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Bonjour, messieurs les membres du comité.
Les objectifs de la Loi sur la sécurité ferroviaire sont les suivants:
pourvoir à la sécurité du public et du personnel dans le cadre de l'exploitation des chemins de fer et à la protection des biens et de l'environnement, et en faire la promotion;
encourager la collaboration et la participation des parties intéressées à l'amélioration de la sécurité ferroviaire;
reconnaître la responsabilité des compagnies de chemin de fer en ce qui a trait à la sécurité de leurs activités; et
favoriser la mise en place d'outils de réglementation modernes, flexibles et efficaces dans le but d'assurer l'amélioration continue de la sécurité ferroviaire.
Le rapport Foisy disait ceci:
La sécurité du public est une responsabilité qui incombe au gouvernement. Il ne saurait laisser des questions aussi importantes entre les mains des parties prenantes.
Les négociations entre les dites parties sont par conséquent axées pour l'essentiel sur des objectifs économiques. Même si certains éléments concernant la sécurité sont abordés à la table de négociation, il n'en demeure pas moins que ces questions peuvent, pour des raisons économiques, être mises de côté à n'importe quel moment. Notre syndicat part du principe que le gouvernement ne peut se permettre de se dessaisir du dossier de la sécurité des travailleurs et du public. En effet, il abrogerait ainsi toute responsabilité en matière de sécurité du public. Les représentants des syndicats de cheminots sont parties prenantes à un processus réglementaire en matière de sécurité, mais à un niveau moindre, et la direction des chemins de fer n'accorde guère de poids à leur participation. La Loi sur la sécurité ferroviaire ne prévoit en effet qu'une simple consultation.
La fréquence des inspections, visuelles et techniques, aurait dû être intégrée aux négociations afin de pouvoir renforcer un mécanisme infaillible. Les inspections visuelles sont moins nombreuses en raison des réductions apportées par la réglementation en ce qui concerne les heures de travail, l'effectif, l'endroit où s'effectue l'inspection des wagons, le nombre d'inspecteurs accrédités, ainsi qu'en raison de l'augmentation de la longueur des convois. À l'heure actuelle, les convois ont en moyenne déjà près de trois kilomètres de long, et on peut même raisonnablement affirmer qu'il y en a qui ont entre trois, quatre et cinq kilomètres de long.
Plusieurs enquêtes et autres commissions ont déjà produit à ce sujet de copieux rapports. La déréglementation a nui aux travailleurs, au grand public et à l'environnement, étant donné que nous n'avons jamais tiré la leçon de nos erreurs en donnant suite aux recommandations.
Si l'état des voies est à l'origine de graves problèmes de sécurité, c'est semble-t-il en grande partie une conséquence directe de la situation financière des compagnies de chemin de fer, de la durée de vie utile des rails, des dépenses consacrées aux voies par rapport à celles qui vont au matériel roulant, des différences qui existent entre les mécanismes comptables, de la structure fiscale canadienne, de la dépréciation du matériel ferroviaire, du capital disponible et de l'utilisation de locomotives diesel à six essieux.
La loi canadienne semble s'appuyer à la fois sur les inspections et sur la sensibilisation des compagnies à la sécurité par le recours aux comités sur la santé et la sécurité, mais ce n'est pas le cas. Il faudrait plutôt que la loi soit axée sur la recherche de solutions au niveau de la compagnie par le biais d'une participation paritaire du syndicat et de la compagnie, en conférant toutefois au gouvernement des pouvoirs d'exécution résiduels suffisamment contraignants. À l'heure actuelle, la structure est davantage antagoniste, en ce sens qu'elle oppose l'employeur au gouvernement ainsi qu'aux travailleurs.
Si on se demande pourquoi il y a tellement de déraillements et tellement d'accidents, il faut songer à un certain nombre de facteurs: la configuration géographique particulière du Canada, les intervalles d'entretien et de maintenance plus longs et tout ce que cela implique, les changements technologiques, l'utilisation de certaines technologies, les changements apportés aux méthodes et aux procédures en matière d'entretien et de maintenance, la réduction des effectifs, ainsi que les principes de gestion de l'entreprise. Travail Canada ainsi que la Direction de la santé et de la sécurité au travail ont la responsabilité des employés qui ne sont pas des cheminots. Il s'agit en l'occurrence de tous les employés qui s'occupent de l'entretien des voies, qui travaillent dans les ateliers, et qui sont, entre autres, chargés de l'entretien des tunnels et des ponts.
Il faut que l'employeur prenne les mesures nécessaires pour que les incidents ne se reproduisent pas. Travail Canada intervient par ses enquêtes, par ses règlements en ce qui concerne les rapports d'accidents, par la responsabilité qu'il impose aux employeurs qui sont obligés de faire enquête et de faire rapport en cas d'accident. Les compagnies de chemin de fer semblent avoir leurs propres systèmes d'enquête et de rapport en cas d'accident.
Il y a d'autres facteurs également qui doivent être pris en compte: la négligence des employés, les défaillances mécaniques, le bris des coussinets d'essieux, les bris de rails, les affaissements de ballast, les défectuosités d'aiguillage, les accidents qui se produisent lorsqu'un travailleur tombe d'un convoi, ce qui est associé aux accidents, les blessures aux mains et aux pieds, les chutes de toutes sortes ainsi que les frais d'indemnisation divers.
