:
La semaine derrière, je vous ai proposé une séance d'information technique. Si vous le permettez, je vais passer en revue la trousse d'information que je vous ai remise dans les deux langues officielles.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous présenter les données fondant la proposition réglementaire sur le rapport d'agents de bord aux passagers.
Je suis accompagné de Mme Susan Greene, conseillère principale de Transports Canada en matière de sécurité des cabines. Mme Greene a été agente de bord pendant huit ans et demi, période au cours de laquelle elle a formé et supervisé des agents de bord. Mme Green est actuellement chef des normes relatives à la sécurité des cabines, mais elle a aussi acquis de l'expérience dans le domaine de la sécurité après les événements du 11 septembre 2001 à titre de responsable de la révision des exigences de formation des équipages de cabine en matière de sécurité et des documents d'orientation relatifs aux préposés des comptoirs d'enregistrement.
Quant à moi, je vous épargne les présentations puisque j'étais ici jeudi dernier.
[Français]
À la page 2, nous résumons les exigences actuelles quant au nombre d'agents de bord sur les appareils. Le Règlement de l'aviation canadien exige qu'il y ait un agent de bord pour 40 passagers. Le règlement contient également une disposition qui permet d'exploiter certains aéronefs admissibles contenant seulement 50 sièges passagers avec un nombre restreint d'agents de bord, notamment les avions de transport régional ATR42-300 et Dash 8-300, et le Regional Jet de Canadair.
L'Organisation de l'aviation civile internationale exige que tous les pays adoptent des règlements fondés sur le nombre de passagers ou le nombre de sièges. Mais l'OACI ne recommande pas de ratio en tant que tel et laisse ceci à la discrétion des pays membres. Le rapport d'un agent pour 50 sièges passagers est utilisé actuellement à peu près partout dans le monde.
[Traduction]
À titre d'exemple, sur cette diapositive, vous trouverez une liste de pays qui ont choisi la norme d'un agent de bord pour 50 passagers; mais en regardant les règlements d'autres pays, on constate rapidement que l'Autriche, les Bermudes, le Brésil, la Chine, le Chili, l'Estonie, la Finlande, la France, l'Allemagne, l'Islande, la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Pologne, Singapour, la Slovaquie, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, la Suède, la Suisse, les États-Unis, le Royaume-Uni, etc. appliquent le même règlement.
Sur la quatrième diapositive, vous lirez qu'un aéronef à l'origine conçu, construit et certifié pour assurer le transport de passagers, voit son maximum admissible de sièges fixé en fonction de nombreux critères de sécurité, notamment le nombre et la taille des issues, la distance entre celles-ci et la largeur des allées. Chaque zone réservée aux membres d'équipage et aux passagers doit comporter des dispositifs d'urgence permettant une évacuation rapide lors d'un atterrissage en catastrophe. Le constructeur de l'aéronef doit prouver, en faisant une démonstration qui reproduit les conditions réelles, qu'un aéronef rempli à capacité peut être évacué avec succès en moins de 90 secondes, dans l'obscurité, avec 50 p. 100 des sorties de secours bloquées.
À l'échelle mondiale, les essais de certification sont généralement fondés sur le rapport d'un agent de bord pour 50 passagers. Le Canada emploie la même norme pour les aéronefs certifiés sur son territoire, soit un agent de bord pour 50 passagers. Les États-Unis, la France et le Brésil, pays où l'on fabrique beaucoup d'aéronefs, se conforment à cette norme. La cinquième diapo concerne l'évaluation des risques. Comme je vous le disais la semaine dernière, l'industrie a présenté une première demande en 2001 mais, étant donné que les documents d'appui ne démontraient pas le même niveau de sécurité que la norme existante, la proposition a été rejetée. Comme des opinions très polarisées prévalaient à l'époque, et prévalent toujours aujourd'hui, et comme la deuxième proposition a une portée beaucoup plus vaste, Transports Canada a déterminé qu'une évaluation formelle des risques s'imposait. Des intervenants concernés du milieu aéronautique, des syndicats et des groupes de défense des consommateurs et de la sécurité des passagers ont participé à l'évaluation des risques; en septembre 2003, un rapport a été remis. La capacité à gérer le risque d'une manière constante et efficace est essentielle à la prise de décisions prudentes. Ainsi, pour que le ministère assure un contrôle efficace de la sécurité, il doit compter sur un processus de gestion du risque rigoureux. Bien qu'il soit impossible d'éliminer entièrement le risque, des techniques éprouvées nous permettent d'en identifier tous les aspects et de prendre nos décisions en conséquence.
Le processus Q850 de l'Association canadienne de normalisation est à la base de la démarche de Transport Canada. Ce processus éprouvé propose une ligne directrice qui aide les décideurs à identifier, analyser, évaluer et contrôler tous les types de risques, dont les risques à la sécurité et à la santé. C'est la méthode d'évaluation qu'a utilisée le ministère. Je signale au passage que la majorité de notre personnel en aviation civile a reçu une formation sur l'application de ce processus.
[Français]
À la page 6, on donne une brève description de la proposition. Grâce aux conclusions de l'évaluation des risques et aux commentaires des intervenants, Transports Canada a élaboré une proposition réglementaire afin d'offrir une solution de rechange qui, avec l'ajout de certaines mesures d'atténuation, fournira un niveau équivalent de sécurité à la population canadienne. Fait important à noter, la proposition constitue une exigence minimale, et les transporteurs aériens pourraient toujours choisir d'utiliser un nombre d'agents de bord plus élevé, comme ils le font en ce moment, pour des raisons de service à la clientèle.
Les transporteurs qui choisissent d'utiliser le rapport de 1 agent pour 50 sièges passagers seraient assujettis à des conditions supplémentaires qui n'existent pas dans le règlement en ce moment. Ces conditions supplémentaires assureraient que le rapport de 1 agent pour 40 passagers offre un niveau de sécurité équivalent à celui de la proposition 1:50.
