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En Ontario, il y a divers mécanismes de financement des médicaments contre le cancer. Les médicaments administrés par intraveineuse en milieu hospitalier sont financés principalement par notre quatrième formulaire provincial sur le cancer, qu'on appelle le Programme de financement des nouveaux médicaments, un programme administré par Action Cancer Ontario au nom du ministère de la Santé et les Soins de longue durée.
Le financement des anciens médicaments administrés par intraveineuse vient des budgets globaux des hôpitaux. Les médicaments administrés dans la collectivité sont remboursés aux bénéficiaires admissibles par le Programme de médicaments de l'Ontario. Il y a aussi des gens qui souscrivent une assurance privée ou qui payent de leur poche leurs médicaments contre le cancer s'ils leur sont administrés dans la collectivité ou par voie orale.
Le processus d'examen des médicaments oncologiques de l'Ontario est de la responsabilité de ce que j'appellerai le CED-CCO pour Committee to Evaluate Drugs-Cancer Care Ontario ou Comité d'évaluation des médicaments d'Action Cancer Ontario. Il a été établi en 2005 pour remédier à divers problèmes qu'il y avait dans la province. Le premier était les dépenses brutes élevées de plus de 30 p. 100 que nous avions à une époque où il y avait beaucoup d'agents anticancéreux en développement sur le point d'être rendus accessibles et où nous savions qu'ils allaient faire croître la pression sur notre programme de financement de nouveaux médicaments.
Avant, nous n'utilisions pas d'analyses économiques de la santé pour prendre nos décisions sur le financement du formulaire. Nous nous sommes aussi rendu compte que nous pouvions mieux harmoniser nos décisions politiques sur les deux formulaires de médicaments financés publiquement en Ontario (le Programme de médicaments de l'Ontario et le Programme de financement des nouveaux médicaments). Nous avons donc cherché à combiner les processus d'approbation des deux programmes.
Le résultat est le fruit d'une collaboration entre le Programme de médicaments de l'Ontario et Action Cancer Ontario, qui visait à créer un seul et unique processus d'examen des médicaments oncologiques qui tablerait sur les forces des deux processus actuels. Du Programme de médicaments de l'Ontario, nous avons tiré l'expérience de l'utilisation de données pharmaco-économiques dans le processus d'évaluation, de même que l'expérience du traitement des propositions des fabricants. D'Action Cancer Ontario, nous avons tiré l'expérience clinique des groupes sur le siège de la maladie (les disease site groups), de même que notre expérience de l'élaboration de lignes directrices pour notre programme et celle de nos soins factuels fondés sur l'examen systématique de la littérature clinique pendant l'évaluation.
Ce processus permet à la fois aux fabricants de produits pharmaceutiques et aux spécialistes du siège de la maladie d'Action Cancer Ontario de présenter des demandes de remboursements. Il y a un lien avec le processus commun d'évaluation des médicaments pour les médicaments administrés dans la collectivité, mais pas pour les médicaments administrés par intraveineuse.
Le sous-comité conjoint sur l'oncologie du CED-CCO évalue d'abord les preuves cliniques et économiques, puis fait une recommandation sur le financement à notre comité d'évaluation des médicaments. C'est ensuite ce comité qui étudie le contexte élargi des agents oncologiques dans le contexte des autres éléments thérapeutiques et qui fait la recommandation finale au gouvernement. En Ontario, c'est notre directeur exécutif qui prend la décision finale sur le financement.
Notre sous-comité sur l'oncologie se compose d'oncologues médicaux, d'internistes, d'éthiciens, de pharmaciens et d'économistes de la santé. Très bientôt, nous allons également y ajouter des représentants des patients.
Jusqu'à maintenant, notre expérience se limite aux médicaments oncologiques qui ont été évalués depuis la mise en place du CED-CCO en 2005. Action Cancer Ontario n'a pas d'expérience directe des recommandations du PCEM pour éclairer les décisions du Programme de financement des nouveaux médicaments, puisque le PCEM ne touche pas les médicaments administrés par intraveineuse dans les hôpitaux.
Dans le cadre du Programme de médicaments de l'Ontario, nous avons l'expérience de quatre médicaments contre le cancer administrés oralement qui ont fait l'objet d'une évaluation du PCEM et de décisions rendues pour le formulaire du Programme de médicaments de l'Ontario. Dans les quatre cas, la décision que l'Ontario a prise quant au remboursement était conforme à la recommandation du PCEM.
On considère que les évaluations du PCEM font partie du processus du CED-CCO. Ce sont l'un des éléments évalués par notre sous-comité et enfin, par le comité d'évaluation de médicaments.
Nous avons un certain nombre de défis à relever pour pouvoir bien évaluer les médicaments contre le cancer. Quel que soit le processus utilisé, nous n'avons pas nécessairement accès aux preuves cliniques qu'il nous faudrait pour prendre des décisions sûres sur la véritable valeur d'un médicament. Idéalement, nous aimerions avoir des preuves issues de multiples essais de phase 3 ou d'essais cliniques randomisés. Bien souvent, nous n'avons que des données non comparatives issues d'essais de phase 2, comme nous le disons. Souvent, les éléments de comparaison pertinents auxquels nous aimerions avoir accès ne sont pas utilisés dans les essais cliniques, ou l'essai ne correspond pas à nos pratiques actuelles en Ontario ou dans le reste du Canada.
La façon dont les indicateurs de substitution non prouvés comme le taux de réponses, la disparition de la tumeur ou la survie à la maladie nous renseignent sur les indicateurs les plus importants que les décideurs aimeraient voir, comme la survie et la qualité de la vie, n'est pas claire. Nous en avons pourtant besoin pour déterminer le véritable facteur de rentabilité d'une nouvelle thérapie.
Certains essais intègrent aussi des plans croisés, ce qui peut signifier encore une fois que les décideurs n'ont jamais l'information nécessaire pour prendre une décision sûre d'un point de vue clinique. Si les données cliniques ne sont pas solides, la décision pharmaco-économique se fondera probablement sur diverses présomptions, créant du coup une grande incertitude sur la véritable rentabilité d'une nouvelle thérapie.
La grande question ne touche pas nécessairement le processus décisionnel, mais le seuil de décision dans l'évaluation de nouvelles thérapies quand les données sont incomplètes ou floues, pour veiller à ce que les Canadiens jouissent d'une bonne optimisation des ressources et que les thérapies tiennent compte des besoins des patients individuels et de nos valeurs sociales.
En Ontario, le secrétariat du régime de médicaments mène diverses initiatives pour bien renseigner les décideurs et optimiser l'accès aux médicaments oncologiques. Elles comprennent nos initiatives sur la transparence et sur l'amélioration de l'engagement du public dans le processus par la création d'un conseil des citoyens et la participation des patients à nos comités. Nous essayons de combler ces lacunes au chapitre des preuves au moyen de propositions de listes conditionnelles et de collaborations avec l'industrie aux accords de partenariat. Action Cancer Ontario est également en train de se doter d'une unité pharmaco-économique afin d'améliorer la qualité des données économiques utilisées dans le processus décisionnel.
Il y a clairement des avantages à établir un processus national d'examen des médicaments oncologiques qui permettrait à toutes les provinces de prendre des décisions de financement local éclairées à l'issue d'une même évaluation des médicaments fondée sur un examen rigoureux des données cliniques et économiques. Il est indéniable que l'adoption d'un processus unique augmente les chances que les décisions soient plus cohérentes d'un bout à l'autre du pays. Ce processus réduirait le double emploi en plus d'optimiser les ressources et les compétences à l'échelle du Canada. Il concentrerait tous les examens des médicaments oncologiques au même endroit, quel que soit le mode d'administration du médicament, par voie orale ou par intraveineuse, ou le lieu du traitement, qu'il soit donné à l'hôpital ou dans la collectivité.
