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Bon après-midi. Nous sommes très heureux d'avoir l'occasion de comparaître devant le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes en tant que représentants de la Direction de la politique de l'impôt du ministère des Finances.
Le rôle de la Direction de la politique de l'impôt est d'élaborer et d'évaluer la législation et les politiques fiscales fédérales dans les domaines de l'impôt des particuliers et des entreprises et des taxes de vente et d'accise. Nous savons que le comité étudie présentement l'obésité juvénile et que les témoins qui comparaîtront plus tard cet après-midi aborderont diverses questions relatives à l'utilisation potentielle d'instruments économiques pour infléchir les choix liés à la santé et au mode de vie, y compris le régime alimentaire et l'activité physique.
Notre comparution nous permettra de renseigner le comité sur certaines initiatives fiscales qui ont été prises jusqu'à maintenant et de donner un aperçu du processus d'examen ou d'évaluation de toute initiative future. Nous répondrons volontiers aux questions des membres du comité à la fin de notre exposé et nous demeurerons dans la salle pour entendre les idées qu'avanceront les témoins qui comparaîtront après nous.
Cet après-midi, notre exposé portera sur deux grands sujets. Premièrement, à propos des initiatives fiscales spécifiques visant à promouvoir la santé et l'aptitude physique des Canadiens, nous ferons le point sur le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants proposé par le gouvernement dans son budget 2006. Nous ferons aussi un bref survol d'autres crédits pour dépenses médicales dans le contexte de l'impôt sur le revenu des particuliers. Deuxièmement, nous présenterons un aperçu général du cadre analytique et des principaux paramètres utilisés pour évaluer diverses propositions d'instruments économiques de nature fiscale.
Dans son budget 2006, le gouvernement a proposé une nouvelle mesure en vue de promouvoir l'aptitude physique chez les enfants : le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Les études démontrent que la pratique régulière d'une activité physique a des effets bénéfiques pour les enfants, notamment un développement et une croissance équilibrés et une meilleure condition physique. Comme de nombreuses familles ne peuvent se permettre ces activités en raison de la hausse constante du coût des sports organisés,le gouvernement a proposé dans son budget 2006 un crédit d'impôt maximal de 500 $ applicable aux frais de programmes sportifs admissibles pour chaque enfant de moins de 16 ans. Ce crédit entrera en vigueur à compter de l'année d'imposition 2007.
Lors de la préparation du budget 2006, on a élaboré la définition suivante d'un programme d'activité physique admissible : « Programme continu destiné aux enfants, dans le cadre duquel la presque totalité des activités exigent une dépense physique importante contribuant à la totalité ou à une partie des objectifs suivants: la capacité cardiorespiratoire, la force et l'endurance musculaires, la souplesse et l'équilibre. »
Le 31 juillet 2006, le gouvernement a chargé un petit panel d'experts de la santé et de l'aptitude physique de le conseiller sur la définition des programmes d'activité physique qui devraient être admissibles à ce crédit d'impôt. La définition doit refléter le vaste éventail des activités auxquelles se livrent les enfants tout en s'assurant que les programmes admissibles contribuent vraiment à améliorer leur condition physique. En particulier, le panel d'experts examine les questions suivantes : Pour être admissible, un programme devrait-il nécessairement comprendre un élément d'instruction ou de supervision? Faut-il moduler les critères d'admissibilité pour englober les programmes destinés aux enfants handicapés? Il leur faudra aussi s'assurer que la définition est claire et suffisamment détaillée pour guider l'Agence du revenu du Canada, qui devra déterminer l'admissibilité d'activités et de programmes spécifiques.
Le panel a mené de vastes consultations auprès d'organismes nationaux, provinciaux et locaux partout au Canada et a reçu une rétroaction importante. En ce moment, il examine les mémoires qui lui ont été soumis. On s'attend à ce qu'il fasse rapport au ministre des Finances d'ici la fin du mois pour que le crédit d'impôt puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2007.
Plus généralement, le régime d'impôt des particuliers comporte un certain nombre de crédits qui reconnaissent qu'une personne obligée d'assumer des dépenses inéluctables a une capacité réduite de payer de l'impôt. L'objectif de ces crédits n'est pas de créer des incitatifs ou des désincitatifs. Bien qu'aucun crédit ne vise spécifiquement à réduire l'obésité juvénile, certains crédits pourraient être réclamés au nom d'enfants obèses dans des circonstances particulières.
Par exemple, le crédit d'impôt pour frais médicaux reconnaît l'incidence de dépenses médicales et d'invalidité détaillées, spécifiques et supérieures à la moyenne sur la capacité d'un particulier de payer de l'impôt. Ce crédit d'impôt vise uniquement les articles prescrits à l'usage exclusif de personnes souffrant de troubles médicaux. Dans certaines circonstances, il est possible de déduire des dépenses particulières au nom d'enfants obèses.
De la même façon, le crédit d'impôt pour personnes handicapées améliore l'équité fiscale en offrant un allégement fiscal aux personnes qui, à cause d'une ou plusieurs déficiences sévères et prolongées d'une fonction physique ou mentale, ont ou auraient une capacité très réduite de fonctionner dans la vie quotidienne si elles ne recevaient pas en permanence des soins pour soutenir une fonction vitale. Il faut que leur condition soit certifiée par un médecin qualifié. À l'instar du crédit pour frais médicaux, le crédit pour personnes handicapées peut être réclamé au nom d'enfants obèses, mais vraisemblablement dans des circonstances très limitées.
C'était là un bref aperçu d'une mesure fiscale spécifique et des grandes lignes du traitement accordé aux coûts liés à la santé dans le régime d'impôt des particuliers. J'espère avoir aussi dégagé certaines considérations qui façonnent la législation et les politiques, particulièrement en ce qui a trait au crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Chose certaine, de nombreuses autres idées ont été avancées un peu partout dans le monde en ce qui concerne le régime alimentaire, la santé et l'activité physique.
Nous voudrions maintenant résumer à l'intention du comité la grile d'examen et les principaux facteurs qu'utiliserait le ministère des Finances pour évaluer des instruments économiques de nature fiscale.
Pour ce faire, je vais céder le micro à mon collègue Alex Lessard.
Le recours au régime fiscal pour promouvoir des objectifs de politique publique doit se faire, comme nous nous en doutons tous, de façon judicieuse. Pour un objectif donné, l'utilisation du régime fiscal doit être soupesée par rapport à celle d'autres instruments stratégiques tels que la réglementation, les programmes de dépenses ou encore les subventions.
Les principes d'une saine politique publique exigent que le gouvernement détermine la série d'instruments, y compris, bien sûr, les instruments fiscaux, qui contribueront dans la plus grande mesure possible à la réalisation de ces objectifs, au plus bas coût possible pour le gouvernement et l'économie, de la manière la plus équitable et la plus simple qui soit. Soulignons que les initiatives doivent également être menées dans le contexte d'un engagement d'équilibre budgétaire et de saine gestion financière.
Les propositions de nouvelles mesures fiscales peuvent être évaluées en tenant compte des critères suivants — et j'espère que vous avez tous reçu le petit tableau que j'ai fait distribuer —: l'efficacité quant à l'atteinte de l'objectif des politiques publiques, l'incidence financière et les incidences légales, l'efficacité économique, l'équité et la simplicité. Soulignons aussi que ces propositions sont évaluées au cas par cas, et que le poids accordé à chaque critère peut varier en fonction de la mesure qui est proposée.