Je ne vais pas vous donner les détails techniques des mesures de mitigation qui seraient mises en place, mais nous pourrons répondre à vos questions. Par contre, je vous ferai remarquer que trois nouveaux articles sont proposés afin d'exiger des transporteurs qu'ils fassent la démonstration des procédures d'évacuation en cas d'urgence afin de tester les procédures et le programme de formation d'urgence d'un transporteur, ainsi que les compétences des membres de l'équipage et la capacité de l'équipement d'urgence à bord de l'appareil.
[Traduction]
Comme vous le voyez à la page 8, nous proposons une modification à quatre dispositions du règlement. J'attire votre attention sur les numéros trois et quatre plus particulièrement. L'agent de bord ne serait autorisé à travailler que sur trois types d'aéronefs. Comme il n'y a pas de limite semblable imposée dans le cas du ratio d'un pour quarante, la règle ne changerait pas. Dans le cas de gros-porteurs à deux allées, nous exigerions qu'il y ait un agent de bord pour chaque issue de plain-pied.
D'autres facteurs sont également pris en compte, à commencer par les passagers avec un handicap, à la page 9 du document.
[Français]
Le Règlement de l'aviation canadien exige déjà des transporteurs qu'ils mettent au point des procédures pour les passagers ayant des besoins particuliers, comme ceux qui ont une déficience visuelle ou auditive ou une mobilité réduite, ou ceux qui sont d'âge mineur et ne sont pas accompagnés d'un adulte. Ces procédures comprennent des exposés avant le vol, des séances d'information sur les urgences et les procédures d'évacuation. Une personne apte physiquement est désignée pour aider le passager ayant des besoins particuliers en cas d'urgence ou d'évacuation. Les agents de bord devront donner une séance d'information individuelle au passager qui a des besoins particuliers et à la personne apte physiquement qui l'accompagne pour leur expliquer ce qu'ils doivent faire en cas d'urgence ou d'évacuation.
Transports Canada a bon espoir qu'avec les autres exigences réglementaires actuelles qui visent à assurer la sécurité pendant un vol, le règlement proposé contribuera à maintenir la sécurité des passagers, y compris des passagers ayant des besoins particuliers.
[Traduction]
Puis, à la page 10, vous avez des facteurs reliés à la sûreté.
[Français]
Par ailleurs, les exigences relatives à la sûreté visent à prévenir que des personnes ou des objets qui pourraient présenter une menace à la sûreté de l'aviation soit embarqués à bord d'un aéronef ou aient accès aux zones réglementées des aéroports. L'objectif global est d'éviter ce genre de situation en améliorant le contrôle et en reconnaissant mieux les menaces à la sûreté avant qu'elles n'atteignent l'aéronef. Aucun scénario précis concernant des questions de sûreté n'a été élaboré au cours de l'évaluation des risques dans l'analyse des risques de sécurité, puisque le risque de perte de vie à la suite d'actes terroristes ou de détournements d'aéronef demeure le même — il est très élevé — , peu importe le nombre d'agents de bord sur l'appareil. Le changement dans le rapport du nombre d'agents de bord n'a donc pas d'incidence sur les questions de sûreté soulevées durant le processus de consultation.
[Traduction]
À la page 11, dans le cadre du choix de l'option, il faut comprendre que les exploitants aériens seraient tenus de démontrer à l'échelle de leur compagnie -- et j'insiste puisque je crois l'avoir mis en relief la semaine dernière -- s'ils ont intérêt à maintenir le ratio actuel, soit un agent de bord pour quarante passagers, ou bien à adopter le ratio proposé d'un agent de bord pour cinquante passagers. Chaque compagnie devra donc tenir compte de paramètres décisifs comme la composition de sa flotte, le nombre de sièges installés sur chaque aéronef, le nombre d'issues de plain-pied de chaque gros-porteur et le coefficient d'occupation prévu de ses vols.
À la toute fin de la trousse, j'ai joint un tableau qui montre l'impact des rapports d'un pour quarante et d'un pour cinquante sur chaque transporteur et chaque aéronef exploité au Canada.
En moyenne, les transporteurs aériens ont un coefficient d'occupation de 80 p. 100. Dans la plupart des cas, à 80 p. 100 ou moins, l'incidence du changement proposé est nulle. En examinant le tableau, vous verrez que les données montrent que la majorité des aéronefs seront exploités avec le même nombre d'agents de bord, sinon plus. À 90 et 100 p. 100 d'occupation, ce qui est assez rare, le nombre d'agents de bord diminue pour certains types d'aéronefs. Dans la plupart des cas, le personnel navigant demeure identique.
J'ai choisi trois types d'appareils couramment exploités au Canada, auxquels nous avons fait référence antérieurement, pour que vous le saisissiez bien. La diapo 12 indique la différence entre les rapports d'un pour quarante et d'un pour cinquante en fonction des coefficients d'occupation d'un Airbus 320, un des appareils les plus communs dans la flotte d'Air Canada. En utilisant la configuration d'Air Canada, soit 159 sièges, avec un coefficient d'occupation de 80 p. 100, il n'y aucune différence sur le plan du nombre d'agents de bord prescrit dans les deux cas de figure.
À la page 13, nous avons un Boeing 737-700 et, de nouveau, les coefficients d'occupation varient. En vertu des normes d'un pour quarante et d'un pour cinquante, WestJet devrait affecter le même nombre d'agents de bord, soit trois, lorsque le coefficient d'occupation est 80 p. 100. Toutefois, à pleine capacité, la règle d'un pour cinquante se traduirait par un agent de bord en moins par rapport à la norme actuelle.
[Français]
Comme vous pouvez le voir à la page 14, pour les avions gros porteurs comme les Airbus 340-300, le rapport de 1 agent pour 50 sièges passagers exige dans presque tous les cas qu'il y ait plus d'agents à bord, sauf si l'appareil est rempli à 100 p. 100. Dans ce cas, et seulement dans cette situation, l'exigence réglementaire du ratio de 1:50 serait la même que pour le ratio de 1:40, c'est-à-dire qu'il faudrait avoir huit agents de bord dans l'appareil. Pour toute autre configuration de passagers, il y aurait plus d'agents de bord avec le ratio de 1:50.