J'aimerais parler un peu de l'examen conjoint des médicaments oncologiques. Il s'agit d'une initiative gouvernementale provinciale-territoriale dirigée par le Manitoba et la Saskatchewan. Action Cancer Ontario y participe dans le cadre de la contribution générale de l'Ontario à cet effort. Pendant l'année d'essai du PECMO, tous les produits oncologiques seront présentés au CED-CCO et considérés comme soumis à toutes les administrations participantes. Chaque administration utilisera ensuite le PECMO pour prendre sa décision finale quant au financement.
Cette initiative comporte quatre phases. La première était celle du protocole d'entente, et toutes les provinces l'ont signé, sauf le Québec.
La deuxième phase est celle de l'observation. C'est là où nous en sommes actuellement. Toutes les provinces auront l'occasion d'examiner le processus de l'Ontario afin d'en tirer des leçons et de comprendre son fonctionnement.
À la troisième phase, nous espérons intégrer des examinateurs des autres provinces et commencer à faire des liens avec d'autres initiatives nationales comme le Partenariat canadien contre le cancer.
La quatrième et dernière phase sera celle de l'évaluation; c'est là où l'on fera des recommandations aux sous-ministres provinciaux et territoriaux sur le potentiel d'un processus permanent pour l'avenir. Il y a une structure de gouvernance, de même qu'un comité directeur auquel siège un observateur du Programme commun d'évaluation des médicaments. Il y a également un comité consultatif qui comprend des membres des organismes de lutte contre le cancer. Il n'a toutefois pas encore été formé.
Enfin, de la perspective du PCEM, le Comité consultatif canadien d'expertise sur les médicaments ne délibérera pas ni ne fera de recommandations sur le financement pendant le processus intérimaire. Cependant, les experts du PCEM continueront d'effectuer des examens cliniques et pharmaco-économiques qui seront utilisés, au besoin, dans le cadre du PECMO pour les médicaments qui satisferaient habituellement aux critères d'examen du PCEM.
Merci.
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Merci, monsieur le président, de nous avoir invités à comparaître devant vous.
En premier lieu, nous félicitons le gouvernement d'avoir transféré le portefeuille des médicaments contre le cancer du PCEM au Processus d'examen conjoint des médicaments oncologiques, le PECMO.
Permettez-moi de vous présenter nos titres de compétences. La Coalition Action Cancer du Canada, ou CACC, est un organisme sans but lucratif composé de survivants et de survivantes du cancer, de médecins, de scientifiques et d'administrateurs de réseaux spécialisés dans le cancer issus des dix réseaux publics consacrés au cancer d'un océan à l'autre. Les membres du conseil d'administration de la CACC ont personnellement reçu des traitements et des services liés au cancer; administré ces services à l'échelle régionale; organisé et dirigé des cliniques de recherche à l'échelle nationale ou étudié la prévention du cancer à l'échelle internationale. Aucun d'entre nous n'est payé pour son travail à la CACC. Les membres du conseil d'administration sont nommés au dos de la présentation.
Pour ma part, je suis le président sortant immédiat de la CACC; j'ai été auparavant oncologue médical; j'ai fait de la recherche sur le cancer et j'ai été directeur de centres de cancer universitaires tant au Canada qu'aux États-Unis.
La CACC est déterminée à faire en sorte que l'éventail des activités de contrôle du cancer au Canada se déroule de manière optimale. Chaque année, nous étudions différents aspects touchant le cancer au Canada en matière de prévention, de dépistage, de traitement, de soins de soutien et de recherche et publions nos résultats dans nos bulletins. Vous observerez des différences constantes entre les provinces dans le financement du contrôle du cancer, et nous croyons que ces différences se traduisent par des écarts sur le plan de la mortalité liée au cancer dans ces provinces.
Nous avons aussi montré comment l'accès à de nouveaux médicaments contre le cancer qui sauvent des vies est très inégal d'une province à l'autre. Nous vous sommes spécialement reconnaissants de vous intéresser de près au processus d'approbation des médicaments contre le cancer. Nous sommes également reconnaissants au gouvernement du canada d'avoir établi le Partenariat canadien contre le cancer comme moyen de redresser ces différences interprovinciales.
Permettez-moi d'en arriver au but de cette audience, à savoir : pourquoi le PCEM a-t-il été incapable d'évaluer les médicaments oncologiques d'une manière exhaustive et comment le PECMO est-il en mesure de faire mieux? Tout d'abord, le comité du PCEM qui évaluait ces médicaments n'était pas très adéquat pour aborder la complexité des problèmes d'oncologie. Les membres du comité ne pouvaient pas accéder aux meilleures connaissances touchant chaque nouveau traitement et par conséquent, ils étaient incapables de juger des données dans leur contexte.
Je vais vous expliquer pourquoi. Il y a bien au-delà de 150 types de cancer. Il existe de nombreux stades pour chacun d'eux. Pour chaque stade, il peut y avoir plusieurs options de traitement. Ces options changent constamment puisque de nouvelles données d'essais s'ajoutent presque tous les jours. Il devient de plus en plus difficile de maintenir le niveau de connaissances requises pour déterminer quelle est l'efficacité de notre traitement médical dans une situation donnée, un moment donné. On peut soutenir que la connaissance requise est détenue d'une manière optimale par les chercheurs qui ont effectué la recherche clinique établissant l'efficacité du médicament. Pourtant, le comité du PCEM s'est vu interdire l'accès à ces chercheurs.
Tel que je le comprends, cette interdiction était basée sur la prémisse que le jugement et donc l'avis de tels chercheurs serait entaché par leur affinité avec les résultats d'essais ou leurs liens avec la société pharmaceutique qui a commandité l'essai. Selon ce raisonnement, les membres du comité du PCEM ne pourraient pas se fier au témoignage des chercheurs ayant effectué l'essai.
On peut reconnaître que différentes parties auraient eu des perspectives différentes, mais il est sûr que le public canadien aurait en général grandement tiré profit de l'échange de connaissances qui se serait produit. Après tout, les chercheurs sont non seulement des médecins qui possèdent la connaissance requise pour placer les résultats des traitements dans le contexte approprié, mais aussi des gens dont on peut présumer sans risque qu'ils ont à coeur l'intérêt de leurs patients et qu'ils sont déterminés à améliorer le traitement de leurs patients. Autrement, ils n'auraient pas entrepris d'études en tout premier lieu. Ainsi, nous demandons avec insistance que les chercheurs qui ont mené les études de base aient la permission de contribuer au processus de sélection des médicaments du PECMO.
Le PECMO, comme vous le savez, est un processus par lequel huit autres provinces permettent à l'Ontario Committee to Evaluate Drugs, le CED, de mener tous les examens de médicaments oncologiques en leur nom. Le CED reçoit des conseils oncologiques d'un sous-comité formé d'oncologues d'Action Cancer Ontario et d'autres représentants. Il se pose toutefois un problème de transparence depuis que la responsabilité de se prononcer sur les médicaments contre le cancer a été transférée au CED parce que l'identité des membres de sous-comité d'oncologie du PECMO est cachée au public. Parmi les raisons de cet état de choses, il y a la crainte que les membres du sous-comité fassent l'objet de pressions indues ou même subissent des sévices corporels s'ils prennent des décisions défavorables au sujet de médicaments particuliers. Si cela en est la raison, il s'agirait d'un fait absolument unique dans les annales de la fonction publique du Canada. Je suis convaincu que vous êtes en mesure de juger du poids à accorder à une telle prémisse en comparaison avec la nécessité de connaître les titres de compétences des membres du comité. Ainsi, nous demandons que l'identité et les titres de compétences des membres du sous-comité d'oncologie du PECMO soient portés à la connaissance du public.
