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Bonjour à tous. Je suis chercheur, je vais donc vous présenter des résultats de recherche, dont certains ont déjà fait l’objet de politiques.
Les écoles sont au cœur de mes recherches. Elles constituent un terrain fort propice aux interventions sur l’obésité chez les enfants, qu’il s’agisse des écoles elles-mêmes, de leur environnement ou du quartier où elles se trouvent.
Je vais commencer par les repas à l’école. Dans certaines écoles, le lundi, c’est McDonald’s, le mardi, Burger King, le mercredi, Wendy’s, et ainsi de suite. Nous savons tous que ce n’est pas le genre de régime alimentaire que nous souhaitons pour nos enfants.
J’ai fait une enquête qui a montré que les jeunes qui achètent leur repas à l’école courent 39 p. 100 plus de risques de faire de l’embonpoint et 39 p. 100 plus de risques d’être obèses. Vous vous demandez peut-être si ces mêmes enfants sont ceux qui ne font pas d’activités physiques, qui ne font pas de sport, et ainsi de suite. Nous avons des modèles statistiques qui prennent tous ces éléments en compte. Le risque accru d’acheter un repas à l’école est ce qu’il est, étant donné l’exposition à de tels repas et leur consommation. Pratiquement 40 p. 100 de ces enfants ont probablement un excès de poids et 40 p. 100 sont probablement obèses comparativement à ceux qui apportent leur repas à l’école ou qui vont manger à la maison.
À la suite de ces observations, j’ai fait certaines recommandations au gouvernement de la Nouvelle-Écosse, et j’ai été très heureux de constater qu’il a appliqué mes recommandations. Le gouvernement de cette province a mis en œuvre une nouvelle politique de nutrition dans les écoles qui, on l’espère, s’attaquera au problème.
Le temps que les enfants consacrent à l’éducation physique est un autre élément qui est également lié de très près à l’école. Il existe un lien bien défini entre la fréquence des cours d’éducation physique et l’obésité ou l’embonpoint. On constate jusqu’à 40 p. 100 de plus d’obésité et d’embonpoint chez les enfants qui ont peu de cours d’éducation physique. Encore là, mes recommandations sont très claires. Il faut davantage d’éducation physique dans les écoles.
La Nouvelle-Écosse a réagi. On engagera plus de professeurs d’éducation physique.
Je ne suis pas le seul à avoir fait cette observation, me direz-vous. Nombre d’interventions vont dans le même sens. Par exemple, le gouvernement de l’Alberta a déjà mis en place une politique d’éducation physique quotidienne.
Il semble que la mise en œuvre de cette politique pose problème. Pourquoi? Parce que souvent les écoles n’ont pas la capacité de l’appliquer, n’ayant pas les gymnases et les installations appropriées. Pour régler ce problème, je recommande de s’attaquer au cadre bâti: il nous faut des écoles mieux équipées pour l’éducation physique.
L’un des résultats les plus étonnants de ma recherche concerne un programme élaboré dans un regroupement scolaire de la vallée de l’Annapolis. Ce programme combine divers éléments. Les écoles offrent uniquement des repas santé. Elles ont une politique contre la malbouffe. Elles offrent chaque jour des activités physiques. Elles donnent accès aux gymnases après l’école. Elles proposent un programme complet en matière de santé et de nutrition. Et elles réussissent très bien à contrer l’obésité chez les enfants. Il y a dans ces écoles 59 p. 100 moins d’embonpoint et 72 p. 100 moins d’obésité. Ce sont des chiffres très impressionnants.
Ces observations nous amènent tout naturellement à faire une recommandation préconisant une approche globale pour combattre l’obésité chez les enfants. J’ai été très heureux de constater que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a réagi à ces données et qu’il a demandé aux responsables de cet excellent programme d’en étendre l’application. Offert à l’origine dans sept écoles, le programme est maintenant présent dans toutes les écoles de la commission scolaire, soit quelque 40 écoles.
J’aimerais maintenant aller encore un peu plus loin et vous parler des milieux de vie et de l’influence qu’ils exercent sur l’embonpoint et la santé en général.
Nous savons, grâce à des études fondées sur des bases de données américaines, que l’endroit où nous vivons détermine notre état de santé, indépendamment de facteurs individuels comme le statut socio-économique, etc.
J’ai participé à ce genre de recherche au Canada, et selon mes observations, on constate généralement qu’il y a moins de différence entre les quartiers en matière de santé, au Canada comparativement aux États-Unis. J’ai tendance à expliquer ce résultat par la qualité de notre système d’écoles publiques et de soins de santé et parce que les écarts sont moins grands entre les quartiers.
Toutefois, dans ma recherche sur l’obésité chez les enfants, j’ai observé une énorme différence. De fait, les enfants vivant dans de meilleurs quartiers ont seulement 50 p. 100 de risques de faire de l’embonpoint ou de devenir obèses comparativement aux enfants vivant dans des quartiers défavorisés. Comme l’information de base est la même, la question importante est clairement de savoir pourquoi. Nous ne pouvons expliquer ces différences par des facteurs individuels. Comment expliquer les différences observées entre les quartiers?
J’ai étudié l’accès aux terrains de jeu et aux parcs. Les enfants qui vivent dans des quartiers offrant un bon accès aux terrains de jeu et aux parcs ont beaucoup moins tendance à passer beaucoup de temps à regarder la télévision ou à jouer à des jeux vidéo pour en contrepartie faire davantage d’activités à l’extérieur. Ils courent également moins de risques d’embonpoint ou d’obésité.
Il est clair qu’il faut préconiser de manière générale un soutien accru et un meilleur accès aux terrains de jeu et aux parcs en bon état. Cette recommandation s’applique également au milieu scolaire. Les écoles doivent être dotées de cours de récréation et d’installations sportives de qualité. Très souvent, les cours d’école sont financées par des organismes de bienfaisance ou par l’industrie alimentaire qui fournit la nourriture dans les écoles.
En fait, on peut attaquer le problème de deux façons. On commence par fournir les terrains de jeu et, en retour, on demande aux écoles de mettre en œuvre une politique visant à bannir l’achat de malbouffe chez elles.
J’ai également examiné la facilité d’accès aux programmes de loisirs dans les écoles. Là encore, le lien ne fait aucun doute. Les jeunes qui vivent dans un quartier offrant un bon accès aux loisirs sont probablement beaucoup plus actifs et courent probablement beaucoup moins de risques d’avoir un excès de poids ou d’être obèses. Par conséquent, il faut recommander l’amélioration de l’infrastructure qui soutient l’organisation des loisirs.
