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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître.
Je suis heureux d'être ici, aujourd'hui, pour appuyer votre examen du Budget des dépenses du ministère et des organismes du portefeuille de la santé.
J'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui. Je pourrais faire appel à elles si des renseignements supplémentaires sont nécessaires. Nous avons, de Santé Canada, le sous-ministre, Morris Rosenberg, le sous-ministre délégué, Hélène Gosselin, le contrôleur ministériel, Chantale Cousineau-Mahoney, et, de l'Agence de santé publique du Canada, l'administrateur en chef de la santé publique, Dr David Butler-Jones, et le directeur général des finances et de l'administration, Luc Ladouceur.
Comme vous le savez, le portefeuille de la santé est constitué d'un ministère, Santé Canada, et de plusieurs organismes, dont l'Agence de santé publique du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, le Conseil de contrôle des renseignements relatifs aux matières dangereuses et le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés.
Le Budget des dépenses que vous examinez comprend plus de 4,3 milliards de dollars pour le présent exercice — et cela ne tient pas compte des nouveaux engagements que nous avons pris dans notre budget le mois dernier. Ces engagements figureront dans notre Budget supplémentaire des dépenses plus tard cette année.
Les sommes prévues dans ce Budget des dépenses sont affectées à des responsabilités comme la sûreté des médicaments et des instruments médicaux, l'innocuité des produits de consommation et l'information ou les conseils sur plusieurs autres questions de santé. Ces sommes soutiennent la recherche effectuée par les Instituts de recherche en santé du Canada afin d'améliorer la santé des Canadiens et de bâtir un système de santé durable et plus vigoureux. Elles favorisent l'innovation dans notre système de santé ainsi que des activités qui nous permettent d'appliquer les prescriptions législatives dans des domaines comme la réglementation des produits antiparasitaires et la manipulation de matières potentiellement dangereuses.
[Français]
Ces activités ont des répercussions quotidiennes dans la vie de tous les Canadiens.
Bien que le portefeuille de la Santé soit très vaste, j'aborderai brièvement trois domaines qui constituent des engagements particulièrement importants pour le premier ministre et moi-même.
Le premier est l'engagement de notre gouvernement de faire appel à la collaboration des provinces et des territoires afin d'établir une garantie sur les délais d'attente pour les services médicalement nécessaires.
[Traduction]
Nous avons tous entendu parler des problèmes particuliers que cela pose chez les personnes en attente de traitement ou dont un membre de la famille attend pour être traité. Des médecins de ma propre circonscription m'ont fait part de leurs préoccupations. Leurs patients sont souvent confrontés à des délais lorsqu'ils sont dirigés vers des spécialistes qui se trouvent uniquement dans les grandes villes à l'extérieur de Parry Sound—Muskoka — des endroits comme Edmonton, Toronto, Québec, Regina, Winnipeg, Vancouver ou Montréal.
J'ai déjà discuté avec la plupart de mes collègues provinciaux et territoriaux des moyens de réduire véritablement les délais d'attente. Sur le plan financier, notre gouvernement apporte une contribution substantielle de 5,5 milliards de dollars sur dix ans pour régler ce problème. Cette somme fait partie des 41 milliards de dollars prévus dans le plan décennal pour consolider les soins de santé.
Les provinces et les territoires s'en serviront pour introduire et promouvoir des innovations qui apporteront les résultats que les Canadiens désirent. Elles permettront à un plus grand nombre de provinces de suivre l'exemple de l'Ontario avec son réseau de soins cardiaques, de l'Alberta avec son projet-pilote de remplacements de la hanche et du genou, de la Saskatchewan avec son réseau de soins chirurgicaux, ainsi que d'autres initiatives — et de le faire en fonction de leurs propres possibilités et situations.
On a souligné, dans le budget de 2006, que le Transfert canadien en matière de santé augmenterait de six pour cent par année jusqu'en 2013-2014. Ce Budget des dépenses comporte un financement particulier pour l'initiative nationale sur les délais d'attente afin de couvrir des activités précises dans le portefeuille de la santé qui nous rapprocheront de notre objectif. Ces fonds serviront à soutenir la recherche et l'éducation sur les délais d'attente. Ils financeront des projets de démonstration sur des méthodes de gestion novatrices des délais d'attente. Ils faciliteront la communication de pratiques exemplaires du Canada et d'autres pays en matière de gestion et de mesure des délais d'attente.