La troisième préoccupation que nous avons à propos du processus suivi par le comité du PCEM, c'est le manque de transparence entourant ses décisions. Nous craignons que le PECMO, s'il est laissé à son propre fonctionnement, suive l'exemple de son prédécesseur en matière de rapports. Ainsi, nous vous demandons de veiller à ce que le PECMO rende publiques les explications détaillées pour lesquelles il rend des jugements particuliers.
Au coeur de la question de la transparence se trouve l'absence d'un modèle économique robuste pour évaluer la rentabilité. Peu importe que ce soit le PCEM ou le PECMO qui rende le jugement, c'est le cadre de référence selon lequel les questions de coûts sont abordées que nous contestons. Les nouveaux médicaments contre le cancer sont le résultats d'immenses efforts en recherche de base et en recherche clinique. Ils coûtent très cher et leur rapport coût-efficacité doit être pris en compte dans leur déploiement.
Le rapport coût-efficacité est habituellement exprimé en termes de coûts différentiels par année-personne sans invalidité gagnée. Toutefois, il faut maintenant établir de meilleures méthodes d'expression. Pour juger adéquatement du rapport coût-efficacité d'un médicament particulier, d'autres facteurs doivent être pris en considération, y compris le coût toujours élevé d'autres traitements plus anciens et moins efficaces; le coût de ne pas traiter un état entraînant un plus grand nombre de visites médicales, de visites à la salle d'urgence et d'hospitalisations; les coûts perdus pour la société sur le plan de l'assiette fiscale et la perte pour le PIB due à l'incapacité de récupérer des victimes du cancer autrement fonctionnelles; la perte de leaders pour la collectivité et par-dessus tout, les énormes coûts émotionnels et économiques imputables à la perte d'êtres chers pour les familles.
Nous nous empressons d'ajouter que le monde occidental tout entier se débat avec la question du coût des médicaments. Toutefois, presque toutes les administrations sont déjà arrivées à des conclusions fort différentes de celles du comité du PCEM et ont accepté plusieurs autres médicaments d'usage public général. Dans notre bulletin 2004, en page 34, vous trouverez une suggestion détaillée, exhaustive et à grande échelle concernant la façon d'aborder cet aspect critique.
Ainsi, nous vous demandons avec insistance que le PECMO adopte des modèles économiques à beaucoup plus grande échelle lorsqu'il décide si oui ou non un médicament contre le cancer est rentable.
Cela soulève immédiatement le prochain sujet de préoccupation, qui est le manque de représentation des patients au comité. Les individus se doivent de participer au processus pour donner une voix forte aux millions de victimes du cancer passées, présentes et futures au Canada. Je voudrais rappeler au comité que le risque que chacun d'entre vous développe un cancer est maintenant supérieur à 40 p. 100. Ce sont eux, assurément, les intervenants dont la voix mérite le plus d'être entendue.
Ma propre expérience des comités en 35 ans de médecine universitaire et d'administration des soins de santé m'a au moins enseigné ceci: lorsque des patients bien informés sont présents, le ton, le contenu et l'orientation des discussions, ainsi que les conclusions finales sont très différents que lorsque les patients sont absents. Nous constatons que cette lacune est corrigée au sein du PCEM, mais elle promet de demeurer une lacune au PECMO.
Ainsi, nous vous demandons d'insister pour que des représentants bien informés des patients atteints du cancer fassent partie du sous-comité d'oncologie du PECMO.
Ensuite vient la question du type de preuves qui guident les délibérations du PCEM et du PECMO. Nous appuyons fortement la nécessité de résultats d'études adéquatement menées. Des essais randomisés bien conçus ont été l'élément moteur principal des progrès continus en matière de traitement du cancer. En fait, un membre de notre propre comité, le docteur Tony Miller, a mis sur pied le Groupe d'essais cliniques de l'Institut national du cancer du Canada il y a plus d'une trentaine d'années, et ce groupe jouit maintenant d'une renommée internationale.
Toutefois, vous devez savoir que dans le cas des cancers chez les adultes, ces essais randomisés sont menés sur un sous-ensemble de seulement 3 p. 100 des patients et que les résultats sont extrapolés aux 97 p. 100 qui restent. L'efficacité du médicament dans l'ensemble de la population pourrait donc être passablement différente de celle prédite par les résultats des essais randomisés.
Nous demandons donc que des études de suivi simples soient menées automatiquement après une approbation du PECMO afin de déterminer si les résultats sont ceux prédits dans les études préalables à l'approbation.
Enfin, nous aimerions soulever une dernière question. La CACC a effectué et publié des recherches sur le fait qu'au Canada, il existe une grande variation dans les directives aux médecins concernant le traitement du cancer, même si ces directives ont été élaborées par des oncologues ayant analysé à peu près les mêmes données médicales.
Il est urgent de nous doter de directives nationales uniformes en matière de traitement du cancer afin de vérifier si ces directives sont observées et si elles ont une incidence. La province dont les directives sont les plus exhaustives sur cet aspect est la Colombie-Britannique, qui a également les meilleurs résultats de traitement et le taux de mortalité par cancer le plus faible. Le taux de mortalité attribuable au cancer baisse en flèche en Colombie-Britannique comme dans aucune autre province du Canada. Le reste du Canada ferait bien de suivre l'exemple de la Colombie-Britannique.
Des directives concernant le traitement du cancer pourraient être établies à l'échelle nationale par le truchement du Partenariat canadien contre le cancer qui vient d'être créé. Votre attention et votre encouragement aideraient grandement à faire en sorte que le partenariat aille dans cette direction.
Dans l'état actuel des choses, en l'absence de directives nationales, même si le PEMO approuve un médicament, les provinces sont libres de déterminer en fonction de leurs propres critères si elles vont en assurer le remboursement. Dans un tel contexte, pour les patients atteints du cancer dans certaines provinces, le PEMO pourrait tout aussi bien ne pas exister.
Merci de votre attention.
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Merci beaucoup, à vous monsieur le président ainsi qu'aux membres du Comité permanent de la santé, de me permettre de vous entretenir aujourd'hui de mes préoccupations concernant le financement des médicaments. Je vais surtout vous parler du traitement du cancer du rein, de la manière dont certaines décisions récentes du PCEM vont vraiment empêcher nos patients canadiens d'avoir accès au traitement qui constitue maintenant la norme en matière de soins à l'échelle planétaire, ainsi que des impacts de ces décisions sur notre travail en tant que médecins qui ont pour principale obligation de dispenser des soins à leurs patients.
Je suis oncologue médical à l'hôpital Princess Margaret. Je suis également chercheuse et spécialiste dans le domaine du cancer du rein; je fais beaucoup de recherche et je reçois de nombreux patients qui me sont référés par des confrères oncologues en quête d'une opinion médicale. Je dois toutefois vous dire que je ne parle pas aujourd'hui seulement en mon nom personnel; je me fais la porte-parole d'au moins 30 spécialistes du cancer du rein au Canada que j'ai rencontrés durant le week-end et qui ont signé une déclaration dont vous recevrez copie - je vous prie de m'excuser, elle n'a pas été traduite — ultérieurement. Il s'agit de leaders d'opinion et de spécialistes de cancer du rein qui partagent vraiment mes inquiétudes. Il y a par exemple le Dr Martin Gleave, qui dirige le Groupe canadien d'oncologie urologique; le Dr Simon Tanguay, qui est chercheur à l'Université McGill à Montréal; et le Dr Peter Venner, qui est à la tête du Cross Cancer Institute d'Edmonton.