En conclusion, je dirai que la modification proposée a été élaborée à la suite de vastes consultations, d'analyses approfondies et d'études effectuées par des experts qui démontrent que les options offertes ne mettent pas la sécurité en jeu. Au cours du processus d'élaboration, nous avons consulté les représentants de l'industrie, les syndicats, les groupes de consommateurs et de défense de la sécurité des passagers. Ces groupes ont également participé à l'évaluation des risques. Les parties concernées auront une autre occasion de se prononcer sur le règlement lorsqu'il sera publié dans la partie I de la Gazette du Canada.
La majorité des pays exigent 1 agent de bord pour 50 sièges passagers. Ces aéronefs partent du Canada ou y atterrissent, et les Canadiens voyagent souvent à bord des appareils de ces compagnies aériennes étrangères qui utilisent aujourd'hui un rapport de 1 agent de bord pour 50 sièges passagers. Les modifications réglementaires proposées sont harmonisées avec les règlements en vigueur dans la plupart des pays du monde.
J'aimerais ajouter que, de nos jours, les compagnies aériennes ont des accords de partage de codes avec d'autres compagnies aériennes. Cela veut dire en pratique que si vous avez voyagé à l'étranger, même avec un billet d'une compagnie aérienne canadienne, il est très probable que vous ayez déjà volé à bord d'un appareil où il y avait un ratio de 1:50. Nous sommes persuadés que vous l'avez fait en toute sécurité. Il en est de même pour les vols domestiques. Dans le cas du Regional Jet ou du Dash 8-300, le ratio est actuellement de 1:50. Nous n'avons jamais reçu de plaintes à cet effet de qui que ce soit.
[Traduction]
Les consultations sont une partie essentielle de l'élaboration du règlement canadien de l'aviation et les consultations initiales se font par l'entremise d'un organe officiel, le Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne, aussi connu sous le nom de CCRAC. Le CCRAC réunit des membres d'un vaste éventail d'organisations indépendantes de Transports Canada qui représentent l'ensemble des points de vue du monde de l'aviation.
Je peux vous garantir que tout au long du processus, que ce soit lors des consultations auprès du CCRAC ou de la publication dans la Gazette du Canada, toutes les observations ont été examinées et ont joué un rôle essentiel à la prise d'une décision judicieuse, d'une rigueur exemplaire.
[Français]
Cela signifie également que lorsqu'on prend la décision d'aller de l'avant avec une proposition réglementaire, l'évaluation des risques a déjà eu lieu et le ministère est d'avis que c'est la meilleure décision à prendre dans l'intérêt de la sécurité et l'intérêt du public canadien.
Transports Canada ne fera aucun changement qui pourrait compromettre la réputation enviable dont jouit le Canada au chapitre de la sécurité. Nous prenons notre rôle très au sérieux. Les modifications réglementaires proposées démontrent que nous sommes déterminés à maintenir la viabilité du réseau de l'aviation civile sans compromettre sa sécurité.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Si j'étais préoccupé avant d'entendre votre exposé, je le suis encore plus à présent.
Selon vos calculs, monsieur Grégoire, ce que vous dites, c'est qu'un B737-700 de WestJet comptant quatre issues serait exploité avec un équipage de trois agents de bord. Donc, la victime d'un AVC ou la personne en fauteuil roulant devra se tirer d'affaire toute seule si elle se trouve près de la quatrième issue. Selon vos propres calculs, une sortie sera à découvert.
Nous savons que les agents de bord jouent un rôle de première importance dans une évacuation et ce que vous nous dites, quelque part au fin fond de votre document, c'est que dans le cas de dizaines d'avions canadiens, si une évacuation se produisait, certaines issues seraient à découvert. Je trouve cela épouvantable. Les chiffres sont éloquents. Ce sont les chiffres que vous nous avez remis : 44 appareils B737-700 équipés de quatre issues, mais seulement trois agents de bord.
Vous avez parlé d'évaluation des risques. Vous avez cité toute une kyrielle de groupes que vous savez être opposés à ce projet et pourtant vous en faites mention. J'aimerais donc que vous déposiez cette évaluation des risques faite par les parties intéressées, dont les groupes de personnes handicapées de tout le pays et les agents de bord, parce que nous devons savoir ce qu'elles ont dit. Vous reprenez le nom de certaines organisations à votre compte en prétendant qu'elles sont d'accord avec ce changement mais c'est faux.
Mes observations concernent surtout ce qui se passe à l'échelle internationale. Nous savons que l'Australie vient de réexaminer la question et qu'elle a choisi de conserver le ratio actuel. D'ailleurs, l'Australie croit qu'une industrie aérienne plus sécuritaire est un avantage concurrentiel. Cela lui garantit un avantage concurrentiel certain, pas une tasse de café par passager sur chaque vol, qui est ce que WestJet épargnerait en laissant une de ses issues à découvert.
L'Australie a donc décidé de conserver le même ratio d'agents de bord. Pourquoi?
Quant aux autres données internationales, aux États-Unis, dans le cadre de l'enquête sur l'écrasement du vol 843 de la TWA du National Transportation Safety Board, on a découvert que l'évacuation s'était faite en deux minutes et que la rapidité de l'évacuation des 292 passagers et membres d'équipage avait été rehaussée par la politique d'affectation de neuf agents de bord de la TWA, nombre supérieur à l'exigence minimale de la FAA.
Combien de compagnies aériennes au dossier de sécurité brillant s'imposent volontairement des normes plus sévères?
Je reviens à la question que je vous posais il y a quelques semaines puisque vous êtes de retour. Dans le cas de l'accident d'Air France, nous savons que les agents de bord ont joué un rôle crucial dans l'évacuation sécuritaire des passagers. Vous avez indiqué que le gouvernement n'avait aucunement l'intention d'attendre les résultats de cette enquête. Cela dépasse l'entendement. Cette enquête traitera manifestement du rapport d'agents de bord aux passagers. Je dois donc vous poser la question: est-ce une pratique courante à Transports Canada de faire fi des résultats d'enquête du BST, d'une enquête portant sur la sécurité, dans le cas d'un accident qui a un lien direct avec les intentions de réforme du gouvernement?