J’ai examiné d’autres éléments très simples, comme le moyen par lequel les jeunes se rendent à l’école. Marchent-ils? Prennent-ils leur bicyclette? Prennent-ils l’autobus? La marche et la bicyclette ont des avantages évidents. Malheureusement, ces deux moyens de locomotion ne sont pas toujours possibles. Toutefois, lorsque c’est possible, il est fortement recommandé de les privilégier puisqu’ils diminuent les risques d’embonpoint et d’obésité. Concernant l’autobus, il existe de toute évidence des variations. Plus un enfant passe de temps assis chaque jour dans un autobus scolaire, plus il court le risque d’avoir un excès de poids. Si nous arrivons à améliorer l’efficacité des services de transport par autobus et à trouver d’autres façons de limiter le temps de transport des élèves, de manière générale, leur poids et leur santé en bénéficieraient.
J’ai aussi étudié la question de la sécurité. Nous savons, grâce à de nombreuses études, que la sécurité constitue un problème important aux États-Unis. Je n’ai pas été en mesure de confirmer que c’était tout à fait le cas en Nouvelle-Écosse. Il est possible que la sécurité en Nouvelle-Écosse comme peut-être ailleurs au Canada ne soit pas un problème aussi important. J’ai aussi constaté qu’on disait passer plus de temps à jouer et moins de temps devant un écran. Toutefois, je n’ai pu établir un lien entre la sécurité des quartiers et le taux d’obésité.
Pour ce qui est de la défavorisation — j’ai élaboré un pointage de défavorisation comprenant divers éléments comme la dégradation de l’environnement, les problèmes causés par les jeunes, le trafic de drogues et la qualité de l’hébergement — et j’ai constaté un lien, quoique peu important, entre ces éléments. Dans les quartiers défavorisés, les enfants ont davantage tendance à passer plus de temps devant un écran et, en plus d’avoir des problèmes de santé et de poids, ils feront probablement moins d’activités physiques.
Enfin, j’aimerais parler de l’accès aux établissements qui vendent la malbouffe. On constate que les quartiers défavorisés comptent un plus grand nombre de ces établissements, et que l’accès aux supermarchés qui vendent de la nourriture santé — fruits et légumes frais, etc. — à prix abordable y est plus problématique. C’est le cas aussi au Canada. Si vous n’avez pas accès dans votre quartier à des commerces qui vendent de bons produits, la qualité de votre régime alimentaire sera probablement moindre, et les enfants qui vivent dans ces quartiers courront plus de risques d’avoir un excès de poids.
En résumé, je pense qu’il existe certains moyens de prévenir l’obésité chez les enfants de notre pays, tant dans leur environnement scolaire que dans leur quartier.
Merci de votre attention.
Je suis content de pouvoir m’adresser à vous. J’aurais aimé être avec vous.
Mon exposé s’intègre parfaitement à celui du premier témoin. On a accumulé beaucoup de preuves relativement au cadre bâti et à la santé des adultes. Nous commençons maintenant à savoir comment le cadre bâti influe sur l’obésité chez les enfants. Je félicite le comité d’avoir entrepris son projet sur l’obésité chez les enfants. Il est très pertinent. Malheureusement, il l’est encore plus que nous le pensions.
Les conséquences de l’aménagement d’un quartier sont, pour ce que nous en savons actuellement... Je vais simplement vous faire un bref résumé, puisque j’ai fait une bonne partie de la recherche préparée il y a quelques années avec la Fondation des maladies du cœur pour son rapport annuel. L’aménagement d’un quartier se fonde sur la combinaison de divers éléments, y compris des commerces et des services de proximité. Le réseau routier est très important — avoir un réseau connecté facilite l’accès aux services.
Pour les jeunes, les rues menant à un cul-de-sac peuvent avoir certains avantages, puisqu’ils peuvent en faire leur terrain de jeu, mais ce type de rue empêche l’ensemble de la collectivité de circuler et de marcher pour atteindre les services de proximité. Je pense que le fait que les jeunes jouent dans les culs-de-sac s’explique par le manque d’espaces verts et d’équipements récréatifs, comme les parcs qui ont été aménagés dans les quartiers au cours des 20 dernières années. Selon moi, la solution n’est pas la création d’autres culs-de-sac. Ce serait une erreur. Nous savons que les résidants de quartiers plus petits, plus denses, mieux reliés et où il est possible de marcher, courent beaucoup moins de risques d’être obèses et ils ont probablement plus de chances que leur niveau d’activité physique corresponde à celui qui est recommandé par la Fondation des maladies du cœur et le chef des services de santé des États-Unis.
Maintenant, entrons dans les détails. Les gens qui vivent dans les quartiers où il est facile de marcher — j’ai fait des recherches à Atlanta sur ce sujet, qui ont beaucoup circulé au Canada — ont 2,4 fois plus de chances d’atteindre le niveau d’activité physique recommandé par la Fondation des maladies du cœur et le chef des services de santé des États-Unis. Nous nous rendons compte maintenant que ces résultats s’appliquent également aux jeunes. J’aborderai cette question dans un moment.
Diverses études nous ont amenés à une autre conclusion concernant l’obésité. Nous avons appris que l’obésité n’est pas uniquement liée à l’aménagement d’un quartier. Bien sûr, ce facteur influe sur la façon dont les familles — adultes et enfants — se déplacent. Chaque heure supplémentaire passée dans une voiture est associée à une augmentation de 6 p. 100 de la probabilité de devenir obèse.
Maintenant, dans une région comme Atlanta... la différence dans la forme physique. Voici ce qui, selon moi, va jouer un rôle au Canada, particulièrement dans un endroit comme Vancouver. À Atlanta, qui est une ville plus tentaculaire que la plupart des villes canadiennes, il existe d’énormes différences dans les façons de se déplacer entre la maison et le travail, même s’il n’y a pas beaucoup de différences pour ce qui est de l’aménagement des quartiers. Par conséquent, selon moi, nous allons observer, contrairement peut-être à ce que le premier témoin a affirmé — je pense que c’est complémentaire — une plus grande différence de comportements dans la situation au Canada en raison des différences entre les quartiers. Il y a bien sûr pas mal d’étalement urbain au Canada, mais nous avons davantage d’endroits où il est possible de marcher. Les différences dans les cadres bâtis sont aussi plus importantes.
Les modèles nous ont appris que l’augmentation de l’obésité est liée à la sédentarité. Nous gaspillons le temps que nous, adultes, pourrions consacrer à l’activité physique. Je pense aussi que cela a aussi une incidence sur les jeunes au sein des familles. Nous le savons, chaque kilomètre supplémentaire consacré à la marche se traduit par une réduction d’environ 5 p. 100 des risques d’obésité.