Il faut dire au départ que le cancer du rein ne fait pas partie des quatre cancers les plus répandus, à savoir ceux du sein, du poumon, du colon et de la prostate. Il n'a donc pas droit à beaucoup d'attention. Pendant de nombreuses années, ce fut un cancer très difficile à traiter étant donné que rien, pour ainsi dire, ne fonctionnait. C'est une maladie terrible.
Si vous avez un cancer du rein avec métastases, ce qui est le diagnostic définitif pour la plupart des patients qui nous sont référés, votre espérance de vie moyenne est d'environ un an. Pendant de nombreuses années, nous avons multiplié les essais cliniques; la chimiothérapie, la radiothérapie et les autres formes de traitement ne donnaient pas vraiment de résultat. Mais voilà qu'est apparue cette nouvelle idée tout à fait révolutionnaire, ce traitement antiangiogénique, dont vous avez probablement entendu parler. Nous pouvons donc désormais compter sur cette thérapie qui ne s'attaque pas directement au cancer, mais qui restreint l'apport des vaisseaux sanguins qui l'alimente. Votre cancer ne disparaît pas, mais il ne peut plus s'étendre et former des métastases, ce qui revient à causer sa perte.
C'était de la science-fiction il y a 10 ans à peine, mais nous pouvons maintenant faire intervenir des agents bien réels. Il y a quelqu'un qui va gagner un prix Nobel avec cette découverte. Nous nous réjouissons de constater que certains des médicaments qui sont sortis du lot, ce que nous appelons les inhibiteurs antiangiogéniques, constituent des outils très efficaces dans la lutte contre le cancer du rein.
Le Nexavar est le premier médicament pour lequel il a été établi que les chances de survie s'amélioraient; il a été suivi peu après du Sutent. Le PCEM s'est penché récemment sur ces deux médicaments et a recommandé aux provinces de ne pas les rembourser, en s'appuyant sur l'analyse des données produites et l'évaluation de la rentabilité. J'estime que l'on a fait totalement fausse route à ce chapitre.
Je dois vous parler brièvement de la manière dont les essais cliniques sont réalisés. Nous mettons tout en oeuvre pour respecter les normes d'éthique, ce qui fait que les essais sont soumis à l'examen d'un conseil et les patients doivent donner leur consentement éclairé. En général, dans les cas dont je vous parle, le nouveau traitement est comparé à une norme établie en matière de soins. Le traitement jugé jusqu'alors le plus approprié sert donc d'étalon pour évaluer le nouveau médicament.
Dans le premier exemple, celui de Nexavar, l'essai clinique a été mené auprès d'un échantillon aléatoire de patients ayant un cancer du rein et ayant déjà essayé un autre traitement, mais seulement pour voir leur état se détériorer. Il s'agissait d'un essai à l'aveugle; chaque patient pouvait recevoir le Nexavar ou un placebo. Vers la fin du processus de compilation pour tous les patients intervenait un comité de surveillance de la sécurité des données, une instance indépendante, ainsi qu'un dialogue avec la FDA aux États-Unis.
Un des résultats évalués était ce que nous appelons la durée de survie sans progression de la maladie. On obtient d'ailleurs des informations à ce sujet avant d'avoir accès aux données sur la durée de survie totale. La durée de survie sans progression de la maladie correspond à la période pendant laquelle le patient demeure en vie avant que sa tumeur ne croisse de façon significative, ce qui constitue en soi un important résultat à obtenir.
Les courbes de survie étaient tellement divergentes à ce moment-là qu'on nous a demandé de cesser le test à l'aveugle. Désolée de le dire aussi crûment, mais tous les patients qui étaient encore en vie après avoir reçu le placebo ont alors eu l'occasion de faire la transition pour utiliser le médicament. Ce n'est pas une situation qui se produit très souvent en oncologie médicale. Je me souviens du moment où nous avons reçu le message; l'excitation était à son comble.
Je vais vous parler du cas de l'un de mes patients, parce que cela aide à mieux comprendre. Les statistiques ne donnent pas vraiment une bonne idée de la situation. C'est un homme de 46 ans atteint d'un cancer du rein évolué. Dans le cadre de l'essai clinique, il a eu droit au placebo et s'est retrouvé à l'article de la mort. Nous étions en train de prendre des dispositions pour les soins palliatifs. Il est venu me voir, pour ce qui devait probablement être sa dernière visite, le jour même — quelle ironie — où son épouse a reçu la bouteille de comprimés de Nexavar dans le cadre des mesures de transition. Elle se demandait ce qu'elle devait faire et je lui ai répondu que si son mari était en mesure d'avaler, il n'avait rien à perdre; il devrait l'essayer.
Il a pris les comprimés et a commencé lentement à se sentir mieux. Il est venu me voir à nouveau au bout d'environ huit semaines, et je lui ai dit qu'il avait vraiment l'air d'aller mieux. Il m'a répondu qu'il ressentait moins de douleurs et qu'il avait retrouvé un peu l'appétit.
Nous lui avons fait passer un scanner et voilà que nous avons pu constater une réaction; la tumeur avait diminué. Il a vécu encore une autre année, ou peut-être 10 mois, avec la maladie entièrement contrôlée par le médicament, après quoi celle-ci a progressé et il est décédé.
Si vous examinez les données de l'essai clinique, cet homme fait partie du groupe-témoin et il est pris en compte à ce titre. On peut constater visuellement le moment où la transition du placebo au médicament s'est faite. Les courbes, qui s'écartaient l'une de l'autre — ce qui indique une différence accrue — ont commencé à se rapprocher. Personne ne pourra jamais prétendre que nous n'avons pas agi correctement; nous avons suivi les règles de l'éthique et toute la communauté scientifique mondiale a jugé que ces essais cliniques avaient été profitables.
Lorsque les données de ces essais ont été analysées par le PCEM, on a essentiellement conclu que ce résultat fondé sur la durée de survie sans progression de la maladie n'était pas satisfaisant. Ainsi, comme on n'avait pas réussi à accroître la durée de survie dans une mesure suffisante, malgré l'arrêt de l'utilisation du placebo, on n'estimait pas que ce médicament pouvait vraiment faire une différence.
On peut se livrer à toutes sortes d'analyses statistiques pour essayer d'établir avec exactitude l'ampleur de cette différence, mais vous ne trouverez aucun médecin traitant le cancer du rein, ni aucun expert sur la planète, qui ne croit pas que ce médicament a un impact significatif sur la durée de survie de ces patients. Le seul problème c'est que cet impact est extrêmement difficile à quantifier. Si vous calculez la rentabilité en fonction de l'évaluation la plus prudente possible pour ce qui est des avantages et d'un prix élevé pour le médicament, il va de soi que cette solution n'apparaît pas particulièrement bénéfique.
J'aurais beaucoup d'autres histoires semblables, mais je veux seulement mentionner que je suis accompagnée aujourd'hui, en guise de soutien moral, par l'un de mes patients, M. Clark, qui lutte contre un cancer du rein métastatique depuis trois ans. Il sait que la durée de survie moyenne est d'un an. Il semble très bien se porter. Il a eu accès à ce médicament dans le cadre de l'essai clinique, sans quoi il ne pourrait pas être ici aujourd'hui, bien vivant. Les statistiques ne disent donc pas tout.