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour.
[Français]
Malheureusement, monsieur le président, nous n'avons pas eu le temps de faire traduire notre présentation en français. Je m'en excuse.
[Traduction]
Nous sommes heureux d'avoir la possibilité de comparaître devant vous au nom de l'Association du transport aérien du Canada pour discuter de la modernisation du ration agents de bord-passagers au Canada. Avant de continuer, cependant, j'aimerais préciser une chose pour la gouverne du comité, en réaction à certaines interprétations de la position de notre industrie dans le cadre de ce débat qui sont diffusées dans la presse depuis quelques semaines ou quelques mois. Ni ATAC ni aucun de ses membres ne proposerait jamais des modifications au règlements qui mettraient la vie des passagers en danger, point à la ligne, ni pour réduire les coûts ni pour quelque autre raison que ce soit. Cela n'aurait aucun sens. D'ailleurs, la sécurité et l'innovation ont toujours été la marque distinctive de notre association depuis sa création.
ATAC a été fondée en 1934 à titre d'organisation de service nationale pour les exploitants du transport aérien commercial et, à l'heure actuelle, nous représentons plus de 200 membres, soit 95 p. 100 des recettes de l'aviation commerciale. Nos adhérents sont variés, depuis les grands transporteurs canadiens jusqu'aux écoles de pilotage. ATAC travaille au nom de l'industrie pour promouvoir un secteur de l'aviation commerciale à la fine pointe des développements mondiaux en matière de sécurité, d'efficacité et d'innovation.
En ce qui concerne le sujet d'aujourd'hui, Atac -- notamment mon collègue Andy Vasarins -- a travaillé avec le Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne, ou CCRAC, pour préconiser ce changement. ATAC travaille en ce sens depuis des années mais Andy s'y consacre plus particulièrement depuis plus de deux ans déjà. Cet enjeu a effectivement fait l'objet de recherches approfondies par CCRAC qui est une organisation ouverte et inclusive au sein de laquelle le mouvement syndical a joué un rôle de premier plan. Ces recherches ont également été au coeur de débats de ce comité dans les deux législatures précédentes.
Bien que nous ne soyons pas intéressés à reprendre de vieilles discussions à ce sujet, nous aimerions nous prévaloir de cette occasion que vous nous avez gracieusement accordée pour vous donner le contexte entourant cette question, afin d'aborder le processus de modification de la réglementation aérienne au Canada d'un point de vue général, et pour corriger certaines perceptions erronées qui ont été répandues par ceux qui mènent une campagne publique contre la modernisation.
Comme vous le savez, monsieur le président, l'enjeu dont il est question concerne une demande formulée par l'industrie pour que le rapport des agents de bord aux passagers fasse l'objet d'une harmonisation avec les règles qui prévalent aux États-Unis et dans la plupart des pays de l'Union européenne. La réglementation actuelle exige qu'il y ait un agent de bord par tranche de quarante passagers tandis que, dans la plupart des autres pays, un agent de bord pour cinquante est suffisant. Les opposants à cette proposition ont dit, malheureusement, et je dirai même que c'était irresponsable de leur part, que cette nouvelle norme compromettrait la sécurité. D'ailleurs, un consultant indépendant de CCRAC a examiné cette proposition en détail et a conclu que ce n'était pas le cas. Les données n'appuient pas cet argument.
Qui plus est, il faut noter qu'au cours des trois années pendant lesquelles CCRAC et CARC ont étudié la question, des modifications importantes et des mises en garde ont été ajoutées pour s'assurer que cette proposition ne compromette pas la sécurité.
D'abord, les transporteurs aériens n'auront pas le droit d'appliquer les deux régimes en même temps. Nous exigerons qu'ils nous disent en vertu de quelles règles ils mèneront leurs activités et nous exigerons qu'ils s'y tiennent pour éviter la confusion chez le personnel. Pour la même raison, les agents de bord ne pourront travailler que sur trois types d'avions différents.
Également, quel que soit ratio, tous les gros-porteurs devront poster un agent de bord à chaque issue de secours de plain-pied sur chaque étage de passagers. De plus, les transporteurs qui choisiront la nouvelle norme devront régulièrement démontrer leur capacité d'évacuer l'aéronef en cas d'urgence selon la même exigence qui s'applique au ratio actuel, soit la norme de 90 secondes.
Le résultat, monsieur le président, est qu'une fois la modification mise en oeuvre, il est fort probable que les vols seront assurés avec un nombre d'agents de bord supérieur à celui prescrit par la règle d'un pour cinquante.
Bref, le processus a suivi son cours. Des études approfondies fondées sur les données ont conclu que cette proposition n'aurait pas d'incidence sur la sécurité, et des consultations auprès de toutes les parties concernées ont donné lieu à des restrictions supplémentaires qui tiennent compte de toutes les préoccupations exprimées.
Nous aimerions respectueusement proposer, monsieur le président, que ce comité travaille avec CCRAC dans le cadre de ce processus. Nous devons nous assurer que les débats sur les règlements touchant l'aviation civile ne soient pas politiques mais bien fondés sur des données concrètes, de sorte que l'on obtienne les meilleurs résultats possibles pour les Canadiens et Canadiennes.
Malheureusement, les opposants à cette proposition ont choisi la peur pour tenter d'obtenir par une voie politique ce que le CCRAC leur a refusé. De nouveau, les faits ne permettent pas d'appuyer leurs déclarations. Le rapport d'un pour cinquante existe depuis plus de 30 ans aux États-Unis et depuis légèrement moins longtemps en Union européenne. Au cours de cette période, pas un seul compte-rendu d'incident aérien n'a cité ce rapport comme facteur ayant contribué à des blessures graves subies par les passagers. D'ailleurs, depuis que les transporteurs aériens sont réglementés en fonction du régime de leur pays d'attache, des dizaines de vols commerciaux importants des États-Unis et d'Europe atterrissent au Canada tous les jours en transportant des milliers de passagers en toute sécurité en vertu de l'exigence d'un agent de bord pour cinquante passagers. Cette norme est si répandue et acceptée mondialement que les aéronefs sont conçus en fonction de ce rapport. C'est le cas au Canada comme ailleurs dans le monde.