C’est en résumé la situation concernant l’obésité et l’activité physique chez les adultes. Nous continuons d’accumuler des informations sur ce sujet. Mais que savons-nous sur les enfants? Dans environ deux semaines, nous allons publier une étude fondée sur un échantillon de 3 100 jeunes. Elle concerne toujours les États-Unis. Mais, étant professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, je peux vous présenter certaines recherches sur Vancouver et vous parler de leurs incidences sur les politiques générales du Canada.
Nous avons réparti les enfants en catégories d’âge: de cinq à huit ans, de neuf à onze, douze et plus. Ces catégories sont importantes, parce qu’un événement marquant survient lorsque les jeunes atteignent l’âge de seize ans: ils ont alors accès à une voiture, pas toujours, mais c’est souvent le cas.
Nous avons constaté que, pour tous les groupes d’âge, la probabilité qu’un enfant parcourt des distances à pied est liée à la présence d’espaces verts et de parcs dans son quartier, c’est-à-dire à une distance de marche d’un kilomètre. Il devrait y avoir un parc à un demi-kilomètre, à un quart de kilomètre, à 300 pieds seulement de la maison, et le réseau routier doit en permettre l’accès.
Il faut qu’il y ait des voies d’accès sûres aux parcs et aux espaces verts existants. Ces endroits doivent avoir des passages pour piétons, des trottoirs, un éclairage pendant la nuit et le reste, également pour le bénéfice des adultes. Mais le point principal, c’est que les parcs et les espaces verts doivent se trouver à une distance de marche d’un kilomètre. Cette condition concerne tous les groupes d’âge chez les enfants. Elle est celle qui a la plus grande importance. Cette observation correspond aux conclusions du premier témoin. C’est une observation intéressante.
Lorsque les jeunes vieillissent, d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Pour les enfants entre cinq et huit ans, la seule chose qui importe est d’avoir des espaces verts à proximité, c’est-à-dire que le cadre bâti doit se trouver à une distance qui leur permet de s’y rendre à pied. La marche est une activité physique qui a une grande importance.
Pour les jeunes âgés entre 9 et 11 ans, ce qui compte c’est la densité, la compacité de l’espace. Selon moi, ce facteur peut faire l’objet d’une politique sur le choix de l’emplacement des écoles. Nous pouvons évaluer le nombre d’enfants qui vivent à moins de 500 mètres de l’école afin de nous assurer qu’ils peuvent s’y rendre à pied. L’incidence de cette politique concerne le choix d’emplacement des écoles... [Note de la rédaction: Difficultés techniques] et la prise de décisions concernant l’utilisation des terrains autour des écoles, afin que les enfants qui vivent près des écoles puissent s’y rendre à pied. C’est une incidence importante, parce que lorsque les enfants demeurent à plus d’un kilomètre de l’école, ils n’y vont pas à pied. C’est ce que nous avons constaté.
Les parents ne veulent pas qu’ils marchent. Les parents considèrent que les risques augmentent avec la distance parcourue entre la maison et l’école, ce qui est logique. C’est ce que nous avons constaté dans les recherches actuelles effectuées au Canada.
Pour les jeunes âgés entre 12 et 15 ans, on peut résumer en disant qu’ils sont les plus influencés par le cadre bâti. Comme prévu, un jeune adolescent désire se rendre dans les commerces et les services de son quartier, et les enfants les plus jeunes... La validité des résultats m’a assez étonné, puisque qu’ils correspondent exactement à ce que nous avions prévu. Ce sont les jeunes qui auront bientôt l’âge de conduire... La proximité des commerces et des services comme des parcs et des espaces verts compte pour les jeunes âgés entre 12 et 15 ans. Dans quelques semaines, je rendrai publiques, en même temps que l’étude, certaines statistiques que vous pourrez vous procurer.
Je vais vérifier si je peux transmettre l’étude au comité avant sa publication. L’étude a été acceptée. Elle est prête à être publiée dans l’American Journal of Health Promotion.
Une fois que le jeune atteint 16 ans, devinez ce qui se passe? Le cadre bâti devient moins important; tout soudainement son importance diminue. On constate les effets de disposer d’un mode de remplacement, et la marche prend moins de place.
Je ne préconise pas que la politique devrait augmenter l’âge pour l’obtention d’un premier permis de conduire. Toutefois, nous constatons que le nombre de voitures dans une famille indique de façon étonnante et claire si les enfants marchent ou pas. Cet indicateur pourrait devenir une façon de... Vous savez, la taxe sur les voitures supplémentaires — même pour une troisième voiture par rapport à la deuxième — permettrait de déterminer si beaucoup de voitures supplémentaires sont destinées aux jeunes. Il faut également décider si on choisit de fournir un stationnement à l’école ou de privilégier la marche — quelle que soit la décision que nous prendrons, il faut tenir compte des coûts ou des conséquences.
Vous avez donc un grand nombre de politiques à examiner concernant cette question. Je vous recommanderais certains sujets de réflexion que vous connaissez sans doute bien. Comme professeur d’urbanisme, je pense qu’il faudrait placer ces sujets en tête de liste des discussions.
La réglementation provinciale sur le zonage et l’affectation du sol à laquelle les municipalités doivent se conformer sont accompagnées de l’obligation de promouvoir la santé, la sécurité et le bien-être du public. Si notre recherche et d’autres montrent que le zonage ne favorise pas la promotion ou la réalisation de la santé publique, nous devons en apprendre davantage sur le sujet.
Si les distances sont telles que les gens ne peuvent pas marcher pour se rendre à leurs destinations, s’ils ne peuvent pas être actifs par la marche, c’est peut-être un signe que le zonage ne fait pas la promotion de la santé. En réalité, il ne le fait sans doute pas. Souvenez-vous que la circulation automobile pollue l’air, augmente les risques en matière de sécurité, entre en rivalité avec les piétons, particulièrement les jeunes.
Il y a également la question du financement, de la façon dont on finance le développement, la question des banques et des établissements prêteurs qui facilitent la création d’un environnement lié à l’automobile au détriment des projets mixtes qui accordent plus d’importance à la marche. C’est un vaste sujet. Toutes ces questions sont évidemment difficiles à examiner, mais cela relève de la nature du cadre bâti. C’est une question complexe.
Bien sûr, les coûts des soins de santé vont différer entre un environnement qui est davantage favorable à la marche et un autre qui l’est moins. La prestation des services dans les environnements de faible densité constitue une question très importante. Ils coûtent plus cher. Tout coûte plus cher lorsque vous laissez libre cours au développement.