Le Sutent est le médicament qui a fait son apparition par la suite. Son mécanisme d'action est similaire, mais nous ne connaissons pas vraiment les différences entre ces deux médicaments. Il a été mis à l'essai auprès d'un groupe légèrement différent; il s'agissait de patients qui n'avaient pas encore reçu de traitement. Encore là, les courbes de survie se sont distinguées de façon remarquable, à un point tel que le processus d'homologation a été accéléré. Nous n'avons pas encore toutes les données requises pour établir les résultats en matière de survie. Dans ce cas également, tous les patients ont eu éventuellement droit au véritable médicament et les courbes de survie ont commencé à se rapprocher.
Voilà donc les deux médicaments qui ont fait l'objet d'un examen récent. Dans les cercles oncologiques, nous considérons qu'il s'agit de deux traitements produisant des résultats fulgurants. Nous ne guérissons pas les patients atteints d'un cancer évolué, mais c'est tout de même l'avancement le plus considérable des 30 dernières années, ce qui pourrait imprimer le momentum nécessaire pour réaliser d'autres progrès.
Je m'inquiète beaucoup non seulement de la recommandation du PCEM quant au non-remboursement de ces médicaments et de l'adhésion des provinces à cet égard, mais à aussi, d'abord et avant tout, du fait que nos patients n'auront pas accès à un traitement considéré par le reste de la planète comme une norme en la matière. Nos patients n'ont plus droit à un traitement efficace. Il convient également de se demander comment nous allons pouvoir, dans notre rôle de chercheurs — et surtout de chercheurs canadiens — aborder les prochaines questions à élucider. Comment pouvons-nous nous appuyer sur de tels résultats? C'est la suite des événements qui dictera la teneur de tous nos essais cliniques à venir.
Nos patients ne pourront pas participer à ces essais cliniques parce qu'ils n'auront pas franchi la première étape. Certains patients peuvent se faire rembourser ces médicaments par leur assurance privée, mais comme la plupart des Canadiens ne bénéficient pas telles assurances, bon nombre d'entre eux n'ont pas accès aux traitements. C'est très difficile pour un oncologue d'annoncer à un patient non seulement qu'il a une maladie grave, une maladie terminale, mais aussi que l'on connaît de nouveaux traitements qui pourraient prolonger sa vie, mais qu'il sera impossible de les lui dispenser ici au Canada. Je peux toujours dire à mes patients que je vais me battre pour défendre leur cause, mais je ne peux pas leur garantir un résultat.
En terminant, j'aimerais seulement mentionner que le Canada se distingue nettement des autres pays du monde qui approuvent très rapidement le remboursement de ces médicaments. Selon ce que j'ai appris, Nexavar, le premier médicament à avoir fait son apparition, est remboursé dans les pays suivants: Autriche, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Italie, Pays-Bas, Suède, Espagne, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis.
J'ai toujours été très fière de notre système canadien et de notre régime de soins de santé; nous avons été de véritables chefs de file mondiaux dans le secteur de la recherche clinique, mais si nous permettons à ce genre de situation de perdurer, nous allons certes dégringoler très rapidement et les soins vont commencer à faire cruellement défaut à nos patients.
Je vais m'arrêter là.
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Un grand merci de nous avoir invitées à comparaître aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissantes.
Nous vous avons remis un petit document bleu où vous trouverez mes notes d'allocution. Il arrive que je m'en éloigne, mais vous pouvez toujours vous référer à ce document pour suivre mon exposé.
C'est vraiment un privilège pour moi de m'adresser à vous aujourd'hui.
Le Réseau canadien du cancer du sein est un regroupement de survivantes qui s'intéresse à tous les dossiers touchant le cancer du sein au Canada. Nous représentons l'ensemble des organisations et des personnes qui sont préoccupées par le cancer du sein. Nous comptons 225 organisations partenaires et membres au Canada et notre conseil d'administration est composé de personnes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein. Nous savons que le cancer du sein fait partie des quatre principaux cancers, mais nous sommes également conscientes que les questions qui nous préoccupent concernent également toutes les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer.
Selon les statistiques de 2007 de la Société canadienne du cancer, 162 000 femmes ont reçu un diagnostic de cancer du sein au cours des 15 dernières années au Canada. On en dénombre en fait encore davantage, car je connais des femmes qui ont été diagnostiquées il y a plus de 20 ans. Plus de 22 000 femmes seront ainsi diagnostiquées cette année et plus de 5 000 mourront en raison d'un tel cancer. C'est la principale cause de décès dû au cancer chez les femmes de 20 à 49 ans et la deuxième, après le cancer du poumon, chez les femmes plus âgées. Après 70 ans, il devient la troisième principale cause de décès, après le cancer du poumon et le cancer colorectal. Nous aimerions seulement pouvoir atteindre 70 ans.
Nos réponses aux questions posés par votre comité sont vraiment formulées du point de vue de la patiente. Elles sont basées sur trois valeurs fondamentales: l'égalité, la responsabilisation et l'inclusivité. En matière d'égalité, comme je l'indique dans mes notes, nous préconisons un accès égal et sans délai aux meilleurs médicaments pour l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens recevant un diagnostic de cancer. Pour offrir un tel accès sans délai, il ne faudrait pas qu'un patient ait à attendre et attendre encore pour obtenir un médicament et se le faire rembourser, une fois qu'il a été approuvé au Canada. Par accès égal, on entend une application uniforme dans tout le pays. L'accès ne devrait pas dépendre de la région où l'on vit ni de son statut social. Nous voulons avoir accès aux meilleurs traitements qui soient, et pas uniquement à ceux qui se trouvent à être disponibles et qui ne sont pas nécessairement les plus efficaces.
La question de la responsabilisation intervient dans tout le processus décisionnel quant au remboursement des médicaments et à leur inscription sur les listes provinciales. Il faut que ce processus soit juste, équitable et transparent. Nous ne considérons pas que ces conditions sont remplies dans l'état actuel des choses. La responsabilisation doit s'appliquer non seulement aux membres des comités qui examinent les médicaments, mais également aux provinces qui donnent suite à leurs recommandations.
Comme d'autres intervenants l'ont fait valoir, l'inclusivité passe par une consultation et une participation significatives de l'ensemble des parties concernées, y compris des patientes dûment informées et des fournisseurs de soins de santé comme les oncologues et les pharmaciens, dans le cadre du processus décisionnel. Ces intervenants doivent apporter une contribution significative; c'est-à-dire que leur apport doit être concret. Il importe de reconnaître que les patientes et les oncologues sont les personnes les plus affectées par les décisions prises quant au financement des médicaments, une réalité que le docteur Knox nous a décrite fort éloquemment. Lorsque nous recevons un diagnostic de cancer, nous commençons à travailler en partenariat avec notre médecin. Il est horrible d'entendre toutes ces histoires de patients frustrés qui ne peuvent pas avoir accès à un traitement, sans que leur médecin ne puisse faire quoi que ce soit.
D'après notre analyse du Programme commun d'évaluation des médicaments, nous ne croyons pas qu'il a eu pour effet d'améliorer l'accès des patientes aux médicaments approuvés. On déplore toujours un temps d'attente inacceptable entre l'approbation d'un médicament et son inscription sur les listes provinciales. Le processus décisionnel présente une certaine transparence, mais la population canadienne n'a pas facilement accès aux critères concrets sur lesquels reposent les décisions prises. Les examens provinciaux continuent à succéder aux examens nationaux. Il s'agit de toute évidence pour nous d'un dédoublement des efforts et d'une cause de retard dans les décisions.