De même, cette règle fonctionne bien pour les aéronefs certifiés par le Canada qui sont exploités en vertu d'une dérogation spéciale à la loi permettant de doter un agent de bord par tranche de cinquante passagers. Plus précisément, le Bombardier CRJ200, le Dash 8-300 et l'ATR 42-300 sont exploités en toute sécurité en fonction de cette norme.
Monsieur le président, il est temps d'uniformiser les règles du jeu pour les Canadiens et les transporteurs d'ici, de sorte qu'ils puissent concurrencer leurs homologues américains et européens. Il s'agit effectivement d'une question de coûts pour nos membres mais, comme je l'ai dit d'entrée de jeu, nous ne laisserons jamais les préoccupations d'ordre financier supplanter les préoccupations d'ordre sécuritaire. La réalité est cependant beaucoup plus simple: aucune donnée ne nous permet de croire que cette proposition engendrerait des problèmes sur le plan de la sécurité. Rappelons-nous qu'il fut un temps où les aéronefs n'étaient dotés que d'un pilote et d'un ingénieur. Il fut un temps où les agents de bord devaient être des infirmières agréées. Ces règles ont évolué avec le temps. Ce doit aussi être le cas des exigences relatives aux agents de bord du Canada pour respecter des normes internationales de sécurité éprouvées et permettre aux exploitants canadiens d'être concurrentiels et de prospérer dans un domaine international.
Je vous remercie de nous avoir accordé votre attention, monsieur le président. Sur ce, nous sommes disposés à répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être venus.
J'aimerais vous poser une série de questions. Je vais les poser en rafale et vous demander d'y répondre en bloc.
Premièrement, quelle est la valeur estimée des économies envisagées par la suppression d'un poste d'agent de bord? Je pense plus particulièrement au B737-700? Combien la compagnie aérienne épargnerait-elle en supprimant un agent de bord?
Deuxièmement, pourquoi n'envisagez-vous pas des règlements plus exigeants? C'est un avantage concurrentiel important dans une industrie où, comme vous le savez, la sécurité est un enjeu capital. Pourquoi ne pas demander les normes de sécurité les plus rigoureuses possibles et donner aux compagnies aériennes du Canada une réputation de sécurité qui en ferait l'envie du monde entier?
Troisièmement, s'agissant du processus interne, je crois vous avoir entendu parler du mouvement syndical. Je présume que vous faisiez référence aux agents de bord. Ils ont en effet participé au processus: ils ont énergiquement exprimé leur opposition. Pourquoi leur perspective ne se retrouve-t-elle pas dans le processus interne que vous nous avez présenté aujourd'hui?
Quatrièmement, vous avez parlé d'un consultant indépendant qui aurait fait une étude. Pourriez-vous la déposer devant ce comité?
Cinquièmement, au sujet des gros-porteurs, vous dites vouloir inscrire dans le règlement qu'un agent de bord devra être posté à chaque issue. Or, d'autres témoins vous l'ont dit, sur le B737-700, une issue resterait à découvert. Le fait est qu'avec ce nouveau règlement, des dizaines d'avions voleront avec une issue sans surveillance. Cela ne vous préoccupe-t-il pas? Moi, si.
La question suivante concerne les États-Unis. À moins que je n'aie mal compris vous propos, vous avez dit qu'aucun rapport d'enquête ne mettait en cause le ratio d'agents de bord. Or, j'ai cité le vol 843 de la TWA et le U.S. National Transportation Safety Board qui ont clairement indiqué que le nombre supplémentaire d'agents de bord et la dotation au-delà des exigences de la Federal Aviation Administration avaient contribué à l'évacuation des 292 passagers.
Vous avez également dit que cette norme était reconnue partout dans le monde mais nous savons que les Australiens ont rejeté ce nouveau ratio d'agents de bord parce qu'il amenuisait leurs normes de sécurité. Pourquoi ne prendrait-on pas exemple sur les pratiques exemplaires de l'industrie?
Finalement, je dirais que M. Grégoire a vu juste lorsqu'il a dit que nous travaillons sur cette question depuis des années et que la population a de sérieuses préoccupations. Les agents de bord qui sont les premiers intervenants sur le terrain ont de sérieuses inquiétudes. Pourquoi ne laissez-vous pas tout tomber?
:
Monsieur le président, je répondrai dans l'ordre et je vous offre mes excuses tout de suite si j'oublie l'une des questions. J'espère que vous me la rappellerez. Je crois les avoir toutes notées.
Quant à savoir combien une compagnie aérienne épargnerait en passant au ratio d'un pour cinquante, je dois admettre mon ignorance. Chaque transporteur devra déterminer quelles sont ses économies potentielles.
Notre ignorance s'explique en partie par le grand nombre de facteurs qui entrent en jeu lorsqu'il est question de déterminer combien d'agents de bord doivent être affectés et quels sont les coûts de l'affectation de chacun dans les circonstances qui prévalent.
Au sujet de votre deuxième question, à savoir pourquoi on ne choisirait pas des normes de sécurité plus rigoureuses pour se donner un avantage concurrentiel, il s'agit d'une question importante et je suis content que vous la souleviez. Elle me permet de réitérer notre message à ce comité. Je ne sais pas s'il s'agit d'un règle non écrite mais il est parfaitement évident dans cette industrie qu'on ne se sert pas de la sécurité pour être plus compétitif. La sécurité est perçue et comprise comme une évidence même. L'organe de réglementation est en place pour garantir que nous exploitions nos activités dans un environnement sécuritaire. Les compagnies aériennes existent pour offrir un service sécuritaire. On ne se fait pas concurrence sur le plan de la sécurité. La sécurité va de soi et, si un transporteur choisissait de faire concurrence aux autres en se servant de la sécurité, il rendrait un bien mauvais service à l'ensemble de l'industrie.