Pour ce qui est du premier critère, soit l'efficacité quant à l'atteinte de l'objectif de la politique publique, on peut le diviser en quatre aspects : le ciblage, la réaction des agents économiques, les expériences d'autres juridictions ainsi que la mesure des résultats. Quant au premier aspect, c'est-à-dire le ciblage, il existe deux facteurs importants. D'une part, nous devons maximiser la corrélation entre les produits affectés par la mesure fiscale et l'objectif de la politique publique. D'autre part, nous devons choisir adéquatement l'instrument fiscal qui sera utilisé. Quand je parle d'instrument fiscal, j'entends par là le régime d'impôt des particuliers, l'impôt sur le revenu, la taxe de vente, la taxe d'accise, et ainsi de suite.
Pour ce qui est du deuxième facteur, soit la réaction des agents économiques, il faut déterminer si ceux-ci vont changer leur comportement face à une nouvelle mesure fiscale, une taxe, par exemple, et, le cas échéant, dans quelle mesure ils le feront.
Un troisième facteur très important consiste à tirer profit de mesures similaires qui sont ou étaient en vigueur dans d'autres juridictions, que ce soit des provinces ou des pays. Nous devons analyser le contexte qui prévalait au moment de leur mise en application ainsi que les résultats obtenus par rapport aux objectifs.
Quant au quatrième critère, à savoir la mesure des résultats, il est très important de bien évaluer la capacité du gouvernement de mesurer les résultats d'une mesure fiscale. De cette façon, il est plus facile de réévaluer la mesure et de prendre les dispositions qui s'imposent.
Dans le cas du deuxième critère général, on parle des incidences financières et légales. Les mesures peuvent être incitatives ou dissuasives. Chacune de ces mesures a vraisemblablement un impact sur les revenus du gouvernement. Bien sûr, une mesure incitative, un crédit d'impôt, par exemple, fera sans doute diminuer les revenus de l'État alors qu'une mesure dissuasive telle qu'une taxe devrait les augmenter. Dans un cas comme dans l'autre, toujours dans un contexte d'équilibre budgétaire, ces hausses ou baisses de revenu pourraient avoir un impact sur d'autres taxes et impôts, ou encore sur les dépenses de l'État.
L'incidence financière indirecte est un deuxième critère. Il est important, en ce qui a trait aux incidences financières indirectes, d'évaluer dans quelle mesure une proposition fiscale pourrait affecter l'assiette de l'impôt sur le revenu ou encore l'assiette de la TPS ou de la TVH. Tout changement à cet égard pourrait avoir des répercussions financières sur les provinces.
Les précédents constituent un troisième aspect. Il importe de prendre en considération que certaines mesures incitatives visant à cibler une industrie en particulier pourraient créer des demandes similaires de la part d'autres industries et, par le fait même, augmenter les pressions sur le cadre fiscal du gouvernement.
Enfin, il est impératif de s'assurer que toute mesure fiscale mise en avant ne contrevient à aucun accord conclu entre le Canada et d'autres juridictions, ou encore à la Constitution, ce qui inclut évidemment la Charte canadienne des droits et libertés.
Nous abordons maintenant le volet de l'efficacité économique. En plus de l'analyse globale coût-bénéfices, nous tenterons de vérifier quelques critères relatifs à la mesure fiscale. Par exemple, va-t-elle favoriser une utilisation plus productive des ressources ou encore stimuler l'innovation? Au contraire, cette mesure créera-t-elle des effets pervers comme, par exemple, la création d'un marché noir? Une autre possibilité, en termes d'effets pervers, est qu'en augmentant trop une taxe, la mesure devienne prohibitive et élimine les revenus plutôt que les générer. En matière de compétitivité, les effets de toute mesure de ce genre qui serait envisagée devraient, bien sûr, être pris en considération, que ce soit au niveau provincial ou international.
Les coûts d'administration sont un aspect qui n'est vraiment pas à négliger. Il s'agit d'une composante inhérente à toute politique publique, qu'il s'agisse d'un programme de dépenses ou d'une mesure fiscale.
Enfin, les coûts d'ajustement modifient le comportement des mesures fiscales et les mesures entraînent de nouveaux ajustements sur les marchés. Celles-ci occasionnent pour leur part des coûts sociaux ou économiques. Par exemple, si on impose une taxe sur un bien donné, il est possible que des entreprises voient leurs ventes chuter et décident de fermer des usines. Il peut alors y avoir des pertes d'emploi, et ainsi de suite.
Pour ce qui est de l'équité, il est important d'être en mesure d'estimer son application sur les mesures fiscales car celles-ci peuvent entraîner un fardeau ou un avantage qui serait disproportionné pour certains groupes d'individus. Cela pourrait s'appliquer à certaines régions ou à certaines industries.
La simplicité au niveau de la conception, de l'application et de l'observation d'une mesure fiscale est le dernier critère. Une mesure fiscale est d'autant plus efficace qu'elle est relativement simple à appliquer et facile à comprendre par les contribuables touchés. Par contre, si le ciblage de la mesure ou son ajustement au fil du temps requièrent un ensemble de règles complexes, cet avantage peut disparaître. Le régime fiscal risque alors de devenir trop compliqué, qu'il s'agisse de la conception, de l'application ou de l'observation des mesures fiscales.
Pour conclure, j'aimerais simplement dire que le gouvernement dispose d'un éventail d'instruments stratégiques pour atteindre ses objectifs de politique publique. Parmi ceux-ci figurent des instruments économiques et, bien sûr, des instruments fiscaux, telles que des taxes à la consommation ou des crédits d'impôt.
Toute proposition fiscale peut être évaluée à la lumière des cinq critères de base que nous venons de présenter. Quel que soit l'objectif poursuivi, le gouvernement doit tenir compte de tous les instruments stratégiques disponibles et retenir les solutions pouvant donner les meilleurs résultats au coût le moins élevé, de la façon la plus simple et, bien sûr, la plus équitable possible.
Nous sommes maintenant disposés à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. J'apprécie votre invitation à comparaître devant le comité.
Le Centre pour la science dans l'intérêt public (CSIP) est un organisme sans but lucratif qui s'occupe à promouvoir la santé et se spécialise dans les questions de nutrition et de salubrité des aliments. Nous avons des bureaux à Ottawa et à Washington, D.C. Le bureau du CSIP à Ottawa tire son financement de plus de 100 000 abonnés à l'édition canadienne de son bulletin mensuel Nutrition Action Healthletter, qui est lu par plus de 1 000 résidants dans la plupart des circonscriptions électorales fédérales. Le CSIP n'accepte de soutien financier ni de l'industrie ni de l'administration publique et Nutrition Action ne publie aucune publicité.
Les maladies liées au régime alimentaire constituent un problème de santé publique urgent dans notre pays. La plupart des Canadiens consomment trop de calories, trop de gras trans et saturés, de sel, de farine raffinée et de sucres ajoutés, et pas assez de légumes, de fruits, de grains entiers et de légumineuses. Chaque année, les maladies cardiovasculaires, le diabète et certaines formes de cancer liés au régime alimentaire sont la cause de dizaines de milliers de décès prématurés au Canada, selon Santé Canada, et coûtent 6,6 milliards de dollars par année à l'économie canadienne en coûts de soins de santé et en perte de productivité. Ces chiffres font état de décès évitables et de pertes financières à grande échelle, mais le gouvernement du Canada n'a pas fait grand-chose pour améliorer la situation.