Il faut revoir toutes les règles d'exploitation ferroviaire au Canada. À tout le moins, c'est là le désir qui semble se manifester.
Je voudrais également dire que Transports Canada n'impose pas d'amendes pour faire respecter ses règlements. Nous aimerions que les infractions soient sanctionnées par des amendes qui soient justes.
L'effet néfaste de la déréglementation des processus d'inspection est dû au fait qu'il s'agit davantage d'un contrôle que d'une véritable application de la réglementation. En ce qui concerne la crédibilité des procédures d'inspection, je pense que pour améliorer la situation, il faudrait que Transports Canada ait davantage d'inspecteurs qui, sur le terrain, iraient inspecter l'état des voies, évalueraient, contrôleraient et étalonneraient la qualité des voies. À l'heure actuelle, les compagnies ferroviaires semblent créer leurs propres normes pour ce qui est de l'intégrité des voies et de leur surveillance. Nous aimerions que les voies soient inspectées à fond et que la voie principale soit photographiée à intervalles plus réguliers.
S'agissant des procédures d'inspection des wagons, il faudrait contrôler, évaluer et étalonner les critères d'efficacité, les déficiences et les facteurs de risque. Il faudrait également procéder à des inspections au niveau des faisceaux de réception, sur des sites d'inspection accrédités.
Il existe actuellement un comité consultatif pour la sécurité ferroviaire. Il s'agit d'un comité tripartite comprenant des représentants de toutes les parties prenantes — les compagnies de chemin de fer canadiennes — les syndicats intéressés ainsi que l'Association des chemins de fer du Canada. À l'origine, ce comité était constitué en groupes de travail qui étaient chacun chargés d'un dossier comme la divulgation des renseignements concernant les accidents, les critères en matière d'inspection des voies, l'entretien des dispositifs de signalisation, la détection des glissements de terrain et l'élaboration de normes pour les emprises ferroviaires. Comme je l'ai déjà dit, on ne demande la position du syndicat qu'à titre consultatif, et sans lui accorder guère de poids.
En matière de sécurité ferroviaire, ce sont les travailleurs qui sont notre second souci. Les comités pour la sécurité doivent bien connaître les programmes de réadaptation et de formation. En outre, les niveaux de formation de nos équipages sont moins élevés qu'auparavant, et nous aimerions qu'on fasse diligence. C'est probablement dû à la réduction des effectifs, mais il faut absolument les remettre au travail.
Je vais maintenant céder le micro à John.
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Fort bien, j'ai compris et je vous remercie.
Un autre problème associé aux chemins de fer est le syndrome du stress post-traumatique. Je peux vous en donner des exemples, mais nous y viendrons peut-être plus tard.
Il faut que je vous dise que je travaillais auparavant pour BC Rail. Depuis que le CN a repris BC Rail, les normes de sécurité, les normes d'exploitation et les normes de maintenance sur la voie, tout comme celles qui concernent le matériel, ont grandement diminué. Lorsque nous sommes sur les voies, nous avons le droit — et d'ailleurs, la loi l'exige — d'être adéquatement supervisés. Ce n'est pas le cas avec le CN. On a beau téléphoner à un superviseur, lui laisser un message dans l'espoir qu'il nous rappelle, neuf fois sur dix il ne nous rappelle pas.
À mon avis, les nouveaux employés sont insuffisamment formés. Les compagnies de chemin de fer ont, depuis toujours, tué beaucoup de gens, et cela souvent pour engraisser leurs bénéfices. Ce que je dis là n'est ni diffamatoire, ni scandaleux. C'est une réalité qui remonte à l'époque de la construction du chemin de fer. On peut lire dans les manuels que le chemin de fer du Canadian Pacifique a assassiné des groupes de travailleurs chinois dans le canyon du Fraser. On dit même qu'il y a un corps d'enterré à chaque mille de voie ferrée du CP. Le budget de tout grand projet de construction a son lot de victimes. Je puis vous dire que lorsque BC Rail a construit la ligne secondaire de Tumbler Ridge, il avait prévu trois morts à son budget. Mais fort heureusement, il n'y a pas eu de victimes cette fois-là.
Plus récemment encore, le 14 mai 2003, deux hommes sont morts dans l'effondrement d'un pont à McBride. L'affaire s'est retrouvée devant les tribunaux, le CN a plaidé coupable et il a payé l'amende. C'est le prix à payer pour faire des affaires.
Deux autres encore sont morts le 29 juin 2006 près de Lillooet, lorsqu'un train s'était emballé. Un troisième a été grièvement blessé. C'étaient tous les trois des amis à moi. La locomotive en cause aurait dû être envoyée à la casse au lieu d'être conservée en service, et pire encore être mise en service sur une grande ligne à forte pente.
C'est le cas des cheminots qui m'intéresse. Par contre, depuis la déréglementation des chemins de fer, du transport aérien et du transport routier, un certain nombre de dénominateurs communs ont surgi. Ainsi, Air Canada se prépare à faire assurer l'entretien et la réparation de ses appareils au Guatemala. Je ne sais pas par contre si les normes sont les mêmes en Amérique du Sud qu'au Canada.