À titre d'exemple, ce Budget des dépenses prévoit 10,4 millions de dollars cette année et 75 millions de dollars sur cinq ans pour l'initiative qui vise les professionnels de la santé diplômés à l'étranger. Cette initiative vient en aide aux provinces et aux professionnels afin d'amener toutes les parties concernées à faire en sorte qu'un plus grand nombre d'hommes et de femmes soient autorisés à exercer leur profession dans notre pays et à nous aider ainsi à diminuer les délais d'attente et à accélérer l'accès aux soins de santé.
[Français]
Monsieur le président, le deuxième point que je veux aborder est le travail que nous accomplissons afin de nous préparer à une pandémie de grippe qui pourrait survenir à tout moment. Je tiens à ce que vous sachiez que les préparatifs du Canada progressent bien, mais qu'il reste encore beaucoup à faire.
[Traduction]
Le budget pour Santé Canada et l'Agence de santé publique du Canada, que vous avez devant vous, prévoit 18,6 millions de dollars pour la préparation à la pandémie. Le Budget supplémentaire des dépenses allouera 100 millions de dollars aux ministères et organismes et possiblement 70 millions de dollars de plus, qui seront mis de côté pour les dépenses imprévues et qui seront accessibles au besoin. Comme il a été annoncé dans le budget de 2006, ces fonds constituent l'affectation pour la première année de notre engagement d'un milliard de dollars sur cinq ans afin de mieux nous préparer à gérer une éventuelle pandémie.
Nos engagements sont clairs. Nous finançons des médicaments antiviraux pour la réserve nationale. Cette question ne se limite pas au portefeuille de la santé — elle est beaucoup plus vaste. J'ai parlé avec mes collègues du cabinet sur ce point afin d'insister pour que l'ensemble du gouvernement soit mis à contribution.
Évidemment, la nécessité de se préparer à une pandémie ne concerne pas uniquement le gouvernement fédéral. Comme vous le savez peut-être, j'ai rencontré mes collègues provinciaux et territoriaux, le 13 mai dernier, afin de discuter de nos préparatifs et de déterminer nos interventions communes. Nous nous employons à formaliser les rôles et les responsabilités. Nous mettons les ententes en place afin de pouvoir partager les ressources humaines et les approvisionnements d'une compétence à l'autre. Nous appuyons ces efforts à l'aide d'un système pancanadien efficace d'information en santé publique.
[Français]
Notre travail ne s'arrête pas là, mais permettez-moi simplement d'affirmer que nous sommes sur la bonne voie: nous avons la capacité de produire des vaccins et des antiviraux. Nous possédons l'un des meilleurs plans de lutte contre la pandémie d'influenza au monde.
À la fin d'avril, je me suis rendu à Genève afin d'assister à l'assemblée générale annuelle de l'Organisation mondiale de la santé et j'ai rencontré d'autres ministres de la Santé du G8. J'ai constaté qu'il existe maintenant une grande collaboration entre les pays et que le Canada apporte sa contribution de manière significative.
[Traduction]
Nous sommes, par exemple, un chef de file dans la localisation des éclosions de maladies dans le monde entier. Nous nous sommes mobilisés efficacement afin de planifier et de communiquer avec nos citoyens pour qu'ils puissent se préparer.
Nous collaborons avec d'autres pays de manière à ce qu'ils puissent s'appuyer sur nos pratiques exemplaires. Et l'affectation de fonds nouveaux dans le budget de 2006 signifie d'autres progrès — que d'autres améliorations seront apportées à la préparation du pays et à notre capacité de réagir aux éclosions... ici comme à l'étranger.
La dernière question que je désire soulever concerne les gestes que nous posons afin de lutter contre le cancer. Nous savons tous que le cancer est un problème de santé important pour les Canadiens. On prévoit 153 100 nouveaux cas de cancer et 70 400 décès causés par cette maladie au Canada en 2006. Chaque cas de cancer aura des incidences, non seulement sur la personne atteinte du cancer, mais également sur ses proches, ses amis, ses collègues et sa collectivité.
Vers 1999, les spécialistes canadiens du cancer — sous la direction de l'Institut national du cancer du Canada, de l'Association canadienne des organismes provinciaux de lutte contre le cancer et de Santé Canada — ont uni leurs efforts afin de trouver une solution pancanadienne stratégique au nombre croissant de cas de cancer ainsi qu'aux souffrances et aux décès évitables liés à cette maladie. La Stratégie canadienne de lutte contre le cancer est l'aboutissement de sept années de travail.