Santé Canada pourrait mettre à profit son expertise en nutrition en aidant les autorités provinciales en éducation à élaborer un programme d'étude sur la santé, la nutrition et la cuisine, et à définir les critères nutritionnels des services alimentaires en milieu scolaire. Le gouvernement fédéral pourrait aussi utiliser son pouvoir de dépenser et devenir le dernier pays de l'OCDE à subventionner un programme national de repas à l'école pour que tous les enfants, indépendamment de leurs moyens ou région, prennent un repas qui soit bon pour leur santé et leur apprentissage. En comparaison, en 2005, le gouvernement fédéral des États-Unis a versé environ 11 milliards de dollars canadiens pour subventionner les repas à l'école.
Le Parlement devrait revoir les règles de publicité de la Loi sur les aliments et drogues et de la Loi sur la concurrence pour s'assurer qu'il protège adéquatement les enfants contre la myriade de publicités faisant la promotion d'aliments faibles en nutriments et de produits favorisant une vie sédentaire, comme les jeux vidéo et les émissions de télévision. Une intervention rapide du Parlement est préférable à des années de batailles juridiques pour établir un précédent, au bout desquelles le juge décidera de toute façon que les publicités ciblant les enfants sont essentiellement trompeuses — donc illégales — étant donné la susceptibilité particulière des enfants à la manipulation.
Au lieu de rester assis sur les lauriers qu'ils ont gagnés en rendant obligatoire l'étiquetage nutritionnel sur la plupart des aliments préemballés, comme l'ont fait certains fontionnaires, nous espérons que le gouvernement, les membres du comité et leurs collègues du caucus appuieront l'amélioration des règles d'étiquetage existantes au moment de voter sur le projet de loi à la Chambre des communes, le 8 novembre.
La réglementation actuelle devrait réduire le fardeau des maladies liées au régime alimentaire d'environ 4 p. 100 et rapporter cinq milliards de dollars en bénéfices économiques cumulatifs au cours des 20 prochaines années. Ces bénéfices, qui exigent une dépense ponctuelle d'environ un cinquième d'un pour cent des ventes d'aliments pendant la première année de la période de transition, assurent un rendement de 2 000 p. 100.
Les enfants et les adultes mangent habituellement les aliments provenant des mêmes fabricants et des mêmes restaurants. Ils vivent aussi dans le même milieu physique et social. Comme le disent les spécialistes de la santé de la population, ils baignent dans le même bain. Par conséquent, si on se limite aux endroits où les enfants peuvent être ciblés en exclusivité, comme les écoles, pour s'attaquer à leurs problèmes d'obésité, le succès ne sera que partiel.
Bon nombre de nos recommandations font écho aux stratégies pour une vie saine de l'Organisation mondiale de la santé et de la stratégie pancanadienne. Toutefois, le gouvernement fédéral, qui a endossé ces deux stratégies, n'a guère progressé dans la mise en oeuvre des politiques et des programmes de financement recommandés.
Grâce à son influence scientifique, Santé Canada pourrait encourager les fabricants d'aliments à réduire la quantité de sel qu'ils ajoutent aux aliments transformés et aux aliments de restaurants — source de trois quarts du sodium que nous ingérons — comme le font déjà le Royaume-Uni et la France, et comme l'OMS veut inciter activement ses membres à le faire à la réunion technique qui débute aujourd'hui à Paris.
Si l'on extrapole à partir d'une étude réalisée aux États-Unis, une baisse de 50 p. 100 de la consommation de sodium pourrait réduire de 15 000 par année le nombre de décès par crise cardiaque et par accident vasculaire cérébral au Canada. On pourrait aussi éviter des centaines, voire des milliers de décès prématurés chaque année si on éliminait les gras trans de l'alimentation.
Les recommandations visant à réformer la taxe de vente sur les aliments ont été défendues dans les rapports d'experts publiés par de nombreux organismes, dont je ne dresserai pas la lise exhaustive : l'Institut canadien d'information sur la santé, l'Organisation mondiale de la santé, le médecin chef du ministère de la Santé de l'Ontario et l'Institute of Medicine des États-Unis, qui a commis deux rapports. Chose intéressante, la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains, un document fédéral, provincial et territorial appuyé par tous les ministres de la Santé indépendamment de leurs affiliations politiques, recommande aux gouvernement canadiens d'entreprendre « une étude de faisabilité de mesures fiscales pour encourager les modes de vie sains (c.-à-d. des crédits d'impôt/pénalités fiscales, des subventions, le soutien des prix, etc.). »
Nous recommandons à la fois des mesures de taxation et d'allégement fiscal, selon les profils nutritifs des produits alimentaires. À l'heure actuelle, un peu plus du tiers des dépenses en produits alimentaires des Canadiens sont assujetties à la TPS, ce qui génère des recettes fiscales fédérales d'au moins deux milliards de dollars par année. La Loi sur la taxe d'accise semble reconnaître partiellement l'importance de la nutrition en prélevant des taxes sur les bonbons, les boissons gazeuses et les grignotines. Toutefois, la loi favorise un régime alimentaire malsain en prélevant la TPS sur des aliments sains comme le lait faible en gras, les assiettes de légumes et de fruits et les petites bouteilles d'eau vendues au détail.
Parallèlement, de nombreux aliments malsains, tels les céréales sucrées pour le petit déjeuner, le shortening riche en acide gras trans, le fromage à forte teneur en matière grasse, les ailes de poulet, la crème pour le café, et même les aliments de luxe malsains comme le caviar salé, sont exempts de TPS.
Le gouvernement fédéral devrait se demander sérieusement si les mesures économiques dissuasives à l'égard d'aliments sains et l'allégement fiscal sur des aliments nuisibles à la santé concordent avec son engagement (ou celui de tout gouvernement) à l'égard de la réduction du fardeau des maladies chroniques sur la société. En vérité, les mesures de taxation incitatives devraient être intelligentes, et non stupides. Elles devraient contribuer à la prévention des maladies et favoriser l'efficacité au lieu de nuire à l'efficacité et de promouvoir la maladie.
Dans une étude publiée dans le British Medical Journal, un épidémiologiste britannique estime qu'en appliquant la taxe de 17,5 p.100 sur la valeur ajoutée du Royaume-Uni à une poignée de catégories de produits alimentaires à forte teneur en graisses saturées, la réduction de la consommation de graisses saturées serait suffisante pour prévenir entre 1 800 et 2 500 décès par année attribuables aux maladies cardiovasculaires. En outre, les chercheurs qui ont examiné la situation aux États-Unis, au Danemark, en Tanzanie, en Chine et en Norvège ont accrédité l'idée que les taxes et les prix incitatifs pouvaient infléchir les habitudes alimentaires d'une population. Parmi les chercheurs, même les détracteurs de la réforme des taxes sur les produits alimentaires ont prédit des effets similaires sur la consommation de matières grasses, en omettant toutefois de prendre en compte le très grand nombre de vies qui pouvaient être sauvées par de tels changements dans le régime alimentaire.
Tout comme l'a prouvé l'expérience réussie des taxes sur le tabac, des mesures fiscales bien pensées pourraient aider le public à prendre conscience des coûts engendrés par les choix alimentaires et promouvoir une alimentation saine. Qui plus est, on pourrait amplifier les effets de l'ajout de la TPS au prix des aliments à faible apport d'éléments nutritifs en exigeant des fabricants d'aliments imposables qu'ils indiquent que leurs produits sont assujettis à la TPS, ce qui lancerait un autre signal aux consommateurs. Ainsi, les fabricants auraient intérêt à modifier leurs aliments de façon à améliorer leur profil nutritif, par exemple, en y ajoutant moins de sucre et de sel et plus de grains entiers, de fruits ou de légumes, ou en remplaçant les graisses saturées par des graisses non saturées.