Je n'ai rien à reprocher au CN. Je ne lui en veux pas de faire des bénéfices. Mais je voudrais néanmoins répéter que BC Rail utilisait des normes plus rigoureuses en matière de sécurité. Ses normes étaient plus rigoureuses à la fois pour le matériel et pour les voies. BC Rail faisait de la prévention au lieu de se contenter de réagir. Nous avions un conseiller syndical en matière de sécurité qui était là à plein temps. Nous avions un comité spécial pour les déraillements. Nous avions un comité des équipages de locomotives qui étudiait des questions comme la fatigue en milieu de travail. La NASA et Boeing ont conduit d'excellentes études à ce sujet, et ces comités d'équipage ont fait beaucoup de recherche.
Nous avions à cette époque des essuie-glaces fonctionnels. Maintenant, on dit à la blague, qu'avec le CN, la seule raison pour laquelle la compagnie amène ses locomotives à Vancouver, c'est pour en laver les vitres. Je ne plaisante pas. Les vitres sont crasseuses. Lorsqu'il y a du soleil, on ne peut pas voir au travers. Or, il est important de voir de l'autre côté de la vitre, il est important que les essuie-glaces de la locomotive fonctionnent. Je pourrais m'étendre bien plus longtemps là-dessus, mais je vais m'arrêter là.
Du temps de BC Rail, nous avions également des écouteurs avec micros intégrés, ce qui nous permettait de communiquer avec le chef de train ou le mécanicien.
Il y avait toutes sortes de choses, et j'ai ici des lettres. Vous voudrez bien m'excuser si elles ne sont pas en français, mais je ne savais pas. J'espère que nous pourrons les faire traduire.
Autre chose encore, les locomotives étaient dotées de feux latéraux. Ils avaient été installés suite à l'enquête du coroner qui avait eu lieu en 1981, lorsqu'un convoi avait percuté une coulée de roches juste au sud de Lillooet et que la locomotive s'était abîmée dans le lac Seton. Le corps du serre-freins n'avait jamais été retrouvé.
Depuis l'acquisition par le CN, nous avons constaté une multiplication de problèmes avec le matériel, par exemple des échelles instables ou mal fixées sur les côtés des wagons. C'est ce qu'on appelle les poignées, et le premier échelon s'appelle un étrier. Il n'est pas rare que les poignées et les étriers soient branlants. Or, il s'agit d'éléments importants pour la sécurité. Lorsqu'on doit grimper sur un wagon en mouvement, je ne tiens pas à ce qu'une poignée ou un étrier cède. Personne ne veut tomber sous les roues d'un wagon en marche.
À l'ancien BC Rail, nous avons le sentiment qu'il faut des lois et des règlements adéquats pour les chemins de fer, les avions et les camions afin de protéger les salariés et le grand public, mais également l'environnement.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, madame, messieurs.
Je suis ici à titre de témoin d'événements, de catastrophes, d'accidents ou d'incidents. Je vous laisse le soin de décider quel vocabulaire il faut utiliser dans chacun des cas.
Pour la deuxième fois en trois ans, le 7 janvier 2007, 24 wagons de marchandises, dont quatre contenaient de l'acide sulfurique, ont quitté leurs rails près de la gare à Montmagny. Bien qu'il n'y ait pas eu de déversement de matières dangereuses, quelques wagons ont terminé leur course tout près des résidences.
Vous verrez sur la photo de la couverture qu'un des wagons, qui a été enlevé durant la nuit, était sur la galerie de la maison blanche près de l'ancienne gare, là où ont lieu de nombreuses activités d'animation, de services, de loisirs, de la culture, de la vie communautaire de Montmagny.
Malgré le fait que le pire ait été évité une fois de plus et qu'il n'y ait eu aucun blessé, les résidants du secteur sont sérieusement inquiets. Même si les causes du déraillement sont toujours inconnues, la vitesse des trains est montrée du doigt et pour cause, puisque plusieurs catastrophes ont marqué l'histoire du chemin de fer de Montmagny au fil des ans.
Je vais vous faire l'historique. Étant donné les multiples incidents survenus, il n'est pas étonnant que les citoyens de Montmagny soient inquiets et qu'ils s'attendent à ce que la requête de la ville pour obtenir une réduction de la vitesse des convois à 64 km/h de façon permanente soit acceptée par le CN ou imposée au CN. Ce sera plus difficile de la faire accepter.
Le 6 juillet 1943, deux trains sont entrés en collision sur le pont du bras Saint-Nicolas. Il faut dire que la voie ferrée passe au-dessus de deux rivières qui traversent la ville de Montmagny. Un mécanicien du train de marchandises a perdu la vie lors de cet accident et trois employés du CN ont été sérieusement blessés. Une dizaine d'autres employés ont subi quelques contusions qui n'ont toutefois pas nécessité leur transport à l'hôpital.
Le 6 avril 1954, un train de passagers s'engage à pleine vitesse sur une voie mal aiguillée, déraille et démolit l'entrepôt de marchandises. L'accident s'est produit tout près de la gare — encore une fois, c'est toujours là — et a fait quatre morts, soit deux conducteurs et deux passagers clandestins. Vingt caisses de dynamite étaient à bord, mais elles n'ont pas explosé. On a été chanceux. Décrit par les employés comme l'un des accidents les plus graves survenus au Canada et aux États-Unis, le désastre aurait été causé par l'aiguillage, la voie d'évitement étant restée ouverte.