Justement, à ce propos et avant de passer à la question suivante, nous ne sommes pas d'accord avec la prémisse selon laquelle le rapport d'un pour quarante garantirait l'environnement le plus sécuritaire possible, parce que le processus d'évaluation axé sur les données de CCRAC a montré, comme M. Grégoire l'a correctement indiqué, qu'il n'y aurait aucune régression notable des niveaux de sécurité. Nous ne reconnaissons pas la validité de la prémisse de la question.
Au sujet de votre troisième question, qui est de savoir pourquoi l'opposition du syndicat à la nouvelle norme n'est pas reflétée dans le résultat des consultations si le processus du CCRAC est ouvert et inclusif et que le CCRAC il a tenu compte des opinions du SCFP comme syndicat participant, le comité doit savoir apprendre que la perspective syndicale a effectivement été prise en compte.
Le processus du CCRAC suppose que les oppositions sont notées en détail et que les membres réunis en discutent et y réagissent. Lorsqu'ils ne sont pas en mesure de répondre à ces oppositions de manière quantitative, le comité du CCRAC détermine si une étude complémentaire s'impose.
Les opinions de chacun ont effectivement été minutieusement notées et chacune des préoccupations a été étudiée à fond. A-t-on réussi à plaire au mouvement syndical sur le plan politique? Non, et je vous concède que nous n'y arriverons sans doute jamais.
En ce qui a trait à votre quatrième question à propos du dépôt de l'étude détaillée à laquelle nous avons fait référence, je parlais de la même étude citée précédemment par M. Grégoire, qu'il aurait semble-t-il déjà déposée ou qu'il est sur le point de remettre au comité. D'ailleurs, s'il ne vous la remettait pas, j'invite le président à communiquer avec moi et je mettrai tout en oeuvre pour que vous l'obteniez.
À l'égard de votre cinquième question relativement à la proposition de Transports Canada faisant que des issues de secours seraient à découvert, en dépit de mon observation effet qu'un des facteurs d'atténuation de la norme serait l'affectation d'un agent à chaque issue de secours, je n'ai malheureusement pas la proposition du ministère en main et je ne l'ai pas consultée. Nous avons toutefois attentivement noté la référence au Boeing 737-700 qui dispose de quatre issues. Nous croyons comprendre qu'il en a davantage mais ce n'est pas une question pertinente ici.
La mesure d'atténuation exige que sur tous les gros-porteurs, c'est-à-dire tous ceux disposant de deux allées ou plus, peu importe le ratio d'un pour cinquante si c'est l'option retenue, un agent de bord devra être affecté à chaque issue de secours.
En ce qui concerne votre sixième question concernant un rapport d'enquête sur l'accident de la TWA démontrant que le ratio d'agents de bord était en cause, contrairement à ce que je vous rapportais, ce que j'ai dit -- et je pourrai vous répéter mes paroles exactes -- c'est qu'aucun rapport n'indique qu'un manque d'agents de bord aurait causé de blessures aux passagers.
Peut-être joue-t-on avec les mots mais, pour revenir sur cet argument, je vous citerai ce que vous avez lu. Il ne faut pas oublier que le rapport mettait en relief un “facteur contributif“ si je ne m'abuse. Mon interprétation de l'expression n'est peut-être pas juste, mais...
M. Peter Julian: "En complément".
M. Fred Gaspar: En complément. Je suis effectivement convaincu que les agents de bord ont apporté un complément, mais comme le disait M. Grégoire, à juste titre d'ailleurs, notre environnement est fondé sur des données et celles-ci n'indiquent pas qu'un supplément d'agents de bord aurait rendu l'évacuation plus efficace ou plus rapide.
Au sujet de votre septième question sur l'émulation des pratiques exemplaires de l'Australie, ce pays s'est penché sur la question et a choisi de ne pas changer sa réglementation. Je dirais aux membres du comité que ce serait une erreur de jugement de conclure que l'Australie rejettera définitivement le ratio d'un pour cinquante parce qu'elle a déclaré après une étude interne qu'il n'était pas sécuritaire. Elle fait face au même ressac politique que nous. Malheureusement, elle n'a pas eu le courage de ses convictions. C'est à elle de déterminer ce qui est dans son intérêt mais je vous dirais, avec tout le respect que je vous dois, que ce n'est pas parce que le modèle est sans valeur.
Je crois que vous aviez une autre question mais malheureusement je n'ai pas eu le temps de la noter.
M. Peter Julian: Pourquoi ne pas tout laisser tomber?
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Tous les membres du comité ont reçu un exposé PowerPoint dans les deux langues officielles, certains résultats d'enquête en anglais et en français, et le livre bleu auquel je fais référence qui est entièrement bilingue et se trouve sous les onglets. Je vais passer l'exposé en revue puisqu'il saura répondre d'emblée à bon nombre des questions soulevées par Transports Canada, à celles de l'ATAC et, espérons-le, à certaines des vôtres.
Un de ces éléments se trouve à la 11e page. Nous avons rencontré le ministre et M. Grégoire le 6 juin dernier. C'était la première fois que nous entendions dire que ce règlement ferait l'objet d'un choix à l'échelle de l'entreprise; les paramètres ont donc changé sans que nous soyons prévenus. Il importe de bien comprendre cette proposition. J'aimerais attirer votre attention sur la diapo 3, décrite par M. Grégoire dans le cadre de son exposé. Cette mesure sera en fait unique au monde. Le transporteur aura le choix du règlement: le régime actuel d'un agent de bord pour 40 passagers et certaines améliorations depuis longtemps espérées; le ratio d'un agent de bord pour 40 passagers dans le cas des gros-porteurs, supérieur à la version américaine; et le ratio d'un pour 50 s'appliquant aux aéronefs à fuselage étroit, soit la même règle qu'aux États-Unis. Le choix sera laissé à la discrétion des compagnies aériennes. La dernière fois que cette règle a fait l'objet d'un débat, elle était fondée sur le type d'aéronef; d'où notre étonnement devant ce changement.