À l'heure actuelle, le Canadien moyen dépense environ 56 $ par année en TPS sur l'achat de produits alimentaires. En 2006-2007, le crédit pour taxe sur les produits et services permettra de rembourser 354 $ au contribuable célibataire gagnant 20 000 $ par année, et 708 $ à la famille de quatre personnes touchant le même revenu. Il serait possible d'accroître ces dégrèvements de quelques dollars par personne pour neutraliser tout autre effet régressif de la réforme de la TPS, ou de les augmenter plus généreusement pour réduire l'insécurité alimentaire.
En conclusion, les responsables de l'élaboration des politiques ne peuvent reculer dans le temps et revenir à l'époque où les taux d'obésité n'avaient pas encore commencé à grimper. Ils doivent prendre en considération les « causes des causes » de l'obésité chez les enfants et des autres maladies liées au régime alimentaire, pour ensuite se pencher sur les solutions qui, d'après les meilleurs renseignements disponibles, seront bénéfiques pour la santé de la population.
Certaines entreprises alimentaires et médiatiques se défendent en pointant du doigt les pratiques parentales ou en surestimant le bon jugement des enfants en adhérant à des concepts comme le « kid power ». Il s'agit d'excuses pour esquiver leurs responsabilités et justifier leur inertie. En vérité, ce sont les changements radicaux survenus à l'échelle nationale, voire mondiale, dans les politiques sur les taxes de vente, les recommandations alimentaires des gouvernements, la fabrication des aliments, les pratiques de marketing, les programmes scolaires, ainsi que la croissance sans précédent de technologies sédentaires médiatiques et informatiques utilisées pour le marketing, le divertissement et le travail qui ont façonné un environnement nuisible à la santé des adultes et des enfants. Les gouvernements devraient activement élaborer des programmes et des politiques pour corriger les erreurs passées et prévenir les effets négatifs sur la santé et l'économie qu'ont ces transformations sociales importantes.
Merci.
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Je remercie les membres du comité de cette occasion de prendre la parole devant eux aujourd'hui.
Je suis économiste de la santé à l'Université de l'Alberta. Aujourd'hui, je m'attacherai aux interventions sur les prix des aliments puisque c'est mon domaine d'expertise, mais il ne faudrait pas en conclure que d'autres formes d'intervention ne peuvent être envisagées.
Comme vous le savez, l'obésité et les maladies liées au régime alimentaire sont maintenant vues comme l'une des pires menaces à la santé publique au Canada. On estime que les maladies liées à l'obésité coûtent des milliards de dollars chaque année au système de soins de santé. Une tendance est particulièrement troublante: l'augmentation observée de l'obésité chez les enfants comme l'ont attesté dernièrement les conclusions que vient de publier Statistique Canada à l'issue de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes.
Tant les décideurs que les simples citoyens se demandent si l'intervention du gouvernement est justifiée et, dans l'affirmative, quelles mesures il conviendrait de prendre. La politique fiscale a été proposée comme instrument possible pour atténuer l'incidence de l'obésité et des maladies non transmissibles liées au régime alimentaire. C'est ce qu'on appelle familièrement l'approche de la « taxe sur le gras », et je m'en servirai comme exemple pour discuter des taxes sur une vaste gamme de produits alimentaires.
Diverses versions de la taxe sur le gras ont été proposées. L'approche la plus fréquemment proposée n'est pas véritablement une taxe sur le contenu en matières grasses proprement dit, mais plutôt une taxe sur les aliments jugés indésirables sur le plan nutritif, particulièrement les aliments énergétiques à faible coefficient nutritif. Les boissons sucrées et gazeuses, les croustilles de pomme de terre et de maïs et certaines catégories d'aliments rapides ont tous été cités comme candidats à une telle taxe.
Une autre suggestion, de la même eau mais plus compliquée, consiste à taxer de grandes catégories d'aliments selon leur teneur en macronutriments dont on veut réduire la consommation. Par exemple, on pourrait imposer une taxe à l'unité sur le contenu en graisses saturées de tous les aliments que peuvent se procurer les consommateurs canadiens.
Quoi qu'il en soit, le but premier est de réduire la consommation de certains produits alimentaires ou éléments macro-nutritifs en augmentant leur prix par rapport à d'autres. En outre, une telle taxe aurait aussi pour effet d'augmenter les recettes de l'État, qui pourrait s'en servir pour financer d'autres activités de promotion de la santé, comme des programmes d'exercice pour les enfants ou des campagnes d'information sur la nutrition. Ou encore, on pourrait s'en servir pour abaisser d'autres taxes ailleurs dans l'économie.
Les chercheurs commencent à peine à étudier les effets possibles de telles taxes. Ce travail a un aspect interdisciplinaire qui pose tout un défi car il faut, dans un premier temps, relier la politique fiscale à la modification du comportement et, dans un deuxième temps, relier la modification du comportement aux effets sur la santé publique.
Malgré ces réserves sérieuses, certains thèmes apparaissent. Ainsi, des changements de prix mineurs se traduiront vraisemblablement par des changements mineurs de comportement. Il s'ensuit que des taxes légères auront une incidence minimale sur l'obésité. Des changements majeurs, comme doubler le prix des boissons gazeuses sucrées, auraient un effet dissuasif beaucoup plus radical, mais ils auraient nécessairement une forte incidence sur le portefeuille des consommateurs qui choisiraient quand même de consommer ces produits.
Fait intéressant concernant l'obésité juvénile, on ne sait guère comment les enfants réagissent aux écarts de prix. Généralement, ils n'entrent pas dans le champ des études économiques sur la demande alimentaire et, bien souvent, pour des raisons liées à l'éthique de la recherche, ils en sont délibérément exclus.
Nous ignorons à quel point les taxes sur le gras risquent d'imposer une stigmate à certains produits alimentaires. Par exemple, une taxe de 5 ¢ la bouteille sur les boissons gazeuses risque de ne pas engendrer, en soi, un changement de comportement marqué alors qu'une taxe qui s'accompagne de l'ajout sur l'emballage d'un code infamant signalant que le produit alimentaire en question est frappé d'une taxe sur le gras peut avoir un effet dissuasif beaucoup plus grand.
Un autre résultat probable est que les taxes sur les matières grasses, en particulier celles qui ciblent des catégories générales d'aliments, seront régressives en ce sens qu'elles auront une incidence relative plus importante sur le pouvoir d'achat réel des Canadiens les plus pauvres, lesquels consacrent un pourcentage plus élevé de leur revenu à l'achat d'aliments. Ils paieraient donc une portion relativement plus importante de leur revenu en taxes sur le gras. Comme l'intervenant précédent l'a fait observer, on pourrait remédier à cet inconvénient en augmentant les remises à l'égard de ces taxes. Cependant, ce serait une intervention supplémentaire.
