, l'accès aux médicaments n'est pas la seule chose qui améliorera la santé d'une population vieillissante. L'amélioration des résultats pour les personnes vivant avec une maladie chronique dépend aussi des programmes de promotion de la santé et de dépistage ainsi que de l'accès aux médecins qui traitent les patients.
Il suffit d'examiner la différence dans la couverture que les régimes d'assurance-médicaments publics et privés parrainés par l'employeur offrent aux aînés et aux autres populations vulnérables pour se rendre compte que les employeurs comprennent beaucoup mieux que les gouvernements l'importance d'améliorer la santé en donnant un meilleur accès aux innovations médicales. Les employeurs comprennent parfaitement l'importance de préserver la santé des employés afin qu'ils restent productifs, qu'ils puissent rester en dehors des hôpitaux et des établissements de soins prolongés, ce qui évite les frais associés à des invalidités de longue ou de courte durée. Cette politique serait tout aussi avantageuse si elle s'appliquait à ceux qui dépendent des régimes publics d'assurance-médicaments.
En fin de compte, le Programme commun d'évaluation des médicaments est supervisé par son conseil d'administration qui est constitué des sous-ministres de la Santé fédéral, provinciaux et territoriaux qui sont, à leur tour, nommés par les premiers ministres. Ceux qui prennent les décisions pour le PCEM ont clairement démontré qu'ils cherchaient surtout à limiter les coûts. Pour assurer la durabilité du système de santé, ils rendent l'accès aux médicaments de plus en plus difficile pour les personnes qui font appel aux régimes d'assurance-médicaments publics pour se soigner.
Les maladies chroniques sont coûteuses. L'Association canadienne de santé publique estime qu'elles ont coûté à notre économie plus de 77 milliards de dollars en 2005 et que les deux tiers des coûts de santé directs et 60 p. 100 des coûts de santé indirects résultent des maladies chroniques. Néanmoins, si une maladie chronique est soignée, un grand nombre de ses complications coûteuses peuvent être évitées.
Les Instituts canadiens de recherche en santé ont dit que les médicaments prescrits et non prescrits figurent parmi les composantes de notre système de soins de santé qui connaissent la croissance la plus rapide et qu'ils absorbent maintenant plus de 17 p. 100 du budget de la santé. La plupart des gens voient là une tendance très alarmante qui permet de croire que nos budgets de la santé échappent à tout contrôle. Nous croyons toutefois que dans un système de soins de santé idéal les médicaments et les vaccins qui permettent de gérer ou de prévenir les maladies et leurs complications doivent représenter une proportion encore plus grande des dépenses.
Il est peu probable que les résultats enregistrés aux États-Unis dont j'ai parlé tout à l'heure soient attribuables uniquement à la qualité générale du système de soins de santé étant donné que les Canadiens ont un meilleur accès aux soins aigus que les Américains. D'autre part, il y a au Canada moins de résidents non assurés qu'aux États-Unis et il est certain que l'accès aux traitements a un impact sur la santé des populations, de même que sur les dépenses pour la santé.
En dépensant davantage pour donner aux Canadiens un meilleur accès aux médicaments on améliorera les résultats pour la santé. En permettant aux Canadiens d'avoir accès à des vaccins, à des médicaments pour gérer des maladies chroniques en plus d'offrir des programmes pour faire comprendre aux patients l'importance de suivre leur traitement et de surveiller les effets secondaires, il est possible de faire du Canada l'un des pays où la santé de la population est l'une des meilleures au monde.
Pour conclure, nous croyons que le PCEM a besoin d'être révisé en profondeur pour vraiment répondre aux besoins des Canadiens et de leur système de soins de santé. Le PCEM doit élargir son point de vue et commencer à examiner sérieusement les avantages qu'il y a à intégrer les nouvelles technologies de la santé dans notre système.
Le PCEM doit permettre aux médecins de soigner leurs patients avec les meilleurs outils disponibles et il doit permettre à un plus grand nombre de patients de participer à ses prises de décisions.
Merci.