Je tiens à vous mentionner que l’une des stratégies sur lesquelles vous pourriez vous pencher concerne les primes d’assurance liées au kilométrage parcouru. Selon cette stratégie, les gens qui ne conduisent pas ne paient pas d’assurance. Par contre, ceux qui font beaucoup de kilométrage courent plus de risque d’avoir un accident et de devenir obèses, et polluent davantage. Une telle stratégie envoie un message clair: les gens sont récompensés si leur comportement fait la promotion de la santé. C’est une bonne façon de faire avancer les choses.
Enfin, je désire vous résumer certains documents. On m’a posé des questions sur l’environnement alimentaire et la façon dont les gens ont accès à la nourriture. En collaboration avec la Robert Wood Johnson Foundation, nous travaillons à la publication de quelques documents sur le sujet — trois en fait. L’un d’eux sera publié dans les semaines à venir et concerne la structure de l’environnement alimentaire autour des écoles. Nous nous sommes rendus dans les magasins d’alimentation et nous avons vérifié la qualité des aliments. Nous pouvons tirer beaucoup de renseignements de cette étude. J’ai hâte de vous en communiquer les résultats. J’ai des documents et d’autres publications à vous fournir.
Je vous incite encore une fois à vous pencher sur cette importante initiative.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je m’appelle Gord Steeves et je suis conseiller municipal de la Ville de Winnipeg. Je suis également vice-président de la Fédération canadienne des municipalités.
La Fédération canadienne des municipalités représente toutes les administrations municipales du Canada. Elle compte environ 1 400 membres. Par ricochet, nous représentons environ 85 p. 100 de la population canadienne.
Je suis accompagné de M. John Burrett, notre directeur général de la politique sociale, et de M. Dallas Alderson, l’un de nos analystes du groupe de politique sociale. Nous aimerions vous remercier de la chance que vous nous offrez de nous exprimer sur un enjeu d’une telle importance.
À la Fédération canadienne des municipalités, nous avons fait de ce nouvel enjeu l’un des plus importants pour les municipalités canadiennes, et nous avons tenté d’y consacrer un peu plus de temps au cours des dernières années. Notre réflexion a donné quelques documents très importants. Le premier est le rapport intitulé L’amélioration des saines habitudes de vie chez les jeunes présenté au ministre de la Santé et des Services sociaux par l’Équipe de travail pour mobiliser les affaires en prévention, présidée par l’un de nos vice-présidents, Jean Perrault, de Sherbrooke, au Québec. Le deuxième est le document intitulé Active Cities: An Opportunity for Leadership, qui a été rédigé par le président du Caucus des maires des grandes villes, Pat Fiacco, maire de Regina. Je pense que la production de ces deux documents montre l’importance que les municipalités accordent à cet enjeu.
Cet enjeu a été clairement défini aujourd’hui, mieux que je n’aurais pu le faire. Je suis un homme politique et non un chercheur, ce qui signifie que j’obtiens généralement l’information de seconde main. Toutefois, nous avons cherché à comprendre pourquoi, actuellement au Canada, un enfant sur dix a un excès de poids, pourquoi cette tendance est en croissance et comment l’obésité est associée aux maladies et à la mort prématurée. Un enfant obèse a 70 p. 100 de risques d’être obèse à l’âge adulte, ce qui peut avoir des conséquences graves sur sa santé. Cette épidémie n’est pas terminée. La présente génération sera peut-être la première à ne pas survivre à ses parents. Évidemment, cette situation entraîne pour tous des coûts sociaux considérables.
Selon nous, la cause principale de l’obésité est liée au manque d’activité physique dans les collectivités, et la solution la plus simple qui puisse être apportée est d’amener les jeunes à devenir plus actifs. Nous applaudirions la mise en place par le gouvernement d’un crédit d’impôt pour l’activité physique. Il s’agirait d’une première mesure importante visant à s’assurer que les enfants deviennent plus actifs. Toutefois, aujourd’hui, notre objectif est de nous assurer que les jeunes puissent avoir un accès adéquat à des activités physiques dans l’état actuel de nos sociétés. Nous avons besoin d’une infrastructure qui soutienne une telle mesure afin que tous en bénéficient.
Selon nous, monsieur le président et chers membres du comité, il y a deux types d’infrastructure à considérer. La première concerne les édifices destinés aux loisirs et à l’activité physique, tels que les centres sportifs, les piscines et autres, pouvant être construits dans les villes et les collectivités. Mais pouvons-nous conclure que c’est tout ce que nous pouvons offrir aujourd’hui à nos jeunes?
Dans les villes actuelles, comme vous l’ont dit les éminents chercheurs qui m’ont précédé, l’une des meilleures mesures que nous puissions prendre est de progresser et de changer le cadre bâti. La création de pistes cyclables, de voies réservées et d’accès aux bicyclettes est probablement ce que nous pourrions offrir de mieux aux jeunes qui vivent aujourd’hui dans nos villes et nos collectivités.
Une précision importante s’impose toutefois. Il serait probablement facile de se contenter de dire qu’il s’agit seulement de construire de nouveaux stades et de nouvelles piscines alors que ces questions ne constituent qu’une très petite partie de nos discussions actuelles. L’idée, je pense, est que les gens doivent avoir une vie quotidienne plus active, et cette idée a un plus grand rôle à jouer que l’approche habituelle.
La coopération des gouvernements se trouve probablement au cœur de la solution. Selon nous, les administrations municipales assument déjà une grande responsabilité en ce qui concerne l’infrastructure en place dans les villes pour la promotion de la vie active. La construction des pistes cyclables, des stades et des piscines — par exemple — est assurée largement par les municipalités. C’est un véritable défi puisque les municipalités doivent respecter les paramètres de financement actuels, ce qui présente de nombreuses difficultés en raison des capacités limitées qu’elles ont de produire des revenus et par conséquent de fournir une infrastructure appropriée pour les loisirs et l’activité physique.
La plupart des installations récréatives ont été construites entre les années 1950 et 1970, y compris un grand nombre de stades et d’équipements. Les structures de nombre de ces installations requièrent maintenant d’urgentes réparations, quand ce n’est pas qu’elles doivent être carrément renouvelées. Nous considérons qu’au cours des dernières années, il y a un déséquilibre probablement attribuable à une mauvaise compréhension du problème. Ce sont quelques-uns des problèmes que nous devons affronter.
Le gouvernement fédéral a pris des mesures pour relever les défis auxquels font face les jeunes, dont certains se sont engagés dans des activités illégales. Nous croyons que l’activité physique permettrait aux jeunes d’améliorer leur santé, ce qui constitue un objectif louable. De plus, l’activité physique les tiendrait occupés, diminuerait leur participation à des activités criminelles et améliorerait leurs résultats scolaires. Il n’est pas seulement question de le la santé physique des jeunes, mais également de leur santé psychologique, de leur rôle dans la société, de leurs chances de succès et de leur productivité.