En outre, il est fort possible que les pressions économiques orientent déjà les Canadiens à faible revenu vers les aliments riches en énergie et pauvres en nutriments que l'on veut justement cibler au moyen des taxes sur les matières grasses. La faim l'emporte peut-être sur la quête de nutriments dans beaucoup de familles qui ont une capacité limitée de payer des aliments, et les besoins de base en énergie peuvent être remplis plus facilement en achetant des aliments riches en ressources énergétiques. Des taxes qui cibleraient ces aliments pourraient bien accroître les difficultés éprouvées par nos ménages les plus vulnérables. Par ailleurs, on a également des raisons de croire qu'un régime fiscal qui ciblerait les graisses saturées ou autres éléments macro-nutritifs aurait de même une incidence disproportionnée sur les ménages les moins à l'aise. En particulier, si les revenus des taxes en question sont utilisés pour compenser les impôts sur le revenu ou pour exonérer d'autres biens de la TPS, le résultat net pourrait être un transfert des ménages pauvres aux ménages plus à l'aise.
Il faut garder à l'esprit un autre aspect: si les taxes peuvent effectivement décourager la consommation de produits ciblés, les consommateurs disposent d'un très grand éventail d'aliments qu'ils peuvent choisir pour les remplacer. C'est ce qu'on appelle un problème de ciblage. Un consommateur qui est découragé d'acheter une boisson gazeuse sucrée qui est frappée d'une lourde taxe peut choisir à la place un autre aliment qui n'est pas plus souhaitable du point de vue nutritif.
Le seul moyen de mettre en oeuvre une taxe est de préciser clairement dans la loi ou dans le règlement à quoi et de quelle manière s'applique la taxe en question. Par exemple, une taxe sur les boissons gazeuses contenant du sirop de maïs riche en fructose qui ne s'applique pas à la limonade non gazéifiée contenant du sucre de canne peut inciter les consommateurs à remplacer un aliment riche en calories et pauvre en nutriments par un autre possédant des caractéristiques semblables. Si nous convenons que le cola et la limonade de ce dernier exemple devraient être tous les deux assujettis à la taxe, mais qu'il faut exclure les boissons renfermant 10 p. 100 de jus véritable, les producteurs vont reformuler leurs produits en conséquence et les consommateurs vont agir en fonction de leur portefeuille et acheter les nouveaux produits.
Dès que l'on trace une ligne de démarcation très nette, les gens n'hésitent pas à franchir la ligne pour éviter de payer la taxe. Le résultat net peut être de réorienter la consommation tout en obtenant des avantages négligeables sur le plan de la santé.
Des taxes sur les éléments macro-nutritifs peuvent poser des problèmes semblables, car beaucoup d'aliments touchés peuvent avoir à la fois des propriétés alimentaires désirables et indésirables. Une taxe qui décourage les pré-adolescents de consommer d'importantes quantités de crème glacée riche en graisses saturées peut sembler attrayante, mais la même taxe peut aussi augmenter le prix des produits fabriqués avec du lait entier que la plupart des diététistes encouragent les parents à acheter pour leurs bambins. Il serait difficile, voire impossible de taxer le même produit différemment pour des usages différents.
Certaines études indiquent également que les taxes sur les éléments macro-nutritifs peuvent même avoir des effets contraires à ceux recherchés. L'intervenant suivant abordera peut-être cet aspect dans son exposé.
Une solution de rechange à envisager est de subventionner les aliments dont nous souhaitons encourager la consommation, comme les fruits et les légumes frais. De telles subventions avantageraient tous les consommateurs et pourraient offrir les plus grands avantages aux consommateurs à faible revenu. Contrairement à ce que je disais tout à l'heure au sujet de la difficulté de cibler une taxe sur les graisses, nous pouvons être davantage certains que les consommateurs seront encouragés à manger en plus grande quantité les aliments qui bénéficient de ce que j'appellerais des subventions légères.
J'ai participé à des travaux qui semblent indiquer que de telles subventions pourraient aussi réduire davantage les maladies de manière directe — c'est-à-dire outre l'incidence indirecte obtenue par la réduction de l'obésité — si elles ciblent des aliments dont on sait qu'ils contribuent à la prévention des maladies comme les accidents cérébro-vasculaires, les crises cardiaques ou le cancer. Il est vrai que de telles subventions entraîneraient nécessairement des dépenses pour le gouvernement et que le coût serait en définitive assumé par les contribuables, mais elles aideraient d'autre part les mêmes consommateurs au moment de payer leur commande au supermarché et, avec le temps, elles pourraient aussi entraîner une baisse des dépenses publiques consacrées aux soins de santé. Cependant, il n'en demeure pas moins que cette approche impose la tâche difficile de choisir ce qui doit être subventionné et ce qui ne le sera pas.
Les membres du comité pourraient aussi réfléchir aux programmes qui sont déjà en place et qui influent sur le prix des aliments de manière à exercer une influence indésirable sur les choix alimentaires. Le témoignage de l'intervenant précédent a mis en lumière certaines tensions qui existent dans le régime fiscal actuel. Par exemple, au Canada, nous avons aussi largement fait appel aux subventions indirectes et directes, au régime des prix administrés et à la réglementation du marché pour appuyer certains secteurs de la production agricole. Tout cela influe sur les prix, et partant, sur le comportement. Un autre exemple est celui de la multiplication des échanges avec nos voisins. L'accroissement du commerce des produits alimentaires augmente l'accès des consommateurs aux fruits et légumes frais, mais aussi leur accès au sirop de maïs riche en fructose.
Il y a aussi tout un éventail de politiques sans rapport avec les aliments qui peuvent influer indirectement sur le régime alimentaire. Comme ces programmes ont été établis à l'origine sans aucun rapport avec la politique de la santé, il n'est pas du tout étonnant que le résultat net sur la santé publique puisse être négatif. De la même manière que le processus d'élaboration des politiques est de plus en plus assujetti aux exigences de l'évaluation de l'incidence environnementale, peut-être que les politiques agricoles et alimentaires devraient être élaborées en appliquant un filtre de la santé afin d'éviter tout résultat contraire à celui recherché sur le régime alimentaire. On devrait peut-être envisager de changer les programmes qui ont actuellement l'incidence la plus négative sur la santé publique avant d'imposer de nouvelles taxes.
Je crois fermement que le gouvernement a un rôle à jouer dans le dossier de l'obésité juvénile et de la promotion d'un régime alimentaire sain. Pourtant, comme mes observations d'aujourd'hui l'indiquent, l y a lieu de se demander si de nouvelles taxes peuvent être particulièrement efficaces pour atteindre les objectifs de la société dans ce domaine. C'est toutefois une bonne chose de tenir un débat sur les taxes sur les graisses, surtout que cela met en lumière l'extrême importance de l'accès aux aliments et du prix abordable des aliments dans le dossier de l'alimentation et de l'obésité.
Je vous remercie de m'avoir invité ici aujourd'hui et je suis disposé à répondre à toutes vos questions tout à l'heure.
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Je remercie le comité de m'avoir invité ici aujourd'hui. Je travaille dans le domaine de l'économie agricole depuis 30 ans et personne ne m'a jamais invité à aller parler des travaux que j'ai menés. Je suis donc ravi d'avoir cette occasion. Je sais que Sean ne travaille pas dans ce domaine depuis aussi longtemps que moi. Il est donc très chanceux que cela lui arrive au début de sa carrière. J'espère seulement que vous ne regretterez pas votre décision.
Des voix: Oh, oh!
M. J. Stephen Clark: Je travaille sur le dossier des taxes sur les graisses depuis environ deux ans. J'ai collaboré à ce sujet avec mes collègues chercheurs en économie au Département de l'agriculture des États-Unis. Bien sûr, le problème de l'obésité se pose également aux États-Unis, où il est essentiellement le même que chez nous. Il y a aussi des problèmes d'obésité au Royaume-Uni, en Allemagne. À cet égard, il est intéressant que votre comité se penche en particulier sur l'obésité juvéniles parce qu'il semble que ce soit précisément la plus grande source d'inquiétude.