À l'automne 1961, un train est entré en collision avec une voiture, causant la mort de Lionel Paquet. Cet incident est survenu au passage à niveau situé sur la rue Saint-Pierre.
Le 3 janvier 1963, Gaston Cloutier décède à la suite d'un accident de voiture au passage à niveau de l'avenue Saint-David.
Le 1er novembre 1966, un accident de voiture au passage à niveau près de la manufacture Gérard Collin a causé la mort de quatre personnes, dont trois fillettes âgées de moins de 13 ans. Dans cet accident, l'absence de feux de signalisation est mise en cause, tout comme le fait que plusieurs trains étaient stationnés sur la voie d'évitement, ce qui a semé la confusion dans l'esprit du conducteur.
Le 9 janvier 1969, un train quitte la voie principale pour s'engager sur une voie d'évitement et emboutit la quincaillerie d'Edouard Gendreau, causant des blessures à six personnes.
Le 30 mars 1972, un employé du CN est blessé mortellement alors qu'il travaillait sur un wagon à quelques pas de la gare ou de la station.
Le 13 mars 1983, les essieux et les roues d'un wagon se brisent près de la gare. Comme le train circulait à basse vitesse, cela n'a occasionné aucun déraillement.
En février 1986, une roue défectueuse sur la septième voiture force l'arrêt de la circulation ferroviaire, mais n'occasionne pas de déraillement.
En février 1995, à Saint-François, tout près de Montmagny, le wagon-lit à la queue du train déraille.
Le 5 décembre 1996, en raison de problèmes de roue, un wagon déraille en face de la gare de Montmagny.
En 1997, Gino Anctil meurt à la traverse de la rue Saint-Pierre à Montmagny.
Le 7 février 2004, un train de marchandises, parti d'Halifax pour se rendre à Charny, déraille sur le pont de fer de la rivière du Sud. C'est la deuxième rivière qu'on traverse lorsque l'on vient de l'est. L'accident est causé par une défectuosité d'un bogie, et 28 des 94 wagons du train ont déraillé et sont tombés sur la rivière gelée. Le convoi transportait deux wagons-citernes sous pression contenant du chlore. Heureusement, il n'y a pas eu de fuite de substances toxiques ni aucune perte de vie ou blessé. Outre l'interruption de la circulation ferroviaire, la passerelle le long du pont, construite en 1938 par la Ville de Montmagny, a été complètement détruite. Cela a été une catastrophe assez percutante.
C'est le deuxième déraillement à Montmagny en moins de trois ans. La population ne se sent plus en sécurité face à des vitesses supérieures à 64 km/h. Outre de nombreux incidents survenus précédemment, les deux derniers déraillements majeurs survenus à Montmagny en trois ans, qui se sont produits sur un tronçon de 800 mètres, toujours le même, sur la même surface de terrain, ont grandement insécurisé les citoyens de la ville. D'ailleurs, ils ont formé un comité et ils ont pris l'initiative de faire signer une pétition, que vous trouverez en annexe, visant à faire réduire la vitesse des convois de façon permanente. Bien que le CN ne croie pas que la vitesse soit en cause, les citoyens de la Ville de Montmagny souhaitent, pour sécuriser ce secteur résidentiel, que la vitesse des convois soit réduite de façon permanente à 64 km/h, puisqu'il semble évident qu'un train qui circule à basse vitesse cause moins de dégâts en cas de déraillement.
Je vais vous exposer des faits. Dans le rapport d'enquête ferroviaire numéro R04Q0006, rédigé par le Bureau de la sécurité des transports, le BST, à la suite du déraillement de 2004, on avance que les simulations NUCARS ont démontré que les wagons sont affectés par des mouvements de galop du bogie à des vitesses allant de 80 à 93 km/h. En 2004, le train roulait à 93 km/h, presque à la limite de la vitesse permise. Il aurait dû rouler à moins de 80 km/h. On a d'ailleurs révélé que tous les éléments susceptibles d'occasionner un mouvement de galop du bogie à haute vitesse étaient présents. C'est d'ailleurs un bogie défectueux qui a causé le déraillement.
Lors du déraillement de 2007, le train de marchandises circulait à 82 km/h, alors que la vitesse maximale permise à Montmagny, selon le règlement sur la sécurité de la voie de Transports Canada, est de 96 km/h. Il roulait à une vitesse un peu inférieure, mais pour un service de marchandises, c'est excessivement rapide dans une zone urbaine.
D'ailleurs, le train du CN circule déjà à basse vitesse dans certaines villes pour des raisons de sécurité, vu la proximité des résidences. Par exemple, le train roule à 56 km/h entre Charny et Saint-Apollinaire; il roule à 48 km/h dans la ville de Drummondville et à 56 km/h entre Beloeil et Montréal. Enfin, au moins trois passages à niveau où circulent plusieurs personnes, en auto, en moto, à vélo ou à pied, sont situés dans le secteur à risque.