De plus, l’environnement qui a fait l’objet de l’attention du gouvernement fédéral au cours des dernières années tirerait profit de ces initiatives, car le transport actif nous permettrait d’obtenir divers avantages en matière d’environnement.
Vous comprenez certainement que les administrations municipales ne peuvent pas à elles seules aider leurs collectivités. Le fait que vous preniez le temps de nous écouter aujourd’hui le prouve bien.
Pour pousser un peu plus la réflexion, nous avons des idées et des orientations que nous voudrions soumettre à vous et au gouvernement en général comme sujets de discussion en vue d’une solution judicieuse.
Le gouvernement actuel, comme les précédents, fait un travail inestimable concernant le manque d’infrastructures dans les collectivités partout au Canada. Nous essayons de faire progresser la réflexion sur le manque d’infrastructures et sur la définition d’infrastructure pour les villes et les collectivités canadiennes. Nous essayons d’élargir la définition pour y inclure non seulement les routes, les ponts et les voies de transit, mais également les stades, les piscines et les pistes cyclables. Nous voulons faire le lien entre une vie active et le cadre bâti des collectivités.
Il existe divers endroits où ce lien peut se faire. La Fédération canadienne des municipalités essaie d’aller de l’avant en élargissant la définition qu’on donne au Canada à l’infrastructure. C’est une étape très importante que nous devons entreprendre, et nous pensons que vous devez vous joindre à nous. Nous espérons que cette discussion, commencée il y a quelque temps déjà, se poursuivra.
Le témoin de la Colombie-Britannique a beaucoup parlé du cadre bâti et de la façon dont les décisions en matière de zonage peuvent influer sur la santé et l’activité des jeunes Canadiens. Ces questions ne relèvent pas exclusivement de la compétence du gouvernement fédéral. Elles concernent grandement ce que nous faisons. Si nous ne pouvons obtenir le financement requis, si nous ne pouvons agir dans le cadre de nos budgets actuels, alors nous pensons que nous allons devoir faire face à des défis importants.
Si nous pouvons élargir notre compréhension de la notion d’infrastructure, alors, nous pourrons poursuivre pleinement cette discussion sur ce que signifie la création d’un cadre bâti au Canada.
Merci beaucoup.
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Merci d’avoir posé la question.
Je tiens ici à être le plus clair possible. Si le gouvernement fédéral veut accorder un crédit d’impôt aux usagers du transport en commun, nous sommes tout à fait d’accord. De fait, nous sommes en parfaite harmonie avec cette proposition à laquelle nous donnerons tout notre appui. Si cette mesure est avantageuse pour les membres de notre collectivité, ce qui est sans doute le cas jusqu’à un certain point, nous n’y voyons aucun inconvénient.
Je crois que tout le monde autour de la table comprend qu’un crédit d’impôt à des particuliers n’aidera pas une municipalité à créer un système de transport en commun de plusieurs millions de dollars ou un système de plusieurs millions de dollars avec voies réservées marquées par des losanges à Winnipeg, Toronto ou Edmonton. Donc, dans une certaine mesure, les deux doivent exister isolément l’un de l’autre.
Si quelqu’un devait nous proposer qu’au lieu d’attribuer des crédits aux infrastructures pour ce genre de projet dans nos villes et collectivités, nous devions prendre cet argent et le compenser par des revenus qui n’existeront pas à cause de ce crédit d’impôt, je crois alors que nous ne serions pas en mesure d’appuyer une telle proposition.
À vrai dire, je n’ai jamais entendu personne la faire, et j’espère qu’il s’agira d’une approche à deux volets. Potentiellement, en ce qui concerne les recettes, pour nous, le crédit d’impôt offre certains avantages en ce qui a trait au nombre d’usagers, mais il n’aurait aucun impact sur les crédits réservés aux infrastructures qui sont accordés aux villes pour les programmes, parce que nous ne pourrions simplement pas financer ce genre de projet d’infrastructures.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d’être là. Il est particulièrement agréable de voir un représentant du conseil de ville de Winnipeg, même si vous représentez un quartier de l’autre côté de la rivière Rouge.
J’aimerais poser deux questions. Plusieurs témoins nous ont parlé de la tendance qu’a la société de garder les jeunes à l’intérieur, que ce soit à cause des jeux vidéo ou pour des raisons de sécurité. Notre ministre de la Justice, un autre député du Manitoba, veut faire en sorte que nos rues, nos routes et nos villes soient plus sûres en faisant adopter des lois passablement rigoureuses pour garder les criminels en prison, réduire le nombre de détentions à domicile et, espérons-le, offrir confort et sécurité aux enfants et rassurer leurs parents et leur dire qu’il n’est pas dangereux de jouer à l’extérieur.
Monsieur Steeves, pourriez-vous parler de l’importance de la sécurité pour encourager les jeunes à jouer dehors, parce que je sais qu’en tant que conseiller municipal, votre rôle consiste en partie à faire appliquer les lois par la police de Winnipeg. Si quelqu’un d’autre veut intervenir à ce sujet, j’aimerais bien entendre ses commentaires.
Deuxièmement, on a beaucoup parlé d’infrastructures, de stades et ainsi de suite. Le Canada compte beaucoup de nouveaux arrivants et de familles multigénérationnelles dont les enfants ne jouent peut-être pas au hockey ou qui ne sont peut-être pas intéressés par ce que l’on appelle les sports traditionnels. Donc, je me demande en quoi la planification des investissements récréatifs, assortie d’une certaine flexibilité pourrait aider, ou quel genre de planification doit se faire pour nous assurer que les installations que nous construisons rejoignent tous les groupes démographiques, peu importe leur pays d’origine ou leur caractère ethnique?
Je lance ces deux questions sur la table et je vais voir qui aimerait y répondre.
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Merci beaucoup de votre invitation à comparaître devant le comité aujourd’hui, monsieur le président. Je suis président de l’Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada et je suis accompagné de Mme Jean Harvey, la directrice générale.
Pour ceux d’entre vous qui ne nous connaissent pas, très brièvement, l’APMCC, c’est-à-dire l’Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada, est un réseau d’organisations bénévoles, publiques et privées, au niveau national, provincial, territorial et local. Nous comptons plus de 60 membres au niveau national et provincial, et l’APMCC est dirigée par un comité directeur constitué de dix organisations nationales et de deux alliances provinciales et territoriales.
L’obésité chez les enfants constitue une crise importante en matière de santé publique, comme le sait le comité. Depuis 25 ans, les taux d’obésité chez les enfants ont triplé au Canada, et les taux combinés d’obésité et d’embonpoint ont augmenté de plus de 70 p. 100. Et pour les enfants des premières nations, ce taux est de deux fois et demie supérieur à la moyenne nationale. Les enfants issus de parents ayant un faible niveau de scolarité et de revenu affichent des taux accrus d’embonpoint et d’obésité, tout comme les enfants de la région de l’Atlantique. Comme vous le savez, les coûts de santé attribuables à l’obésité dépassent maintenant les 4 milliards de dollars par année.