Je voudrais vous parler aujourd'hui du style de taxe sur les graisses que l'on pourrait envisager d'imposer. Si l'on réclame des taxes sur les graisses, c'est essentiellement pour taxer les aliments qui ne sont pas sains afin d'améliorer notre santé. Autrement dit, pour réduire la quantité d'aliments malsains que nous mangeons, ce qui, espérons-le, atténuerait le problème de l'obésité.
Nous pourrions nous y prendre de deux manières différentes, et les deux intervenants précédents en ont d'ailleurs parlé. Nous pourrions taxer la teneur en éléments nutritifs de l'aliment, en nous fondant sur ce que nous estimons être les effets malsains d'un nutriment en particulier. C'est ce que l'on appelle une taxe d'accise, et c'est une possibilité. Mais ce n'est pas de cela dont je vais vous parler aujourd'hui et ce n'est pas là-dessus que mes travaux portaient, bien que j'aie aussi des idées sur la question, si vous voulez aborder le sujet plus en profondeur.
La solution que j'ai examinée consiste essentiellement à taxer des groupes de denrées parce que nous croyons qu'ils sont malsains. Par exemple, des taxes sur les aliments vides ou la malbouffe, enfin les aliments qui sont malsains. Voilà les taxes que j'ai étudiées.
Vous devez comprendre que si l'on taxe un groupe d'aliments — par exemple le prêt-à-manger — il faut savoir que dans un tel groupe, on trouve une foule d'aliments différents dont la teneur en graisse varie. Donc, si l'on prend cette grande catégorie d'aliments et qu'on les taxe tous au même taux, on se trouve en fait à taxer une catégorie générale à un taux uniforme, alors que dans cette catégorie, il y a plusieurs niveaux différents de nutriments. On trouve dans ce groupe des éléments à forte teneur en graisse ou à faible teneur en graisse.
On pourrait par exemple envisager de taxer les biscuits. Si vous allez dans un magasin pour examiner la marchandise, vous verrez qu'on y trouve une foule de biscuits très différents, et il est bien possible que certains de ces biscuits qui ont la plus faible teneur en graisse soient aussi les plus chers et les biscuits de la meilleure qualité du point de vue du consommateur. Les biscuits de faible qualité pourraient bien être les biscuits à forte teneur en graisse.
L'un de mes collègues m'a déjà dit qu'à son avis, augmenter la teneur en graisse des aliments est un moyen commode et bon marché de donner plus de goût à cet aliment. Encore une fois, si l'on prend l'exemple des biscuits, on pourrait penser que le fabricant ajoute beaucoup de graisse à ses biscuits pour ensuite les vendre très bon marché. Si l'on taxe uniformément tous les biscuits, on se trouve à taxer ce que nous appelons le composite. Nous ne taxons pas le groupe d'aliments en particulier; nous taxons plutôt le composite. C'est une taxe sur les biscuits de conception grossière.
Et si le biscuit qui coûte cher et qui est de bonne qualité est effectivement le biscuit qui a la plus faible teneur en gras, et si l'on taxe ce biscuit, les consommateurs vont chercher à éviter de payer la taxe. Les consommateurs pourraient facilement payer moins de taxes en délaissant les biscuits à faible teneur en gras et de grande qualité pour les remplacer par des biscuits à forte teneur en gras et de faible qualité, parce qu'ils coûtent moins cher.
En fait, si l'on examine les groupes d'aliments de base — j'ai passé pas mal de temps à examiner la question — il se trouve que les aliments à faible teneur en gras, qui sont meilleurs pour la santé dans un groupe alimentaire, sont généralement les plus chers. Il donc fort possible que si l'on taxe le composite en entier, les consommateurs passent du produit à faible teneur en gras au produit à forte teneur en gras. Autrement dit, ils pourraient manger une plus grande quantité de l'aliment malsain que l'on essaye de taxer.
Je voudrais vous parler de ce phénomène du remplacement parmi les composites, mais il est également vrai que les consommateurs ne mangent pas exclusivement un groupe d'aliments en particulier. Ils ne s'assoient pas à table pour manger des biscuits ou de la crème glacée. Ils mangent un repas. C'est ainsi que si l'on taxe un élément du repas en particulier, on peut influer sur d'autres aliments faisant partie du repas.
Par exemple, supposons qu'on considère les biscuits comme un dessert. Eh bien, si un biscuit est un dessert et que l'on taxe les biscuits, et si le consommateur ne veut plus manger de biscuits, il se pourrait bien qu'il les remplace par de la crème glacée. Or la crème glacée contient peut-être plus de matières grasses que les biscuits. Le problème ne se situe donc pas seulement au niveau du changement d'aliment à l'intérieur d'un composite. Les consommateurs peuvent aussi changer d'aliment à l'intérieur d'un même groupe alimentaire et se retrouver ainsi avec un régime alimentaire moins sain en choisissant des aliments qui peuvent contenir plus de gras ou qui sont moins bons pour la santé.
Il y a donc cette double problématique. Il y a le problème du composite et le problème du choix des aliments à l'intérieur des groupes d'aliments, et l'on pourrait obtenir un résultat contraire à celui recherché. Autrement dit, on pourrait rendre les gens encore plus obèses en accroissant le prix de ces groupes d'aliments.
J'ai passé un peu de temps à étudier les chiffres observés aux États-Unis et j'ai constaté qu'avec le temps, les Américains ont graduellement adopté des aliments moins riches en matières grasses. C'est ce qui s'est passé. On observe donc que les gens choisissent des aliments plus sains à mesure qu'ils sont mieux renseignés.
Les Américains considèrent également que la teneur en matières grasses d'un aliment est une caractéristique de mauvaise qualité. Quand les prix baissent, les consommateurs américains passent à des aliments qui contiennent moins de gras et quand les prix augmentent, ils adoptent des aliments plus riches en gras. Les Américains considèrent aussi que la teneur en matières grasses d'un aliment est une caractéristique inférieure. Autrement dit, à mesure que leur revenu augmente, ils recherchent moins cette caractéristique dans leurs aliments.
Il y a aussi un changement considérable entre ce que j'appelle la quantité d'aliments, mesurée en kilocalories, et la qualité des aliments, mesurée selon la teneur en matières grasses. Les consommateurs semblent vouloir conserver cette constante, de sorte que s'ils accroissent un élément de l'équation, ils ont tendance à diminuer l'autre. Ils se disent donc que, s'ils veulent manger des aliments très gras, ils vont manger moins de kilocalories, et c'est ainsi qu'ils s'efforcent de conserver une stabilité relative. De plus, il y a des changements considérables entre les groupes d'aliments du repas qui pourraient entraîner des résultats très étranges pour ce qui est de la quantité de gras que les gens consomment.
C'est ce qu'indiquent mes résultats. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions et je remercie le comité de m'avoir invité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous les témoins venus comparaître devant nous aujourd'hui. Tous les exposés que nous avons entendus étaient excellents.
Je veux tout d'abord parler de la TPS. Quiconque se sent à l'aise de répondre peut le faire. N'hésitez pas à plonger.