Sur la quatrième diapo, vous verrez ce qu'on appelle l'observation de Frances Wokes. Aujourd'hui, M. Grégoire a prétendu que Transports Canada avait rejeté la règle d'un pour 50 en 2000 en raison de préoccupations d'ordre sécuritaire mais, jusqu'à présent, nous n'avons pas été en mesure d'obtenir les documents justificatifs puisqu'ils ont été retenus à la demande du sous-ministre. Comme vous le voyez sur la cinquième diapo, cette mesure a été rejetée en 2005 parce qu'elle ne garantissait pas le même niveau de sécurité, et pourtant M. Grégoire revendique précisément cela aujourd'hui. Nous aimerions en débattre très sérieusement. Il prétend aussi que la proposition de 2001 était différente. Aujourd'hui, nous sommes effectivement devant une proposition différente.
J'attire votre attention sur la sixième diapo. Certains d'entre vous avez peut-être déjà pris connaissance de documents préparés par France Wokes. À l'onglet jaune, vous trouverez le livre bleu, un résumé de ce que les députés de ce comité ont exprimé en réaction à ces documents. Ces documents comprenaient une matrice à trois colonnes. La troisième est masquée en raison de la Loi sur l'accès à l'information, malgré une analyse identique entièrement divulguée en 2005. Nous n'avons jamais été autorisés à voir ce document mais les membres de l'ancien SCOT l'ont décrit comme un pistolet fumant et ils ne voyaient aucune raison de ne pas divulguer ces documents.
Nous croyons qu'un processus réglementaire équitable n'est envisageable que dans un contexte où tous les documents sont dévoilés. Comme vous le voyez sur la septième diapo, nous avons rencontré le ministre le 6 juin dernier pour lui demander que ces documents soient rendus publics. Nous aurons peut-être besoin de votre aide pour y parvenir.
J'aimerais attirer votre attention sur la huitième diapo. Nous avons entendu parler à maintes reprises de l'évaluation des risques faite par Transports Canada en 2003. Il s'agit ici de la pondération des cinq règles examinées. Le pointage totalise 404; les règles américaines, 256. Pour répondre à la question de M. Laframboise, je crois, l'évaluation du risque ne tenait pas compte de la nouvelle proposition.
Passons à la neuvième diapo. On parle très souvent de la norme d'un pour cinquante comme d'un étalon-or. Le U.S. National Transportation Safety Board a toujours critiqué cette interprétation. D'ailleurs, l'évaluation des risques faite par Transports Canada conclut que la règle d'un pour cinquante devait être améliorée en incluant la présence de personnel aux portes, une mesure unique au monde.
À la dixième diapo, vous trouverez de nouveau une référence à l'écrasement de la TWA. Les preuves démontrent que les agents de bord sauvent des vies. Messieurs Gaspard et Grégoire ont parlé du manque d'agents de bord qui serait à l'origine de la mort de certains passagers. Ici, nous avons un équipage plus nombreux que le minimum requis qui a épargné des vies. Nous croyons que les enquêtes sur les accidents convenablement faites démontrent la faiblesse des règles irréfléchies.
La onzième diapo montre l'engagement pris par le Parti conservateur au cours de la dernière élection. Certains des courriels de nos membres vous ont d'ailleurs été adressés. Voici les réponses du Parti conservateur. Celui-ci ne croit pas qu'il faut craindre un effet délétère. M. Grégoire disait aujourd'hui qu'il n'y aurait pas d'incidence négative. Nous avons les statistiques relatives à tous les scénarios possibles.
J'attire votre attention sur la douzième diapositive. Nous aimerions que vous vous penchiez sur les vols remplis à capacité. M. Grégoire disait que le ratio d'un pour cinquante était déficient, plus précisément en ce qui concerne les gros-porteurs, et que le Canada pouvait faire mieux. Transports Canada exigera un agent de bord par sortie de plain-pied.
Le diagramme de cette diapo représente une configuration typique du A340-300 d'Air Canada. C'est le même type d'aéronef que celui qui s'est écrasé à l'aéroport Pearson l'été dernier, à quelques sièges près. Il compte huit issues de plain-pied. Elles sont encerclées sur le diagramme. En vertu des règles américaines et européennes, seulement six agents de bord seraient nécessaires, laissant deux sorties à découvert, celles encerclées en rouge. C'est la règle revendiquée par l'ATAC en octobre 2002 lorsqu'elle a déposé une pétition. C'est le noeud du débat. L'Association cherche un équipage de six agents de bord laissant deux sorties de plain-pied à découvert.
Passons à la treizième diapo qui porte sur le même avion, le A340. À la suite de l'évaluation des risques commandée par Transports Canada, lorsque l'avion est rempli à capacité, huit agents de bord devront y être affectés en vertu de la norme canadienne actuelle d'un pour quarante, soit un à chaque sortie de plain-pied. Transports Canada a accepté que la nouvelle norme d'un pour quarante exige que toutes les issues de plain-pied des gros-porteurs soient couvertes. Il s'agit de bien plus qu'une prétendue règle internationale puisque l'évaluation des risques a montré que la norme internationale était déficiente. Elle garantit que les rations canadiens d'un pour quarante et d'un pour cinquante... donnent le même le même résultat. C'est une bonne chose, un choix sécuritaire.
Penchons-nous à présent sur l'impact d'un avion à fuselage étroit comme le A320 dont le diagramme figure à la diapo 14. J'aimerais dissiper la confusion. Il y a deux sorties de plain-pied à l'arrière de l'aéronef, deux sorties de plain-pied à l'avant, et les deux points représentent les sorties de type III au-dessus des ailes qui ne sont pas couvertes par un agent de bord. Ce sont des sorties qui nécessitent le concours d'un passager. Lorsque quelqu'un dit qu'il y a six ou huit issues sur l'aéronef, si l'on parle des sorties de plain-pied, il y en a quatre sur un A320.