On estime que les enfants âgés aujourd’hui de 9 à 12 ans risquent d’être victimes de maladies cardiovasculaires à l’âge de 30 ans si les taux d’obésité et d’embonpoint actuels se maintiennent. Au Canada, tout comme aux États-Unis, on prévoit que le tiers des bébés nés aujourd’hui développeront le diabète de type 2 et, par ricochet, des maladies cardiovasculaires.
Voilà qui situe un peu le problème dans son contexte. Ce dont nous aimerions vous parler aujourd’hui, c’est ce que nous devrions vraiment faire pour corriger la situation.
À notre avis, l’enfance est un créneau essentiel pour promouvoir la santé et jeter les bases solides de la santé pour la vie. Il faut trouver des solutions à l’obésité chez les enfants à maints égards et sur une longue période, en adaptant l’approche santé qui consiste à tenir compte à la fois des facteurs individuels et environnementaux qui ont une influence sur la santé. À cette fin, l’APMCC aimerait formuler six grandes recommandations au comité pour régler ce problème.
La première est que le gouvernement fédéral doit aborder le problème de l’obésité chez les enfants à l’aide d’une stratégie pluridimensionnelle qui permette de coordonner de nombreuses activités dans les ministères fédéraux et qui facilite l’action au niveau provincial et local. Nous croyons que le gouvernement fédéral devrait concevoir des indicateurs et se fixer des cibles pour régler ce problème, qu’il devrait établir des partenariats avec les organisations non gouvernementales nationales qui sont déjà actives sur ce front, et peut-être plus important encore, qu’il devrait coordonner les nombreux efforts qui se font actuellement dans de nombreux ministères fédéraux.
Deuxièmement, nous croyons qu’il est important de reconnaître et d’aborder le lien véritable qui existe entre la pauvreté chez les enfants et l’obésité. Les études montrent que l’embonpoint chez les enfants diminue de 3 p. 100 pour chaque augmentation de 10 000 $ du revenu familial; qu’il y a un lien entre le revenu des habitants du quartier et les taux d’obésité et d’embonpoint chez les enfants de ces quartiers; et que malgré une résolution adoptée en 1989 par tous les partis en vue d’éliminer la pauvreté chez les enfants au Canada, un enfant canadien sur six vit toujours dans la pauvreté. Il y a ici un lien à établir, et nous devons nous en occuper.
La troisième chose consiste à élargir le rôle du gouvernement fédéral en matière de promotion de la santé grâce à une campagne de marketing social attirante, et en appuyant les campagnes existantes comme le Programme 5 à 10 par jour!, lequel est un partenariat de l’Association canadienne de distribution de fruits et légumes, la Fondation des maladies du cœur et la Société canadienne du cancer. Nous croyons également que le gouvernement fédéral, à l’aide de ce genre de campagne de promotion de la santé et de marketing social, devrait mettre l’accent sur le lien important — et c’est un lien qui est de plus en plus prouvé — entre l’allaitement maternel au cours des six premiers mois ainsi que l’embonpoint et l’obésité chez les enfants.
Quatrièmement, nous croyons que le gouvernement fédéral devrait songer à aborder sérieusement les facteurs déterminants de l’obésité. Voici trois d’entre eux.
Il faudrait examiner le lien entre la publicité des aliments et boissons auprès des enfants et l’obésité et l’embonpoint en créant un groupe de spécialistes indépendants chargés d’examiner la question et de formuler des recommandations stratégiques. Les preuves indiquent que les enfants de moins de huit ans sont extrêmement vulnérables aux messages publicitaires, et que les enfants, jusqu’à l’âge de quatre ans, ne peuvent faire la distinction entre les annonces publicitaires et l’émission de télévision comme telle.
En outre, les analyses de contenu ont montré que plus de 50 p. 100 de la publicité alimentaire destinée aux enfants porte sur des aliments qui sont riches en calories, et pauvres en nutriments. Il faut que la situation change, et nous aimerions qu’un groupe de spécialistes soit créé pour examiner la question et les options stratégiques qui existent.
Nous aimerions que le gouvernement fédéral effectue un examen de sa politique alimentaire pour s’assurer que le Canada dispose d’un système alimentaire durable où l’on peut se procurer des aliments sains à un prix abordable. L’Institut canadien des politiques agroalimentaires a entrepris un travail en ce sens et nous croyons que les efforts qu’il déploie doivent être appuyés par le comité.
À notre avis, le gouvernement fédéral devrait continuer de mettre en œuvre des stimulants fiscaux, voire des mesures contraires, pour promouvoir l’activité physique et une alimentation saine. L’APMCC appuie les recommandations du groupe d’experts concernant le crédit d’impôt pour la forme physique des enfants afin d’élargir le crédit pour l’appliquer à d’autres organisations que des organismes sportifs ainsi que pour encourager le gouvernement dans ses efforts en ce sens, particulièrement en ce qui concerner l’alimentation saine.
À notre avis, la TPS sur les aliments offre des possibilités de changement. De fait, nous nous demandons pourquoi il y a de la TPS sur un beignet mais qu’il n’y en a pas sur six beignets ou plus. Le ministère fédéral des Finances est d’avis que nous ne pouvons pas utiliser la TPS pour amener les gens à bien manger. Notre réponse serait que c’est ce que nous faisons déjà.
Cinquièmement, nous croyons que le gouvernement fédéral devrait accroître ses investissements pour améliorer l’activité physique au Canada. Nous tenons simplement à reprendre et à appuyer certains éléments qui ont été énoncés par les membres antérieurs du panel. Moins de la moitié des enfants et des jeunes canadiens font suffisamment d’exercice pour être conformes aux lignes directrices actuelles sur la croissance et le développement en santé. Par conséquent, il est important d’accroître l’activité physique chez les enfants et dans les familles.
Nous croyons que le gouvernement fédéral devrait mettre en œuvre ces éléments de la stratégie pancanadienne sur l’activité physique qui relève du gouvernement fédéral.
Nous croyons que ce dernier devrait attribuer au moins 7 p. 100 du financement des infrastructures au niveau fédéral aux municipalités et ce, pour ce genre d’infrastructures qui accroîtraient l’activité physique. Précisons que le gouvernement fédéral américain attribue actuellement 10 p. 100 de ses crédits d’infrastructures à cette fin.