L'imposition de la TPS sur les aliments malsains a-t-elle été évaluée? A-t-on étudié son incidence sur la consommation de ces produits? Dans l'affirmative, j'aimerais savoir quels ont été les résultats de cette étude. Sinon, serait-il possible d'analyser les coûts et les avantages de l'actuel système de la TPS par rapport à ce que nous tentons d'accomplir, soit convaincre les gens de manger mieux et ainsi d'améliorer leur santé?
Deuxièmement, compte tenu de la structure fiscale actuelle de la TPS, serait-il faisable d'établir un critère nutritif — j'aime cette idée que j'ai entendue pour la première fois aujourd'hui — qui départagerait les aliments taxables des aliments non taxables, dans un effort pour promouvoir une alimentation saine et prévenir l'obésité? Je pense que cela enverrait certainement un message aux consommateurs. En voyant un gros collant rouge marqué TPS sur un produit, les gens sauraient qu'il s'agit d'un aliment malsain. Un produit sans collant rouge serait un aliment sain.
Dans tout ce débat, je suis plutôt déchiré aujourd'hui car il existe certainement un équilibre dans l'État-providence. Certes, l'État providence, dieu merci, paie pour les soins de santé, les angioplasties et les pontages coronariens, mais il y a un conflit entre l'État providence et la démarche libertaire axée sur la liberté de choix de l'individu. C'est moi qui choisis de manger des biscuits. Il ne s'agit pas de punir les gens qui choisissent certains aliments. Il existe donc véritablement un équilibre.
Si vous voulez bien commenter ces deux brèves observations au sujet de la TPS, je l'apprécierais beaucoup. L'idée d'un critère nutritif me plaît bien.
Je vais attendre la réponse avant de poser ma deuxième question. Je crains toujours que vous m'interrompiez, monsieur le président.
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Je peux répondre à cette question.
Vous avez raison de dire que nous faisons déjà des distinctions au niveau des règles de la TPS. Pour ce qui est de votre observation au sujet de la nounoucratie, contexte qui nous occupe, ce sont des enfants dont il s'agit. Les enfants ont des nounous, et c'est probablement une bonne chose.
Mais en réponse à votre question générale sur la TPS, aucune étude n'a été faite. On peut toutefois se servir de certaines données disponibles pour anticiper l'effet de la TPS sur les expéditions de boissons gazeuses, et ces données sont fort intéressantes. L'entrée en vigueur de la TPS, en 1992, a en fait abaissé la taxe sur les boissons gazeuses consommées au pays qui étaient auparavant assujetties à la taxe sur les ventes des fabricants, fixée à 13,5 p. 100. La consommation intérieure a augmenté légèrement, mais les exportations ont explosé puisque ces boissons se sont retrouvées complètement exemptes de taxe.
Même si les données sur les recettes tirées de la TPS sont uniquement recueillies pour l'ensemble des produits, les fonctionnaires du ministère des Finances pourraient calculer assez précisément l'incidence de la TPS en examinant les données historiques sur les ventes A.C. Neilson, qui peuvent être ventilées par catégorie de produit. Ils pourraient simplement consulter les règles et voir quels produits sont assujettis à la taxe.
Quant à savoir comment on pourrait élaborer des critères de nutrition pour établir des distinctions, la U.K. Food Standards Agency du Royaume-Uni a demandé à un professeur de l'Université d'Oxford de mettre au point un système de notation des aliments. Je pense que c'est une avenue très prometteuse. Il a donc réparti les aliments selon trois niveaux de qualité nutritionnelle: très utile, médiocre et faible.
Je vais continuer dans la même veine que Bill.
Bill, je crois savoir que c'est assurément ce que PepsiCo avait tenté de faire. Le président nouvelle vague de la société a tenté de répartir les aliments en trois groupes: les aliments décadents, neutres et santé. Feu rouge, feu jaune ou feu vert, selon le contenu en matières grasses, en sucre, en sel, etc.
Je suis tout à fait d'accord avec vous au sujet du guide alimentaire et du tableau qui figure à l'endos. Je suis médecin et je ne m'y retrouve absolument pas. Si nous voulons transmettre aux gens un message simple et leur dire que nous préférerions qu'ils mangent des aliments santé et que nous allons y voir en faisant en sorte que les aliments santé soient moins chers, alors nous devons démontrer aux Canadiens, dans tout ce que nous faisons, que ce soit pour l'environnement ou la nutrition ou la santé, que nous avons effectivement une préférence.
J'invite les témoins à commenter cela. Si un groupe d'experts pouvait nous aider à mettre au point un système comportant un feu rouge, un feu jaune et un feu vert, et si l'on appliquait la TPS aux produits rangés dans la catégorie du feu rouge, est-ce que nous pourrions prendre de telles mesures parallèlement? J'ai entendu les témoins nous dire qu'il faut faire quelque chose pour que les produits dans la catégorie feu vert soient disponibles dans les écoles, comme on le fait au Royaume-Uni avec le programme de distribution de pommes. Il y a dans ma circonscription une personne âgée qui fourre son nez partout, Fiona Nelson; elle dit toujours que quand elle enseignait à l'école maternelle il y a 40 ans, elle pouvait commander la quantité de lait dont les enfants avaient besoin le matin, et le lait en question apparaissait comme par miracle dans la classe le lendemain. Nous avons régressé pour ce qui est de donner aux enfants ce dont ils ont besoin — et nous entendons certes parler du problème de distance.
Dites-moi sur quoi se penche le groupe d'experts dans le domaine de l'activité physique. Quel est leur mandat?
Par ailleurs, pourrions-nous avoir au Canada un groupe d'experts qui serait chargé de ranger tous les aliments dans les catégories rouge, orange ou verte, et nous imposerions la TPS sur les produits classés dans le rouge?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du panel. Chose certaine, nous avons entendu des observations très intéressantes cet après-midi.
Je pense que tous mes collègues conviendront avec moi d'une chose : même si nous avons entendu bien des propos intéressants et très différents, je ne suis pas du tout certaine que nous soyons tellement avancés pour ce qui est de déterminer le meilleur moyen à prendre pour s'attaquer à cet énorme problème de l'obésité juvénile. On a parlé de condition physique, de crédits d'impôt prenant différentes formes, de taxe sur les matières grasses, d'imposer des taxes sur différents produits.
Je suis assez d'accord avec ce que vous avez dit, monsieur Trueman. Je ne suis pas certaine que la bonne manière de procéder consiste à imposer de nouvelles taxes à gauche et à droite. Mais je crois qu'il y a un fait incontournable, à savoir qu'une bonne alimentation n'est pas bon marché. Cela coûte cher de bien s'alimenter et de manger des aliments sains. J'ignore si la solution consiste à taxer le gras ou à intervenir autrement sur le prix des aliments, mais c'est une réalité incontournable. À mon avis,c'est l'une des raisons pour lesquelles tellement de gens mangent mal. C'est M. Clark qui a dit que nous pouvons choisir de bons aliments, nous savons que nous pouvons obtenir de bons aliments, mais c'est de l'exercice qu'il nous faut et nous devons en faire la promotion. Mais tout le monde au Canada peut se procurer des aliments sains et je pense que c'est là qu'il faut commencer.
On a aussi parlé des boissons gazeuses sucrées qui, la plupart du temps, ne sont pas des aliments santé. Mais je dois entendre deux ou trois fois par semaine des gens dire : « Vous buvez cette boisson gazeuse diète? Ce n'est pas bon pour la santé. »
J'aimerais entendre des observations sur cette problématique, sur le coût des aliments santé et sur les inquiétudes suscitées par les boissons gazeuses non sucrées.
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Je voudrais ajouter deux observations.