Les provinces ne sont nullement obligées d'accepter les recommandations du PCEM. Nous savons qu'elles donnent généralement suite aux décisions prises lorsqu'il est recommandé de ne pas inscrire un médicament sur leurs listes, mais il ne fait aucun doute qu'elles ne suivent pas toujours les recommandations en faveur d'une telle inscription.
Tout le processus semble obéir davantage à des considérations économiques qu'à des arguments fondés sur la santé. Moins de la moitié des médicaments examinés ont obtenu une recommandation et nous savons en outre que le processus n'est pas adapté aux nouveaux types de médicaments, comme les agents ciblés et les produits biologiques.
Malgré quelques améliorations grâce aux efforts déployés pour accroître la transparence et associer les patients aux décisions prises, nous savons que de plus en plus de Canadiennes et de Canadiens se voient imposer, à cause de la région où ils vivent, des choix déchirants entre leur qualité de vie, le nombre d'années qu'il leur reste, l'épuisement de leurs ressources financières et la faillite pour leurs familles.
Il s'agit là de décisions extrêmement difficiles à prendre. « Devrions-nous dépenser tout notre argent pour me garder en vie encore dix mois, ou devrais-je accepter passivement la mort? » Nous ne voulons pas accepter passivement la mort. Il est inacceptable qu'une telle chose se produise au Canada. Il est tout à fait scandaleux de voir cette disparité augmenter encore.
Nous avons pu constater les effets de ces disparités régionales dans le dossier des médicaments anticancéreux et des traitements contre le cancer. Le groupe de Bill Hryniuk a accompli énormément de travail à ce sujet pour faire ressortir les différences quant aux médicaments qui sont remboursés.
Le concept d'une stratégie nationale pour l'ensemble des médicaments oncologiques semble vraiment judicieux à première vue. Il offre la possibilité d'éliminer les disparités régionales et d'assurer à toutes les patientes qu'elles recevront les médicaments nécessaires.
Il suffit de voir les modalités. Ce programme inclura dorénavant tous les médicaments anticancéreux, et pas seulement les médicaments oraux. Il comprendra les médicaments à ramener chez soi et ceux qui sont injectables. Il assurera un examen rigoureux en optimisant l'expertise disponible et en évitant les dédoublements. Les décisions seront fondées sur des données probantes et les délais de financement seront réduits. Les provinces y collaboreront et il pourrait en résulter une amélioration des systèmes d'établissement des prix et des négociations avec l'industrie. Tout cela semble donc merveilleux.
Mais lorsque je considère le communiqué émis par le gouvernement de ma province, la Saskatchewan, concernant le Processus d'examen des médicaments oncologiques (PEMO), je note deux commentaires du ministre de la Santé, Len Taylor, un homme formidable, qui dit que nous avons besoin au Canada d'un programme uniforme — l'uniformité est effectivement importante — et rigoureux d'examen de l'efficacité clinique et de la rentabilité des nouveaux médicaments contre le cancer. Voilà un commentaire fort édifiant, mais qu'est-ce que cela veut dire exactement? Comment peut-on le traduire dans la réalité? Qui examine l'information disponible et quelles décisions sont prises? On peut bien prendre les décisions les plus favorables aux citoyens du Canada, mais on dit un peu plus loin dans le même communiqué que chacun des gouvernements demeurera responsable des décisions finales quant au remboursement. Nous ne voyons donc pas en quoi cela nous permettra d'éviter toutes ces histoires regrettables que nous avons entendues concernant le PCEM. Le PEMO ne remplira pas ses promesses s'il se résume à une nouvelle itération plus complexe du processus du PCEM.
Le Réseau canadien du cancer du sein s'inquiète de voir ce processus aller de l'avant et s'intégrer à la prise de décisions quant au financement des médicaments au Canada. Nous n'avons pas beaucoup de cas à faire valoir pour l'instant, contrairement aux spécialistes du cancer du rein, mais nous savons que nous verrons apparaître de plus en plus de nouveaux agents ciblés, de produits biologiques et de médicaments novateurs capables de nous sauver la vie mais auxquels, d'après ce que nous pouvons voir, des femmes atteintes du cancer du sein ne pourront pas avoir accès, ou pour lesquels elles devront payer le gros prix.
Relativement au PEMO, nous nous inquiétons notamment du fait que le modèle sur lequel repose le processus d'examen intérimaire n'entraînera pas des décisions optimales pour la santé des Canadiennes et des Canadiens ayant reçu un diagnostic de cancer. Nous avons lu et entendu des commentaires en provenance de nombreuses sources, mais le processus ne semble pas valoriser pour l'instant les recommandations d'oncologues experts.
Les analyses de rentabilité n'offrent pas aux décideurs l'information dont ils ont besoin pour faire des choix de financement capables d'optimiser les avantages santé compte tenu des ressources disponibles. Mais il y a une importante lacune à cet égard. On n'obtient pas l'information requise. C'est trop simple. Bien d'autres facteurs doivent être pris en compte dans le cadre de ce processus décisionnel.
Le processus n'assurera pas l'accès aux médicaments nécessaires pour les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer au Canada; il va donc entraîner des souffrances accrues et un décès précoce pour certains de nos concitoyens.
Nous craignons vraiment qu'il s'agisse d'une autre initiative axée sur le contrôle des coûts et que ce soit là la priorité. On parle d'un engagement à l'égard d'une norme de soins uniforme, mais cela n'équivaut pas à un engagement à l'égard d'une norme de qualité.
Il est déjà assez pénalisant de se faire diagnostiquer un cancer qu'il devient tout à fait inacceptable qu'on ajoute à cela une somme de 35 000 dollars à payer pour une série de traitements.
En 2004, le RCCS a mené un sondage national sur les répercussions financières d'un cancer du sein. Dans la documentation que nous vous avons remise, vous trouverez une petite brochure verte où les résultats de ce sondage sont présentés. À la page 10, on précise que 66 p. 100 des répondantes nous ont dit avoir dû payer pour des médicaments d'une manière ou d'une autre. Et il ne s'agissait pas nécessairement de femmes marginalisées au sein de la société. Ce n'était pas seulement des femmes pauvres qui n'arrivaient pas à joindre les deux bouts. On parle donc d'une proportion importante.
Nous ne comprenons pas pourquoi les autres provinces ont consenti à un processus qui va entraîner une réduction de l'accès dont dispose actuellement leur population. Le modèle ontarien a fait en sorte que très peu de médicaments sont financés, en comparaison avec ce que l'on trouve dans d'autres provinces. Nous ne comprenons pas pourquoi le modèle adopté n'est pas celui de la province offrant la meilleure performance en termes d'accès aux médicaments. Le modèle de la Colombie-Britannique finance la plupart des médicaments pour les patientes. Nous sommes très inquiets que l'intérêt des patientes passe en dernier lieu, si même il est considéré.
Des décisions seront prises au sujet des vies et de la qualité de vie des Canadiennes sans que l'on comprenne leur point de vue sur ces décisions ou leur participation à cette prise de décision. Il faut tenir compte des patientes et de leur famille ainsi que de l'opinion de leurs médecins.
Les possibilités de traitement seront déterminées par l'endroit où les gens habitent au Canada plutôt que par les éléments pertinents de leur dossier. Les patientes vont se voir refuser l'accès à des médicaments de qualité. Les patientes qui peuvent se payer des médicaments pour prolonger leur vie auront accès à ces médicaments. Les autres qui ne pourront pas se payer ce luxe mourront.