De même, nous aimerions reprendre les propos du dernier groupe d’experts et exhorter le gouvernement fédéral à élargir la définition d’infrastructure telle que précisée dans le transfert de la taxe sur l’essence pour inclure les infrastructures sociales comme les parcs, les centres récréatifs et communautaires, et permettre aux municipalités de régler les problèmes qui ont un lien avec le milieu bâti et la nutrition et l’activité physique, comme nous l’ont dit M. Veugelers et M. Frank et la FCM.
Sixièmement, nous croyons que l’infrastructure de santé publique du Canada doit être améliorée et qu’il faut être mieux en mesure de répondre aux besoins en matière de capacité de surveillance des maladies chroniques. La santé publique a un rôle crucial et essentiel à jouer pour régler le problème de l’obésité chez les enfants, et les infrastructures de santé publique du Canada nécessitent qu’on porte attention et qu’on consacre des ressources à ce problème. Le gouvernement fédéral devrait travailler en collaboration avec les provinces et les territoires pour renforcer notre capacité en matière de santé publique, y compris dans les écoles.
Nous croyons également que le gouvernement fédéral devrait vraiment aborder la question de l’infrastructure canadienne en matière de surveillance et de recherche en santé et y apporter des améliorations très importantes. C’est là un rôle que doit jouer sans conteste le gouvernement fédéral et auquel il a omis d’accorder les fonds suffisants. Il en résulte des écarts énormes dans notre capacité de surveillance de la santé et une infrastructure des données de recherche relativement médiocre comparativement à d’autres pays développés. Par exemple, le Canada ne possède pas de cohorte de naissance ni de cohorte de vieillissement; par conséquent, nous ne pouvons examiner les comportements en matière de santé et les facteurs déterminants de la santé au cours de la vie. Nous sommes l’un des très rares pays développés qui n’ait pas de cohorte de naissance. La province de Québec en a une, mais nous n’en avons pas au niveau pancanadien et nous nous demandons pourquoi il en est ainsi. Ce problème doit être réglé, particulièrement si le Canada veut conserver et attirer certains des cerveaux les plus brillants et les plus compétents en matière de recherche sur la santé au pays et dans le monde.
Nous aimerions également aborder l’une des questions qui a été soulevée au comité préalablement, au sujet de laquelle nous avons lu des comptes rendus — c’est-à-dire les problèmes concernant l’élaboration d’un nouveau guide alimentaire canadien. Les récentes allégations contre le nouveau guide alimentaire nous inquiètent beaucoup ainsi que les modalités de son élaboration. Nous tenons à préciser, pour les fins du compte rendu, que l’APMCC croit que le processus de révision du guide alimentaire à ce jour a été exhaustif et inclusif et a donné lieu à plus de 7 000 mémoires. Nos membres ont grandement contribué à l’élaboration du guide alimentaire et nous croyons qu’ils ont été entendus dans le cadre de ce processus. L’Alliance estime que nous avons effectivement besoin d’un nouveau guide alimentaire canadien et ce, dans les meilleurs délais, et ce dont nous n’avons pas besoin, c’est d’un autre processus de consultation qui s’étirera sur plusieurs mois avant de donner des résultats.
En conclusion, nous pensons que le Canada peut s’enorgueillir de notre succès pour ce qui est de la réduction du tabagisme, résultat d’efforts sincères, durables et d’une collaboration à maints égards. Même si ces efforts pour réduire le tabagisme se poursuivent, nous croyons véritablement que l’on peut y tirer d’excellentes leçons du point de vue des politiques et des programmes et qu’il y a beaucoup à faire de même pour ce qui est de l’obésité chez les enfants.
Encore une fois, nous sommes très heureux que le comité ait pris le temps de s’intéresser à cet important problème de santé. Nous espérons que grâce au leadership qu’il exerce, le Canada pourra passer d’un pays qui affiche le taux le plus élevé d’obésité chez les enfants au monde à un véritable leader soucieux d’améliorer la santé de ses enfants.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité. Nous vous remercions de l’invitation à comparaître devant vous aujourd’hui.
Je suis très heureuse de savoir que vous discutez du rôle que l’activité physique et l’alimentation dans son ensemble jouent dans la santé de nos enfants. Je vais vous parler d’un élément du régime alimentaire seulement, c’est-à-dire la consommation de gras.
Je vais prendre seulement une minute pour vous expliquer qui nous sommes. M. Merrifield nous connaît, étant donné sa participation au secteur agricole, mais je me suis dit qu’il serait utile de parler un peu de l’industrie du canola.
Il y a 52 000 agriculteurs, dont la presque totalité dans l’Ouest du Canada, qui cultivent le canola. Ils le font sur 13 millions d’acres, soit environ 18 p. 100 des terres arables. Le canola représente de 33 à 50 p. 100 des revenus des agriculteurs chaque année, de sorte que cette culture est incroyablement importante pour l’industrie agricole. La valeur globale de l’industrie est de 11 milliards de dollars, et elle emploie essentiellement de 215 000 à 216 000 personnes partout au Canada. Donc, nous sommes le groupe d’agriculteurs le plus important qui produit le canola sur une base commerciale. Voilà qui nous sommes.
J’aimerais vous parler des produits que nous amenons sur la table, et je parle littéralement des produits que nous consommons. Le canola est considéré comme l’une des huiles les plus saines pour la consommation humaine dans le monde. En fait, nous venons tout juste de recevoir une allégation relative aux effets sur la santé de la part de la FDA, une sur seulement cinq accordées pour les aliments aux États-Unis, en ce qui concerne la prévention des maladies coronariennes. Pour le marché canadien, nous représentons environ 45 p. 100 de l’huile à salade et des huiles de cuisson qui sont consommées, mais nous sommes également un important fournisseur d’aliments transformés que consomment nos enfants.
Nous savons que la graisse alimentaire joue un rôle important dans la nutrition. C’est une source d’énergie concentrée qui offre les acides gras essentiels. Elle permet la circulation des vitamines solubles dans le gras et contribue au goût des aliments. En outre, certains types de graisses alimentaires peuvent avoir des effets bénéfiques sur la santé, y compris réduire les risques de maladie cardiaque et de diabète. Cependant, trop de gras est mauvais pour la santé. Ça, nous le savons. Donc, nous consacrons beaucoup de temps et d’efforts à parler non pas seulement de la quantité, mais de la nature des gras. Qu’est-ce qu’un bon gras? Qu’est-ce qu’un mauvais gras? Comment ces gras s’inscrivent-ils dans le profil général de la nutrition?
Essentiellement, il y a trois acides gras, et ces trois familles sont les gras saturés, mono-insaturés et polyinsaturés. Chacun de ces gras a un effet différent sur la santé. Le canola est un gras saturé à 7 p. 100. C’est l’huile la plus faible en gras saturés. Nous avons 32 p. 100 de polyinsaturés et 61 p. 100 de mono-insaturés. Donc c’est un gras qui est bien équilibré.