Je vais vous parler des mesures qui ont été prises. Le 30 décembre 2001, les résidants du quartier Saint-Mathieu, qui vivent en bordure de la voie ferrée, ont fait parvenir une lettre aux autorités municipales à la suite de démarches infructueuses auprès du CN. Dans leur lettre, ils déplorent la vitesse de plus en plus élevée des trains, la longueur des convois qui augmente, comme le disait monsieur tout à l'heure, le chargement de plus en plus lourd des wagons et les contenus, souvent, de plus en plus toxiques. Tout cela les fait craindre pour leur sécurité.
En 2004 et 2005, à la suite du déraillement du 7 février 2004, des dizaines de lettres ont été acheminées au CN, lui demandant de réduire la vitesse des trains qui traversent la municipalité. Aucune réponse n'a été reçue dans ce dossier.
En 2007, de nombreuses organisations donnent leur appui à la Ville de Montmagny sous forme de résolutions pour faire en sorte que la vitesse soit réduite de façon permanente. Parmi celles-ci, citons la Conférence régionale des élus de Chaudière-Appalaches, la MRC de Montmagny, la Conférence des préfets des MRC de la Chaudière-Appalaches, la Ville de Pohénégamook, la Municipalité de Rivière-Bleue, l'Union des municipalités du Québec, ainsi que le député fédéral de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup.
En résumé, les citoyens sont inquiets à l'intérieur du périmètre d'environ 800 mètres où sont survenus les deux derniers incidents. La Ville de Montmagny agit à titre de porte-parole de ces citoyens qui, cette fois-ci, n'ont pas l'intention de baisser les bras. Trop d'accidents ou d'incidents majeurs y sont survenus au fil des ans pour que la population oublie le bilan des dernières années: 13 morts, 10 personnes blessées gravement, une dizaine de personnes ayant subi des contusions et 5 déraillements. Heureusement, ces 5 déraillements n'ont pas été accompagnés de déversements, de tragédies, de blessés ou de morts. Nous avons eu de la chance, mais nous ne voudrions pas qu'il y en ait un sixième ou un septième: ça pourrait en effet être le dernier.
Par exemple, en 2007, le wagon s'est immobilisé à environ trois pieds de la fenêtre d'une maison. S'il avait contenu du chlore ou un autre produit toxique, ça aurait pu être une vraie catastrophe. Nous avons eu la chance de ne jamais subir de déversement. En effet, il aurait alors fallu évacuer l'ensemble du périmètre parce que c'est en plein centre-ville. La dernière fois, l'incident s'est produit en pleine nuit, un moment où il est très difficile d'évacuer les gens. On ne sait pas dans quelle situation ou état sont les résidants. Certains prennent des médicaments pour dormir, et on a de difficulté à les réveiller, d'autres ne veulent pas sortir de chez eux. On préfère ne pas penser à l'éventualité d'avoir à gérer une catastrophe de ce genre.
C'est pourquoi la Ville de Montmagny réitère sa demande de réduire à 64 km/h la vitesse des convois qui circulent à l'intérieur de la ville. Dans l'entente portant sur la modification de la loi, elle recommande que des pénalités sévères telles que la réduction de la vitesse soient imposées au CN dans des cas d'accidents à répétition ayant lieu dans une même municipalité. C'est la deuxième fois en trois ans que ces incidents surviennent. C'est assez catastrophique. Il y en a eu 5 en 50 ans à peine, sans compter les autres accidents. Si un comité émettait un jugement sur les événements et imposait des pénalités au CN, ça obligerait ce dernier à être un peu plus prudent et vigilant en matière d'entretien.
Je suis persuadé que les gens du CN préféreraient que ces accidents ne se produisent pas, mais ceux-ci sont parfois directement reliés à des travaux qui ne sont pas nécessairement faits de façon adéquate au niveau des tronçons. Auparavant, le CN pouvait épandre des herbicides, des pesticides et d'autres produits toxiques aux abords de la voie ferrée, mais il ne peut plus le faire. Par conséquent, la végétation s'accumule, le niveau d'eau augmente et cette eau s'infiltre dans le ballast sous la voie ferrée. Lorsqu'il y a à répétition des écarts de température, par exemple en janvier et en février, la géométrie de la voie ferrée subit des variations. Je ne suis pas un spécialiste, mais j'essaie d'analyser les choses. Ça finit par causer des accidents comme celui qui s'est produit dernièrement.
Les gens du CN nous disent que le dernier accident était attribuable à l'aiguillage. Une pièce n'aurait pas été détectée par le système à ultrason, aurait été soulevée, puis arrachée par le convoi. Ils nous disent aussi qu'ils ont l'obligation de faire une vérification par ultrason chaque année, mais qu'ils en font huit pour le moment et qu'ils ont l'intention d'en faire dix. Or, même s'ils en ont fait une en décembre, il y a eu un déraillement en février. Ça n'a rien pour nous rassurer.
Je passe maintenant à ma deuxième recommandation. Étant donné qu'aujourd'hui, le transport de marchandises se fait d'un grand centre à un autre, parce qu'il n'y a plus de distribution locale, nous recommandons que la possibilité de construire des voies de contournement pour ce type de convoi soit évaluée. Cette façon de procéder s'inscrirait dans la continuité de ce qui a été fait pour le transport routier avec l'arrivée des autoroutes. On n'utilise plus la route 132 ou la 138 — je parle ici du Québec — parce que le volume de transport ayant augmenté, on a maintenant des autoroutes.