Nous ignorons quelle est la solution à ce problème. Nous savons que cette situation n'est pas acceptable au Canada. L'intérêt des patientes doit primer. Quel que soit le système adopté, il doit faire en sorte de prolonger la qualité de vie et sauver des vies. L'égalité d'accès aux médicaments oncologiques requiert un financement fédéral comme garantie d'égalité ainsi qu'un changement systémique dans notre réflexion sur l'importance de prolonger et de sauver des vies humaines. Tous les intervenants doivent travailler de concert pour veiller à ce qu'aucune Canadienne ne reçoive moins que les meilleurs soins possibles.
Nous voulons un système transparent et juste où les patientes peuvent passer des essais cliniques à l'accès continu aux médicaments requis, où les patientes ne se voient pas refuser cet accès et où aucune Canadienne n'a à choisir entre l'espoir, la faillite et la mort.
Je vous remercie.
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Je m'appelle Barry. Je ne suis pas médecin; en fait, je suis avocat, mais vous y étiez presque.
Pour ceux d'entre vous qui ne me connaissent pas, je m'appelle Barry Stein. Je suis le président de l'Association canadienne du cancer colorectal. Ceux qui ne me connaissent pas devraient venir au déjeuner parlementaire de notre association. Vous êtes nombreux à l'avoir fait, alors vous devriez dire aux autres à quel point on y mange bien. Cela vaut vraiment le déplacement.
L'avantage de passer en dernier, c'est que vous avez eu le luxe d'entendre tous les autres témoins. Je sais que vous voulez entendre des témoignages individuels. Toutefois, je suis parfaitement d'accord avec les témoins d'aujourd'hui, en particulier avec la Dre Knox et le récit bien senti, très juste et pertinent qu'elle a présenté. Je ne savais pas qu'elle allait parler de cette histoire aujourd'hui, mais je dois vous dire que ce qui est vrai pour le cancer du rein l'est aussi pour le cancer colorectal et toutes les formes de cancer. Je peux le corroborer, pour utiliser une expression juridique. C'est une histoire vraie.
L'Association canadienne du cancer colorectal est un organisme canadien sans but lucratif qui s'occupe à sensibiliser et à éduquer la population sur cette maladie. Nous soutenons les patients et leur famille et nous préconisons un dépistage efficace partout au pays ainsi que l'accès en temps opportun à un traitement efficace. Évidemment, c'est la question de l'accès que j'aborderai aujourd'hui.
Au Canada, pour que vous compreniez les chiffres... et si vous n'étiez pas au déjeuner parlementaire, vous allez assister à la leçon maintenant. Je ne vous demanderai pas si vous avez été examiné d'ici la fin, mais nous faisons cela à notre déjeuner parlementaire. En 2007, on estime que le cancer colorectal sera diagnostiqué chez quelque 20 800 Canadiens et fera malheureusement 8 700 victimes au pays. La maladie touche hommes et femmes en nombre à peu près égal et elle constitue globalement la deuxième cause de décès par cancer au Canada. Toutefois, c'est une maladie en grande partie évitable, traitable et guérissable lorsqu'on la détecte à un stade précoce. Et si nous voulons traiter efficacement et vaincre le cancer colorectal, il est urgent d'avoir accès à des médicaments efficaces dans le cadre des directives sur le traitement.
En mars dernier, l'Association canadienne du cancer colorectal a organisé une table ronde nationale, à Montréal, centrée sur le dépistage et l'accès au traitement. Environ 150 personnes y ont assisté. Certains témoins d'aujourd'hui ont aussi participé à cette table ronde et j'ai souligné dans nos notes toute la diversité de ces gens — des représentants gouvernementaux, des organismes de lutte contre le cancer, des oncologues, etc., ainsi que des organisations de patients. Ces personnes venues de toutes les régions du pays ont exprimé leur point de vue sur l'accès au traitement, en particulier l'accès aux médicaments contre le cancer colorectal.
Étant donné la diversité des participants à notre table ronde et des personnes atteintes qui sont membres de notre association, je suis en mesure de vous faire part aujourd'hui d'un point de vue représentatif.
Bien que le PCEM, le Programme commun d'évaluation des médicaments, a été créé dans le but de réduire les doubles emplois et de permettre un accès égal à l'avis d'experts pour les régimes publics d'assurance-médicaments au Canada, les patients estiment que l'on s'attache davantage à restreindre les coûts qu'à assurer l'accès à des médicaments importants. Cette situation crée un dilemme difficile pour les personnes atteintes, pour qui il est crucial, à un moment où elles sont extrêmement vulnérables, d'avoir accès facilement et en temps opportun à des médicaments efficaces. Par conséquent, notre association est d'avis qu'il faut changer d'optique dans l'approbation des médicaments contre le cancer et mettre l'accent non pas sur la limitation des coûts, mais sur l'amélioration de l'accès à des traitements efficaces.
Depuis la création du Processus d'examen des médicaments oncologiques, on observe une certaine méfiance à l'égard de ce mécanisme, méfiance en grande partie attribuable à l'apparent manque de transparence avec lequel ce dernier a été mis en oeuvre. Il a été imposé à la majeure partie de la population, et personne n'en avait entendu parler... du moins pas tout le monde. J'imagine que certaines personnes étaient au courant, mais la population en général a simplement été mise devant un fait accompli.
Il est possible de redresser la situation en ce qui concerne le PEMO, mais on doit pour cela tenir compte des leçons apprises de la mise en oeuvre du PCEM. Notre association est favorable à l'idée qu'un groupe soit responsable d'évaluer les médicaments oncologiques, mais elle s'inquiète en même temps de la possibilité que le processus ne soit qu'une autre manière de restreindre les coûts et ce, au détriment des personnes atteintes de cancer, ce qui est à l'évidence inacceptable.
Si l'objectif du processus est d'instaurer l'égalité entre toutes les régions du pays en ce qui a trait à l'approbation des médicaments anticancéreux, il ne doit pas avoir comme conséquence de réduire le nombre de médicaments auxquels l'ensemble des personnes atteintes ont accès. Il faudrait au contraire améliorer l'accès aux nouveaux médicaments qui permettent aux personnes atteintes d'espérer, alors qu'aucun espoir ne leur était permis auparavant.
Les Canadiens atteints de cancer souhaitent avoir accès en temps opportun aux médicaments les plus efficaces et ne veulent pas que cet accès soit décidé uniquement en fonction du coût de ces médicaments, mais de la possibilité qu'ils offrent d'améliorer leur qualité de vie et d'assurer de meilleurs résultats de traitement.
Concernant les délais d'attente, l'Association canadienne du cancer colorectal est d'avis qu'un processus d'évaluation plus rapide — non pas moins sécuritaire, mais plus rapide — ferait en sorte que moins de gens succomberaient à une maladie qui est guérissable.
D'un point de vue international, nous estimons qu'il est inutile de réévaluer des médicaments ayant déjà fait l'objet d'une évaluation dans d'autres pays et qu'un processus international commun serait plus efficace. En outre, nous sommes d'avis que les processus canadiens d'approbation devraient être harmonisés avec ceux de l'Europe et des États-Unis, notamment, ce qui permettrait d'éviter les lenteurs et les doubles emplois.
Par ailleurs, nous estimons que tous les Canadiens profiteraient d'un processus unique d'approbation dans le cadre duquel les médicaments seraient approuvés simultanément par Santé Canada et par les provinces, de façon à éliminer les délais consécutifs liés au cloisonnement des processus de Santé Canada, du PCEM ou du PEMO, et des approbations provinciales pour le remboursement. Ces délais, qui découlent des différentes étapes d'approbation, sont des obstacles qui retardent indûment le traitement des personnes atteintes de cancer — il va sans dire que je représente les personnes atteintes du cancer colorectal aujourd'hui — pour qui chaque jour compte.