En termes simples, cette stratégie comprend la tenue de tables rondes dirigées par des experts qui miseront sur l'acquisition de nouvelles connaissances sur le cancer au Canada et elle comprend également l'application des connaissances déjà acquises sur le cancer. La Société canadienne du cancer estime que l'application plus uniforme des connaissances actuelles au Canada permettra, au cours des 30 prochaines années, d'empêcher 1,2 million de Canadiens de développer le cancer et d'empêcher 423 000 Canadiens d'en mourir.
Le Budget supplémentaire des dépenses comprendra la décision prise dans le Budget de 2006 qui consiste à investir 260 millions de dollars sur cinq ans dans le cadre de la Stratégie canadienne de lutte contre le cancer (SCLC). Ces fonds appuieront les « tables rondes» pancanadiennes élaborées par la SCLC, et incluront, sans s'y limiter, la prévention, le dépistage, les lignes directrices pour la pratique clinique, la surveillance et la recherche.
Notre gouvernement reconnaît que ce genre d'investissement au Canada — qui comprend le point de vue du patient et améliore la coordination entre le gouvernement fédéral, les organismes de lutte contre le cancer, et les provinces et territoires — est indispensable non seulement pour établir un système de santé moderne, souple et capable de s'adapter facilement, mais aussi pour réduire les délais d'attente.
Ce ne sont là que trois exemples du travail qui se fait dans le portefeuille de la santé. Je me suis attardé à ceux-là aujourd'hui, mais les services que nous offrons directement aux Canadiens dans l'ensemble du pays sont nombreux. Par exemple, la plus grande partie des dépenses de Santé Canada est consacrée à la santé des Premières nations et des Inuits. Environ deux milliards de dollars sont investis dans les activités de ce programme.
Comme c'est le cas chez vous, monsieur le président, la circonscription de Parry Sound-Muskoka, que je représente, compte plusieurs collectivités autochtones, soit sept en tout. Au total, cinq infirmières rémunérées par Santé Canada, mais embauchées par six bandes locales, se déplacent d'une communauté à l'autre pour assurer des services de première ligne en santé. Elles font de même dans la septième collectivité qui est désormais responsable d'offrir de tels services, conformément à une entente conclue avec le ministère. Comme dans bien d'autres communautés au pays, ces infirmières font beaucoup plus que simplement assurer des services de santé immédiats; elles font en sorte de jeter un pont entre les collectivités et le système de santé, en particulier les hôpitaux et les médecins.
[Français]
Pour terminer, permettez-moi, monsieur le président, de souligner toute l'importance que j'accorde à ce processus. Ces estimations couvrent un vaste éventail d'interventions qui ont une incidence directe sur la santé et sur la vie des Canadiens. Que les ministres, les ministères et les communautés parlementaires puissent travailler ensemble à de tels enjeux dans le cadre d'un exercice de responsabilisation constitue la pierre angulaire de notre démocratie.
[Traduction]
Je tiens également à préciser qu'en ma qualité de nouveau ministre fédéral de la Santé ayant hérité de ce portefeuille, j'attache une grande importance aux conseils que vous voudrez bien formuler quant aux gestes que le gouvernement fédéral peut poser afin de rendre notre système de santé plus efficace et mieux adapté aux besoins des Canadiens.
Sur ce, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Je répondrai avec plaisir aux questions des membres de ce comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de prendre le temps avec vos collaborateurs de répondre à nos questions. C'est important pour nous tous. Je sais que cela prend une bonne partie de votre journée et nous vous en remercions.
Je voudrais revenir sur la question posée par mon collègue, au sujet des personnes ayant l'hépatite C. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Nous savons ce que sont les négociations et ce que ça signifie pour les gens qui ne tombent pas dans la période voulue. Ça n'a rien de nouveau pour les avocats.
Vous nous dites que les avocats se penchent sur le problème mais, quand quelqu'un est atteint d'hépatite C et qu'il lui reste, je ne sais pas, une semaine ou un mois à vivre, et qu'il risque de perdre son logement, après avoir perdu son emploi...
Jetez un coup d'oeil derrière vous, monsieur le ministre, vous verrez à la première rangée des gens qui sont venus -- parce qu'ils savaient que vous seriez ici -- de toute la province, en dépensant une énergie précieuse qu'ils ne retrouveront peut-être pas, pour vous entendre dire quand ils pourront toucher des indemnités.
Vous avez dit que c'est une priorité, et je ne doute pas de votre sincérité, mais c'est lors des dernières élections que vous l'aviez dit, il y a cinq mois. Le 2 mai, vous m'avez dit en Chambre, si je me souviens bien, que ce serait réglé « with alacrity » et je suppose que vous vouliez dire le plus rapidement possible ou sans retard. Ce que nous voyons ici, ce n'est pas une action rapide.