Il me restait une page à lire, mais elle portait surtout sur l'histoire de l'arrivée du train et de la voie ferrée à Montmagny ainsi que du grand tronc. Vous pourrez la lire quand vous aurez le document en main. Vous trouverez à l'intérieur des annexes un plan des habitations situées en bordure de la voie ferrée. Vous pourrez en constater le nombre. Vous trouverez également les lettres d'appui et la pétition des citoyens. Ça représente l'ensemble de mon dossier. Si vous avez des questions à me poser, je suis prêt à vous répondre.
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Messieurs, je vous remercie d'être venus.
Je voudrais poser ma question au maire Desrosiers.
J'ai moi aussi été maire d'une localité traversée par une voie ferrée, et je comprends donc parfaitement bon nombre de vos préoccupations. Nous avions également là-bas une industrie chimique qui présentait des dangers. La sécurité de la collectivité passe avant tout, mais je vais laisser à mes autres collègues le soin de vous poser des questions.
Je voudrais surtout axer mon attention sur notre invité de la Colombie-Britannique et son collègue de l'Ontario.
L'un des problèmes évoqués dans les deux rapports dont nous sommes saisis semble porter à penser que le CN — surtout dans ce cas-ci, et nous parlons de sécurité ferroviaire pour toutes les compagnies de chemin de fer — semble, depuis quelques années, et à tout le moins en 2005, avoir enregistré un nombre élevé d'accidents. Le rapport du vérificateur ainsi que l'évaluation de la gestion de la sécurité m'inquiètent en ce sens que les inspections de wagons ont révélé un pourcentage général de défectuosités en matière de sécurité qui atteint 20,6 p. 100, soit entre 20 et 21 p. 100.
Cela veut dire en d'autres termes qu'un wagon sur cinq présente une défectuosité quelconque qui a une incidence sur la sécurité. Je sais bien que cela peut aller d'un étrier mal fixé à un triangle de frein défectueux, et que le niveau de gravité des défectuosités est variable, mais cela me semble néanmoins être un pourcentage élevé. Apparemment, d'une semaine à l'autre, le pourcentage de défectuosités peut passer de 13 à 27 p. 100. Près de 54 p. 100 des 232 locomotives qui ont été inspectées avaient fait l'objet d'un rapport de défectuosités concernant la sécurité, et le pourcentage hebdomadaire de défectuosités pour les locomotives est de 32 à 69 ou 70 p. 100, ce qui semble très élevé.
Il y a d'autres recommandations également qui m'inquiètent, notamment celles qui semblent dire que dans certains cas, pour le matériel roulant — les wagons plutôt que les locomotives, dirais-je — ce sont les normes américaines qui sont en usage pour déterminer si ces wagons doivent être mis hors service pour réparation. Cela a également une incidence sur le pourcentage d'incidents rapportés dès lors qu'on utilise dans certains cas les normes américaines. Je ne sais pas si cela est dû au fait que la plus grande partie des cadres du CN viennent des États-Unis et sont donc enclins à utiliser les normes américaines pour les activités conduites au Canada, et plus encore en Colombie-Britannique, là où on trouve les pentes parmi les plus raides et les courbes parmi les plus difficiles de toute l'Amérique du Nord. J'aimerais beaucoup savoir si vous, les cheminots, l'avez remarqué.
J'aimerais également rappeler le rapport de la commission Foisy qui a été constituée après la catastrophe de Hinton, et qui avait signalé que l'efficacité et la rigueur des interventions de la CCT et de Transports Canada sitôt un problème identifié étaient insuffisantes. J'imagine que cela a peut-être quelque chose à voir avec les niveaux d'effectifs, à moins que ce soit leurs normes qui soient insuffisantes.
L'un de vous deux pourrait peut-être répondre à cela...
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Je suis d'accord avec John.
L'absence de rapport, je dirais que, faute d'un meilleur qualificatif, serait... Maintenant, il y a deux choses, du point de vue des salariés. Une partie de l'attitude en question est la résultante des hommes et des femmes qui y travaillent. Ils sont simplement tannés de voir que rien ne se fait, qu'aucune mesure corrective n'est prise même s'ils font des rapports. Au bout du compte, l'état d'esprit des salariés, c'est qu'ils s'en fichent. La situation devient telle que peu importe ce qu'ils essayent de faire, cela leur retombe encore plus sur le dos. Tout le monde est là à attendre, à compter les jours, encore cinq ans, encore trois ans, encore un an, encore dix voyages, peu importe. Cela a peut-être quelque chose à voir avec ça, cette augmentation des contraintes liées au travail, du stress.
Pour en revenir à ce que vous disiez, encore une fois, j'en reviens aux rapports. Si vous faites un rapport, si vous commencez à signaler des choses trop souvent, il y a la peur des représailles. Transports Canada est virtuellement en état de sous-effectif, de sous-financement peut-être aussi — du moins c'est ce que je pense. J'aimerais que le Bureau de la sécurité des transports — j'ai lu ses rapports d'enquête, j'ai vu les enquêtes — dispose de pouvoirs beaucoup plus étendus pour que ses recommandations soient prises en compte et mises en oeuvre. Il semblerait que, lorsque Transports Canada ou le Bureau de la sécurité des transports fait des recommandations ou prend des décisions en matière de sécurité, comme les organismes de réglementation accordent des exemptions, c'est simplement une question de temps, six mois ou un an, avant que cela disparaisse.