M. Grégoire disait que Transports Canada ne veut pas miner la sécurité. En vertu de la règle actuelle d'un pour quarante, cet appareil sous-entend un équipage de quatre agents de bord lorsque l'avion est rempli à capacité, de 121 à 140 sièges. Vous voyez ici quatre agents de bord. Ils couvriront l'ensemble des sorties de secours. Les transporteurs pourront choisir la règle d'un pour cinquante, celle-là même qui avait pourtant été rejetée par Transports Canada en 2000; ils auront donc tout le loisir d'exploiter cet appareil avec trois agents de bord. Il s'agit d'une cabine longue de 120 pieds; aucune place à l'erreur dans ce cas. Si un agent de bord était blessé ou frappé d'incapacité, les deux agents de bord restant devraient évacuer l'ensemble des passagers.
Passons à la diapo suivante. Ceci ne touche pas qu'Air Canada mais aussi WestJet et d'autres aéronefs.
Nous avons beaucoup entendu parler des facteurs d'atténuation. Il y a 14 facteurs d'atténuation ou de compensation; 12 d'entre eux s'appliquent à la fois pour les régimes d'un pour quarante et d'un pour cinquante. Quel est le facteur d'atténuation permettant de passer d'un pour cinquante à un pour quarante lorsqu'il y a les mêmes améliorations? La limite qu'impose le type d'aéronef... À notre avis, WestJet, par exemple, ne sera pas assujettie à ces limites parce qu'elle n'exploite que trois types d'aéronefs. Air Canada possède plusieurs types d'aéronefs. Or, Transports Canada a dilué la définition à tel point qu'Air Canada croit qu'elle pourra aussi contourner la règle des cinq agents de bord. Il n'y a pas que les équipages de trois qui soient en cause, ceux de cinq membres le sont aussi.
Le seul facteur d'atténuation à notre avis est la formation du chef de cabine. Le personnel responsable de l'aéronef recevra une formation supplémentaire. Cette formation devra être offerte en vertu de la Loi. Elle ne durera peut-être qu'une demi-journée. Si peu de formation pour un équipage amputé d'un membre ne constitue pas une compensation adéquate. Nous croyons que la règle d'un pour cinquante réduira les équipages sur les aéronefs à fuselage étroit du jour au lendemain, sans aucun facteur d'atténuation que ce soit.
C'est pour cette raison que le rapport de Frances Wokes est si important. Elle a décelé les problèmes associés à cette règle en 2001. À notre avis, c'est effectivement une preuve tangible de ce que nous avançons.
Ce rapport soulevait des questions.
Il y a dans le livre bleu le rapport rédigé par les employés, celui que M. Grégoire a soigneusement évité de citer dans le cadre de sa réponse. J'ai écouté sa réponse très attentivement mais il n'a jamais répondu à la question.
Vous y trouverez les recommandations du personnel et un compte-rendu de ses préoccupations. Ce ne sont pas les ennemis de la modernisation que dépeint l'ATAC. Il s'agit, entre autres, d'un employé de Transports Canada, Christopher Dann, qui était ici il y un instant mais qui a malheureusement dû s'absenter.
La sensibilité de la question et le risque d'un étiolement de la confiance populaire envers la sécurité aérienne y sont soulevés. On y dit aussi qu'il faut adopter huit nouvelles mesures, dont sept, à notre connaissance, n'ont pas encore été mises en oeuvre.
Nous avons enfin pu prendre connaissance de l'analyse des aéronefs annexée à cet exposé, une analyse que nous revendiquons depuis avril 2004. Elle est apparue aujourd'hui mais seulement parce que ce comité permanent a convoqué Transports Canada.
De plus, vous y lirez une référence au cadre australien depuis un incident de sécurité. Après qu'un passager se soit muni de bâtons pointus pour attaquer des agents de bord, les autorités australiennes ont conclu qu'il ne fallait pas réduire le ratio d'un pour 36; et avec raison à notre avis.
Les passagers en tireront-ils un avantage? Les tarifs seront-ils réduits, y aura-t-il des couvertures et des oreillers gratuits à bord? Nous pensons que non.
Nous avons les résultats complets de l'enquête; 69 p. 100 des Canadiens veulent conserver le ratio actuel d'un pour quarante. Par-dessus tout, 50 p. 100 des répondants s'opposent à ce changement, même comme moyen de maintenir un avantage concurrentiel mondial.
En résumé, la culture du secret de Transports Canada n'est pas conforme à l'engagement du gouvernement en matière d'ouverture et de transparence. On demande aux fonctionnaires de Transports Canada d'exacerber délibérément le risque couru par les passagers en contrepartie d'aucun avantage public, et même le personnel du ministère croit que d'autres recherches s'imposent.
Je veux dire un mot des consultations. Nous avons passé deux demi-journées en 2003 à discuter d'évaluation des risques dans des pièces distinctes. Les syndicats étaient confinés à une pièce tandis que les employeurs se réunissaient ailleurs, et il y avait les groupes d'intérêts. Ça a duré deux demi-journées. En avril 2004, nous avons passé deux jours tous ensemble. Ces règlements ont fait l'objet d'une consultation de trois jours. Mis à part ces trois jours, le ministère est responsable de tous les retards.
Enfin, nous vous demandons à vous, parlementaires, d'agir pour que cette proposition soit mise sur la glace. Il faut que les travaux identifiés par le personnel dans son rapport de 2004 soient complétés. Nous devons avoir l'analyse complète de Wokes. Il faut reprendre les consultations parce que nous venons d'apprendre que cette mesure s'appliquerait à l'échelle de toute la flotte. Nous devons savoir ce qui se prépare.
En conclusion, nous devons nous assurer que vous ayez fait votre travail convenablement. En 1981, la Chambre des représentants des États-Unis a organisé des audiences publiques lorsque le gouvernement a décidé de passer à un rapport d'un pour cinquante. Après l'avoir étudié, elle l'a rejeté.
Enfin, avec tout le respect que je dois à M. Grégoire, si vous cherchez des études axées sur des données, tirez vos conclusions à partir des accidents. Attendez le rapport d'enquête sur le vol 358 d'Air France.
Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous.
Nous sommes conscients d'avoir dépassé le temps qui nous était imparti mais nous croyons avoir anticipé certaines de vos questions tout en présentant l'ensemble des aspects pertinents.
Nous sommes prêts à répondre aux questions de votre comité, monsieur le président.