Sur le plan personnel, permettez-moi de préciser que, comme je lutte depuis 1995 contre un cancer colorectal avec métastases au foie et aux poumons et que j'ai dû me rendre à l'étranger pour recevoir un traitement capable de vaincre cette maladie, tout en devant me battre devant les tribunaux du Québec pour pouvoir me faire rembourser les frais afférents, je sais ce que c'est que d'attendre un traitement et je peux vous assurer que cela n'a rien d'agréable.
Nous estimons que le Canada se trouve à la croisée des chemins pour ce qui est de l'accès à des traitements efficaces au pays. En effet, à l'heure où de nouveaux produits biologiques faisant appel à de petites molécules et d'autres traitements coûteux sont utilisés pour lutter contre le cancer, certaines provinces en sont encore à se demander si elles devraient en rembourser le coût — si ces traitements cadrent avec leurs lignes directrices en matière de traitement.
Il s'ensuit que, à l'heure actuelle, tandis que dans certaines provinces, les personnes atteintes ont la chance d'avoir accès à certains de ces nouveaux traitements, dans d'autres, elles se voient contraintes d'assumer elles-mêmes le coût élevé de ces médicaments — et on vous a dit aujourd'hui que cela pouvait représenter 35 000 dollars, etc. — ou de carrément renoncer aux traitements. Cette situation est, évidemment, inacceptable.
Nous sommes peinés de voir, partout au pays, des personnes atteintes qui ne reçoivent pas le traitement optimal contre le cancer colorectal conformément aux lignes directrices en matière de traitement parce que nos gouvernements ne remboursent pas les traitements comme l'Avastin. Par ailleurs, il est pratiquement impossible d'obtenir une assurance pour couvrir ce type de médicament. Pour que nous nous comprenions bien, lorsque je parle d'Avastin ou de bevacizumab, je parle de la même catégorie de nouveaux antiangiogéniques ou inhibiteurs de la tyrosine kinase dont la Dre Knox a parlé en faisant référence au Sutent.
Nous sommes aussi peinés de voir les compagnies pharmaceutiques qui ne commercialisent même pas des traitements efficaces parce qu'elles sont incapables de convenir d'un prix avec le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, le CEPMB. C'est exactement ce qui est arrivé avec l'Erbitux, que certains d'entre vous appelez peut-être le médicament Martha Stewart. Ce dernier n'a pas été lancé au Canada parce qu'on n'a pas réussi à s'entendre sur son prix.
L'accès à un traitement efficace ne devrait pas dépendre des moyens financiers de la personne. Si les fonds publics ne suffisent pas pour permettre cet accès, on doit alors trouver des solutions de rechange pour assurer à tous les Canadiens un accès égal aux meilleurs traitements possibles et ce, en temps opportun. Cependant, l'équité en matière d'accès aux traitements ne devrait pas se faire par un nivellement vers le bas. Le Canada doit mettre la barre le plus haut possible dans ses efforts pour assurer l'égalité d'accès et l'accès en temps opportun.
Les personnes atteintes pourraient être prêtes à accepter l'idée de fixer des limites au financement public des médicaments anticancéreux, mais nous croyons que les limites actuelles ne sont pas acceptables et qu'il ne convient pas de fonder l'approbation uniquement sur le coût de ces médicaments. Des valeurs sociales plus universelles doivent être prises en considération.
Bien sûr, il est difficile d'obtenir un consensus sur la façon de limiter le financement des médicaments anticancéreux. Toutefois, notre association estime que les décisions sur le financement doivent être fondées sur une information probante et tenir compte de ce qui se fait ailleurs. Les décisions doivent être prises de manière équitable, transparente et rationnelle et on devrait simplifier le processus d'évaluation des médicaments.
Il est intéressant de noter que plusieurs participants à notre table ronde estimaient qu'on ne devrait pas imposer de limites au financement des médicaments anticancéreux, étant donné que ces produits ne comptent que pour une petite partie du budget de financement global des médicaments. Par ailleurs, on m'a fait remarquer que dans environ deux ans, le brevet de plusieurs médicaments qui accaparent une grande part du budget global expirera, ce qui accroîtra la capacité de rembourser les nouveaux médicaments coûteux. Au cas où vous ne seriez pas au courant, certains des médicaments contre le cholestérol, notamment, qui accaparent environ un milliard de dollars du budget, ne seront plus assujettis à un brevet, et nous aurons 500 millions de dollars de plus. Vous pourrez dire que nous avons tous fait un excellent travail en limitant les coûts. Mais la vérité, c'est que cet argent ne sera pas nécessairement attribuable à la limitation des coûts, mais bien à l'expiration des brevets.
Plusieurs des groupes représentés lors de la table ronde estimaient qu'il fallait se départir de cette mentalité de clocher qui existe dans le financement des médicaments anticancéreux. On pourrait disposer de plus de fonds pour ce financement grâce aux économies découlant des programmes de prévention, par exemple.
Les opinions peuvent diverger quant à la manière de limiter le financement des médicaments anticancéreux, comme vous l'avez entendu aujourd'hui, mais les participants à notre table ronde étaient unanimes pour dire que le processus d'évaluation devait absolument se faire sous le signe de l'ouverture, de l'équité, de la transparence et, peut-être surtout, de la responsabilisation. Le public devrait participer davantage à toutes les étapes d'approbation, notamment à la mise sur pied du processus.
Les personnes atteintes de cancer ne peuvent accepter qu'on refuse de financer un médicament si elles ne comprennent pas les raisons de ce refus. C'était l'une des plus grandes critiques faites à l'égard du PCEM, et nous espérons que ce problème ne se produira pas avec le PEMO.
Si des limites sont fixées et que certains médicaments ne sont pas couverts, il faut alors offrir aux patients d'autres mécanismes de financement. Autrement, les Canadiens devront quitter le pays, comme je l'ai fait, pour recevoir un traitement contre le cancer colorectal ou d'autres formes de cancer.
Il existe au Canada un courant favorable à l'examen d'un autre mode de financement novateur faisant en sorte que les Canadiens ne soient pas privés de médicaments susceptibles de prolonger leur vie ou de la sauver. À cet égard, la table ronde a donné lieu à des suggestions innovatrices et intéressantes telles que le partage entre les compagnies pharmaceutiques et les provinces des coûts liés aux traitements sur une certaine période. Par exemple, les compagnies pharmaceutiques pourraient payer deux cycles de traitement et si ces derniers donnent des résultats probants, l'hôpital et la province paieraient le reste du traitement.
Par ailleurs, les participants à la table ronde étaient d'avis que le recours aux régimes privés d'assurance pourrait être le meilleur moyen d'accroître l'accès aux médicaments, et cet avis est de plus en plus répandu. Par exemple, on pourrait mettre au point un programme élargi inspiré de ce que nous avons au Québec. Les employés sont couverts par des régimes collectifs privés, et lorsqu'ils n'ont pas cette couverture, l'État entre en jeu.
Une autre possibilité serait de créer un fonds fédéral pour le financement des médicaments anticancéreux afin d'aider les provinces à assumer le coût de ces technologies nouvelles et coûteuses. On favoriserait ainsi l'égalité d'accès à tous les médicaments anticancéreux dans l'ensemble du pays.
En conclusion, le Programme commun d'évaluation des médicaments et tout mécanisme semblable, comme le PEMO, ne peuvent être profitables aux Canadiens que si leur objectif n'est pas de limiter les coûts, mais bien de sauver des vies, d'améliorer la qualité de vie des malades et de prolonger leur vie.
Je vous remercie.