Un bon exemple est la catastrophe de Hinton, lorsque les wagons d'un convoi avaient quitté les rails sur une voie en pente. Immédiatement après, ils ont dit que dans les gares de triage ainsi que sur les pentes à partir d'un certain pourcentage, il fallait des sabots de déraillement, c'est un mécanisme qu'on installe sur le rail qui, si un wagon se met à rouler tout seul, par exemple à cause du vent ou s'il est heurté par un autre wagon, le fait automatiquement dérailler afin qu'il ne se retrouve pas sur la voie principale. Quoi qu'il en soit, on a donc installé des sabots de déraillement un peu partout. Je dirais qu'ils sont passés d'un extrême à l'autre, et cela a entraîné une diminution de la productivité: il faut en effet du temps pour arrêter le wagon et neutraliser le sabot manuellement. En l'espace d'un an, tous ces sabots, ou la plupart d'entre eux, ont été enlevés. Or, il s'agissait de dispositifs de sécurité qui avaient été installés pour protéger les lignes principales.
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Un de mes objectifs en comparaissant ici aujourd'hui était de connaître la position du comité.
Je pense que si on veut faire bouger les choses, il faut que l'entreprise sente qu'il y a une certaine pression, qu'elle peut perdre certaines choses ou certaines qualités. Dans le cas du CN, s'il y a deux, trois ou quatre accidents dans le périmètre de Montmagny, ce serait bien que les membres d'un comité acceptent les recommandations de la ville de réduire la vitesse à 40 milles à l'heure pour le moment de façon à sécuriser les gens et à les mettre à l'aise.
Je me sers de l'exemple de la Ville de Montmagny, mais ce ne sont pas toutes les villes au Canada qui ont connu cinq déraillements, sept ou huit accidents et une dizaine de mortalités. En fait, la Ville de Montmagny est probablement celle qui en a connu le plus, malgré sa petite taille de 12 000 habitants. Donc, pour sécuriser ces gens-là, il serait intéressant qu'on ait l'appui du comité.
À l'avenir, il devrait y avoir quelque chose dans la loi pour condamner les accidents ferroviaires provoqués par le CN. Cela pourrait peut-être les inciter à avoir une vision un peu plus pointue, à entretenir leurs équipements un peu plus efficacement et à être plus attentifs à certains éléments. Je pense que cela pourrait les aider à cheminer. Je suis d'accord avec le fait qu'on fasse des vérifications, mais il devrait y avoir certaines pénalités. On sait que le CN a toujours contesté le rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada, le BST, et il continue de le faire. On n'a aucun point d'ancrage pour discuter avec eux. Alors, il pourrait peut-être y en avoir un dans la loi.
On pourra éventuellement se servir de la bourse du carbone. Lorsqu'il y aura un déversement causé par un déraillement, le CN aura des points négatifs à la bourse. Normalement, le transport ferroviaire devrait protéger l'environnement, mais il perturbe l'environnement et la quiétude des citoyens. On devrait lui imposer une pénalité dans le cadre de la bourse du carbone quand elle existera. Présentement, comme cela n'existe pas, il devrait y avoir un comité qui dise que la Ville de Montmagny a été pénalisée plus que les autres villes au Canada.
Présentement, le comité recommande que la vitesse soit réduite à 40 milles à l'heure pour sécuriser les citoyens. Il s'agit d'un tronçon est-ouest. Si on coupe le pont à Montmagny, on n'ira plus à Halifax. Il n'existe aucun autre chemin. Pour aller à Halifax, il faut passer dans la ville de Montmagny. Il y a quand même deux rivières, deux ponts, des citoyens qui vivent en bordure de la voie ferrée. Il y a des gens qui m'ont demandé pourquoi on avait permis à des citoyens de s'y installer. J'ai répondu qu'on n'allait pas refaire l'histoire du Canada. Les gens ont construit des maisons en bordure des rivières et de la voie ferrée, parce que c'étaient les moyens de transport de l'époque. On ne peut pas refaire l'histoire. C'est comme ça et on va rester comme ça.
Je crois sincèrement que si les entreprises n'offrent pas les services qu'elles se sont engagées à donner, c'est normal qu'elles soient pénalisées. Cette situation existe dans les communications et dans d'autres types d'entreprises. Je ne vois pas pourquoi cela n'existerait pas au CN. C'est comme s'il était à l'abri de toutes ces choses-là, parce qu'il n'y a rien dans la loi.
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Merci, monsieur le président.
Nous avons entendu un certain nombre de témoins sur la question du repostage. Mme Greene est venue témoigner. Malheureusement, elle n'avait pas toute la liberté de nous parler, ce qu'elle aurait sans doute pu faire s'il n'y avait pas eu des négociations en cours avec le syndicat. À mes yeux, et certainement aux yeux des membres du comité de ce côté-ci de la table, il est nécessaire d'appuyer les entreprises de réexpédition établies au Canada.
Je voudrais rappeler certains faits qui sont frappants et qu'il faut prendre en considération.