Je n’ai pas besoin de vous dire que la façon de différencier un gras saturé d’un gras insaturé est de savoir s’il est solide ou non. C’est essentiellement ce qui bloque les artères. Donc, moins le gras est saturé, moins il bloque les artères.
Comme il est riche en gras mono-insaturés, le canola s’avère très efficace pour réduire les maladies cardiaques. En outre, nous sommes en train de constater que les gras mono-insaturés ont un effet favorable sur les niveaux de glucose dans le sang et qu’ils contrôlent le diabète de type 2, une maladie de plus en plus répandue chez les enfants. En outre, l’huile de canola contient à la fois des oméga-3 et des oméga-6 qui sont des acides gras essentiels. Le canola contient de l’acide alphalinolénique qui s’est avéré un produit permettant de réduire le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.
Nous avons également un rôle à jouer en ce qui concerne la vitamine E. Le canola constitue une source naturelle de vitamine E qui, je le répète, diminue le risque de maladie cardiaque, de cancer et de perte de mémoire.
Lorsqu’il est question de santé, la plus grande percée que nous avons réalisée est peut-être la création d’un nouveau type de canola. On l’appelle huile de canola de grande stabilité, qui nous permet de remplacer les huiles végétales partiellement hydrogénées, éliminant ainsi à toutes fins pratiques les gras trans.
Je ne sais pas combien d’entre vous ont regardé les nouvelles au cours des derniers jours mais la compagnie Poulet frit à la Kentucky (PFK) vient d’annoncer qu’elle éliminera les gras trans de ses restaurants, et elle a choisi l’huile de canola de grande stabilité pour y arriver. Essentiellement, elle procède à ce changement en réponse aux exigences des clients, et nous sommes très fiers d’avoir été en mesure de fournir le produit qui règle le problème.
Nous aimerions féliciter le gouvernement pour le travail qu’il a fait sur le guide alimentaire. On y indiquera quels sont les bons gras et les mauvais gras, et nous l’apprécions. Nous sommes d’accord. On nous a consultés longuement au cours de la préparation du guide alimentaire, et nous croyons qu’il enverra un signal très important à tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.
J’aimerais cependant ajouter — tout à fait à l’extérieur du comité sur la santé — que le gouvernement peut contribuer à la création de ces nouveaux produits alimentaires sains en continuant d’appuyer une réglementation fondée sur la science et de promouvoir la recherche et développement au Canada.
Le canola constitue la seule culture entièrement canadienne, et nous offrons maintenant la première solution aux gras trans.
Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive de ce que le gouvernement pourrait faire, mais nous devrions l’encourager fortement à maintenir la pression pour qu’on offre aux jeunes, de même qu’à nous d’âge mûr, des choix alimentaires sains. Notre pays repose sur l’agriculture, et nous pouvons contribuer à la solution du problème d’obésité.
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Pour ceux d’entre nous qui sont actifs dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention des maladies depuis 30 ans, comme c’est mon cas, ce que nous entendons de vous et des intervenants précédents, c’est qu’en fait la seule manière de modifier le comportement, particulièrement chez les enfants, c’est d’envisager des façons séquentielles, intégrées et exhaustives d’obtenir un changement de comportement.
Je crois que c’est important, et je le dis parce que j’estime vraiment que c’est la clé du succès. Nous savons maintenant depuis 25 à 30 ans que la pauvreté constitue le plus important indicateur unique de santé, et malgré cela, nous n’avons jamais axé la promotion de la santé et la prévention des maladies sur l’étude de la pauvreté et son élimination, et sur la résolution des problèmes sociaux. Nous ne l’avons jamais fait. Donner un crédit d’impôt n’aide pas, parce que ce n’est que si vous payez des impôts que vous obtenez le crédit. Si vous êtes plus pauvre et que vous ne payez pas d’impôts, et que vous faites partie de ce groupe de revenu, alors vous n’avez pas accès à l’aide. Une bonne infrastructure solide, comme nous l’avons entendu précédemment, est un maillon essentiel.
L’idée voulant que les municipalités aient un rôle majeur à jouer dans le dossier est importante aussi — et je n’ai pas eu la possibilité de poser la question la dernière fois — parce que les municipalités ont un rôle essentiel à jouer, comme les commissions scolaires. Certains d’entre nous à la British Columbia Medical Association et à l’Association médicale canadienne essayent depuis 20 ans d’obtenir des cours d’éducation physique de qualité dans les écoles. Pas seulement qu’on fasse courir les élèves pendant une demi-heure. Il s’agit plutôt de commencer cette activité séquentielle et intégrée, et d’enseigner aux jeunes gens comment changer leur mode de vie.
Je crois que c’est important. Je suis intéressée par cette idée parce que je crois fermement que le gouvernement fédéral a et doit avoir la responsabilité de s’occuper de prévention des maladies et de promotion de la santé au Canada. Il s’agit d’un rôle fédéral s’il y en a, et je veux vous appuyer à ce chapitre.
Je veux également parler de surveillance. Il nous faut un modèle fédéral de surveillance. Il s’agit d’un rôle que le gouvernement fédéral doit adopter. Pour fixer des objectifs mesurables, il faut posséder des données et avoir une ventilation de ces données partout au Canada. Vous venez de demander pourquoi les Maritimes ont un taux si élevé d’obésité infantile, et vous dites que vous ne savez pas. Nous devons savoir pourquoi une région est plus disposée que d’autres à certains problèmes, et ainsi pouvoir appliquer les mesures appropriées.
Je veux vous dire que je crois qu’il est important qu’en étudiant l’obésité infantile, nous vous écoutions attentivement. Je pense que la question de la pauvreté, que le travail au sein des écoles, que le travail avec les municipalités en termes d’urbanisme afin de disposer des installations et des infrastructures nécessaires pour que les jeunes soient plus actifs, et que la capacité d’envisager un programme quotidien d’éducation physique et un enseignement de qualité dans les écoles sont essentiels, mais je veux vous entendre sur la publicité.
J’ai un projet de loi, qui dort à quelque part au bas de la liste des projets de loi, sur la publicité en tant qu’enjeu fédéral. Pendant que les parents essaient de dormir une heure de plus le samedi matin, les enfants sont assis devant la télévision et voient tous ces merveilleux produits sucrés dont on fait la promotion. Nous constatons que les enfants sont vraiment influencés par la télévision et par Internet, etc. Il est donc essentiel que nous nous intéressions à la publicité.
À votre avis, quel devrait être le rôle du gouvernement fédéral auprès des provinces et du CRTC pour faire face à cet enjeu?