J'ajoute que nous avons ici des gens qui, je ne mens pas, ne prennent pas leurs médicaments parce qu'ils n'en ont plus les moyens. Ils perdent leur logement, ils perdent les membres de leur famille et leurs amis. Si vous ne pouvez pas nous donner de date, ils veulent au moins savoir que vous prenez un engagement. Je vous demande donc aujourd'hui si vous pouvez nous donner la date d'une entente pour un paiement préliminaire, pour que les gens aient au moins les moyens de nourrir leur famille, d'acheter leurs médicaments et d'avoir un minimum de qualité de vie.
Voilà donc ma question : pouvez-vous donner à ces gens de la première rangée qui vous regardent avec espoir -- et qui sont venus ici avec espoir -- la date à laquelle ils recevront un paiement préliminaire?
Je veux également vous interroger sur les prestations de survivants. Je ne sais pas si on en a parlé pendant cette négociation mais beaucoup de ces personnes ont un mari, une femme ou des enfants dont elles sont responsables. Si l'on ne prévoit pas des prestations de survivants dans l'entente, non seulement perdront-elles ce qu'elles ont mais leurs familles se retrouveront dans la misère.
Pouvez-vous donc répondre à ces questions? Y aura-t-il des prestations de survivants et pouvez-vous nous donner la date à laquelle les gens recevront un paiement provisoire, si vous ne pouvez pas annoncer la date à laquelle une entente sera signée?
Comme je l'ai dit, ce n'est pas la première fois qu'on règle ce genre de question, les avocats savent de quoi il s'agit et nous n'inventons rien. Il me semble que les choses pourraient avancer beaucoup plus vite et, si j'étais ministre, je m'attendrais à ce qu'elles avancent plus vite.
Je vous remercie à l'avance de vos réponses.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être présent parmi nous. Ma question sera de nature beaucoup plus politique que financière.
Il s'agit toutefois d'une question qui a un effet très important sur les finances des provinces en matière de santé. Les provinces doivent en effet composer avec des problèmes découlant de politiques qui ont été adoptées. Depuis cinq ans seulement, le Programme d'accès spécial de Santé Canada, destiné à permettre l'accès à des instruments ou à des médicaments spéciaux, fournit aux chirurgiens qui en font la demande au nom de leurs patientes des implants mammaires remplis de gel de silicone.
Cependant, jusqu'à 67 p. 100 des demandes soumises à ce programme concernent les implants mammaires au gel de silicone. Or, ces implants ont été bannis en 1992 et Santé Canada n'a pas approuvé leur réintroduction sur le marché. Le problème est que ce même programme a également comme mandat de permettre à des personnes qui en ont besoin l'accès à certains médicaments.
Ainsi, six personnes atteintes du VIH/sida qui avaient fait une demande de médicaments en avril dernier se sont vu refuser l'accès à ces médicaments qui auraient pu leur sauver la vie. Ce programme est pourtant censé permettre aux Canadiens et Canadiennes d'obtenir des médicaments lorsque ceux-ci ne sont pas sur le marché, qu'ils n'ont pas encore été approuvés, ou encore quand d'autres thérapies n'ont pas fonctionné.
Monsieur le ministre, je ne comprends pas comment on peut accorder la priorité à la pose d'implants mammaires destinés à des femmes qui ont de petites poitrines ou quelques plis causés par des implants remplis de solution saline. Quand je pense aux personnes dont la vie risque de se terminer parce qu'on leur refuse l'accès à des médicaments pouvant leur sauver la vie, je ne vois pas comment on peut accorder la priorité au remplacement ou à la pose d'implants au gel de silicone. Pouvez-vous m'expliquer cela?
J'aimerais également que vous me disiez si vous avez l'intention d'abroger ce programme, du moins pour ce qui est des implants mammaires au gel de silicone. L'individu responsable de ce programme nous a dit qu'il n'était pas en mesure d'intervenir quand le médecin décidait qu'une solution donnée était ce qu'il y avait de mieux pour la patiente. C'est ce qu'il a déclaré à la télévision récemment dans le cadre d'une émission de Radio-Canada. Il a affirmé que son rôle n'était pas d'intervenir et qu'il se fiait à la compétence du médecin lorsqu'il s'agissait de déterminer quelle était la meilleure solution pour sa patiente. S'il se fie à la compétence du médecin lorsqu'il s'agit d'implants au gel de silicone, pourquoi ne fait-il pas de même dans le cas de personnes atteintes du sida qui ont besoin de ces médicaments pour vivre?