Depuis plus de 20 ans, les entreprises de réexpédition sont autorisées à offrir leurs services au Canada. Soudainement, il y a environ trois ans, la Société canadienne des postes a contesté cette autorisation accordée à une industrie qui avait prospéré, convaincue que ses activités étaient légales. Jusque-là, la Société canadienne des postes considérait ces activités comme légales mais quelqu'un lui a signalé, sans doute un avocat futé, que le libellé de la version française et celui de la version anglaise de la Loi sur la Société canadienne des postes comportait une différence à l'article 14. La version anglaise traite du relevage et de la transmission des lettres et de leur distribution aux destinataires au Canada. L'expression « au Canada » ne figure pas dans la version française.
Même si ma compréhension du français est limitée, je vois clairement qu'il y a une différence entre les deux versions. Étant donné cette nuance, l'affaire a été portée jusqu'à la Cour suprême et bien entendu les entreprises de réexpédition ont perdu leur cause. Finalement, il appartient au Parlement de trancher la question.
J'ajouterai quelques faits supplémentaires. On évalue la contribution du repostage à l'économie canadienne à quelque 300 millions de dollars de bénéfices annuellement. L'industrie s'occupe notamment de la préparation, de la conception, de la traduction, du tri, de l'impression et de la distribution de courrier de moins de 500 grammes, vers des destinations à l'extérieur du Canada. Il y a sept ou huit grandes compagnies au Canada qui s'occupent tout simplement de distribuer le courrier international.
Après plus de 20 ans, soudainement la règle du jeu a changé pour ces compagnies qui donnaient à la situation une interprétation qui était même acceptée par la Société canadienne des postes. Il s'agit d'un secteur de grande importance au Canada. Il s'agit de milliers d'emplois. En tant que parlementaires, en tant que membres de ce comité, il nous faut intervenir.
Ma motion est très simple. Elle porte que le gouvernement modifie la Loi sur la Société canadienne des postes pour préciser cet article dans les versions française et anglaise afin de retirer à la Société canadienne des postes le privilège exclusif de distribuer les envois format lettre à des destinataires à l'extérieur du Canada.
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J'espère ne pas trop m'étendre sur le sujet et je vous remercie beaucoup.
Si je me souviens bien de nos débats, quand nous avons rencontré ces témoins, la question se rapportait au fait que Postes Canada avait demandé une décision judiciaire sur la définition du « privilège exclusif », dans l'une des langues officielles, ou dans les deux langues. Nous voulions nous assurer que cette clarté existait.
Les tribunaux se sont prononcés sur une définition, mais les tribunaux ne sont pas ceux qui appliquent la loi. Le Parlement du Canada, le gouvernement du Canada, peut déterminer ce qui doit être fait.
Monsieur Jean, je suis d'avis que si une pratique existe depuis 20 ans, elle n'a sans doute causé de tort à personne. Plutôt que de créer un problème, je préférerais en régler un qui est survenu. Reste à savoir si ce problème est survenu à cause de l'activité elle-même ou parce que Postes Canada a obtenu une définition, après le fait.
Au bout du compte, il incombera au gouvernement de fixer cette définition. Il doit modifier la loi pour y inscrire sa définition. Que nous le fassions ici ou que cela se fasse à la Chambre, c'est la Chambre qui en décidera, au bout du compte.
D'un point de vue politique ou tactique, je comprends que le gouvernement veuille savoir si un comité, compte tenu de la dynamique à la Chambre, serait pour cette mesure. Eh bien, franchement, mon collègue M. Bélanger a tout à fait raison. Sans savoir ce que sera cette définition, il nous sera bien difficile de nous prononcer sur le principe dans son ensemble.
Pour le deuxième point, soit l'incidence sur le service postal rural, je suis de ceux qui croient que Postes Canada est tenu par la loi de livrer le courrier de première classe. Cela signifie que tant qu'il s'agira d'une entité gouvernementale, c'est le gouvernement du Canada qui en assume les coûts. Nous ne devrions pas chercher d'arguments commerciaux du secteur privé sur la façon de le faire.
J'étais ici à l'époque où Postes Canada et le secteur privé étaient diamétralement opposés. Les choses ont depuis radicalement changé. S'il s'agit d'obtenir un avantage commercial, je comprends. Mais je ne voudrais pas faire le jeu de ceux qui veulent obtenir un avantage commercial par un obscurcissement terminologique. Assurons-nous donc que les termes soient clairs.
Je comprends ce qu'essaie de faire M. Fast. Un peu plus tôt, en parlant avec mes collègues, nous disions avoir l'impression qu'une motion serait présentée pour laquelle nous voudrions obtenir des précisions. Le gouvernement peut encore choisir de quelle façon il agira.
Monsieur Fast, je voudrais bien appuyer votre motion, dans son libellé actuel, mais ce sera très difficile, puisqu'il n'y a pas de possibilité de mise en oeuvre, même si je l'appuie. Une fois déposé le rapport du président du comité, le gouvernement devra se présenter à la Chambre, dire voici ce que le comité a déclaré et voici le libellé. Je pourrais alors ne pas vouloir appuyer le libellé proposé cette fois-là par le gouvernement, et on ne sera pas plus avancé.
Voici ce que je propose, monsieur Fast: parlez-en au ministre, dites-lui la confusion qui règne ici en raison de l'interprétation donnée à ces termes par les tribunaux. Demandez des précisions, puisque nous voulons faire pour le mieux, et nous ne voulons certainement pas que des entreprises ferment leurs portes.