On fait une analyse vraiment superficielle de toute cette problématique des taxes sur les aliments qui, je crois, a été créée de toutes pièces par des journalistes qui font de la provocation en lançant cette idée de taxe sur la malbouffe ou de taxe sur le gras. Je pense que les porte-parole de l'Association médicale canadienne ont bien présenté la question dans leur témoignage devant le comité des finances la semaine dernière quand ils ont proposé, comme nous l'avons fait aujourd'hui, d'examiner la réglementation de la taxe sur les produits et services pour s'assurer qu'elle favorise une alimentation saine.
Vous pourriez demander aux fonctionnaires des finances ou encore à vos commettants si, à leur avis, c'est une bonne idée de taxer les salades, comme nous le faisons, dans les supermarchés et les restaurants. Est-ce une bonne idée? Cela favorise-t-il une bonne santé? Peut-être peut-on trouver une logique tordue pour répondre que oui; pour ma part, je ne la vois pas.
Si je peux revenir sur les propos de M. Trueman, du ministère des Finances, qui a dit qu'il fallait attendre que l'éducation fasse son oeuvre, eh bien, je crois beaucoup à l'éducation, mais nous devons bien nous rendre compte que, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est de l'argent sonnant que nous perdons à cause des maladies associées au régime alimentaire. Ce sont de vraies vies qui prennent fin prématurément — des dizaines de milliers par année, des milliards de dollars par année. Nous savons que l'éducation n'est pas une panacée, mais cela fonctionne dans une certaine mesure et si nous pouvons faire autre chose pour aider, par exemple en cessant de taxer les fruits et légumes, je trouve qu'il nous incombe de le faire.
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Merci pour vos commentaires et pour vos études sur l'obésité. Il faudrait adopter des attitudes différentes pour arriver à s'aligner correctement sur la question de la malbouffe. Plusieurs d'entre vous nous donnez des opinions divergentes quant aux mesures incitatives ou dissuasives. Le gouvernement devra choisir entre un crédit ou une surtaxe sur la malbouffe.
Il s'agit du concours de plusieurs initiatives, y compris du secteur de l'éducation, dont on a peu parlé. À mon avis, on a besoin de la participation de plusieurs acteurs dont les parents, l'entourage et ceux du secteur de l'éducation.
M. Clark a souligné un élément important. On doit obtenir le concours de plusieurs programmes sociaux afin de mieux entourer les familles les plus démunies, car la classe sociale joue également un rôle dans le problème de l'obésité. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'obésité chez les gens qui gagnent plus, mais ces derniers ont peut-être plus de moyens de s'en sortir lorsqu'ils veulent se prendre en main.
Le problème de l'obésité concerne le gouvernement fédéral, mais également les provinces. Celles-ci doivent adopter des mesures afin d'intervenir auprès des enfants dans les écoles ou mieux aider les familles au moyen des programmes sociaux.
Vous avez dit que toutes les initiatives prises pour s'attaquer au problème de l'obésité sont importantes, y compris le Transfert social canadien et la fiscalité. Il semble qu'on s'éloigne de la thématique, mais après avoir fait une réflexion sur l'obésité, le gouvernement, au moyen de son cadre législatif, indiquera certaines voies à suivre ou suscitera la réflexion sur les moyens à prendre pour contrer l'obésité.
C'est M. Clark qui a abordé encore davantage le problème général en termes de programmes sociaux. Par exemple, les familles pauvres auraient plus d'argent pour se nourrir et se vêtir si on augmentait le nombre de logements sociaux. Nous savons qu'une problématique aigüe affecte les gens qui ont moins d'argent.
Nous avons mené une campagne de sensibilisation au tabagisme et nous avons réussi à le contrer. Selon vous, la campagne contre le tabagisme est-elle un exemple qui pourrait nous aider à trouver certaines pistes de solution, à savoir les moyens pris pour lutter contre le tabagisme, l'impact sur la qualité de vie des gens, les risques de cancer du poumon, etc. Même si plusieurs personnes continuent à fumer, il reste que les gens craignent davantage la cigarette, car ils en savent plus long sur le tabagisme.
Les habitudes alimentaires sont également difficiles à changer. Nous mangeons tous de la malbouffe, des croustilles, par exemple. Certains m'ont dit que, lorsqu'ils ouvraient un gros sac de croustilles, ils devaient aller jusqu'au fond du sac.
Le succès de la campagne contre le tabagisme pourrait-il être un exemple à suivre pour planifier une campagne de sensibilisation à la malbouffe?
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Je remercie tous les témoins pour leurs exposés. Nous avons entendu aujourd'hui d'excellents exposés.
Je voudrais revenir sur les propos de M. Cash. Il m'apparaît que, sur le plan économique, comme M. Jeffery l'a dit, si l'on ne trouve pas de solutions ou de stratégies qui ont un certain impact, le résultat sera économiquement catastrophique plus tard.
Un élément d'information que nous avons entendu à maintes reprises, c'est qu'il semble exister une corrélation entre la hausse du taux d'obésité au Canada et l'incidence accrue des maladies chroniques. Il me semble que cela exige vraiment toute notre attention.
On a évoqué la stratégie de lutte contre le tabagisme. C'est un seul produit, mais quand on en examine l'efficacité — je sais bien, les gens diront que cela a commencé il y a 40 ans... Je pense que nous devons chercher à découvrir ce qui fonctionne dans chaque stratégie. C'était une stratégie multifacettes qui s'est révélée très efficace au Canada.
J'ai deux questions. La première porte sur les taxes, car les cigarettes et le tabac sont fortement taxés. Avez-vous participé à cette stratégie avec Santé Canada? Cela faisait-il partie de la stratégie? D'où vient l'idée de taxer le tabac?
J'ai une deuxième question qui s'adresse à M. Cash. Je voudrais vous demander de nous donner un peu plus d'information sur le programme de subventions alimentaires dont vous avez parlé et que vous avez étudié aux États-Unis.
Pourrait-on répondre en premier à la question sur les taxes?
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Voilà donc les quatre domaines.
Si l'on se contentait d'une réunion pour chaque domaine, cela ajouterait quatre réunions. Nous avons déjà livré cette bataille et nous avions conclu qu'il y aurait huit réunions. Nous avons les huit ici. Si nous voulons nous arrêter là, nous éliminerons ces quatre réunions. Je crois que ce sera difficile. Je l'ai dit la dernière fois, mais il faut vraiment dégager un consensus à ce sujet.
Si nous voulons ajouter les quatre, nous pouvons le faire. Nous pouvons les prendre une par une et décider si nous voulons entendre des médecins et des praticiens de la santé, et ensuite si nous voulons entendre des porte-parole des premières nations, et ensuite si nous voulons entendre des spécialistes de l'infrastructure et des provinces, etc.
Je pense que nous devrions procéder ainsi, à moins qu'il y ait consensus pour accepter les quatre réunions tout de suite. C'est une possibilité. Si l'on se met d'accord pour ne pas en tenir d'autres, nous pouvons le faire aussi. Mais il faut décider dans un sens ou dans l'autre. Nous devons établir les paramètres des travaux du comité, et préciser l'échéancier, tout en ayant encore une étude suffisamment étoffée pour que notre rapport soit valable.
Voilà mon dilemme comme président. L'équipe de recherche a fait du travail remarquable, à mon sens, pour ce qui est des groupes que nous avons entendus jusqu'à maintenant, et je leur lève mon chapeau, parce qu'ils ont réalisé tout cela de manière très productive.